Note : merci pour les reviews … et pour votre impatience, elle est le signe que vous aimez ce que vous lisez, que demander de plus !
ooOOoo
Rodney
Il n'arrivait pas à se défaire de cette image. Deux yeux gris le fixaient, froids, cruels, inhumains.
Les yeux remplis de haine de Pierson le hantaient.
Chaque fois qu'il fermait les yeux, il était là, il pouvait presque sentir son souffle dans son cou, et le murmure de sa voix, égrenant le compte à rebours de son petit test.
Rodney avait essayé de penser à autre chose et avait demandé à Zelenka de lui apporter un des objets qu'ils avaient trouvé dans cette salle, quelques jours plus tôt. N'importe lequel pourvu que son esprit soit occupé, pourvu qu'il puisse oublier.
Mais il n'y parvenait pas.
La première fois qu'il avait été autorisé à prendre une douche seul, il avait fini, par terre, le souffle coupé, plié en deux. Crise d'angoisse. Rodney n'avait pas besoin du diagnostic de Carson pour savoir ce qui se passait. Il était devenu tout simplement incapable de regarder son propre corps. Chaque bleu, chaque ecchymose lui rappelait Pierson.
Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il avait à gérer une crise de ce type. Il avait déjà servi de souffre douleur et s'en était sorti. Seul (1). Alors pourquoi ne supportait-il même plus de se regarder dans un miroir ?
Et puis un matin, il compris.
John était là quand il s'était réveillé. Rodney avait voulu l'embrasser mais John avait eu un mouvement de recul. De recul. Comme s'il avait peur.
Ce matin là, il avait compris que contrairement à ce qui s'était passé plus de 20 ans auparavant, il n'était pas le seul impliqué.
John passait tous les jours. Tous les jours, ils discutaient de tout et de rien, sur le ton mi tendre mi moqueur qui les caractérisaient et tous les jours, Rodney voyait John souffrir.
Aujourd'hui, Carson le relâchait enfin, de l'infirmerie. Il resterait encore quelques jours au calme dans ses quartiers avant de pouvoir reprendre une activité normale.
Normal. Il n'y avait plus rien de normal.
Et Rodney ne savait pas comment faire pour changer ce qui s'était passé.
« Alors prêt ? »
John se trouvait là. Les mains sur les hanches, un petit sourire aux lèvres. Rodney lui répondit d'un signe de tête.
Carson expliqua brièvement à Rodney le contenu de son traitement pendant que John remballait ses affaires. Il était en train de manipuler le petit engin ancien que lui avait ramené Zelenka, le remuant dans tous les sens comme s'il s'agissait d'une vulgaire salière.
Rodney se leva et lui prit des mains. Il n'avait pas voulu être brusque mais ils ignoraient encore quelle était sa fonction et avec le super gène de John on ne savait jamais. Il pouvait l'initialiser sans le vouloir.
Il grommela quelques instants dans sa barbe mais l'objet ne semblait pas avoir été mis en marche. Au bout de quelques minutes, il cessa de le manipuler. Il pouvait sentir le regard de John dans son dos. Il était sûr que c'était lui. Il se retourna.
John le fixait avec un regard qu'il connaissait bien. Un regard qu'il n'avait pas vu depuis des jours.
Du désir. C'était ce qu'il y avait dans ses yeux. Et Rodney se prit à espérer. Il lui répondit avec un sourire. Celui qu'il lui réservait habituellement.
John s'approcha, il l'attira dans ses bras et l'embrassa.
Rodney sentit les dents de John sur ses lèvres, sa langue se fit possessive, Rodney pouvait à peine respirer. Il essaya un moment de repousser John. C'était trop. Des jours sans une caresse et maintenant ça. Mais John resserra son étreinte. Il fallait qu'ils reconnectent, et vite. Rodney eu, dieu seul sait comment, la présence d'esprit de prendre la main de John et de la placer contre sa poitrine.
Le geste eu l'effet escompté. Le baiser fut rompu.
John haletait, ses yeux étaient brillants.
Rodney prit une décision : ce soir, ils allaient le faire ce soir. Il avait tout préparé pour ça. Tout était prêt le soir où Pierson l'avait enlevé (2).
Il entraîna John à travers les couloirs de la Cité. Arrivés dans ses quartiers, il le fit s'asseoir sur le lit. Il s'agenouilla à ses côtés. John ne bougeait pas, ne disait rien.
Rodney le cajola et bientôt, il se retrouva nu devant lui.
« Carson dit que je dois absolument rester au repos. »
Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres et s'allongea.
« Je crois qu'il va falloir que tu te débrouilles tout seul. »
Et John s'était fort bien débrouillé. C'était étrange, comme refaire connaissance. Comme si c'était à nouveau leur première fois.
Et puis, John s'était arrêté et s'était mis à le regarder. Fixement.
« Tu vas passer la soirée à me regarder ? »
« Peut-être. »
Rodney voulait le toucher lui aussi, et tendit la main vers son visage, mais John ne l'entendait pas ainsi, il captura sa main et la reposa près de sa poitrine.
« Ne bouge pas. »
Les yeux verts de John voyagèrent sur son corps. Il restait immobile à genoux, aux côtés de Rodney.
Rodney avait l'impression de brûler. Il aurait du avoir froid mais il était en feu. Il fallait que John le touche. Il fallait qu'à eux deux ils effacent ce qui s'était passé sur cette plateforme sous la pluie.
« John.»
Le regard était si intense. Si fixe.
« John, touche moi. »
Ce fut comme si ce dernier n'avait attendu que ça. Une autorisation.
Les mains de John se mirent à explorer son corps. Avec précision. Comme s'il souhaitait en dessiner la carte. Bientôt les caresses se firent plus brusques. Elles laisseraient des marques.
Des marques qui viendraient effacer celles laissées par Pierson.
Lorsque John s'arrêta enfin, Rodney su qu'ils étaient prêts tous les deux.
TBC
(1) Voir Jeux d'enfants.
