Les feux de Beltane (The fires of Beltane)
Auteur original : Sorceress
Traductrices : Julie et Lou
Rating : R
Résumé : Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même
entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il
affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?
Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…
Merci pour toutes vos reviews ! Vous avez dû remarquer que la publication des chapitres s'est un peu ralentie… C'est normal, nous avons repris nos cours et avons donc moins de temps à consacrer aux fics. La publication passe donc à un chapitre toutes les 2 semaines (délai minimum). Nous rappelons encore une fois que cette fic est une traduction, et que ce n'est pas nous qui l'avons écrite, nous en sommes juste les traductrices.
Chapitre 19 : tours de passe-passeSeverus Rogue porta son verre de Brandy à la lumière, contemplant la riche couleur pendant qu'il réfléchissait aux paroles de Dumbledore.
« Alors, qu'en pensez-vous, Severus ? » demanda Dumbledore alors qu'il demeurait silencieux, regardant par dessus son bureau l'homme plus jeune qui se relaxait en réfléchissant. Le bureau autour d'eux était très calme, et Poudlard était presque complètement vide, à l'exception d'eux deux – ce qui en faisait l'endroit le plus sûr pour mettre un plan au point.
« Ca pourrait marcher, Albus, si nous sommes prudents. Très prudents. Mais pensez-vous que Molly Weasley sera d'accord ? » Demanda le Maître des Potions. « C'est un peu beaucoup de la persuader d'élever un bébé qui n'est pas le sien, spécialement lorsqu'elle en a déjà élevé une vraie pléthore, » continua-t-il, avec la conscience lasse qu'il avait enseigné à chacune de ces terreurs rousses. Et il ne pouvait qu'imaginer quels cauchemars son futur lui réservait une fois que l'imminente progéniture Granger-Malefoy aurait rejoint sa classe.
« Ce serait seulement pour quelques mois, jusqu'à ce qu'ils aient leurs diplômes. Et je connais Molly, elle vit pour les enfants. Arthur m'a dit qu'elle a pleuré pendant des semaines après que Ginny soit partie pour Poudlard, parce qu'elle n'avait plus d'enfant à la maison … et sa couvée est malheureusement très lente à produire des petits enfants pour qu'elle puisse les gâter, » Les yeux de Dumbledore étincelaient d'humour. Molly Weasley était l'une des personnes qu'il appréciait le plus, mais ça ne l'empêchait de lui envoyer de gentilles piques à propos des ses instincts maternels surdéveloppés.
« Vous en parlerez d'abord à Drago et Hermione, bien sûr ? » demanda Rogue, les sourcils levés.
« Bien sûr, Severus … Je voulais juste savoir ce que vous en pensiez … »
Le Directeur répondit à un appel strident de Fumseck, qui avait sommeillé sur son perchoir derrière lui jusque là. Un rapide battement d'ailes et un cri rauque parvinrent de la fenêtre placée haut et une petite forme bleue noire en descendit, atterrissant sur le bureau du Directeur, et sautillant d'avant en arrière avec agitation.
« Talon, » Dumbledore commença à parler, mais étonnamment, l'oiseau lui coupa la parole.
« Rogue, partez, » croassa-t-elle, en regardant Dumbledore. « J'ai besoin de vous parler. Urgence ! »
Le Directeur regarda l'oiseau, puis le Maître des Potions immensément surpris, puis revint sur l'oiseau. « MAINTENANT ! » hurla-t-elle pratiquement.
« Talon … continue. Il faudra qu'il soit au courant tôt ou tard après tout, » dit Dumbledore.
A ce moment, l'oiseau sauta sur le sol – mais avant que ses pieds touchent le sol, elle s'était transformée en une petite femme qui semblait avoir une trentaine d'années, avec des cheveux bleus noirs, des traits délicats et une ossature fine gainée dans une robe noire finement ajustée. Rogue haleta de surprise, mais elle l'ignora, parlant directement au vieux sorcier.
« Nous avons un très, très gros problème, » lui dit-elle. « Drago a découvert que Lucius Malefoy avait appris la grossesse d'Hermione, mais Lucius croit que l'enfant est d'Harry Potter. Drago est apparemment supposé accompagner son père chez Voldemort pour que Lucius puisse lui annoncer la nouvelle. Ce qui est, apparemment, la chose que Voldemort avait en tête depuis le début – de mettre Harry et Hermione ensemble, comme un couple, pour qu'Hermione puisse concevoir l'enfant d'Harry … et pour qu'il puisse le prendre. Vous pouvez deviner pourquoi comme je le peux. »
« Oh, non … » dit Dumbledore, et le vieux sorcier semblait plus horrifié qu'il ne l'avait pas été depuis longtemps.
