Disclaimer : L'histoire est basée sur des personnages et des situations qui appartiennent et ont été créées par JK Rowling, par de nombreuses maisons d'édition incluant Bloomsbury Books, Scholastic Books, Raincoast Books, Warner Brothers et autres.

Auteure : serinamalfoy

Note de la traductrice : Hey, tous! Voici le deuxième volet de Dwindling Pieces. Je vais donc m'armer de courage et commencer… On se revoit à la fin du chap, d'ac? Ah, oui, en passant, cette partie est plutôt axée sur Ron et Hermione et euh… c'est ça là.

Dwindling Pieces

Seconde partie : Lassitude

Elle sent son abdomen se contracter, les muscles de son estomac se serrer, puis se détendre douloureusement. Elle ferme les yeux pour ne pas voir ce qui s'est échappé de sa bouche, elle pleure de douleur et de dégoût. Malgré ses muscles qui protestent, elle s'asseoit sur le sol, souhaitant qu'il y ait des bras pour l'entourer et la rassurer, pour ne pas qu'elle soit seule, roulée en boule sur le plancher. Elle se demande vaguement pourquoi elle est rouge de chaleur, étendue contre le froid, mais les coups qui sont frappés sur sa tête et ses côtes semblent plus importants que de telles pensées.

« Ron… » parvient-elle à articuler. Aucune réponse.

Tout son corps est secoué, ses doigts tremblent. Une sonnerie stridente retentit et elle retient avec peine un sanglot. Elle secoue la tête, essayant en vain de se débarrasser du bruit.

Mais il y a un autre son, encore plus orageux que ses pensées et la sonnerie. Il est aigu et grave à la fois, tranquillisant.

Elle entrouvre les yeux, et regarde autour d'elle en chancelant. Il y a une lumière blanche et aveuglante devant des tuiles d'un vert pastel. Sa vision est seulement assez claire pour reconnaître les formes de la toilette et de l'évier. Elle relève légèrement la tête, tentant de se souvenir de l'origine du son.

Elle l'entend à nouveau, et regarde l'évier. Elle devine le robinet et la goutte qui avait dû tomber.

Ploc.

Elle sait que Draco va avoir un accès de colère quand il va découvrir que la plomberie de sa maison n'est pas parfaite. L'ombre d'un sourire passe sur son visage et elle ferme les yeux.

Elle se demande comment va Draco. Il semblait assez peu heureux à l'idée d'emmener Harry à sa chambre. Elle avait voulu le suivre, mais Ron avait choisi ce moment précis pour entrer. Ce n'était pas la première fois qu'elle n'était pas heureuse de le voir, et elle lui avait raconté à contrecoeur ce qui était arrivé. Elle avait voulu aller voir comment Harry allait, mais Ron l'avait obligée à rester en bas. Elle sait qu'il ne veut pas voir Draco, et tout ce qu'elle pouvait faire était se dire qu'il agissait comme un enfant. Il jouait le rôle de son insensible meilleur ami, pas celui de son mari. Elle avait grogné de frustration, et décidé de lui rendre la pareille.

Ploc.

"Pourquoi lui fais-tu confiance, Hermione?", avait-il demandé.

« Parce que c'est mon ami, Ron. En général, on fait confiance à nos amis. Mais tu ne sembles pas réussir quand je suis près de lui ! »

Ron ignora sa réplique. « Et lui, il te fait confiance? »

C'est à ce moment que son estomac a commencé à donner l'impression qu'il avait été infecté au plomb – celui empoisonné qui a déjà été utilisé pour faire des tuyaux. Elle ne sait pas pourquoi c'est arrivé, mais elle s'est immédiatement sentie nauséeuse. Elle avait dit à Ron que ce n'était pas le moment de faire des enfantillages, et courut jusqu'à la salle de bains la plus proche.

Ploc.

Maintenant, elle est là, couchée sur le plancher de tuiles, faible d'avoir rendu tout ce qu'elle avait ingurgité. Elle se demande pourquoi elle est malade. Hermione ne se sentait pas bien depuis quelques semaines, depuis le retour de Harry. Elle ne croit pas être malade à cause de la question de Ron; c'était simplement arrivé au mauvais moment.

Ploc.

Pauvre Harry. Elle se rappelle comment Draco avait dit qu'il aiderait personnellement à la guérison de Harry. Il n'allait pas seulement fournir l'argent, il allait aussi lui réapprendre ce dont il avait besoin. C'était pendant un moment de faiblesse, quand il était déchiré entre son travail et ses émotions. La fragilité de Draco n'avait pas échappé à Hermione ; il ne l'admettrait jamais, mais elle sait qu'il ne dort pas et ne mange pas. Il est consumé par ses pensées durant la journée qu'il ne considère plus ses besoins physiques.

Ploc.

Harry avait été un coup dur pour les nerfs de Draco, et Hermione en connaît les conséquences. C'était déjà arrivé auparavant, même si elle n'était pas encore amie avec Draco. Tard un soir, il y a des années de cela, Harry était venu la voir et lui avait simplement demandé de surveiller Draco. Il voulait que Draco soit en sécurité, et ça avait apeuré Hermione. Elle avait remarqué ses disparitions nocturnes à Poudlard, les regards échangés, et l'enthousiasme intensifié des deux garçons à commencer des batailles. Elle s'était même demandée si, pendant cette période, ils s'étaient battus seulement pour pouvoir toucher l'autre.

Le lendemain matin, quand elle eût réalisé que Harry était parti, elle avait couru trouver Draco. Il était là, sur l'herbe. Il le savait, lui aussi, et quand il l'avait regardée, Hermione n'avait vu que du vide. Elle se rappelle son envie de hurler, car Draco n'était pas simplement impassible, il était vide.

Ploc.

« Il est parti. »

Silence.

"Il n'est jamais parti sans me dire au revoir."

« Alors, c'est vrai ? »

« Que l'on était ensemble ? »

Silence.

"Chaque moment que l'on passe séparés prouve que l'on ne l'est plus."

Ploc.

Il y avait eu de la faiblesse à ce moment, dansant autour du jeune homme comme ces particules de poussière que l'on ne peut voir qu'à la lumière du soleil. Draco n'avait jamais été de ceux qui montrent leurs émotions, mais dans un moment si désespéré… oui. Hermione n'avait su que faire, elle avait eu peur de ne pas pouvoir l'aider, sans parler de la promesse qu'elle avait faite à Harry.

Ce n'est pas la première fois qu'elle se demande pourquoi elle a eu plus peur pour Draco que pour Harry. Elle savait à ce moment que Harry prendrait soin de lui, mais était tout de même étonnée d'avoir si peu réagi à cette disparition. Hermione n'avait pas pensé qu'il reviendrait, car elle savait que son ami avait besoin de quelque chose d'autre ; quelque chose de différent de ce qu'il avait. Harry n'avait pas besoin de publicité, d'éloges ou de gloire. Il n'avait pas non plus eu besoin du sang d'un millier de morts son dos. Sachant cela, Hermione avait pu passer à autre chose.

Elle aurait seulement voulu que Ron et Draco fassent de même.

Ploc.

Elle aurait souhaité ne pas voir la réaction de Draco durant les premiers jours, ni durant les premières années. Il y avait la coquille vide de Draco Malfoy, qui avait été réduit à néant par la disparition de son rival. Elle l'avait évité après cette première rencontre, mais n'avait pas réussi à faire de même avec Ron. Il était comme Draco ; il agissait comme si sa vie pris fin le jour du départ de Harry. Il ne croyait pas que Harry allait bien, ou qu'il avait voulu partir. Ron était égoïste et voulait que Harry revienne.

Mais elle avait aussi été égoïste ; les deux garçons étaient des squelettes fragiles qu'elle n'avait pas voulu transporter, qu'elle avait évité aussi souvent que possible. Elle avait bien supporté le départ de Harry, mais ce qu'il avait laissé derrière était trop pour elle. Les gens avaient besoin d'aide et de réconfort, et la communauté sorcière avait besoin de récupérer après la fin de la guerre. De plus, tous voulaient savoir ou était passé leur Héros, et elle n'avait pas de réponse à donner.

Ploc.

