Chapitre Deux
Cordélia commença à crier au moment où le sol tomba sous elle et n'arrêta pas jusqu'à ce qu'il réapparaisse.
"Nyungh," dit-elle, ce qui étai à peu près tout ce qu'elle pouvait dire, ou penser, après avoir eu la respiration coupée. Elle pouvait goûter de la poussière dans sa bouche et entendre Gunn et Fred haleter à côté d'elle dans le noir.
Angel, qui avait eu la respiration coupée dans un sens permanent il y avait longtemps, dit, "Dieu merci."
"Pour quoi?" demanda Cordélia d'une voix rauque, se tournant sur le dos. Puis ses yeux s'ouvrirent larges. "J'espère que tu ne veux pas dire pour ça."
Au-dessus d'eux, des vagues de lumières rouges dorées miroitaient, fluctuaient, se courbaient et brillaient à nouveau. Cordélia pensa que ça ressemblait à la surface d'une piscine – si la piscine s'avérait justement être en feu.
"Si tu remercies le grand gaillard d'en haut de nous avoir arrêter de tomber plus bas, je suis à bord avec toi," dit Gunn. "La prochaine fois, on devra apprendre la différence entre une machine à voyager dans le temps et une trappe, ok?"
Angel tourna son visage vers Cordélia; elle ne pouvait pas bien le voir dans la lumière faible et clignotante, mais elle pouvait dire qu'il était inquiet. "Tu es blessée?"
Cordélia remua ses orteils et ses doigts, puis se redressa assise. Son corps grogna avec protestation, mais elle ne ressentit pas de douleur nouvelle. "Pas blessée comme endômagée, non. Mais blessée comme, ça va être endolori pendant des jours – ça c'est une autre histoire " Elle regarda anxieusement dans le noir. "Drusilla – elle n'est pas --"
"Elle est partie devant nous," dit Angel. "C'est sûr pour l'instant."
"C'est quoi ce truc, bon sang?" dit Gunn, regardant vers le ciel.
Angel dit, "Je crois que c'est le moyen de retour de là où on est venu. Ca aurait pu se refermer quand on est passé à travers, et je ne suis pas sûr qu'on aurait pu le rouvrir. Mais c'est toujours ouvert."
"D'où le remerciement à Dieu," dit Cordélia. Elle cligna des yeux et essaya de discerner leur environnement; la lumière miroitante du portail au-dessus d'eux lançait d'étranges ombres sur le visage de ses amis, et le bracelet que Groo lui avait donné clairsemait des reflets d'arc en ciel sur les murs de la grotte comme elle bougeait, comme une balle miroir qui tournait trop vite. "Où est-ce qu'on est, de toute façon?"
La voix de Fred fit légèrement écho comme elle disait, "Nous sommes dans une grotte." Elle se releva sur ses coudes, et Cordélia vit que son corps et son visage étaient tendus et tirés. "Ca sent comme une grotte. Ca sonne comme une grotte. Je connais les grottes. C'en est une."
"Hey, là," dit gentiment Gunn. Il frotta l'épaule de Fred. "Tu n'es pas seule dans cette grotte, ok? Tu as tes amis, et tu as ton moyen de sortir. Tu vas bien."
"Je vais bien," répéta Fred, comme par cœur. Puis elle ferma fort ses yeux, les rouvris et prit une profonde respiration. "Je vais bien," dit-elle une fois de plus, et cette fois il semblait qu'elle le pensait.
"Je suppose que le 'où' n'est pas vraiment l'essentiel," dit Cordélia. "Le 'quand' est vraiment ce qu'on veut découvrir."
"Je ne crois toujours pas que c'était une machine à voyager dans le temps," dit Gunn.
Cordélia pointa la piscine brillante juste au-dessus de leur tête. "Ca ressemble à une trappe d'après toi?"
"Non," avoua Gunn. "Mais ça ne ressemble pas non plus à une machine à voyager dans le temps."
"Combien de fois as-tu traversé une machine à voyager dans le temps?" exigea Cordélia.
Gunn croisa ses bras sur son torse. "Combien de fois as-tu traversé une trappe?"
"Il n'y a qu'un moyen de régler ça," dit Angel alors qu'il se mettait sur ses pieds. Il lui offrit une main, et elle le laissa l'aider à se relever. Le mouvement soudain fait le sang affluer à sa tête, et elle serra fort les bras d'Angel pendant un moment, prenant un support. "Cordy?" dit-il doucement.
"Ca va," dit-elle. "Je suis juste toujours avec notre plongeon flippant défiant la mort de tantôt."
"Fred, tu as toujours cette bague?" demanda Angel.
Fred leva l'anneau d'or, toujours agrippé dans sa main, alors qu'elle se mettait sur ses pieds. Gunn l'épousseta avant de se tourner vers lui-même. "Chose sure. Je ne suis toujours pas certaine de sa fonction exacte --" Elle dévisagea le plafond de la grotte et souleva la bague expérimentalement. Des étincelles rouges dorées grésillèrent à la surface du portail, et Fred retira rapidement la bague. "Mais je pense que c'est notre ticket retour."
"Très contente que ce ticket était aller-retour," dit Cordelia. "Alors, c'est par où la sortie?"
Fred renifla, et Cordélia se demanda pendant un moment si elle avait commencé à pleurer. Mais ensuite Fred pointa sa droite. "L'air le plus frais vient de cette direction."
"Dépêchons-nous," dit Angel. "Ca va bientôt être le coucher du soleil, et alors je ne serais pas capable de sortir avec vous."
Alors qu'ils s'éloignaient du la lumière surnaturelle du portail, la grotte devint progressivement plus sombre, jusqu'à ce que Cordélia soit forcée de sentir son chemin en faisant courir sa main le long du mur rugueux. Puis, à son soulagement, le chemin devant commença à s'éclaircir.
"J'ai une question," dit Gunn à Angel. "Comment ça se fait, si on est à l'intérieur d'une montagne, que tu saches que le soleil est sur le point de se lever?"
"Je ne sais pas comment, exactement," dit Angel. "Je le sais simplement."
Un point pour le sixième sens bizarre de vampire, pensa Cordélia alors qu'ils émergeaient de la bouche de la grotte -- Angel avait raison. Le soleil n'était pas encore levé, mais l'horizon était distinctement plus clair là où était apparemment l'Est. Cordélia regarda autour d'elle dans l'obscurité grise pré aube, et vit ce qui ressemblait à une forêt normale – grands arbres, fougères, mousse. Se tournant vers Gunn, elle dit, "à moins que le musée ne fasse un re-développement radical dans son sous-sol, je pense que ta théorie de trappe est rejetée."
