Les nuits sont très longues et très sombres quand vous êtes une détenue. Le temps se compte en éternité plutôt qu'en secondes. Votre cellule est glaciale en hiver, lorsque les tempêtes arrivent, transformant la vieille prison en un bloc de glace parfait. En été, cela devient un sauna. Si vous écoutez suffisamment attentivement, vous pouvez presque entendre la chaleur qui s'insinue insidieusement entre les blocs de béton, vous faisant baigner dans son essence poisseuse.
Quand vous êtes étendue la nuit sur votre couchette étroite, à compter les bosses dans votre matelas et à espérer que vous n'êtes pas en train de partager votre espace de sommeil avec des créatures du monde animal ou de celui des insectes, vous ne pouvez pas vous empêcher d'entendre le son mélancolique du vent qui siffle à travers les pignons ou les coups fantomatiques sur la plomberie qui résonnent la nuit.

Votre esprit devient votre ennemi durant les longues nuits à la prison quand les lumières ont été éteintes et si vous fermez les yeux dans le noir, vous pouvez vous transporter dans un pays imaginaire éloigné dans lequel la liberté est votre bien le plus précieux. Mais, obscurité ou lumière, la réalité de votre vie, c'est une froide porte à barreaux à moins d'un mètre cinquante de distance, sentinelle silencieuse de vos rêves.

Je n'étais plus à Azkaban depuis presque trois semaines et j'en ressentais encore les effets malsains sur mon esprit. Certes, je n'étais plus cloîtrée entre quatre murs, j'étais au contraire libre de tout mouvement, mais mon esprit ne suivait pas et s'obstinait à stagner dans une prison imaginaire. Je n'arrivais pas à m'en sortir, c'était comme si j'étais tirée en bas par mon désespoir. Ainsi, je passais le plus clair de mon temps dans ma chambre à ne rien faire d'autre que regarder les aléas incessants de la mer et à trier mes pensées en vain.

« Même désespérée, la mer continue de vivre, elle. »

Je me retournais en direction de la voix suave et monocorde de Rogue. Je ne l'avais pas entendu arriver et sa présence me troubla un peu.

« Vous étiez au courant dès le début n'est-ce pas ? » Une question dont je connaissais déjà la réponse.

« Pas exactement, Dumbledore avait des doutes… qui se sont confirmés. »

« Je n'en veux pas de ces pouvoirs, j'en ai marre que tout cela me tombe dessus sans arrêt. C'est pourtant pas bien compliqué, tout ce que je voulais c'était mener une vie tranquille. Autant dire que mes rêves de gamine sont complètement partis dans une direction opposée... »

« On peut le voir comme ça oui… » Il s'avança pour se placer à mes côtés en fixant la vue par la fenêtre.

« Et vous le verriez comment vous ? »

« Une opportunité. »

« Je ne vois pas comment je le pourrais, il ne me reste rien. »

« Et alors ? Rien ne vous empêche d'essayer de donner un sens à votre vie. Et puis il vous reste votre bestiole, c'est un début. »

« Facile à dire… Et il s'appelle Arès. » Je désignais le loup d'un regard agacé.

Je sentis son regard sombre se poser sur moi et j'évitais délibérément de le croiser.

« La vie n'a rien de simple et de facile Mary. »

Impossible de dire sur le coup si c'était moi qui déraillais complètement ou s'il essayait de se montrer gentil.

« Je veux vous voir cet après-midi pour continuer à travailler sur vos révisions, soyez à l'heure. »

Et voilà qu'il reprenait cette attitude glaciale et vide de toute émotion, c'était agaçant. Il quitta la pièce sans plus de cérémonie, un Arès grognant derrière lui et moi encore plus perdue qu'avant.

Cela faisait au moins la douzième fois que j'essayais de soulever cette maudite plume d'un coup de baguette mais c'était sans résultat. J'avais beau y mettre tous mes efforts et toute ma volonté mais rien ne se produisait. Découragée, je baissais ma baguette en soupirant.

« Que faites-vous ? »

« Je n'y arrive pas. » rétorquais-je a bout de nerfs.

« Et bien essayez encore ! »

« J'ai déjà essayé au moins vingt fois, je n'y arrive pas ! » J'essayais de garder mon calme mais le regard sombre et la voix claquante de Rogue commençait sérieusement à m'énerver.

