Chapitre Trois

Angel garda son corps immobile et son dos pressé contre l'un des chênes. Il ne se tournait pas vers le camp des bohémiens, mais il pouvait voir la faible oscillation de leur feu de joie se refléter dans les yeux de Gunn et Fred. Il pouvait juste entendre Cordélia dire, "du DERNIER endroit absolu auquel vous vous attendiez," et brièvement il leva les yeux au ciel. Il n'y avait que Cordy.

Gunn marmonna, "Est-ce que j'ai mentionné que c'est réellement un mauvais plan?"

"Seulement six mille fois ou presque," répondit Angel.

"Hé bien, voilà la six mille et une," dit Gunn. "Angel, ces types te haïssent. Tu as tué, c'était quoi, la fille favorite de leur clan? La seconde où sortira des bois, tu vas te faire poignarder par un pieu. Ou décapiter. Peut-être les deux."

Au loin, Cordélia disait, "Et vous ne voudriez pas, genre, vous savez, TUER quelqu'un qui essayerait de vous aider à avoir votre vengeance, pas vrai?"

Angel dit, "Gunn, si les bohémiens avaient voulu me tuer, ils ont eu leur opportunité. Ils ne l'ont pas prise. Ils veulent me maudire."

"Ils voudront te maudire demain," observa Fred. "Aujourd'hui, ils voudront peut-être juste te tuer."

Ca, Angel devait se l'avouer, était un bon argument. Mais c'était déjà trop tard. Cordélia appelait, "Hum, aide inattendue? Je crois qu'ils sont prêt pour toi."

"Je vais sortir," dit Angel. "Rester de chaque côté de moi – mais rester à distance. S'ils voient que je suis en compagnie d'humains, ils sauront directement que quelque chose à changer."

"Et s'ils pensent simplement qu'on est des vampires?" dit Gunn.

"Alors éviter les pieux." Angel prit une profonde respiration – purement pour du courage – et s'avança.

Comme il avançait dans la circonférence de la lumière du feu, des halètements retentirent. Des mères saisirent leurs enfants et reculèrent dans les ombres, tandis que tous les homes tendirent le bras pour prendre l'arme la plus proche, saisissant des couteaux, des haches, des fourches et les brandirent de façon menaçante.

Cependant, étrangement, après quelques pas Angel réalisa qu'il n'avait pas à s'armer de courage pour marcher vers les bohémiens. En fait, c'était presque comme s'il était attiré par eux, comme si le marais de chagrin et de colère et de souffrance qu'il avait créé le tirait dedans. Tous ses ennuis – chaque secondes misérables de son existence avec une âme, du premier assaut assommé de culpabilité pour la mort de la fille bohémienne au moment où il avait réalisé que Connor ne reviendrait jamais – ils coulaient tous de cet endroit, ce moment. C'était dangereux et terrible, et il allait probablement se faire tuer, et cependant Angel sentait comme si cet endroit était là où était sa place.

Non, il ne pouvait pas penser à ça pour l'instant. Il devait se concentrer. Tout dépendait de ce qui allait se passer ensuite. Angel leva ses mains, comme si montrer qu'il n'avait pas d'armes pouvait possiblement rassurer ces gens.

Un homme grand et puissamment bâti avec une barbe grise – le père de la fille, se souvint Angel avec un soubresaut angoissant – s'avança. "Angélus," dit-il.

Pleinement conscient d'à quel point ça devait sonner improbable, Angel dit, "Je suis venu ici pour vous aider." Au son de sa voix, les bohémiens sursautèrent à nouveau.

"Nous aider?" s'exclama un autre homme. Son accent était plus fort que les autres. "Cette bête a tué notre Gia, et il prétend qu'il veut nous aider?"

"Je ne suis pas l'Angélus de 1898," dit Angel. "Nous ne sommes pas du jour présent. La magie nous a amené d'un temps de plus d'un siècle dans le futur. J'ai l'âme avec laquelle vous m'avez maudit."

A ça, un murmure d'exclamations choquées et outragées passa dans la foule. "Il ment!" hurla le père de la fille, et un choeur d'accord retentit autour de lui. Maintenant que le choc initial de l'apparition d'Angel se dissipait, l'humeur des rassemblés devenait rapidement violente.

Fred et Gunn se rapprochèrent d'Angel, essayant, comme Cordélia le faisait, de former une sorte de bouclier humain autour de lui. "Je suppose que je ne pourrais pas vous convaincre de tenir à une distance sure," dit Angel.

"Nope," dit Gunn. "Faut y faire face, Angel. Un distance sure serait probablement, genre, Détroit."

Soudainement la foule se calma, puis se divisa. Angel ne réalisa pas pourquoi jusqu'à ce que les bohémiens le plus prêt de lui se recule avec déférence pour révéler une femme très menue, très vieille qui clopinait lentement vers Angel, penchée sur une canne taillée. Son dos était voûté avec l'âge, de sorte que quand elle leva la tête c'était clair que le mouvement ne lui causa aucune douleur. Mais les yeux chassieux qui regardaient Angel étaient sans peur.

"Gregor," dit-elle, s'adressant à l'homme à la barbe grise. Il répondit en Tzigane et pendant plusieurs minutes tendues, Angel ne pouvait que se tenir silencieux tandis qu'ils parlaient véhémentement dans une langue qu'il ne connaissait pas. Pas sûr de quoi faire d'autre, Angel garda ses mains en l'air et essaya très fort d'avoir l'air sincère.

L'homme à la barbe grise, Gregor, dit finalement, "Mère Yanna dit que tu as ton âme. Mais comment cela peut-il être? Quelle magie prend les gens à travers le temps?"

"Nous nous le demandions," dit utilement Fred.

"C'est une ruse,"dit l'homme à l'accent fort. "Il a une sorte de sortilège, quelque chose qui fait apparaître qu'il a une âme. Il a découvert notre plan et essaye de nous arrêter par la duperie. C'est l'Angélus que nous cherchons."

La foule marmonna rageusement, et quelques armes furent hissées encore plus haut. Angel réfléchit vite. "Je viens du futur," dit-il. "Et je peux le prouver."

Gregor leva la tête haute. "Prouve-le alors."

"Il y a une échappatoire dans la malédiction," dit Angel. Il n'avait voulu se servir de cela que comme une évidence, mais comme il parlait, de la colère enterrée depuis longtemps poussa son chemin à la surface. Aussi dangereux que c'était – pour lui et pour ses amis -- Angel ne pouvait pas garder la tonalité hors de sa voix alors qu'il continuait. "Si je connaissais le bonheur parfait, et uniquement le bonheur parfait, alors je perdrais mon âme, redeviendrais le monstre. La malédiction que vous avez mis sur moi, m'a donné la possibilité de tuer à nouveau des innocents, des gens qui n'avaient rien avoir avec la mort de votre fille, des gens qui ne sont même pas encore nés. Mais puisque vous n'avez jamais vu convenable de me le dire, comment le saurais-je – à moins que ça ne soit arrivé?"

Ils le fixèrent tous. Gregor dit, "Mais – tu as ton âme maintenant --"

"Nous l'avons re-maudit," dit Cordélia. "Un sort genial, d'ailleurs. Superbes herbes malodorantes."

"Tant que nous avons cette conversation, peut-être que vous aimeriez me l'expliquer," dit Angel. Comme sa colère augmentait, il pouvait entendre sa voix devenir plus froide, plus dure. "Pourquoi avez-vous rendu possible qu'Angélus ressorte à nouveau? Vous m'avez libéré de toute cette culpabilité, pendant un bon moment. Je n'ai pas souffert du tout après que mon âme soit partie. Est-ce vraiment ce que vous aviez projeté?"

