Les feux de Beltane (The fires of Beltane)

Auteur original : Sorceress

Traductrices : Julie et Lou

Rating : R

Résum
: Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?

Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…

Merci pour toutes vos reviews!

Chapitre 14 : réactions et confidences

« Je vais le tuer ! » hurla Ron Weasley, les poings serrés sur ses flancs, le visage presque aussi rouge que ses cheveux décoiffés qui lui tombaient sur le front. « Attends simplement que je l'attrape! Je vais … »

« Ron, » dit Harry d'une voix posée, essayant d'attirer l'attention de son ami.

« C'est un sort, n'est-ce pas ? Ou une potion – est-ce qu'il lui a refilé une potion ? On va l'emmener voir Mme Pomfresh, et elle pourra arranger ça, quoi que ce soit … »

« Ron, » essaya encore, Harry, même si une part de lui était complètement d'accord avec la rage de Ron.

« Sale merdeux ! L'idée qu'il la touche … qu'il mette ses mains sales sur elle … » Il s'arrêta soudainement, le visage soudain devenu pâle. Harry se demanda pendant un moment s'il allait vomir.

« Ca suffit, Ron ! » La voix d'Hermione s'éleva depuis le seuil de la porte, mordante. Les deux garçons se retournèrent pour lui faire face. Harry se sentit soulagée de la voir, ayant été mal préparé à la demande soudaine de Ron de savoir se qui se passait entre elle et Malefoy. Mais Ron tourna des yeux courroucés vers elle, et elle entra dans leur chambre, avant de fermer la porte derrière elle.

« Baisse la voix, » le réprimanda-t-elle, retournant le regard furieux de Ron avec autant de calme qu'elle le put.

« Hermione, » dit Ron, et soudainement, la rage fut remplacée par un regard d'intense souffrance. « Dis-moi que ce n'est pas vrai … c'est une horrible blague que vous me faites toi et Harry, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ??? »

Elle sentit son irritation faiblir en face de sa détresse manifeste. Même si elle ne n'avait, pour une raison quelconque, jamais trouvé qu'il était aussi aisé d'exprimer son affection de manière physique avec Ron comme elle le faisait avec Harry, elle marcha vers lui et l'entoura de ses bras. Il se raidit, mais ne la repoussa pas.

« Ron, je suis tellement désolée. Nous allions tout te raconter ce soir, mais, et bien, comme d'habitude, vous les Weasleys faites tout selon vos propres règles, » soupira-t-elle.

« Alors c'est vrai ? » répliqua Ron, d'une vois plate et morne.

« Je ne suis pas sûre de ce qu'Harry t'a dit, » dit-elle, regardant droit dans les yeux peinés du rouquin. « Mais les éléments essentiels sont que Drago et moi nous aimons, que je vais avoir son enfant, et que nous allons nous marier, » dit-elle, doucement.

« C'est comme dans un horrible cauchemar, » murmura-t-il. Il refusa de rencontrer ses yeux, mais regardant par-dessus son épaule vers l'endroit où Harry était allongé sur son lit, le visage grave.

« Tu le savais ? » demanda-t-il au garçon brun.

« Pas jusqu'à il y a quelques heures. Hermione allait te le dire, mais ensuite elle a du se dépêcher pour démêler une embrouille avec Malefoy que j'avais causée involontairement. Elle voulait te le dire elle-même, Ron, honnêtement. »

Il y eut une pause, puis Ron lui demanda, « Et … Tu es d'accord avec ça ? » Hermione sentit son corps se raidir entre ses bras.

Harry soupira. « Comment pourrais-je faire autrement ? Pense-y, Ron, Hermione est notre amie. Elle l'aime. Elle pense qu'il a changé, » il haussa les épaules avec résignation. « En plus, nous n'avons aucun droit de lui dire de qui elle peut ou non tomber amoureuse … Non ? » demanda-t-il, insistant sur le dernier mot.

