Si vous avez lu le premier chapitre vous savez déjà tout ce qu'il y a à savoir à propos de cette fic. Dans le cas contraire... faudra que vous m'expliquiez l'intérêt de lire le troisième chapitre avant le premier... ôo;; (Non, SeaGull-chan, ces considérations ne te concernent pas : les goélands n'ont pas la même façon de lire que le commun des mortels... #lève les yeux au ciel de l'air résigné de celle qui a tout vu dans sa vie#)

Reviews : Comme j'ai répondu à personne par mails ben je vais le faire directement ici pour chacune ! Comme ça pas de jalouses ! C'était tout fait exprès de toutes façons... #air angélique#

Gojyo : Tu parles ! C'est juste que t'es tellement mal organisée que t'as pas été foutue de répondre à tes mails depuis des semaines !

Kou : #opine gravement# Et pour que même un abruti de son calibre s'en soit aperçu, faut vraiment que ça saute aux yeux, hein...

Gojyo : Tu sais c'qui te dis, l'abruti ?!

Kou : #air de tomber des nues# Mais parce que ça parle, cette espèce primitive ? ôo

Gojyo : Je vais le buteeerrrrr !!!

#envois Doku juste entre les deux#

Doku : #voit Engokuki et le Shakujou lui arriver dessus simultanément# Ôo #sort un drapeau blanc et commence à l'agiter frénétiquement#

#se frotte les mains d'un air très content d'elle-même# Bien, où en étions-nous ? Ah oui : les reviews !

Tout d'abord un grand merci à toutes pour vos compliments et pour avoir pris la peine de me laisser un ch'tit mot !! ## #calin collectif#

# SeaGull-chan : Merci pour les relations fraternelles ! Et contente que Hakkai te plaise dans mes fics ! Il y est pas énormément parce que j'ai parfois du mal à le cerner, le Kai-chan... Mais je fais de mon mieux ! Et "Pierres..." 6 est presque fini !! Yatta !! Il devrait être en ligne dans la semaine, si tout se passe bien...

# Hiril (ou Olympia, comme tu veux... ) : Pardoooonnnnnnnn !!! é.è T'auras pas eu ce chapitre pour ton oral, chuis désolééééeeeee !! T.T Et mon chantage va pas marcher longtemps si c'est pour mettre un chapitre tout les mois...

J'espère qu'il te plaira quand même malgré l'attente monstrueuse !! é.

Tu as finis de voir les épisodes au fait ?

# Yui : #saute dessus# #câliiiiiiine# Désolée copine : le DokuxKou-ils-s'aiment-ils-sont-heureux-c'est-beau n'est pas encore pour ce chapitre... essaye de prendre un air attristé malgré le sourire sadique lui faisant trois fois le tour du visage

# Simael : Les deux semaines sont certes un peu exagérées... Mais fallait au moins ça pour justifier l'état du Kou (et encore, z'avez rien vu, le pire est à venir...) Et je suis sûre que Gojyo doit vouloir dire "mauvaise fois" dans une langue quelconque... #passe à la revieweuse suivante en voyant arriver la lame du shakujou# ôo J'te laisse te débrouiller Simael !!

# Chris : Nan, tu peux pas consoler le Kou ! Y'a qu'une personne qui a le droit c'est mo...#voit arriver un Doku à l'air pas particulièrement content# ôo ...c'est lui ! #sourire faux-cul#

Et je centre souvent des parties de mes fics sur Doku moi : plus on l'écrit plus on l'aime le choupinet ! Pas vrai, SeaGull-chan ?

# Mellyna : MDRRRRRR ! J'en veux d'autres des reviews comme ça !!! Par contre si toi tu te donnes des baffes pour ne pas avoir reviewé de suite, que devrai-je faire pour avoir poster ce chapitre avec 3 semaines de retard..?

