Cette courte sortie au chemin de Traverse m'avait étrangement remuée. J'avais appris que j'étais tout d'abord bien vu des Gryffondors, et non pas comme une ennemie prête à tout pour les narguer ce qui me laissait penser que j'avais laissé pas mal d'amis derrière moi suite au bouleversement que ma vie avait rencontré du jour au lendemain. C'était une sensation assez plaisante de savoir qu'il y avait des personnes qui m'appréciaient fut un temps et qui ne m'avaient pas oublié comme on jette quelque chose dans une poubelle.

Et puis il y avait ce Lupin qui m'avait parut fort sympathique aux premiers abords même si je n'avais pu établir le dialogue avec lui. Je me souvint alors d'une de mes discussions avec Rogue sur les professeurs de Poudlard et le nom de Lupin me revint subitement en mémoire, il avait été mon professeur de défense contre les forces du mal. Voilà qui mettait enfin un visage sur un de ces noms que j'avais en tête. Ce que je ne comprenais pas, c'était l'animosité de Rogue envers Lupin, qui en fonction des flashs qui me revenaient, m'avait toujours parut être un homme gentil, aimable et assez bon professeur.

Je me retournais dans mon lit, fixant le plafond dans l'espoir fou d'y obtenir des réponses. Rogue m'intriguait. J'avais beau avoir envie de lui envoyer toute sorte de sorts lorsque nous avions quelques mots lors de nos séances de cours, dans le fond je l'aimais bien. Pourtant il était odieux, froid, distant, pas bavard pour un sous et parfois même méchant mais cela n'y changeait rien et j'éprouvais une certaine sympathie pour lui. C'était quand même dingue toute cette histoire…

Je m'endormis sur cette pensée.

Une autre semaine s'écoula, à étudier encore et toujours et le résultat était là, je commençais à revivre comme toute bonne sorcière. Les sorts me paraissaient d'une simplicité parfois étonnante et j'entendais de moins en moins la voix de Rogue me réprimander sur mes erreurs, ce qui me semblait être assez bon signe. Néanmoins, il était toujours aussi peu bavard et distant malgré mes efforts pour essayer de lui arracher quelques mots et pouvoir entendre cette voix que j'avais appris à apprécier. Je devais vraiment être devenue dingue pour dire ça quand même… Azkaban m'avait probablement plus marqué que je ne le pensais.

Je n'avais pas revu Happenstance depuis mon arrivée en ces lieux et je me demandais s'il était toujours en aussi piteux état que lorsque je l'avais vu. Je savais que Rogue allait parfois dans la grange mais je ne savais en fait pas réellement s'il le réparait ou s'il faisait autre chose. J'entrepris ce soir là de sortir un petit peu avec Arès, pour voir ce qu'il en était, tout en prenant garde de ne pas me faire surprendre comme la dernière fois. J'arrivais devant la porte en bois de la grange, jetant un coup d'œil discret à l'intérieur pour m'assurer qu'il n'y avait personne puis j'entrais en  douce, un Arès complice dès qu'il s'agissait de faire des bêtises. La pièce était plongée dans le noir et seul les faibles rayons du soleil émettaient une lueur douce dans la pièce, laissant apparaître une fine poussière ambiante. Je m'avançais vers la coque du voilier qui avait été recouverte d'un grand drap blanc, probablement pour le protéger. Ma curiosité sans égale me poussa à soulever le drap sur tout un flanc du bateau et je restais soudainement muette devant le changement qu'il avait subit. Ce n'était plus le squelette délabré que j'avais vu la première fois, un bois brillant et doux recouvrait la coque, reflétant mon visage fasciné.

« Incroyable… » murmurai-je, laissant ma main glisser sur le bateau.

Arès émit un petit grognement, explorant la grange avec curiosité.

« Ce qui est incroyable c'est votre curiosité Miss Quant. »

Je me retournais, encore prise en flagrant délit par le regard sombre de Rogue qui venait de passer une porte dans le fond du hangar que je n'avait jusque là pas remarqué. Il avait l'air un peu fâché à en juger son regard… voir même pas content du tout.