« Oh, Merlin, » grogna Ron. « Pourquoi lui, Hermione ? Parmi tous les mecs de l'univers, pourquoi a-t-il fallu que ce soit justement lui ? »

« Ce n'est pas comme si je l'avais prévu, Ron, c'est arrivé, c'est tout, » lâcha-t-elle dans un souffle fatigué. « Si j'avais pris une décision consciente, est-ce que tu crois pas que c'aurait été différent ? Tu ne crois pas ? Je ne suis pas stupide … »

Ron resta silencieux pendant quelques instants, puis, gentiment, il la repoussa. Evitant toujours ses yeux, il dit, « C'est juste que c'est fou. Je … je vais aller marcher. Désolé, j'ai juste besoin de temps pour l'assimiler. » Sans un regard en arrière, il ouvrit la porte et sortit.

« Ron ! » l'appela Hermione, s'apprêtant à le suivre. Mais Harry la rattrapa par le bras.

« Laisse-le partir, Hermione. Il a besoin d'un peu de temps. »

Elle s'affaissa. « Je ne m'attendais pas à ce qu'il le prenne si mal. C'était ta réaction qui m'inquiétait, Harry, pas la sienne. »

« C'est ça ton problème, Hermione, » dit-il, puis il l'attira sur le lit, à côté de lui. Il resta silencieux pendant quelques instants, et elle put le voir renâcler quelque chose avec inquiétude dans son esprit. Finalement, il sembla avoir pris une décision, et soupira.

« Hermione, je vais rompre un secret, mais dans ces circonstances, j'espère que c'est justifié. Il y avait simplement trop en jeu maintenant pour qu'il n'y ait pas de la rancune entre toi et Ron, et pire entre lui et Malefoy. »

Elle le regarda, déconcertée. « Qu'est-ce que tu veux dire, Harry ? »

Il soupira à nouveau, et les yeux verts la regardèrent avec un peu de frustration. « Parfois, Hermione, tu peux être un peu bête, tu le sais ? »

« Oui, Harry, je le sais, » répondit-elle. Il n'y avait pas de rancune dans sa voix, juste de la tristesse.

« Le fait est, Hermione, que c'est plus dur pour Ron que ça l'est pour moi. Il a toujours su que toi et moi étions très proches, plus proches que vous deux ne l'étiez de beaucoup de façons. Ca l'ennuyait, mais il a fait avec. Il a toujours été là pour te protéger, pourtant, même quand moi je ne l'ai pas fait, n'est-ce pas ? Rappelle-toi en deuxième année, quand Malefoy t'a traitée de Sang-de-Bourbe. Je ne savais même pas ce que ça voulait dire, mais Ron est devenu tellement enragé qu'il a essayé de jeter un sort à Malefoy, et ça a raté. »

« Je m'en souviens, » dit-elle doucement.

« Après le Tournoi des Trois Sorciers, pendant cet été que j'ai passé au Terrier, Ron et moi avons eu une discussion. Il a admis s'être inquiété à propos de quelque chose … » Sa voix se tut, gênée, et il passa une main sur son front, les yeux fermés. Puis il les ouvrit à nouveau, et elle y lut l'embarras. Puis il continua, d'une voix très basse.

« Il s'inquiétait parce que durant l'épreuve dans le lac, quand il y a eut cette partie à propos d'enlever la personne qui comptait le plus pour nous … Et bien, il était inquiet parce que la personne qui comptait le plus pour moi ce n'était pas toi … c'était lui. »

Ses yeux s'élargirent, mais elle ne dit rien. Après un moment, Harry s'éclaircit la gorge. « Désolé, mais c'est assez bizarre d'en parler, et embarassant … Je veux dire, mon meilleur ami … c'est-à-dire, l'un des deux, quoi qu'il en soit – avait peur que je ressente plus que de l'amitié pour lui … si tu vois ce que je veux dire. »

« Oh ! » hoqueta-t-elle, ressentant un choc de surprise quand elle comprit ce qu'il voulait dire.

« Ce n'est pas le cas, » se dépêcha de dire Harry. « En fait, et bien, j'ai toujours ressenti quelque chose pour Cho … » Son visage s'empourpra encore plus. « Mais Ron voulait en être sûr, parce que nous sommes tous des amis tellement proches, nous dépendons les uns des autres … et il ne voulait aucun malentendu. »

« Mais, Harry … » dit-elle, « qu'est-ce que ça a à voir avec ce qui se passe maintenant ? »

« J'y viens. J'avais juste besoin de t'expliquer ce qui s'était pass ; Ron est beaucoup plus sensible que ce que tu crois parfois, à mon avis.