Kou : #tend une corde avec un grand sourire innocent#

............#chope la corde# #attache le youkai à un arbre# #baillonne# o Biiieeeennn... bon, alors... Tu disais Mellyna ? Un Doku et un Kou torturés ? Oui, oui, il y a... juste mentalement par contre, mais c'est bien aussi, nee ? Et pour la suite de Pierres, comme je disais à mon goéland favori, ça ne devrait pas tarder... (Et, heu, ça te frustre vraiment de ne pas l'avoir ?! ôo) En revanche Gojyo est pas particulièrement horripilant dans ce chapitre... Mais tu peux le torturer quand même, hein, c'est pas grave ! #grand sourire sadique#

Gojyo : #va détacher Kou de son arbre pour la peine#

Blabla d'auteuse :

#se jette à genoux# Pardonnez-moi, mes sœurs, parce que j'ai péché ! T.T

Kou : ô.o Allons bon, voilà autre chose...

#ignore et commence à jouer les fontaines intarissables# Je vous avais promis ce chapitre pour y'a au moins 2 ou 3 semaines !! #chouiiinnneeee#Et en plus j'avais dit que ce serait le dernier !! #re-chouiiiinnnneeeee# Alors que finalement y'en aura encore un autre tout court après !! T.T

Kou : Pourquoi mettre ce chapitre en ligne si c'est pour en faire un ridiculement court juste après..? ==

D'abord parce que l'endroit où j'ai arrêté le chapitre fait un très bon cliffhanger...

Doku (qui a lu la fic) : Sadique !!

Et ensuite parce que vu comme je rame sur cette fin, si j'attend d'avoir complètement fini tout le monde va croire que j'ai abandonné...

Kou : Ce serait pas un grand mal.... ==

Doku : Heu... Au point où on en est il vaut mieux qu'elle finisse, non ? Au moins on aura un happy-end...

Kou : Qu'elle me tue une bonne fois pour toute et qu'on en parle plus !

Doku : Ha non ! TT #choppe le Kou et câline# TT

#gagatise et branche sa caméra# Y sont mignooonnnnns !!

Doku : #emmène Kou dans sa chambre, barricade la porte et baisse tous les stores# Et le respect de la vie privée alors, voyeuse ! o

ô.o Méchaaannnnnntt !!! TT #chuchotte# Toutes façons je m'en fiche : y'a des micro-caméras-espions dans toutes les pièces... #s'éloigne en chantonnant#

Gojyo : #balance la chaîne du Shakujou pour faire un croche-patte à la Flo# T'oublie rien..?

#Se vautre lamentablement# Ôo Hu ? Oublier quoi ?

Gojyo : De leur parler de la période de migration des piafs dingues...

Haaa ! Viiii ! #se frappe le front# J'avais oublié de vous dire : ma bêtareadeuse unique et préférée – SeaGull-chan pour ne pas la nommer – étant actuellement en vacances (dont elle avait le plus grand besoin au vue de notre dernière conversation msn... #évite un coup de bec vexé#) ce chapitre risque de recéler quelques fautes, malgré tous les efforts que j'ai pu faire pour le relire... Et il vous paraîtra sans doute un peu moins bien écrit : le super-goéland s'attaque aussi à l'amélioration des tournures de phrases et autres remplacements de mots pas toujours adéquat... J'espère que vous apprécierez quand même... #n'yeux de chibi-tigresse implorants# =é.è=

Ha oui, et pis ça donne des titres aussi les super-goélands ! Chuis pas sûre que celui-là soit très juste anglophoniquement parlant... Mais il sonne pas mal alors...

Ch' ! Plus je la relis et moins j'aime la partie POV de Doku... Je poste quand même parce qu'il est tard et que de toute façon ce passage m'énerve depuis que je l'ai écrit... == Mais c'est possible que je le retouche d'ici quelques jours... o

Le dico japono-français :

Onii-chan= grand frère

Nani= Quoi ? / Hein ? / Comment ?

Demo= Mais

Yare= Hé bien...

Gomen (nasai) = Pardon (plus soutenu)

Minna(-san) = Vous tous (version marque de politesse)

Baka= Con / Abruti / Crétin

Saru= Singe

Ero kappa = Kappa pervers (le kappa étant un esprit des eaux, comme chacun sait...)

Urusai = Ta (vos) gueule(s) ! / Silence !

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Serments et liens.

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Part III : The coldness of the past.

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########## A prince's mind ##########

Il marchait le long des couloirs glacés de la forteresse.