« Sortez d'ici et arrêtez de mettre votre nez partout. » Un ton sec et cassant, ce n'était pas la voix que j'aimais entendre et son attitude était franchement exaspérante.

Pourquoi s'obstinait-il à révéler quoi que ce soit le concernant ? Je n'étais plus une élève et j'allais partir dans une semaine tout au plus avant de disparaître de sa vie. Visiblement l'un n'empêchait pas l'autre et il me semblait bien que ce bonhomme était complètement inapte à toute relation humaine.

« C'est un crime d'admirer un bateau ? » répliquais-je sans bouger de ma position.

« Je vous ai demandé de sortir d'ici, et votre bestiole également. » dit-il d'un ton sans réplique.

« Il s'appelle Arès, ça vous tuerait d'être aimable de temps en temps ? »

Ok, là il commençait sérieusement à me pomper l'air et ça avait l'air réciproque.

« Ne me parlez pas sur ce ton ! Vous oubliez peut-être que vous êtes ici chez moi et tant que vous serez sous mon toit je ne vous permettrais pas d'agir comme bon vous semble ! » Rugit-il, ses yeux noirs braqués sur moi avec une lueur qui m'en disait long sur son humeur : elle était massacrante.

« Si j'avais pu j'aurais volontiers choisis d'aller vivre ailleurs plutôt que chez un homme complètement antipathique et désagréable ! Je n'ai jamais demandé à venir vivre ici, je n'ai jamais demandé à sortir d'Azkaban et je n'ai jamais demandé tout ce qui me tombe dessus ! Mais ça vous vous en moquez n'est-ce pas ? Tout ce qui compte c'est votre petite personne, vous vous croyez heureux à vivre seul et coupé du monde comme un vieux grincheux et… »

« Taisez-vous ! Je n'ai pas de leçons à recevoir d'une idiote qui ne comprend rien à rien ! »

Je le regardais, au bord des larmes à cause de toute cette rage et de ces quelques mots que j'aurais voulu ne jamais prononcer. Ils avaient néanmoins eu une utilité, je savais ce qu'il pensait de moi maintenant. Je cherchais Arès des yeux, avec pour seul et unique pensée de partir d'ici au plus vite et ne plus affronter ce regard noir qui m'avait tant blessé sur le coup.

« Arès, viens ! » Je m'avançais en direction de la sortie, le petit louveteau trottinant à mes côtés, puis je m'arrêtais à la hauteur de Rogue, sans même le regarder.

« Maintenant au moins je sais ce que vous pensez de moi. Je vais vous dire une chose… Vous êtes un professeur sévère mais excellent et je vous ai toujours porté beaucoup d'estime malgré tout, et malgré ce que vous venez de dire. Je regrette de vous avoir imposé ma présence et abusé de votre patience pendant tout ce temps. C'était une erreur de ma part de penser que nous pourrions devenir amis… Adieu Severus et merci pour tout. » Ma voix trembla sur ces dernières parole et je partis rapidement vers la maison.

J'avais l'estomac noué et les larmes coulaient maintenant a flot sans que je ne puisse les en empêcher. Je ne pensais pas que cela me ferait aussi mal de quitter cet endroit mais j'étais bien déterminée à partir faire ma vie sans que l'on ne me pose des barrières sur le chemin. Je remontais dans ma chambre, emballant rapidement mes affaires dans un vulgaire sac qui traînait dans un coin de ma chambre. Je me retournais une dernière fois vers la fenêtre, il faisait presque nuit.

« Silmy… » Murmurais-je doucement.

L'elfe apparut à l'appel de son nom et me regarda avec inquiétude.

« Mademoiselle Mary ne va pas bien ? Silmy a fait quelque chose de mal ? » demanda t-il un peu paniqué en regardant mes larmes s'écraser doucement sur le sol.

« Non Silmy, tu n'as rien fait de mal. Je voulais juste te prévenir que je partais et te dire adieu. Je ne reviendrais pas. »

L'elfe fit une grimace de tristesse tout en triturant sa chemise rapiécée.