Mais tout cela avait semblé hors sujet après quelques semaines, Hermione avait toujours pensé d'elle-même qu'elle était quelqu'un de confiance, et elle avait respecté la promesse faite à Harry. Elle observait Draco tous les jours, et réalisa qu'après avoir surmonté le choc, il était incapable de prendre une seule décision rationnelle. Sa vie après Poudlard n'était que recherche. Il faisait tout en son pouvoir pour retrouver Harry, et quand ses ressources s'épuisèrent, Hermione l'avait vu faire des études de loi et apprendre plus, créant de nouvelles connexions, apprenant de nouvelles façons de manipuler les gens et demander au ministère une recherche plus approfondie.

Il n'avait plus de passion. Draco Malfoy avait été connu comme quelqu'un d'intense dans sa colère, mais tout cela avait disparu. Sa détermination s'était amenuisée, même s'il était resté aussi entêté qu'à son habitude. Hermione avait souhaité, avec un étrange espoir, qu'une de ses caractéristiques lui resterait ; que sa haine le ferait avancer à pleine vitesse, à la place de le laisser au neutre.

Elle l'avait vu tous le jours, son travail dans le département de recherche de la firme étant son seul succès dans tout ce désordre. Honnêtement, pense-t-elle, l'emploi est aussi intéressant que la reproduction des méduses australes en Antarctique (), peu importe le fait qu'elle passait la journée le nez dans des livres. Elle n'avait jamais voulu travailler là, mais chaque jour elle se rappelle sa promesse et endure l'ennui.

Ploc.

Mais il y avait et il y a encore des jours ou elle souhaite pouvoir s'échapper pour aller à sa maison, à la maison qu'elle partage avec Ron. Elle croit que la maison est une libération, ou du moins qu'elle devrait l'être. Pourtant, durant ses premières années de mariage, Hermione n'avait jamais voulu retourner chez elle. Sa maison n'avait jamais été une libération. C'était simplement un autre emploi ; le mariage était une autre carrière. Elle arriverait à une maison vide et sombre, et passerait la plupart de ses nuits à chercher son mari.

C'est avec horreur qu'elle l'a trouvé pour la première fois dans un pub. Elle ne savait même pas ce qui l'avait poussé à entrer, mais avait fini par réaliser qu'elle ne le trouverait nulle part ailleurs.

L'expression "noyer sa peine", Ron la prenait au pied de la lettre. Il avait commencé à acheter de la boisson avec l'argent qu'il gagnait en jouant pour les Canons de Chudley, faisant des trous dans ses poches en très peu de temps. Il ne ressentait pas le succès et la fierté qu'il aurait du ressentir en jouant pour son équipe préférée. Hermione réalisa bien assez vite qu'il ne jouait pas pour son amour du Quidditch, mais pour son amour des nuits passées dans un pub.

Ploc.

Hermione avait essayé d'empêcher Ron d'aller dans des pubs tous les soirs. Il avait remarqué et développé l'habitude de changer de pub chaque nuit, sans ordre précis. Elle avait abandonné l'idée de l'arrêter, même après le renvoi de Ron des Canons. Elle ne l'avait pas empêché de se trouver de nouveaux emplois. Elle s'était demandée de nombreuses fois ce qu'elle pourrait faire, mais elle n'avait pas trouvé de réponse autre que de le laisser faire.

Elle s'était sentie si inutile, sachant qu'elle ne pouvait pas aller à la bibliothèque pour trouver solution à son problème, comme elle le faisait à Poudlard. Alors le soir, elle revenait à la maison et s'endormait en pleurant. Elle était incapable d'attendre son mari.

Ploc.

Maintenant, elle n'a plus ce problème. Même si Ron ne passe plus toutes ses soirées au pub, quand Hermione ne veut pas aller chez elle, elle reste en ville et va passer la nuit dans l'appartement de Draco. Maintenant que Harry est au Manoir, elle passe fréquemment plusieurs jours sans revenir chez elle. Wilone partie, elle a décidé de rester encore plus longtemps. Elle sait que Draco aura besoin d'elle.

Ploc.

Le robinet va la rendre folle si elle ne sort pas tout de suite. Hermione se lève avec peine. Tout tourne autour d'elle, et elle ferme les yeux pour reprendre son équilibre. Elle se demande pourquoi tout ce qui l'entoure semble sens dessus dessous, pourquoi tout semble tourbillonner. Hermione était allée voir une Médicomage, mais on lui avait dit qu'elle était en parfaite condition. Quand elle sent le tournoiement stopper, elle traverse le hall et se dirige vers les escaliers.

Les portraits ignorent Hermione, et les corridors l'enveloppent dans un silence mystérieux et pressurisé. Elle se sent suffoquer, seule dans ces passages sans fin. Il est parfois difficile d'oublier que cette maison avait déjà appartenu à un homme qui haïssait les gens comme elle. Quelquefois, elle imagine qu'il y a un piège à chaque coin, que quelqu'un cherche sa mort. Soulagée de se trouver devant la porte de la chambre de Harry, elle attrape la poignée de porte. Le morceau d'argent est encore chaud, et elle a un léger saut.

Hermione se demande qui vient d'entrer. Draco était monté avec Harry il y a une éternité. Quelqu'un d'autre a dû entrer.

Ron.

Hermione pousse la porte, espérant trouver son mari. Elle croit que sa maladie lui donne envie de voir Ron, pour se détendre dans la seule parcelle de normalité qu'elle peut trouver à sa vie. Elle met un moment avant de réaliser que la seule personne qui peut lui donner cette sensation de soulagement est Draco, et même lui y arrive à peine.

Hermione secoue la tête avec irritation. Comment peut-elle espérer quelque chose de normal à un tel moment ?

L'irritation commence à devenir de la douleur, et elle blâme Harry. Elle commence à penser que s'il n'était pas parti, sa vie ne serait pas un fiasco, et son mariage non plus. S'il n'était jamais revenu, Draco ne serait pas pris dans tout cela, et elle ne croirait pas que tout pourrait redevenir normal. La colère monte, infectieuse comme une maladie étrangère, et, peu importe à quel point elle tente de la combattre, elle continue à s'étendre comme une fièvre mystérieuse rampant dans ses veines. Hermione sait qu'elle ne devrait pas être fâchée, mais elle n'y peut rien. Elle ne devrait pas blâmer Harry, mais elle ne peut penser à aucun autre bouc émissaire pour le moment.

Mais comment peut-elle penser tant de mal de son ami? Il n'est pas en état d'être blâmé, et n'avait-elle pas été d'accord avec son choix durant les dix années précédentes ?

Prenant une profonde inspiration, Hermione ferme ses yeux et se force à penser rationnellement. Ce n'est pas la faute de Harry. Harry est son ami, et elle est heureuse qu'il soit de retour. Tout ce dont elle a besoin, c'est la compagnie de quelqu'un; Draco, ou même son mari. Elle a besoin de quelqu'un sur qui s'appuyer, car soudainement elle recommence à se sentir étourdie. Elle prend encore quelques inspirations avant d'ouvrir les yeux.

Hermione regarde dans la pièce depuis le seuil de la porte, et réalise qu'elle est vide. Sur le lit de Harry, il n'y a que des draps froissés et pêle-mêle, et elle ne peut rien voir d'autre, mis à part le dos du grand fauteuil. Sa colère se dissipe, et Hermione se sent confuse. Elle fait quelques pas vers l'avant, et réalise qu'elle n'aurait pas dû entrer. Un tremblement de peur agite son corps lorsqu'elle voit la tête de Harry dépasser au-dessus du dossier du fauteuil. En un instant, il ne regarde plus la chaise, mais transperce Hermione de son regard émeraude. Cette dernière commence à trembler violemment, se sentant mise à nue par le regard insistant de Harry.

Pourquoi tremble-t-elle? N'était-il pas son ami? Elle ne devrait pas être terrifiée. Harry n'est pas assez sain pour la voir. Mais il y a quelque chose dans son regard qui fait croire à Hermione que ce n'est plus vrai. Il se lève, son regard toujours fixé sur la jeune femme.

Les yeux d'Hermione s'agrandissent lorsque Harry s'avance légèrement, tout son corps maintenant vers elle. Alors qu'il s'approche, Hermione ne peut plus nier sa peur. Elle a l'impression que sa seule personne la draine de toute son énergie, et comme de l'eau elle s'évapore de son système. Elle se sent desséchée, et tombe sur le plancher froid.

Sa tête repose près des pieds de Harry, et elle se tourne légèrement pour regarder son ami. Il semble plus grand qu'il ne l'était. Mais elle n'en est pas certaine, et ses yeux se ferment. Ses paupières ne peuvent plus rester ouvertes, et sa tête tourne sur le côté. Elle perd conscience de ce qui l'entoure.

