Ok, récapitulons. Primo, j'avais passé huit années de ma vie à Azkaban. Secondo, Severus m'avait sorti de cette merde et m'avait aidé en m'hébergeant quelques semaines chez lui. Tertio, on s'était disputés et j'étais partie. Quarto, j'étais de retour à Poudlard et je le retrouvais. Quinto, il était toujours aussi glacial et détestable. Sesto, pourquoi après une engueulade et deux années d'absence je n'arrêtais pas de penser à lui ?

Je du me rendre à l'évidence, j'étais peut-être bien amoureuse de lui. Cette pensée me laissa perplexe. Pourquoi Rogue et pas l'adorable Lupin avec qui je m'entendais beaucoup mieux, avec qui je pouvais rigoler sans peine et parler sans crainte de me faire jeter comme une moins que rien. Non vraiment j'avais l'impression d'avoir loupé un épisode… Ca ne tenait pas debout, impossible, inimaginable, j'avais certainement perdu toute trace de raison. Oui, l'explication était probablement là, j'étais devenue folle. Voyant que le matin n'apportait aucune inspiration, ni divine ni d'aucune autre provenance, je décidai de céder aux demandes pressantes de mon estomac et je fonçai prendre mon petit-déjeuner.

Je retrouvais Lupin à la table des professeurs, m'asseyant joyeusement à une place qui était désormais la mienne. On était Samedi, deux mois s'étaient écoulés, déjà. C'est impressionnant comme le temps passe vite quand même…

« Alors qu'as-tu prévu de beau pour aujourd'hui ? » me demanda Rémus en avalant une gorgée de thé.

« J'ai des courses à faire au chemin de traverse, tu veux venir ? » Oh chouette, il y avait des pancakes aujourd'hui !

« Non désolé, aujourd'hui je suis pris ailleurs, tu devras te passer de ma compagnie. »

Il avait l'air désolé, tout comme je l'étais car ça n'avait rien de folichon à faire les courses en solitaire. Je soupirais en regardant Arès qui avait posé sa tête sur ma cuisse pour obtenir un morceau de pancake… que je lui donnais.

« Tu n'as qu'a demander à Severus de t'accompagner. » reprit Lupin en me jetant un regard assez significatif. J'avais horreur lorsqu'il faisait ça avec moi, probablement parce que je savais qu'il voyait très bien ce que j'essayais de cacher.

« C'est pas une bonne idée Rémus. Et puis si je dois l'entendre râler sur tout le trajet ou critiquer tout ce que je fais ça va mal finir. Non, c'est vraiment pas une bonne idée. »

« Qu'est-ce qui n'est pas une bonne idée miss Quant ? »

La voix suave me prit complètement au dépourvu, me faisant avaler de travers mon café et manquant de m'étouffer et de me noyer dans mes propres poumons. Bon sang, Lupin savait qu'il était dans le coin ! Je lui jetais un regard furieux, le visage encore rouge à cause du café et des poumons enflammés et je me tournais vers Severus qui se tenait juste derrière moi.

« Rien, absolument rien. » Réussis-je à articuler tant bien que mal. J'avais la gorge en feu, aussi, Rémus en profita.

« Elle cherche quelqu'un pour l'accompagner au chemin de Traverse et comme je ne suis pas libre aujourd'hui je lui suggérais de demander à quelqu'un d'autre. Intéressé Severus ? »

Il y a des moments dans la vie de chaque personne où elle se demande s'il serait possible de dévisser la tête de quelqu'un. Pour moi, c'était l'un de ces moments-là. Rogue me regarda de toute sa hauteur en faisant une petite grimace narquoise.

« Sa bestiole devrait lui suffire amplement et j'ai présentement mieux à faire que de jouer les garde chiourme avec une gamine. »

Arès grogna violemment et montra ses crocs en guise d'avertissement à Severus pour le ton employé avec moi. Il ne bougea pas d'un pouce, guère effrayé par Arès.

« Il s'appelle Arès, espèce de vieux croûton et pour votre gouverne, j'ai tout de même vingt-cinq ans. »

Il me jeta un regard furieux et ne trouvant rien d'autre à ajouter sur le coup, et se détourna de nous pour gagner sa place dans un bruit de cape flottant derrière lui. Lupin me dévisagea d'un air un peu désolé, tandis que j'essayais de me concentrer sur la tasse de café qui avait failli me tuer quelques secondes plus tôt.

« Désolé Mary. »

« Pas grave. » grommelais-je en reposant cette fichue tasse.