La vieille femme, Mère Yanna, s'avança et parla en Anglais hésitant. "Cette partie de la malédiction – ça n'était pas pour toi."

"Ca semblait sûrement être pour moi," dit Angel.

"Qu'est-ce qui donnerait à une créature – une créature comme toi – le bonheur parfait?" demanda Mère Yanna. Ses mains tordues étaient serrées devant elle, et Angel réalisa avec choc et dégoût qu'elle souriait. "Seulement – seulement d'être pardonné. Seulement d'être aimé. Si une telle créature était pardonnée, s'il était accepté et voulu, alors notre malédiction n'aurait plus de signification. Tu serais jeune et fort et heureux pour toujours. Ca nous ne pouvons pas l'avoir."

"Plutôt que de m'avoir heureux, vous condamneriez plus de gens à mourir?" exigea-t-il.

Elle haussa les épaules. "Leur mort serait le prix de notre vengeance. Mais nous voulions juste que tu ais mal -- quiconque que c'était qui était assez sotte pour pardonner à monstre tel que toi. Quiconque qui se souciait si peu de notre Gia perdue qu'elle aimerait le monstre qui l'a tuée. Celle-là – elle mettait fin à notre vengeance, et donc elle devait payer." Mère Yanna sourit d'un sourire où il manquait des dents. "L'âme, c'était ta punition. Le retour du monstre – c'était sa punition. Note vengeance sur ceux qui t'ont aimé. Et je vois par ton visage que c'est comme cela que ça s'est passé."

Angel n'arrivait pas à parler. Il voulait tuer cette vieille femme, sentir ses vieux os fragiles se briser dans ses mains comme des bâtons d'allumettes. Il voulait s'agenouiller sur le sol et pleurer. Peut-être plus que tout, il voulait simplement se retourner et s'en aller. La main de Cordélia se serra autour de son bras, et il se demanda si elle se souvenait de cet hiver lugubre de 1998 et sa terreur pour sa propre vie. Seigneur, il aurait pu tuer Cordélia alors, et il n'aurait même jamais su qui elle était vraiment --

D'une façon ou d'une autre, Angel garda sa voix stable alors qu'il dit, "Vous avez choisi une puissante vengeance. Mais quelqu'un est venu du futur pour essayer d'empêcher cette vengeance. Vous m'avez maudit avec une âme. Croyez-le ou non, je veux que vous me maudissiez avec une âme. Mais si ça va arriver, nous allons devoir travailler ensemble." Alors que la foule murmurait, il ajouta, "Je n'aime pas ça plus que vous, mais il n'y a pas d'autre moyen."

Finalement, Gregor demanda, "Cette personne – sais-tu qui c'est?"

"Ce n'est pas une personne," dit Angel. "C'est un vampire. Elle est puissante, et elle est folle, et ça va être difficile de prédire ses mouvements. Mais je peux prédire les miens – parce que je m'en souviens."

Plus de murmures. Pendant que les bohémiens se disputaient entre eux en Tzigane, Gunn jeta un coup d'œil à Angel. "Jusque là, tu dirais que ça se passe bien ou mal?"

"Aucun de nous n'est encore mort," dit Cordélia.

"Parle pour toi," dit Angel.

Elle fit une grimace. "Aucun de nous n'est plus mort qu'il ne l'était il y a dix minutes. Je pense que ça signifie que ça se passe bien."

Fred dit, "J'aurais vraiment voulu avoir un critère plus haut que ça."

"Silence!" cria un des hommes. "Si vous voulez parler d'autres choses – pendant que nous parlons de notre fille décédée --" Il fit un geste vers une tente tout près. "Allez là. Parlez d'autres choses là, si vous pouvez."

Cordélia commença à tirer Angel vers la tente. "Sortons de la distance de coup de pieux immédiat, ok?"

"'Il était temps que quelqu'un ait un bon plan," dit Gunn alors qu'il prenait la main de Fred dans la sienne et se dirigea vers la tente. Angel et Cordélia lui suivirent, mais comme ils marchaient plus près, des événements du passé – du futur prochain – commencèrent à lui revenir. Il réalisa ce qu'était la tente, pourquoi les bohémiens l'avaient nargué pour qu'il entre.

"Peut-être que vous devriez rester dehors," dit Angel.

"Excuse-moi, tu n'as pas vu la foule hystérique qui brandit des torches?" dit Cordélia. "Je crois qu'on est mieux hors de leur vue."

Gunn tendit le bras vers le battant qui servait d'entrée à la porte, mais Angel mit une main sur son bras, le stoppant. "Elle est là-dedans. La fille bohémienne, ou ce qu'il reste d'elle." Après un moment, il ajouta, "Gia." Il n'avait même pas su son nom. Ca semblait approprié de finalement l'appeler comme ça.

Les autres se tinrent très immobiles. Finalement, Fred dit, "Angel, ça te dérangerait vraiment si je ne la voyais pas? Ce n'est pas comme si je ne savais pas que tu avais l'habitude de tuer des gens, car je le sais, et je comprends que les choses sont différentes maintenant, et je t'aime tout en entier – pas de la manière de Charles! Juste d'une manière d'amis, mais d'une manière de très-bons-amis, et ça ne va pas changer, jamais, pas même si je la voyais, mais -- mais – je n'ai pas envie de la voir."

Gunn soupira fort. "Ce qu'elle a dit. Mais en plus court."

"Tu n'es pas obligé d'y aller non plus, Angel," dit Cordélia. Ses yeux étaient brillant dans la lumière du feu, et elle le regardait intensément, essayant fort de le lire. "Pas si tu ne veux pas."

"Ils veulent que j'y aille," dit Angel. "Etant donné ce qu'on leur demande de faire, je crois que je devrais faire ce qu'ils veulent. Et – je pense juste que je devrais."

Cordélia releva ses épaules. "Ok, alors. Entrons."

"Cordy --" Angel sentit son torse se serrer à la pensée de Cordélia voyant l'évidence de sa brutalité.

Peut-être qu'elle pouvait lire dans ses pensées après tout, parce qu'elle dit simplement, "Je suis allée aux funérailles de Mlle Calendar."

Angel acquiesça et entra dans la tente, Cordélia à ses côtés.

La fille bohémienne -- Gia, son nom était Gia – était couchée sur un cercueil. Angel se souvenait des aperçus qu'il avait eu d'elle quand les bohémiens l'avait dirigé dans ce camp pour être maudit; ils avaient changé ses vêtements alors, redressé ses membres, essuyé le sang de son corps. Rien de tout n'avait encore été fait. Angel pouvait voir le sang sur sa bouche, là où il l'avait embrassée comme elle tremblait de ses tremblements de décès. Un centaine d'années plus tôt. Hier.

La manche de sa robe était arrachée, et les ecchymoses de ses doigts étaient profondes sur son bras là où il l'avait maintenue à terre. Mais ce qui rendait le plus Angel malade à propos de ses souvenirs de sa mort n'était pas à quel point ça avait été brutal, mais à quel point ça avait été ordinaire. Elle avait été un cadeau spécial, mais tout de même, à la fin, juste un autre meurtre, quelques heures de distraction. Ses souvenirs de sa mort étaient mélangés avec toutes les autres choses auxquelles il avait pensé en même temps – des endroits où il avait l'intention d'aller, des choses qu'il avait l'intention de faire. Il s'approcha du corps, laissa les souvenirs revenir pour piquer. Il pouvait les utiliser; c'était de la douleur avec un but.