« Vous n'y mettez pas assez de volonté, c'est normal. »

Sur le coup, j'aurais eu toute la volonté du monde pour le jeter dans une fosse à purin. Je crois que mon regard lui avait fait comprendre que mes pensées n'étaient pas particulièrement sympathique à son encontre car j'eus l'impression de recevoir des éclairs en plein visage lorsqu'il fronça des sourcils. Je soupirais une seconde fois en baissant les yeux sur ma baguette et cette fichue plume. Après tout, ça avait l'air moins dangereux qu'un Rogue en colère.

« Wingardium leviosa ! » J'agitais ma baguette sur la plume qui sembla bouger un peu et se soulever de quelques centimètre avant de finalement retomber doucement sur la table. C'était déjà un début pensais-je.

« Recommencez. » Ordonna la voix calme mais impérieuse de Rogue.

Je recommençais, non sans agacement.

« Wingardium leviosa ! » La plume s'éleva de nouveau, un peu plus qu'avant et flotta quelques secondes devant moi avant de retomber encore une fois.

Rogue me fit subir l'exercice jusqu'à ce que j'arrive à la maintenir en l'air et la diriger comme il le fallait. J'étais épuisée et je ne comprenait pas pourquoi ces sois-disant nouveaux pouvoirs ne m'aidaient pas plus que ça. En fait, je ne voyais pas l'ombre d'un changement en moi mis à part mes yeux qui gardaient cette apparence terrifiante mais tout de même assez belle. C'était quelque peu contradictoire mais je crois que je commençais à m'y faire et même si l'idée au début me paraissait complètement folle, j'appréciais la couleur que mon regard pouvait dégager.

Je retrouvais Arès dans ma chambre après l'entraînement. Il fonça vers moi en jappant, visiblement heureux de me voir et mordilla avec bonheur ma main lorsque je le caressais. Je me sentais bien, il était réellement d'un réconfort appréciable et je ne regrettais pas d'avoir fais ce choix de la garder avec moi, même si cela déplaisait et indisposait Rogue. Un mois s'était écoulé depuis mon arrivée chez mon ancien directeur de maison et je commençais à me souvenir de quelques moment de ma vie à Poudlard, des souvenirs qui refaisaient surface doucement à la vue d'objet, ou lorsque je relisais mes cours. Parfois même lorsque Rogue me parlait j'avais l'impression d'avoir vécu ces scènes là. Je reprenais peu à peu goût à la vie et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais heureuse.

Les rayons du soleil se pointèrent timidement à travers les carreaux de ma fenêtre, me faisant comprendre qu'il était déjà l'heure de se levers. Arès dormait tranquillement sur mon lit, roulé en boule à mes pieds. Je bougeais un peu, le réveillant en sursaut. Il se leva sur ses quattre petites pattes et avança vers moi d'un pas un peu gauche, puis il mordilla ma main en jouant.

« Salut toi. » dis-je en souriant et en caressant le louveteau maintenant complètement réveillé et surexcité.

Je quittais mon lit sans grande conviction pour aller dans la salle de bain, suivie de près par Arès qui me regardait avec adoration, c'était adorable. Lorsque je sortis de la salle de bain, habillée, coiffée et propre, j'entrepris de descendre afin de prendre mon déjeuner que Silmy avait probablement préparé avec toujours autant d'attention. Lorsque j'arrivais dans le séjour, je vis Rogue, une grande cape noire sur les épaules qui s'apprêtait visiblement à aller quelque part.

Je m'approchais un peu, ma curiosité piquée au vif « Vous allez quelque part ? » demandais-je en l'observant calmement.

Il ne m'accorda pas un regard ni même un bonjour « J'ai des courses à faire, je n'en ai pas pour longtemps. »

Tiens donc, ça c'était intéressant…  « Je peux venir avec vous ? S'il vous plaît » demandais-je innocemment. L'idée de sortir un peu d'ici, de voir du monde me noua l'estomac de plaisir.

« Non, vous restez ici. » Il ne me regarda même pas, se dirigeant vers la porte d'un pas assuré.

Pas question de baisser les bras.