"Ouais, je comprends ça," dit Gunn. "Mais ça ressemble au présent d'après moi. Je veux dire, le présent dans des bois quelque part, mais le présent."
"Les forêts n'ont pas tant changé durant les dernières centaines d'années," observa Angel. "On va devoir trouver quelque chose qu'on pourra utiliser pour dater cet endroit."
Cordélia dit, "Si on voit tout un groupe de gens qui ressemblent à John Malkovich, je vais paniquer. Je ne fais que vous prévenir."
Fred commença à descendre son chemin sur le talus qui menait hors de la cave, ses pieds faisaient des bruits de froissements à travers les feuilles. Elle cria, "Je crois qu'il y a une route là en bas! Ou un chemin, ou un sentier."
Gunn bondit en bas près d'elle, et Cordélia saisit la main d'Angel pour l'équilibre comme ils suivirent. Il regardait vers l'Est, plus qu'un peu inquiet, pas qu'elle puisse le blâmer. "On a combien de temps avant que tu ne doives aller t'abriter?" demanda-t-elle.
"Pas longtemps," dit-il, grimaçant légèrement. "Plus que cinq minutes. Moins que dix."
Gunn secoua la tête. "Comment on va rattraper Dru si tu es coincé dans une grotte?"
"Si je ne peux pas me déplacer, Dru ne peut pas se déplacer," dit Angel. "Nous sommes bien loin de tous les métros et réseaux d'égouts. Ca signifie qu'elle va devoir se trouver un abri dans une minute."
Cordélia soupira, soulagée. "Ok, c'est une bonne nouvelle, pas vrai? Vous les vampires ne pouvez pas vous déplacer la journée, mais nous oui. Donc ça nous donne du temps pour enquêter, découvrir le quoi du quoi, pendant que vous deux prenez votre sommeil de beauté." En regardant le visage tiré et fatigué d'Angel, Cordélia se demanda s'il avait dormi depuis que Connor avait été pris. Probablement pas, pensa-t-elle. "Angel, tu devrais faire demi-tour. Ca va probablement nous prendre un moment pour aller n'importe où, puisque je ne vois pas de panneaux, ou de voitures, ou --"
"J'ai trouvé quelque chose," appela Fred.
Elle était agenouillée sur le bord de la route sale, examinant ce qui semblait être une pierre. Comme les autres allèrent à ses côtés, Cordélia vit, gravé dans la pierre -- SIGHISOARA 3.
"Ziggy Sahara," dit Gunn. "Je ne suppose pas que vous ayez la moindre idée d'où ça pourrait être?"
"Roumanie," dit Angel. "C'est en Roumanie."
Il avait parlé doucement, mais Cordélia sentit tout son corps se raidir comme s'il avait crié. Roumanie. Elle murmura, "Angel – on ne sait toujours pas quand nous sommes --"
"C'est 1898," répondit-il. Ses mains étaient serrées à ses côtés, son visage tendu. "C'est la seule raison pour laquelle elle serait revenue ici. Drusilla détestait la Roumanie. Elle n'est revenue que pour une chose."
1898. L'esprit de Cordélia tourbillonnait. Presque tout juste 100 ans plus tôt. Ca signifiait --
"On va l'arrêter," dit rapidement Cordélia, prenant la main d'Angel dans la sienne. "Angel, ça va aller. Dru ne va pas le faire."
"Faire quoi?" dit Gunn, fixant Angel et Cordélia tour à tour. "Qu'est-ce qui s'est passé en Roumanie en 1898?"
Angel dit doucement, "C'est quand j'ai tué une fille bohémienne. Pour la vengeance, les bohémiens m'ont maudit avec une âme. Et Drusilla est revenue dans le temps pour empêcher ça. Elle va m'empêcher d'avoir une âme."
Pendant quelques moments, ils furent tous silencieux. La main de Fred couvrit sa bouche et Gunn caressa ses doigts contre son épaule. Enfin, Gunn dit, "Je vais aller avec la minimisation ici et dire que ça serait mauvais."
"On doit trouver Drusilla," dit Cordélia. Elle regarda par-dessus son épaule l'horizon, qui devenait encore plus rose. "Angel, tu dois retourner dans la grotte. Angel?"
Angel semblait dans la lune, pensa-t-elle. Non – pire que ça. Encore plus fatigué qu'il ne l'avait l'air quelques moments plus tôt. Elle aurait cru qu'il aurait été inquiet ou fâché ou clairement en rogne devant le plan de Drusilla. A la place, il était juste plus calme et, d'une façon ou d'une autre, encore plus triste. Cordélia sentit qu'elle devait faire quelque chose, mais ne savait pas quoi. Donc elle prit simplement sa main dans la sienne. Le regard distant sur son visage ne changea pas, mais il revint assez à la réalité pour dire, "Est-ce que vous pouvez vérifier les environs un petit peu? N'affrontez pas Drusilla si vous la trouvez. Revenez simplement et laissez-nous le savoir."
"Ouais, biensûr," dit Gunn. Fred hocha la tête. Comme les deux descendaient vers la route, Angel se tourna et marcha vers la grotte. Cordélia devait soit le suivre soit lâcher sa main.
Elle le suivit à l'intérieur.
"La nana vampire dingue n'avait pas plus d'une vingtaine de minutes d'avance, et puis il y a eu la lumière. Donc elle doit se cacher près des grottes. Et puisqu'il n'y a pas beaucoup d'endroit pour se cacher – où est-elle?" Charles frotta sa cheville. "On a déjà dû marcher au moins cinq miles."
Fred regarda le ciel et fit un calcul mental basé sur la hauteur du soleil et ce qu'elle estimait que leur vitesse moyenne de marche était depuis qu'ils avaient laissé Angel et Cordy aux grottes. "En fait, c'est plus comme un ou deux. Tu ne te plains jamais de devoir marcher à la maison."
"Parce qu'à la maison, je ne dois jamais marcher. Si Dieu avait voulu qu'on use des chaussures en cuir, il ne nous aurait pas donner de camionnettes." Charles agita une main autour de lui, indiquant l'étendue vaste et monotone de forêt. "Au moins à L.A. il y a plein de chose à regarder – des vitrines de magasins, des panneaux d'affichages, l'occasionnelle célébrité bénigne qui se fait prendre ses biens. Même les arbres n'ont pas changés ces dernières quatre heures. Et comment on sait qu'on est pas juste en train de tourner en un très grand rond?"
