Les feux de Beltane (The fires of Beltane)

Auteur original : Sorceress

Traductrices : Julie et Lou

Rating : R

Résumé
: Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?

Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…

Merci pour toutes vos reviews ! Un immense pardon pour ce retard… mais les cours on repris et forcement, on a moins de temps de libre

Chapitre 18 : tours de passe-passe

Note de l'auteur original (Sorceress) : Je n'ai pas eu le temps de travailler sur un nouveau poème, parce que j'ai écrit les chapitres aussi vite que j'ai pu. Donc, à la place, j'ai préfacé ce chapitre avec un bout de chanson, et un avertissement … Ce chapitre est assez sombre, mais de peur de vous effrayer, comme je l'ai fait sans le vouloir auparavant, je n'ai absolument aucune intention de tuer l'un des gentils, d'accord ? Cela briserait mon propre cœur, aussi, parce que j'aime ces personnages et je ne pourrais jamais, jamais, tuer quelqu'un que j'aime ! C'est compris ? J'espère que ça ne gâchera rien pour vous, mais j'ai tellement de supplications pour ne tuer personne que je ne veux pas que vous pensiez que je suis sur le point de massacrer vos personnages préférés.

Maintenant, à l'extrait de chanson. Oui, c'est un peu bête, mais la qualité le rend potable … ;-)

La nuit dernière je t'ai dit au revoir, maintenant il me semble que ça fait des années,

Je suis revenu dans la Cité, où rien n'est clair ;

Des images de moi, te tenant, nous rapprochant,

Et dis-moi –

Quand nos yeux se rencontreront-ils ?

Quand pourrais-je te toucher ?

Quand ce désir ardant finira-t-il ?

Et quand pourrais-je te serrer à nouveau ?

Le Manoir Malefoy semblait tout aussi déprimant qu'il se le rappelait, pensa Drago, quand la voiture passa le portail principal et s'engagea sur l'allée sinueuse. Même avant cette année, avant toutes ces choses extraordinaires qui lui étaient arrivées, ça avait été juste une maison, pas un foyer – et maintenant, à la lumière des changements qu'il avait subis durant ces dernières semaines, le massif édifice de pierre sombre ressemblait à une prison. Un frisson parcouru sa colonne vertébrale à cette pensée, et il eut un mauvais pressentiment, forçant son visage à reprendre l'expression de dédain maussade qu'il avait arboré pendant tellement d'années.

Le conducteur arrêta la voiture, et Drago ouvrit lui-même la portière sans attendre les formalités. Abandonnant les bagages aux domestiques pour qu'ils les emmènent dans sa chambre, il monta les escaliers de devant, et passa la massive porte principale avec son heurtoir à tête de serpent. Alors qu'il traversait le hall de pierre grise en direction des escaliers, la voix de son père l'appela de la bibliothèque.

« Drago. » Le ton de Lucius était égal ; il connaissait mieux que de faire semblant de ne pas l'avoir entendu, et se tourna donc avec répugnance vers la bibliothèque. Il avait espéré avoir un peu de temps pour lui, afin de déterminer la conduite à tenir et s'acclimater à la sensation étrange d'être à nouveau à la maison, mais il n'allait pas y avoir droit.

La pièce dans laquelle il entra était une immense pièce voûtée contenant des rangées de livres du sol au plafond dans des rayonnages en chêne, pour la plupart centenaires. Le sol de granit était toujours froid sous ses pieds, nullement réchauffé par les tapis orientaux en peluche qui y étaient dispersés. D'immenses fauteuils d'acajou sculptés avec un capitonnage de cuir étaient regroupés près de l'unique fenêtre, et en face de la cheminée de marbre au linteau sculpté.

Lucius Malefoy, descendant de l'ancienne famille au sang pur Malefoy, Mangemort, et bras droit du Lord noir lui-même, était installé dans une chaise semblable à un trône devant la cheminée éteinte. Il portait un pantalon noir, des bottes noires, et une chemise blanche qui était ouverte à moitié sur sa poitrine, les manches roulées de telle sorte que la marque des Ténèbres sur son bras était clairement visible. Ses cheveux blonds platine pareils à ceux de Drago étaient répandus sur ses épaules, et ses yeux bleus froids, si froids fixaient son fils et héritier avec un air lointain qui confinait à l'indifférence.

« Monsieur, » dit formellement Drago, gardant les yeux baissés respectueusement, et exécutant correctement la révérence atrocement formelle avec laquelle son père préférait être salué. Il força impitoyablement son esprit à se vider, effaçant touts les pensées qui bouillonnaient en lui, spontanées, comparant l'homme émotionnellement glacé devant lui avec Dumbledore … ou même avec Rogue.