Nul pas ferme ne retentissait derrière lui. Juste l'écho à peine perceptible de sa propre marche. Il sentait le goût du sang sur ses lèvres, sous la morsure nerveuse de ses dents. Et ses poings se crispaient inconsciemment tandis que ses yeux fixaient la semi-obscurité sans chercher à la percer. Il lui semblait à cet instant que les quelques années passées n'avaient été qu'un rêve. Un court répit, une illusion qui déjà se fondait parmi cinq cents ans de solitude.

Il ne fit pas un geste en croisant le youkai qui se pliait en deux devant lui, s'effaçant pour lui céder le passage. Sa prison avait beau être habitée de centaines de présences, aucune d'entre elles n'en réchauffait les ténèbres...

Sauf...

Onii-chan !

Un sourire rayonnant. Un petit feu-follet irradiant de vie. Une chaleur toujours en mouvement. Insaisissable.

Kougaiji-sama.

Une douce lueur ambrée. Des braises dispensant uniformément une chaleur apaisante.

Mais dès qu'il s'éloignait d'elles, le froid revenait. Lorsqu'elles étaient près de lui, même, parfois... Parce qu'aucune d'entre elles n'était cette chaleur constante. Ce feu régulier, rassurant...

Kou !

Il ne se retourna pas. Pas cette fois. Parce qu'il savait qu'aucun sourire railleur ne répondrait à son regard. Parce que depuis quelques jours, il avait cessé de chercher des yeux une présence qui n'était plus qu'une petite flamme au fond de son esprit.

Il frissonna alors qu'un long courant d'air glacial parcourait le couloir sombre.

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"Kougaiji..."

Nulle part dans la forteresse il ne faisait plus froid que sous le regard de cette femme.

"Pourquoi le sutra du ciel maléfique n'est-il toujours pas en ma possession ? Serais-tu donc incapable de mener quoi que soit à bien ?"

Il haussa une épaule face au ton mordant. Pas de colère. Juste de l'indifférence.

"J'ai continué d'envoyer des assassins, selon vos ordres. Peut-être finirez-vous par comprendre qu'il est inutile de gaspiller ainsi nos forces contre le sanzo-ikkou."

Il vit les sourcils pâles se froncer. Les griffes manucurées se crisper sur les accoudoirs du siège de métal.

"Qu'attends-tu donc pour faire le travail toi-même dans ce cas ?"

"Ne cessez-vous pas de répéter que vous donnez les ordres en ces lieux ?"

Il ne cherchait pas particulièrement à l'énerver. Il s'expliquait, simplement. Il se moquait de sa réaction, parce que sa présence ne lui semblait pas plus tangible que celle de tous les autres.

"Méfie-toi, insolent petit prince..."

Une menace planait sous ces mots. A l'encontre d'une personne qu'il aimait. Il crispa ses poings, faisant légèrement mordre ses griffes dans sa paume, tâchant de secouer cet engourdissement qui gagnait son esprit. Qui lui rappelait un peu trop celui qu'il avait été, les quelques centaines d'années précédentes...

"Vous aurez votre sutra !"

Il cracha ses mots en se détournant, avant de se diriger à grands pas vers la sortie. Pas assez vite, néanmoins, pour ne pas entendre la voix froidement satisfaite :

"Je préfère cela, Kougaiji..."

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"Haha ue."

La pierre posait sur lui son regard vide. Si froid... Il frissonna de nouveau.

"Je te libérerai Haha ue ! Bientôt !"

Mais sa voix tremblait. Il ne croyait plus en ces mots. Est-ce qu'au fond il n'avait pas toujours fait semblant d'y croire ?

Il tomba à genoux, ses bras serrés contre lui.

"J'ai tant besoin que tu sois près de moi..."

Ses yeux étaient levés vers la statue de cette mère pour laquelle il aurait damné son âme. Mais son murmure s'adressait-il vraiment à elle ? Elle dont il n'avait pas senti la douce chaleur depuis plus de cinq cents ans...

########## A child's mind ##########

Elle le suivait à travers les couloirs dont elle connaissait les moindres recoins.

Onii-chan.