Malgré tout, elle peut entendre les pas de Harry sur la moquette, puis un son venant du fauteuil.

Elle entend cette voix familière parler, dire un nom.

« Harry ? »

La dernière chose dont Hermione se rappelle est de s'être dit qu'elle n'avait jamais entendu Draco dire son nom avant.

Certains appellent cette sensation de la fougue. D'autres ne peuvent que difficilement la supporter, mais souffrent encore pour la ressentir à nouveau. Pour Ron, elle est comme revenir à la maison, consommant le liquide en gorgées rapide et âcres. Il y a l'adrénaline qui monte quand le liquide frappe le fond de sa gorge, pareille à cette anticipation qu'il sent lorsqu'il ouvre la porte d'entrée, se demandant si quelqu'un va être à la maison pour lui souhaiter la bienvenue. Puis il se détend, laissant le fluide familier couler dans sa gorge pour aller rejoindre son estomac, apaisant. C'est familier, comme être dans les bras de quelqu'un qu'un aime, et quand le breuvage se niche dans son abdomen, Ron se rappelle la sensation du thé réchauffant son estomac après une longue journée de travail.

Le verre frappe le comptoir de bois, et il en demande un autre, se sentant déplorable. Il a l'impression de nager dans la mer de la bière et de la douleur, et il ne connaît qu'un moyen de s'en sauver : s'y noyer.

Il n'aime pas se noyer dans la douleur, mais peu importe l'endroit ou il va, il la trouve. Il y a de la douleur au boulot, où il n'a pas de passion pour une carrière. Il cherche un nouveau travail chaque semaine, seulement pour être renvoyé encore une fois. On lui dit qu'il a des problèmes avec les responsabilités, et qu'il a besoin de développer sa persévérance et son endurance.

La douleur s'enveloppe dans les objets qu'il utilise au quotidien. Le balai contre le mur lui rappelle les heures passées à voler autour du terrain de Quidditch avec Harry. Le jeu d'échec sur la table basse est un cadeau de Harry. Les blagues qu'il raconte lui rappellent le rire de Harry. Les photos sur les murs, la Gazette du Sorcier – tout rappelle Harry.

Il y a de la douleur à la maison, aussi. Il n'y a jamais sa femme pour l'accueillir, seulement le fantôme d'un enfant qui subsiste sur les murs d'une chambre dans laquelle il aurait grandi. Il y a tant de chagrin dans cette chambre. Quand Hermione n'est pas là, il entre dans la pièce et regarde les murs. Il se couche sur le plancher et se demande ce qu'il a fait pour mériter une vie pareille. Il se demande pourquoi il n'y a pas un enfant sur le plancher avec lui, sautillant et criant « Papa, papa, montre moi à voler ! »

Avait-il fait un choix dans le passé qui l'avait privé de bonheur? Il ne sait pas, et sent une rage infinie s'emparer lentement de lui. Comme de l'huile bouillante, elle mord chaque surface qu'elle touche. Une fois de temps en temps tout cela explose, et un torrent de douleur et de colère s'empare de lui.

La seule façon qu'il connaît pour calmer sa rage est de lui en donner une autre de sa sorte.

L'alcool, se dit Ron, est une boisson d'homme fâché. Pour tuer la fureur, la nourrir avec de la fureur. Comme le principe d'annulation qu'Hermione pratiquait dans ses problèmes d'Arithmancie. S'il veut se débarrasser d'un problème, il en trouve un autre qui lui est égal.

Ron saisit le verre que lui tend le barman et le vide en un mouvement rapide. Il savoure à nouveau la familiarité de la sensation dans sa gorge.

Parfois, il se demande s'il boit simplement pour combattre la colère qui bout en lui. Ça n'a pas de sens. Il s'enfonce dans son siège et dépose le verre. Il boit pour combattre la colère il le sait, mais Ron n'est-il pas fâché à cause de sa vie qui va dans le mauvais sens, à cause de sa femme qui est fâchée contre lui ?

Et pourquoi Hermione est-elle fâchée contre lui ?

Une vague image se forme dans l'esprit de Ron, et celui-ci s'accroche à elle pour la déterrer complètement de sa mémoire.

Ron se rappelle d'une nuit, Presque cinq ans auparavant. Il était à ce point dans sa vie ou il avait tenté de dédier sa vie au travail. Il s'était entraîné durant d'innombrables soirées pour être accepté dans une équipe de Quidditch. Même si Hermione travaillait, il sentait le besoin de contribuer aux revenus lui-même, pour se sentir utile.

Il avait éventuellement été accepté dans les Canons de Chudley. Mais il n'en ressentait pas de joie ; il ne sentait pas l'excitement qui montait de ses orteils jusqu'à sa poitrine comme durant ses années de Quidditch à Poudlard. Seulement un terne soulagement, sachant qu'il pouvait faire quelque chose de sa vie, ne pas se sentir inutile.

Mais ce soir-là, il y avait eu une petite réunion. Les élèves de leur année qui avaient survécu à la guerre s'étaient rassemblés pour célébrer leur cinquième anniversaire de graduation. Ron n'avait pas voulu y aller, mais Hermione avait accepté l'invitation. Aucun des deux ne voulait faire face à leurs anciens pairs pour se faire questionner sur celui qui ne serait pas avec eux. Ils n'avaient pas voulu recevoir des condoléances pour leur enfant perdu par des gens qu'ils ne reconnaîtraient pas.

Mais, le soir de la réunion, Hermione était revenue tôt à la maison, et demanda à Ron de mettre sa robe de soirée. Il avait protesté, mais Hermione avait été inflexible. Hermione ne comprit jamais ce qui l'avait fait changer d'avis.

Ron avait passé la soirée à sa table pendant qu'Hermione regardait la foule tel un faucon. Ses bras étaient croisés et elle avait lancé des regards furieux toute la soirée. Ron pouvait sentir une énergie négative se dégager d'elle, prévenant leurs pairs, car personne ne les approchait. Ron s'amusait à se demander ce que l'énergie autour d'eux devait bien avoir l'air. Elle serait verte, car toute l'énergie semblait verte dans sa tête. Elle était foncée, comme un orage électrique…

Toutes ses pensées se tournaient vers quelqu'un. Elles lui rappelaient des yeux, des yeux qu'il n'oublierait jamais, même s'il ne les avait pas vus depuis cinq ans. Il rêvait d'eux la nuit, parfois, quand il souhaitait si fort que son ami soit de retour.

Ses pensées étaient bouleversantes. Il ne voulait pas se souvenir de Harry, car ça lui rappelait comment sa vie était avant la fin de la guerre. Affligé, Ron s'était dirigé vers le bar, au bout du plancher de danse. C'était une nuit de plaisir parmi ses anciens amis, mais il ne pouvait pas partager leur enjouement et leur gaieté. Il s'était assis et avait demandé au barman la boisson la plus forte qu'il avait.

Ron ne se souvient pas combien de verres il a bu ce soir-là. Il se rappelle qu'il aimait la sensation de l'alcool sur sa langue, et le murmure de ses amis qui s'inquiétaient ; il ne devrait pas boire autant, disaient-ils. Le reste était une brume floue de lumières et de liquide couleur d'ambre dans des verres de cristal.

Puis un hurlement, et la noirceur.

"Ronald Weasley!"

Il avait ouvert ses yeux et regardé vers le haut.

« Que crois-tu être en train de faire ? »

Ron toussa et marmonna quelque chose.

Il se rappelle les gens qui riaient, Hermione qui sanglotait, il ne se souvient pas de ce qu'il avait fait, mais ça devait être affreux. D'embarrassant. Mais il ne s'en souvient plus.

Il se souvient que Malfoy avait pris soin d'Hermione cette nuit-là. Il se souvient de la façon dont elle s'accrochait à lui, abîmant son complet en pleurant sur son épaule. Malfoy n'avait pas serré Hermione dans ses bras de façon réconfortante, mais il avait regardé Ron avec un air dégoûté.

« Aucune femme, de parents moldus ou sang-pur, ne mérite d'être humiliée par son mari. »

Les mots de Malfoy, ceux qu'il avait dits avant de partir, avaient longtemps résonné dans la tête de Ron. Et quand Ron avait été assez sobre pour marcher jusque chez lui, il avait décidé de présenter ses excuses à Hermione.