« Je … vois, » soupira-t-elle.

« Et bien, c'est là que ça se complique. Tu vois, il a toujours pensé que comme tu étais plus à l'aise avec moi, plus, et bien, démonstrative physiquement, je suppose … il a toujours pensé que … euh … »

« Que quoi, Harry ? »

« Ron pense depuis des années que tu es amoureuse de moi. »

Sa bouche s'ouvrit de surprise, et elle le fixa.

« J'ai dit à Ron qu'il était cinglé, que j'étais absolument sûr que ce n'était pas le cas. Mais il a réellement ce sens de, je ne sais pas … appelle ça de la noblesse, de la chevalerie ou quelque chose comme ça. Il pensait que c'était juste une question de temps avant que tu ne m'avoues tes sentiments supposés pour moi. Le fait que je lui aie dit que je n'étais pas amoureux de toi n'a pas semblé avoir de l'importance pour lui. Il a dit quelque chose à propos du fait qu'il était sûr que je serais incapable de te résister une fois que tu aurais décidé qu'il était temps de me 'poursuivre' » ses lèvres s'incurvèrent en un sourire forcé, « Il voulait que ce soit absolument clair qu'il était d'accord si toi et moi nous mettions ensemble. En fait, il me faisait des excuses, parce qu'il pensait que la seule raison pour laquelle tu ne faisais rien était parce que tu étais inquiète de sa réaction, et de briser notre amitié. Mais il ne pouvait vraiment pas se dévoiler et te dire que tu avais sa permission pour être amoureuse de moi ! »

« Oh, Merlin, » grogna Hermione. « Je n'ai jamais rien su de ça. »

« Tu n'étais pas supposée le savoir, » soupira-t-il. « Et donc, toi tombant soudainement amoureuse de Malefoy a été un choc complet pour lui, détruisant complètement sa petite vision du monde. »

« Je suppose …et il est probablement en colère contre moi en ton nom, alors, s'il pense que tu as ce genre de sentiments pour moi. » Elle voulut pleurer.

« Peut-être en partie. Mais Hermione … Tu n'as toujours pas compris, n'est-ce pas ? »

« Compris quoi ? Que Ron est en colère et bouleversé par moi ? Bien sûr que j'ai compris. Et je ne l'en blâme pas. »

Harry eut un soupir exaspéré. « Par pitié, Hermione, ouvre les yeux pour une fois, et regarde au-delà de toi et moi ! Il ne souffre pas pour moi, il souffre pour lui-même. C'est une chose de se résigner à nous voir ensemble – mais découvrir que c'est Malefoy, celui qu'il déteste presque plus que n'importe quelle autre personne au monde, ça l'a abattu. » Harry fit une pause, et ressentit un inhabituel désir de la secouer pour l'air perdu de son visage.

« Putain, Hermione ! Ron est amoureux de toi – il l'est depuis des années, et tu as été trop aveugle pour le remarquer !

Après une nuit agitée à se tourner et se retourner dans son lit, Hermione, d'une humeur mélancolique, s'habilla pour le petit déjeuner,. Les hauts et les bas émotionnels du jour précédent l'avaient laissée épuisée, fragile, et au bord des larmes.

Après le choc de sa révélation la nuit dernière, Harry lui avait dit de retourner dans sa chambre et de le laisser s'occuper de Ron.

« Il va s'en remettre, Hermione, mais tu dois lui laisser le temps de s'adapter à tout ça, de s'y habituer à sa manière. » Ses yeux étaient très, très sérieux quand ils se plongèrent dans les siens. « Et, plus que tout, tu ne dois jamais le laisser suspecter que tu sais ce que je t'ai dit. Je l'ai seulement fait pour que tu puisses comprendre, et peut-être que ça t'évitera de le blesser encore plus par inadvertance. »

« Merci, Harry, » avait-elle soupiré, sentant un horrible poids lui broyer le cœur à la pensée de la souffrance qu'elle avait infligée à Ron. « Ca a été trop pour un seul jour, » avait-elle dit, puis elle avait fermé les paupières hermétiquement, souhaitant refouler ses larmes. « Tu … tu crois qu'il me pardonnera un jour ? » avait-elle murmuré.