"Parce que nous avons marché en ligne droite, vers le soleil. Nous nous dirigeons droit vers l'Est, de sorte que nous ne puissions pas nous perdre. Et les arbres sont différents – ceux-ci ont des troncs plus fins et plus clairs, et ils ont des feuilles plus larges que les arbres près de la grotte." Comme elle regardait les arbres de plus près, Fred vit quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué avant. "Et je pense qu'il y a un village ou un camp ou quelque chose tout près."
"Comment tu supposes ça?"
"Ces arbres n'ont pas de branches dans le bas," dit Fred. "Elles ont été prises pour faire du bois de chauffage. Il doit y avoir des gens quelque part tout près."
"Ecoute-toi avec le truc d'expert des arbres." Charles sourit. "Tu es une Girl Scout régulière."
"Je n'ai jamais été une Girl Scout," dit Fred. Ils recommencèrent à marcher, choisissant leur chemin sur la route accidentée, Fred avec considérablement plus de dextérité que Charles. "Je ne savais pas ce que ces arbres avec des branches manquantes signifiaient jusqu'à ce que je sois à Pyléa. Je suis allée trop près d'un village, et ils m'ont presque attrapée – j'ai été chanceuse de m'enfuir, et après tout ce que je pouvais pensé était à quel point j'avais été stupide de ne pas comprendre ce que les branches manquantes signifiaient --"
Fred arrêta de parler, se rappelant ces premiers mois terribles à Pyléa, quand elle avait réalisé à quel point son éducation confortable à la maison et au collège l'avait laissée pauvrement équipée pour la survie. Elle n'avait eu aucune idée de comment chasser pour de la nourriture; les arbres de la forêt avaient été lourds de fruits, mais la première fois où elle avait osé essayer les baies rouges qu'elle avait vu les oiseaux manger, elle avait passé les trois jours suivants à se tordre dans l'agonie. Et même les baies avaient disparues durant le premier hiver, quand elle s'était recroquevillée, tremblante dans sa grotte parce qu'elle n'avait aucun moyen de faire du feu --
Cette pensée déclencha un autre souvenir, un inattendu – le sens de triomphe qu'elle avait ressenti la première fois que ses tentatives pour utiliser les lentilles de ses verres pour concentrer les rayons du soleil sur des feuilles mortes avait produit des étincelles rouges grouillantes et puis la chaleur glorieuse des flammes qui s'élevaient. Peu après, l'hameçon et la ligne qu'elle avait improvisés avaient attrapé un poisson dans le ruisseau près de la grotte, et Fred avait savouré son premier repas chaud en une année.
Marchant avec Charles à travers la forêt Roumaine, le pied sûr et confiante elle pouvait trouver son chemin, Fred trouva pour la première fois qu'elle pouvait penser à Pyléa sans avoir à réprimer un frisson de panique.
"Hey." La voix de Charles coupa ses pensées. Elle sentit sa main sur son épaule, réconfortante. "Ca va. Je sais que ça a doit beaucoup ressembler à quand tu as été aspirée à Pyléa. Je sais que tu as un peu de mal à digérer tout ça. Mais tu n'es pas toute seule cette fois. On est là. Je suis là."
Charles était si protecteur et doux; c'était l'une des raisons principales pour lesquelles elle avait craqué sur lui. Mais elle ne se sentait effrayée maintenant – elle se sentait forte. Fred ouvrit la bouche pour le lui dire, mais avant qu'elle ne puisse parler, elle entendit le fracas de roues en bois sur le sol défoncé, accompagné par une voix rude et des bruits de sabots. "Quelqu'un vient."
"Ca doit être l'heure de pointe," dit Charles.
Le chariot qui apparu au tournant suivant de la piste était un machin délabré tiré par un cheval ayant l'air fatigué et conduit par un vieil hommes à qui les yeux étaient des fentes minuscules enterrées son un front blanc et froissé. Le froncement de sourcils qui apparu sur son visage quand il vit Fred et Charles s'approfondi en un renfrognement quand Fred fit un pas sur son chemin.
"Bonjour," dit-elle poliment. "Nous ne sommes pas d'ici et, nous nous demandions si vous saviez – hé bien, d'abord, si vous savez parler Anglais, et si vous savez --"
L'homme tendit la main dans le chariot derrière lui et rapporta un grand bâton qu'il brandit de façon menaçante.
"Là, il n'y a pas besoin de --" commença Fred.
L'homme abattu le bâton, fort, sur le flanc du cheval. L'animal pleurnicha et parti au trot. Juste au moment où le chariot se dirigeait sur elle, Charles tira Fred hors de son chemin.
Fred couru après le chariot – sur la piste sillonnée, elle pouvait facilement égaler sa vitesse. Elle tendit la main, et ses doigts agrippèrent le tissue ciré qui couvrait la charge du chariot. "Attendez! Nous voulons seulement vous poser quelques questions --"
Elle entendit un autre craquement du bâton du vieil homme, et le chariot accéléra loin d'elle. Fred abandonna la chasse et se tint au milieu du chemin, reprenant son souffle.
Charles la rattrapa. "Bonnes routes, et les locaux sont SI amicaux. Je vais écrire à la section L.A. Voyages dans le temps à propos de cet endroit quand on sera à la maison."
"Je suppose qu'on n'a pas exactement l'air de venir d'ici."
"Tu veux dire que je n'ai pas l'air."
A ça, Fred leva les yeux. "Charles, nous avons dû TOUS LES DEUX lui sembler bizarre."
"Biensûr," dit Charles, une touche de sarcasme dans sa voix. "Ca a dû être ce T-shirt bleu que tu portes qui lui a fichu les chocottes et pas, disons, le fait qu'il n'ai jamais vu de noir auparavant."
"En fait, le fait que je porte un pantalon au lieu d'une jupe m'a probablement donné l'air d'une prostituée ou quelque chose." Elle fronça les sourcils. "Peut-être que je devrais être contente qu'il ne se soit pas arrêté."
Charles dit, "Tu penserais que cette fille ne serait pas si dur à trouver. Une robe rouge doit ressortir comme un signal remarquable."