« Ceci dit, c'était bien envoyé. »

« J'ai horreur qu'on me traite de gamine, j'ai passé l'âge il me semble. Ca fait deux ans que j'essaye de lui faire comprendre qu'il s'appelle Arès et que ce n'est pas une simple 'bestiole'. » J'accentuais mes mots afin que la personne concernée deux chaises plus loin puisse les entendre. Je savais très bien qu'il écoutait - même involontairement - et je m'en réjouissais rien que d'y penser, bien fait pour lui.

Je débarquais au chemin de traverse en transplanant. J'avais finalement réussi à maîtriser ce sort grâce à l'aide de mon ancien patron, le brave Flaherty. Arès était de la partie lui aussi et bien qu'il n'aimait pas vraiment m'accompagner dans l'horrible tâche des courses sur un chemin bourré de monde, il demeurait fidèle à son rôle de garde du corps. Je regardais brièvement ma liste, deux livres sur les animaux enchantés et quelques potions et du matériel pour compléter mes cours, la visite serait rapide.

Je fit mes achats rapidement, obtenant une réduction inattendue sur les livres à la librairie, puis je filais directement chez l'apothicaire pour acheter le reste. Lorsque je sortis du magasin, je décidais tout de même de regarder un peu les vitrines histoire de me tenir informée des dernières nouveautés en matière de sorcellerie, cela pouvait servir, sait-on jamais. Je passais devant le chaudron baveur, m'attardant quelque peu devant pour voir si je n'y reconnaissais pas un visage familier. Il faut dire qu'après huit années d'incarcération et d'amnésie, le seul désir que l'on a lorsque l'ont retrouve la liberté est de renouer avec son passé et les éléments qui l'avaient constitué. C'était comme chercher les pièces d'un puzzle immense, amusant et parfois beaucoup moins. Aujourd'hui, sans le savoir, j'allais tomber sur une pièce nettement dégoûtante et poisseuse, tout du moins c'est comme ça que je le ressentis.

Une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter brusquement. Arès se retourna, aussi vif que l'éclair et émit un grognement distinctif me signifiant que l'individu n'était pas très clair et que je devais m'en méfier. Je me retournais avec la peur au ventre et le cœur qui jouait au cognar dans ma poitrine. La vision que j'eu me fit reculer d'un pas tant la stupéfaction me tomba dessus, aussi légère qu'une enclume.

Devant moi se tenait un jeune homme, assez grand et plutôt bien constitué à en juger sa carrure, les cheveux bruns et le regard brun. Ce visage aurait pu être agréable à regarder s'il n'y avait pas eut ce détail horrible : des dents comparables à celle d'un lièvre sauvage, placées comme des menhirs dans un champ me souriaient narquoisement et bêtement. J'écarquillais des yeux devant l'inconnu qui se décida finalement à fermer la bouche pour mon plus grand soulagement et là seulement, je le reconnus dans un flash bref mais néanmoins très significatif. Marcus Flint avait été un des joueurs de l'équipe de quidditch des Serpentards, aussi mal élevé que sa dentition désastreuse.

« Salut Mary. Je n'y croyais pas quand ils disaient qu'ils t'avaient finalement relâché. »

Ok, elle était où la sortie ?

Je me contentais d'esquisser un sourire aimable.

« Marcus… Ravie de te revoir. »

Il baissa les yeux en direction d'Arès qui éprouvait visiblement moins de répulsion que moi à avancer vers Marcus.

« Viens, je t'invite boire quelque chose. »

Allons bon, manquait plus que ça.

« Non merci Marcus, je suis assez pressée… »

Son visage perdit toute trace de sourire - ce qui n'était pas plus mal - et son regard devint soudainement relativement mauvais.

« Allez viens, ne fais pas ta timide. »

« J'ai dit non Flint. »

Il m'attrapa le bras en m'attirant à l'écart de la foule lorsqu'une main se posa de nouveau sur mon épaule, me tirant légèrement en arrière comme pour empêcher l'édenté de m'emmener plus loin. D'ailleurs celui-ci émit un vague sursaut et sa poigne se desserra aussitôt de mon bras.

« Il me semble qu'elle vous a dit ne pas être intéressée par votre proposition monsieur Flint. »

Je tournais la tête par dessus mon épaule pour m'assurer que c'était bien la personne dont j'avais reconnu la voix. Severus Rogue était bien là, dominant Flint d'un regard noir et relativement terrifiant. Marcus fit de son mieux pour imiter une carpe bouche bée, et je dois dire que son effort était payant. Si j'avais eu un souaffle dans la main, j'aurais pu être tentée de jouer à mon propre jeu de quidditch. Repoussant mes idées diaboliques loin de moi, j'attendis simplement que Marcus intègre complètement les mots de mon sauveur avant de filer sans un mot dans une direction opposée à la notre.