« Ouais, je crois, » soupira-t-il. « Je ne sais pas combien de temps ça prendra – des heures, des jours, des semaines ? Mais la chose amusante quand on aime quelqu'un, c'est que tu as réellement envie qu'il soit heureux, même si tu ne l'es pas toi-même. Mais … tu devrais dire à Malefoy de rester hors du chemin de Ron pendant quelques temps – mais s'il te plaît, s'il te plaît, ne lui dit pas pourquoi ! »

« Je ne l'ferai pas. » Elle l'étreignit étroitement, cherchant un peu de réconfort, et il l'étreignit en retour. Puis elle était retournée dans sa chambre, pour regarder fixement le plafond pendant des heures.

Elle savait qu'elle avait l'air abominable, pâle et exténué, mais elle n'y pouvait rien. Le seul petit moment de lumière qu'elle ressentit fut quand elle retira le ravissant dragon en pendentif que Drago lui avait donné, puis le rattacha autour de son cou. Ca l'aida un peu, lui donnant un sentiment de connexion avec lui, quelque chose de concret, un symbole. Elle soupira, cependant, devant le tour compliqué que prenaient les choses – mais puisqu'il n'y avait littéralement rien à faire pour le moment, elle ramassa son cartable, et sortit de la Tour en direction du Grand Hall.

Dès l'entrée, ses yeux furent immédiatement attirés vers Drago, cherchant son visage pour avoir une indication sur son état de santé après le méchant coup de poing que lui avait envoyé Ron. Il lui sourit avant de détourner les yeux, essayant de feindre l'indifférence au cas où quelqu'un le regarderait. Ce fut suffisant, néanmoins, pour soulager son esprit de cette inquiétude particulière.

Ses yeux se portèrent ensuite sur la table des Griffondors, et elle fut heureuse de voir Harry et Ron à leurs places habituelles – même si Ron regardait ses mains, et non vers elle. Harry lui fit signe.

Se glissant à sa place habituelle, elle dit vivement, « Bonjour, Harry … Bonjour, Ron. »

Harry lui renvoya son salut, et après un moment d'hésitation, Ron fit de même. Puis il la regarda, rencontrant brièvement ses yeux, avant de les baisser d'un air gêné. Parlant si doucement qu'elle l'entendit à peine, il dit, « Désolé pour hier, 'Mione. C'était simplement le choc, tu comprends ? » Il essayait manifestement de feindre un visage insouciant par dessus son chagrin, et même si elle n'était pas dupe, elle le laissa garder sa dignité.

« Bien sûr, Ron, pas de problème. Je suis désolée que tu l'aies découvert de cette façon … c'était un coup de malchance. »

« Une sacrée malchance, » acquiesça-t-il, les lèvres tordues en une grimace pendant un moment. Elle désira ardemment lui tendre la main, prendre la sienne, et s'excuser pour tout … mais elle savait que ce serait la pire chose à faire.

Elle fut sauvée de son impulsion, néanmoins, quand Lavande se jeta de l'autre côté de Ron, et demanda innocemment. « Qu'est-ce qui est de la malchance ? » Elle prit le bras de Ron et posa sa tête contre son épaule, cherchant Hermione, ce qui fut probablement heureux – puisqu'elle manqua ainsi l'air déformé de répulsion qui traversa soudainement le visage de Ron.

« Oh, rien, Lavande, » répondit Harry, retrouvant ses esprits plus rapidement. « C'est juste pas de pot que Ron ne puisse pas retourner en Roumanie cet été pour rester avec Charlie. »

« Oh, » dit-elle, acceptant la dérobade d'Harry, et s'y noyant dedans. « Et bien, peut-être qu'il pourra venir me voir, à la place ! » proposa-t-elle, comme s'il s'agissait d'une invitation au Bal des Sorciers.

« Je suis sûr qu'il sera content, Lavande, quand il aura réalisé, » dit Harry, gêné, alors que Ron était raide comme une statue. Quand elle frotta sa joue contre son bras, néanmoins, il se leva soudainement.

