Chapitre Cinq
Drusilla regarda par la vitre du magasin de porcelaine. Elle pouvait voir Spike, courant en un cercle fou. Et Drusilla pouvait voir son reflet, portant les vêtements qui lui appartenaient. Sa jupe favorite, celle avec le motif écossais que Grand-mère avait dit que ça lui faisait mal à la tête.
Mais là tout de suite c'était la tête de Drusilla qui faisait mal. Tous les plats volant dans le magasin de porcelaine, se brisant en mille morceaux et créant une sorte de blizzard de porcelaine brisée. Tant de fracas. Drusilla n'aimait le fracas que quand elle faisait les choses se fracasser. Là, alors, l'elle aimait beaucoup.
Est-ce que la tête de son reflet faisait mal, aussi? Elle avait la même tête que Drusilla, après tout. Elles avaient toutes les deux de longs cheveux sombres avec des jolies boucles, et elles pouvaient toutes les deux voir à la fois en arrière et en avant, et Spike ne semblait pas du tout capable de dire la différence entre elles.
Spike riait avec son reflet maintenant. Leurs bouches étaient toutes ensanglantées.
"Ils ont eu une jolie fête," dit Drusilla, fronçant les sourcils. "Aucune invitation n'a été envoyée, et je n'ai pas de gâteau."
Elle voulait demander à son reflet pourquoi elle avait échangé leurs vêtements. Elle voulait également demander à Spike laquelle il préférait – ou peut-être qu'il les aimait toutes les deux. Drusilla prit un moment pour envisager comment ça pourrait être, et frissonna de plaisir. Elle sourit. "Une fête, une fête. Des biscuits pour tout le monde."
Mais comme Drusilla commençait à sautiller vers la porte du magasin de porcelaine, elle commença à voir à nouveau vers l'avant. Elle gela sur place et agrippa les côtés de sa tête. Trop de choses à voir – toutes enfermées à l'intérieur de sa tête, et sa tête était prête à éclater -- "Papa?" haleta-t-elle.
Angélus courait. Il était dans la rue derrière le théâtre, l'endroit avec tous les beaux costumes et les gens qui chantaient pour leur souper. Mais il n'était pas seul, oh non, oh non. Ils l'attendaient. Une foule avec du feu et des sortilèges terribles, et ils étaient un filet, et Angélus était un poisson. Elle pouvait le voir, le seul point de clarté dans le maelström de l'œil de son esprit. Il se tortillait et convulsait comme s'il était accroché à un hameçon.
Ils allaient lui faire de terribles choses. Pas le tuer. Pire que le tuer, tellement pire --
"Papa!" pleurnicha-t-elle encore. Elle oublia son reflet, la fête, tout sauf qu'elle devait aller aux côtés d'Angélus.
Désespérément, frénétiquement, elle commença à courir.
"Tu es sure que tu vas bien?" dit Spike. "Ca semblait être une méchante."
"Trèèèès méchante," dit Dru, desserrant ses poings de ses cheveux. Elle avait encore eu des tessons de porcelaine dans ses mains quand la vision l'avait rattrapée, et maintenant leurs bords cassés avaient coupé ses mains. Souriant, elle tendit ses paumes vers Spike, qui commença à faire quelque chose entre les embrasser et les lécher. D'une façon ou d'une autre, elle aimait ça.
Entre ses coups de langue, Spike dit, "Qu'est-ce que c'était, de toute façon? Tu criais quelque chose d'affreux à propos d'Angélus. Ne me dis pas que son petit théâtre s'est mal passé." Il ricana. "Pas que ça me dérangeait de sortir ses fers du feu, le regarder essayer d'expliquer tout ça."
"Il est dans le feu maintenant," dit tristement Dru. Elle savait qu'elle ne devait pas partir cette fois, mais c'était dur, si dur. Pauvre Papa. "Ca sera trop chaud pour lui de rester dans la nuit avec nous. Il devra aller dans la journée, peu importe à quel point ça brûle."
"C'est de la musique pour mes oreilles," dit Spike, passant à ses doigts. Sa langue tremblotant sur une articulation.
"Je suis allée vers lui avant," dit-elle. "Quand il n'y avait qu'une moi. J'y suis allée, mais c'était trop tard, et il y avait tant de pleurs. Je l'ai suivi dans la forêt, et j'étais toute seule, et personne n'était là pour stopper mes larmes." Dru baissa les yeux sur Spike avec un vague mécontentement. "Tu t'étais trouvé un voyageur de commerce, et tu jouais avec ses marchandises."
"Ca semble amusant," dit Spike avec douceur, n'essayant pas de la comprendre. Puis il se redressa et fronça les sourcils. "Quand tu dis ' marchandises,' est-ce un euphémisme?"
Dru ne pensait pas au vendeur. Il ne s'était pas produit. D'autres choses se produiraient. Certaines seraient vraiment douloureuses à voir, vraiment effrayantes, mais elles feraient que son histoire sorte enfin juste.
"Je ne serai pas seule dans la forêt cette fois," dit Dru.
Angélus marchait facilement à travers les rues jusqu'au théâtre. Il faisait une pause de temps en temps, lançant un regard par-dessus son épaule, puis secouait la tête et continuait son chemin.
Quelques moments après un regard en arrière, Cordélia, Fred, Gunn et Angel se relevèrent tous de derrière la petite carriole derrière laquelle ils s'étaient cachés. "C'était pas loin," dit Gunn d'une voix basse. "C'est comme s'il savait qu'il est suivi."
"Il sent un vampire," dit Angel.
"Où ça?" dit Cordélia, regardant autour d'elle. Tout le monde la fixa et elle croisa ses bras sur sa poitrine. "Je pense que nous avons des choses plus importantes à faire que de se moquer de moi pour avoir dit ça."
Fred se tourna vers Angel. "Si tu déclenches son radar de vampires ou son sonar ou quoi que ce soit, peut-être que tu devrais rester plus en arrière et nous laisser le suivre."
"C'est trop important," dit Angel, secouant la tête. "Je ne peux pas m'asseoir là et espérer que les bohémiens arrivent à accomplir la malédiction. Je dois faire quelque chose."
Cordélia prit ses bras dans ses mains. Elle pouvait sentir la tension toujours enroulée en lui; il était désespérer de frapper, d'agir. "Si le 'quelque chose' que tu fais est tuyauté Angélus pour le piège, alors ça n'est pas si génial, pas vrai? Ne t'en fais pas, cow-boy."
"Cow-boy," répéta Angel, regardant le ciel. Elle ne pouvait pas dire si elle l'avait amusé ou contrarié. Tant que ça l'empêchait de faire quelque chose de stupide, Cordélia prendrait n'importe quelle option.
"D'accord," dit Gunn. "Pensons stratégiquement, ok? Je connais peut-être que dalle sur Sighisoara ou la Roumanie ou les bohémiens et tout, mais je connais le combat de rue, et c'est ce qui est sur le point de se produire ici."
Fred sourit à Gunn, son visage exprimant à la fois de la surprise et du soulagement. Angel ne dit rien pour donner son accord, mais il écoutait calmement, toujours un bon signe. "Stratégie," dit Cordélia. "La stratégie est bien. Sauf que – peut-être qu'on pourrait 'stratégiser' et marcher en même temps? Il s'éloigne de nous."
Ils commencèrent à suivre la silhouette sombre devant eux, restant dans les ombres. "Il va tout droit vers le théâtre," dit Gunn.
"Nous pensons qu'il y va," dit Angel. Il fixait droit devant la version de lui-même du passé. Cordélia savait que la vision de nuit d'Angel était beaucoup mieux que celle d'un humain, mais à moins qu'il ait une sorte de vision-brouillard de vampire qu'il n'avait jamais mentionné, elle doutait qu'il pouvait voir Angélus plus facilement qu'elle. Une légère brume se formait, et pour Cordélia, Angélus était une silhouette trouble et indistincte. "Il pourrait décider de faire un meurtre sur une impulsion à tout moment," dit Angel.