"Elle doit se cacher des rayons du soleil, Charles," observa Fred. "Donc elle pourrait être cachée sous une bûche. Ou dans une autre grotte. Ou enterrée sous des feuilles. Ou --"
"J'ai compris l'image. Malheureusement, cette image inclus qu'on ne la trouve pas avant l'obscurité." Charles expira lourdement. "Ok, rien à faire sauf faire demi-tour et dire à Angel et Cordy --" Il s'arrêta. "Mince, peut-être que je ne fais qu'halluciner parce que j'ai pas pris de petit déjeuné, mais je peux sentir quelque chose qui cuit, et c'est BON."
Fred renifla l'air – il avait raison. Le faible arôme de quelque chose en train de frire dérivait vers eux, venant des bois de l'autre côté du chemin. "Le village doit être de ce côté. Peut-être que les gens seront plus amicaux."
Charles acquiesça. Ensemble, ils traversèrent le chemin et suivirent, d'abord l'odeur de la nourriture qui cuisait, et ensuite le son des voix qui riaient et parlaient, jusqu'à ce qu'ils arrivent à une colline basse. Fred commença à accélérer l'allure, mais Charles la retint.
"Cette fois," dit-il, "évitons les introductions, ok?"
Fred regarda les arbres autour d'eux. L'un d'eux, un ancien chêne, était plus grand que le reste, avec des branches fortes et une abondance de feuilles. "J'ai une idée," dit-elle. "Aide-moi à monter."
Charles n'avait pas besoin de plus d'explications. Il lassa ses doigts ensemble, faisant une plateforme pour élever Fred au niveau des branches les plus basses de l'arbre. Une fois qu'elles furent à sa portée, ce fut facile de se tirer elle-même le reste du chemin. Elle se tortilla en haut de l'arbre, grimpant jusqu'à ce qu'elle ait trouvé un perchoir solide haut au-dessus du sol.
Elle remua pour une position sure sur une branche élevée, puis repoussa les feuilles de côté pour surveiller la forêt de sa nouvelle position avantageuse.
"Tu vois quelque chose?" appela Charles d'en bas.
Fred baissait les yeux sur un village – bien que ça n'était pas le genre auquel elle s'était attendue. Au lieu de immeubles, il y avait des wagons peints brillamment; au lieu de bâtiments publics, il y avait de larges tentes, grandes assez pour faire tenir vingt personnes ou plus. Le camp s'affairait avec activité, et partout où Fred regardait, elle voyait des gens occupés au travail raccommodant, déballant, et construisant. Une femme cuisinait sur une plaque de cuisson au-dessus d'un feu ouvert, gardant un oeil vigilant sur les enfants qui jouaient à côté d'elle en même temps, tandis que près d'eux un homme utilisait un couteau pour extraire un caillou du sabot d'un des chevaux attachés au bord du camp.
Fred décrivit tout ce qu'elle voyait à Gunn, ressentant au même moment un mélange étrange de fascination et de culpabilité légère mais insistante devant le savoir qu'elle espionnait les vies journalières de ces gens. Mais il y avait quelque chose d'irrésistible au sujet d'observer, invisible, et ce fut encore plus étrange quand elle se souvint que ce qu'elle voyait était vieux de plus d'une centaine d'année, une tranche d'histoire ramenée à la vie.
"Ils ont l'air amical," décida-t-elle. "Je vais descendre et --"
Elle était sur le point de descendre, quand le bruit fulminant d'un cheval au galop l'arrêta. Gunn l'avait entendu, lui aussi. "Qu'est-ce qu'il se passe?"
"Je ne suis pas sure --" Fred observa, et vit un homme sur un cheval monter dans le camp, si témérairement que les piles de pots et de casseroles si soigneusement empilés furent renversées. Fred pouvait entendre plus qu'une personne élever leur voix pour se plaindre – elle était trop loin pour comprendre les mots, mais la tonalité était claire – mais le nouveau arrivé ne sembla pas les entendre. Au lieu de ça, il mit pied à terre et se dirigea tout droit sur un homme grand qui se tenait près du wagon le plus large.
Le cavalier dit quelque chose à l'homme grand, puis l'étreignit. L'homme grand acquiesça et tendit une main vers la femme qui cuisinait. Elle ne prit pas sa main, mais s'effondra à la place, très lentement, comme une marionnette à qui on avait coupé les cordes, une par une. Comme elle commençait à pleurer, un groupe d'autres femmes se rassembla rapidement autour d'elle et l'amena dans le wagon le plus large. Fred savait qu'elle regardait une tragédie se déroulant devant elle.
Il y a une centaine d'années, pensa-t-elle: Il y a une centaine d'années que tout ça s'est produit. Mais elle pouvait entendre le bruit de la femme gémir alors qu'elle descendait de l'arbre, le son du chagrin frais et cru perçant le matin clair et calme.
"Qu'est-ce qui s'est passé?" demanda Charles.
"Ce sont des bohémiens," dit Fred. "Je crois que ce sont peut-être LES bohémiens. Charles, tout ce qui s'est passé – je crois que ça vient de commencer."
"Je veux juste que tu essaies de dormir," dit à nouveau Cordélia.
Essayer de dormir, pensa Angel. Dormir ressemblait à un concept bizarre, étranger – quelque chose qu'il avait l'habitude de faire il y a avait longtemps, comme conduire un carrosse et saupoudrer ses cheveux. Quelque chose qui avait sa place au musée à Los Angeles. La dernière fois qu'Angel avait dormi, son fils était dans un berceau dans la chambre à côté, avec sa douce respiration régulière faisant un écho rassurant dans le moniteur pour bébé, son bon ami Wesley prenait soin des choses en bas; et le plus grand souci d'Angel avait été le fait que Cordélia aimait quelqu'un d'autre. Ce monde semblait encore plus loin que l'ère Victorienne. En fait, Angel réalisa, en ce moment même – en 1898, la Reine Victoria était toujours en vie, mais sa vie à L.A. était plus que 100 ans dans le futur. D'une façon ou d'une autre, cette idée l'épuisa encore plus qu'il ne l'était déjà.
"Angel?" La voix de Cordélia fit un petit écho à l'intérieur de la grotte. "Est-ce que tu m'écoutes au moins?"
"J'écoute, Cordy," dit-il. "Je ne pense simplement pas que dormir soit une option pour l'instant."
"Allez," dit-elle alors qu'elle venait à ses côtés. Elle lui souriait gentiment, essayant de le taquiner hors de ses ténèbres. Angel reconnaissait le regard, l'aimait chèrement, mais savait que même la capacité de Cordélia à manipuler ses humeurs avait des limites. "Il fait clair et il est tôt le matin. Ca fait le moment de la sieste pour les vampires, pas vrai?"