« Si vous tenez tant à ce que je réapprenne à me servir de mes pouvoirs, vous ne croyez pas que cette sortie pourrait être bénéfique ? J'en ai marre de rester cloîtrée ici ! »

Il se retourna vers moi, le visage de marbre et se yeux me jugeant de toute sa hauteur. Il évaluait la situation. Je le regardais avec détermination « S'il vous plaît… » Le coup de grâce, je le voyais bien. Il grimaça, hésitant à répondre puis attrapa une cape sur le porte manteau et me la jeta dans les mains. Un sourire se fraya sur mon visage et je mis la cape sur mes épaules, en m'avançant en direction de la porte.

« Merci. » dis-je à son attention avant de franchir la porte. Il ne répondit rien, et me suivit hors de la bâtisse.

Nous fîmes quelques pas puis il posa sa main sur mon épaule, comme l'avait fait Dumbledore et j'eut une nouvelle fois cette sensation de glisse. Lorsque je rouvrit les yeux, nous étions sur un chemin remplit d'une foule dense et animée. Le spectacle me paraissait incroyable, des boutiques sur tout le long de la rue accueillaient un flot incessant de visiteurs, pour la plupart des enfants qui riaient joyeusement. Je me tournais vers Rogue qui demeurait impassible devant la scène. J'allais lui poser la question mais il me devança.

« Vous êtes au chemin de Traverse. »

Ses yeux noirs se plantèrent sur moi tel un oiseau de proie et je me sentit de nouveau mal à l'aise.

« Je vais faire ce que j'ai à faire. Vous n'avez qu'a vous promener dans le coin, mais ne quittez pas cette rue, sous aucun prétexte. » Sa voix semblait pleine de menace contenue et je hochais de la tête. Je n'avais pas la moindre envie de désobéir et de m'attirer ses foudres et puis de toute façon, la rue me paraissait assez incroyable comme ça pour aller voir ailleurs.

Il tourna les talons et partit dans son coin et moi du mien, me souciant guère du regard que les gens me portaient. Je m'avançais vers la première boutique, observant la vitrine avec attention. Des animaux plus variés les uns que les autres bougeaient et piaillaient avec entrain, des chouettes, des hiboux, des rats, des crapauds, des chats… il y avait un peu de tout. Je voyais des gamins heureux sortir avec un animal dans les bras et je ne pu m'empêcher de me demander quel animal j'avais bien pu avoir pendant ma scolarité à Poudlard. Etait-ce un rat ? non, trop petit et pas à mon goût. Un chat alors… non plus, trop solitaire. Certainement pas un crapaud, c'était trop moche et rien que l'idée d'en prendre un dans mes mains me souleva le cœur. L'idée d'un petit hibou me revint en mémoire, il était gris tacheté de blanc et son nom… son nom… Tipy ! Je souris, contente d'avoir réussi à mettre la main sur cette nouvelle pièce de mon passé, aussi infime soit-elle.

Je continuais ma progression à travers la foule et m'arrêtais devant un magasin qui affichait des balais. Je me souvenais avoir lu dans l'Histoire de Poudlard que les quatre maisons s'affrontaient à un sport qui comportait des balais, le quidditch. Ca avait l'air amusant comme jeu… Je contemplais les divers balais et leurs accessoires lorsqu'une voix me tira de mes songes.

« Mary ? C'est toi ? »

Je me retournais, un peu surprise par l'appellation de mon prénom. Un jeune homme se tenait devant moi et me regardait, visiblement surpris de me voir. Ses yeux verts me dévisageaient derrière des lunettes rondes et ses cheveux hirsutes. Il sourit calmement, et repris de plus belle, voyant que j'avais un peu de mal à me souvenir de lui.

« Ah oui, c'est bien toi… Tu as bien changé depuis le temps, comment vas-tu ? »

« Bien mais euh… Tu es… ? »

« Harry, Harry Potter. Tu ne te souviens pas ? J'étais à Gryffondor et nous avions quelques cours en commun. » Rajouta t-il avec une pointe d'amusement dans la voix.

« Désolée, j'ai… je n'ai pas vraiment de souvenirs de cette période là. »

Il me sourit gentiment.

