Deuxième chapitre en ligne ! De deux choses l'une : je ne me suis jamais crashée en avion, donc si ce que j'écris n'est pas possible, je m'en excuse, mais je ne pouvais pas savoir. Ensuite, ça fait un bail que je n'ai plus vu Lyle en action dans la série… J'écris selon mes souvenirs, et je sais que mon esprit me joue parfois des tours.

Ah oui, le Caméléon ne m'appartient pas, évidemment…

Edit 29/08 : J'ai rallongé le chapitre.

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Copacabana

Chapitre 2: Le grand plongeon

L'avion perdait rapidement de l'altitude. Lyle se cramponnait aux accoudoirs de son siège, cherchant à toute allure une solution pour sauver sa peau. Chaque seconde le rapprochait un peu plus du moment de l'impact, du moment où il pourrait bien perdre la vie. La panique, qu'il avait su écarter jusque là, le gagnait petit à petit. Tout ne pouvait pas s'arrêter maintenant, alors qu'il accédait enfin à la réussite, qu'il rejoignait les "grands"! Il devait trouver un moyen pour échapper à son destin!

Au milieu de l'affolement, quelques hôtesses redonnaient les consignes de sécurité et aidaient les voyageurs à boucler leur gilet. Lyle fixa également le sien, bien qu'il ne soit pas sûr que cela puisse le sauver. La vieille femme assise à côté de lui s'était mise à répéter inlassablement des prières, suppliant le Seigneur d'épargner les occupants de l'engin. Peut-être Lyle devrait-il en faire autant... Qui sait, Dieu aurait peut-être pitié de lui...

Le crash secoua effroyablement tout l'appareil. Apparemment, le nez de l'avion s'était écrasé en premier, ce qui avait laissé les passagers plus ou moins sains et saufs, mais dans un équilibre instable. Projeté violemment en avant au moment de l'impact, Lyle se redressa péniblement. Autour de lui, les cris s'étaient un peu calmés. Décidant que rester dans son siège ne le mènerait à rien, Lyle déboucla sa ceinture et se leva. La carlingue se mit instantanément à tanguer. Lyle s'immobilisa, retenant son souffle. L'avion arrêta de bouger.

"Rasseyez-vous, bougre d'imbécile!", cria une voix du fond de l'appareil.

Un enfant se mit à pleurer. Lyle se rassit. L'idiot qui venait de l'insulter avait de la chance qu'il soit en vacances. En d'autres temps, il aurait immédiatement envoyé un nettoyeur lui montrer sa façon de penser.

A peine eut-il touché son siège que l'avion se mit à tanguer plus dangereusement encore. Avec un grincement sinistre, l'engin bascula sur le côté droit et percuta le sol. N'ayant pas eu le temps de rattacher sa ceinture, Lyle bascula avec l'appareil. Il eut cependant la présence d'esprit de s'agripper au premier fauteuil qu'il percuta. Le choc fut rude, mais certainement pas autant que celui que durent encaisser les passagers des fauteuils côté hublot à droite. Lyle essaya tant bien que mal de se redresser et de rester dans une position plus ou moins verticale. Au moins, l'avion était désormais stabilisé. Après une rapide analyse de la situation, Lyle décida que le mieux était de sortir de l'appareil par n'importe quel moyen. Il commença donc à avancer avec précaution vers l'écoutille. La position de l'avion rendait la progression difficile. Lyle en était réduit à marcher sur les fauteuils droits, appuyé sur le toit de la carlingue, courbé, les sièges gauches l'empêchant de se redresser complètement. C'était infernal. Lyle eut vite mal au dos, ce qui devint de plus en plus insupportable, d'autant que la panique générale était en train de lui donner mal au crâne. C'était incroyable de voir que la plupart des gens préféraient se plaindre plutôt que d'essayer de sortir. Et navrant. L'écoutille se rapprochait, maintenant. Encore cinq ou six sièges et il y serait. Il sentit soudain qu'on agrippait sa veste. Il baissa les yeux pour voir une femme d'une quarantaine d'années qui regardait avec des yeux suppliants.

"Sauvez mes enfants! Je vous en prie..."