Mais elle n'était pas là. Elle était avec Malfoy.

Il se souvient maintenant que c'était cela qui avait causé la frustration initiale qui faisait avancer leur mariage. Elle avait été embarrassée, et lui avait été remplacé par la Fouine. Ron ne comprend pas quel genre d'obligation Malfoy avait envers Hermione à cette époque, mais ils travaillaient ensemble, et il devait ressentir de la pitié envers elle.

Mais que sa femme ne veuille pas lui faire face avait bouleversé Ron. Il était allé noyer sa frustration. Mais quand elle l'avait surpris à boire, quelques nuits après, elle s'était fâchée et il était retourné au pub pour oublier ses problèmes.

Il décide que la vie n'est qu'un cercle vicieux de frustration et de colère cachées, puis oubliées, seulement pour être réitérées.

C'est pourquoi il continu à boire, même s'il sait que c'est la cause des tensions entre lui et sa femme ; parce que boire l'aide à oublier.

Mais il sait que demain ne fera qu'apporter plus de fureur.

"Vous planifiez d'en prendre un autre?"

Ron regarde le barman. Étant donné qu'il peut différencier les poils qui sortent de son nez de ceux qui garnissent sa poitrine, il décide qu'il est trop sobre pour oublier quoi que ce soit. Il grimace et acquiesce.

En regardant le liquide ambré couler dans son verre, Ron se rappelle de quelque chose. Les yeux de quelqu'un, pense-t-il ; Hermione ?

Avec ces pensées, il se demande ce que sa femme fait. Quand Ron était allé au Manoir plus tôt, elle s'était sauvée après lui avoir demandé d'aller voir Malfoy et Harry. De savoir qu'elle s'en fait plus pour eux que pour son propre mari le dégoûte. Il est contrarié quand il rentre le soir et voit qu'Hermione est encore au Manoir, ou à l'appartement de Malfoy, pas avec lui, chez eux. Malfoy et Harry n'ont-t-ils pas déjà assez d'attention ? Avec Harry de retour, Hermione semble être partie encore plus qu'avant, passant encore moins de temps avec Ron.

Ron avait voulu leur dire. Ron veut le leur dire, se faire remarquer, leur rappeler qu'il est encore là. Il veut leur dire qu'il sait, qu'il les avait entendu parler de Harry, il y a quelques années. Il sait que Malfoy et Harry étaient ensemble avant la disparition de Harry. Il avait été sobre, un soir, et avait voulu ramener Hermione chez eux. Il voulait lui prouver qu'il pouvait être un homme, qu'il voulait être avec elle. Il était allé en ville, à l'appartement de Malfoy, et les avait entendus se chicaner. Hermione essayait de convaincre Malfoy d'arrêter de chercher Harry. Malfoy avait refusé d'écouter et allait partir quand Ron avait entendu Hermione crier « mais si tu l'aimes laisse-le, Draco ! ».

Ron avait été immobilisé par la terreur. Il avait aussi été chanceux, car Malfoy avait arrêté et n'avait pas quitté l'appartement, évitant une situation assez gênante pour lui. Il avait entendu Malfoy marmonner quelque chose à propos du fait qu'il n'aimait pas « Potter », et Hermione avait mentionné leur histoire à Poudlard.

Il ne leur a jamais dit qu'il les avait entendus, et Ron avait vécu assez longtemps avec le secret de la relation entre Malfoy et Harry sur la conscience. La vérité le révolte. Il avait voulu le leur dire au Ministère, le jour ou Harry avait été retrouvé. Il avait été furieux quand Malfoy avait dit qu'il emmènerait Harry au Manoir, et Ron s'était levé de son siège, le sang bouillant dans ses veines. Il avait été si tenté de dire ce qu'il savait, et ne pas le dire lui avait fait l'effet d'un détraqueur, effaçant tout souvenir heureux de son esprit pour quelques temps.

Mais Ron sait qu'ils ne doivent pas savoir qu'il sait. Il y a longtemps, quand ils étaient à Poudlard, à la fin de la guerre, Harry était devenu mystérieux, disparaissant le soir pour ne revenir que tard dans la nuit. Mais, une fois, Ron avait attendu son retour. Mais quand il lui avait demandé ce qui se passait, Harry n'avait pas répondu. Il avait regardé Ron avec tant de pouvoir dans ses yeux que l'on voyait des flammes vertes y danser. Ron avait eu peur de ce pouvoir, et avait laissé passer Harry sans avoir de réponse.

Mais un soir, le soir avant la disparition de Harry, Ron se rappelle qu'il lui avait dit « Je lui fais confiance, Ron, et je te fais confiance aussi, je sais que tu ne lui diras pas. »

Il n'avait pas su ce que Harry voulait dire, mais maintenant oui. Il décide de ne pas dire ce qu'il sait à Malfoy, car d'une certaine (étrange) façon, il avait juré silencieusement à Harry qu'il ne le ferait pas.

Ron se souvient à quel point Harry lui manque et repousse son verre. Ce soir, l'alcool ne fait pas oublier, et il est seulement plus conscient de tout ce qui lui manque, les heures de vol et de parties de cartes avec son ami. Il s'ennuie de Harry le chef, de Harry quand il était gêné et nerveux, il s'ennuie de leurs plaisanteries. Ron s'ennuie des choses simples de son enfance, et il ne veut pas que tout cela soit parti en poussière.

Il cligne des yeux et regarde autour de lui, s'étant difficilement levé de son siège. Tout tourne autour de lui, et il s'accroche au dossier de la chaise la plus proche pour récupérer son équilibre. Bizarrement, il sent son esprit se libérer des vapeurs de l'alcool, même si le monde autour de lui reste flou et sombre. Il tente d'effacer le brouillard qui obscure sa vue, et espère qu'il réussira à marcher jusqu'au Manoir. Il veut repartir à neuf avec Harry, avec Hermione.

Il veut réparer sa vie. Maintenant.

La pièce est à peine éclairée quand elle ouvre les yeux. La lueur de la chandelle devrait être douce, comme des lucioles dans un jardin, mais le contraste d'éclairage donne l'impression qu'elle est aveuglante. Hermione regarde le plafond, qui est moins éclairé, et voit les ombres de objets qui meublent la chambre. Les ombres sont comme des souvenirs, des impressions vacillantes, jamais stables et changeant constamment. Avec chaque pensée elles changent, se transformant en une copie altérée de l'original. Elle se demande si c'est comme cela que Harry perçoit le monde.

Penser à Harry la fait frissonner. Quel pouvoir obscur avait pu changer Harry de telle façon ? Une voix dans sa tête suggère qu'il est peut-être devenu fou par lui-même, s'éloignant de la civilisation mais gardant toujours un sentiment de culpabilité, mais Hermione repousse cette pensée. Harry n'aurait jamais fait cela, se dit-elle rationnellement.

S'interdissant d'y penser plus longtemps, Hermione se concentre sur ce qui l'entoure. Quand ses yeux s'habituent à l'obscurité, elle reconait les rideaux de velours du lit à baldaquins. La peinture marine des murs brille d'une lueur argentée à la lueur de la chandelle. Hermione frissonne à nouveau.

Ses appartements du Manoir Malfoy sont froids. Elle aimerait qu'il y ait un feu dans la cheminée.

Hermione rampe hors de son lit, glissant entre les draps de soie. Elle avance en tâtonnant jusqu'à la cheminée, et s'agenouille. Elle se demande pourquoi ses muscles la font souffrir. Ses épaules sont douloureuses, ses jambes contractées. Son abdomen aussi, est légèrement douloureux, et elle grimace quand son dos refuse de se plier.

Tardivement, Hermione réalise qu'il est inutile d'être sur le plancher ; elle n'a pas sa baguette avec elle. Elle rampe douloureusement vers le fauteuil qui est un peu plus loin et l'utilise comme support pour se relever. Les jambes d'Hermione tremblent quand elle essaie de se tenir debout par elle-même. Elle cherche sa baguette des yeux. Hermione est parfaitement consciente qu'elle n'est pas venue ici par elle-même, et trouve étrange qu'on lui ait enlevé sa baguette.

Elle replace ses cheveux derrière ses oreilles et entend un "pop".

« Mademoiselle va bien ? »

Hermione regarde l'elfe de maison avec surprise. « Toti ? »

L'elfe acquiesce.

"Que fais tu au Manoir?"