Elle avait fait ça si souvent. Parce qu'il prétendait lui interdire de venir avec lui... Parce que c'était amusant aussi ! Presque autant que de tendre des pièges à Sanzo-le-chauve ! Mais aujourd'hui... Non, aujourd'hui ça n'était pas drôle. Parce qu'onii-chan marchait sans rien voir autour de lui. Elle aurait pu lui sauter sur le dos sans même qu'il ne la remarque, lui semblait-il. Sauf que, depuis quelques jours, elle n'osait plus lui sauter dessus...

Elle ne le reconnaissait plus.

Il ne lui souriait plus. Plus jamais. Et ils lui manquaient tellement, tellement, les gentils sourires de son grand frère ! Et son grand frère lui manquait ! Il n'était plus lui. Plus celui qu'elle connaissait. Qu'elle aimait.

Quand il la regardait, on aurait dit qu'il était surpris. Surpris de la trouver là. Il y avait comme un mur autour de lui. Et elle n'osait pas s'approcher. Parce que ce qu'elle ressentait... Ce qui émanait de son frère... Ça lui donnait envie de pleurer. Ou de hurler. C'était triste. Et ça lui faisait peur. C'était quelque chose qu'elle ne comprenait pas. C'était vide. Et froid. Comme ce regard violet qui n'était plus vraiment le sien...

Un étranger.

Ou... Une ombre ? Oui. L'ombre de son frère. Onii-chan était flamme... Ce youkai qui marchait devant elle.... Il était comme l'obscurité qui s'étend à la limite d'un feu. Si effrayante et froide en comparaison.

Son grand frère... Malgré ses doutes et ses hésitations son grand frère était fort ! Et il la protégeait. Toujours. Elle le savait au plus profond d'elle-même. L'avait su dès la première fois où elle l'avait vu. Elle s'était sentie bien. En sécurité.

Mais à présent... A présent elle avait peur. Peur comme une petite fille abandonnée dans le noir. Une petite fille retenant ses larmes. Parce que son grand frère n'était plus là pour lui donner la main.

Elle battit farouchement des paupières. Elle n'était pas une petite fille ! Elle trouverait un moyen pour que onii-chanredevienne comme avant ! Et, surtout, dès qu'elle lui mettrait la main dessus, le responsable allait passer un sale quart d'heure ! Parce qu'elle savait bien pourquoi son frère était comme ça : tout était de la faute de Doku !

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"Dokugakuji est sauvé."

Elle entend le cri étouffé de Yaone. Voit un sourire tremblant se dessiner sur les lèvres de sa baby-sitter attitrée. Des larmes de joie briller dans les yeux d'ambre. Et elle aussi est heureuse ! Tellement heureuse ! Elle saute en l'air en poussant un cri de joie. Elle a eu peur aujourd'hui. Peur de la mort... Mais si Doku va mieux alors tout va bien, nee ?

Alors... Pourquoi onii-chan a-t-il l'air aussi sombre ? Yaone aussi l'a remarqué...

"Kougaiji-sama ? Que se passe-t-il ? Et comment Dokugakuji est-il..?"

"Peu importe !" La coupe sèchement onii-chan. "Il va bien. Et il est parti avec son frère."

Parti ? Elle ne comprend pas bien. Parti où ? Et pourquoi ? Et...

"Nee, onii-chan ! Il va revenir bientôt ?"

Il ne la regarde pas. Ses yeux sont posés quelque part, loin derrière elle.

"Non. Il ne reviendra pas."

Elle sursaute. Pousse un petit cri de désapprobation.

"Nani ?! Demo..."

Elle n'a pas le temps de s'insurger davantage. Onii-chan a planté son regard sur elle cette fois. Ses sourcils sont froncés. Il a l'air en colère. Mais... pas vraiment contre elle...

"Il a le droit de vivre sa propre existence, Ririn !"

Et puis il se détourne.

"Et toi aussi Yaone. Rien ne t'oblige à rester ici. Vas-t-en. Suis ton propre chemin."

Et la porte claque derrière lui. Et puis le silence. Et sa propre voix, un peu tremblante.

"Nee, Yaone... Tu vas partir ?"

"Ririn-sama ! Jamais ! Jamais je ne vous laisserai ! Ni vous, ni Kougaiji-sama !"

