Les feux de Beltane (The fires of Beltane)

Auteur original : Sorceress

Traductrices : Julie et Lou

Rating : R

Résumé : Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?

Disclaimer : L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction...

Merci pour toutes vos reviews !

Chapitre 7 : à travers une salle bondée

Suspendu dans cet état crépusculaire entre le profond sommeil et la veille, il rêvait. C'était une sorte de rêve inhabituel pour lui –pas un de ceux où il rêvait qu'il était puissant, qu'il abattait ses ennemis avec facilité pendant qu'il riait de dérision, ni même un des cauchemars qu'il faisait régulièrement même s'il ne l'admettait jamais, où il était un pion impuissant dans un jeu qui avait commencé des années avant sa naissance, et où il était poussé par son père vers une paire d'yeux rouges brillants qui dévoraient son âme tandis qu'il hurlait.

Dans ce rêve-là, il se levait, entraîné par une lumière argentée qui l'hypnotisait. Il tendait la main vers cette lumière, mais seulement pour être brutalement ramené sur terre. Mais la chute n'était pas douloureuse –au contraire, il atterrissait dans une chaude, une douce étreinte, des mots de désir étaient murmurés à son oreille, pendant que des mains le caressaient, s'accrochaient à lui, le faisaient haleter de plaisir comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Tout cela s'accrut alors qu'il entendait un unique mot murmuré à son oreille, par une chaude voix de femme ... Son propre nom, mais prononcé d'une manière que personne n'avait jamais encore utilisée. Juste « Drago », comme s'il était la chose la plus importante au monde, le centre de l'univers, tout ce qu'elle avait jamais désiré, ou tout ce dont elle avait jamais eu besoin. Il s'était senti ... aimé. Et il ne s'était jamais senti aimé auparavant. Dans le rêve, elle le murmurait encore, et encore ... et ensuite, il y avait soudainement un silence glacial. Il était dépossédé, et courait en la cherchant dans le noir, appelant, jusqu'à ce qu'il trébuche et tombe dans un puit noir sans fin, dont le fond reflétait les yeux rouges de ses cauchemars.

Puis il se réveilla soudainement, se redressa brusquement, et haleta, cherchant de l'air dans de pénibles inspirations. Il regarda autour de lui, en pleine confusion, le cœur battant alors qu'il essayait vainement de trouver où il se trouvait, et la raison pour laquelle il s'y trouvait.

Il fallut qu'il s'aperçoive qu'il était nu pour que des souvenirs de la nuit précédente lui reviennent en mémoire. Il ferma les yeux et gémit à haute voix. Granger ... Oh, Merlin, il avait ... avec ELLE. Il ouvrit rapidement les yeux, cherchant Hermione – mais il ne put découvrir aucune trace d'elle. Ses vêtements gisaient imprudemment à quelques pas de là et des images d'elle, lui arrachant sa chemise, promenant ses mains sur son torse, lui revinrent ... des images de son corps à elle sous lui, brûlant, doux et soumis, de lui s'enfonçant en elle, de son halètement de souffrance et de ses yeux agrandis lui disant que c'était aussi nouveau pour elle que ça l'était pour lui ... et, plus fort que toutes les autres, l'image d'elle murmurant son nom d'une manière qui faisait courir des frissons sur sa colonne vertébrale.

Oh, Merlin, qu'allait-il faire ? Qu'avait-elle bien pu déjà faire ? Elle le détestait intensément, le haïssait autant qu'il la haïssait. Mais bizarrement, cette pensée était recouverte dans son esprit par celle de la jeune fille murmurant son nom ...

Drago gémit à nouveau et cacha sa tête entre ses mains.

« Et c'est tout ce qui s'est passé, Mr Malefoy ? » demanda Rogue, d'un ton hautement suspicieux.

« Oui, c'est tout » affirma Drago, même si, bien sûr, il mentait entre ses dents. Il avait appris à adopter une apparente innocence presque aussitôt qu'il avait appris à parler.