« Maître Draco avait besoin de plus d'aide ici, Mademoiselle. Toti a dit qu'elle pourrait prendre soin de Maître Potter. »

« Tu savais que je serais ici, n'est-ce pas ? »

La tête de Toti s'incline, et elle secoue les oreille. « Toti n'avait pas vu Mademoiselle aux Quartiers Malfoy depuis une éternité. »

« Toti, je t'ai dit que ça s'appelle un appartement. »

« Mais c'est un grand appartement. »

Hermione soupire et frotte son front. « Effectivement. »

Toti remue ses pieds. "Mademoiselle a besoin de quelque chose? Toti croit qu'elle a entendu quelqu'un l'appeler."

« Dis moi seulement qui m'a emmenée ici, Toti ; je me souviens m'être évanouie dans une pièce à l'autre bout du manoir. »

"Maître Draco a demandé à Toti et d'autres elfes d'emmener Mademoiselle dans son lit."

« Comment allait Draco ? »

Toti mord sa lèvre. Hermione l'encourage à continuer, lui rappelant qu'ils sont amis et que Draco lui fait confiance. « Le Maître était pâle, Mademoiselle. »

Hermione hésite avant de hocher la tête, sachant que Toti ne dira rien de plus. Hermione frissonne ; la sensation lui rappelle les batailles de boules de neige quand elle était à Poudlard, et comment les garçons mettaient de la glace dans son dos. Elle a l'impression de sentir de la glace glisser le long te sa colonne vertébrale, laissant de l'eau dans son sillage.

"Toti, serais-tu asses gentille pour allumer un feu pour moi ? Je ne sais pas où est ma baguette. »

Toti surasaute un peu et se précipite vers la cheminée. Des flammes s'élèvent immédiatement, et Hermione regarde Toti détaler.

« Merci, Mademoiselle. »

Hermione a un léger rire. « Tu es vraiment ensorcelée quand je te donne quelque chose à faire, non ? »

« Mademoiselle ne laisse jamais Toti faire les choses pour elle. »

"Merci, Toti."

Hermione se tourne vers le fauteuil et s'asseoit lentement, espérant éviter la douleur. Elle ferme ses yeux fatigués, seulement pour les ouvrir encore une fois quand une petite main tire sur sa robe.

« Oui, Toti ? »

« Madame dit que Mademoiselle peut ravoir sa baguette. »

Hermione regarde avec surprise l'elfe qui se met sur la pointe des pieds pour lui rendre sa baguette. Elle la remercie et regarde sa baguette d'un air suspicieux. Toti fait une révérence et quitte la pièce.

Le feu crépite, des étincelles dorées dansent dans la noirceur. Elles envoient des rubans de lumière dans la pièce, vibrantes et pleines d'énergie. Quand elles s'éteignent, elles tourbillonnent et tombent. Comme des danseurs de ballet, se dit Hermione ; elles sautent et glissent et tournent avec grâce et vitesse, pour finir dans une lente progression de mouvements fluides. Elle continue à regarder les braises tout en tripotant sa baguette.

Qui avait sa baguette? Hermione est la seule femme dans la maison, et la seule "Madame" à laquelle Hermione peut penser ne peut plus venir au Manoir. Dès que Wilone a quitté l'endroit, elle l'a quitté pour toujours.

À moins qu'elle ne soit pas encore partie.

Soudainement, Hermione entend les rideaux des fenêtres s'ouvrir. Le son de cloches la surprend, et elle se tend dans sa chaise. Il n'u a aucune lumière provenant des fenêtres derrière elle, et Hermione jure intérieurement. Sans lumière, il n'y a pas d'ombres. Elle tient fermement les bras de son fauteuil, ses oreilles analysant chaque son pouvant venir jusqu'à elle.

Des cliquetis approchent, mais sont étouffés quand les bruits de pas quittent le plancher de pierre pour arriver sur le tapis. Les bruits arrêtent, et Hermione peut sentir la présence de la personne à sa droite. Elle refuse de reconnaître la présence de la personne, et attend qu'elle parle en premier.

« La meilleure elfe de Grande-Bretagne, j'ose dire. Elle a été entraînée par les meilleurs. »

Hermione roule les yeux. "Qui n'étaient évidemment pas vous, Wilone, étant donné que Toti a été ramenée du Danemark. »

Wilone ne passé aucun commentaire. Elle se place en face d'Hermione, sa jupe bruissant à chacun de ses mouvements. Elle lance un regard noir à l'autre jeune femme, tenant ses mains dans son dos. Hermione lui retourne son regard en silence.

"On ne se demande pas pourquoi mon veuf vous aime tant; vous êtes bien trop obstinée pour être une vraie femme. »

« Pourquoi ne l'appelez-vous jamais Draco ? » crache Hermione, oubliant son silence et ignorant le commentaire de Wilone.

Cette dernière rit. Ce n'est pas un son agréable, mais un qui sonne comme un couteau, trenchant les nerfs d'Hermione. Un rire dans joie. Seulement du mépris moulé dans une boîte, prenant la place de la voix de Wilone dans sa gorge.

« Je pensais plutôt que vous alliez me demander pourquoi je parle comme si la mort m'avait enlevée. »

« C'était ma prochaine question. »

Éclairés par le feu, les yeux foncés de Wilone ont une lueur malveillante. Elle vacille et éclaire ses yeux avec des reflet d'or et d'ambre, puis sont soudainement effacés, vides et sombres, seulement pour s'embraser à nouveau. Ses yeux passent de la vie à la mort en un moment.

« Je n'ai pas à l'appeler par son nom, et je ne ressens que de la rancune pour ceux plus bas que moi qui sont assez irrespectueux pour ne pas faire comme moi. »

« Si j'enlève toutes les formules flamboyantes, vous dites simplement que je suis sans valeur. »

"Je voulais être sûre que cette insinuation était claire."

Hermione ricane, roulant des yeux. « Un conseil : quand vous voulez dire quelque chose à quelqu'un, dites-le. Ne polissez pas le tout avec vos mots excessifs. N'importe qui aurait des cauchemars juste en essayant d'en comprendre la signification. »

Wilone hausse les sourcils, son visage devenant aigri et crispé dans la faible lueur du feu. Ses lèvres se plissent et elle fait un pas vers l'avant, surplombant Hermione qui est toujours assise.

"Tu ne vaux pas la saleté sur la queue d'un rat, Sang-de-Bourbe."

Les yeux d'Hermione s'agrandissent. Elle n'avait pas entendu ce terme péjoratif depuis les débuts de son travail au département de recherche. La seule personne qui lui avait donné ce nom – ce nom… disons plutôt une appellation crue et dégradante – était Draco, quand Hermione et lui se détestaient le plus.

« Dites-moi », réplique Hermione, retrouvant rapidement sa voix, qui se durcit quand elle fronce les sourcils. « Êtes-vous simplement une réincarnation de ce que votre mari était, ou avez-vous votre propre personnalité ? »

Wilone recule, ses lèvres pincées s'étirant en un sourire affecté.

"Avez-vous pris sa méchanceté?"

« Qui ? Ron ? Harry? Croyez-moi quand je dis qu'aucun des deux n'a jamais eu beaucoup de méchanceté en eux."

"Évidemment, en voyant que votre mari est constamment soûl et que M. Potter est mort. »

En un instant, Hermione était debout et pointait le bout de sa baguette sur la gorge pâle de Wilone. Elle sent ses cheveux se hérisser et la température de son corps monter. Elle a l'impression que sa peau est parcourue et mordue par des milliers de fourmis géantes. Elle sent leurs mandibules s'enfoncer dans sa peau, elle fait de son mieux pour garder sa voix basse et dangereuse.

"Je suis habituellement une femme très tolérante, Wilone. Mais, depuis que je vous ai rencontrée à la réunion il y cinq ans, il y a quelque chose de vous que je déteste. J'en ai eu assez de vous ce soir, et je ne veux plus jamais vous revoir. Draco n'est plus votre mari, et vous n'êtes plus la bienvenue dans cette maison. Maintenant, partez, avant que je lui dise que vous êtes ici. »

Wilone perd son sourire, et elle retire ses mains de derrière son dos, montrant un cadre entre ses doigts. Elle le regarde, et Hermione peut voir qu'il contient une petite photo de Renée. L'enfant joue dans un jardin composé de fleurs ambre, blanche et chocolat. Elle rit tout en chassant un petit papillon blanc, sa robe printanière bougeant autour d'elle à chaque pas. Ses cheveux d'un blond foncé, pas aussi beaux que ceux de son père, dansent dans le vent quand son chapeau tombe de sa tête. Renée s'arrête pour le ramasser avec ses petites mains et regarde Hermione. Ses yeux bruns sont mis en valeur dans les coloris de la photo, et elle semble si innocente quand elle sourit. Hermione se demande pourquoi Draco déteste Renée.