"Tu lui as brisé le cou?" murmura Cordélia. Elle était toujours à ses côtés; Angel avait pensé et souhaité qu'elle serait restée à l'entrée, mais au lieu de ça elle se penchait aussi au-dessus du corps de la fille. Elle regardait la gorge lisse et non gâchée de la fille.

"Non," dit Angel. Il hésita, se demandant si l'indignité de ce qu'il allait faire était trop. Puis il regarda encore le corps mort de Gia et réalisa que non; il avait déjà commis l'ultime crime contre cette fille. On ne pouvait plus rien lui faire, elle ne pouvait plus souffrir de plus de blessure. Il souleva la jupe loin de ses jambes. Les yeux de Cordélia s'élargirent comme elle vit les marques de morsure brutale à l'intérieure de la cuisse de la fille.

Angel pouvait se souvenir de la pure satisfaction sensuelle de la boire de là; pendant un moment, c'était comme s'il pouvait encore goûter le sang. Cordélia le fixait, troublée devant ce qu'il avait fait – pas seulement dans le massacre de la fille, mais en la montrant maintenant. Angel réalisa, avec dégoût, qu'il sentait un sens de possession envers cette fille, ou ce qui restait d'elle. La clamer était un instinct de vampire, et toujours le sien.

D'un autre côté – n'était-ce pas elle qui le possédait? Angel baissa les yeux sur le visage immobile, tiré de Gia et murmura, "Tu as été vengée." Il ne semblait pas qu'il y avait quelque chose d'autre à dire.

Angel glissa la jupe à sa place et regarda le visage de Cordélia. Les funérailles de Mlle Calendar, il le savait, n'étaient pas une préparation pour ça. Il avait tué Jenny Calendar rapidement, seulement après quelques brefs moments de peur. Sa mort avait été plus facile que celle de la plupart de ses victimes, bien plus facile que celle de Gia. Angel ressentit une honte profonde et horrifiée que Cordélia voyait ça -- et cependant, en même temps, ça semblait juste. Elle devrait savoir, pensa-t-il. Elle mérite de savoir.

Les doigts de Cordélia se tendirent, comme si elle avait l'intention de toucher les cheveux de Gia, mais ensuite elle laissa tomber sa main. Elle dit seulement, "C'est ce dont tu te souviens."

Angel acquiesça. A sa surprise, et profonde gratitude, il sentit Cordélia enrouler sa main autour de la sienne.

"La mémoire," dit une voix derrière eux. "Un chose difficile. Que croyez-vous que je me souviendrai?"

Angel et Cordelia se retournèrent pour voir la vieille Mère Yanna, qui se tenait à l'entrée de la tente. Derrière elle, Angel pouvait juste discerner les silhouettes de Fred et Gunn, qui étaient tous deux déterminés à ne pas regarder dans la tente.

Avec un geste impérieux de sa main, la vieille femme dit à Cordélia, "Laisse-nous."

Cordélia – n'étant jamais quelqu'un qui répondait bien aux ordres directs, pensa tristement Angel – eut l'air de vouloir argumenter avec ça. Il toucha son bras. "Ca va, Cordy. Va près de Fred et Gunn. Je vais m'occuper de ça."

"Tu es sûr?" chuchota Cordélia. "Elle te donne la routine de la rombière inoffensive, mais elle pourrait cacher du bois."

"Elle ne fait pas son travail avec des pieux," dit Angel. "Attends dehors."

Avec un regard douteux vers l'arrière, Cordélia quitta la tente. Angel fit face à Mère Yanna tout seul. Pour une raison ou pour une autre, elle était plus intimidante que la foule entière dehors – la douleur, et la fureur, et le manque total de peur de cette femme seule.

Mère Yanna fit un geste vers Gia. "Une jolie fille. Maligne. Douée avec les herbes et les remèdes. Je devais lui enseigner mon habileté." Angel, muet, ne pouvait qu'acquiescer. "Ma petite-fille. Le savais-tu?"

"Non," murmura-t-il. "Je ne le savais pas."

Le souvenir revint brusquement, si soudainement et si fort que c'était comme s'il était possédé – pas par un esprit, mais par le passé. Angel pouvait presque sentir Connor, remuant toujours si légèrement dans les bras de son père alors qu'il suçait goulûment son biberon de lait qu'Angel tenait, sa chaleur venant du micro-onde réchauffant à la fois son petit corps et les mains froides d'Angel. Des petits yeux, non focalisés mais clairs, regardant Angel dans les premiers heures du matin avec du contentement et de la confiance totale. C'était la seule heure dans la vie d'Angel où il avait su avec une certitude complète qu'il était exactement où il avait besoin d'être, où son cœur ne demandait rien d'autre que ce qu'il tenait. Ca n'était pas le bonheur parfait – sa peur pour son fils était toujours là, battant au loin les secondes à la place de son cœur – mais d'un certaine façon c'était mieux que le bonheur parfait. Ce qu'il avait ressenti pour son fils était trop réel pour de la perfection.

Angel avait pleuré ses victimes auparavant, sincèrement et profondément, mais également, il le réalisait maintenant, aveuglément. Il avait imaginé comment ce serait de perdre un enfant. Maintenant il le savait, et il comprenait enfin qu'un siècle de conceptions de chagrin n'étaient toujours pas adéquats pour saisir la vérité de cela.

"Je sais ce que ça signifie, maintenant," dit-il. "De perdre quelqu'un qu'on aime. Je sais que j'ai fait que des centaines – des milliers – de personnes ressentent cette douleur. Je sais ce que je leur ai fait à eux, et à vous." Il répéta, lentement, "A cause de vous, je comprends."

"Tu as perdu quelqu'un, alors," dit Mère Yanna. Ses paupières profondes, froissées clignèrent de façon contemplative. "Il n'y a pas si longtemps, je pense."

"Quelques jours," répondit Angel.

"La douleur – elle n'est comme nulle autre, n'est-ce pas? Et tu comprends la douleur, si j'ai bien fait mon travail."

Angel ferma les yeux. "C'est le cas."

Elle fit un son qui n'était ni un rire ni un soupir -- un son de satisfaction et de surprise. "Ca te déchire, ce chagrin. Ca fait de toi quelque chose que tu n'étais pas avant, quelque chose -- de moindre. Quelque chose que tu méprises."

Il essaya de se souvenir exactement à quoi ressemblait le visage de Wesley le moment avant qu'il ne saisisse l'oreiller. Il n'arrivait pas à s'en souvenir. Il pouvait seulement se rappeler la sensation qu'avait l'oreiller dans ses mains, à quel point la lutte de Wesley avait été faible en dessous. "Oui," dit Angel.

"Je dois endurer ceci pour toujours," dit-elle. "Tu m'as fait ça à moi, à tout le monde qui l'ait jamais aimée. Nous devrons être ces créatures jusqu'à ce que nous mourrions."

Angel ouvrit sa bouche pour – pour dire quoi? Pour s'excuser? Comme ce serait stupidement inadéquat, mais que pourrait-il possiblement dire d'autre? Cependant Mère Yanna continua de parler. "Mais toi – tu n'as pas besoin de souffrir comme nous souffrons. Le chagrin que tu ressens, il peut t'être ôté."

Que pouvait-elle vouloir dire? Angel recula d'un pas. "Vous devez toujours me maudire avec une âme," dit-il. "Vous ne pouvez pas reprendre ça. Je ne peux pas permettre que ça arrive."