« Une autre année qui se termine de manière satisfaisante, je crois ? » Lucius prit une gorgée du verre qu'il tenait vaguement dans une main. Drago ne fut pas abusé par la pose indolente, les jambes croisées comme par hasard. Il pouvait sortir une certaine pression chez son père, et des cloches d'alarme retentirent dans sa tête.

« Je le crois, Monsieur, » répondit-il prudemment.

« Bien. Je dois admettre que j'a eu quelques inquiétudes quand Severus m'a envoyé un hibou à propos de ce problème avec Potter et Granger, » L'aîné des Malefoy remua le liquide dans son verre, le regardant comme s'il possédait un immense intérêt.

« Je m'excuse, Monsieur. » Il savait que Rogue avait parlé à son père de l'incident qu'ils avaient utilisé comme excuse plausible pour sa formation durant dernières semaines de l'année scolaire. Un incident qui avait demandé l'entière coopération de Harry et Hermione, même si seuls ceux qui étaient directement concernés le savaient. Avec l'aide de Rogue, il avait concocté une potion qui avait rendu les deux « victimes » vertes et pleines d'écailles pendant 24 heures. Aucun risque tant que c'était préparé par quelqu'un du calibre de Rogue, bien sûr, mais Drago était accusé parce que cette potion avait un tel potentiel de conséquences mortelles si elle était mal préparée, qu'il avait mis gravement les vies d'Harry et Hermione en danger.

« Ce n'est pas pour Potter et Granger que je m'inquiète, du moins pas directement, » dit Lucius. « Mais il y a deux facteurs que tu dois considérer. Tout d'abord, être renvoyé de Poudlard ne serait pas avantageux pour ton futur. Nous autres Malefoy avons un certain statut à maintenir, après tout. Et jusqu'à ce que je puisse t'envoyer à Durmstrang, je trouverais ça … inopportun. »

« Oui, Monsieur. »

« Mais, ce qui est beaucoup plus important … Tu devrais être conscient que notre Lord a des projets pour Mr Potter et Miss Granger, qu'il serait plutôt … déçu, de voir dérangés. »

La mention de Voldemort ayant des projets pour Harry n'était pas une surprise pour lui – mais entendre que le Lord Noir avait quelque chose de prévu pour Hermione fit se serrer une main de glace autour du cœur de Drago. Il prit un moment pour se calmer, semblant considérer avec attention les paroles de son père.

« Je m'en souviendrai, père. Y aura-t-il une quelconque opportunité pour moi d'aider ? » Demanda-t-il, espérant glaner quelques informations supplémentaires.

« Peut-être, Drago … peut-être qu'il y en aura. J'en discuterai avec Notre Maître. Ce ne serait pas une mauvaise chose pour toi de faire impression sur lui très tôt, » dit Lucius, pensif. Il regarda son fils, soupesant mentalement ce qu'il voyait. Drago avait grandi, et s'était musclé. Il était une copie presque parfaite de Lucius lui-même au même âge, remarqua-t-il d'un air approbateur. Oui, peut-être était-il temps de faire passer Drago au niveau supérieur.

« J'en discuterai avec toi plus tard, Drago, » dit Lucius Malefoy, et il fit un geste dédaigneux en direction de son fils.

Drago sortit de la pièce, et se retint difficilement de monter les escaliers à pleine vitesse, tout à son besoin d'être aussi loin que possible de son père. Gardant le contrôle, il marcha calmement, posément vers l'aile est du deuxième étage, et jusqu'à la chambre stérile qu'il avait toujours occupée. Se laissant tomber sur le dessus de lit bordeaux sombre, il se cacha le visage entre les mains, respirant profondément.

Il savait que revenir chez lui allait être difficile, et même potentiellement dangereux. Il ne s'était juste pas attendu à ce que le danger devienne aussi vite évident, et qu'il ne soit pas dirigé directement sur lui … mais sur Hermione.

« Maman, franchement ! » dit Hermione, exaspérée. « Je peux porter mon sac ! »

« Je sais chérie … C'est juste que je suis tellement heureuse de te voir ! Je suis tellement contente que tu sois rentrée, » Mme Granger serra étroitement sa fille dans ses bras, en riant. « Je sais que tu as passé des moments tellement merveilleux à l'école que tu n'as pas eu le temps de penser à tes parents restés à la maison regrettant leur bébé. »

« Oh, Maman, bien sûr que vous m'avez manqué. Tous les deux, » rétorqua Hermione, regardant ces deux parents. Elle sourit, même si intérieurement la petite voix de la culpabilité lui hurlait qu'elle ne disait pas toute la vérité. Bien sûr qu'ils lui avaient manqué. Jusqu'à récemment – jusqu'à ce que revenir à la maison près d'eux signifie quitter Drago.

