Elle est sous la table. Maman vient de la gronder. Encore. Cette fois ci, c'est parce qu'elle avait dit que le bébé avait trop de cheveux. C'est vrai, d'abord, qu'il a trop de cheveux ! Le bureau sous lequel elle se cache est à l'écart. Dans un salon lumineux et très bien décoré, sauf une partie, là où il y a son bureau. Un petit bureau, parce qu'elle a trois ans. Avant, il se dressait près de la fenêtre, l'endroit le plus chaud et le plus accueillant. Maintenant, ici, il y a un lit à barreaux avec un bébé d'un an ayant beaucoup trop de cheveux. Elle se cache sous le bureau. Dans ce coin, il y a tellement de cartons, de plantes et de papiers que personne ne peut la voir. Et certainement pas l'homme qui vient d'entrer sans frapper.

Où c'est que je suis ?

Je suis assise sur un duvet à même le sol. Je tâte autour de moi, devant, derrière et sur les côtés. Rien. Même pas la couette envahissante de Fred. En plus, autour de moi, le sol est froid. Je me demande ce que ça veut dire. Je ne suis pas censée dormir tranquilement sur un matelas lui-même posé sur une moquette chaude du chauffage central dans une grande chambre du Chaudron ? Peut-être pas tout compte fait. Je me lève et fais un pas devant moi, les deux bras tendus comme une somnambule. Je n'heurte rien. Je fais un autre pas. Toujours rien. Le sol est glacé sous mes pieds nus. Quoique je dis ça mais je ne sais pas trop, parce que moi aussi je suis glacée : 1)J'a dormi sur mon duvet. 2)Je suis morte de trouille. J'amorce un troisième pas, et…

BLANGBADREBINGBOUM ZOUIIIIIIIP !

Aaaaïïïïe !

Une lumière s'allume et je vois à peu près où je suis. A peu près, parce que la lumière n'est pas dans la pièce où je suis. Elle est dans la chambre. Et je ne suis pas dans la chambre. Je suis dans la salle de bain.

Plus précisément, je suis dans la baignoire.

Il ya des voix dans la pièces d'à côté.

« Héé, Noémie est pas sur son matelas !

« Elle est où ?

« Je suis dans la baignoire !

Petit blanc. Puis, un énorme éclat de rire secoue l'invisible assemblée et la mince silhouette d'Helen se découpe soudainement dans l'entrebaîllement de la porte.

« Mais qu'est-ce que tu fous là-dedans ?

« J'aimerais le savoir moi-même.

Une lampe de poche se braque sur mon visage, m'éblouissant et me donnant sans doute un air totalement crétin. Un flash bref achève de m'aveugler.

« Qui c'est qui m'a prise en photo ?

« A ton avis.

« Fred ?

« Bien vu !

« Salaud.

« Je sais.

Une main m'agrippe un peu au-dessus du poignet et me tire hors de la baignoire.

« Héééé doucement, j'ai mal au tibia… J'me suis pris le bord de la baignoire en plein milieu.

« On va arranger ça.

« Jérémy ? Tes médecin ?

« Non, mais dans mon école, on fait aussi de la magie blanche… Allez Fred, tire un peu plus, faut la sortir de là.

Merde ! C'st Fred qui m'a aggripé !

« Je peux le faire toute seule.

Je chasse la main de Fred et m'extirpe avec peine de la baignoire.

« Voilà. Bouge pas Noémie.

Jérémy me tapote sur le tibia comme s'il éxécutait un Chopin et l'insatnt d'après, une bizarre sensation de picotement me court du gros doigt de pied au bout des cheveux.

« Keksetafé ?

« Rien… tas dû te fêler un peu le tibia. Maintenant, t'as plus rien.

« Merci Jérémy, t'es un amour.

« HUM.

« Fred, ta gueule !

Jlai casséééééééé. Cte froidure ! Je suis un congélateur avec des bourrelets. On retourne dans la chmbre. Je découvre mon duvet étalé comme une masse sur le carrelage blanc de la salle de bain.

« Bien, dit Helen, maintenant, on va essayer de savoir ce que tu fabriquais dans la baignoire à six heures du matin, espèce de maso.

« Elle est peut-être somnambule ?

« Ca ne se dit pas noctambule ?

« Non non, c'est somnambule, il me semble.

« Puisje placer n mot ? (je dis)

« Et moi j t'assure que c'est noctambule.

« PUTAIN Helen ma chérie mon amour je vais essayer de te le dire gentiment mais c'est somnambule !

