Livre Un:
Le Dixième de Jamais Chapitre Premier

"Donc, la plage était vraiment magnifique," dit Cordélia. "Tu aurais dû la voir. La nuit, évidemment, à moins que Coppertone (marque de produit solaire) ne fabrique maintenant de la protection 8000."

Angel savait qu'elle essayait très fort de faire une blague. Il savait qu'il aurait dû sourire. Il voulait sourire, la questionner sur son voyage, faire de son mieux pour être heureux pour elle et Groo.

Mais il n'en avait rien à faire du voyage, et il savait qu'elle non plus. C'était juste quelque chose de quoi parler, de sorte qu'ils n'aient pas à parler de ce qu'ils faisaient, qui était mettre les affaires de Connor en boîte.

"Ils avaient un concours de limbo (c'est une danse)," dit Cordélia, faisant un pas sur le côté. Elle portait son jeans le plus vieux et un T-shirt vert clair moucheté de blanc avec de l'eau de javel; une simple pince retenait la frange de ses cheveux nouvellement court, nouvellement blond. De cet angle, son corps cachait presque la petite pile de couvertures de bébé qu'elle avait pliées. "Groo ne pouvait pas voir l'intérêt du limbo. Pas qu'il y ait vraiment un intérêt au limbo. Mais le tien a réellement pris la troisième place."

L'ours en peluche de Connor. Ses poils étaient emmêlés ensemble avec de la suie et de la crasse venant du feu. Angel fixa ses yeux vitreux, ressemblant à une poupée. "Seulement la troisième place?"

"Hey, je suis fière de dire que mes genoux ne se plient pas aussi loin que ceux de certaines personnes."

S'il fermait les yeux – même pour un moment – il pouvait sentir Connor dans ses bras. La chaleur vivante de son fils, son poids, la faible pression de chacune de ses respirations. Le désir écrasant de le protéger, de prendre soin de lui --

Angel sentit un moment de désorientation, puis secoua la tête et essaya de se concentrer sur Cordy. Elle étudiait son visage minutieusement, cherchant, il le savait, n'importe quel signe de tension. Rapidement, il lança un nouveau sujet. "Qu'est-ce que tu portes à ton bras?"

"Oh, ouais. Ca." Cordélia eut l'air, si c'était possible, encore plus mal à l'aise. Elle tendit son fin poignet; la bande autour de son bras miroita en une douzaine de couleurs. "Contemple le bracelet hologramme, disponible uniquement dans les magasins de souvenirs les plus chics de la plage."

Elle grimaçait légèrement alors qu'elle le regardait. Angel secoua la tête. "Laisse-moi deviner. Ils n'ont pas d'hologrammes à Pyléa."

"Groo pensait que c'était joli," dit Cordy avec un soupir. "Apparemment, si tu n'as jamais vu un hologramme auparavant, ça ressemble à un bracelet miracle magnifique, merveilleux et brillant au lieu de, hé bien, une connerie de plage. Je suppose que Groo a juste besoin d'être à L.A. un peu plus longtemps avant qu'il ne comprenne que la haute couture coûte généralement plus que $3.99."

"C'est comme je dis toujours," dit Angel. "Tu ne peux pas te tromper avec de la bijouterie."

Il avait donné des bijoux à Darla et Dru chaque fois qu'il avait pu s'en procurer – à travers le meurtre, à travers le vol ou, en de très rare occasion, à travers un achat légitime. Pendant un moment, il pu les voir d'une manière aussi vivante que si elles étaient dans la pièce: une tiare en cristal scintillant dans les mèches sombres de Drusilla, un collier de perles noir gainant le cou blanc de Darla --

-- Darla, couchée sur la chaussée sous la pluie, suppliant Angel de prendre grand soin de leur fils --

"Angel?"

Il leva abruptement la tête. Cordélia avait un regard peiné sur le visage, mais là tout de suite, Angel ne voulait pas de sa pitié. Il se retourna vers son travail, bourrant le mobile de Connor dans une boîte plus brutalement qu'il ne l'avait voulu. "Alors, qu'est-ce que vous avez fait d'autre?"

"On – hé bien, on --" Angel n'avait pas à lever les yeux pour savoir que Cordélia essayait de savoir si elle devait ou pas le faire parler ou continuer d'essayer de le distraire. Elle choisit le dernier. "On a beaucoup manger dehors – j'ai pensé que ce serait une bonne façon d'introduire Groo à la nourriture terrienne. Il s'avère qu'il aime le Mexicain. Ca devrait donner à lui et à Fred beaucoup de sujet de conversation."

Angel avait faim. Il n'avait pas mangé depuis des jours, pas depuis la dernière fois où il avait bu le sang de son fils. Il ne l'avait pas voulu. "Content que Groo apprécie ça." Les petites chaussures de Connor allaient aussi aller dans cette boîte. Tout ce que son fils avait possédé allait juste aller dans deux boîtes.

"Et -- oh, je suis allée faire faire mes cheveux. Qu'est-ce que t'en penses?"

Angel ne leva pas les yeux. "Je n'aime pas."

"Je te demande pardon?"

"Désolé," dit-il platement. "C'est vrai." Il finalement jeté un coup d'œil vers le haut pour voir que Cordélia le fixait, mains sur les hanches, les narines s'évasant d'une manière peu flatteuse. Il l'avait fâchée, et Angel savait faiblement qu'il devrait se sentir pire à propos de ça qu'il ne le faisait.

"Ok, on va te ramasser une copie de Tact pour les Morts," dit Cordélia. "Tu ne peux pas simplement dire à quelqu'un que tu n'aimes pas ses cheveux!"