Ils quittèrent King's Cross, et Hermione se retourna vers la station avec mélancolie. Tout ce qu'elle avait aperçu de Drago en montant dans le train ce matin était un éclair lointain de cheveux dorés, quand il avait quitté le train. La foule des élèves et des parents avait été trop énorme pour qu'elle ait une chance de le voir. Cela faisait mal, mais elle trouvait un peu de réconfort dans l'accueil chaleureux de ses parents.

Ses parents lui posaient plein de questions sur l'école, auxquelles elle répondait avec autant d'enthousiasme qu'elle le pouvait sur le chemin de la maison. Elle devait repousser le désir de crier, de pleurer à cause de sa séparation d'avec Drago. C'était presque comme si elle pouvait sentir les kilomètres qui se multipliaient entre eux, physiquement, alors qu'ils partaient tous les deux vers les lieux de leur exil d'été.

« C'est un superbe pendentif, Hermione, » dit soudainement sa mère, et elle sursauta, sa main se porta sur le dragon d'argent, niché à la base de son cou.

« Oh ! Merci Maman. C'est un cadeau, » dit-elle.

« De Ron et Harry ? » demanda Mme Granger. Une question parfaitement naturelle, mais pour Hermione, cela ressemblait presque à une enquête.

« Hum, non, pas d'eux. Hey ! » S'exclama-t-elle, montrant la fenêtre du doigt pendant qu'ils entraient dans leur quartier. « Quand est-ce que les Ashley ont changé la couleur de leur maison ? » Pas que ça l'intéresse le moins du monde, mais elle sauta sur la première possibilité de changer de sujet.

Ce fut un succès – sa mère embraya immédiatement sur leurs voisins et la manière dont ils avaient décorée leur maison avec goût. Hermione poussa un soupir mental de soulagement, heureuse que l'interrogatoire ait été évité. Elle était également heureuse qu'elle et Drago aient décidé, le lendemain de leur mariage, de passer leurs alliances à la main droite pour devancer d'éventuelles questions. Ils l'avaient fait chacun pour l'autre, avec beaucoup de baisers et de mots d'amour, parce qu'aucun d'eux n'avaient le moindre soupçon d'envie d'abandonner les symboles tangibles de leur mariage. Elle ne pouvait qu'imaginer le genre de questions que sa mère aurait posées.

Ils arrivèrent à la maison, et Mme Granger emmena Hermione à l'intérieur, pendant que son père déchargeait la voiture. Et pendant qu'elle faisait le tour de la maison de son enfance, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était se languir à l'intérieur, espérant qu'elle et Drago pourraient être ensemble, dans leur propre maison, se faisant une vie à eux. Des larmes spontanées lui piquèrent les yeux, et elle s'excusa rapidement, prétendant avoir besoin d'aller aux toilettes.

Elle monta les escaliers, et poussa un profond soupir. Ca allait être un été très long.

Le dîner fût, comme d'habitude, une affaire formelle, interminable. Sa mère, Narcissa, était revenue de l'endroit quelconque où elle avait passé tout son après-midi, semblant aussi froidement belle qu'elle l'avait toujours été. Il était heureux pour lui que ses parents soient particulièrement de l'école 'les enfants doivent être vus mais pas entendus', parce que cela signifiait qu'il n'avait besoin de lancer aucune conversation, mais seulement de répondre aux questions qui lui étaient directement adressées.

Les années précédentes, il aurait simplement ruminé ses pensées pendant tout le repas, à moins que l'un de ses parents disent quelque chose qu'il considérait comme intéressant. Maintenant, néanmoins, à cause de l'enseignement du Professeur Rogue, il savait que tout ce que l'un d'eux disait, relié à une autre information, pouvait être potentiellement utile. Il savait aussi, grâce à son expérience passée, que ses parents, l'un comme l'autre, étaient parfaitement capables de lui mentir avec un visage tout à fait franc.

« J'ai invité Macnair du ministère à dîner Mardi, » dit Lucius à sa femme. Drago connaissait le nom mentionné comme l'un des plus anciens Mangemorts, que Harry avait vu en personne dans la troupe de Voldemort. Le visage impassible, il classa cette bribe d'information comme une affaire probable de Mangemort.

La bouche de Narcissa se serra, mais elle acquiesça simplement et dit, « Je ferais les préparatifs nécessaires pour le dîner. »

« Et n'oublie pas que Samedi prochain, c'est le Solstice, » continua son père. « Je serai occupé au travail ce jour-là, et je ne rentrerai pas de la nuit. » Les yeux bleus glacés se fixèrent sur Drago, qui fit semblant d'être absorbé par son assiette. Pas suffisamment absorbé, néanmoins, pour qu'il ne voit pas du coin de l'œil que sa mère était devenue rigide sur sa chaise, une main crispée sur la table. Encore des affaires de Mangemorts, et puis … il savait que sa mère ne pouvait pas le supporter. Bien sûr, à de très rares exceptions près, Voldemort préférait des serviteurs masculins.