"Drusilla est en cavale, on est dans le passé et il y a une chance pour que mon âme bien-trop-mortelle soit en danger," dit Angel. "Ca fait que ça ne soit pas le moment de la sieste. C'est aussi loin du moment de la sieste que ça peut l'être."
Elle leva ses mains, le calmant. "Ok, alors on bouge dormir de la liste des activités. Mais tu as besoin de te reposer, Angel. Si on va affronter Drusilla, on a besoin que tu ais toutes tes forces, pas vrai? Fred et Gunn et moi serons peut-être capable de nous occuper d'elle tout seuls, mais je me sentirais mieux si tu ne t'assoupissais pas durant la bataille."
La mémoire tira encore Angel, et son estomac se noua comme les implications le frappèrent. "Ca n'est pas juste Drusilla," dit-il. "Ce mois-là en Roumanie, on était tous les quatre ensemble. Moi et Dru et Darla et Spike. Il y a une chance pour qu'on en rencontre un ou tous à la fois."
Même dans la lumière aléatoire de la grotte, Angel pu voir le visage de Cordélia devenir pâle. A son crédit, elle dit seulement, "C'est une raison de plus pour que tu te reposes. Si tu ne peux pas dormir, tu peux au moins te coucher. Donne un break à tes jambes pour tout le courir-pour-nos-vies qui va probablement arriver."
Angel s'assit lourdement sur le sol; Cordélia s'étendit à côté de lui et, à sa surprise, posa sa tête sur ses jambes. Evidemment, pensa-t-il. Elle est aussi fatiguée. Je devrais la laisser dormir un peu au lieu de s'inquiéter pour moi. Il se coucha sur la terre, et il fut surpris de comment il était bien mis.
Cordélia chuchota, "Dehors – quand on a découvert où on est – quand on est – peu importe. Tu avais l'air contrarié."
La lumière rouge dorée sur le plafond de la grotte vacillait toujours tout près. Il ne semblait pas que leur portail se fermerait jusqu'à ce qu'ils repassent à travers. "Vous n'aviez pas l'air heureux non plus. Avec de bonnes raisons."
"Ca n'est pas ce que j'ai voulu dire, exactement," dit Cordélia. "Je me demandais juste ce que tu pensais, c'est tout. Et à ce jour, je sais presque toujours ce que tu penses, donc ne pas savoir m'a plutôt troublée."
Cordélia savait tant, pensa Angel, et cependant ne savait rien du tout. "Je pensais que je dois tout recommencer."
"Recommencer quoi?"
"Tout ça," dit-il. La lumière rouge dorée était déconcentrante s'il la fixait trop longtemps, donc Angel ferma les yeux. "On doit stopper Dru. On doit s'assurer que je me fasse maudire avec une âme, et passe 100 ans à me promener seul sur la Terre, et rencontre et tombe amoureux de Buffy de sorte que je perde à nouveau mon âme et la terrorise et tue à nouveau. Et me que je me refasse maudire, et récupère Buffy juste pour la perdre une nouvelle fois, et doive la quitter. Et que j'aille à Los Angeles, et commence à avoir une existence décente, et – et que j'aie un fils. Et que je le perde."
Cordélia fut silencieuse pendant un moment, et puis il sentit qu'elle se tourna. Il ouvrit les yeux pour la voir sur son côté, sa joue contre sa cuisse, un pli inquiet entre ses yeux. "Hey. Il y a beaucoup de bon là-dedans que tu as laissé de côté, tu sais. Comme ta mission, et toute la prophétie shanshu. Sans mentionner le vrai toi."
"Je sais," dit Angel. "Crois-moi, je sais ça. C'est juste que pour l'instant – si tôt après – rien que de penser à propos de tout ça, ça me rend -- fatigué." Les mots semblaient signifiés quelque chose d'autre là, quelque chose qu'Angel ne pouvait pas vraiment définir, mais c'était la force pesant si lourdement sur lui que même se redresser semblait impossible. "Je suis juste si fatigué, Cordy."
Elle fut silencieuse encore quelques moments. Puis sa main tapota gentiment la sienne. "Pensons aux bonnes choses, ok?" dit Cordélia. "Comme -- Angel, tu te rappelles la publicité de lotion solaire que j'ai fait? Comment tu t'es amené sur le plateau et t'ais mis en colère?"
Il savait que Cordélia essayait juste de le distraire. Evidemment, elle n'aurait pas pu choisir un meilleur souvenir pour le distraire qu'un bikini. Angel referma les yeux et secoua la tête. "Ils auraient aussi bien pu te faire porter de la soie dentaire."
"La soie dentaire aurait été plus confortable," dit-elle. "C'était si drôle de te voir sur le plateau de la plage. Comme si tu allais commencer à jouer à du volley ou un truc du genre."
Toutes ces lumières de plateaux. Angel se rappelait du plateau comme d'une cuisson sur le gril chaud, mais il avait aimé la simulation des rayons du soleil. Cette pensée le fit se souvenir de la lumière du jour dehors, senti si pas vu; il avait apprit à ignorer son influence diurne ces deux dernières années, mais là tout de suite, il le sentait aussi fort que jamais. L'envie de dormir, amenée par le levé du soleil, le liait tellement qu'il n'avait pas envie de bouger, c'était trop confinant et réconfortant à la fois, comme un emmaillotement d'enfant en bas âge. Et si chaud.
"L'autre maillot de bain était moins détestable." La voix de Cordélia semblait plus distante. "Je voulais celui-là au lieu de cet truc bizarre macramé. C'était probablement l'art du projet thérapie de quelqu'un en prison."
"Ils ont des prisonniers qui font des bikinis?"
"Qui sait? C'est peut-être un changement sympa des plaques minéralogiques. Enfin bref, j'ai pu parler avec l'autre mannequin, et on a décidé de lancer une pièce --"
Angel sentit ses muscles se relaxer involontairement, se fondre contre le sol. Cordélia avait su ce qu'elle faisait. Elle était trop bonne à ça.
"—et j'allais totalement dire face, parce qu'on le dit après qu'on ait attrapé la pièce, pas vrai? Mais pendant que la pièce était en l'air, elle a dit face, et puis --"
Angel s'endormi.
"Wow. C'est stupéfiant à quoi ressemble le ciel sans brouillard, hein?"