Une douce étreinte se referme autour d'elle. Et elle enfouie son visage dans le giron de la youkai. Sans doute que ça ressemble à ça, avoir une maman... Une vraie maman... Et elle murmure :

"Tu crois... Que Doku ne reviendra vraiment plus ?"

Un soupir triste.

"Je ne sais pas, Ririn-sama... Je ne sais pas..."

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"Je préfère cela, Kougaiji..."

Pourquoi fallait-il que cette femme soit sa mère ? Onii-chan disait que la sienne était gentille. Et douce. Elle se recroquevilla dans le coin d'ombre où elle se cachait, pressant ses mains contre ses oreilles pour ne pas entendre le rire froid qui s'élevait.

Elle détestait ce rire.

Ce n'était pas juste ! Pourquoi elle ne pouvait pas avoir une maman gentille, elle aussi ? Pourquoi ?

Elle sentit une présence passer non loin d'elle. Un bruit de pas léger. Presque imperceptible. Et un sourire un peu maladroit se dessina derrière ses paupières closes. Accompagné d'un regard d'une couleur si particulière... Un regard toujours si rempli de tendresse quand il se posait sur elle.

Onii-chan.

Qu'est-ce qui lui prenait de pleurnicher comme un bébé ? Elle n'avait pas besoin de mère ! Parce qu'elle avait le plus adorable des grands frères ! Un grand frère qui s'était toujours occupé d'elle. Et que c'était à elle d'aider, aujourd'hui !

Elle se releva d'un bond, prête à reprendre sa filature. Elle ne quitterait pas onii-chand'une semelle jusqu'à découvrir un moyen de faire quelque chose pour lui ! Mais à cet instant retentit dans la salle du trône une voix traînante qu'elle connaissait bien. Une voix qu'elle associait toujours inconsciemment à un petit lapin en peluche gigotant constamment. Une voix dont elle n'avait jamais pu trancher si elle en trouvait le propriétaire amusant ou particulièrement antipathique...

Elle se rapprocha discrètement de la porte toujours ouverte. Ecouter ce que complotaient sa mère et son scientifique mal fringué s'avérait souvent intéressant.

"Yare yare... Notre petit prince ne semble pas dans son assiette ces derniers temps..."

Elle imagina le lapin rabattant ses oreilles de part et d'autres de son museau, en une parodie d'inquiétude. Et elle décida qu'elle détestait Nii aujourd'hui ! Et davantage encore cette femme qui était sa mère et qui laissait à cet instant échapper un soupir d'énervement.

"Il m'agace, Nii... Comment cet insignifiant et pitoyable gamin peut-il être le fils d'un youkai tel que Togenkyo n'en a jamais connu de plus puissant, ni de plus dévastateur ?"

"Je partage vos interrogations ma reine... Il nous faudra nous pencher sur la question..."

Elle frissonna. Une menace voilée planait sous ses mots... Mais déjà, l'homme reprenait la parole.

"Je viens d'apprendre que le Sanzo-ikkou s'est remis en route, ma reine... Et qu'un nouveau voyageur s'est joint à eux... Quelqu'un qui ne nous est pas inconnu. Non plus qu'à notre révéré Kougaiji-sama..."

Elle s'immobilisa, le cœur battant. Non... Impossible, n'est ce pas ? Il n'avait pas pu...

"Vraiment ? Qui est-ce ?"

Sa mère devait regarder ses ongles d'un air ennuyé, mais sa voix trahissait son intérêt.

"Hé bien..." elle devina le sourire cynique remontant une cigarette à demi éteinte, "C'est un youkai du nom de Sha Jien. Mais on le connaissait à Houtou sous celui de Dokugakuji ou, plus fréquemment, sous la pompeuse appellation de "bras droit du prince des youkai"..."

Un rire mordant s'éleva tandis qu'elle reculait lentement, refusant de croire ce qu'elle venait d'entendre.

"Ho Nii... C'est tellement amusant ! Notre petit Kougaiji trahit par l'un des siens..."

"J'étais sûr que l'ironie de la situation vous plairait, ma reine..."

Elle se mit à courir. Laissant derrière elle la voix railleuse et le rire glaçant.

Son cœur cognait fort contre sa poitrine. Et elle serrait les poings avec colère. Comment ? Comment il avait pu faire ça ? Comment Doku avait-il pu trahir onii-chan?