« Je m'en souviens, » dit-elle d'une voix monotone.

Drago fut heureux que le repas se termine pour pouvoir s'échapper jusqu'à sa chambre. Même si les elfes de maison avaient déballé ses affaires, la chambre semblait toujours stérile, sans aucune personnalité. Puis il réalisa avec un frisson que c'était plutôt symbolique de ce que sa vie avait été avant Hermione – rien d'autre qu'un pâle reflet de son père, sans presque rien qui lui soit propre.

Il ouvrit la fenêtre, qui donnait sur des jardins formels arrangés avec précision, qui projetaient d'étranges ombres sous la lumière de la lune. Même la nature avait été impitoyablement domestiquée ici, faite pour pousser exactement dans la forme et la taille décidée par Lucius Malefoy. Drago regarda attentivement, et caressa nonchalamment l'anneau de mariage qu'Hermione avait placé avec tant d'amour, tant de confiance à son doigt.

« Cela signifie l'achèvement et l'espoir éternel, » lui avait-elle dit un après-midi, alors qu'ils étaient couchés ensemble après avoir fait l'amour, profitant simplement de la présence de l'autre. « C'est ce que nous devons avoir, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle. « De l'espoir. »

« L'espoir. » répéta-t-il doucement à la lune, avide de la connexion qu'il sentait avec elle, à travers le souvenir physique de leurs vœux. Puis ses doigts caressèrent l'anneau au doigt d'à côté, celui qui lui permettrait d'appeler le corbeau qui était son messager pour Dumbledore. Il était temps, il le savait, de faire le premier vrai pas sur cette route, pour s'engager dans sa nouvelle vie en trahissant l'ancienne. Saisissant l'anneau, il le pressa deux fois sans aucun remord.

Il n'eut pas à attendre longtemps. Un son quasiment vibrant, et puis l'oiseau noir était là, perché sur l'encadrement de la fenêtre. Drago se recula, et le corbeau sautilla dans la pièce, et sur son bureau, où les plumes d'un noir bleuté luisaient faiblement.

« Bonjour Drago Malefoy, » croassa l'oiseau.

Il regarda dans les petits yeux brillants de l'oiseau. « Talon, dit à Dumbledore … que mon père a fait allusion au fait que le Seigneur des Ténèbres avait des plans concernant Harry et Hermione. Je ne sais pas encore ce que c'est, mais j'essaie de trouver – et ça semble sérieux. Aussi, il y a un rassemblement probable des Mangemorts durant le Solstice, même s'il le sait probablement déjà grâce au Professeur Rogue. Et, mon père a invité Macnair à dîner Mardi – et ce qu'il y a quelque chose de particulier auquel je dois faire attention. » Il se demanda pendant un moment si l'oiseau pourrait se rappeler tout ça, et demanda, « Talon, est-ce que tu as retenu tout ça ? »

Penchant la tête d'un côté, le corbeau lui jeta un regard qui semblait presque offensé. « Oui, Drago Malefoy, » croassa-t-il.

« Parfait. C'est tout ce que j'ai, alors, » répondit-il.

L'oiseau le regarda encore pendant un petit moment, sans ciller. Puis il dit, « Sois prudent, Drago Malefoy ! » Sautant par la fenêtre, il décolla avec un bref battement d'ailes, et disparut dans le ciel étoilé.

Il ferma la fenêtre, puis marcha sans but à travers la pièce, pensant à Hermione. Que faisait-elle maintenant ? Est-ce qu'il lui manquait autant qu'elle lui manquait ? Il ne pouvait tout simplement pas supporter l'immense vide de sa vie sans elle, sans même l'espoir d'un regard furtif sur ses boucles de miel brun, ou un éclair de ses yeux chocolat levant dédaigneusement le nez vers lui. Elle – et le bébé – étaient les toutes premières choses dans sa vie qu'il sentait vraiment et réellement être à lui, quelque chose qu'il possédait vraiment, qu'il avait crée lui-même. Une image apparut soudainement dans son esprit, d'Hermione lors de leur nuit de noces, sa peau dorée brillant sous la lumière des chandelles. Elle avait murmuré, « Je suis à toi, pour toujours et à jamais. » Il serra les paupières, sentant l'inévitable vague d'amour, de désir, que penser à elle provoquait en lui ; et ensuite, résigné, il se dirigea vers la salle de bain, pour ce qui, il en était sûr, allait être la première d'une longue, longue série de douches froides au cours de ce long été solitaire.