"Imbécile," dit-elle, étrangement gentille. "Il faudrait plus que ça pour immobiliser ma main. Tu souffriras, nous y veillerons."

Angel se demanda à quel point au juste son monde était étrange pour que ses mots fassent qu'il se sente soulagé.

"Ton âme, elle restera. Mais je peux faire plus. Je peux te faire bien plus de bien que tu ne nous en as fait," dit-elle. Sa voix était encore plus gentille. "Je t'ai montré que nous sommes plus fort que toi. Je vais te montrer que nous sommes également meilleurs que toi. Je vais stopper ta douleur."

Immobilisé par sa voix, par ses vieilles mains tordues tendues vers lui, Angel murmura, "Comment? C'est comme – c'est comme si rien ne pourrait jamais --"

"Les souvenirs de celui que tu as perdu ne te sont rien sauf du tourment," dit-elle. "Ils ne seront plus jamais rien pour toi."

Elle parla doucement, si doucement qu'Angel devait faire un effort pour l'entendre, et cependant c'était comme si sa voix était le seul son du monde, apaisant et calmant. "Je ne peux pas arrêter de penser à ce que j'ai perdu," dit-il.

"Je peux prendre cette douleur," dit-elle. "Laisse-moi te la prendre. Tu portes tant de fardeaux, et c'est le plus lourd. Ce fardeau, tu peux le déposer à terre."

Angel se sentit se relaxer alors qu'il s'approchait d'elle. "Je suis si fatigué," dit-il.

"Je comprends," murmura-t-elle. Ses mains – tremblant non pas de peur, mais uniquement avec l'âge – allèrent à ses tempes, et il sentit le doux effleurement de sa peau contre la sienne. "Tu as seulement besoin de déposer le fardeau à terre, et ensuite tu seras libre."

Dépose-le à terre. Laisse-le partir. Laisse le souvenir partir.

Connor dans ses bras, levant les yeux vers son père. Le petit visage fuyant, le souvenir devenant étrangement obscur...

Angel tituba en arrière, repoussant la vieille femme. Elle leva un sourcil alors qu'il la fixait.

"Mes souvenirs," dit-il. "Vous alliez m'enlever mes souvenirs de mon fils."

Mère Yanna haussa les épaules, ses lèvres courbées en un sourire cruel. "Est-ce que ça ne mettrait pas fin à ta douleur?"

Connor, pensa Angel. Je ne m'en serais même pas souvenu. Je n'aurais jamais été capable de penser à quoi ressemblait son visage. Je ne m'en serais jamais souvenu. Il sentit son corps commencer à trembler. "Ca aurait été – pire que la douleur. Un millier de fois pire. Et vous le savez. Vous m'auriez volé la seule chose qu'il me restait."

"Oui!" hurla-t-elle, toute prétention disparue. "Comme tu m'as volée!"

"Si vous voulez découvrir si je vous combattrai encore," dit Angel. "Je le ferai. Je suis là pour m'assurer que vous maudissiez Angélus. C'est la punition que vous avez choisie, et c'est la punition pour laquelle je vous aiderai. Si vous essayez de prendre mes souvenirs – cette trêve est finie." Il fit un pas vers la vieille femme; cette fois, elle ne pu pas cacher un moment de peur, et Angel sentit une satisfaction malsaine comme il le vit. "Et si vous faites du mal à mes amis, vous passerez le reste de votre vie à espérer que vous vous occupiez du démon."

Elle sourit encore de son sourire terrible. "Tu viens à nous et tu dis des mots doux d'aide et de culpabilité. Mais profondément dans ton coeur, tu nous hais encore."

Angel se souvint être couché dans les bras de Buffy cette nuit d'il y a si longtemps, avec aucune idée que sa punition à elle était liée à sa propre punition à lui. "Oui," dit-il. "Je vous hais."

Mère Yanna acquiesça. "Je ne fais pas confiance à tes mots doux, vampire," dit-elle. "Mais ta haine – ça je peux y faire confiance. Si ta haine est vraie, peut-être que le reste l'est aussi, hum? Nous verrons. Nous verrons."

Les bohémiens vont aider, réalisa Angel. On l'a fait. Il se demanda s'il devait se sentir mieux ou avoir sacrément plus peur.


Darla se redressa dans le lit, se demandant ce qui l'avait réveillée.

A ses côtés, Angélus dormait paisiblement, un bras étalé confortablement en travers du traversin. Les rideaux de la chambre du maître de la villa étaient étroitement fermés, bien que la lueur perçante autour de leur contour disait à Darla que c'était la journée.

Au rez-de-chaussée, elle entendit le fracas de quelque chose étant violement détruis.

Elle secoua rudement Angélus. "Réveille-toi."

Il roula sur le matelas, ouvrit un œil et lui sourit paresseusement, toujours repu dans tous les sens du terme de la nuit précédente. "Encore? Enfin, si tu insistes..."

"Ecoute," lui instruit-elle. Une seconde plus tard, les bruits d'en bas recommencèrent. Angélus fronça les sourcils, puis se redressa à côté d'elle, maintenant tout à fait réveiller.

"Quelle heure est-il?" demanda-t-il.

Darla regarda la pendule qui reposait sur le parement au-dessus du foyer de cheminée de la chambre. Ou, plus précisément, elle regarda là où la pendule aurait dû être. Elle avait disparu.

Angélus l'avait vu aussi. "Des voleurs," dit-il. "Et toujours au rez-de-chaussée, en train de piller. Dire qu'il y a des gens qui ont une morale tellement vile dans le monde." Il sourit, un sourire vorace, affamé qui réveilla l'appétit de Darla.

Elle sourit en retour et sorti du lit, enfilant son peignoir avant de lancer à Angélus le sien. Silencieusement, ils se déplacèrent le long du sol supérieur de la villa, puis en bas des escaliers très ornés jusqu'à le hall d'entrée carrelé. La résidence était parmi les plus chics à Sighisoara et devait avoir ressemblé à une cible idéale pour les voleurs comme pour les commérages locaux qui s'étaient récemment demander sur ses nouveaux locataires, qui étaient arrivé bien plus tôt que prévu.

Les bruits venaient du salon. Darla tendit le bras pour ouvrir la porte, mais arrêta quand Angélus posa sa main sur la sienne. Elle le regarda de façon interrogative.

D'une voix basse, il dit, "Quand nous les affronterons, fais semblant d'être effrayée, comme une femme le serait. Ce sera une bonne ruse."

Angélus et ses jeux. Habituellement Darla était heureuse de le satisfaire, mais parfois, elle désirait le massacre dans sa forme la plus pure -- direct, rapide et satisfaisant. Mais pour Angélus, même une telle opportunité inattendue comme celle-ci devait être moulée en artifice. Les hommes et leurs hobbies. Sans lui répondre, Darla ouvrit la porte et entra dans le salon.

La déception n'était pas nécessaire. Il n'y avait pas de voleurs.

Au le centre de la pièce, chaque pendule de la villa avait été empilée en un tas carillonnement. Darla vit la pendule de la chambre, la pendule de la cuisine – même l'horloge avait été traînée depuis le hall et était maintenant couchée dans une positon manquante de dignité sur son côté à côté du bureau. Chaque centimètre du salon était couvert de tessons de verre brisé et de bois. Au centre de l'orgie de destruction, Drusilla était assise les jambes croisées, fracassant attentivement les pendules une par une avec les pinces de la cheminée. Elle fredonnait pour elle-même, complètement contente.

"Drusilla!" cassa Darla.