"Tu me l'a demandé," observa Angel.

"Ouais, mais -- mais --" Cordélia fit des gestes avec une main. "La question, 'est-ce que tu aimes mes cheveux?' est dans la même catégorie que 'est-ce que ça me donne l'air grosse?' L'honnêteté n'est pas requise."

Les cheveux de Cordélia avaient l'habitude d'être longs et doux et foncés. Il avait enterré son visage dedans une fois, ivre dans le parfum. Angel n'avait pas été lui-même en ce temps-là, mais plus qu'une année plus tard, il pouvait toujours se souvenir de l'odeur, la sensation de ceux-ci contre sa peau. "La coupe est bien," dit-il. "Il montre ton cou --"

"C'est tellement PAS le compliment que j'attendais de ta part."

"— mais la couleur ne va pas du tout." Angel pouvait dire que Cordélia allait de seulement fâchée à furieuse, mais ça lui était toujours égal. En fait, bizarrement, il sentait qu'il se mettait en colère en retour. Non – ça n'était pas de la colère – quelque chose d'autre s'accumulait en lui, de la pression se serrant tout autour de lui, à l'intérieur de lui.

"Hé bien, excuse-moi de m'attendre à de bons conseils d'un accro du gel pour cheveux."

"Tu m'as demandé ce que je pensais --"

"Je ne m'attendais pas à ce que tu me le DISES!"

Angel frappa son poing dans le mur et hurla, "Je veux juste que tout soit comme c'était avant!"

Cordy le fixa. Il fixa le mur. Le plâtre avait craqué tout autour de sa main, une toile d'araignée en ciment. Son poing faisait mal, et il sentit sa gorge se serrer. "Cordy -- oh, Seigneur, Cordy, je suis désolé."

"Doux Jésus," souffla Cordélia. "Angel – es-tu --"

"C'est comme si je ne pouvais me concentrer," dit Angel. "Je ne peux pas penser à Connor, et je ne peux pas m'arrêter de penser à Connor, et plus rien n'a de sens pour moi."

Elle jeta ses bras autour de lui, le serrant étroitement. "Je sais que tu ne voulais pas dire ça. Je sais que tu es bouleversé. Je suis si stupide, à parler de mes cheveux – c'est juste que je ne sais pas quoi dire."

Angel l'étreignit en retour. "Tu ne dois rien dire," dit-il. "Tu es là."

"Je veux dire quelque chose pour arranger tout ça, et je ne peux pas, je ne peux pas arranger ça --"

"Ca va. Ca va, tu peux parler de ce que tu veux. Je ne me fâcherai plus, je te promets --"

Cordélia leva la tête et cligna des yeux plusieurs fois, fort. Elle força un sourire. "Tu sais quoi? Après réflexion, je ne suis pas sure que 'Chatoiement Doré' était la bonne teinte après tout."

Angel essaya de sourire en retour. "Tu es toujours magnifique pour moi."

"Vous allez bien?"

La voix de Fred venant de l'embrassure ramena Angel à quelque chose comme de la clarté. Il réalisa que Fred, Gunn, Groo et Lorne les fixaient tous – apportés en haut des escaliers, sans aucun doute, par le son du coup dans le mur. Maintenant ils fixaient tous Cordélia et lui.

Angel se recula au même moment que Cordélia. Elle sourit et essuya rapidement ses yeux. "Tout va bien," promit-elle. "Angel et moi étions – on parlait juste de mes cheveux."

Gunn acquiesça avec compassion. "J'avais pensé que tu étais obligé d'être bouleversé à propos de ça. Ne t'inquiète pas, Cordy. Ca partira en repoussant."

"Excuse-moi?" se renfrogna Cordélia.

Gunn leva les mains. "Mais, hey, qu'est-ce que je connais des cheveux?"

"Je vois que vous avez été occupé, les enfants," dit Lorne, avançant avec précaution entre les débris. "Ca n'est plus une zone de désastre fédéral ici. Je rétrograderais ceci à un simple désordre." Lorne tapota l'épaule d'Angel. "Que dirais-tu que je bouge une partie de ça de ton chemin?"

Angel baissa les yeux sur les deux boîtes reposant sur le buffet. Une fois qu'elles seraient parties, Connor le serait aussi. "Pas encore," dit-il doucement.

Groo mit son bras autour de la taille de Cordélia. "Vraiment, vous avez fait des miracles, ma princesse. Tant a été fait en si peu de temps." Il l'embrassa légèrement sur le front, et elle lui sourit.

"Peut-être que c'est ton pouvoir de démon, Cordy," suggéra Fred. "La capacité stupéfiante de nettoyer."

"Ca serait pour quel démon?" demandé Cordélia. "Le 'Tidy-Bowl Man'? " ("l'homme à la cuvette nettoyée", apparemment c'est un homme connu dans le monde entier pour avoir fait flotter des bateaux dans les toilettes, ou un truc du genre)

"Ca sonne comme un candidat démon pour moi," dit Gunn. Lui, aussi, joignait la gaieté forcée. "Je veux dire, on doit se demander pourquoi l'homme a choisi de faire flotter son canot à rames dans la toilette en premier lieu."

"Je ne comprends pas," dit Groo. "Vous avez expliqué pour quoi sont les toilettes, princesse, mais vous n'avez jamais parlé de bateaux."

"Reste avec la première explication," dit rapidement Cordélia.