« Hermione, tu ne manges pas beaucoup, » dit sa mère, regardant sa fille, soucieuse. Le petit déjeuner du dimanche dans la maison des Grangers était une tradition, un repas de fête plein de bavardages sur la semaine à venir autour de la délicieuse cuisine que Mme Granger avait préparée. Mais Hermione semblait pâle, parlant à peine, et repoussait sa nourriture dans son assiette avec un petit appétit.

« Désolée Maman, » s'excusa-t-elle, en soupirant. « Je ne dors pas bien. Je dois m'habituer à être de retour, je suppose – un lit différent, des bruits différents. »

Mr Granger regarda son unique enfant par dessus la monture de ses lunettes. « Tu es sûre que tu n'es pas en train de tomber malade, chérie ? Nous pourrions t'emmener voir le docteur Carter dans la matinée. »

« Non, Papa ! Je vais bien, vraiment ! » Dit-elle, se forçant à sourire alors que son cœur sombrait. Merlin, tout ce dont elle avait besoin était un médecin moldu parlant de sa condition à ses parents !

« Et bien, dis-le nous si tu n'arrives toujours pas à bien dormir, et nous nous en occuperons, » ajouta sa mère, en lui tapotant la main. « Parfois, et bien, sache juste que ton père et moi nous inquiétons à propos de toutes les choses bizarres que tu pourrais attraper à l'école. Et si nous serions seulement capables de nous en apercevoir si quelque chose … d'inhabituel t'arrivait. » Ses yeux étaient pleins de souci maternel.

« Maman, je vais bien. Je t'assure que je n'ai rien 'd'inhabituel', et je ne suis même pas malade ! » Insista-t-elle. Puis elle se força à manger un petit morceau de toast dont elle n'avait vraiment pas envie. « J'ai juste besoin de me remettre sur les rails, de retour dans le train-train de la maison, » ajouta-t-elle, avec infiniment plus d'enthousiasme dans la voix qu'elle n'en ressentait vraiment.

Le manque de Drago était déjà bien assez, mais c'était vraiment le cauchemar qu'elle avait fait, juste avant l'aube, qui l'avait laissée bouleversée et malade. Un cauchemar dans lequel un Voldemort au visage pâle, au nez crochu et aux yeux rouges grimaçant sans lèvres au-dessus des crocs de serpent avait arraché son bébé de son corps pendant qu'elle hurlait d'horreur. Elle réprima un frisson au souvenir de ce rêve, et essaya de se concentrer sur ce que sa mère disait.

« … veux aller faire les magasins cet après-midi, pour acheter quelques nouveaux vêtements ? »

« Oh, bien sûr Maman. Je pourrais avoir besoin de quelques nouvelles affaires d'été, parce que tous ceux de l'année dernière sont devenus trop petits, » dit-elle, forçant son esprit à se fixer sur les sujets actuels.

« C'était prévisible. Tu es en train de t'arrondir en une silhouette plutôt agréable, ma chérie, » dit fièrement Mme Granger.

« Maman ! » souffla-t-elle, embarrassée. Ses joues s'enflammèrent, en partie à cause du commentaire de sa mère, en partie de mortification. Elle savait qu'elle allait vraiment avoir besoin de nouvelles affaires. Mais quelque chose dont elle avait encore plus besoin, était d'information, de savoir quand et quels symptômes allaient révéler qu'elle allait avoir à faire avec ça. Les nausées matinales en particulier l'inquiétaient – comment allait-elle pouvoir le cacher à ses parents ? Elle avait besoin d'aller à la bibliothèque … mais ça devrait être quand ses parents seraient au travail.

La chose dont elle avait besoin plus que tout était Drago, sa présence, son amour, sa protection – et cela la désespérait qu'il soit la seule chose qu'elle ne serait jamais autorisée à avoir.

Le toc-toc-toc à sa fenêtre le réveilla immédiatement, et il se leva, regardant les rideaux éclairés de la lumière de la lune. Il pouvait voir la silhouette d'un corbeau sur le tissu blanc, et il frissonna. Est-ce que les corbeaux n'étaient pas considérés comme des messagers de malheur dans certaines cultures ? Mais il repoussa cette pensée, se levant pour ouvrir la vitre et permettre au messager de Dumbledore d'entrer.

Elle sautilla pour rentrer comme elle l'avait fait la dernière fois, se perchant sur son bureau. Il alluma une lampe, et ses yeux s'habituèrent à la clarté soudaine. Drago n'était pas certain du moment où il avait arrêté de penser à l'oiseau comme à un animal, et commencé à penser à elle comme à une « elle », mais il savait qu'elle avait son propre genre et n'était pas délibérément rude. Et puisque ce n'était pas lui qui l'avait envoyée, il attendit le message qu'on lui avait fait parvenir.