Drusilla ne répondit pas, et après une seconde Darla vit pourquoi – elle avait enroulé ses rubans de cheveux, un vert et un violet, en boule et les avait ensuite poussé dans ses oreilles. Elle prit une autre pendule – une qui avait un revêtement en noix et était probablement une antiquité – et fracassa son cadran avec bonheur. Darla remarqua avec contrariété que Drusilla portrait encore cette tenue – le basque noir velours avec la jupe tartan – ça lui donnait l'air d'une évadée écossaise folle. Elle souleva un sourcil vers Angélus, qui comprit sa signification et rit. "C'est approprié," observa-t-il. "Drusilla déteste le sommeil tueur."

N'étant pas d'humeur pour des allusions de littérature, Darla traversa la pièce et ôta les boules Quiès improvisées de Drusilla. "Qu'est-ce que tu fais?"

"Je tue le temps," dit Drusilla. "Avant que minuit n'arrive, et que nous nous transformions tous en citrouilles. Tic-tac, tic-tac, je ne pouvais pas dormir à cause du bruit." Elle regarda les rubans pendillant des doigts de Darla et les frappa espièglement, comme un chaton jouant avec une boule de ficelle.

"Tu as cassé toutes les pendules de la maison," dit Darla rageusement, agitant une main vers les décombres. "Comment sommes-nous censés dire l'heure qu'il est maintenant?" Elle marcha jusqu'à la fenêtre et ouvrit les rideaux brusquement, s'assurant de rester en arrière tandis qu'elle remarquait avec satisfaction comment Drusilla jetait ses mains devant son visage et se recroquevilla hors de la lumière. "Je sais – il y a un cadran solaire dans le jardin. Peut-être que nous allons t'envoyer dehors pour le regarder."

"Un monstre avec un coeur mécanique," murmura Drusilla. "Mais ça se transforme en chair sous le marteau, et il saignera et saignera."

Darla regarda Angélus pour du support et vit avec irritation qu'il souriait, amusé par ce qu'il voyait, sans aucun doute, comme une bouffonnerie délicieusement folle de Drusilla. Sa patience avec elle était bien plus grande que celle de Darla; tandis qu'Angélus voyait Drusilla comme un travail d'art, Darla était plus encline à la voir comme leur enfant demeuré.

La voix de Spike vint du vestibule à l'extérieur du salon. "Qu'est-ce qu'il se passe? Drusilla est partie --"

Deux enfants demeurés, pensa Darla avec aigreur. Quelle merveilleuse famille nous faisons.

Spike apparut à la porte, et il ignora la dévastation pour réconforter Drusilla. Elle s'accrocha à lui, et il caressa ses cheveux. "Que se passe-t-il, poussin? Est-ce que les pendules te disaient de méchantes choses? Comme l'abat-jour la semaine dernière?"

"Je l'ai fait pour arrêter le futur," dit Drusilla. "Il avance à toute allure vers nous et apporte de terribles choses avec lui."

"La seule chose qui t'apporte de terribles choses dans le futur prochain sera moi," dit Darla.

"Allez, Darla," dit légèrement Angélus. "Un petit peu de destruction est bon pour l'esprit. Et tire les stores, de peur que tu finisses par nous punir tous pour le petit jeu de Drusilla."

Darla ramena les rideaux ensemble si fort qu'ils craquelèrent; le dernier rayon de soleil fit quelque chose dans les débris étinceler familièrement. Darla se pencha en avant pour la récupérer et sourit avec suffisance quand elle reconnut les restes ruinés de la montre de poche en or d'Angélus. "A toi, je crois," dit-elle, la lui tendant.

Son visage se changea, s'assombrissant avec colère, et il jeta la montre à terre avec dégoût. "Notre petite pie est presque autant de problèmes qu'elle n'en vaut la peine."

"Elle s'ennuie simplement," dit Spike. "Seigneur, nous nous ennuyons tous. Nous en avons assez de ce trou de pisse provincial, assez des paysans superstitieux mâchant de l'ail, et par-dessus tout, assez de traîner dans les parages pendant que TU --" il pointa Darla, "—attends une soirée pleine de robe de fantaisie où tu ne prévois même pas de tuer N'IMPORTE QUI et TU --" maintenant il pointa Angélus, "—projette un de tes meurtres théâtraux qu'un VRAI vampire pourrais gérer en mois de temps qu'il ne faut pour moucher une bougie."

Angélus grogna. Il saisit Spike par le cou, le soulevant et le clouant contre le mur du salon. "Si j'étais toi, je ne parlerai pas si librement d'être mouché. Ca pourrait me donner des idées."

Spike, incapable de répondre à cause de la main sur sa gorge, ne fit que sourire, avec une touche de nervosité. Après un moment Angélus, apparemment satisfait d'avoir gagner l'argument, le laissa glisser sur le sol. "Hors de ma vue. Tous les deux."

Drusilla eut l'air mélancolique devant son bannissement, mais Spike souriait alors qu'il se relevait. Il était toujours heureux, remarqua Darla, d'éloigner Drusilla d'Angélus, pour réserver son attention exclusivement pour lui. "Ca sera un plaisir," dit-il. "Qu'est-ce que tu en dis, amour? C'est encore assez tôt pour sortir. Nous allons nous promener dans les ombres jusqu'à la cathédrale, et puis casser la croûte toute la journée sur les gens pieux."

Il aida Drusilla à se lever et la guida jusqu'à la porte. Mais comme ils passaient à côté d'Angélus, Drusilla s'arrêta, refusant de bouger même quand Spike tira son bras. Elle plaça un doigt osseux au milieu du torse d'Angélus. "Papa a encore un reflet. Il baisse les yeux sur la petite fille morte, et il a des gardes – une dame avec les cheveux courts, et une dame avec les cheveux longs, et un homme qui n'a pas de cheveux du tout. Le reflet passe ses mains dans un miroir pour t'atteindre, et ils sont tous affectés, et il veut que tu sois aussi affecté."

Darla fit un bruit d'exaspération. Parfois Drusilla sonnait encore plus insensée que les standards de Drusilla. Angélus était celui qui essayait le plus dur – et avait le plus de succès – à trouver la méthode occasionnelle pour la folie de Drusilla, mais même lui secouait simplement la tête devant ça.

"Allez, Drusilla," dit Spike comme il la tirait hors du salon. "Les gens pieux sont tout chauds et nous attendent."

"Des brioches chaudes en forme de croix," dit Drusilla, ayant déjà retrouvé la gaieté, alors qu'ils s'éloignaient trop loin pour qu'on puisse les entendre.

Angélus secoua la tête. "Le temps qu'il faut pour moucher une bougie. C'est ce que Spike pense être une durée appropriée pour le plaisir. Pas étonnant que nous essayons toujours de faire sortie Dru de notre lit pour aller dans le sien."

Sa patience à bout et son humeur noire, Darla le cassa. "Il est fatigué de tes amateurs théâtraux," dit-elle.

"Je ne m'attends pas à ce que Spike comprenne la différence entre le plaisir et l'art – mais toi, Darla," Angélus secoua la tête. "C'est toi qui m'a apprit cela. Ce théâtre n'est pas le travail d'un amateur. Et le timing est tout."

"Peut-être," dit Darla, ne faisant aucun effort pour cacher son irritation, "que tu devrais encore m'expliquer l'intrigue."

Angélus commença à arpenter le salon, les pieds craquant sur les rouages et le fils de fer et les aiguilles. "Lord Percival Dalton croit qu'il est un chasseur de vampire. En effet, il est devenu obsédé avec les créatures depuis qu'il a lu un roman récemment publié par Mr. Stoker."