Angel continuait de regarder les craquements dans le plâtre. Tout juste comme une toile d'araignée. Drusilla avait aimé les toiles d'araignée. Elle faisait semblant qu'elles étaient des voiles de mariées et essayait de les mettre dans ses cheveux, et quand elles se brisaient elle pleurait et pleurait --

Tout s'est assemblé en une fois. Les yeux vitreux de poupée de l'ours en peluche. Les souvenirs de la tiare, de la sensation des cheveux sombres et soyeux contre sa main. Le besoin de protéger. Le besoin d'attaquer.

"Drusilla," chuchota Angel.

Tout le monde le fixa. Finalement, Cordélia dit, "Drusilla -- quoi?"

"Elle est ici," dit Angel. "A Los Angeles. Pas très loin."

Cordélia regarda vers le ciel. "Et moi qui pensais que ça ne pouvait pas s'empirer."

"Whoa, whoa, whoa," dit Gunn. "Comment tu sais ça, Angel? Tu as des sens d'araignées ou un truc du genre?"

"Un truc du genre," dit Angel, bien qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'était "des sens d'araignées". "J'ai toujours pu dire quand des vampires de ma lignée étaient tout près. Et Drusilla est tout près maintenant. Je le ressens depuis un moment. Je ne l'ai pas réalisé plus tôt parce que – enfin, je ne l'avais pas réalisé."

"Hum, je crois que je n'ai pas reçu la note," dit Fred. "Qui est Drusilla?"

"Méchant vampire des jours méchants d'Angel," suppléa Cordélia. Elle s'éloigna de Groo, déjà en mode travail. "Si elle pense qu'elle peut venir ici et frapper Angel pendant qu'il est à terre, elle se fait des illusions. En présumant que Drusilla pense quoi que ce soit tout court." Fred fronça les sourcils. Gunn leva sa main à sa tempe et fit pivoter ses doigts dans le signe international pour "folle dingue."

"C'est tout simplement super," dit Lorne. "Tu es sûr de ça, mon grand? C'est pas juste un mauvais rêve, de la salade de thon qui était juste un petit peu périmée?"

"Je suis sûr," dit Angel. Maintenant qu'il avait identifié la sensation, il n'arrivait pas à croire qu'il ne l'avait pas reconnue plus tôt. Drusilla était très proche, à peine quelques kilomètres.

Groo leva une main de façon incertaine. "Biensûr, je souhaite m'associer à tuer la bête Drusilla," dit-il. "Mais que faisons-nous de l'attaque de vampire que Cordélia a pressenti? Je suis certain que nous nous rappelons tous la vision mouvementée de ce matin et le destin regrettable des crêpes."

"Oh, super," soupira Cordélia. "On doit être à LAX dans une heure et demi, Angel. Il y a une chance pour que Drusilla traîne à l'aéroport?"

"Elle est plus proche que ça," dit Angel.

"Voilà un plan," dit Lorne, allant au côté de Groo. "Que diriez-vous que le Garçon Prodige et moi allions faire une croisière jusqu'au terminal et nous occupions des brigands mort-vivant? Ca vous libère pour traquer Drusilla."

"Tu es disposé à venir dans la bataille avec moi?" dit Groo. Il sourit à Lorne. "Je suis surpris, tes vêtements non plissés et tes ongles bien taillés ne parlent pas d'un guerrier. Mais je salue ton courage, mon ami toiletté."

Lorne ferma les yeux avec une grimace douloureuse. "Je peux aller avec Groo," offrit rapidement Cordélia.

"Oh, non, tu ne peux pas," dit Lorne. "Je n'ai pas rencontré Dru moi-même, mais j'ai eu un coup d'œil durant le numéro musical d'Angelinou. Et il n'y a aucune CHANCE pour que j'aille près de cette fille. Elle donne l'impression qu'Anna Nicole Smith est équilibrée, et ma tête va probablement exploser si elle chantonne autant."

"Ca s'arrange alors," dit Gunn. "La seule question est, où est Drusilla?"

"Dans un endroit qu'elle aime," dit Angel. "Un endroit -- amusant."

"Ca pourrait être n'importe où, où des gens peuvent saigner," dit Cordélia. "Tu ne peux pas restreindre le périmètre?"

Angel fit un tour mental des bloques environnant, puis se rappela d'un musée devant lequel il était passé auparavant. Il avait alors pensé à Drusilla.

"Je crois que je peux," dit Angel.


Fred s'abaissa à travers la lucarne, redressant lentement ses bras tandis qu'elle pressait ses pieds ensemble pour éviter les tessons de verre cassés qui accrochaient toujours les bords de vitres brisées. C'était un travail dur, et avant qu'elle ne soit à la moitié du chemin, ses bras faisaient mal avec l'effort. Puis, juste comme elle était sure qu'elle allait tomber le reste du chemin et atterrir en un tas disgracieux sur le sol, elle senti de larges épaules se dresser sous ses pieds, supportant son poids. Des bras forts agrippèrent ses jambes, l'ancrant.

"Je t'ai," dit Charles en dessous d'elle, et Fred se sentit tomber doucement et gracieusement vers le sol, comme une ballerine descendant d'un ascenseur élevé. Une fois qu'elle fut sûrement sur le sol, elle retira son T-shirt en place et regarda dans les ténèbres autour d'elle, essayant de distinguer les détails de leur environnement. Le Musée de Victoriana avait probablement eu l'air très élégant 25 ans plus tôt. Mais le bois des lambris était plus sombre que ce qui était maintenant à la mode, le plafond un peu trop bas. La moquette mur-à-mur était devenue fine. Fred pensa que ça avait l'air distingué mais miteux – un endroit construit avec soin et puis oublié.