"Il ne peut pas tuer quelqu'un d'autre!" chuchota Cordélia. "On a déjà fait des sottises avec l'histoire une fois. C'est assez de sottises. On a plus besoin de sottises."
"Ce n'est pas pour dévaluer les vies des citoyens Roumains innocents," dit Fred, "mais ne devrions-nous pas faire attention pour Drusilla?"
Cordélia grogna. "Elle a déjà fait son dégât."
"On ne le sait pas," dit Angel. "Elle continue peut-être de surveiller jusqu'à ce qu'elle soit sure que le danger soit passé, et il n'est pas passé."
"Donc, deux objectifs," dit Gunn. "Garder Angélus sur son chemin, et ne pas laisser Drusilla ou quelqu'un d'autre s'approcher de trop. Quelqu'un qui n'est pas un bohémien qui porte de la rancune, je veux dire."
Cordélia réalisa qu'ils marchaient déjà un peu plus vite, le but conduisant leur pas. La forme d'Angélus était un peu plus claire. Elle souleva le bord de sa jupe lourde dans sa main. "On prend quelle position?"
Angel dit, "Je resterais aussi loin derrière que je peux, au cas où je le tuyauterais. Gunn, il ne reste que toi."
"Et moi," fit Cordélia. Quand Angel la fixa, elle dit, "Combattante entraînée, tu te rappelles? Je sais tout ce qu'il sait, parce que tu sais tout ce qu'il sait, et tu m'as appris tout ce que – bon sang, je peux y arriver."
"Je n'aime pas ça," dit Angel, mais à sa surprise il continua ensuite, "mais je n'aime rien de tout ça. Fred, toi et moi, on restera sur le côté. On éloignera les gens loin de lui, et si on voit Drusilla – on la tuera."
L'hésitation dans sa voix était si légère que Cordélia était sure Fred et Gunn n'avaient pas remarqué. Quand elle regarda le visage d'Angel – sévère avec résolution -- Cordélia se demanda si elle l'avait imaginée. Elle dit seulement, "Allons-y."
Des vrilles de brume frisaient le long de la rue à l'extérieur du théâtre, brouillant les contours des bâtiments et prêtaient à la nuit une touche mystérieuse, presque sinistre. Angélus releva ses lèvres avec un amusement désabusé devant cette pensée – après tout, ça n'était pas le brouillard qui rendait cette partie particulière de Sighisoara plus dangereuse qu'ailleurs. C'était lui.
Néanmoins, quelque chose sur la façon dont le brouillard tourbillonnait et se soulevait, déformant les formes familières de la reconnaissance, inquiétait Angélus, et il n'était pas sûr du pourquoi. Le sens vague qu'un autre vampire était proche n'était pas nouveau – l'Europe de l'Est grouillait de vampires, la plupart d'entre eux avaient à peine fait un pas de plus des paysans ignorants, mal élevés qu'ils avaient été par le passé et qu'ils chassaient maintenant. Non, c'était le sens bizarre de familiarité qui le dérangeait -- pas Darla ou Drusilla ou Spike, ou même Penn, si par une fâcheuse coïncidence il était aussi venu en Roumanie. C'était quelque chose d'autre, quelque chose qui était à la fois plus familier et plus étranger qu'eux tous.
Des pensées ridicules. Darla avait toujours dit qu'il était trop enclin à la réflexion, et pour une fois Angélus était enclin à être d'accord avec elle. Il tendit le bras pour prendre sa montre de poche, avant de se souvenir de la fête de destruction des pendules de Drusilla. Hé bien, ce n'était pas grave – il pouvait assez bien dire l'heure par la hauteur de la lune d'argent au-dessus de la brume. Lord Dalton était en retard, et contrairement aux vampires fictifs qui avaient attrapé l'imagination du Monseigneur, Angélus n'avait pas d'amour particulier pour les cachettes dans les allées froides et humides. Pas quand un feu crépitant, un lit confortable et une femme docile – pour le moment, du moins – l'attendaient à la villa.
Demain, Angélus jouerait à nouveau le rôle de l'ami contrit. Demain, il gagnerait son invitation dans la maison de Lord Dalton. Ce soir, il s'ennuyait simplement et il était irrité, et pas d'humeur pour les jeux d'acteur.
Il commença à s'éloigner du théâtre.
Le réservoir de pluie contre lequel Cordélia se serrait était presque aussi grand qu'elle et facilement assez large pour dissimuler elle et Gunn. C'était aussi, malencontreusement, humide et froid et plus qu'un peu gluant. Pendant que Gunn regardait autour des bords courbés du réservoir, Cordélia se concentrait pour ne pas avoir de la vase verte sur ses vêtements empruntés.
"Le brouillard devient plus épais," dit Gunn. "Je ne peux rien voir là-dehors."
"Tu vois Drusilla?" demanda Cordélia.
"Non."
"Tu vois les bohémiens?"
"Non."
Cordélia soupira. "Enfin, au moins tu peux voir Angélus."
"En fait," dit Gunn après une seconde, "Je ne peux pas."
"Quoi?"
Cordélia se poussa à côté de Gunn et regarda autour des côtés du réservoir de pluie avec lui. Elle vit directement ce qu'il avait voulu dire à propos du brouillard – la brume légère qui était descendue pendant qu'ils avaient suivi Angélus jusqu'au théâtre était maintenant une obscurité trouble à travers laquelle il était impossible de discerner beaucoup de chose. "Où est-il allé?"
"Il est probablement toujours là. C'est juste qu'on ne peut pas le voir."
Cordélia loucha, essayant de discerner des formes précises dans la brume. Mais à chaque fois qu'elle pensait voir la silhouette d'un homme, les vapeurs sinueuses du brouillard révélaient que c'était quelque chose d'autre – un tas de cageots ou un sac qui pendait à un crochet. Elle sentit un coup d'anxiété comme elle réalisa que la rue à l'extérieur du théâtre était vide. Angélus était parti.
"Il n'est pas là." Elle frappa Gunn sur le bras. "Il était là il y a une seconde! Comment l'a-t-on perdu?"
Gunn regardait la rue de haut en bas, son visage sérieux. "Mince. Il aurait pu aller de n'importe quel côté. Si on veut le retrouver vite, on va devoir se séparer."
Cordélia se leva. "Très bien. Je vais à gauche, tu vas à droite." Ca faisait plus sembler qu'ils avaient un plan, et moins que le plan qu'ils avaient eu tombait rapidement en ruine.
Elle commença à partir, mais la voix de Gunn derrière elle la fit regarder en arrière. Son visage était grave comme il dit, "Si tu le vois en première, tu restes en arrière. Reste hors de sa vue."
Cordélia hocha la tête. "Biensûr."
"Cordy, je suis sérieux," dit-il, plus âprement. "Ne pense pas que juste parce qu'Angel t'a appris quelques mouvements que tu peux l'avoir. Et ne vas pas croire que parce que tu es copines avec notre Angel, tu peux recourir à la meilleure nature de celui-là. Parce que, jusqu'à ce que ce bohémiens ne lui mettent la main dessus, il ne POSSÈDE une meilleure nature."
Le brouillard rendait la surveillance difficile, mais ça avait certains avantages, pensa Fred. Tel que, la facilité avec laquelle elle était capable de se cacher sur le côté de la rue, guettant sans la peur d'être vue. Elle se cachait près de l'entrée sur le côté du théâtre; de là, elle pouvait entendre des applaudissements étouffés de l'audience à l'intérieur. L'affiche de théâtre au-dessus de la porte était en Roumain, donc Fred n'était pas certaine pour quoi ils montraient leur appréciation, mais des sons de rire rauque, elle supposait que c'était une comédie.