"Parfois," dit Wilone d'une voix froide, à peine plus haute qu'un murmure, « Je me demande pourquoi il a accepté d'avoir un enfant. Il ne s'occupe pas de moi, mais en plus son orientation sexuelle ne lui permet même pas de m'aimer. »

"On n'a pas à être hétérosexuel pour aimer un membre du sexe opposé." grince Hermione.

Wilone ne la regarde pas. Sa tête semble se pencher encore plus, comme si son esprit était enfermé dans le cadre de la photo. Peut-être que Wilone voudrait être prise dans le monde ou seule sa fille existe, ou il n'y a que la paix et la joie des fleurs et le soleil et l'ignorance. Hermione regarde les mèches de cheveux bruns de Wilone tomber dans son visage. Elles semblent glisser et se rassembler en boucles lâches, cachant Wilone. Hermione observe Wilone, se demandant à quoi elle peut penser.

Hermione remarque le léger tremblement des épaules de Wilone, et la tête de la jeune femme penche encore plus bas. Hermione est presque inquiète, voyant Wilone aussi immobile qu'une statue. Elle sent le chagrin dans sa posture, dans ses mains qui sont serrées dans une douleur silencieuse. Hermione se dit que Wilone est un chef-d'œuvre de douleur.

Après de longs moments sans mouvement ni son, Hermione étire sa main pour toucher celle de Wilone. Elle a peur de briser le silence, mais son instinct hurle, terrifié à l'idée que Wilone ne soit plus en vie. Si sa tristesse avait étouffé son cœur et arrêté ses battements ? Si tout ça la rendait incapable de bouger ?

Hermione n'aime peut-être pas Wilone, mais elle doit montrer une certaine compassion.

Mais, avant qu'il y ait contact, Wilone se redresse, grande et royale. Hermione ne sait pas si Wilone avait pleuré, mais ses joues sont rougies et tachées. Hermione sent un pincement à son cœur. Quelque chose qui la décourage et qui lui donne envie de s'affaisser ; quelque chose d'aigre et glaciale. Qui lui rappelle les journée mornes ou il n'y a que des nuages gris dans le ciel et que l'atmosphère est obscure.

De la sympathie.

"Où irez-vous?" Hermione demande-t-elle.

Wilone la regarde, et quand elle parle, sa voix mal assurée trahit la peur qu'elle cache derrière un masque de calme.

« Ça n'a aucune importance. »

Hermione ne sait pas quoi dire, sentant son esprit et sa voix se vider de toutes paroles réconfortantes. L'ennui commence à reprendre sa place dans sa tête quand elle voit Wilone se retourner, ses jupes bruissant autour d'elle. Elle est irritée de voir à quel point une telle femme peut lui faire ressentir tant d'émotions contradictoires à la fois.

Hermione se tourne et se rasseoit dans le fauteuil, réalisant soudainement à quel point elle est fatiguée. Elle ferme les yeux et imagine Wilone ouvrir la porte. Hermione tente d'effacer toute émotion ou pensée ayant rapport à l'autre jeune femme. Elle a besoin de se reposer avant d'aller voir Harry et Draco.

"Félicitations."

Hermione sursaute, ouvrant les yeux pour trouver Wilone qui la regarde. Elle pense presque qu'elle regarde son ventre.

"Je vous demande pardon?"

L'ombre d'un sourire se forme sur le visage de Wilone."

« Si j'étais encore la femme de mon mari, Renée aurait peut-être eu un compagnon de jeu. Seulement si, évidemment, Draco aurait permis aux deux de se tenir compagnie.

Hermione regarde Wilone quitter la pièce, en état de choc. Elle avait essayé d'oublier Wilone et tout ses sentiments, mais une rafale d'émotions ruine les efforts d'Hermione. Excitement, joie, anxiété, confusion ; tout cela tourbillonne dans sa tête, formant un tableau. Pastels et peinture de différentes couleurs, évoquant quelque chose de différent, remuant à l'intérieur d'elle. Elle se sent légère et lourde, et son corps ne sait pas si la gravité la retient au sol ou la soulève dans les airs. Tout est un mélange de froid et de chaud, le tout étiré partout sur elle par un doigt invisible qui joue avec sa personne.

L'affirmation de Wilone semble valide – quoi d'autre pourrait expliquer la fatigue et les nausées d'Hermione? Elle avait déjà expérimenté tout cela, mais ne s'en était pas rendu compte avant, avec tant de distractions.

Hermione sent la peur s'infiltrer en elle. C'est un sentiment de malaise noir et infectieux, qui rampe dans son corps pour en prendre possession. Elle ne sait pas si elle est heureuse, et elle commence à mordre nerveusement sa lèvre inférieure. Il y a tant de choses qui pourraient aller mal, tant de facteurs qui pourraient l'empêcher de ressentir la joie qui vient habituellement avec de tels malaises. Pourtant, elle mérite ce bonheur.

Mais comment Ron va-t-il réagir à ces nouvelles ?

La pluie n'était jamais de bon augure.

La pluie reflète l'humeur d'une personne, ou les conséquences auxquelles elle doit faire face, ou même le dénouement d'une situation ou d'un problème. Du moins, c'est ce que Ron croit.

Ses pieds sont difficiles à soulever dans la boue du chemin. Il est chanceux d'avoir choisi un pub près du Manoir ce soir, car il doit marcher pour s'y rendre. Si le Manoir avait été plus loin, Ron aurait dû attendre d'être sobre avant d'aller trouver Harry et Hermione. À ce moment, il se serait probablement convaincu de ne pas y aller du tout.

La pluie continuer à tomber dru, frappant dur sur la nuque de Ron. Il est chanceux que la pluie soit froide, car elle semble éclaircir sa vue et ses pensées. Ses bottes crissent sur le gravier de l'entrée du Manoir Malfoy. Le crissement devient plus rapide et plus fort, et quand Ron s'arrête, il réalise qu'il n'est pas celui qui fait le bruit. Il regarde dans la nuit et voit une autre silhouette sombre s'approcher de lui. Sa taille double quand elle s'approche, et Ron s'éloigne du chemin quand il réalise que c'est une carriole. Les chevaux hennissent en passant près de Ron, de la condensation brumeuse sortant de leurs naseaux et s'élevant dans le ciel nocturne.

Une tête blonde sort de la fenêtre et sourit. Elle salut maladroitement Ron avant d'être tirée à l'intérieur. Ron entend une voix « Reste dans la carriole, Renée. »

Il se demande pourquoi Renée et Wilone quittent le Manoir si tard le soir.

Ron secoue la tête tout en essuyant la boue amassée sur ses bottes. Il croit se rappeler qu'Hermione avait dit quelque chose à propos du départ de Wilone, mais c'était il y a ne nombreuses heures. En fait, c'était hier soir, étant donné que le soleil allait se lever d'une minute à l'autre.

Il se dirige péniblement vers la porte du Manoir, et la lumière s'allume à sa présence. Prudemment, Ron ouvre la porte pour parler.

« Ron Weasley, ici pour voir Harry Potter. S'il vous plaît. »

Le Manoir est silencieux, et les lumières éteintes rendent Ron nerveux. Il répète sa demande, encore une fois sans succès. Ron ne veut pas se retourner. Il doit voir Harry et essayer d'arranger les choses entre eux, même si Harry ne le comprend pas. Il doit voir Hermione. Ron doit s'excuser et lui dire…

Un instant.

« Ron Weasley, ici pour voir Hermione Granger ». Pour la première fois, il espère qu'Hermione avait choisi de rester au Manoir à la place de revenir à la maison. Il retient sa respiration, seulement pour expirer quand la porte s'ouvre en craquant. Il est accueilli par un petit elfe de maison drapé dans les restes d'un rideau de velours.