« Et bien ... excepté le fait que vous ne vous souvenez pas avoir vu la Reine Mab personnellement, ni que Granger vous a sauvé d'elle », dit Rogue en remarquant les sourcils de Malefoy montant en flèche à ces mots, « votre récit correspond à celui de Miss Granger ». Le professeur essaya de faire entendre qu'il était presque chagriné de ce fait, mais Drago sentit un zeste de soulagement. Il avait décidé de dire la vérité –jusqu'à un certain point, bien sûr- puisqu'il n'avait aucune idée de ce que Hermione avait bien pu raconter. Et apparemment, elle avait également décidé que dire le plus de vérité possible était le plus facile.

Drago avait essayé de se faufiler incognito dans le dortoir des Serpentards, mais avant qu'il ait pu seulement donner le mot de passe, un elfe de maison lui avait sauté dessus et lui avait dit que le professeur Rogue voulait le voir immédiatement. Il s'était mollement demandé pendant quelques instants ce que son père allait lui faire payer pour le sortir de cette situation, avant de hausser les épaules avec résignation et de suivre l'elfe de maison jusqu'à la classe de Rogue. « Je voudrais ajouter encore une chose, Mr Malefoy » dit sévèrement Rogue, et Drago reporta son attention sur le maître des potions. « Etant donné ce récit, je trouverais cela plutôt ... ennuyeux ... si je venais à entendre parler d'un quelconque ... hum, embellissement, disons, qui serait colporté parmi les élèves. Je vous fais confiance pour comprendre exactement ce que je veux dire. » Et les yeux noirs de Rogue étaient mortellement sérieux.

Drago n'était pas stupide. Il compris parfaitement l'avertissement qui lui était donné, et compris que pour une raison bizarre, Rogue se préoccupait de la réputation d'Hermione, et la plaçait sous sa protection. Il ne pouvait comprendre pourquoi, exactement, mais Rogue faisait de nombreuses choses pour des raisons qui lui étaient propres.

« Bien, monsieur » approuva Drago, d'une manière plutôt soumise. A l'absence de moquerie chez le jeune homme, Rogue s'autorisa à ressentir une exaltation passagère ... Son plan avait peut-être, seulement peut-être, eu quelques effets sur le fils de Lucius. Le jeune homme avait à nouveau cet air sûr de lui qu'il portait comme une armure, mais il y avait définitivement quelque chose d'un peu différent ce matin, quelque chose qu'il ne pouvait définir mais qu'il distinguait nettement.

« Vous pouvez partir, Malefoy » dit Rogue, et le blondinet se retourna vers la porte. « Ah, juste une dernière chose ... »

« Oui, professeur ? » Drago se retourna, regardant par-dessus son épaule.

« Avant de sortit en public, je recommande que vous fassiez quelque chose pour la marque sur votre cou », dit Rogue avec une expression neutre prudente, montrant le côté droit de son propre cou.

Les yeux de Drago s'agrandirent alors démesurément, et il porta rapidement la main à son cou. Sa peau pâle s'empourpra, et il se détourna, s'enfuyant presque de la classe. Rogue se permit le luxe incroyable d'un sourire devant l'embarras du jeune homme, puis se demanda nonchalamment s'il y a avait quelque chose qu'il pouvait faire pour accélérer cette petite idylle.

Hermione avait essayé de se glisser inaperçue dans son dortoir. Attendant sur sa table de nuit, il avait une corbeille de fruits et de muffins, avec une note –« nous espérons que tout c'est bien passé, fais-nous signe si nous devons t'aider à cacher le corps ! On se voit après l'entraînement de Quidditch- Harry et Ron » Des larmes lui montèrent aux yeux devant leur prévenance. Ils avaient toujours pris soin les uns des autres, d'eux trois. Comment allait-elle bien pouvoir leur expliquer « ça » ? Si elle connaissait bien Ron, il essaierait de se battre avec Malefoy à mains nues. La réaction d'Harry serait plus calme, mais potentiellement plus destructrice. Il y avait des zones d'ombre chez son ami, des profondeurs très sombres qui l'effrayaient presque.

Elle s'était enfuie de la chambre et de ses rêveries improductives, pour aller s'enfermer dans la salle de bains réservée aux préfètes, et s'immerger dans un long et chaud bain moussant. L'eau brûlante avait réveillé des parties sensibles de son corps, mais elle l'ignorait autant que possible, essayant de saturer son esprit avec des questions prosaïques, comme les cours, les tâches et les devoirs dont elle allait devoir s'occuper. Peut-être que si elle agissait comme si rien d'inconfortable ne s'était passé, alors tout redeviendrait comme avant. D'accord, pensa-t-elle légèrement sarcastique –et si j'agite ma baguette, je vais changer Voldemort en ours en peluche ! Mais comme plan, c'était mieux que rien.