Je soupirais longuement, comme pour évacuer le stress qui jouait au yoyo avec mes nerfs et je réalisais que la main de Severus était toujours sur mon épaule. La chaleur réconfortante qu'elle m'apportait me troublait et me fit légèrement frissonner. Je ne sais pas si cet homme avait un quelconque pouvoir de télépathie - et je priais pour que ce ne soit pas le cas -  mais lorsqu'il réalisa la chose, il enleva brusquement sa main et évita habilement mon regard lorsque je me tournais vers lui.

« Je croyais que vous aviez présentement mieux à faire que de venir jouer les gardes chiourmes avec moi et Arès. » dis-je en souriant légèrement, dans l'espoir que ma voix ne perde pas de cette assurance qui masquait une reconnaissance infinie.

Il me jeta un regard mauvais et s'apprêtait à partir lorsque je le retenais par le bras. Il sursauta au contact, je le sentis très nettement malgré l'air agacé et stoïque qu'il tentait de conserver. Je m'en voulus soudainement de lui avoir parlé comme ça après ce qu'il venait de faire pour moi.

« Excusez-moi… Merci d'être intervenu Severus. » ma main était toujours sur son bras et il s'en dégagea délicatement.

« Essayez d'être un peu plus vigilante, je ne serais pas là éternellement pour vous sauver la mise Mary. »

J'aimais bien la façon qu'il avait de prononcer mon nom, vous savez, avec sa voix grave et pourtant si douce qui laissait entrevoir qu'il n'était pas l'horrible professeur de potion qu'il laissait paraître. Enfin je me faisais peut-être des idées, j'avais un esprit assez fertile pour inventer toute sorte de trucs, à un tel point que parfois je perdais pieds face à ma raison. Quoi qu'il en soit, je prenais mon courage à deux mains, savourant le noir profond dans lequel j'aimais voir mon reflet apparaître lorsque j'étais en sa présence.

« Venez, je vous invite à boire. »

Il me regarda en écarquillant des yeux, comme si devant lui se tenait une créature monstrueuse.

« Je vous demande pardon ? »

« Vous m'avez très bien entendue. Venez. »

« Je n'ai pas soif. » maugréa t-il tandis qu'il semblait prêt à se défiler.

Qu'importe, je n'allais pas reculer aussi facilement monsieur « je suis frigide et distant alors foutez moi la paix ».

« Dans ce cas on fait un bout de chemin ensemble ! »

Je le regardais en souriant tandis qu'il examinait les solutions qui s'offraient à lui. Il me jeta un regard agacé et préféra garder le silence.

« Je prends votre silence pour un oui. »

C'était très franchement osé de lui parler sur un ton aussi désinvolte mais j'avais cette envie folle de croire qu'il ne me détestait pas autant qu'il le laissait paraître, à en juger son intervention pour me tirer de cette situation avec Flint. Peut-être était-ce par devoir oui, mais je trouvais tout de même étrange le fait qu'il soit venu comme par enchantement à ma rescousse, lui qui avait juré avoir mieux à faire aujourd'hui. Nous marchâmes quelques minutes en silence à travers la foule, lorsqu'une brise fraîche me fit réaliser que je n'étais pas vraiment couverte. Un frisson désagréable me passa dans le corps et je me contentais de regarder par ci et là les vitrines et les personnages que nous croisions dans notre progression.

Rogue soupira et stoppa net sa marche en me dévisageant comme si j'avais encore commis une bourde monumentale. Allons bon…

« Vous êtes vraiment une idiote miss… A croire qu'il faut toujours quelqu'un derrière vous pour assurer que vous ne faites pas tout de travers. »

Il avait dit ça sur un ton monocorde tandis qu'il détachait sa cape et me la jetait dans les mains. Je le regardais d'un air assez étonnée, puis je regardais la cape, et je le regardais de nouveau. Minute papillon, il était bien en train de me proposer sa cape là ?

« Ca s'appelle une cape et ça protège du froid. On ne vous l'a donc jamais appris ? » dit-il en haussant un sourcil sans cesser de me dévisager.

Ok, en plus il se payait ma tête.

« Je sais très bien ce que c'est qu'une cape ! » répliquais-je en la passant sur mes épaules et appréciant la chaleur et la douce odeur épicée qu'elle dégageait.

Il grommela et continua son chemin sans se soucier d'avantage de ma présence. Encore cette attitude de grognon renfrogné, c'était désespérant. Ma mère disait souvent que lorsqu'une personne en ignorait délibérément une autre, c'était parce qu'elle craignait que celle-ci ne l'atteigne véritablement dans son orgueil et sa fierté et l'exactitude de ces paroles me parut complètement justifiée en regardant Rogue. Très bien, je décidais de casser un peu tout ça. J'aimais bien casser les apparences, et si j'avais été par le passé une reine dans le cassage de vaisselle et de matériel de cours, je m'autoproclamais aujourd'hui casseuse d'apparence. Oui bon, j'admets que ce n'était pas une super idée mais elle me plaisait bien.