Personne ne répondit à Cordélia. Sans les bruits familiers de trafique, sirènes et avions aériens, la nuit était sinistrement calme. Elle frissonna et souhaita qu'elle ait quelque chose à mettre au-dessus de son T-shirt vert.
La conversation aurait peut-être enlevé son esprit du froid, mais Cordélia réalisait qu'il n'y avait pas beaucoup de chance pour ça. Gunn et Fred, qui avait déjà passé la plupart de la journée à marcher, avaient peu d'énergie pour n'importe quoi d'autre que de se traîner côte à côte; le long sommeil d'Angel l'avait clairement laissé plus alerte, mais son visage était fermé, et à ce jour elle connaissait assez bien le langage du corps qui allait avec ce regard pour savoir qu'aucune quantité de gaieté ne pénétrerait son silence. Ca allait être une très longue nuit. "Ca ne prendra pas trop longtemps pour arriver à la ville, pas vrai?" demanda-t-elle pleine d'espoir. "Le panneau disait que Sighisoara n'étais qu'à 3 miles."
"Ca n'est pas loin," approuva Fred, "mais la route passe juste au-delà du camp des bohémiens."
Cordélia fronça les sourcils. "Alors je vote pour qu'on fasse un GRAND détour. On sait qu'ils sont dehors pour infliger une terrible vengeance sur Angel. On ne veut pas que notre version se fasse accidentellement maudire deux fois." Elle tappa son bras. "Pas vrai?"
"Ouais," dit Angel après une seconde, mais il ne sonnait pas convaincu. Cordélia se rappela de quoi il avait parlé dans la grotte, juste avant qu'il ne s'endorme, et réalisa que l'état d'esprit d'Angel avait dû être plus bas qu'elle ne le pensait.
"Nous pouvons risquer un détour de quelle taille?" demanda Fred. "Nous ne pouvons pas risquer qu'Angel se fasse coincé dehors si nous marchons toujours quand le soleil se lèvera. Et même quand nous arriverons à la ville, nous devrons trouver un endroit où rester sans argent et expliquer l'air que nous avons." Elle grogna. "Ca devient plus compliqué le plus j'y réfléchi."
Angel ouvrit sa bouche pour répondre, puis décida apparemment de dire quelque chose d'autre. "Quelqu'un vient."
Cordélia commença à parler – elle n'avait rien entendu – mais quelques secondes plus tard elle vit une lumière approcher le long du chemin sombre. Comme ça s'approchait, elle réalisa que c'était une lanterne, rebondissant où elle pendait devant un carrosse. Ce carrosse était tiré par une équipe de quatre chevaux et guidé par un conducteur dans un petit uniforme bleu, un chapeau plumé se reposant avec désinvolture. Cordélia ne savait pas beaucoup sur l'histoire, mais elle savait qu'elle regardait à l'équivalent du chauffeur de limousine de la fin du dix-neuvième siècle.
"Tu crois qu'on pourrait se faire emmener?" demanda-t-elle.
"Ils ne s'arrêteront pas pour des piétons," dit Angel. "C'est l'âge des bandits de grand chemin, rappelle-toi."
"On ne sait jamais jusqu'à ce qu'on essaie," dit Cordélia avec détermination. Elle fit un pas sur la route et leva le pouce – est-ce que les gens du dix-neuvième siècle sauraient ce que ça signifiait? Ils semblèrent le savoir, parce que le chauffeur du carrosse tira brutalement sur les reines, et les chevaux ralentirent d'un trot à un pas de promenade. Quand le carrosse arriva à leur hauteur, une autre tirade sur les reines l'amena à l'arrêt.
La porte du carrosse s'ouvrit, permettant à Cordélia de voir ses trois passagers – un jeune homme aux épaules larges portant un costume rigide en laine, une femme encore plus jeune à qui le visage, de façon incompréhensible, devint rouge tomate aussitôt qu'elle vit Cordélia, et une femme bien plus vieille, petite et mince, à qui les cheveux grisonnant était enroulé dans le creux de son cou en un motif sévère et impossiblement compliqué de tresses.
Cordélia leur offrit son sourire le plus brillant et gagnant. "Boujour. Nous allons à Sighisoara, et nous nous demandions --"
"Sighisoara!" s'exclama l'homme. Il avait un accent Anglais, et Cordélia pensa -- à contrecoeur, et juste pour une seconde -- à Wesley. "C'est là que nous allons. Je ne suppose pas que vous savez si c'est la bonne route?"
"Il y a un panneau indicateur dans cette direction," dit Fred en pointant. "La ville est par-delà."
"Mais c'est une longue marche," dit rapidement Cordélia, "et puisque nous n'avons pas de carrosse, nous serions vraiment reconnaissant si vous pouviez nous emmener."
"Certainement pas!" dit la femme la plus vieille, apparemment horrifiée devant cette idée. "Edgar, à quoi penses-tu, converser avec ces -- ces brigands de cirque?"
"Mère, c'est vous qui avez insisté pour que nous nous arrêtions pour demander la direction," commença Edgar, avec une tonalité d'exaspération fatiguée qui suggérait que ce genre de dispute était un trait régulier de son existence.
Cordélia plaça ses mains sur les hanches. "Hey! Un petit peu moins de langages grossiers, ok? Vous pensez que vous êtes qui, dame?"
La femme la regarda d'un air glacial. "Je suis exactement ça – une dame. Dame Clara Oxley. Et vous, ma chère, êtes clairement tout sauf cela. Regardez-vous," ajouta-t-elle pleine de mépris, "marchant en montrant vos jambes et avec vos cheveux aussi court que ceux d'un homme! Je déclare que je n'ai jamais rien vu de si ignoble! Vous avez presque choqué la pauvre Elspeth jusqu'à l'évanouissement."
La fille -- Elspeth, supposa Cordélia – devint encore plus rouge et couvrit sa bouche avec sa main.
"Ignoble!" répéta Cordélia. "Ecoutez, espèce de vieille --"
"Elle est dans son costume!" interrompit Fred, se mettant hâtivement devant Cordélia.
Cordélia la regarda. "Non, je ne le suis pas."
"Si, tu l'ES," dit Fred. "Pour – la pièce. La pièce – que nous allons monter à Sighisoara parce que --" elle ferma fort les yeux, cherchant l'inspiration.
"Parce que nous sommes des artistes," intervint Gunn. "Des artistes se déplaçant."