Quelques heures plus tard, après être retournée dans sa chambre et être tombée dans un bienheureux sommeil sans rêve, Hermione s'habilla rapidement et se dirigea vers la Grande Salle pour dîner. C'était un acte qui monopolisait chaque once de son courage quelque peu fragile, mais fuir le repas entraînerait des spéculations et des commentaires qu'elle pourrait à peine se permettre de démentir, surtout si Dra ... si Malefoy elle corrigea sévèrement ses pensées, propageait une quelconque histoire à ce sujet.

Le Hall était rempli du traditionnel bavardage de l'avant dîner, et elle entra comme à son habitude, se dirigeant directement vers sa place habituelle, à côté de Harry, sans même un coup d'œil dans le hall pour reconnaître ses amis de Serdaigle et de Poufsouffle. Plaquant ce qu'elle espérait être un sourire naturel sur son visage, elle marcha vers Harry, lui dédiant une petite étreinte avant de s'asseoir. Elle sourit à Ron, tendant la main pour presser la sienne avec gratitude.

« Je vous remercie beaucoup pour la corbeille, vous deux. C'était incroyablement gentil, et je l'ai vraiment, vraiment appréciée ! » S'exclama-t-elle. « Vous êtes mes sauveurs ! »

« Sans problème, 'Mione, » dit Ron. « Alors, comment ça c'est passé la nuit dernière ? Je vois que tu n'as pas réussi à perdre Malefoy, c'est pas de chance ! » La tête rousse désigna la table des Serpentards du menton. Hermione évita prudemment de regarder dans cette direction, et se concentra pour garder un visage serein. Elle se préoccupa plus de duper Harry, parce qu'il était beaucoup plus observateur que Ron. Mais elle devait l'avoir fait raisonnablement bien, parce qu'en dehors d'un regard de curiosité, Harry ne fit aucun commentaire.

« Oh, ça c'est bien passé, un peu ennuyeux en fait. J'ai passé mon temps à me réciter des formules, et j'ai révisé pour le devoir d'enchantement que nous avons lundi. Alors, comment était l'entraînement de Quidditch ? » Demanda-t-elle, avec beaucoup plus d'enthousiasme qu'elle n'en ressentait réellement, en voulant changer de sujet. Elle détestait mentir aux garçons, et elle essaya donc de minimiser cela en évitant l'ensemble du sujet. Cela pouvait les occuper pendant au moins cinq minutes.

Il sembla néanmoins que ce fut un succès, puisqu' Harry, autant que Ron, pouvaient parler de Quidditch pendant des heures, et ils commencèrent à lui raconter les détails sanglants de leur entraînement de l'après-midi, jusqu'au nombre de fois où Ron était presque tombé de son balai. Par chance, à ce moment-là, les professeurs entrèrent, et toutes les conversations cessèrent pendant les formalités de l'installation.

Hermione regarda en direction du professeur Rogue, qui intercepta son coup d'œil, et leva un sourcil dans sa direction. Le maître de potions lui dédia une lente inclination de la tête, en signe de ce qui sembla être du réconfort. Puis elle vit le regard de Rogue se porter sur la table des Serpentards, et, presque contre sa volonté, le sien suivre la même direction, pour aller finalement se poser sur la seule personne qu'elle avait mis toute sa volonté à éviter.

Sa respiration devint presque douloureuse dans sa poitrine, et ses yeux se rivèrent sur le visage de Drago, qui était tourné vers Rogue. Elle laissa ses yeux se repaître de lui, buvant les traits nets de son visage, son front haut, ses cheveux d'or tirés en arrière et réunis sur sa nuque, se sentant pendant ce temps presque coupable. Mais ensuite ses yeux se tournèrent vers elle et leurs regards se capturèrent, le bleu étincelant dans le brun en fusion, et soudain, plus rien d'autre n'eut d'importance.