"Ne soyez pas ridicule! Ils réussiront bien à sortir tous seuls", répondit-il. Et, ignorant le regard outré de la femme, il poursuivit sa route. Enfin, il atteignit la sortie. La porte de droite était écrasée contre le sol; il était donc inutile d'essayer par là. Celle de gauche, juste au-dessus de lui, semblait quant à elle intacte. Quand Lyle entreprit de déverrouiller son mécanisme de fermeture, elle n'opposa aucune résistance. Se hissant à la force des bras, Lyle réussit à se libérer de la carcasse.

Encouragés par son exemple, plusieurs passagers étaient sortis par la même voie. A présent, les rescapés s'organisaient pour dégager les plus faibles et les blessés de l'avion. Le bilan était clément pour un tel accident. Du côté passager, il y avait de nombreux blessés, mais seule une hôtesse avait trouvé la mort après avoir percuté trop violemment un mur. Pour le cockpit, malheureusement, le constat était plus grave: il suffisait de jeter un coup d'oeil au métal froissé encastré dans la paroi pour savoir que l'équipage n'avait pas survécu.

Mais le plus grand souci de Lyle ne résidait pas dans le nombre de morts, pas plus que dans l'évacuation de la carlingue. Car, avec le crash du cockpit, la radio avait été pulvérisée, et, avec elle, leur chance d'appeler du secours au plus vite. Comme il s'en était douté, leur lieu de naufrage n'était pas couvert par une antenne téléphonique. Pas de radio, pas de portable; Lyle n'avait plus qu'à espérer que quelqu'un les avaient vu se crasher.

Tandis que les autres travaillaient à sauver leurs pairs, il s'était intéressé à leur environnement immédiat. Tout ce qu'il voyait étaient des arbres, à l'exception de la paroi rocheuse dans laquelle l'avion s'était encastré. Il faisait une chaleur torride, étouffante. Il ne fallait pas être grand clerc pour voir qu'ils s'étaient abîmés en plein milieu d'une forêt tropicale. Quelle joie...

Un homme à forte carrure, vêtu d'une chemise hawaïenne du plus mauvais goût, s'approcha de Lyle.

"Et, vous, là, ça vous dérangerait de rattraper votre connerie de tout à l'heure et de venir nous aider?", dit-il d'une voix bourrue.

"Oui, ça me dérangerait", répondit Lyle avec un soupir.

L'homme l'attrapa par le col de sa chemise.

"Ne prends pas ce ton-là avec moi, blanc-bec!"

Lyle soupira encore et sortit discrètement son pistolet, qu'il avait gardé avec lui -la paranoïa que pouvait provoquer le travail au Centre avait du bon-, et le pointa sur la panse proéminente de son agresseur.

"Je vais vous expliquer quelque chose, mon brave", dit-il. "N'essayer jamais -je dis bien jamais- de me donner un ordre."

L'homme le lâcha et partit sans demander son reste. Lyle se rassit sur le rocher qu'il occupait avant l'intervention de ce gros balourd. Deux options s'offraient à présent à lui: rester ici et espérer, ou bien partir à travers la jungle et essayer de rejoindre une ville ou un village civilisé. Risquer sa vie dans un milieu hostile, seul, n'était guère pour enchanter Lyle. Mais un rapide coup d'oeil au reste de l'équipage, qui le regardait maintenant avec animosité, le convainquit que rester ici ne serait pas beaucoup plus plaisant. Puisqu'il s'était mis à dos ses compagnons d'infortune, mieux valait tenter sa chance ailleurs. Mais il lui faudrait des provisions et, si possible, de l'équipement pour espérer traverser la jungle. Peut-être qu'en jouant finement la partie, il parviendrait à embobiner ces ploucs...

Lyle se leva et gagna la carcasse de l'avion. Tous les passagers évacués, quelques hommes avaient commencé à extraire tout ce qui pourrait être utile de la carlingue. A l'ombre de quelques arbres, une infirmerie de fortune s'était constituée; plusieurs personnes soignaient les blessures avec des bouts de tissus et de l'eau. A quelques pas, l'homme ventripotent auquel Lyle avait déjà eu à faire discutait avec d'autres hommes. Sans doute délibéraient-ils sur ce qu'il faudrait faire maintenant.