« Bonjour Drago Malefoy, » commença-t-elle, avec la même voix formatée qu'elle utilisait toujours. « Dumbledore vous envoie ses salutations et vous remercie pour la dernière information que vous avez envoyée. Il vous encourage à continuer ce bon travail, ça aide d'une manière que vous ne pouvez pas imaginer. Il dit de garder espoir, que lui et le Professeur Rogue travaillent pour arranger une manière pour que vous et Hermione puissiez vous voir. Mais les choses sont plutôt dangereuses pour le moment, alors il demande pardon et votre patience. De plus, Hermione lui a envoyé un hibou, dans lequel elle dit qu'elle va bien, mais que vous lui manquez terriblement, et qu'elle est très impatiente que vous soyez réunis. Elle dit également qu'elle vous aime énormément, et qu'elle ne veut pas perdre espoir, ni la foi en vous, quoi qu'il arrive. Dumbledore termine le message avec l'espoir que vous allez bien, et qu'il attend votre prochain contact. »

L'oiseau s'ébouriffa, et le regarda dans l'expectative.

« Talon, dis merci à Dumbledore pour l'information, et que je n'ai rien d'autre pour lui pour l'instant. Dis-lui … dis-lui s'il-te plaît de dire à Hermione que je l'aime, et qu'il me manque, et que je ne perdrais pas espoir non plus … et que … je vis uniquement pour la revoir. C'est tout. »

Talon leva la tête vers lui. « Sois prudent, Drago Malefoy, » croassa-t-elle, puis elle s'envola par la fenêtre.

Il ferma la fenêtre, éteignit la lumière, et se recoucha, solitaire, sur sa couche. Mais il s'écoula beaucoup, beaucoup de temps avant qu'il s'endorme à nouveau – moment pendant lequel il désira Hermione avec un désespoir qui faisait mal. Un désir qu'il ressentait chaque jour.

Hermione soupira en fermant le livre en face d'elle. Elle n'avait jamais imaginé comment tout pouvait seulement aller mal avec quelque chose de si … ordinaire.

Les femmes ont des bébés tout le temps, et elle supposa qu'elle n'y avait jamais vraiment beaucoup pensé, parce qu'elles les inondaient toutes avec leurs petites merveilles heureuses et en bonne santé. Regardez combien Mme Weasley en avait eu ! Et ils étaient tous en parfaire santé. Elle pensait qu'en tant que jeune femme en parfaite santé elle-même, il n'y aurait aucun problème, même si elle faisait tout toute seule.

Après tout, elle était intelligente, alors elle avait fait ce qu'elle devait – elle était allée à la bibliothèque, déterminée à devenir une experte dans tous les aspects de la grossesse et de l'accouchement. C'était un sujet très connu, elle devait lire là-dessus, et comme en faisant une potion, en jetant un sort, elle aurait un enfant parfait et en bonne santé.

« Oh, Merlin, » gémit-elle doucement, fixant le livre en face d'elle. C'était un traité technique objectif sur la grossesse, le livre le plus avancé qu'elle ait encore lu sur le sujet. Maintenant, chaque livre, du plus basique au plus avancé, tous rabâchaient exactement le même message, faire exactement ce qu'elle n'avait pas fait – aller voir un médecin, et se faire contrôler, elle et le bébé, pour être sûr qu'ils étaient tous les deux en bonne santé.

Elle s'inquiétait particulièrement du nombre de statistiques qu'elle avait lues, indiquant que les mères adolescentes avaient plus de risques d'avoir un bébé prématuré, avec des difficultés d'apprentissage ou des problèmes émotionnels, des bébés avec des problèmes de santé à long terme … et la liste était encore longue. Et peu importe à quel point elle était intelligente, elle ne pouvait pas échapper au fait qu'elle entrait parfaitement dans un groupe à très fort risque. Cela signifiait que son bébé était en danger.

Donc, basiquement, elle n'avait pas beaucoup de choix, pas vrai ? Si elle allait voir un médecin magique, ou même une Médico-sorcière, l'information pourrait remonter jusqu'aux personnes envers lesquelles ils essayaient de garder tout ça secret. Pour autant qu'elle puisse dire, il n'y avait quasiment pas de problèmes de grossesses non désirées dans le monde magique – probablement parce que, pour la plupart – à part Grabbe et Goyle peut-être – le peuple magique était plutôt intelligent, et accéder aux potions de ce genre de problème était plutôt facile. Ou, à défaut de ça, la plupart des gens pouvaient tout simplement se marier. Après tout, si ça avait été Harry, ou Ron, ou quasiment n'importe qui d'autre que le père de son enfant, il n'y aurait eu aucune raison de le cacher lui, ou leur mariage.

Elle reporta son attention sur le prospectus près du livre, qu'elle avait pris en face de la librairie dans une borne d'information du public. « Conseils confidentiels et gratuits pour la grossesse, et références médicales » disait le papier. Soupirant fortement, Hermione se leva, carra les épaules et se dirigea vers une cabine publique de téléphone.