« Et nous devons faire quelque chose pour Drago rapidement … ou j'ai peur qu'il se confronte, non seulement à son père, mais aussi à Voldemort en personne. Ne vous méprenez pas, ce jeune homme ne prend pas ça bien … il est impossible de dire ce qu'il va faire. » Elle serra les poings. « Je dois retourner le voir, je lui ai promis – et j'ai peur qu'il fasse quelque chose d'impulsif. »
« A-t-il été compromis, pour autant que vous en savez ? » demanda le Directeur, essayant d'envisager toutes les alternatives.
« Je ne crois pas, » répondit-elle. « Mais plus nous perdons de temps, plus le risque que ça arrive augmente. »
« Retournez-y, alors, et révélez-vous à lui. Calmez-le si vous pouvez. Ne le laissez sortir que s'il n'y a pas d'autre moyen. Y a-t-il une chance que vous puissiez atteindre Lucius ? »
« C'est possible, » dit-elle, en réfléchissant. « Si j'ai l'aide de Drago, » Son front se plissa. « Je pense que je vois ce que vous avez en tête. L'amnésie ? »
« Précisément. Supprimer ce que Lucius sait est la priorité. Mais découvrez d'abord combien de personnes sont au courant d'abord, et j'enverrai quelqu'un pour vous soutenir, juste au cas où, » dit le vieux sorcier.
« Bien, » acquiesça-t-elle, puis elle se rétrécit à nouveau en une forme de corbeau, et s'élança par la fenêtre, Fumseck lui lançant un au revoir en langage de phénix.
« Nous avons du travail à faire, Severus J'aurai besoin de vous envoyer au Manoir Malefoy aussi rapidement que possible, essayez de trouver une réponse plausible à votre présence là-bas. Voyez si vous avez besoin de faire un contrôle des dégâts, ce qui inclut sortir Drago de là si vous pensez que c'est mieux. Et … au cas où Rhiannon échoue … faites simplement du mieux que vous pouvez, » dit le Directeur, d'une voix lasse, fatiguée.
« Rhiannon ? » dit Rogue, se tournant pour regarder Dumbledore, un sourcil levé de curiosité.
« Talon est son nom d'animagus – son nom humain est Rhiannon. Maintenant partez, Severus, et … soyez prudent. »
Même si ça lui sembla être une éternité, Drago fut surpris quand moins de trente minutes après le départ de Talon, il entendit le bruit familier à sa fenêtre. Il se précipita et ouvrit, faisant entrer l'oiseau sombre. Il le regarda, stupéfait, quand au lieu de sauter sur son bureau comme d'habitude, elle se laissa tomber sur le sol et grandit soudainement en une petite femme délicate aux cheveux noirs bleutés, qui le regardait avec de profonds yeux violets.
« Tu es un animagus ! » s'exclama-t-il. « C'est pour ça que tu peux parler et comprendre aussi bien ! »
« Oui, mais je suis désolée, nous n'avons pas le temps de parler de çà maintenant. Dumbledore m'a renvoyée pour m'occuper de ton père si c'est possible. Dis-moi aussi rapidement que tu peux quelle est exactement la situation, » dit-elle.
Il lui expliqua la conversation qu'il avait surprise entre son père et l'autre homme dans le bureau, et ses yeux s'agrandirent, pensifs. « Il semble que personne d'autre ne soit au courant, alors, à l'exception de ton père et de son espion. »
« C'est ce que je crois. En tout cas, c'est ce qui m'a semblé. »
« Est-ce que tu sais s'ils sont toujours l ? » demanda-t-elle, sortant une baguette d'acajou.
« Je ne suis pas sûr, mais je n'ai entendu personne quitter la maison, » dit Drago, se demandant ce qu'elle pensait pouvoir faire contre son père.
« Est-ce que tu peux m'emmener là où ils sont ? Et … est-ce que tu connais le Petrificus Totalus ? » demanda-t-elle, la bouche incurvée en un sourire qui n'était pas du tout sympathique – en fait, il semblait quelque peu vengeur.