Cordélia, qui était debout près d'Angel, fronça les sourcils. "CECI est ton idée d'un 'endroit amusant'? Angel, j'ai été dans des morgues avec plus d'atmosphère."

"Pas mon idée," dit Angel. Il sonnait distrait, pensa Fred, comme s'il ne se concentrait qu'à moitié sur sa conversation avec Cordy. "Celle de Drusilla. Elle a toujours aimé les musées. De ce côté."

Il se mit en route le long du couloir; d'abord Cordélia, puis Charles et Fred, le suivirent. Alors qu'ils marchaient, l'attention de Fred fut attirée par les peintures et même quelques photographies d'hommes et de femmes dans des poses raides et des habits raides qui tapissaient les couloirs du musée. Dans les trous entres les affichages des murs, il y avait des cabinets remplis d'objets étranges et démodés. Fred avait toujours été plus attirée par la science que par l'histoire, mais tout de même ses doigts démangeaient avec le désir de soulever des choses, les secouer, découvrir de quoi elles étaient faites et comment elles marchaient.

"Les musées SONT amusant," dit-elle. "Toutes ces choses sont des petites pièces du temps, préservées comme – comme les marshmallows dans un gallon de route rocailleuse." Fred s'arrêta et fronça les sourcils pour elle-même. "Ca n'était pas une très bonne analogie."

"Ca marchait bien pour moi," dit Charles, prenant sa main légèrement dans la sienne. "Hey, mon sixième sens mystérieux me dit que tu voudras peut-être prendre un sundae (glace de fruit recouverte de noix) de minuit après ça. J'ai raison?" En réponse, Fred serra sa main et lui sourit.

"L'été où on a été en France, j'ai visité le Louvre à Paris," dit Cordélia. "Ca allait. Je suppose, bien qu'après un moment tu commences à te demander combien de statues de marbres un pays a réellement BESOIN. Et la Joconde semblait être sur le point de dire -- ohmondieu!"

Pour une raison ou pour une autre, Fred sentait que cette citation n'était pas de la Joconde. Charles serra sa main autour de la sienne, et ensemble ils se dépêchèrent pour rattraper Cordélia, qui se tenait dans l'embrasure de la salle d'exposition suivante.

La salle était remplie de poupée du sol au plafond. Une centaine ou plus de yeux scintillant regardait Fred sans cligner des paupières. Les visages peints des poupées étaient individuellement bénins – mais il y avait quelque chose de troublant à propos de la vue de rangs de perfection indifférenciée.

"Flippant," dit Fred.

"Encore plus flippant," corrigea Cordélia. Elle pointa le sol.

Le corps couché au milieu de la salle appartenait à un homme à la fin de la cinquantaine ou au début de la soixantaine, aux cheveux gris et à la mâchoire carrée. Ou il aurait eu la mâchoire carrée, si la plus grande partie de sa gorge n'avait pas été déchirée. Mais Fred vit directement que Cordélia n'avait pas parlé du sang.

L'homme sur le sol avait été tué sauvagement, par quelque chose qui avait prit un plaisir pure, viscéral dans l'acte de violence. Mais, après la mise à mort, le même quelque chose avait roulé le corps sur son dos et mit un coussin sous la tête du corps et un nounours dans l'angle de son bras.

"Drusilla veut prendre soin des choses," dit Angel. "Mais elle ne sait pas comment."

Charles glissa sa main hors de celle de Fred et tourna son poignet. Quand elle baissa les yeux, elle vit qu'il tenait un pieu. "Si elle est dingue, ça joue en notre faveur. Un vamp qui ne pense pas de façon cohérente est un vamp plus facile à tuer."

Sévèrement, Angel dit, "C'est la plus grosse erreur que tu puisses faire à propos de Drusilla. Elle est folle, mais elle est maligne. Elle pense différemment – mais elle pense. C'est comme ça qu'elle a survécu si longtemps. C'est pour ça qu'elle est si dangereuse." Soudainement, sa position changea, devenant plus tendue, plus raide, et son visage s'assombrit. "N'est-ce pas, Dru?"

Comme il parlait, Angel fit un pas de côté et se retourna, révélant la silhouette qui était debout derrière lui, dans l'embrassure de la salle aux poupées.

Durant l'année dernière, Fred s'était lentement habitué à l'idée que les vampires ressemblaient aux personnes qu'ils avaient été avant qu'ils ne meurent – personnes normales, grosses ou minces ou laides ou belles, superficiellement non différentes de quiconque on pourrait rencontrer dans le métro, sauf beaucoup plus dangereux. Enfin, peut-être un peu plus pâle aussi. Mais la fille qui glissait vers Angel portrait pour elle une aura de surnaturel si forte que ça semblait faire fredonner l'air autour d'elle. Sa peau brillait blanche comme la lune, et ses cheveux noirs ondulaient sur ses épaules comme un voile de deuil. Ses lèvres et joues étaient rouges, et ses yeux brillaient fiévreusement. Le corps gainé dans sa robe rouge crassée était squelettique même pour les standards de L.A. On ne pouvait pas tromper ce vampire pour une personne normale. "Mes pensées sont des guêpes," dit Drusilla. "Elles piquent mon cerveau de partout. Pzzzt!"

Alors qu'elle parlait, elle leva sa main et agita ses doigts dans l'air, mimant le vol désordonné d'un insecte. Son regard suivit le bout de son doigt alors qu'il faisait des spirales et dansait devant elle; la vue semblait la ravir, comme si elle n'avait aucune idée de quelle direction sa main allait prendre ensuite. Peut-être, pensa Fred, qu'elle ne le savait vraiment pas

Les doigts de Drusilla s'élançaient vers son bras nu, comme un insecte plongeant pour attaquer. Ses ongles, griffes aiguisées, laissèrent de points rouges sur la peau délicate.