« Désolé, je me sens mal … sûrement un reste de ce qu'Hermione avait hier … » dit Ron, et il partit aussi vite que ses pieds purent le porter.

Lavande le suivit des yeux avec un intérêt surpris. « Pauvre Ron ! J'espère qu'il n'est pas en train d'avoir un estomac sensible … Je ne suis pas aussi bonne que ça en cuisine ! » admit-elle tristement.

Harry et Hermione échangèrent juste un regard derrière le dos de la jeune fille.

La classe de sixième année de Potions était presque finie, mais Ron ne s'était pas donné la peine de se montrer. Hermione se sentait horriblement mal, mais elle ne pouvait rien faire. Elle savait qu'Harry irait le voir juste après la classe, et elle espérait simplement que tout finirait bien.

Quand la classe fut finie, Rogue leur parla depuis son bureau. « Miss Granger, j'ai besoin de vous parler. Oh, et Mr Malefoy, il y a quelque chose dont je dois discuter avec vous également, » ajouta-t-il, d'un ton qui impliquait que les deux étudiants étaient un incroyable poids sur son temps personnel.

La salle de classe se vida de tous ces élèves, sauf de trois, Harry partant en dernier, et jetant un regard significatif à Rogue. Hermione soupira. C'était presque… C'était presque comme si leurs amis respectifs étaient une menace potentielle aussi grande pour chacun d'eux que leurs ennemis l'étaient pour eux deux !

« Nous allons aller voir le Directeur maintenant, pour que nous puissions vous expliquer ce que nous avons imaginé. Je vous préviens, ce n'est pas une panacée qui résoudra vos problèmes comme s'ils n'avaient jamais existé, » dit-il, les regardant sérieusement, « mais, d'après l'opinion du directeur et le mien, ce plan vous donnera la meilleure chance possible. »

« Merci, Monsieur, » dit Hermione. « Nous l'apprécions. Et je sais que vous allez avoir énormément de problèmes à cause de nous. »

Rogue haussa simplement les épaules, gêné face à la gratitude, et il les conduisit vers le fond de la classe. Une porte à cet endroit rejoignait un couloir avec une simple volée de marches, qui émergeaient dans un foyer juste devant le bureau de Dumbledore.

« Bâton de fée, » prononça Rogue devant la gargouille, et Hermione dut soudainement réprimer un sourire. La voix du maître des potions avait articulé assez clairement cette insulte à sa dignité, comme à chaque fois qu'il utilisait un des mots de passe notoirement espiègles de Dumbledore. Le professeur se retourna pour levait un sourcil noir vers eux, et ils montèrent les escaliers menant au bureau de Dumbledore.

Le directeur était assis derrière son bureau, manifestement en train de les attendre. Fumseck, son magnifique phoenix, les examina depuis son perchoir juste derrière l'épaule du sorcier.

« Ah, oui, Miss Granger, Mr Malefoy … » les salua-t-il. Et bien qu'il sourit, l'étincelle dans ses yeux était plutôt terne. « Je vous en prie, asseyez-vous … vous aussi, Séverus … Est-ce que quelqu'un voudrait une Chocogrenouille ? »

Les lèvres du professeur Rogue s'incurvèrent d'horreur en voyant la friandise offerte, et Dumbledore cligna des yeux vers les deux élèves, qui regardèrent le maître des potions avec un léger amusement. Puis, les formalités ayant été remplies, et ses invités assis, Dumbledore se renfonça dans sa chaise, appuyant ses doigts sous son menton, et regardant les deux jeunes gens avec des yeux sérieux.

Après un long moment, pendant lequel Hermione sentit qu'il regardait, non pas vers elle, mais plutôt à travers elle, il parla finalement, la voix douce comme toujours, mais nuancée de tristesse.