########## A swordman's mind ##########

Ses mains se serrèrent convulsivement sur la carrosserie tandis que tout son corps se tendait, anticipant l'impact imminent. Il étouffa un grognement lorsque son dos entra douloureusement en contact avec le rebord de tôle, retenant héroïquement la remarque acerbe qui lui démangeait les lèvres...

"Hakkaiiii ! Tu fais exprès de viser les ornières, avoue ! Et toi tu dégages de là, baka saru, tu me mets ton pied dans la figure !"

Un petit youkai aux yeux d'or lui atterrit soudain sur les genoux avec un cri d'indignation tandis que son frère se redressait, plantant un regard accusateur sur le conducteur qui laissait à cet instant échapper un léger rire d'excuse.

"Gomen nasai, minna-san. Cette route n'a pas l'air très entretenu..."

Il jeta un œil à la "route" en question : une vague piste à peine discernable au milieu de la plaine rocheuse qui s'étendait autour d'eux. Ce youkai qui avait été humain semblait cultiver un certain goût pour l'euphémisme...

"Chuis tombé sur toi à cause des secousses, t'as pas besoin de me frapper pour ça, kappa violent !"

Ses genoux furent libérés du poids qui les entravait comme Goku se jetait poings en avant sur son compagnon de bagarre favori.

"Quand on sait pas tenir assis dans une voiture on court derrière, baka ! D'ailleurs un animal a rien à faire dans une jeep !"

"Qui c'est que tu traites d'animal, cafard rouge ?!"

"Un animal pense qu'à bouffer et à se battre, ça te dit rien ?"

"Tu oublies que ça bave sur la moindre femelle qui passe, ero kappa !"

"Hoooo ! Fais gaffe, encore une vanne aussi longue et tu risques la méningite, saru..."

Callé tant bien que mal dans son coin de la jeep, il fixait d'un air d'amusement effaré les deux autres passagers en train de se crêper le chignon pour la dix-septième fois en une demi-heure (oui, il les avait compté...). Son regard se porta vers l'avant, guettant le signe avant-coureur du brutal et habituel dénouement. Il contempla la veine pulsant dangereusement sous la chevelure blonde. Manifestement ça n'allait pas tarder...

"Singe lobotomisé !"

"Cafard sous hormones !"

BLAM ! "URUSAI BAKA NEE !"

On avait beau s'y attendre, voir un haut moine sanzo agonir son frère à coup d'éventail en papier, ça surprenait toujours... Son regard croisa un instant celui d'Hakkai à travers le rétroviseur central.

"C'est vraiment toujours comme ça ?"

Un petit rire amusé.

"A quelques variantes d'insultes près, oui. Sanzo ? Tu devrais te rasseoir..."

Le conducteur avait à peine fini sa phrase que le bonze venait s'écraser contre le pare-brise sous l'effet d'un nouveau chaos de la jeep, déclenchant aussitôt un rire moqueur.

"Bah alors, Sanzo-sama ? On n'est pas plus capable qu'un singe de tenir correctement dans une voiture ?"

Une succession de détonations tandis qu'il bridait farouchement les instincts de grand frère protecteur qui lui avaient valu une balle à quelques millimètres de la tempe la dernière fois qu'il les avait laissés s'exprimer...

"Psychopathe de la gâchette !"

Après tout, si son petit frère était suicidaire, qu'est-ce qu'il y pouvait ? Une nouvelle détonation appuya cette réflexion blasée, tandis qu'une voix temporisatrice s'élevait du siège du conducteur.

"Yare, yare... Calmez-vous un peu, minna-san..."

Une violente secousse – dont il aurait parié son sabre qu'elle était tout sauf accidentelle – termina les hostilités en renvoyant chacun à sa place dans un gémissement de protestation général.

Il s'adossa en arrière avec un long soupir, savourant les quelques minutes – il ne s'illusionnait plus... - de calme relatif. Il aurait donné n'importe quoi pour être de retour à Houtou... Sûr que les cris de Ririn allaient lui paraître une douce mélodie après ça...

Houtou... L'inquiétude quelques temps chassée par l'agitation ambiante revint prendre possession de ses pensées. Un nom ne quittait pas son esprit, associé à un regard constamment changeant, un regard perdu...