"Ca suffit, Dru," dit Angel.

La main de Drusilla continua de se courber et de plonger dans l'air. Comme Fred regardait, elle réalisa qu'il y avait un rythme au mouvement apparemment aléatoire, un dessin qui était étrangement apaisant, même hypnotique --

"J'ai dit ça SUFFIT."

Fred cligna des yeux. La main d'Angel était enroulée autour du fin poignet de Drusilla, l'encerclant facilement, l'empêchant de bouger. Il l'agrippa fort – si fort que Drusilla haleta. Puis elle fit un doux gémissement qui était à part égale de la douleur et du plaisir. Elle leva les yeux vers Angel et sourit. "Fais-moi mal encore."

Angel la fixa, puis ses doigts plantés dans son bras. Lentement, il relâcha sa poigne. "Non. Je sais ce que tu veux de moi. Mais je ne vais plus te donner ce que tu veux."

Drusilla berça son poignet à sa poitrine. Elle regarda Angel avec de grands yeux attristés. "Pourquoi es-tu parti? C'est là que toutes les mauvaises choses ont commencé. Vous êtes tous partis, un par un, et maintenant je suis la seule qui reste. Je suis toute seule."

Cordélia lança un coup d'oeil au corps sur le sol. "Garder des amis est plus facile si tu ne tues pas brutalement tout ceux que tu rencontres. Je ne fais que lancer une idée, là."

"Spike est parti. Ils ont mis du métal dans son esprit, et maintenant il ne peut pas boire. Ca l'empoisonne de l'intérieure." Lentement, la voix de Drusilla prenait une qualité rêveuse; elle sonnait comme si elle racontait une histoire qu'elle s'était récitée beaucoup de fois à elle-même. "Elle était la suivante. Je n'étais pas là, mais je l'ai sentie s'effondrer, avec des remords dans son cœur et des petites mains et des petits pieds dans son ventre."

Une larme roula le long de la joue de Drusilla; son regard était devenu intime, et elle ne semblait être consciente de personne d'autre dans la salle. Doucement, Angel recula d'un pas, puis d'un autre. Il fit un signe à Charles, qui lui lança silencieusement le pieu.

Le mouvement attira l'attention de Drusilla. Elle leva son bras vers Angel en un geste de supplication. "Papa," dit-elle.

Angel gela sur place. D'une voix basse qui sonnait comme si elle pourrait craquer, il dit, "Ne m'appelle plus jamais comme ça."

Ensuite il frappa.

Angel bougea rapidement, le mouvement une tache dans l'obscurité, mais Drusilla fut plus rapide; elle semblait savoir ce qu'il allait faire avant qu'il ne le fasse. Fred entendit son pieu cliqueter sur le sol et vit une estafilade de chiffon rouge et de cheveux noirs s'élancer à travers la porte de la salle des poupées.

Menés par Angel, ils lui coururent après, mais le couloir à l'extérieur de la salle des poupées se déployait dans les deux directions, vides, et il n'y avait aucun signe de Drusilla.

"Elle va s'échapper," dit Fred.

"Pas cette fois," dit Angel. Il sonnait aussi déterminé que Fred ne l'avait jamais entendu. "Elle a causé trop de souffrance. Je l'ai déjà laissée partir trop de fois. Il est temps de finir ça."

"Je seconderai ça," ajouta Cordélia. "Vous avez vu les taches sur sa robe? J'ajoute 'crimes contre la couture' à la liste des raisons à pourquoi Dru doit être tuée."

Pendant qu'elle parlait, Angel regardait intensément le corridor de haut en bas. Maintenant il pointa un salle d'exposition juste quelques mètres plus loin. Les portes de la salle tremblaient sur leur gond, pas beaucoup, mais assez pour indiquer que quelqu'un était récemment passer par-là. "Elle est entrée là."

Fred lu tout haut le panneau au-dessus de la porte. "'Le Vieux Magasin de Curiosité: Inventions et Bibelots Victorien.' Hé bien, ça sonne intéressant."

"Plus important, ça sonne non fatal," dit Cordélia. "On aurait été malchanceux si Dru s'était terrée dans la Galerie des Armes Antiques."

Charles étudiait un plan d'étage du musée sur le mur. Il le tapota pour attirer leur attention. "Il n'y a pas d'autre moyen de sortir de cette pièce. Elle est coincée."

Angel hocha la tête. "Alors finissons-en." Il ouvrit la porte, et ils regardèrent dans la pièce.

"Purée," dit Cordélia said. "C'est la brocante à domicile que le temps a oubliée."

Fred vit ce qu'elle voulait dire. La salle dans laquelle ils venaient d'entrer, était plus comme un grenier qui n'avait pas été vidé depuis des années, au lieu d'un musée organisé d'exposition. Certains objets dans des caisses et sur des présentoirs autour d'elle était démodés mais reconnaissables -- Fred vit une machine à coudre et un téléphone dans la section 'Ménage' – mais les autres étaient entièrement mystérieux. Un label imprimé sur une boîte noire qui 'vomissait' des fils de cuivre identifiait le dispositif en tant que première machine à rayons X, mais qu'était l'objet tout aussi étrange qui reposait sur un trépied juste à côté?

Un gloussement fort et aigu brisa le silence. "Froid!" chanta la voix de Drusilla. "Froid, plus froid, glacé."