Il semblait ne plus y avoir qu'eux deux dans le hall tout entier tous les bruits, la présence des autres s'évanouirent. Le corps tout entier de la jeune fille s'empourpra, et elle manqua d'air c'était comme si elle se noyait dans la profondeur de ses yeux bleus, ces yeux qui dévoraient son visage, semblant plonger au plus profond d'elle, et allumer un besoin presque désespéré de courir vers lui, de le toucher, de se blottir dans ses bras et de le supplier ... Oh, Merlin, comme elle voulait le supplier de s'occuper d'elle, encore et encore ! La chaleur tourbillonna en un nœud étroit dans son estomac, et elle sentit qu'elle était réellement poussée hors de sa place pour se lever ...

Elle fut libérée soudainement quand Neville renversa un gobelet de jus de potiron de l'autre côté d'elle, et que le liquide froid coula jusqu'à ses genoux, puis le long de ses jambes en une rivière gluante. Elle eut un hoquet, brisant le contact visuel avec Drago, et le reste du Grand Hall exista à nouveau pour elle.

Pendant qu'elle essuyait le jus telle un automate, les pensées d'Hermione tourbillonnaient avec folie. Oh, Merlin, comment un seul regard de lui pouvait-il lui faire cet effet ? Faire qu'elle le veille si désespérément que rien plus d'autre n'importait, ni sa fierté, ni les gens autour d'elle, rien d'autre que lui la caressant comme il l'avait fait la nuit dernière ? Et c'était pire encore, parce qu'elle le détestait toujours, elle détestait son comportement, tout ce qu'il représentait, tout ce qu'il personnifiait dans leur monde. Qu'est-ce qu'il lui arrivait, par Merlin ?

La fuite devint d'une importance primordiale. Tournant soudainement un visage pâle vers Harry, elle grimaça et dit « Oh là là ... je dois aller nettoyer ça. En fait, je me sens déjà fatiguée, alors je vais aller dans ma chambre. On se voit demain pour le match ! » Et avec un sourire aveugle à l'intention de la table, elle se leva et partit à la hâte, n'entendant même pas ou ignorant les excuses de Neville. Le pauvre garçon devint rouge betterave et demanda plaintivement à Harry « Ben ça alors ? Tu crois qu'Hermione est vraiment fâchée contre moi ? »

« Non, Neville, je ne pense pas qu'elle soit fâchée contre toi » dit Harry, puis il regarda à la table des Serpentards, où un Malefoy également rouge fixait la retraite d'Hermione. Ses yeux verts se rétrécirent en une méditation soudaine. Il ne dit rien du tout, mais sentit une terrible détermination à découvrir ce qui se passait.

Drago la regarda jusqu'à ce qu'elle ait quitté le Grand Hall, puis exhala un soupir. Sa bouche était sèche comme la mort, son cœur galopait comme s'il courait un marathon. Il tendit une main vers son gobelet, et remarqua avec surprise qu'elle tremblait.

Par la pure force de sa volonté, il fit cesser ce tremblement, apportant le gobelet à ses lèvres et avalant son contenu. Il remercia le destin favorable qui avait permis que Grabbe et Goyle soient beaucoup trop stupides pour remarquer quoi que ce soit de bizarre. Mais ensuite il regarda vers la table des Gryffondors et gémit silencieusement quand il remarqua les yeux de Potter sur lui. Il fallait que ce soit Potter qui entre tous, est surpris cela ... quoi que ça puisse être.

Malefoy ricana avec son mépris habituel en direction de Potter, pendant que son esprit entrait en ébullition. Que s'était-il passé ? Quand ses yeux avaient rencontrés ceux d'Hermi ... de Granger, c'était comme s'il était attiré vers elle, ne voulant rien d'autre que la presser contre son corps, que d'appuyer sa bouche contre la sienne, de passer ses doigts dans ses cheveux et de l'amener à dire son nom comme elle l'avait fait la nuit dernière.

Il vida son gobelet, puis grogna en direction de Grabbe, quand cet idiot essaya de lui poser une question. Habitué à son irritabilité, Grabbe posa simplement son attention ailleurs, ce pour quoi Drago lui fut incroyablement reconnaissant. Il avait juste à survivre au dîner, ensuite il serait seul ... Seul pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé, et pourquoi une partie de lui voulait s'enfuir, mais une autre part, une grande part, ne voulait pas.

Rogue les surveillait depuis la table des professeurs, remarquant tout ce qui se passait. Regardant, et s'émerveillant.

Fin du chapitre