"Ce nègre." Darla roula les yeux. "C'est si aveuglément évident qu'il n'a même jamais rencontré Dracula. Si c'était le cas, il n'aurait pas été à moitié aussi impressionné."

"Lord Percy a fait tout le chemin de sa confortable résidence à Londres jusqu'au cadre du livre, la Transylvanie, pour trouver des vampires. Et, par une heureuse coïncidence, il s'est lié d'amitié avec un gentleman avec des intérêts similaires." Angélus fit une basse révérence, comme pour s'introduire lui-même. "Cette nuit, je m'attends à recevoir une invitation pour dîner avec Lord Percy dans sa maison. Je lui ai donné la raison de croire qu'une telle invitation devait être prolongée, j'utiliserai l'occasion de le présenter à un authentique vampire."

"Cette déception t'amuse peut-être, mais je commence à m'ennuyer en attendant que tes plans élaborés se réalisent. Pour une fois, ne peux-tu pas simplement tuer quelqu'un sans en faire un spectacle?"

"Il faut une seconde pour arrêter un cœur de battre. Pour détruire une vie il faut du temps et de la planification." Angélus arrêta ses cent pas, et attira Darla dans ses bras. "Tu comprends ça."

Ses mains se posèrent dans le bas de son dos, et puis commencèrent à glisser vers le bas. Darla n'était pas d'humeur et se tortilla loin de lui. "Je comprends que quand je désire un peu de nouveauté, je dois la créer moi-même. Tout juste la nuit dernière, je t'ai apporté la traînée bohémienne. Je ne t'ai pas entendu parler des bénéfices de la planification tandis que tu prenais sa vertu et son sang. Quels cadeaux m'as-tu apporté récemment?"

"J'ai payé ces idiots pour la chambre à l'hôtel," dit Angélus. "Où nous allons emballer nos affaires et déménager demain, même bien que nous soyons plutôt bien installés ici. Pourquoi? De sorte que tu puisses avoir ta vue minable et être un demi miles plus proche du grand bal de demain soir, où tu porteras toute la parure que je t'ai apportée --"

"Des robes. Des chambres d'hôtel." Darla faisait les cent pas. "Les sortes de banalités que n'importe quel mortel pourrait accorder à son épouse. Ce ne sont pas des cadeaux. Ce n'est rien de moins que ce que je mérite."

"Tu refuses d'être satisfaite," dit rageusement Angélus.

"Et tu refuses de me satisfaire!"

"Qui êtes-vous?" dit une voix étrange, féminine. "C'est intolérable! Edgar, viens ici tout de suite!"

Darla se retourna vivement, surprise par la voix inattendue. Une femme se tenait sur le seuil du salon, leur lançant un regard noir à elle et Angélus avec du dédain hautain.

Un homme, avec une irritante déférence Anglaise de manière et de mauvais goût pour la coupe des vêtements, entra pour rejoindre la femme plus vieille. Derrière eux, Darla pouvait voir quelques personnes se déplacer, amenant des coffres et des caisses dans le hall d'entrée de la villa.

"Edgar," dit la femme, "Ces gens ne devraient pas être là. Fais-les partir."

"Là, Mère," dit l'homme, "Je suis sûr qu'il y a une explication parfaitement raisonnable." Il regarda autour de lui les pendules démolies gisant sur le sol, avant de décider, apparemment, que la politesse exigeait de faire semblant de n'avoir rien remarqué qui clochait. "Je suis atrocement désolé à propos de ça, mais il semble y avoir une sorte de mélange --" Abruptement, il s'arrêta, et à la surprise de Darla, sourit largement à Angélus. "Tiens, mon cher camarade, comme c'est excellent de vous revoir. Je ne vous avais presque pas reconnu hors de votre costume. Et quelle perruque formidable! Assez sauvage, vraiment dans l'esprit de Robinson Crusoé, quoi? Elspeth, viens ici – c'est notre bon ami l'acteur."

Une autre femme – jeune et douceur suintante, docilité et toutes les autres qualités que Darla détestait à propos de son sexe – se précipita pour rejoindre l'homme. "Quelle merveilleuse surprise," jailli-t-elle. "Par quel moyen êtes-vous arrivé avant nous?"

"Une autre de tes fourberies amusantes, Angélus?" demanda Darla avec lassitude.

Mais il secoua la tête. "Je ne connais pas ces gens."

"Biensûr vous vous rappelez," incita l'homme. "Nous nous sommes rencontrés sur la route. Vous avez chanté cette chanson sur le petit bateau, et le naufrage --"

"Et les noix de coco," ajouta la jeune femme.

Darla les fixa, puis fixa Angélus. "Il a chanté une chanson sur – les noix de coco?"

"Ce n'est pas vrai," cassa Angélus.

"Edgar," dit impérieusement la femme la plus vieille. "Quand vas-tu dire à ces intrus de sortir de notre maison?"

"VOTRE maison?" répéta Darla. "Oh, non. Je ne crois pas."

"Elle l'est pour six semaines," dit la femme. Ses manières étaient supérieures, son ton arrogant, comme si le monde avait une obligation de se conformer à la vue qu'elle en avait. "Nous la louons. Vous ne devriez pas être ici."

"Les locataires précédents ne sont pas partis," dit doucement Angélus. C'était vrai, après une mode; leurs cadavres desséchés étaient scellés dans des tonneaux dans la cuisine.

Soudainement, Darla en avait assez d'eux tous. Assez des petits humains idiots qui ne comprenaient pas que leur importance commençait et finissait avec le fluide rouge dans leurs veines. Assez des bouffonneries folles de Drusilla, des impudences constantes de Spike, des petits jeux obsessionnels d'Angélus. Plus que tout, elle en avait assez de la monotonie écrasante, immuable de sa récente existence.

"Je retourne au lit," annonça-t-elle. "Quand je me réveillerai, j'escompte que ceci --" elle fit un geste vers le désordre sur le sol, "— et eux --" elle pointa les trois personnes debout sur le seuil, "— sois partis. Plus de surprises déplaisantes."

Angélus lui lança un regard noir. "Et moi qui pensais que tu désirais des nouveautés."

Darla ne lui répondit pas; à la place elle fila hors du salon, passa la nouvelle pile déposée de bagages dans le hall d'entrée, et monta les escaliers. Derrière elle, elle pouvait entendre la voix d'Angélus alors qu'il prenait soin de leurs invités inattendus.

"Vous voyez, maintenant -- louer. C'était une erreur. Vous avez bien plus de droits dans une maison en tant que propriétaires qu'en tant que locataires. Par exemple, le droit de refuser à quelqu'un la permission d'entrer --"

Même les sons de cris qui suivirent ne furent pas assez pour calmer le mauvais tempérament de Darla.


"Ok, donc, je sais que le look paysan est de retour à la mode," dit Cordélia à Fred. "Mais je ne crois pas que ça le serait si les gens devaient porter de vrais sous-vêtements de paysans."

Fred grimaça légèrement comme elle acquiesçait. L'inconfort de côté, cependant, c'était plutôt intéressant de porter ces vêtements, si différents de ceux qu'elle avait l'habitude de porter. Elle avait une longue jupe lourde qui tombait presque jusqu'au sol, des chaussures en tissus et une blouse relâchée; ses cheveux étaient tressés au dessus de sa tête dans un style plus compliqué qu'elle n'avait jamais essayé. Les bohémiens n'avaient que les plus petits miroirs de poches, donc Fred n'avait aucune idée de ce à quoi elle ressemblait. Mais en voyant l'amusement sur le visage de Charles, elle suspectait que l'effet d'ensemble était plus qu'un peu idiot.