Gunn commença. "Bordel, qu'est-ce que?"

"C'est un jeu," dit Angel d'une voix basse. "Cache-cache." Il fit plusieurs pas prudents vers l'avant.

Plus de rire. "Glacé, plus froid, tiède."

Cordélia secoua la tête avec incrédulité. "Elle nous donne des INDICES de sorte qu'on la trouve et qu'on la tue? Peu importe."

Fred tourna la tête, essayant de placer la source du rire. "Elle est par-là."

Dirigé par la voix de Drusilla, ils s'aventurèrent plus loin dans le hall d'exposition. Il semblait à Fred que le plus loin ils allaient, le plus ésotérique et fantastique les objets affichés devenaient, jusqu'à ce que ça soit impossible de dire ce que n'importe lequel avait pu être projeté d'être. Fred se rappela à contrecoeur comment elle s'était sentie en tant qu'enfant en se réveillant d'un mauvais rêve pour trouver sa chambre soudainement un endroit étrange et peu amical, rempli de formes déformées et vacillantes. A Pyléa, elle s'était tapie dans sa caverne, submergée par le même sens de dislocation, mais sur une échelle plus massive. Le souvenir la faisait encore trembler.

Devant eux, la voix de Drusilla devenant plus forte. "Chaud. Plus chaud. Les flammes lèchent les alentours, du charbon bouillant!"

Mais elle avait été seule dans sa caverne, se souvint Fred. Maintenant, elle pouvait tendre le bras et prendre la main de Charles. Et ça faisait toute la différence.

"Brûlant," chuchota Drusilla.

Elle était tapie à l'intérieur d'un des objets exposés, assise jambes croisées sur la base d'une pyramide qui semblait être faite d'une sorte de pierre noire. La pyramide était si grande qu'elle avait été placée sur un socle, à part des autres objets exposés; elle avait une base carrée et quatre côtés qui finissaient en une pointe aiguisée dix pieds plus haut. Le côté le plus près avait des charnières, pour faire une porte. Fred n'avait jamais rien vu de tel auparavant. "Le jeu est fini, Dru," dit Angel. "Tu sais comment ça va finir."

"Je sais comment ça a commencé," dit Drusilla. "Il y a tellement longtemps, comme une histoire pour endormir. Tu avais l'habitude de me raconter de merveilleuses histoires, avec des cris dedans. La fin reste la même, mais le début peut changer. Je vais raconter l'histoire de la manière dont elle aurait dû être."

Et elle tira rapidement la porte sur le devant de la pyramide fermée, s'enfermant à l'intérieur.

Personne ne parla pendant plusieurs secondes. Finalement, Cordelia dit, "Est-ce que c'est juste moi, ou est-ce que Dru vient de faire une chose vraiment, vraiment stupide?"

"Elle a couru dans une impasse, nous a dit comment la trouver, ensuite s'est enfermée à clé juste devant nous," dit Fred. "Techniquement, ce ne sont pas les mouvements les plus futés."

Charles regarda Angel. "Qu'est-ce que tu as dit? Oh, ouais -- 'Elle est folle, mais elle est maligne.' Mec, je crois que tu aurais dû t'arrêter à 'folle'." Angel ne répondit pas; il continua juste de fixer intensément la pyramide.

Cordy regardait également la pyramide noire. "A quel point est-ce que vous croyez que cette chose est lourde? Je veux dire, est-ce qu'on pourrait la charger dans la camionnette de Gunn, l'amener à l'extérieur et l'ouvrir après le lever du soleil? Parce que je pense à un désamorçage de Dru simple et sans risque."

De façon hésitante, Fred monta sur le socle, et tapota l'extérieur de la pyramide avec ses articulations. C'était lisse et frais au touché, et c'était solide – est-ce que ça aurait pu être du marbre? Etant donné la taille de la pyramide, même si les côtés n'étaient épais que de six pouces, ça impliquerait tout de même une masse d'au moins -- Fred fit quelques calculs mentaux rapides et fronça les sourcils. "C'est bien trop lourd pour qu'on la déplace."

Sans un avertissement, la porte de la pyramide commença à se rouvrir rapidement. Fred entendit Charles hurler, et elle trébucha en arrière, essayant désespérément de s'éloigner de la portée de Drusilla --

-- Mais Drusilla était partie. L'espace à l'intérieur était vide.

"Bon sang, cette chose a une porte arrière," dit Charles. "Elle a dû sortir."

Fred regarda à l'intérieur de la pyramide et, quand elle fut complètement certaine que c'était vide, entra dedans. L'intérieur était étonnamment spacieux – il y avait assez d'espace pour au moins quelques personnes – mais il n'y avait nulle part où se cacher. Le sol était solide, et bien que les murs étaient couverts de toutes sortes de cadrans intrigants et de leviers et de bagues dorées, il n'y avait pas d'autre porte. "Je ne pense pas qu'elle aurait pu."

"Elle n'est pas là," dit Angel. "Elle n'est même pas tout près. Elle est -- partie."

"Pardonnez-moi de poser la question évidente," dit Cordélia, "mais que diable est cette chose, et qu'est-ce que ça fait dans un musée rempli de trucs Anglais du dix-neuvième siècle?"

Fred commença à lire les notes pour les visiteurs de l'exposition, affichée sur un bord attaché à côté du socle. "Selon ceci, elle appartenait au cinquième Compte d'Ashford. C'était un millionnaire excentrique."

"Excentrique?" dit Charles, soulevant un sourcil.

"Comme, mort au Cirque," dit Fred. "C'était un égyptologue amateur --"

"Beaucoup de Victoriens l'étaient," dit Angel.