Elle entendit des pas approcher avant qu'elle ne voit leur propriétaire et se raidit comme elle regardait dans l'obscurité brumeuse. Mais la forme qui commençait à se façonner dans l'obscurité était familière – grande et large d'épaules -- et Fred se relaxa un peu. Juste Angel, de retour après avoir fait un tour de l'autre côté de la rue. Elle s'avança pour le rencontrer.
Elle réalisa, une seconde trop tard, que cet Angel avait des cheveux plus longs qu'il n'aurait dû avoir, et portrait une veste finement taillée au lieu du manteau en laine de paysan que les bohémiens lui avaient fourni. Si elle courait il l'entendrait, et à tout moment maintenant il allait la voir --
Des mains saisirent Fred par derrière et la tira à nouveau dans les ombres. Instinctivement, elle commença à lutter, avant de réaliser que les mains qui la tenaient, étaient pâles et fraîches. Elle essaya de se tenir immobile, mais son coeur battait la chamade dans sa poitrine et sa respiration semblait exploser hors d'elle, de l'air réchauffé dans ses poumons se condensant en nuage qui épaississait la brume. Fred inspira une grande respiration et la tint aussi longtemps qu'elle le pu, jusqu'à ce que le battement de cœur martelant ses oreilles menace de l'assourdir. A côté d'elle, Angel se tenait si rigidement que c'était facile d'imaginer qu'elle était tenue par une statue en granite sur qui quelqu'un avait mis des vêtements.
Les pas d'Angélus ralentirent comme il passait près d'eux. Il regarda par-dessus son épaule. Mais continua de marcher, et ne s'arrêta pas.
Fred expira. Angel lâcha son bras, et ce ne fut que quand elle essaya de le bouger qu'elle réalisa qu'il l'avait agrippé assez étroitement pour la contusionner.
"Il s'en va," chuchota-t-elle. "Angel, il n'est pas censé partir."
Angel acquiesça son accord. "Nous devons l'arrêter." Il sorti de l'alcôve et commença à suivre la forme déjà indistincte d'Angélus. A l'intérieur du théâtre, plus de rire retentirent, le son heureux un véritable contraste à ce qu'il se passait dans la rue dehors. Mais ça donna une idée à Fred.
"Aide-moi à ouvrir cette porte," dit-elle, indiquant la porte de la scène. Angel hésita, fixant toujours derrière Angélus, mais quand Fred commença à tirer sur la porte de façon plus urgente, il revint pour l'aider. "Dans environs une minute, il va passer devant la porte principale du théâtre."
Angel enroula ses mains autour de la poignée de la porte de la scène et tira fort dessus. "Comment ça nous aide?"
Il y eut un bruit sec à l'intérieur de la porte, et elle s'ouvrit brusquement. Les bruits précédemment assourdis de rire et d'applaudissement furent soudainement bruyants et clairs. "J'exerce mon pouvoir de libre parole," dit-elle. "Il s'avère qu'il y a une bonne raison de faire ça, après tout."
"Faire quoi?" Angel était toujours confus, mais Fred n'avait pas le temps de répondre, donc elle plongea juste à l'intérieur.
Elle se tenait sur un côté du théâtre. La première rangée de sièges était devant elle, et des marches à sa gauche menaient à la scène. Ouvrant la porte du côté avait permis à un souffle d'air froid d'entrer dans le théâtre chaud, et un des acteurs se tenant sur le côté de la scène baissa les yeux sur elle avec irritation. Mais son costume était constitué d'un turban rouge brillant, d'une chemise sans manche qui était ouverte jusqu'au nombril et d'un pantalon doré et bleu, et donc c'était dur de prendre sa contrariété très sérieusement.
Fred monta les marches menant sur la scène en courant, renversant presque une actrice portant un costume de danse du ventre sur son chemin. L'acteur habillé en sultan qui se tenait actuellement au milieu de la scène à dire son texte, stoppa quand Fred fit irruption devant lui, lançant à la place un torrent de parole Roumaine colérique qui était dirigée contre elle. Fred fut heureuse qu'elle ne puisse pas comprendre ce qu'il disait.
L'audience, entre-temps, riait plus fort. Ils croyaient que c'était une partie de la performance.
"Tout le monde doit sortir," cria Fred. "Il y a un feu."
Plus de rires et d'applaudissements.
Fred mit ses mains autour de sa bouche et cria encore, sa voix coupant à travers le bruit. "J'ai dit, il y a un FEU!"
Certaines personnes riaient encore, mais d'autres avaient arrêté et avaient maintenant l'air incertaines. Fred ne savait pas combien de l'audience du théâtre comprenait l'Anglais, mais apparemment son ton pressant et son agitation frénétique des mains communiquaient le message. "Feu!" hurla-t-elle encore.
A l'arrière du théâtre, elle entendit une voix hurler quelque chose qu'elle supposa être la traduction Roumaine de ce qu'elle venait de dire. Ca le fit. En quelques secondes, les gens sautaient hors de leur siège et couraient vers la sortie du théâtre. Certains poussèrent Fred et se sauvèrent par la porte de la scène, mais ça n'était pas grave. La plupart sortirait par l'entrée principale dans la rue étroite – et c'était beaucoup de gens, parce que quoi qu'ils étaient venu voir avait rempli le théâtre. Jusqu'à ce que la foule se dégagerait, ça ne serait pas possible de se déplacer dans la rue dehors. Fred espérait que retarder l'évasion d'Angélus de cinq ou dix minutes serait assez long.
D'un autre côté, il était possible que ni eux ni les bohémiens ne seraient capable de le trouver dans la foule. Et ça ne serait pas bon.
Le théâtre était vide. Fred suivit le reste de l'audience pour sortir par la porte de la scène, et dehors dans la rue où Angel attendait.
Mais il n'attendait pas. Quand elle fut à l'extérieur, Angel était parti.
Angélus passait devant les portes du théâtre quand elles s'ouvrirent brusquement, l'engloutissant dans un torrent d'humanité terrifiée. Pendant une seconde, il fut trop surpris pour faire quoi que ce soit sauf rester là où il était tandis que la foule surgissait hors du bâtiment. Ils empestaient la peur, et il pouvait entendre des cris de, "Feu!" en Anglais, Roumain et quelques autres langues, aussi, mais il réalisa vite qu'il n'y avait pas d'odeur de fumée dans l'air. Un canular, donc.
D'habitude, Angélus savourait la masse de panique hystérique; en plusieurs occasions, il avait été son instigateur. Ce soir ça l'exaspérait simplement, et comme il essayait de lutter son chemin contre le flux de foule fuyante, il envisageait sérieusement de briser quelques cous pour faciliter son chemin. Aussi tentant que l'idée était, il la rejeta. Seul les désespérés ou les inexpérimentés tuaient en public, et Angélus n'était aucun des deux.
A la place, il se permit à être porté par la débâcle jusqu'à ce qu'une opportunité de se dégager se présenta. Comme la foule le poussait près de l'entrée d'une allée sur le côté du théâtre, Angélus s'y glissa. Il réalisa rapidement pourquoi personne de la foule ne le suivit – l'allée était une impasse, et si le théâtre avait été en flammes, ça aurait piégé quiconque aurait essayé de se réfugier dedans. Mais le théâtre n'était pas en feu, et Angélus cherchait seulement un endroit où attendre pendant que la horde fuyante se dispersait.