Cordélia, comme d'habitude, faisait que ça ait l'air joli. La jupe qui traînait autour des jambes de Fred, coulait autour de celle de Cordy, et les plis de la douce blouse paysanne drapaient les meilleures courbes de sa silhouette. Le foulard attaché autour de sa tête pour cacher ses cheveux courts était brillamment coloré et plein de motifs. Mais le visage sous le foulard avait tout de même l'air pas content. "Je veux dire, qu'est-ce que C'EST?" marmonna Cordy, tirant d'une manière peu digne le matériel sous sa jupe. "Une toile d'emballage?"

"Au moins vous AVEZ des sous-vêtements," dit Charles.

"Tu entres maintenant dans la zone TMI," dit Cordélia. "Je dois dire cependant qu'ils ont fait un job plutôt bon à t'emballer autrement." Avec la veste au col haut, le cache-col, les gants et le chapeau aux bords larges que Charles portrait maintenant, il y avait vraiment peu de son ton de peau décidément non Roumain qui était montré. Fred gloussa comme Charles posait, comme un mannequin, dans ses habits de bohémiens; elle frappa des mains, sentit la bague en or qu'elle avait glissée à un doigt et redevint silencieuse. Elle baissa les yeux sur la bague, leur seul et unique ticket retour vers le présent – en présumant qu'il y avait toujours un présent vers où retourner.

Angel avait seulement mis une veste sur ses vêtements normaux; si les choses allaient suivant le plan – dans la mesure où ils avaient un plan, se rappela Fred – il ne serait vu par personne jusque après la nuit, si pas tout court. Il arpentait la tente où ils se tenaient à l'instant même, agité et mal à l'aise, et Fred suspectait que ça avait peu avoir avec le fait qu'il n'était protégé du soleil que par un drap de toile. "Revoyons ça, ok?"

Ils avaient fait peu à part revoir ça tout le matin, mais Fred pensa que c'était plus sage de le ménager. "Biensûr. Reprends depuis le début."

"Non, je veux que vous repreniez depuis le début," dit Angel. "Pas à pas. Allez."

Pendant un bref moment, ça fit penser Fred à Wesley, les drillant sur les détails d'une affaire. Elle mit cette pensée de côté, prit une profonde respiration et parla. "Drusilla – la Drusilla du vieux temps, celle qui a réellement sa place à ce siècle – elle a quitté la maison où vous restiez tous au petit matin avec le vampire nommé Spike."

Charles reprit l'histoire. "Il n'y avait pas beaucoup de façon pour entrer dans cette maison excepté tôt le matin et après le coucher du soleil. Donc Dru – celle qui appartenait au 21ème siècle – comment on l'appelle? La nouvelle Dru? Dru Deux?"

Angel eut l'air légèrement peiné. "Continue simplement."

"Dru n'aurait pas pu entrer aussi tôt que ce matin, et donc elle ne peut pas y retourner pour te prévenir ou pour faire quoi que ce soit avant ce soir," dit Gunn. "Donc elle ne peut pas faire son mouvement avant le couché du soleil."

"Car ça se passe comme ça," contribua Cordélia, "le couché du soleil est justement le moment où un certain Fléau de l'Europe entre conflit avec sa petite amie et annonce qu'il sort pendant un moment, pour – où est-ce que tu as dit que tu allais quand tu as quitté Darla?"

"Je ne l'ai pas dit." Angel fronça les sourcils. "Je me souviens m'être disputé avec Darla, et je me souviens être parti, mais je ne me souviens pas d'où j'allais. Mais la partie importante est que je suis parti."

Charles lança un regard inquiet à Fred. Elle combattu l'envie de le retourner, bien que son estomac était noué de peur. L'opération entière dépendait sur la capacité d'Angel à se souvenir de détails exacts sur la nuit la plus traumatisante et confuse de son existence. Et s'il se trompait?

Cordélia dit rapidement, "Disons juste que tu sortais – je veux dire, Angélus sortait – pour une promenade au clair de lune. Mais pendant qu'Angélus admire les étoiles, il est attaqué par les bohémiens. Ils le traînent dans les bois, tout le chemin jusqu'au camp, et boom! La malédiction fait sauter les dés."

"Drusilla aurait entendu de cette histoire par Darla," dit Angel. "Je lui ai raconté un peu du reste moi-même en 1998. Donc elle sait où elle a besoin d'être."

"Quelque part entre ta porte de devant et les bohémiens," dit Fred. "Donc tout juste dehors devant ta porte est là où nous devons être."

"Tu vois, Angel?" dit Cordélia. Elle parlait gaiement, mais Fred pouvait entendre le ton plus gentil sous ses mots. "On connait la manoeuvre. On sait ce qu'on fait. On est prêt."

Angel se redressa un petit peu et sourit réellement à Cordélia. "Ouais," dit-il. "On l'est." Il jeta un coup d'œil aux autres. "Vous avez assez dormi? Avez eu beaucoup à manger ?"

"Trop d'adrénaline pour faire plus que la sieste," dit Fred. "Et nous avons mangé. Ce goulache était le – meilleure des goulache."

"Donc, maintenant on doit appeler pour notre wagon," dit Gunn. Il n'avait pas l'air heureux. "Est-ce que c'est un de ces bohémiens qui va nous conduire?"

Cordélia haussa les épaules. "Je sais monter, mais je n'ai jamais essayé de conduire un wagon ou un carrosse ou quoi que ce soit. Donc je suppose qu'il vaut mieux qu'on demande."

Gunn eut l'air encore moins heureux. "Je préférerais avoir quelqu'un qui, la plupart du temps, nous ne voudrait pas mort derrière le volant. Enfin, pas 'volant,' vraiment, mais --"

"Je peux tenir les reines," dit Fred. Quand les autres la fixèrent, elle haussa les épaules. "Mon grand-père avait des chevaux dans sa ferme."

"Tu as appris à tenir des chevaux au Texas," dit Cordélia. "Vous voyez, je SAVAIS que les états de survol avait un but."


Les souvenirs étaient des rêves, sans substances et changeant toujours, et à qui on ne pouvait pas faire confiance. Mais il y en avait quelques uns, très peu, qui ne changeaient jamais, qui étaient, d'une façon ou d'une autre, plus réels que le reste.

Dru se souvenait d'un temps avant le froid et la faim et la confusion constante, un temps où tout avait beaucoup plus de sens que maintenant. Elle se souvenait du goût du pain trempé dans de le doux lait chaud, mangé assise aux pieds d'une vieille femme à qui les pouces cliquetaient comme elle tricotait. Elle se souvenait avoir soulever les aiguilles elle-même et avoir pleurer quand le motif délicat de fil s'était désintégrer dans ses doigts maladroits. Elle se souvenait d'une voix gentille lui disant, "Tout le motif tient par une seule maille, ma chérie. Lâches-en une, et tout ce démaille."

Changez une maille, et tout tombait en morceau. Une maille dans le temps...

Dru baissa les yeux sur la bague dorée qu'elle avait glissée à son doigt pour bonne garde. C'était l'aguille, et le temps était le fil. Elle allait changer cette seule maille.

Papa reviendrait. Ou alors ne partirait jamais.