"Et il a construit ça en tant que – en tant que --"

Les yeux de Fred s'élargirent. Le silence tira en longueur, et elle savait que les autres attendaient impatiemment qu'elle parle à nouveau, mais aucun mot ne voulait sortir.

"Fred, tu veux nous aider, là?" incita Cordélia.

Elle ne pouvait toujours pas trouver quelque chose à dire, donc Fred lu simplement les mots de la plaque tout haut. "Les nombreuses illusions du Compte d'Ashford incluaient sa croyance que l'ancienne religion Egyptienne tenait la clé vers la pratique de diverses formes de magie. Les experts n'étaient pas d'accord avec l'interprétation de ce dispositif, bien que la plupart croit que c'était un sanctuaire privé d'adoration. Mais les théories sont aussi diverses que les experts – certains pensent que c'était un mausolée, d'autres une sculpture, et un écrivain a même avancé que c'était prévu en tant que --" Fred prit une profonde respiration. "En tant que machine à voyager dans le temps."

Il y eu une courte pause. Puis Cordélia dit, "Je suppose qu'il n'y a pas d'espoir pour l'option 'sculpture'?"

"Ca n'est pas une machine à voyager le temps," dit Charles. "Il n'y a pas de truc comme ça."

D'une voix calme, Fred dit, "Alors où est partie Drusilla?"

Pendant un long moment, personne ne parla. Fred était consciente que son estomac se soulevait, son esprit bourdonnait avec surprise et peur, et elle se demandait si les autres se sentaient de la même façon. Finalement, Angel dit, "J'ai été dans les parages pendant un long moment, mais à chaque fois que je pense que j'ai tout vu, quelque chose de nouveau arrive. Une machine à voyager dans le temps – est-ce possible, Fred?"

"Il n'y a pas de technologie – pas même une approximation de la technologie – pour ça," dit Fred. "Mais il y a tout un tas d'idées différentes. Certaines personnes ne pensent pas qu'on puisse voyager dans le temps, même en théorie. Certaines pensent qu'on peut aller en arrière, mais pas en avant. Mais, en tant que principe général, est-ce que la plupart des physiciens pense que c'est possible? Oui."

Les trois autres la fixaient. Non, Fred réalisa, pas elle – au-delà d'elle, la pyramide noire, silencieuse de façon menaçante et vide derrière elle.

"Ce n'est PAS une machine à voyager dans le temps," répéta Charles, secouant la tête.

"Je sais que ça sonne tiré par les cheveux," dit Angel. "Mais Drusilla a utilisé ce dispositif pour faire quelque chose – pour aller quelque part. Nous devons --"

"Non, non, NON," dit Charles. Il commença à faire les cent pas. "Pas de machines à voyager dans le temps! Absolument pas. Je veux dire, ok, les vampires sont réels. J'ai découvert ça il y a quelques années. J'ai flippé, je m'en suis occupé. Puis j'ai appris que les zombies sont réels. Les loups-garous sont réels. Les sorcières sont réelles. Les nanas flippantes qui font de la télékinésie et qui ont des problèmes personnels sont réelles. Mais pas de machines à voyager dans le temps! Ok, peut-être que toutes les autres choses bizarres des films d'horreurs sont réelles, mais pas ça!"

"Charles?" Fred n'était pas habituée à le voir hors de contrôle, et ça la troublait plus que ça aurait dû. Elle regarda les autres autour d'elle pour voir s'ils étaient aussi inquiets qu'elle. Ils ne semblaient pas l'être.

Charles les regarda tous avec un mélange de frustration et de misère. "Je veux juste qu'une foutue chose ne soit pas réelle," dit-il. "Juste une chose fausse. C'est tout ce que je demande."

"J'ai entendu que les Cloches de Pâques étaient une blague," offrit Cordélia. Elle tapota son épaule et sourit tristement. "Je sais comment tu te sens. Je suis passée par là. Tu dois juste y faire face – ce moment où tu réalises, peu importe à quel point ton seuil de bizarrerie est élevé, ça ne sera jamais assez haut."

Fred se dirigea vers Charles et lui serra le bras. "C'est bizarre, je sais. Mais nous devons nous concentrer. Je crois que nous avons peut-être beaucoup d'ennuis."

Ca sembla marcher, et Fred fut soulagé. Charles expira. "Une machine à voyager dans le temps. C'est -- dingue. Je veux dire, tu serais obligé d'être dingue pour même --" Il s'arrêta, son visage changeant. "Tu serais obligé d'être dingue."

"Supposons que cette chose est une machine à voyager dans le temps," dit Angel, "Et supposons Drusilla vienne juste de l'utiliser pour aller quelque part, alors -- hypothétiquement -- quel genre de dégâts pourrait-elle faire?"

Cordélia dit, "Juste avant qu'elle ne ferme la porte, elle divaguait à propos de changer le début."

Fred sentit son coeur palpiter alors que son esprit commençait à comprendre les implications. "Elle pourrait retourner au commencement de l'histoire humaine et tuer les premiers homo sapiens. Ou créer tant de vampires que la civilisation humaine ne se développerait jamais au-delà de l'âge de pierre. Elle pourrait --"

Cordélia leva une main, coupant Fred. "Ok, donc elle pourrait faire de très mauvaises choses, jusqu'à et incluant effacer la civilisation telle qu'on la connait." Elle fronça les sourcils, puis s'égaya. "Attendez une seconde. Dru ne peut pas avoir changer le passé – si elle l'avait fait, on ne serait pas ici à avoir cette conversation. Pas vrai?"