Kou...

Il fronça les sourcils, tentant de se convaincre qu'il se faisait du souci pour rien – comme ne cessait obligeamment de lui répéter son cher petit frère... Après tout, et malgré les apparences, Kou avait vécu de longues, très longues années avant leur rencontre. Et bien avant sa propre naissance, d'ailleurs... Comme à chaque fois, cette idée fit remonter un léger frisson le long de sa colonne vertébrale tandis que son regard s'égarait un instant inconsciemment sur Goku. "L'enfant" aussi était bien plus vieux qu'il n'en avait l'air... C'était... difficilement imaginable...

Il secoua doucement la tête, chassant ces pensées dérangeantes et stériles. Afin qu'elles laissent de nouveau place à l'inquiétude... Un grognement lui échappa. Bon sang ! Son prince devait bien être capable de se passer de sa présence quelques jours, non ?! Que pesaient deux malheureuses petites semaines face à plusieurs centaines d'années ?!

Rien, un laps de temps insignifiant, c'est vrai. Mais... Et si justement, c'était ça le problème... Ces centaines d'années de solitude...

##############################

Une pièce éclairée par la lueur rougeoyante des flammes. Rayonnant de Sa chaleur. Un soupir et Sa tête venant doucement se poser contre son épaule. Un moment d'abandon, une familiarité si inhabituelle de Sa part.

"Promets..."

Sa voix, aussi tremblante que Son corps chaud contre le sien. Et déjà, il est prêt à tous les serments...

"Promets d'être toujours là. Promets que je ne serai plus jamais seul."

Tant de détresse dans ces quelques mots, Son timbre rauque encore voilé par d'obscurs souvenirs. Il ouvre ses bras, Le sert contre lui. Quoiqu'il arrive, il Le protégera. De Ses ennemis de chaire et de sang... ainsi que de Ses propres ténèbres. Toujours.

"Je te le promets Kou. Je jure de toujours être auprès de toi. Je jure que je ne t'abandonnerai jamais. Que plus jamais tu ne seras seul."

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Il laissa échapper une courte inspiration hachée alors que son regard revenait au présent, se posait sur le ciel grisâtre au dessus de lui. La voix tremblante de son prince raisonnait dans son esprit. Encore et encore...

Un mot. Un seul et unique mot. Un mot qu'il avait entendu à plusieurs reprises dans sa vie. Un mot auquel il avait toujours faillit, tôt où tard...

Promets. Promets. Promets. Promets.

Il se mordit les lèvres. D'autres voix se mêlaient à cette litanie entêtante, contrepoint en demi-ton soutenant le timbre légèrement rauque, en accompagnant la supplique, lui apportant un accent obscurément accusateur. Deux voix ténues marquant le point où se rejoignent deux vies qui n'en forment qu'une. Au carrefour d'un serment brisé...

Ta maman n'a plus que toi mon Jien... Tu promets de toujours protéger maman, n'est-ce pas ?

Nee, aniki... Tu seras toujours là, hein ? Tu promets ?

Un sourd grondement parcourut l'air. Les nuages se faisaient menaçant, prenant une étrange teinte d'améthyste profonde. Un éclair zébra le ciel, y allumant des reflets torturés.

Promets d'être toujours là. Promets que je ne serai plus jamais seul.

Ses mains se posèrent sur ses tempes, ses doigts se refermant douloureusement dans sa chevelure en bataille.

Promets. Promets. Promets. Promets...

Ses yeux cillèrent sous un nouveau flash de lumière quelques secondes avant que le claquement sonore n'ébranle le sol. La sensation d'un corps chaud frissonnant contre le sien...

... que je ne serai plus jamais seul.

"KOU !"

Il prit conscience de son cri à l'instant où celui-ci passait ses lèvres, le tirant de la toile mêlée de culpabilité passée et présente. Un crissement de pneu et une prise de contact plutôt violente avec un siège en cuir lui rappelèrent qu'il se trouvait dans une voiture. Un concert de vociférations gémissantes qu'il n'y était pas seul. Et le tout que, peut-être, hurler soudain dans le dos d'un conducteur déjà enclin aux freinages brutaux n'était pas une idée des plus brillantes...