Quatre semaines avaient passé, et Drago était obligé de réprimer constamment le désir de fuir le Manoir, d'aller à Londres, de trouver la maison d'Hermione et de la supplier de fuir avec lui quelque part, n'importe où, pour qu'il puisse simplement être ensemble. Son humeur était devenue effrayante, alors qu'il se heurtait à des restrictions qu'il n'avait jamais vraiment remarquées auparavant, beaucoup moins ressenties avec la force d'un jeune homme éloigné de la femme qu'il aime. Spécialement maintenant qu'il ne comprenait pourquoi aller vers elle, juste pour un jour, pourrait blesser quiconque – pas s'ils étaient prudents et que personne ne les voyait.

Il continuait à rapporter les allées et venues de son père, ses visiteurs, et toutes les petites bribes d'information que Lucius laissait tomber comme des miettes dans les oreilles de son fils. Drago commençait à se demander si le Directeur et Rogue ne s'étaient pas profondément trompés à propos de l'utilité qu'il pouvait avoir pour eux ; il se sentait inutile. Les seules lueurs de quelque chose de bon étaient les paroles que Talon lui rapportait de Dumbledore, lui disant qu'il faisait bien, et relayant l'amour qu'Hermione lui envoyait.

Tournant en rond dans sa chambre, il décida qu'il devait sortir, être loin de cette maison, même si c'était juste pour un petit moment. Il se changea rapidement pour mettre un pantalon noir et un tee-shirt blanc, et descendit sans bruit les escaliers arrière, que la famille n'utilisait jamais – emprunté uniquement par les elfes de maison et les serviteurs humains. Le déjeuner était passé, et chacun vaquait à ses obligations habituelles, et il pouvait donc se glisser silencieusement dehors, en se déplaçant furtivement dans l'obscurité. Arrivant en bas, il bifurqua pour entrer dans la salle de petit déjeuner, projetant de sortir par les portes vitrées s'ouvrant sur le jardin.

Ce fut alors qu'il entendit son père rire, un son diabolique qui lui donna envie de se recroqueviller dans un coin. Lucius n'utilisait jamais ce timbre à moins que quelque chose d'horriblement désagréable n'arrive à quelqu'un qu'il méprisait. Il regarda en direction de la salle du petit déjeuner, où la liberté lui faisait signe avec de grandes raies de lumière, lui promettant un bref répit à son emprisonnement. Hésitant pendant un moment, il s'aplatit finalement contre le mur, souhaitant y envoyer son poing de frustration. Mais il avait un travail à accomplir – et à la place, il se faufila vers la porte du bureau de son père.

« … cela devrait intriguer Notre Maître, » dit la voix de Lucius, conservant encore cette once d'amusement démoniaque. « Est-ce que vous êtes sûr de ça ? Je détesterais lui rapporter quelque chose et découvrir finalement que l'information était incorrecte. Surtout que ce serait beaucoup, beaucoup plus mauvais pour la source de cette information que pour moi. »

« Oui, Monsieur, » dit une voix pleurnicharde que Drago ne reconnut pas. « J'ai suivi vos instructions de garder un œil sur cette fille. Je l'ai suivi à chaque fois qu'elle a quitté la maison. Elle est allée à la clinique Moldue hier matin après que ses parents soient partis travailler, habillé différemment de d'habitude et avec les cheveux sous un foulard. En combinant ça avec les livres qu'elle a lus à la bibliothèque, je ne pense pas que cela laisse beaucoup de doutes, Monsieur. »

Drago sentit son cœur commencer à galoper. Oh, non. Ils ne pouvaient pas parler d'Hermione. Il fallait que ce soit quelqu'un d'autre. Il était juste paranoïaque … n'est-ce pas ? La peur le déchira de ses griffes alors qu'il forçait sa respiration à rester calme, pour pouvoir entendre la réponse de son père.

« Et bien, je dois dire que combiné avec les choses que j'ai entendues à propos de son attitude à Poudlard, cela semble vraiment conduire à une conclusion inévitable. Tu dis qu'elle n'a reçu aucun hibou de lui ? » Demanda Lucius d'une voix spéculative.

« En tout cas pas avec le hibou qu'il utilise habituellement, Monsieur. » Drago voulut gémir. Oh, dieux … ils étaient en train de parler d'Hermione ! Et est-ce qu'ils savaient à propos de lui, aussi ? Comment avaient-ils découvert ça ?