Elle avait l'air si pleine d'espoir que Fred détesta la décevoir. "Ca s'appelle l'effet d'ondulation. La réalité est un peu comme la surface d'un étang. Jetez une pierre dedans, et les vagues sortent du point d'impact. Donc si le passé a changé, nous n'avons probablement pas beaucoup de temps avant que les effets ne fassent leur chemin jusqu'en 2002."

"On doit découvrir où a été Dru – quand elle a été," se corrigea Angel. "Ensuite on devra la suivre."

Charles grimaça. "Mec, je SAVAIS que tu allais dire ça."

"Fred --" dit Angel.

Fred acquiesça et sauta sur ses pieds pour entrer à nouveau dans la pyramide. "Il y a une sorte d'écriture ici, autour de tous les cadrans et autres. Ca ressemble un peu à des hiéroglyphes Egyptiens."

Angel, Cordy et Charles s'entassèrent dans l'espace à l'intérieur de la pyramide. Quatre corps était serrant, mais il y avait juste assez de place pour eux tous. "Est-ce que tu peux les lire?" demanda Angel.

"Mon truc c'est les maths, pas les langues. Je veux dire, j'ai appris quelques morceaux de W--" Fred se stoppa elle-même de dire son nom juste à temps. Ca ne fit pas de différence – des regards mal à l'aise sur les visages de Charles et Cordy, elle vit qu'ils pensaient la même chose qu'elle. Mais, aussi utile que la présence de Wesley aurait été à l'instant même, Fred doutait qu'il ait jamais l'opportunité de faire n'importe qu'elle traduction quelque part près d'Angel, plus jamais. "J'ai appris un petit peu, mais pas assez. Je ne peux pas lire ça."

"Laisse-moi voir," dit Cordélia. Alors qu'elle manoeuvrait pour une meilleure position, elle donna un coup de coude à Fred. Fred posa sa main contre le mur de la pyramide pour se stabiliser, et sentit quelque chose se dérober sous ses doigts. La porte de la pyramide se ferma rapidement sans à-coups, et ils furent soudainement confinés dans l'obscurité.

"Douillet," dit la voix de Gunn. Elle l'entendit trifouiller dans sa poche, et puis il sorti son briquet et l'alluma. "Maintenant on peut voir exactement à quel point on est dans la merde."

"Ca a intérêt à être une machine à voyager dans le temps," dit Cordélia, "parce que je n'ai PAS envie de devoir expliquer au personnel du musée comment on s'est fait coincer ici quand ils ouvriront demain."

"C'est pour quoi toutes ces bagues?" dit Charles. Le niveau le plus haut de la pyramide était couvert de petits crochets taillés; à chacun pendait une petite bague en or. Non, Fred réalisa – à tous sauf un. Une des bagues avait été prise. Agissant à l'instinct, elle tendit la main et en prit une elle-même.

"Je ne crois pas que ce soit une bonne idée," dit Charles.

La bague brillait platement dans la main de Fred. "Pourquoi pas?"

"Tu n'as jamais vu un film Indiana Jones? Cette chose pourrait être un attrape nigaud."

"Décapitée par un objet de musée exposé," dit Cordélia. "Ouais, ça va avoir l'air très digne sur mon certificat de décès."

"Quelque chose se passe," dit Angel.

Il avait raison, Fred réalisa. Sur chacun des quatre murs de la pyramide, les hiéroglyphes individuels commençaient à briller doucement. Elle compta sept -- non, huit – en tout, chacun exsudant un doux chatoiement. Chacun était sous l'un des cadrans; Fred ne comprenait pas les réglages, mais elle savait qu'il ne fallait pas les changer. Elle toucha le symbole brillant le plus près. Immédiatement, il s'éteignit. "Je crois qu'on est censé utiliser les bagues pour activer la machine. Comme – comme la clé d'une voiture. On utilise les cadrans pour la régler, pour déterminer où on va, peut-être comme le volant. Et les symbols enregistrent – quelque chose."

"Quel genre de quelque chose?" demanda Charles.

"Je ne suis pas sure. Les réglages les plus récemment utilisés, peut-être?" Elle fronça les sourcils. "Je ne trouve rien de semblable sur une voiture."

"Tu veux dire, ceci pourrait être les réglages que Drusilla a utilisés," dit Angel.

Fred secoua la tête. "Je ne suis pas sure."

"Un seul moyen de le découvrir," dit Cordélia d'un ton déterminé. Elle leva la main et plaça le bout de ses doigts sur deux autres hiéroglyphes brillants. Les deux s'éteignirent instantanément, rendant l'intérieur de la pyramide nettement plus sombre.

Charles pressa les deux formes allumées les plus proches de lui, et Angel en prit deux de plus. Maintenant il ne restait plus qu'un symbole qui brillait encore.

"Si on presse ça, et que rien ne se passe, on va se sentir tellement bête," dit Cordélia.

La main de Fred hésita au-dessus du dernier hiéroglyphe brillant.

"Fais-le," dit Angel.

Fred toucha le symbole. Il s'éteignit. Pendant un moment, elle était agenouillée dans l'obscurité parfaite, l'odeur moisie du musée dans ses narines et la sensation de trois corps – deux chauds et un frais – tout près.

Puis le sol disparu.

Fred hurla. Elle pensa qu'ils hurlaient tous, mais elle ne pouvait entendre que ses propres cris terrifiés. Elle se senti dégringoler et tomber dans un vide vaste et vacant, et dans sa terreur, sa seule pensée claire était que cette fois il n'y aurait personne pour la rattraper à l'autre bout.