La voix goguenarde - bien que vaguement interdite - de son frère l'interrompit dans ses réflexions pleines de bon sens :

"Hé dis donc, si c'était aussi facile t'aurais pu faire ça dès le début, aniki..."

Il haussa un sourcil en reprenant sa place sur la banquette arrière. De quoi parlait ce crétin ? Son regard se porta devant le véhicule au moment où s'élevait la voix polie de son conducteur :

"Yare yare... Si vous pouviez atterrir derrière Jeep, la prochaine fois... ; "

"Quelle prochaine fois..? # "

Son esprit enregistra les mots, ainsi que le déclic familier de l'enclenchement d'un chien. Mais ce n'étaient que des sons vagues, en arrière plan de sa conscience toute entière focalisée sur la silhouette altière dressée devant eux, nimbée de l'éclat aveuglant d'un nouvel éclair.

"Kou ?"

Son prince sembla secoué d'un violent sursaut avant de se tourner brusquement vers lui, ses longs cheveux fouettant l'air, y laissant un instant une zébrure écarlate, comme un arrogant défi aux traînées étincelantes de l'orage.

Il battit des paupières, cherchant à chasser de ses pupilles l'éblouissement qui y subsistait, y découpant en ombre chinoise les contours d'un corps félin.

Enfin, ce moment qu'il attendait depuis trois jours ! La raison pour laquelle il avait accompagné le sanzo-ikkou, malgré le peu d'enthousiasme du moine et de son inséparable colt. L'espoir qu'à un moment où un autre viendrait une attaque qui lui permettrait de regagner Houtou. La secrète espérance que cette attaque viendrait de son prince même...

Et pourtant, alors même que se réalisaient ses vœux, son cœur se serrait étrangement dans sa poitrine. Trouble pressentiment. Trop d'anormalités dans cette attitude qu'il connaissait si bien. Un maintien trop raide. Des poings trop étroitement serrés autour des longues griffes effilées. Des rides bien trop nombreuses entre les sourcils aux couleurs de braises incandescentes.

Et un regard... Un regard qu'il parvenait enfin à fixer et qui fit courir un frisson le long de son corps. Un regard près duquel le sombre ciel secoué par l'orage semblait d'une immobilité limpide. Un regard dans lequel s'entrechoquait un chaos de sentiments tel qu'il ne parvenait réellement à en déchiffrer aucun.

Un regard prêt à sombrer...

"Non... Tu... Tu ne devrais pas être là..."

Un lent mouvement de tête, négation incrédule. Un pas en arrière. Un regard qui semble ne plus le voir, perdu dans ses propres ténèbres. Des lèvres remuant lentement. Un murmure rauque. Des mots qu'il ne comprend pas mais qu'il reconnaît. Trop bien.

"Kou non ! Attends !"

Trop lent, bien trop lent...

Le temps qu'il saute à bas de la voiture, qu'il s'élance vers son prince et déjà il est trop tard. Sa main ne se referme que sur une ultime volute tourbillonnante qui déjà s'évanouit à son contact.

"Kou..."

Le silence. Lourd. Oppressant.

Une caresse glacée, sur sa joue. Puis une autre. Et le froid, soudain, comme semblant monter de la terre même.

Puis une voix cassante, s'élevant par-dessus le martèlement de plus en plus rapide qu'est devenu le silence.

"K'so ! Y manquait que la flotte... Démarre Hakkai, on bouge !"

Le ronronnement d'un moteur. Une main presque timide sur son épaule. Une voix que son esprit semble parer en cet instant d'accents enfantins.

"Oi, aniki... Amène-toi. Ça servirait à rien que tu restes planté là, à part choper la crève du siècle..."

Il suit docilement l'impulsion de cette main. Retrouve sa place sur la banquette inconfortable, dans le véhicule cahotant. Son regard fixe le rideau de la pluie sur lequel il voit incessamment passer toutes les nuances d'un violet insaisissable.

Promets que je ne serai plus jamais seul...

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End of the third part.

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Revieeewwwsssss onegai !! =é.è= Même si je les mérite pas pour vous avoir fait attendre aussi longtemps... T.T