"Toti souhaite une bonne soirée à Ron Weasley. Mademoiselle est dans ses appartements de l'aile est, Sire. »

Ron acquiesce et passe le seuil. Il est reconnaissant d'être plus sobre qu'avant en voyant le feu dans l'âtre qui aurait pu l'aveugler. « Merci, Toti. »

Toti fait une petite révérence et ferme la porte du Manoir. Ron dirige son regard vers les escaliers. Après avoir enlevé magiquement le reste de la boue sur ses bottes, il monte les escaliers de marbre, regardant les nombreux portraits et peintures. Des ancêtres de la famille Malfoy et des scènes d'ères variées décorent les murs. Ron se demande ce qu'il veut vraiment accomplir en voyant Harry et Hermione. Au pub, il avait décidé qu'il voulait leur parler pour pouvoir avoir un nouveau départ. Mais, maintenant, faire une telle chose de si bon matin ne lui semble pas logique.

Il décide de parler d'abord à Harry, se disant que ce serait probablement la partie la plus difficile. Ron veut dire à Hermione qu'il sait à propos de la relation de Harry et Malfoy, et qu'il veut avoir un mariage normal avec elle. Il ne veut pas se chicaner avec elle pour des riens, et il ne veut pas qu'il y ait de secrets. Mais, pour confier ce qu'il sait à Hermione, il veut avoir la permission de Harry. Ron ne croit pas que ce sera facile.

C'est pourquoi il décide de communiquer avec Harry maintenant. Même s'il est tard, ou tôt, s'il commence à communiquer maintenant, cela va lui sauver une journée de communication dans le futur.

Ron ne se rappelle pas qu'il avait été invité à entrer pour parler à Hermione, et non pas à Harry, quand il se dirige vers l'aile ouest.

Alors qu'il s'approche de la porte de la chambre, Ron se demande si Malfoy est dans la pièce avec Harry. Apparemment, Malfoy est supposé aider à la guérison de Harry. Ron frissonne ; il ne veut pas faire face à Malfoy maintenant.

Ron jette un coup d'oeil dans la pièce, vérifiant rapidement qui est à l'intérieur. Il voit une forme couchée sur le lit de Harry, sa poitrine montant et descendant lentement. La seule autre chose dans la pièce est le fauteuil, et les rideaux fermés font que son ombre s'étend jusqu'à la porte d'entrée. Ron entre, fermant doucement la porte derrière lui. La forme sur le lit bouge, et Ron peut voir le visage de Harry. Il est attaché au lit, comme la dernière fois que Ron l'avait vu.

« Salut, Harry. » dit Ron doucement en avançant. Harry le regarde s'asseoir et commencer à défaire les courroies qui le retiennent au lit.

« Je voulais te voir, Harry. Je voulais te parler et te demander quelque chose. » Ron prend la main de Harry. Il place son autre main sur l'épaule de Harry, puis dans son dos, pour l'aider à s'asseoir.

Ron serre la main de Harry, essayant d'attirer l'attention du regard qui avait commencé à errer dans la pièce. « M'entends tu, Harry ? » chuchote Ron, regardant l'homme aux cheveux noirs quand leurs regards se croisent enfin. Ron lui sourit. Les yeux de Harry semblent plus pâles, comme s'ils reconnaissaient Ron, et lui donnent le courage de continuer.

« Tu te souviens de moi, Harry ? Je suis ton meilleur ami, Ron. Ron Weasley. » Harry continue de regarder Ron, et ce dernier continue.

"Tu es parti longtemps, Harry. J'ai l'impression que l'époque où tu étais avec nous était dans une vie antérieure. » Ron sourit quand il voit Harry incliner la tête. « Mais nous sommes contents que tu sois de retour, tu sais. Nous le sommes tous. Hermione, et moi, et… Malfoy. Nous sommes tous heureux. Personne d'autre ne le sait pour le moment, et nous te gardons chez Malfoy à la place de te laisser au Ministère. Peux-tu l'imaginer ? La maison de Malfoy ; je parie que tu ne pensais jamais finir ici. Seigneur, moi non plus.

« Maman s'inquiète pour toi. Elle n'arrête pas de me demander comment tu vas. Quand je suis au Terrier et que je te mentionne, Ginny pleure. Je crois qu'elle se sent désespérée parce qu'elle ne sait pas si elle devrait être heureuse que tu sois de retour ou triste parce que tu vas mal. »

Ron commence à perdre l'attention de Harry, qui commence à marmonner des choses qui lui seul comprend, levant ses yeux vers le plafond. Ron se sent paniquer, sachant qu'il parlait de façon décousue et qu'il doit garder une certaine sorte de communication avec Harry. Il sait qu'il est inutile d'espérer une réponse de la part de Harry, mais s'il peut garder un contact visuel, il se rassure en pensant que Harry se rend au moins compte de sa présence. Peut-être Harry peut-il entendre Ron, même s'il ne dit rien.

Ron secoue l'épaule de Harry, mais cela ne l'affecte pas. Ron claque des doigts, mais Harry ne s'en rend pas compte. Le rouquin sent la panique naître dans son estomac et remonter jusque dans sa gorge. Il essaie de prendre le menton de Harry pour le forcer à regarder dans sa direction, mais son regard continue à errer. Ron se rappelle la façon dont il a attiré l'attention de Harry la première fois. Il regarde Harry, puis ses genoux, découragé. Il serre la main de Harry, tentant de se réconforter.

Ron met un moment pour réaliser que les marmonnements de Harry ont arrêté, et qu'il le regarde.

Excité, Ron recommence, serrant la main de Harry à répétition. Il espère garder Harry concentré assez longtemps pour lui poser sa question.

"Harry, tu dois te souvenir de quelque chose. Tu dois te rappeler la nuit précédent ton départ, quand tu m'as dit quelque chose. Tu m'as dit de ne jamais leur dire que ce que je sais. J'ai fait ce que tu m'as dit de faire, Harry, mais je dois leur dire, maintenant. Je veux qu'Hermione recommence à me faire confiance. Je veux qu'elle ait envie de revenir à la maison, et la seule façon de la convaincre est de me débarrasser de tous nos secrets et d'arrêter de faire ces choses qu'elle déteste. Mais, premièrement, je dois cesser d'être fâché, et je veux me débarrasser de cela. »

Harry regarde encore ailleurs, et Ron serre désespérément sa main. Sa voix devient aigue et il parle encore plus rapidement qu'avant.

"Harry, je sais que tu étais avec Malfoy. Hermione sait que tu étais avec Mafloy, mais elle ne sait pas que je le sais. Je veux leur dire que je sais, Harry, mais tu dois me donner ta permission. » Ron secoue encore l'épaule de Harry quand il l'entend commencer à fredonner doucement. « Harry, écoute, s'il te plaît ! Laisse-moi leur dire! »

Ron souhaite que Harry le regarde. Même si Harry ne peut lui parler, il sait que s'il le regarde dans les yeux, cela voudrait dire qu'il a sa permission. Ron serre la main de Harry encore plus fort, espérant que Harry lui retourne son regard.

Mais Harry ne regarde plus Ron. Il continue à regarder le plafond.

Ron regarde son ami avec horreur. Il sait que les choses ne sont habituellement et ne seront jamais comme il le voudrait. Mais s'il pouvait avoir cette chose, sa vie serait parfaite. Parce que, s'il a la permission de Harry, il va remettre sa vie en ordre.

Il ne sait pas si c'est le moment parfait ou le pire possible pour Hermione d'arriver dans la pièce, mais c'est ce qui se passe.

Elle ne marche pas aussi vite que l'on pourrait l'imaginer. Ron fronce les sourcils à l'approche de sa femme, et elle prend sa tête entre ses mains. Mais Ron voit tout de même dans son regard qu'il ne devrait pas s'asseoir confortablement, car en fait il ne devrait pas être assis là du tout.

"Ronald Weasley! Que penses-tu être en train de faire?"

Ron ne se lève pas pour faire face à sa femme. Il ne lâche pas non plus la main de Harry quand il lève son regard vers Hermione.

« Je parle à Harry, Hermione. »

"Je peux voir ça!" Hermione pointe un doigt accusateur à son mari. « Toti a dit que tu étais ici pour me voir, Ron – tu n'as pas le droit d'être avec Harry. »

"Mais, Hermione," dit Ron avec exaspération, "Harry doit me comprendre, et - "

« Il ne comprend personne ! » hurle Hermione.