Il fut agréablement surpris, ensuite, quand quelqu'un d'autre eut la même idée. Alors qu'Angélus redressait sa cravate et frottait sa veste, une fille trébucha hors de la cohue et dans la ruelle. Elle n'aurait pas pu être un membre de l'audience en fuite, réalisa-t-il immédiatement – elle portait les vêtements rugueux, grossiers d'une paysanne au lieu de la parure des habitués du théâtre. Son foulard était tombé sur ses yeux, l'aveuglant, et elle trébucha alors qu'elle essayait de l'ajuster, avant d'abandonner et de l'ôter. Les cheveux en dessous avaient été coupés court et avaient une couleur blond, peu flatteuse à son teint. C'était dommage, pensa Angélus, parce qu'à tous les autres égards c'était une jeune fille charmante. Très charmante, en fait.
Il sourit pour lui-même. Une jolie fille, une ruelle à l'écart et le bruit d'une foule pour masquer les cris. Peut-être que ce soir ne serait pas entièrement gâché, après tout.
La fille noua son foulard et le remit en place. Pour elle-même, en Anglais, elle dit, "Ok, Cor. Temps de retourner là-dehors."
"Il n'y a pas de hâte," dit plaisamment Angélus. "Reste un peu, ici avec moi."
La fille sursauta et regarda autour d'elle, le voyant pour la première fois. Ses yeux s'écarquillèrent.
"Oh, merde," dit-elle.
Fred avait renoncer à essayer d'aller dans une direction particulière – c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour rester sur ses pieds, et si elle tombait elle était sure qu'elle serait piétinée en quelques secondes. Entraînée par la marée de gens, elle s'accrocha à des vestes basques et des manteaux, tout pour rester debout. Avec soulagement, elle vit que la rue s'ouvrait devant elle en une place large et pavée – si elle pouvait arriver jusque là, elle irait bien.
Elle ne pouvait pas. Les chaussures qu'elle avait empruntées avec l'uniforme de la bonne – balourde et avec de lourdes semelles – étaient trop grandes pour elle, et elle trébucha. Fred haleta alors qu'elle commençait à perdre l'équilibre, mettant ses bras devant elle comme elle tombait. Pendant un instant, elle ne sentit rien sauf de la terreur aveugle – ça y est, je vais mourir, je vais vraiment mourir – puis ça passa, remplacé par une sorte de détermination obstinée. Elle avait survécu à Pyléa. Elle avait tué des vampires. Ca, c'était des choses difficiles. Là maintenant, tout ce qu'elle devait faire pour survivre était quelque chose de plus facile. Elle devait se lever. SE LEVER.
Elle se souleva sur ses mains et genoux, et de cette position, d'une façon ou d'une autre, regagna son équilibre. Un moment plus tard, la force de la foule la poussa sur la place pavée, comme un bouchon sautant hors d'une bouteille. Fred fut projetée vers l'avant, incapable de s'arrêter jusqu'à ce qu'elle se heurte la tête avec une malencontreuse personne qui essayait d'aller dans la direction opposée.
"Désolée --"
"Fred!" C'était Charles. Fred avait envie de pleurnicher de soulagement; à la place elle l'agrippa seulement. Il l'étreignit en retour, puis la tira sur le côté, hors du chemin de la foule s'amincissant. "Tu vas bien? Qu'est-ce qui se passe? D'où viennent toutes ces personnes?"
"Le théâtre," haleta Fred. "Le feu --"
"Le théâtre est en feu?"
"Non." Fred reprenait lentement son souffle. "Mais les gens à l'intérieur croyait qu'il l'était, et ils ont paniqué."
"C'est tout ce dont on avait besoin," dit Charles. "Un idiot qui commence une émeute pour s'amuser."
"L'idiot, c'était moi."
"Oh." Charles fit une pause pour la plus brève des secondes avant de dire positivement, "Bien pensé."
"Non, ça ne l'était pas!" pleurnicha Fred. "Je veux dire, je croyais que ça l'était. Angélus partait, et on avait juste besoin de le retenir pendant quelques minutes, mais maintenant on l'a perdu, et je ne sais pas non plus où est Angel --"
"Whoah, retour en arrière," dit Charles, levant une main. "Tu as vu Angélus? Où?"
Fred pointa en arrière vers la rue. "Juste à l'extérieur du théâtre."
Charles eut l'air sinistre. "Merde. C'est vers là que Cordy a été --"
Le cliquetis des sabots et des roues en bois sur les pavés ronds l'interrompit. Fred regarda autour d'elle, et vit une caravane presque identique à celle que les bohémiens leur avaient donnés, passer à toute allure. Après une seconde, elle réalisa que la similitude n'était pas une coïncidence – cette charrette était bondée de bohémiens armés aux visages lugubres, et il y en avait plus à ses côtés.
"Hourra pour la cavalerie," dit Charles d'une voix basse.
Le bohémien conduisant la caravane était l'homme grand, à la barbe grise que Fred se souvenait être le père de Gia. Il tira sur les rênes, guidant les chevaux vers Fred et Charles, mais même quand il fut assez près pour entendre par-dessus le bruit de la foule, il ne leur parla pas. A la place, il lorgna simplement Fred et Charles avec un regard interrogateur à moitié hostile.
Charles pointa en arrière vers la rue. "Il est parti par-là."
Le bohémien acquiesça, et fendit les reines. Le cuir claqua contre le flanc du cheval, et la caravane chargea dans la rue que Fred venait de quitter, se forçant un passage à travers la foule se dispersant.
Charles observa les bohémiens partir, ayant l'air content de lui. "J'ai toujours voulu dire ça."
Fais attention à ce que tu cherches, pensa Cordélia. Tu pourrais simplement le trouver.
Ca n'était pas exactement ce que le dicton disait, mais c'était assez proche. Elle était partie chercher Angélus, et elle l'avait trouvé. Mais cette partie de le trouver – la partie où il l'avait trouvée aussi – ça n'avait pas été dans le plan.
Il flâna vers elle, souriant légèrement, et elle fut stupéfaite non pas d'à quel point il était semblable à Angel, mais à quel point il était différent. Biensûr, les vêtements démodés et les cheveux encore plus stupides faisaient une distinction superficielle, mais il y avait plus que ça. C'était dans ses yeux, réalisa-t-elle. Elle s'était habituée à voir de la cordialité et de l'affection dans ses yeux, mais le regard d'Angélus était froidement évaluateur. Acquisitif. Il n'y avait rien d'Angel dans la créature devant elle. Cordélia l'avait su, mais elle ne l'avait pas réellement ressentit jusqu'à maintenant.
"Viens, maintenant," dit-il. "La foule t'a effrayée. Prends ma main. Ca te donnera du courage."
Il lui tendit la main. Instinctivement, Cordélia se recula. Elle était plus près de l'entrée de la ruelle que lui, donc s'enfuir dans la rue était toujours une option. Ca ne lui ferait probablement pas beaucoup de bien, cependant – s'il décidait de la pourchasser, sa jupe lourde et ses chaussures en toiles signifiaient qu'elle n'avait aucune chance de le semer. Cordélia n'avait jamais autant voulu quelque chose qu'elle voulait maintenant une paire de Nike et un avantage de cinquante mètres dès le départ. La main d'Angélus était toujours étendue vers lui, mais le regard sur son visage était nettement moins aimable. Trop d'effort pour continuer le numéro, se dit Cordélia. Tout de même, elle devait faire quelque chose – elle ne pouvait pas se tenir là à le fixer pour toujours --
Elle regarda sa main étendue, et soudainement vit Angel debout dans exactement la même position sur le tapis de la salle d'entraînement au sous-sol de l'Hypérion. Quelques secondes plus tard, il avait été à plat sur le dos, et Cordélia avait été jubilante parce que le mouvement de judo qu'elle n'avait pas cru qu'elle pouvait possiblement réussir avait marché.
De la confidence monta en elle. Elle pouvait le faire tomber. Elle avait fait tombé Angel --
(-- juste une fois et il l'avait laissée faire --)
-- et elle pouvait le refaire. Elle tendit le bras pour prendre sa main, essayant d'ajuster sa position de la façon dont Angel lui avait montrée. Elle n'avait qu'un essai pour ça.