« Objection votre honneur ! (je dis)

« La parole est donnée à Maître Noémie.

« Cause invoquée : j'ai roulé pendant la nuit !

Zef.

« Ca me semble relativement une pas trop mauvaise cause.

« Ouaif. Il est quelle heure ?

« Six heures trente George.

« Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

« Déjà, on mange ! (moi)

« Rhoooo…

Helen se met à ricaner.

« Ya quoi de si désopilant ?

« Rien Ma Chère No. Je viens juste d'avoir une idée terrible. Même Dumbledore y aurait pas pensé.

« Erreur. Dumby pense à tout.

« Ta gueule Fred. Alors, on va manger ?

Elle éxécute un sourire archi-faux. Merde, qu'est-ce qu'elle a bien pu inventer ? Elle se penche un peu pour enfiler un pantalon par dessus son microshort de pyjama et j'ai une vue imprenable sur le haut de son crâne quelque peu déplumé. Melle Rubicols souffrirait-elle d'une calvitie précoce ? Tandis que cette question captivante traverse mon esprit, Fred hurle dans le couloir, sans pitié pour les gens normaux qui désireraient dormir un minimum (tu parles, ils ont fait la bringue toute la nuit !) et nous nous dirigeons vers ce couinement qui est en fait une sorte d'appel. Et alors, la calvitie d'Helen me sort pr l'oreille droite tandis qu'une autre question captivante m'entre par la gauche, à savoir : « Pourquoi Helen a-t-elle soudainement envie de manger, ou plutôt de me voir manger ? » Quelques premières idées viennent alors macérer parmi ma matière grisâtre. Elle a peut-être fait la cuisine ? Dans ce cas attendons nous à une baisse de fréquentation très prononcée au Chaudron. Elle va me foutre une Bombabouse sous le coussin ? On s'est promis hier soir qu'on arrêtait la guerre civile. Je ne vois plus grand chose de bien réaliste… A moins bien sûr que les scientomages aient prévu une chute déléphants roses pile poil à ma place habituelle et dans ce cas, je vois parfaitement. Mais bon, les chutes d'éléphants roses se font plutôt rares ces temps-ci, je trouve personnellement.

Berf, on arrive dans la salle à manger et on s'installe à notre place favorite, à svoir une table ronde dans un petit coin pas ou peu éclairé. On s'installe tranquillos et Helen nous dit :

« Alors, comme d'habitude ?

« Oui Helen.

« Oui, (je dis) mais demande un peu moins de croûte dans mon sandwich à la pizza, moins de pulpe dans le jus de frite et six paquets de sucre au lieu de cinq pour mon yaourt, merci.

Elle soupire. J'ai peut-être fait une gaffe ?

Elle revient et distribue à tout le monde des œufs brouillés accompagnés de salade au lardons pour Jérémy, de salade sans lardon pour elle-même, de toasts au beurre salé pour Fred et de toasts au beurre pas salé pour George (c'est dégueulasse le beurre pas salé !) Pour m part, j'affûte mes doigts afin d'attrapper mon sandwich à la pizza et d'y engouffrer violemment mes incisives quand atterit devant moi un bol de lait froid et un yaourt zéro pour cent (non sucré) avec un paquet d'édulcorants en poudre.

« Qu'est-ce que c'est que ça ?

Helen se met à ricaner sadiquement. Silence dans le troupeau.

« Helen… tu aurais pu faire moins brusquement quand même. (Jérémy)

« Ah, c'est pas super simpa… t'aurais pu la prévenir quand même. (George)

« Oh, c'est vache ! (Fred, mais au fond je suis sûre qu'il pensait : chouette, si elle devient moins grosse, les autres arrêteront de se foutre de moi !)

« Quoi ! Tu es tarée ? Tu veux ma mort !

« Je veux pas ta mort, je veux ta vie !

« Très drôle ! Ramène ça au bar immédiatement ou j'hurle !

« Les articles ne sont ni repis ni échangés ! Et si tu hurles, je te colle un Mutismus ! Mange !

Pas drôle la vie… pour un peu, je me suiciderai. Comprenez moi : à midi, Helen m'a fait mon menu et m'a commandé de la panse de brebis farcie… innutile de dire que je n'ai rien bouffé, et quand le dîner est arrivé, même si c'était une salde maïs-thon-tomate-riz-œuf dur, je me suis jetée dessus et je l'ai engloutie en cinq secondes montre en main. La mort… Quand on sera à Poudlard (dans deux jours) faites moi penser à ne pas me mettre à côté d'elle pendant les repas pour pas qu'elle me serve. Pitié…