Cordélia se tourna vers Angel, mais avait l'air aussi confus qu'elle. Elle saisit Fred et siffla, "Qu'est-ce que tu fais?"
"Nous devons arriver à la ville aussi vite que nous le pouvons, ce qui implique eux qui nous prennent," chuchota Fred en retour. "Nous avons besoin d'une histoire comme couverture – alors commence à improviser."
Dame Clara les regardait du carrosse avec du dédain évident. Mais Edgar et Elspeth, vit Cordélia, semblait intéressés. "Une pièce, vous dites?" dit Edgar. "Comme c'est capital! De quoi est-ce que ça parle?"
Fred regarda Gunn. Gunn regarda Cordélia. Angel eut juste l'air juste stupéfié.
"Ca parle de -- " commença Cordélia, "— d'un genre de désastre. Un désastre qui, hum, a ruiné nos vêtements et nous a laissé dans, dans des guenilles. C'est ça. Un désastre." Un seule idée lui vint à l'esprit – une idée terrible, humiliante qui repoussa instantanément toutes les autres pensées et fit impossible de penser à quelque chose d'autre. "C'est une – comédie musicale. A propos d'un naufrage," lâcha-t-elle. Sa voix vacillante, elle commença lentement à chanter:
"Asseyez-vous simplement et vous allez entendre une histoire, une histoire sur un voyage fatal --" (C'est le générique TV d'une série : Gilligans Isle)
"Oh, non," dit Gunn. Il eut l'air terrifié. "Pas ça. Tout sauf ça."
C'était trop tard pour arrêter maintenant. Cordélia fit des gestes frénétiques avec ses mains, pressant les autres pour la rejoindre.
"—Ca commença dans ce port des tropiques, à bord de ce bateau minuscule. Le camarade était un puissant navigateur, le capitaine brave et sûr --"
Cordélia prit Gunn et Angel par leur bras et les traîna pour qu'ils se tiennent près d'elle.
"Cinq passagers mirent la voile pour un tour de trois heures --"
"—Un tour de trois heures!" siffla Fred, faisant un essai brave mais ruiné pour harmoniser. Cordélia lui fit un signe de tête avec gratitude.
D'une voix timide, Elspeth dit, "Mais vous n'êtes que quatre."
"On fait des doublures," dit Gunn. Puis, ajoutant son baryton rude à la voix de Cordélia, il chanta:
"Le temps commença à devenir agiter, le bateau minuscule fut, euhh..."
"Ballotté," souffla Cordélia. "Le bateau minuscule fut ballotté."
"—Le bateau minuscule fut ballotté -- merci – Si ce n'était pour le courage de l'équipage sans peur, le Minnow serait perdu --"
"Le Minnow serait perdu!" hurla Fred, serrant ses mains dramatiquement à sa poitrine.
La fin était en vue. Cordélia prit une profonde respiration et accéléra les répliques restantes:
"Le bateau s'échoua sur le bord de cette île inexplorée, avec Gilligan, le Capitaine, aussi, le millionnaire et son épouse --"
Elle jeta ses cheveux sur le côté et vendu la réplique suivante – autant s'amuser --
"—la star de CIIIINEMA --"
Elle était à court de souffle maintenant, mais n'osa pas stopper:
"—LeprofesseuretMaryAnnicisurGilligansisle!"
Cordélia prit une respiration profonde, haletante. Ca n'était pas aussi mal qu'elle l'aurait cru. Souriant, elle pointa Angel, qui était resté silencieux durant la performance. "Ensuite il fait une sorte de danse hula."
"Tu parles que je le fais," maugréa Angel.
"Et c'est juste le numéro d'ouverture," conclu Fred. "Ca devient mieux après ça. MaryAnn se fait cogner la tête avec une noix de coco et croit qu'elle est Ginger – et puis le millionnaire découvre qu'il a perdu tout son argent – et toute sorte de gens intéressants, et de Globe-trotters, et de Gabors font la vaisselle sur l'île aussi."
"Ils sont devenus dingues de nous à Paris," ajouta Cordélia.
"Hé bien, je dis bravo!" applaudi Edgar avec ce qui semblait être pour Cordélia de l'enthousiasme véritable, et après une seconde Elspeth le suivit aussi. "C'était parfaitement merveilleux. N'est-ce pas, mère?"
"Hummph," dit Dame Clara Oxley dubitativement.
"Mais où sont vos accoutrements?" demanda Edgar.
Cordélia cligna des yeux. "Nos quoi?"
Edgar agita la main de façon expansive. "Vos jeux de scènes, et accessoires, et autre. Les affaires nécessaires pour jouer."
"Oh, CES accoutrements," dit Fred. Elle mordit sa lèvre, d'une manière que Cordélia savait qui signifiait qu'elle réfléchissait très fort et très vite. "Hé bien, vous voyez, nous avons été vicieusement attaqué --"
"Comme c'est atroce!" s'exclama Elspeth. Même Dame Lady Clara eut l'air un peu plus compatissante. "Par quoi?"
"Les avocats de Bob Denver," marmonna Gunn dans sa barbe. Cordélia le fit taire.
"Des bandits," dit Fred. "Ils ont prit nos chevaux, également. Et maintenant, nous ne serons pas capables d'ouvrir à Sighisoara demain soir." Elle soupira théâtralement.
"Les forces de l'anarchie ne triompheront PAS," déclara Dame Clara. Elle se tourna vers son fils. "Edgar, pourquoi n'as-tu pas invité ces honnêtes gens à partager notre carrosse? Ne t'ais-je inculqué aucun esprit de la charité Chrétienne?"
Edgar se pencha docilement vers l'avant, offrant sa main à Cordélia pour l'aider à monter dans le carrosse. Alors qu'elle leva le bras pour la prendre, ses yeux s'élargirent. "Ma parole. Qu'est-ce que c'est?"
Il fixait le bracelet que Groo lui avait acheté; même dans la faible lumière lancée par les lampes du carrosse, ça miroitait avec une myriade de couleurs. "Puis-je?" demanda Edgar. Quand Cordélia acquiesça, il sorti une paire de lunettes et examina le bracelet de plus près. "Comme c'est extraordinaire. C'est plat, et cependant on pourrait juré que le motif plane au-dessus – je n'ai jamais rien vu de tel. Où donc l'avez-vous obtenu?"