Elle agrippa sa main, tendit tous ses muscles – et tira Angélus vers l'avant.
Dans le mouvement de judo, ce qui aurait dû se passer ensuite était que l'adversaire, dans ce cas Angélus, faisait une culbute. Ce qui se passa réellement fut qu'Angélus trébucha un petit peu, puis lui lança un regard noir. Oh, merde, pensa Cordélia.
Elle essayait toujours de décider si s'enfuir ou se battre était le plan marginalement moins suicidaire, quand une brique traversa les couches de brume et atterrit avec une précision comique sur la tête d'Angélus.
Il s'effondra sur le sol, et la main que Cordélia portait toujours devint flasque. Une ombre sombre tomba à travers le brouillard, atterrissant avec un doux bruit sourd juste derrière la forme immobile d'Angélus. Cordélia laissa tomber la main d'Angélus et regarda Angel. "D'où est-ce que tu viens?"
"Le toit," dit Angel, pointant vers le haut. Puis il baissa les yeux sur son ancien lui inconscient. "Tu n'aurais pas dû essayé de le faire tomber. Ca n'aurait jamais marché."
Cordélia mit une main sur sa hanche. "Hey, j'aurais pu le faire. Je l'ai juste – pas fait."
"Ta position n'allait pas du tout," dit Angel. "Tes pieds ne sont pas assez écartés."
"Comment est-ce que tu peux dire où sont mes pieds sous cette tente?" demanda Cordélia, soulevant une poignée de jupe pour emphase. "Ok, c'est sûr, quelque chose clochait, et on a besoin de pratiquer --" Sur le sol entre eux, Angélus fit un faible gémissement comme il commençait à revenir à lui. "Tu ne restes vraiment pas longtemps dans les vapes, pas vrai? Je crois que je vais devoir t'assommer une nouvelle fois."
"Je t'en prie."
Cordélia ramassa la brique, mais avant qu'elle ne puisse frapper, une caravane se gara devant l'entrée de l'allée. Calmement, Angel dit, "Ils sont là. Allez."
Prenant la main de Cordélia, il la tira vers le bord de l'allée, laissant Angélus, toujours confus, essayer de s'asseoir. Avant qu'il ne le puisse, un gang de bohémiens bondit des côtés et de l'arrière de la caravane et s'entassa dans la ruelle. Autant que Cordélia pouvait le dire, tous les hommes du camp qui pouvaient soulever une arme étaient venus, des adolescents aux grands-pères à barbes grises. Ils grouillèrent autour d'Angélus, qui était maintenant suffisamment rétabli pour offrir un peu de résistance, mais il était désorienté et largement surpassé en nombre. En quelques secondes, il fut fermement ligoté.
Cordélia s'attendit à ce qu'ils arrêtent à ça, fourrer leur prisonnier à l'arrière de leur charrette et partir. Mais dominer Angélus ne sembla qu'attiser la colère des bohémiens. Ils donnèrent des coups de pieds et de poignards et de poings à la silhouette accroupie sur le sol avec une fureur collective plus extrême que tout ce que Cordélia n'avait jamais vu auparavant, et sur leurs visages elle vit quelque chose qui n'était pas différent de l'inhumanité d'Angélus. Puis, comme s'il y avait un signal, l'attaque fut finie. Quatre des bohémiens les plus costauds soulevèrent Angélus – qui, incroyablement, était, d'une façon ou d'une autre, toujours capable de se débattre – et le jetèrent dans la charrette. Le wagon d'en alla, et elle et Angel furent seules dans la ruelle. Cordélia fut surprise de trouver qu'elle tremblait.
Elle entendit le cliquetis de pas, et Gunn, rapidement suivi de Fred, apparurent en haut de l'allée. "Les bohémiens --" haleta Fred.
"Ils étaient là," dit Angel. "Ils l'ont."
Gunn sourit, et frappa dans l'air. "Super! On a rétabli ça."
On a rétabli ça, pensa Cordélia. Elle expira de soulagement.
Derrière elle, Angel dit, "Pas encore. On ne peut pas en être certain tant qu'ils n'auront pas accompli la malédiction. Ce soir n'est pas fini."
Le soulagement s'évapora comme Cordélia réalisa qu'Angel avait raison. Drusilla pouvait encore interférer; la nuit n'était pas finie. Pas sur une longue période.
"Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant?" demanda Gunn. "On les suit?"
"C'est exactement ce qu'on fait," dit Angel. "Etendez-vous. Couvrez autant de terrain que vous pouvez. C'est juste quelques minutes de plus – mais si Dru peut encore nous arrêter, elle le fera."
Cordélia pouvait sentir la route sale se transformer en herbe broussailleuse sous les semelles de ses chaussures en toiles. Elle était hors d'haleine et épuisée; apparemment ses pouvoirs de démon n'incluait pas la course longue distance. Elle leva une main à sa poitrine et inspira désespérément de l'air. Angel et Gunn et Fred s'étaient séparés, comme Angel l'avait dit; elle savait qu'ils n'étaient pas loin, mais ça ne changeait pas le fait qu'elle se sentait isolée et nerveuse, toute seule dans le noir.
Elle n'avait pas perdu la caravane bohémienne de vue. La foule frappait les côtés de la charrette avec des bâtons et des pelles, hurlant sur la silhouette ligotée à l'intérieur. Cordélia ne comprenait pas un mot de ce qu'ils disaient, mais la tonalité des choeurs était claire. Fureur. Douleur. Mépris.
Contre toute logique, elle se sentit devenir fâchée contre les bohémiens. Cordélia mordit sa lèvre et se força à se souvenir que la créature dans cette charrette n'était qu'une partie de l'Angel qu'elle connaissait. "Ca va," murmura-t-elle, ne sachant pas si elle parlait à l'Angel du futur, l'Angel du présent, elle-même ou aux trois. "C'est censé se passer comme ça."
"C'est pas vrai."
Cordélia se retourna vivement et vit Drusilla, accroupie sur le sol, ses doigts courbés creusant la terre comme une bête fouisseuse. Ses cheveux étaient indisciplinés, et du sang tachait sa robe, ses mains et son visage.
La robe – fines bretelles et soie rouge légère – venait de chez Saks. Cordélia avait désiré qu'elle soit mise en solde, mais ce ne fut jamais le cas; ça avait été irritant de la voir en une épave fanée, salie sur Drusilla au musée. Maintenant elle était ensanglantée et déchirée, complètement gâchée par le penchant destructeur désinvolte du vampire. Ruinée de la même manière qu'elle voulait ruiné le futur d'Angel. Leur futur à tous.
"Drusilla," dit Cordélia, prenant son pieu de sa ceinture et le brandissant. "Je suis si chanceuse d'être tombée sur toi."
"Tu connais mon nom," dit Drusilla d'un ton songeur. "Je ne connais pas le tien. Je t'ai vue avec tes drôles de cheveux, mais je n'ai pas vu ton nom."
"Drôles de cheveux? Excuse-moi, mais j'ai juste un mot pour toi: Volumizer (C'est une mousse pour donner du volume au cheveux). Essaye-la." lui cassa Cordélia, mais la colère était toute pour ses mots. Elle garda son corps immobile et ses yeux focalisés sur Drusilla. Marrant – elle n'y avait jamais pensé, mais Drusilla ne connaissait probablement pas son nom. Pas que ça importait.
"Vol. Hum. Heather." Drusilla se redressa et sourit. Ses dents étaient inopinément blanches dans l'obscurité, et Cordélia réalisa qu'elle fixait. Pourquoi ne devrait-elle pas fixer? Dru valait définitivement la peine de fixer.
Derrière elles, les bohémiens continuaient de crier.