Ron se demande pourquoi Hermione est si tendue, mais persiste. «Ce n'est pas ce que tu as dit la semaine dernière, Hermione. Ce n'est pas parce que les leçons et la médecine ne fonctionnent pas qu'on ne peut pas trouver quelque chose pour l'aider. Ou alors, tu n'as plus confiance en lui ? »

« Ce n'est pas une histoire de confiance, Ron. C'est à propos de ce que Harry veut. »

"Et comment sais-tu ce que Harry veut?" souffle Ron, maintenant debout pour confronter sa femme. « S'il était dieu sait où pour dix ans, attendant qu'on le trouve et qu'on l'aide, seulement pour réaliser que l'on ne venait pas ? S'il essayait de nous parler tout ce temps mais seulement pour réaliser qu'il en est incapable ? »

"Et si Harry veut être seul, Ron? Si Harry ne veut plus faire partie de ce monde parce qu'il sait que des gens comme toi vont aller vers lui, avoir besoin de lui sans jamais le laisser tranquille ? »

Le visage d'Hermione est rouge de colère. Ses cheveux sont ébouriffés et sa poitrine se soulève rapidement. Ron peut voir la frustration dans ses yeux ; ils sont froncés et brillent de fureur.

Ron s'asseoit, se sentant las et lourd. Comment Hermione ose-t-elle penser qu'il utiliserait Harry ? Ron n'est pas égoïste comme cela, et il respecte Harry ; il ne le manipulerait jamais. Il veut seulement arranger les choses maintenant. Il veut aider à la guérison de Harry, et régler ses problèmes avec sa femme. Est-ce que ce serait égoïste ? Est-ce qu'il serait en train d'utiliser Harry ?

Hermione regarde le plancher, loin de l'endroit ou Ron est assis. Il se demande si elle a honte de ce qu'elle vient de dire. C'est possible, décide-t-il en voyant Hermione mordre ses lèvres. Ou bien peut-être est-elle en train de choisir ses prochains mots.

"Ron," commence Hermione d'une voix plus douce, "Je ne veux pas me chicaner ; nous avons eu assez de conflits au cours des dix dernières années. Nous n'avons pas à nous quereller au sujet de Harry, car il est ici. Nous ne devrions pas nous quereller du tout, parce que nous devrions nous accepter, nous et nos choix. » Hermione soupire et approche de Ron, s'asseoyant sur le plancher en face de lui et Harry. Elle hésite avant de prendre la main de Ron, et Ron sent soudainement de la chaleur remonter du bout de ses doigts. Le contact est tiède et il ne peut faire autre chose que se relaxer quand Hermione commence à tracer des cercles dans sa paume à l'aide de son index.

"Je veux que tout fonctionne, Ron. Mais nous avons besoin de nous entraider, et nous devons nous exercer à être plus conscients des besoins de l'autre. »

"Je sais, Hermione." Dit Ron rapidement, craignant de ne pas avoir une autre chance pour parler. « Je veux me forcer, et je veux t'aider. Mais j'ai besoin de toi à la maison avec moi, parce que la maison semble si vide quand tu n'es pas là. Et c'est pourquoi je veux parler à Harry, pourquoi il doit comprendre, parce qu'il y a des choses que je veux te dire, mais je ne peux le faire sans sa permission. »

Hermione cesse de se concentrer sur la main de Ron et relève plutôt la tête pour le regarder. Ses yeux sont tristes et confus.

« Pourquoi as-tu besoin de sa permission, Ron ? »

Ron serre la main d'Hermione dans la sienne. Il jette un regard à Harry, qui contemple encore les murs. Il resserre sa prise sur sa main.

« Parce que je lui ai juré de ne rien dire. »

Hermione essaie de dire quelque chose, mais elle est coupée. Une autre main tient sa main libre, et Ron se tourne avec surprise pour voir que c'est Harry. Il regarde Hermione dans les yeux, et Ron ne sait que faire. Leurs mains forment un triangle, et Ron regarde de sa femme à son ami en se demandant ce qu'ils font. Les yeux d'Hermione sont écarquillés et ne quittent pas ceux de Harry. Ron croit qu'elle n'est pas seulement surprise, mais aussi effrayée. Elle tremble, sa peau est blanche comme celle d'un fantôme, et sa bouche forme un petit 'o'. Ahuri, Ron ouvre la bouche pour prendre la parole.

Mais avant qu'il ne puisse prononcer un mot, Harry sourit. Ses muscles s'étirent et se courbent et une lueur danse dans ses yeux. Ron ne peut s'empêcher de penser à des enfants dansant autour d'un feu en regardant Harry, captivé. Il se tourne vers Hermione pour voir qu'elle tremble encore, et qu'elle essaie de se défaire de la main de Harry. Ron veut savoir ce qui se passe.

« Qu'y a-t-il Harry ? » s'entend-t-il dire.

Harry lâche Hermione qui se déplace près de son mari. Mais la main de Harry se dépose sur son estomac, et ses yeux baissent pour regarder son ventre. Hermione, immobile, regarde Ron.

Ce dernier ne sait quoi penser. Tout cela est curieux, et il sait qu'il y a une signification. Sa tête est agitée par des hypothèses, toutes comme des papillons attendant d'être attrapés et examinés.

Il ne sait que faire de Harry quand celui-ci commence à rire. Il ne savait pas que Harry pouvait rire. Mais son ami est là, avec sa voix forte et claire. Ses doigts se réchauffent comme quand Hermione tenait sa main. C'est joyeux, réalise Ron ; Harry rit de bonheur.

Ron regarde la main de Harry, qui est toujours sur le ventre d'Hermione. Il regarde sa femme, et réalise. Il croit savoir pourquoi Hermione a peur, parce qu'elle doit lui dire quelque chose et qu'elle ne sait pas comment il va réagir.

"Y a-t-il quelque chose que tu voudrait me dire ? »

Hermione acquiesce, fermant ses yeux. Ron serre sa main, mais elle la retire. Elle prend de grandes respirations avant de parler.

« Nous allons avoir un enfant, Ron. »

Ron ne sait pas quoi dire, mais il sait ce qu'il ressent. Il y a une explosion à l'intérieur de lui, et il a la sensation d'être assis trop près d'un feu. Il ne sait pas ce qu'il fait, mais il sent ses genoux sur le plancher, il sent Hermione contre lui. Il s'accroche désespérément à elle, il sent une odeur de menthe et il ne voit que ses cheveux.

"Je t'aime, Hermione." Il entend cette phrase se répéter dans sa tête, et son écho est de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'il s'entende le chuchoter. Les mains d'Hermione se serrent contre sa robe et Ron la sent trembler. Il ne sait pas pourquoi, mais il est reconnaissant d'être là pour la prendre dans ses bras et la supporter.

Et il se jure, aussi fort que son coeur lui permet, qu'à partir d'aujourd'hui, il va être là chaque jour pour Hermione.

() Allusion à Chiche !, d'Arcadiane… j'ai simplement pas pu m'en empêcher

Note de la joyeuse traductrice : aaaaaaaaaahhhh, enfin fini ! Je sais, j'y ai mis du temps, mais euh… euh… bon, enfin, vous voyez. Ah ! oui ! les réponses aux reviews (my god c'est la première fois que je fais ça air ému) :

DeathOrGlory : Merci encore ma chèrissime bêta-pas-du-tout-paresseuse ! Je sais que je pourrais dire que tu es merveilleuse, extra, aussi miraculeuse qu'utile, mais je mens très mal, donc contente toi d'être un ange de la vie.

Genevieve Black : Merci d'avoir reviewé ! C'est vrai que c'est long à traduire, mais d'avoir des commentaires, ça fait oublier les heures de déchiffrage de mots dont je n'avais jamais entendu parler (j'ai l'air très compétente, je sais.) ! Le deuxième volet était plus difficile à traduire, et les reviews m'ont donné beaucoup de courage. J'espère que tu as aimé !

Oxymore Merci pour la review ! un sarrau c'est euh… Je suis vraiment nulle pour expliquer, mais je vais faire de mon mieux : c'est le machin blanc que les médecins portent par-dessus leurs vêtements. Bon, c'était pas si pire ! encore merci

Onarluca : J'espère que tu as aimé le deuxième volet ! Et merci pour les encouragements !

Pitinad : Je sais que c'est un bon choix, c'est moi qui l'ai choisi air hautain. Euh… mouais bon… enfin. J'ai traduit le deuxième volet, alors ce serait stupide de ne pas traduire le troisième quand il va sortir ! J'espère que tu as aimé.

Samaeltwigg : Merci pour les encouragements ! En espérant que tu as aimé lol