"Je pense qu'il faudrait envoyer quelqu'un trouver une ville", lança Lyle, resté à distance raisonnable.

"On se fiche de ce que vous pensez", grogna l'homme ventru.

"Et je suppose que vous êtes volontaire", ajouta un des hommes d'un ton moqueur.

"Evidemment. Je n'ai aucune envie de rester ici, et contrairement à vous, je pense, je n'ai ni femme ni gosses sur qui veiller."

L'homme se renfrogna et ne répliqua pas. Lyle savait que c'était là son meilleur atout: la plupart des hommes présents avaient emmenés leur famille avec eux, et il leur serait difficile de les laisser au milieu de la jungle. Les attaches familiales étaient décidemment un poids bien inutile.

"Et qu'est-ce qui nous dit qu'on peut vous faire confiance?", attaqua un autre des quidam présents. "Qu'est-ce qui nous prouve que vous n'allez pas nous laisser là?"

"Absolument rien", répondit Lyle avec un air détaché. "A votre place aussi, je me méfierais... Mais moi, je suis disposé à y aller et je sais que je peux survivre dans la jungle. Ce n'est pas le cas de tout le monde."

Le groupe échangea quelques regards. Lyle sut qu'il avait fait mouche. Les hommes murmurèrent entre eux quelques minutes avant de revenir à Lyle.

"Très bien. Vous irez", dit l'un.

Lyle sourit. Ça avait été si facile de les convaincre...

"Ne te réjouis pas trop vite, fiston...", ajouta l'homme à la chemise hawaïenne. "Je pars avec toi."

Lyle chargea un sac d'équipements sur son épaule et vérifia que son pistolet était bien attaché dans le holster qu'il portait sous l'aisselle. L'homme à la chemise hawaïenne, dont il avait appris que le nom était Scott Spellman, prit lui aussi un sac et s'arma d'une grande barre de fer. Il n'avait pas trouvé meilleure arme dans les restes de l'avion, le vol ne comptant rien d'autre que de pacifiques familles. Lyle doutait qu'une barre suffise face aux animaux sauvages qu'ils risquaient de rencontrer dans la jungle, mais s'était préférable à n'être pas armé du tout. La famille de Scott l'entoura pour lui souhaiter bonne chance. Devant tant d'effusion, Lyle soupira. Tout ça ne faisait que ralentir l'expédition, mais il s'abstint de tout commentaire.

Ils progressaient depuis une demi-heure quand Lyle commença à sentir qu'on l'épiait. Cette impression persista, allant en s'intensifiant à chaque pas. La forêt regorgeait de cachette potentielle. Chaque arbre, chaque souche pouvait abriter un tireur ou Dieu sait quoi d'autre. Scott, lui, n'avait pas l'air d'avoir senti quoi que soit. Il continuait à avancer, écartant ou arrachant les lianes qui lui barraient la route.

Soudain, Lyle capta un mouvement à sa droite. Quand il tourna la tête, il n'y avait plus rien. Etait-ce son imagination qui lui jouait des tours? Ou bien avait-il réellement eu quelque chose? Quoi qu'il en soit, il préféra rester sur ses gardes. Jetant un coup d'oeil à droite, à gauche de temps en temps, il continua son chemin. Une nouvelle fois, quelque chose bougea. Cette fois, Lyle vit avec certitude une ombre à forme humaine passer de derrière un arbre à un autre. Un autre craquement lui fit tourner la tête. Une nouvelle ombre fila entre les arbres. Puis plus rien. Ralentissant, Lyle écouta avec attention tous les bruits de la forêt, mais tout ce qu'il pu entendre était des cris d'oiseaux. Des cris qui avaient l'air se répondre...

"Attendez, il y a quelque chose de bizarre...", dit-il en s'arrêtant lui-même.

Scott s'immobilisa et se retourna. "Qu'est-ce qu'il a de bizarre?"

"ça...", répondit Lyle tandis qu'une série de bonshommes emplumés armés de lances primitives sortaient du couvert des arbres pour les encercler...