"C'est, euh, c'était -- Un prince me l'a donné." Hé bien, ça n'était pas exactement un mensonge, se dit Cordélia. Et, de plus, maintenant qu'elle était en train de faire profondément semblant, quel mal y avait-il à étoffer l'histoire de sa vie? C'est ce qu'ils lui avaient dit de faire dans les cours des théâtres qu'elle avait prit.
"Un – un vrai prince?" chuchota Elspeth, en émoi.
"D'un pays lointain," élabora Cordélia. "Nous avons fait une performance spéciale là-bas. Le prince l'a tellement aimée qu'il a insisté pour me donner ça."
"Oh," souffla Elspeth. "Comme c'est merveilleusement exotique. Oh, Edgar --"
"Ma soeur semble être assez prise par votre babiole," dit Edgar. "Considéreriez-vous de me permettre d'obtenir cette merveilleuse pièce d'habileté pour elle?"
"Je n'en sais rien," dit Cordélia. "Ca a de la valeur sentimentale."
"Je vous paireai."
"D'accord."
Edgar sortit son portefeuille, et Cordélia glissa le bracelet de son poignet. Derrière elle, Cordélia pouvait entendre Gunn marmonner, "C'est une bonne idée? Tu te souviens de 'Retour vers le Futur' – tu passes un quartier dans la mauvaise direction, le monde entier change."
Tout aussi calmement, Angel répondit, "Tôt ou tard, vous allez avoir besoin de nourriture. On va avoir besoin de trouver un endroit où rester. On ne les aura pas sans argent."
Gunn sait, "Et je suppose qu'ils ne prennent pas la carte 'American Express' par ici." Cordélia se dit que ça signifiait qu'il était d'accord avec le plan, ce qui était une bonne chose puisque le bracelet était parti et les pièces étaient lourdes dans sa main.
Angel murmura, "C'est sans doute le moyen le moins endommagement de se faire un peu d'argent." Facile à dire pour lui, pensa Cordélia, un peu maussade. Biensûr, c'était ringard, mais c'était le premier cadeau qu'elle avait reçu d'un homme depuis des années, sans compter les cadeaux d'Angel. Oh, hé bien, décida-t-elle. Elle trouverait un moyen de l'expliquer à Groo.
Edgar sortit son mouchoir de poche et emballa soigneusement le bracelet dedans. "Ceci c'est transformer en un tour splendide. J'avais anticipé un voyage monotone, mais maintenant Mère et Elspeth et moi seront richement diverti par les histoires de vos voyages."
Six ou sept heures à inventer des histories sur les exploits de l'Atelier Théâtre Angel Investigations allait être une épreuve, pensa Cordélia, mais ça en vaudrais la peine s'ils n'avaient pas à marcher jusqu'à la ville. Quand Edgar offrit sa main pour la seconde fois, elle leva le bras pour l'accepter avec reconnaissance.
Avant qu'elle ne le puisse, Angel fit un pas entre eux. "Quelle est la date d'aujourd'hui?"
Edgar eut l'air perplexe. "Hé bien, nous avons quitter Salzburg il y a cinq jour – donc aujourd'hui doit être le quinze. 15 Novembre."
"Et l'année est 1898?" pressa Angel.
Edgar le regarda bizarrement. "Hé bien, naturellement."
"Merci," dit Angel, "mais nous ne pouvons pas accepter votre offre aimable. Nous devons – nous occuper d'autres affaires avant d'aller à la ville."
"Oh," dit Edgar. "Si vous insistez, mon cher camarade. Je suis terriblement désolé de perdre votre compagnie. Nous serons sûr de venir voir votre pièce. Casser une jambe, quoi?"
Il signala au chauffeur, qui fit claquer le fouet, éperonnant les chevaux pour qu'ils avancent. Juste avant que le carrosse ne s'éloigne, Elspeth se pencha vers l'avant et chuchota à Cordélia avec de l'admiration franche, "Je pense que vos cheveux sont affreusement audacieux."
Aussitôt qu'ils furent parti, Cordélia frappa Angel en plein sur le torse. " C'EST quoi ton problème? Ils allaient nous emmener, et tu as dit non! Angel, est-ce que tu écoutes au moins?"
Il n'écoutait pas – il fixait les lampes du carrosse disparaissant rapidement, fronçant légèrement les sourcils. "J'ai la sensation la plus bizarre que j'ai déjà rencontré ces personnes auparavant."
"Mince, j'ai dû chanter la chanson de Gilligan's Island," dit Gunn, venant se tenir près de Cordélia. "En public. Avec des actions. Pour rien! Ce genre de chose aigri les bonnes relations, t'entends ce que je dis?"
A une certaine distance le long du chemin, la faible lumière du carrosse s'éteignit finalement. Angel cligna des yeux, et sembla revenir au moment présent. "Demain c'est le 16 Novembre 1898," dit-il, se retournant vers eux. "C'est la nuit où j'ai été maudit. Nous n'avons qu'un jour pour trouver Drusilla et l'empêcher de changer l'histoire."
"D'accord," dit Cordelia. "Ca fait une raison de plus d'arriver à la ville aussi vite que possible."
Mais Angel secouait la tête. "Il n'y a pas d'intérêt si nous ne savons pas exactement où est Drusilla ou ce qu'elle prépare. Pour être certain de l'arrêter, nous allons avoir besoin d'aide, et vite."
"De l'aide d'où?" demanda Fred. "Nous ne connaissons personne en 1898. Enfin, je suppose que je connais quelques personnes, comme la Reine Victoria, mais c'est plus EN connaître sur eux que les connaître, et de toute façon, elle est en Angleterre et je ne pense pas qu'elle puisse faire grand-chose pour nous aider."
Angel ferma brièvement les yeux, et Cordélia pu sentir ce que ça lui coûtait de dire ce qu'il dit ensuite. "Il y a un endroit où nous pouvons aller."
"La créature qui a fait ça," dit le bohémien, "le monstre infâme qui a volé mon enfant – il souffrira. Il souffrira comme aucun autre de son espèce n'a jamais souffert. Pour toute l'éternité, il connaîtra notre douleur. Bientôt il ressentira notre colère."
"Je suis toute avec vous," dit Cordélia, souriant nerveusement alors qu'elle se tenait au centre du camp des bohémiens, où une centaine de yeux la fixait suspicieusement. "Maintenant, et si vous pouviez obtenir de l'aide pour traquer ce monstre infâme?"
Les bohémiens se regardèrent les uns les autres. Cordélia continua. "Et si cette aide venait du DERNIER endroit absolu auquel vous vous attendiez?"