La cathédrale était silencieuse: en cet après-midi acre de Novembre, la plupart des gens pieux avaient décidé de choisir la chaleur de leur maison sur la piété. Dru n'avait pas froid – elle avait rencontré un gentil monsieur qui lui avait donné sa cape de laine et son agréable sang chaud. Son ventre était rempli et sa tête bourdonnait alors qu'elle descendait les allées centrales, des frissons parcourant son dos à cause du savoir qu'il y avait des croix derrière elle. Elle n'était pas précisément sure de ce qui était censé se passer, mais ça ne la concernait pas -- Dru ne planifiait jamais plus loin que son prochain pas, et néanmoins, d'une façon ou d'une autre, elle était toujours où elle devait être.

Elle su qu'elle était au bon endroit, une nouvelle fois, quand elle entendit son nom être prononcer.

"Allez, Drusilla. Je sais que quelque chose ne va pas. Tu peux me dire ce que c'est. Tu peux le dire à Spike."

Elle s'abaissa derrière un banc d'église et attendit. Quand Spike et l'autre Drusilla apparurent, elle recula encore plus dans les ombres et les observa. Les cheveux de Spike avaient encore cette vieille couleur ennuyante, et la elle-qui-n'était-pas-elle portrait cette jolie jupe en tissu écossais, celle qui lui faisait penser aux chardons et aux poignards et aux décapitions. Dru se souvenait l'avoir portée, et elle était là, la portant. C'était comme l'une des ces histoires amusantes, décida-t-elle, celles que Spike avaient l'habitude de fixer sur la boîte télévision brillante, les histoires de personnes qui n'étaient pas réelles. Drusilla pensaient que c'était des histoires idiotes – pourquoi est-ce que quelqu'un serait intéressé par des personnes qui n'étaient pas réelles? Cette histoire était bien mieux, parce que c'était réel, et parce qu'elle allait la changer.

"Tu n'as pas aimé le vagabond?" Spike donna une tape à sa bouche avec un peu de répugnance. Leurs pas faisaient échos sur la pierre. "Je ne te blâme pas. C'était du pinard bon marché qu'il avait bu. Il y a un petit arrière-goût, là."

L'autre Drusilla regarda par-dessus l'épaule de Spike, et ses yeux rencontrèrent ceux de Dru. Au début Dru se sentit confuse – puis elle sourit à l'autre Drusilla. L'autre Drusilla hésita, puis sourit en retour.

"Spike," chuchota l'autre Drusilla, "J'ai froid. Tue-moi quelque de chaud. Quelque chose d'agréable."

D'où elle se tenait, Dru pu voir Spike sourire alors qu'il mettait son doigt sous le menton de l'autre Drusilla, relevant sa tête vers lui. "Ca ressemble plus à ma chérie. Attends ici. Je vais essayer de trouver quelqu'un qui a un peu moins bu. Ou du moins un peu moins dangereusement. Je suis sûr qu'il y a un gentil prieur ou un moine en bas." Il fit une pause. "Une catégorie particulière? Très bien. J'y vais alors."

Il disparut dans les chambres extérieures de la cathédrale, et Dru s'approcha, sortit des ombres des bancs d'église. Elle fit un signe à l'autre Drusilla, qui fit des bonds sur ses pieds et frappa des mains de joie. "Il y a deux moi!" dit l'autre Drusilla. "Te souviens-tu des choses vers l'avant, comme moi?"

"Et vers l'arrière," dit Dru. "Mais j'ai plus d'arrières que toi."

L'autre Drusilla hocha la tête. Abaissant sa voix, elle chuchota, "Il s'en ira. Bientôt. Papa s'en ira, et aucun d'eux ne s'en soucie."

"Il ne reviendra pas jusqu'à ce qu'il soit heureux," lui raconta Dru, prenant les mains de l'autre Drusilla dans les siennes. Elles étaient froides et pâles et exactement comme les siennes.

"Qu'est-ce qui le rend heureux?"

"Une tueuse," dit Dru. "Une tueuse dans ses pensées et son coeur et son lit. Et Spike suivra."

Les yeux de l'autre Drusilla se remplirent de larmes. "Je suis une bonne fille. Ne suis-je pas une bonne fille?"

"Ne te tourmente pas, jolie. Toutes les mailles vont se défaire."

L'autre Drusilla eut l'air pleine d'espoir, mais incertaine. "Comment?"

Dru lâcha les mains de l'autre Drusilla. "Comme ça," dit-elle, puis elle la frappa sur la tête.

Les yeux de l'autre Drusilla roulèrent dans leur orbite, et elle glissa sur le sol de pierres dures et froides de la cathédrale. Dru la prit par les chevilles et la traîna dans un confessionnal. Une fois qu'elles furent hors de vue, elle commença à déboutonner la cape de velours de l'autre Drusilla, suivie par le basque et la jupe et les couches de jupons et le corset qu'elle portait en dessous. Les corsets étaient si rigides, et ils faisaient si mal. Oh, comme les corsets lui avaient manquée. Et quelle jolie, jolie peau elle avait. Quelles jolies marques Spike et Darla et Angélus avaient faites. Peut-être qu'elle aurait encore de si jolies marques bientôt.

Les derniers boutons glissèrent dans leur boutonnière juste au moment où elle entendit des pas approchés. Dru recula dans l'église au même moment où Spike tournait au coin, tirant un homme à moitié inconscient avec des cheveux noirs et une peau basanée derrière lui. Il souriait, manifestement content de lui. "Tu voulais quelque chose de chaud – celui-ci était aux commandes des épices pour la cuisine du monseigneur. Du moins, ça expliquerait le paprika." Il remarqua les pieds sortant du confessionnal et eut l'air déçu. "Oh, tu as déjà mangé."

"Juste un goût," lui dit Dru. Elle plissa le devant de sa robe. "Est-ce une jolie robe, Spike?"

Spike lâcha le cuisinier, qui s'effondra sur le sol avec un gémissement de douleur. Il vint près de Dru, la prit par les épaules et l'embrassa profondément. Elle sentit le frémissement d'être adorée, comme elle le méritait. "Biensûr que ça l'est, amour."

Elle lui sourit. "Les jolies robes me manquaient. Je n'aime pas m'habiller comme un homme."

Spike rit. "Tu devrais essayer. C'est un peu piquant. Mais si tu penses que je vais mettre un corset et un affairement, réfléchi encore." Le cuisinier gémit encore et essaya désespérément de ramper loin d'eux. Spike l'arrêta en mettant sa botte sur la main de l'homme. "Tu en veux un peu? Avant que ça ne refroidisse?"

"Garde-le pour plus tard," dit Dru. Elle tendit son bras et sourit quand Spike le prit. Comme ils commençaient à s'éloigner, elle dit, "J'ai rêver qu'il y avait une autre moi. Une moi qui n'était pas moi. Pourrais-tu tuer un autre toi?"

Spike réfléchi pendant une seconde. "Quelqu'un qui me ressemblait, tu veux dire? Ouais, j'estime je pourrais." Il sourit. "Je ne le ferais pas cependant. Je garderais le pédéraste dans les parages un petit peu, voir à quoi je ressemblerais avec des cheveux différents, m'assurer que mes vêtements aient l'air bien, ce genre de choses. Ce serait comme un miroir que tu pourrais mutiler."

"Les miroirs ont des bords pointus, et ils coupent," dit-elle. "Les bords pointus sont venus s'écraser sur ma tête, seulement ce n'était du tout ma tête."

"C'est une charmante histoire, poussin," dit distraitement Spike.

"Oui, l'histoire est charmante," dit béatement Dru, "maintenant je la raconte."