"Tu as une douleur dans ton ventre," dit Drusilla.
"Je vais bien," dit automatiquement Cordélia. Elle voulait arrêter de fixer la bouche de Drusilla, mais pour une façon ou pour une autre, ne pouvait pas détourner les yeux.
"Non, non, non," dit Drusilla. "Le bâtiment a un squelette, avec des os pointus en métal. Tu tombais et tombais et tombais, et les os ont mordu en toi. Je regarde à l'intérieur de toi et je vois la morsure."
Cordélia haleta d'agonie comme une douleur la coupa, une douleur si complète et écrasante qu'elle cru qu'elle allait s'évanouir. Un axe de chaleur la transperça – de son dos à travers ses côtes --
Elle tâtonna sa chemise, et ses doigts touchèrent du métal. Du sang chaud coula sur sa peau. Cordélia baissa les yeux, horrifiée, pour voit une barre dépassant de son buste. "Non --" s'étrangla-t-elle.
"Oh, si," dit Drusilla. Sa voix s'approchait, mais Cordélia ne pouvait que fixer la barre de métal qui l'avait empalée. "La morsure est réelle. La douleur est réelle. Elle s'entortille à l'intérieure de toi, et tout ce jolie sang est répandu."
"Aide – aide-moi --" Cordélia ne savait plus à qui elle parlait. Elle ne savait pas où elle était, qui elle était. Elle ne pouvait que se concentrer sur le métal la clouant au sol. Le vertige l'envahit, et elle pu se sentir balancer. Ou était-ce le sol qui bougeait? Pas un tremblement de terre – pas un autre tremblement de terre.
"Laisse-moi t'aider," dit une voix qu'elle connaissait. Cordélia ouvrit les yeux et vit Alex debout près d'elle. Il avait l'air horrifié et inquiet et coupable. Il avait embrassé Willow, et oh, Seigneur, Cordélia allait le tuer à la seconde où elle serait sure qu'elle n'allait pas mourir. Alex dit, "Je peux t'enlever ça. Ensuite tu te sentiras mieux."
Alex l'aiderait. Il le ferait, elle savait qu'il le ferait, il embrassait peut-être Willow, mais ça ne signifiait pas qu'il s'en fichait, qu'il n'aiderait pas. Cordélia murmura, "Enlève-moi ça."
"J'ai besoin de ton pieu," dit Alex.
Pieu. Pieu. Elle n'avait pas de pieu. Elle avait été dans le van avec Oz – mais non, il y avait un pieu dans sa main, et donc elle devait en avoir un --
Alex dit, "Dépêche-toi. On sortira d'ici. Juste toi et moi."
Oh, Seigneur, ça faisait si mal. Elle aurait fait n'importe quoi pour que ça arrête de faire mal. Mais Cordélia haleta tout de même, "Et Willow? Et -- et Oz?"
"On n'a pas besoin d'eux," dit Alex.
Alex avait dit ça. Alex ne dirait jamais ça. Cordélia le fixa. Avec toute la force qu'il lui restait, elle le gifla fort au visage.
Il hurla – et à ce moment-là, sa voix et son visage se retransformèrent en ceux de Drusilla. La douleur de Cordélia s'évapora instantanément; la barre et l'agonie accompagnante disparurent si rapidement qu'elle trébucha, perdant son équilibre par rien de plus que le changement de sensation. "Tu m'as hypnotisée!" hurla Cordélia.
"Les souvenirs sont les meilleurs de toutes les poupées," dit Drusilla, et elle lança un coup de poing vers Cordélia.
C'était maintenant, quand Cordélia n'avait pas le temps d'y penser, que l'entraînement d'Angel portait ses fruits. Elle oublia tout à propos des mouvements compliqués de judo qu'elle avait essayés par le passé, et à la place, s'abaissa et tourna de la façon dont Angel l'avait fait s'exercer jusqu'à ce qu'elle en soit malade, et puis la fasse s'exercer un peu plus. A ce jour, la réponse était instinctive, et soudainement Cordélia remarqua qu'elle était en position combat, son pieu levé et prêt.
Drusilla griffa vers le visage de Cordy. Cordélia bloqua le coup avec son bras libre, tourna et donna un coup de pied fort. Ca prit Drusilla, qui apparemment ne s'était pas attendue à n'importe quelle sorte de résistance, par surprise et elle perdu l'équilibre. Elle trébucha en arrière. Maintenant Cordélia était à l'offensive.
"Qu'est-ce que c'est? Empressé, empressé." Drusilla fixa Cordélia. "Je vois celles qui nous combattent dans mes rêves. Je ne t'ai pas vue dans mes rêves."
"Tu veux rêver? Très bien. Bonne nuit, Dru."
Cordélia attaqua à nouveau avec le pieu; Drusilla la bloqua, mais maladroitement – si maladroitement, que pendant une fraction de seconde elle laissa sa poitrine exposée à l'attaque. Sentant qu'elle n'aurait jamais une meilleure opportunité, Cordélia se fendit vers l'avant et plongea son pieu profondément dans la cavité entre les côtes de Drusilla.
Drusilla poussa un cri, pas de couleur ou de fureur, mais de ce qui semblait être la déception d'un enfant. Elle chuchota, "Tu l'as cassées. Tu l'as cassées. Tu l'as ca--"
Elle s'effrita en poussière.
Cordélia fixa le tas de poussière sur l'herbe. "J'ai tué Drusilla," dit-elle. Ca ne marcha pas. Elle ne le croyait toujours pas. Elle essaya de le dire un peu plus fort. "J'ai tué Drusilla." Fixant le pieu dans sa main, Cordélia se sentit commencer à rire en tremblant. "Oh, mon Dieu, je suis une telle dure à cuir." Elle posa une main sur un arbre tout près pour reprendre son équilibre et utilisa l'autre pour sentir encore son abdomen. La cicatrice dure, striée près de ses côtes picotait toujours faiblement. Pendant un moment, Cordélia ne fit rien sauf essayer de se convaincre que son environnement était réel. La poussière de vampire tournoyant encore dans la brise était réelle. L'odeur des plantes vertes était réelle. Le faible hululement d'un hibou était – non seulement réel, mais le seul son qu'elle pouvait entendre.
"Angel?" Cordélia se retourna vivement. Pas de bohémiens. La caravane dans laquelle Angélus avait été, reposait là abandonnée – un de ses côtés avaient été manifestement enfoncé. De l'intérieur.
Il est dehors, réalisa-t-elle. Il est en cavale. Pendant que Drusilla m'a mise en mode flash-back, Angélus s'est échappé. Les bohémiens sont à sa poursuite, et s'ils ne peuvent pas le maudire, ils essayeront juste de le tuer.
Au loin, elle entendit le cri d'un homme. Etait-ce la voix d'Angel?
"Angel!" Elle commença à courir vers le son, ne pensant à rien sauf l'atteindre. Ses pieds martelait le sol, se trébuchait sur des racines d'arbres. Des branches éraflèrent ses jambes et ses épaules. Cordélia essaya de se concentrer, bien que c'était dur dans une telle obscurité totale. Non, pas totale – loin devant, elle cru qu'elle pouvait voir une lumière de torche. "Angel, j'arrive --"
Une main surgit et saisit son bras, et elle cria jusqu'à ce qu'une autre main couvre sa bouche. Un des bohémiens – le jeune avec le accent fort, lui siffla, "Chut, fille idiote! Ca se fait."
"QU'EST-ce qu'il se fait?" Cordélia tira son bras hors de sa poigne et brandit son pieu. "Soyez précis."
"La malédiction," dit-il. "C'est l'heure de notre vengeance."
Elle le fixa, se demandant si elle devait le croire ou pas. A la fin, elle dit, "Je vais aller voir moi-même." Quand il ouvrit la bouche pour protester, elle gronda, "N'essayez PAS de m'arrêter."