« Mademoiselle Mary va manquer à Silmy. Silmy l'aimait beaucoup… »

« Tu va me manquer aussi. Merci pour tout Silmy, tu es un bon serviteur. Continue d'aider Severus et veille à ce qu'il ne se sente pas trop seul. »

Sans un mot de plus, je quittais ma chambre, descendant les escaliers à la hâte mon baluchon sur l'épaule et Arès à mes côtés, ne comprenant pas grand chose à ce qu'il se passait. Je regardais une dernière fois cette maison qui avait été presque la mienne depuis huit longues années, puis je pris la poudre de cheminette en réfléchissant à une destination où je pourrais aller. Je m'avançais vers la cheminée, Arès dans mes bras et je jetait la poudre faisant apparaître les flammes vertes. Je ne savais pas encore transplaner et c'était le seul moyen de quitter la petite île. Mon cœur se serra.

« Chemin de Traverse ! » dis-je dans un dernier regard sur la maison de Severus Rogue, l'homme qui avait malgré lui ouvert une brèche en moi tel un abîme sans fond.

C'est ainsi que je ne revis plus la petite île Irlandaise de Carib Islander dans le comté du Connemara, celle où j'avais trouvé sans m'en apercevoir un réconfort et redécouvert les sentiments. Je disparus de la circulation, sans laisser de trace derrière moi. Après tout, plus rien ne m'attendait nulle part et j'étais à nouveau seule, tout comme un homme à quelques milliers de kilomètres de là.

Il ne me restait que quelques mornilles pour trouver un lit pour la nuit, aussi, lorsque j'arrivais sur le chemin de traverse j'entrepris rapidement de trouver un hôtel pas trop cher pour mes maigres économies. Je réussis à en trouver un tant bien que mal, à côté de chez Olivander le marchand de baguettes. C'était un petit hôtel un peu miteux mais cela me convenait pour une nuit après Azkaban, on a tendance à voir ses exigences et ses goûts personnels passer en dernière priorité, la première étant de survivre.

Je m'écroulais sur le lit, Arès m'observant avec anxiété au pied du lit. Il avait l'air complètement perdu et ne comprenait pas vraiment la situation.

« On n'y retournera plus Arès, c'est terminé. » dis-je en enfouissant ma main dans mes cheveux.

« Rhooo » grogna le petit loup en s'asseyant devant moi.

« Oui, il ne reste plus que nous deux maintenant. On s'en sortira, tu verras. »

J'étais bien déterminée à faire quelque chose de ma vie, même si les conditions présentes ne me conféraient pas la joie et la bonne humeur que j'avais pu ressentir là-bas. La-bas… cela me semblait soudainement tellement loin que j'eus l'impression d'entendre un écho des vagues, comme m'appelant à elles. J'avais l'impression de complètement perdre la tête et malgré toute ma volonté à rester éveillée quelques minutes de plus, je m'endormis sur le vieux lit du petit hôtel, revoyant une dernière fois ces yeux noirs et terrifiants avec pour seul désir de m'y noyer une dernière fois.

Méheuuu T__T pourquoi j'ai pu que 2 revieweuses ??? Qu'ais-je donc fait ? Argh ! Ouiiiinnn !!! Très bien si j'ai pas 5 reviews pour ce chapitre, je vous met pas le 7 en ligne ! na ! (je sais, le chantage c'est pas joli joli mais bon… on gagne sa vie comme on peut aujourd'hui hein…) *soupir*

Moony013 Je sais je suis trop stressé mais c'est pas faute d'avoir essayé le Zen…:/ Sinon, ben le chap 14 de 'loin du monde' arrive, en fait je vais l'envoyer en même temps que ce chapitre ^^ Bisous en espérant que ce chapitre (et pis l'autre aussi…) te remonteront le moral suite à cette horrible rentrée :)

Blood-Countess J'ai pris note de ta petite remarque, fichu ff.net -__- m'en fiche c'est des vilains :( Par contre toi t'es une gentille à me faire des reviews à chaque chapitre :D Merci beaucoup ^_^