« Je vais vous épargner à tous les deux le sermon qu'un parent ferait normalement à son enfant dans une telle situation. Et comme toutes les personnes ici dans cette salle le savent, vous n'êtes plus guère des enfants, plus réellement. Les évènements de ces quelques dernières années, vous ont inculqués de force, à vous et à vos camarades, une difficile connaissance. C'est malheureux, vous savez … votre jeunesse devrait être un moment de joie insouciant, pas de responsabilités écrasantes. »

Il poussa un profond soupir, comme si les problèmes du monde entier reposaient comme une lourde charge sur son cœur. « En même temps, j'ai la foi profonde et sérieuse que les choses arrivent parfois pour le mieux, des choses qui ne sont pas magiques, mais qui sont, d'une certaine manière, miraculeuses. Severus vous dirait que mon cerveau est abîmé à force d'entendre les chansons de mon phœnix ici présent …mais en fait, c'est juste une simple croyance. »

Il s'arrêta à nouveau, et une fois encore les yeux bleus les scrutèrent. « En réalité, je dois vous feliciter tous les deux pour la manière mature et responsable dont vous avez traité cette situation très sérieuse et effrayante. L'une des caractéristiques, quand on est adulte, ce n'est de pas fuir ses problèmes, mais de les empoigner, de les résoudre, et d'avancer. Hermione, vous avez montré un grand courage, en allant non seulement voir Drago avec des nouvelles dont vous pouviez difficilement espérer qu'il serait heureux d'entendre, mais aussi en lui faisant suffisamment confiance pour lui donner une chance de faire ce qui est juste. » Ses yeux se portèrent sur Drago. « Je suis très impressionné par Hermione, néanmoins, je suis beaucoup moins surpris par son courage, Drago, que je le suis par le votre. »

Drago regarda le Directeur, quelque peu indécis quant à la manière dont il devait prendre le compliment.

Les yeux de Dumbledore étincelèrent vraiment cette fois, devant la légère confusion sur le visage de Drago. « Je l'entends comme un véritable compliment, Mr Malefoy, » dit le Directeur. « Vous semblez vous être élevé au-dessus du niveau de vos pairs, et c'est un authentique accomplissement. » Les yeux bleus se posèrent brièvement sur Rogue, puis à nouveau sur Drago. « Je dois admettre que ce n'est pas le chemin que je vous aurait vu parcourir, Mr Malefoy … Mais je dois vous dire également que je suis immensément satisfait que vous le fassiez. »

« Mer … merci, Monsieur, » dit Drago. Il espérait simplement que Dumbledore n'avait pas une quelconque image étrange, impossible, de lui comme un héros à l'image de Potter ou tout comme … parce que même s'il essaierait, pour Hermione, il savait que tout au fond de lui-même, il était toujours basiquement la même personne qu'il avait toujours été.

« Maintenant que tout ça est dit, je suppose que nous devrions discuter des options que Severus et moi avons rassassées. Il y a, bien sûr, la possibilité de la fuite. Néanmoins, je ne crois pas qu'aucun de vous ne souhaite agir ainsi, puisque vous ne l'avez pas fait – pour ça, vous ne seriez pas venus nous voir. » Il les regarda d'un air interrogateur.

« Oui, Monsieur, c'est vrai, » répondit promptement Hermione.

« Néanmoins, s'enfuir n'est pas exclu, » dit Drago, pratique.

« Si je comprends vos désirs comme Severus me les a expliqués, vous souhaiteriez vous marier, rester à l'école, et garder votre enfant, et garder en même temps le premier et le troisième secret ? »

« Monsieur … Je sais que ça semble égoïste, » commença Hermione, embarrassée. « Mais, est-ce que vous pensez qu'il y a un moyen de le faire ? »

« Oui, Miss Granger, je le pense, » dit Dumbledore, la regardant fermement, sérieusement, par dessus les montures de ses lunettes. Son regard se porta ensuite sur Drago. « Néanmoins, cela implique quelques risques, énormément de discipline, et je ne peux garantir que cela demeurera couronné de succès pendant un long moment. Néanmoins, le professeur Rogue a revu les détails avec moi, et … je pense que ça peut marcher. »

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Drago, presque effrayé d'être trop confiant.

« Et bien, Mr Malefoy … si vous ne projetez plus de suivre les traces de votre père dans l'« entreprise familiale », que pensez-vous de l'idée que Severus vous enseigne à devenir un espion ? »

Fin du chapitre