Il dit seulement, "Quand ce sera fini, quittez ces bois. Quittez ce temps. Ce soir, nous aurons notre vengeance -- et notre but à vous laisser en vie s'achève."
"Ouais, je suis si tentée de traîner dans les parages," marmonna-t-elle comme elle se retournait.
Lentement, calmement, elle fit son chemin à travers la forêt de broussailles. Si d'autres bohémiens se cachaient tout près, ils ne dirent rien pour l'alerter de sa présence ou pour l'empêcher de s'approcher. La lumière de torche devint de plus en plus éclatante; Cordélia pouvait entendre quelqu'un parler maintenant, l'un des bohémiens – mais elle ne pouvait pas bien comprendre les mots.
Le bohémien arrêta de parler. Elle entendit des bruissements tout près, comme si les autres silhouettes s'éloignaient. Ils avaient finis de regarder. La malédiction était finie.
Elle se glissa plus près du bord d'une petite clairière. Quelques torches illuminaient encore la zone, mais elle ne pouvait voir qu'une silhouette: Angel, voûté sur le sol, penché en deux de ce qui semblait être de l'agonie physique. "Non," l'entendit-elle murmurer. "Non, ça ne peut pas être -- "
Cordélia se pencha contre le tronc d'un arbre, faible d'épuisement et d'une émotion qu'elle ne pouvait pas tout à fait nommer. C'était Angel. Son Angel. C'était comme s'il venait de naître.
Ses cheveux étaient longs. Ses mains étaient serrées en poings. Elle pouvait l'entendre pleurer. Cordélia n'avait jamais vu Angel pleurer avant. Le son de cela la déchira, amenant des larmes dans ses propres yeux.
Elle sentit les mains d'Angel contre ses épaules, et elle ne dû pas se retourner pour voir son visage. Elle se pencha en arrière dans son demi enlacement, réconfortant l'Angel qu'elle pouvait atteindre à la place de l'Angel qu'elle ne pouvait pas. Ensemble, ils observèrent son ancien lui s'effondrer sous un poids gonflé, insupportable de culpabilité et de connaissance de soi.
Après quelques longues minutes, Angel la tira gentiment en arrière, la pressant de s'éloigner de la silhouette chiffonnée sur le sol. Cordélia ne bougea pas. Elle murmura, "Je ne peux pas le laisser là."
Angel sourit presque. "Tu dois le laisser là," répondit-il. "Il doit être là avant que je puisse être ici."
Cordélia prit une profonde respiration, acquiesça et soupira. D'une façon ou d'une autre, elle se força à s'en aller avec Angel et ne regarda pas une fois en arrière.
Dru errait dans les rues, se faufilant un chemin au hasard dans la foule. Spike continuait son chemin, légèrement devant elle, riant devant le grabuge. Il y avait beaucoup de gens qui criaient et hurlaient des mots que Dru ne connaissait pas, mais elle pouvait voir les hautes flammes bondissantes qui n'étaient que dans leur esprit. Elle ne se souvenait pas de cette partie, et ça la troublait, mais tant de choses la troublaient que ça ne valait guère la peine de s'inquiéter pour celle-ci.
"La lune est haute," dit-elle. "Il est temps, temps, temps."
Spike entendit sa voix même parmi le chaos. "Temps de quoi, ma fleur noire venimeuse?"
"De pleurer pour le lait renversé. On ne peut pas le reverser." Puis elle rit de jubilation. "Mais je l'ai fait. J'ai reversé le lit dans le verre, n'est-ce pas? N'est-ce pas, Spike?"
"Tu paries," dit Spike. Il n'écoutait pas vraiment. Personne ne l'écoutait très longtemps. Ca ne dérangeait pas Dru. Quand personne ne vous écoutait, vous pouviez crier si fort, si fort que vous cassiez tous les miroirs.
"J'ai trouvé un livre," dit-elle. "Beaucoup d'hommes ont essayé de le lire, mais ils ne savaient pas. Ils ont dit qu'il n'avait pas de sens. Mais ils ont dit que je n'avais pas de sens non plus. Et donc j'ai essayé de le lire, et quand je l'ai fait, les lettres se sont détortillées d'elles-mêmes et elles ont fait une jolie danse sur la page. Elles ont dansé et dansé jusqu'à ce que je connaisse tous les pas. Elles ont chanté pour moi. Elles étaient folles, tu vois. Tout comme moi."
Spike recula de quelques pas et glissa son bras autour de sa taille. "Tu portes la démence de la manière dont les femmes moindres portent le satin," ronronna-t-il. "Ca s'accroche à toi, Drusilla. Ca brille dans la nuit, et ça te rend magnifique."
"Je sais," dit-elle. C'était Spike comme il devait l'être. C'était le monde comme il devait être. Sauf, évidemment, juste pour une chose. "Papa est très triste pour l'instant."
"Je suis profondément concerné," dit Spike, mordillant son cou. Puis il se renfrogna. "Tu ne veux pas aller près de lui cette nuit, n'est-ce pas?"
"Non," dit-elle. "Ca n'est pas pour faire ça que je suis revenue en arrière, oh non. Je l'ai fait une fois, et ça n'était pas bien du tout. Cendres, cendres, nous nous écroulons tous. Penses-tu que la lune connait mon nom?"
"Le tien et celui de personne d'autre." Spike faisait déjà à nouveau son chemin à travers la foule, la guidant comme ils marchaient. "Par une curiosité entièrement tordue – pour faire quoi es-tu 'revenue en arrière'?"
Dru rit et rit, tournant sur elle-même au centre de la masse grouillante. "Tu verras, tu verras," dit-elle. "Garde-le pour après."
"Tu as tué Drusilla," dit encore Angel. Il n'arrivait toujours pas à vraiment y croire.
"Ouaip," confirma Cordélia. Elle avait son bras bouclé autour du sien, en apparence pour avoir un support au cas où elle trébucherait sur le chemin raboteux, sale et rempli de nids de poules qui menait à la cave comme ils avançaient dans l'obscurité pré aube. Elle n'avait même pas buter une seule fois durant le voyage, et Angel doutait qu'elle avait vraiment besoin de son guidage. Mais il la laissait tout de même se tenir à son bras. "Elle m'a griffée avec ses ongles, a essayé de me déchiqueter le visage --"
Gunn, qui marchait en un en avant, se tenant la main avec Fred, regarda en arrière vers eux. "Hey, que dirais-tu de rester collée aux faits? Une minuscule petite entaille sur ta joue n'égale PAS ton visage étant déchiqueté."
"La citation était, elle a ESSAYÉ de me déchiqueter le visage." Cordy essayait de sonner contrariée, mais avec peu de succès. "Elle ne l'a pas fait. Je l'ai tuée en premier. J'ai -- tué -- Drusilla."
Angel ne pouvait pas partager l'excitation vertigineuse de Cordélia à propos de la fin de Dru – il se souvenait trop bien de sa première mort pour ça. Drusilla avait été sa création, sa responsabilité et, de sa propre façon tordue, une sorte d'innocente. Angel s'était toujours attendu à ressentir à la fois de la culpabilité et du chagrin quand ce jour viendrait, et cependant il ne ressentait pas ça du tout.
Cordélia gloussa et le dit quelques fois de plus, avec une emphase différente à chaque fois. "J'ai TUÉ Drusilla. J'ai tué DRUSILLA."
Gunn grogna. "Bon ça va maintenant! On croirait que personne n'avait jamais tué un vampire auparavant."
"Il ne comprend pas," dit Cordélia. Elle serra le bras d'Angel. "Tu comprends, pas vrai?"