« Je suis au courant, ne t'inquiète pas Dumbledore m'a un peu parlé de toi. Je suis content de voir que tu vas bien. »

Gryffondor et Serpentard n'étaient pas censés être des ennemis de longue date ? J'avais plusieurs fois entendu jurer Rogue sur les Gryffondor et les livres que j'avais engloutis m'affirmait que les deux maisons étaient totalement rivales en tous points.

« Hermionne et Ron m'attendent au Chaudron Baveur, tu veux venir ? Ils seront surpris de te revoir. » me demanda t-il plein d'entrain.

J'hésitais quelque peu à le suivre.

« Juste une chose Harry, tu es un Gryffondor et moi une Serpentard et tu me traites comme si on était amis alors que nos deux maisons ont toujours été rivales… je ne suis pas certaine de comprendre là. »

Il me regarda en haussant les épaules, comme si c'était logique.

« Tout simplement parce que même en étant à Serpentard tu n'as jamais rien fait contre les Gryffondors. La maison dans laquelle on est placé ne veut pas dire grand chose sur la personnalité d'une personne, surtout si celle-ci refuse toute forme de violence. Tu nous as toujours traités également à ceux de Serpentard, pourquoi aurions nous fait le contraire ? »

J'étais aussi bien vue par les Gryffondors ? Cette révélation me surpris complètement, je pensais que la logique voulait que l'on soit ennemis, visiblement la situation sortait de la normale. J'étais tellement surprise que je ne voyais même pas qu'il fixait avec intérêt mes yeux, notant parfaitement que quelque chose clochait avec eux.

« Mary… Qu'est-ce qu'il est arrivé à tes yeux ? » demanda t-il sans cesser de me regarder.

« Heu… Rien, absolument rien ! » Je vis Rogue arriver au loin, pile au bon moment. La discussion partait sur un sujet que je ne voulais vraiment pas aborder.

« Il faut que j'y aille, ravie de t'avoir rencontré Harry ! » Je le saluais d'un signe de la main avant de m'éloigner rapidement en direction de Rogue qui s'était visiblement arrêté à la vue d'un homme aux cheveux grisonnants, vêtu de vêtements raccommodés ci et là. Je m'arrêtais à leur hauteur, et lorsque Rogue m'aperçut, l'inconnu suivit son regard et me dévisagea calmement, un peu surpris. Décidément, c'était ma journée.

« Bonjour Mary, ça faisait longtemps. » L'homme venait de parler sans cesser de me regarder, un sourire amical sur le visage. Lui aussi me connaissait et ce n'était à mes yeux qu'un inconnu de plus sur qui je devais mettre un nom.

« Nous allons y aller Lupin, je n'ai pas de temps à perdre en bavardages inutiles. »

Rogue se tourna vers moi, ignorant complètement Lupin dont la présence semblait l'indisposer et l'agacer.

« Severus, tu pourrais te montrer aimable de temps à autres, ça ne te ferait pas de mal et ça nous ferait du bien. » répliqua Lupin d'une voix égale et dénuée de colère. J'aurais juré qu'il ne craignait pas les foudres de Rogue et les paroles prononcées me firent rigoler en pensée, et seulement en pensée vu le regard noir qui se braquait sur moi comme une épée de Damoclès.

Rogue l'ignora superbement et posa sa main sur mon épaule alors que je regardais une dernière fois le chemin de Traverse et ce dénommé Lupin qui me fit un petit signe de la main en guise d'au revoir. Je me jurais de revenir plus souvent possible en ce lieu une fois ma liberté complètement gagnée.

Gensi Lol non c'est pas men in black qui m'a inspiré mais ça aurait pu… J'ai une image d'un œil bleu assez particulier que j'ai trouvé sur le net et elle m'a simplement inspirée ^_^ Pis un Sevy avec une fille sans problème c'est pas marrant lol *sadique à fond*

Amy Evans Merci, la voici la voilà ^^

Cyngathi Décidément, ses yeux intriguent pas mal de personnes lol voilà une adresse où vous pourrez trouver l'image en question dans mon profil ^^

Blood_Countess Merci pour la fic, vala la suite, et merci de me prêter ta fic ^^ (oui je l'ai lu complètement ^^) Pis pour 13 ans tu te débrouilles sacrément bien O_o; Bon et pis vive Mike Oldfield (A quand la fic « Man in the Rain » ? lol)