« Je peux vous poser une question Severus ? » demandais-je avec innocence.

« Non. »

Ok, ne pas se vexer, ce n'est rien ma fille tu as l'habitude avec lui.

« Tant pis, je la pose quand même. Pourquoi vous m'évitez comme la peste et le choléra ? »

Il se tourna vers moi, un peu surpris de la franchise de ma question puis il fronça les sourcils dans un regard de plus en plus agressif.

« Vous êtes curieuse, maladroite, égoïste, sans gêne, mal élevée, agaçante et exaspérante et ceci n'est qu'un échantillon. Dois-je vous dresser l'intégralité de la liste ? »

Prenant une inspiration profonde, purifiante, je comptai lentement jusqu'à dix pour évacuer ma contrariété et je le regardais avec des yeux qui auraient pu être aussi noirs que les siens s'ils n'avaient pas été bleus.

« C'est plus fort que vous de vous montrer aussi méchant ? »

« Je suis réaliste, nuance. »

« Non, c'est de la méchanceté ça, et je ne suis pas plus égoïste que vous que je sache. Vous n'avez pas changé d'un pouce depuis la dernière fois, toujours à vous soucier de votre petit confort. »

Pourquoi diable à chaque fois que l'on pouvait avoir une discussion cela dégénérait au plus haut point ?

« Ce n'est pas moi qui me suis enfui en ne laissant aucune nouvelle derrière moi et sans me douter que certaines personnes pouvaient se soucier de ce qu'il m'arrivait, que je sache. »

La réalité de ses paroles me frappèrent de plein fouet et j'eut l'impression de me prendre une véritable claque. Sans m'en rendre compte, je baissais les yeux vers le sol, il m'avait eut à mon propre jeu, encore. Ce qui me navrait n'était pas la dureté de ses paroles mais le fait qu'il avait entièrement raison. Je n'étais rien d'autre qu'une stupide égoïste, je n'avais rien vu, rien fait pour mériter tout ce qu'on avait fait pour moi, tout ce que LUI avait fait pour moi. Je me dégoûtais moi même pour ce que j'avais fait…

« Je suis désolée Severus… » murmurais-je doucement en relevant la tête, m'attendant à croiser son regard terrifiant. Mes yeux ne trouvèrent que le vide.

Il était partit.

Désolée pour ce retard dans la livraison du chapitre, j'ai un peu galéré pour écrire le chapitre 10 et s'en est suivi une flegmatite aiguë. Pardon Pardon !! T__T *se prosterne pour se faire pardonner*

Reviews

Cyngathi : Merci de me suivre, t'as une patience en or tu sais ^^

Gensi : lol, tu as du déchanter avec ce chapitre, désolée. En tous cas je suis contente d'avoir réussi à te surprendre, j'aime bien faire des surprises (surtout quand elles sont bonnes hin hin ^^)

Amy Evans : Disons que je procède dans l'ordre logique des choses, avec Sevy je n'ai pas le choix. Si j'avance trop vite son personnage perd toute crédibilité. Quant au triangle amoureux, je te préviens de suite : il n'y en aura pas entre Mary, Lupin & Rogue. Lupin étant juste un ami et un confident fouineur, je ne veux pas et je ne le vois pas s'interposer pour mettre son grin de sel entre deux persos qui ont déjà du mal à s'entendre lol ^^

TiteSevy : Merci de prendre le temps de reviewer, c'est très gentil :)

Alexiel : Il nous surprendra toujours ce Sevy-chou :p

Lihou : Désolée pour le retard, promis je recommencerais pas _ Pour me faire pardonner je vous livre le chapitre 10 avant lundi T__T Pis pour le Sevy/Arès… c'est à méditer, bien que j'ai déjà ma petite idée là dessus ^^

Cyan : C'est pas la première fois qu'on me dit que Sevy est mignon dans cette fic, à croire que je le rend mignon sans réellement m'en apercevoir O_o En tous cas, bien vu pour le sourire sadique, je le voyais exactement comme ça lorsque j'ai écrit ce chapitre.

Moony013 : MDR si ça se trouve j'arriverais à te caser dans cette fic mais sachant que Mary a le premier rôle tu devras te contenter des coulisses pour papouiller Sevy. Pis Rémus il a quand même un bon rôle, il fait celui qui drague mais il drague pas en fait… hin hin… nan il fixe les élèves d'un air absent pendant ses cours, dont une élève en particulier (et là on retrouve TON prof d'histoire lol). C'est quand même dingue ça… On attire les vieux lubriques comme des mouches avec du miel T__T