« Et bien, et bien, et bien … il semble que notre petite sorcière moldue se soit mise elle-même dans le pétrin. Tsk, tsk. Quelle honte. Petite putain, » Lucius eut à nouveau son horrible rire. Drago serra les poings, résistant à l'envie de sortir sa baguette, et de lancer un sort Impardonnable à son père, le faire souffrir pour avoir parlé d'elle comme ça. Bâtard ! Drago serra les dents, si durement que sa mâchoire lui fit mal. Et bien, si son père savait tout, qu'ils puissent au moins aller jusqu'à l'inévitable confrontation attendue … et arrivé à ce point, il était pleinement préparé à tuer Lucius sans le moindre regret.

« Nous le dirons à Notre Maître ce soir, » dit Lucius.

« N … Nous, Monsieur ? » La voix pleurnicharde semblait positivement terrifiée.

« Bien sûr nous, imbécile. Je veux présenter ma source. Ainsi, si ton information est fausse, et bien, Notre Maître saura que je ne fais que transmettre ce que tu m'as apporté. Mais pense que … si tu as raison, tu auras directement sa gratitude. »

« Je … Je … Oui … Monsieur, » la voix était descendue jusqu'à un murmure.

« Peut-être que j'emmènerais aussi Drago avec moi, » continua Lucius. « Il est temps que le garçon présente ses respects à Notre Maître. Et il pourra confirmer ce qu'il sait. »

Drago avait envie de vomir. Oh, Merlin, comment allait-il pouvoir se sortir de ça ? Lucius allait l'offrir à Voldemort pour qu'il vende Hermione, et leur enfant. Qu'allait-il faire ? Fuir ? Aller la chercher ? Essayer de tromper le Seigneur des Ténèbres lui-même ? Les dents de la peur dans son ventre devenaient coupantes comme un rasoir. Pas pour lui, mais pour Hermione et pour leur bébé.

Mais Lucius parlait encore. « Je suis sûr que Notre Seigneur va adorer cette information. Ca lui tombe tout cuit dans les mains ! » Encore cet horrible rire, glacial. « Réfléchis deux minutes, pendant qu'il complotait pour réaliser précisément cette chose, ils sont venus et ils l'ont fait pour lui sans qu'il ait à intervenir. Je suppose que c'est le résultat de la fièvre printanière et des hormones adolescentes. C'est simplement, trop, trop parfait – la Sang-de-Bourbe Granger est enceinte … du bâtard d'Harry Potter !

Drago arpentait sa chambre à nouveau, faisant des allers-retours devant la fenêtre ouverte, attendant que Talon fasse son apparition. C'était risqué de l'appeler au milieu de la journée, mais quel autre choix avait-il ? Il ne savait même pas combien de temps il lui restait avant que son père l'appelle.

Il avait remonté les escaliers en se faufilant, appelant immédiatement le messager ailé, sentant une vague d'hystérie monter en lui. Quand un battement d'ailes annonça son arrivée, il eut un vertige, sortant sa baguette en une réaction instinctive.

L'oiseau se figea immédiatement quand la baguette lui lança une goutte. Drago abaissa son bras. « Je suis infiniment désolé, Talon, si tu peux comprendre ça … je suis plutôt nerveux en ce moment. » Il se passa une main sur le front, pour enlever la sueur qui y perlait, et l'oiseau sautilla à l'intérieur. Regardant prudemment à l'extérieur, il ferma la fenêtre. « Talon, dis à Dumbledore que c'est une urgence. Mon père a découvert la grossesse d'Hermione – simplement, il pense que l'enfant est de Harry. Apparemment, le plan du Seigneur des Ténèbres était d'essayer de faire tomber Hermione enceinte d'Harry, pour une raison quelconque, probablement pour l'utiliser contre Harry. Demanda à Dumbledore … dis lui que je lui demande d'aller chercher Hermione immédiatement, ou je devrais y aller et la prendre moi-même. Elle n'est plus en sécurité, pas dès que mon père l'aura dit au Seigneur des Ténèbres, ce qu'il veut faire ce soir. Il se peut qu'il me demande d'y assister. S'il te plaît … Dis à Dumbledore que j'ai besoin de savoir quoi faire ! » La frustration était évidente dans sa voix.

L'oiseau le regarda soigneusement, puis secoua la tête. « Sois brave, Drago Malefoy. Dumbledore va t'aider. Talon reviendra bientôt ! » Croassa le corbeau, et les yeux de Drago s'agrandirent de surprise. Ce n'était pas une leçon déjà apprise … n'est-ce pas ? Où est-ce que l'oiseau était beaucoup, beaucoup plus intelligent qu'il l'avait toujours pens ? Elle sautilla vers la fenêtre, le regardant avec ce qu'il sembla être de l'impatience, jusqu'à ce qu'il l'ouvre pour elle. Elle regarda dehors très prudemment, puis se lança dans le ciel.

Drago s'assit pour attendre, son esprit se repassant toutes sortes d'horreurs pour occuper son temps jusqu'à ce que le corbeau revienne … ou jusqu'à ce que son père l'appelle.

Fin du chapitre