"Je comprends," dit calmement Angel. Il comprenait quelque chose, bien qu'il n'était pas sûr que ce soit la même chose que Cordélia voulait dire. Angel comprenait que le futur qu'il avait pensé ne lui réservait plus rien sans son fils, était de retour sur les rails, et qu'il ressentait quelque chose à ce sujet auquel il ne s'était pas attendu. Ca n'était pas du bonheur – jamais ça, pas maintenant – mais c'était une émotion meilleure qu'il avait jamais cru qu'il pourrait encore ressentir. De la gratitude, peut-être.
Ce ne fut que quand ils eurent quitté le sentier et commencé à grimper vers l'entrée de la grotte que Cordélia lâcha Angel. "Tu sais quoi?" dit-elle. "Quand on sera à la maison, je crois que je vais devoir briser une résolution de longue date et appelé Alex Harris. Je veux entendre ce qu'il aura à dire quand je lui aurai dit que Dru est poussière et que c'est moi qui l'ai fait."
"Quand je serai à la maison," dit Gunn, "Je vais manger du pop-corn dans le micro-onde et des Pop Tarts toasté (j'crois que c'est un genre de cookie ou un truc du genre) et regarder la TV. Non – d'abord je vais aller faire un tour dans ma camionnette. Ou peut-être que j'écouterai un CD --" Il stoppa soudainement et regarda Fred. "Tu as toujours cette bague magique qui va nous ramener à la maison, pas vrai?"
"Biensûr que je l'ai encore," dit Fred. "Quand je me suis changée avec ces vêtements que les bohémiens nous ont donné, je me suis assurée de la sortir de la poche de mon jeans." Elle fut silencieuse pendant un moment. Puis d'une voix très calme, elle dit, "Evidemment, ensuite j'ai échangé de vêtements avec la bonne."
Ils arrêtèrent tous de marcher et fixèrent Fred. Cordélia se cramponna encore au bras d'Angel, et cette fois il pensa que peut-être elle avait besoin de son support, un petit peu. Gunn eut l'air le plus horrifiée de tous.
Puis Fred leva sa main gauche, la bague brillant sur son doigt. "Je ne fais que vous berner. Vous pensez que je perdrais notre moyen de rentrer?"
"Ca," dit Gunn alors qu'il s'abaissa pour entrer dans la grotte, "n'était PAS marrant. En parlant de vêtement – qui a nos affaires régulières?"
"Moi," dit Fred, soulevant un paquet de pantalons et de T-shirts sécurisé par une ceinture. Elle tira sur l'uniforme de bonne qu'elle portait toujours. "Je ne peux pas dire que les vêtements du dix-neuvième siècle me manqueront."
"On peut seulement prier que la toile d'emballage n'est pas grande sur la passerelle de la saison prochaine," dit Cordélia. "Ou jamais." Elle suivit Fred et Gunn dans la grotte.
Avant qu'il n'entre dedans, Angel regarda en arrière une dernière fois, la campagne sombre et trompeusement tranquille. C'était paisible, même magnifique, et Angel décida que s'il y avait un autre siècle avant qu'il ne revoit la Roumanie, ce serait trop tôt.
Le temps qu'Angel rattrape les autres, ils s'étaient déjà changés avec leur propres vêtements et étaient réunis sous le portail dans le plafond de la grotte. C'était encore, remarqua-t-il avec soulagement, ouvert et aussi actif que ça l'avait été quand ils l'avaient traverse. La seule question qui restait maintenant était --
"Comment ça fonctionne ce truc, déjà?" demanda Cordy.
"Je ne sais pas," dit Fred. Elle ôta la bague de son doigt et commença à la lever au-dessus de sa tête, vers la surface brillante, grouillante du portail. "Mais je crois que la proximité est peut-être le déclic --"
Comme elle parlait, la surface du portail se bomba vers le bas, comme attiré par une force exercée par la bague. Fred inhala rapidement, et quand Angel baissa les yeux sur ses pieds, il vit qu'il n'y avait que ses orteils qui étaient en contact avec le sol de la grotte. "Tout le monde," dit-il, "prend prise sur elle."
Gunn mit son bras autour de la taille de Fred, tandis que Cordélia saisit son bras levé et Angel sa main libre. Maintenant qu'il était en contact physique avec Fred, Angel pu sentir le pouvoir brut de magie courir en lui. Il leva les yeux juste au moment où la bague toucha le touchait le portail --
Le voyage ne fut pas moins effréné cette fois-ci. En fait, dégringoler vers le haut – ce qui était la meilleure description à laquelle Angel pouvait penser pour la sensation – était une expérience encore plus désorientante.
Puis ce fut fini, et il fut de retour à l'intérieur de la pyramide noire au musée, tassé dans l'espace sombre et confiné avec trois autres corps. Du moins, Angel espérait qu'il y avait trois autres corps. "Tout le monde est là?"
"Je suis là," dit Gunn. "Et je tiens le bras de quelqu'un."
"Mon bras," dit Fred. "Je vais bien. Ou je le serai quand ma tête arrêtera de tourner."
"Je suis là," dit la voix de Cordy, "mais je crois que mon estomac est toujours dans les années 1970."
Angel posa son épaule contre la porte de la pyramide et poussa. "Rentrons à la maison."
Ils trébuchèrent tous dans le musée, qui n'était que légèrement moins sombre que l'intérieur de la pyramide. Angel sentit les odeurs familières d'un musée -- moisissure et poussière, produits industriels de nettoyage et le faible restant de milliers de personnes – et quelque chose d'autre aussi, quelque chose de moins familier --
"Vous ne m'avez jamais demander quelle serait la première chose que je ferai," dit Fred comme ils commençaient à faire leur chemin à travers les objets exposés.
Gunn s'abaissa sous les bras tendus d'une déesse Grecque. "Je me lance. C'est quoi?"
"Trois mots," dit Fred d'un ton rêveur. "Salle de bain."
"Oh, SEIGNEUR, oui," dit Cordélia. "Jusqu'à hier, je n'ai jamais vraiment apprécié le miracle qu'est Charmin (marque de papier toilette)."
De la fumée. L'odeur peu familière était de la fumée. Angel fronça les sourcils. Y avait-il un feu dans le musée? "Je pense que nous devrions sortir."
"Pitié, ne repassons pas par les conduits à air, d'accord?" dit Gunn. "On peut sortir par le devant. Si l'alarme de sécurité s'enclenche, on s'en fiche. On dégage d'ici."
Ils entrèrent dans le grand hall cambré qui menait à l'entrée principale. C'est marrant, pensa Angel. Je me souvenais que les plafonds étaient beaucoup plus bas – évidemment, on n'est jamais passé par ici --
"C'est bizarre," dit Fred, pointant une statue de marbre taillée brutalement. "Ca ressemble à un Michel Angelo. Qu'est-ce que ça fait dans un Musée Victorien?"
L'odeur de fumée devenait plus forte. Angel réalisa qu'il avait commencé à marcher plus vite, tout comme les autres. "Quelque chose ne va pas," dit Angel.
"Quoi?" dit Gunn. "Comme quoi"
Angel atteint la porte de devant en premier. L'alarme ne semblait plus valoir la peine de s'inquiéter, donc il ouvrit la porte et vit --
Les rues étaient en feu. Tout autour d'eux, les bâtiments s'enflammaient ou brûlaient en cendre. Des cris et des hurlements distants faisaient écho dans la nuit. Angel réalisa qu'il pouvait sentir le cartilage métallique des câblages électriques ruinés, la brume épaisse de sang, les traces doucereuses de choses non humaines. Pire que tout, il pouvait sentir la mort – la morte sur échelle qu'il n'avait jamais connue auparavant. L'air était épais avec sa puanteur rance.
A côté de lui, les autres se tenaient bouche bée. Pendant un moment, ils ne purent que fixer le carnage devant eux.
Finalement, Cordélia dit, "Ok. Qui a laissé le gaz allumé?"
FIN