« Oui … et oui. »
« Excellent. Voilà ce qu'on va faire. Nous descendons au bureau de ton père. Si nous pouvons nous assurer qu'ils sont encore là tous les deux et seuls, on entre. Je vais lancer un sort d'amnésie à ton père, et j'ai besoin que tu t'occupes de l'espion. Est-ce que tu penses que tu pourras faire ça ? » Demanda-t-elle, un sourcil levé en signe de défi.
« Est-ce que ça marchera ? » demanda-t-il, légèrement inquiet. Si les choses se passent mal …
« Je ne vois pas d'autre solution, si tu veux empêcher le Seigneur des Ténèbres d'avoir ces informations. Oh, encore une chose – est-ce que tu sais si ton père a des protections spécifiques qui le protègent contre les sorts? »
Son front se rida sous l'effort de réflexion. « Pas que je me le rappelle, » dit-il, même si son ton était encore indécis. « Est-ce que tu ne penses pas ... » commença-t-il, mais elle secoua la tête, souriant de manière un peu étrange.
« Une chose qu'on apprend, Drago, est que parfois on doit compter sur la surprise, la rapidité, et la chance pour sauver la mise. »
« Et qu'est-ce qu'on fait si ces choses-là échouent ? »
Son sourire s'agrandit. « On court comme si on avait le diable aux trousses ! »
Ils quittèrent la chambre de Drago, et il la conduisit en bas des escaliers, toujours déserts. Il commençait à penser qu'elle pouvait avoir raison pour la chance, quand il entendit son père et la voix pleurnicharde de son espion discutant encore.
« Ecoutez, Mason, je me fiche de vos problèmes personnels, » dit Lucius Malefoy, son timbre dur de colère. « Je veux que la Sang-de-Bourbe soit surveillée, vous me comprenez bien ? Et vous venez avec moi ce soir, que ça vous plaise ou non. M'offrir votre fille pourrait difficilement me faire changer d'avis ! »
« Mais, Monsieur, » supplia la voix pleurnicharde, d'un ton désespéré. « Je ne suis pas digne de me présenter devant le Seigneur des Ténèbres ! Je ne suis rien d'autre que votre serviteur ! S'il vous plaît ! »
Talon murmura « Alohomora, » et il vit le pêne de la porte s'ouvrir silencieusement.
« CA SUFFIT ! » tonna Lucius, et Talon regarda Drago dans les yeux et dit, « Maintenant ! » pendant qu'elle ouvrait la porte.
Ils se précipitèrent, pour voir Lucius se tenant devant la forme écrasée d'un petit homme chauve. La canne à tête de serpent était serrée dans l'une des mains du Mangemort, levée pour frapper la tête du petit homme chauve. L'aîné des Malefoy eut à peine le temps de manifester de la surprise à la vue de son fils et d'une étrange femme bondissant dans son bureau, avant que Talon ne lève sa baguette, en hurlant, « Lethe Incapacitum ! »
« Petrificus Totalus ! » hurla Drago en même temps, sa baguette pointée vers l'autre homme.
Le résultat fut instantané. L'homme tomba en arrière comme un morceau de bois, pendant que Lucius se pliait sur le sol en un tas sans os. Drago resta là à fixer un moment l'homme qu'il avait attaqué. Il se dit que c'était pour la protection de sa famille. Cela le fit se sentir mieux.
« Vite, aide-moi à le mettre sur son fauteuil, » dit Talon, empoignant Lucius par la soie qui lui couvrait l'épaule. Drago l'attrapa par l'autre bras, et ensemble, ils le soulevèrent jusqu'à l'accoudoir du fauteuil en cuir. La tête blonde se repose sur un côté, les yeux fermés.
« Est-ce qu'il ne se rappellera de rien quand il se réveillera ? » demanda Drago, d'un air soucieux.
« Non, il ne se rappellera rien de ce qui s'est passé au cours des trois dernières heures. Mais … Je vais changer ça, aussi, » dit-elle, s'avançant à nouveau, baguette au poing.
Elle fit plusieurs gestes en l'air, prononça un sort complexe, puis parla tout près de l'oreille de Lucius.
« Tu es si fatigué. Tu es un homme tellement occupé, tellement important, avec tellement de responsabilité. Tu sais que le Seigneur des Ténèbres ne pourrait jamais y arriver sans ton aide. Oui, il dépend de toi, et tu as toujours un pas d'avance sur lui. Mais tu es fatigué … Tu t'endors, en pensant à tes projets. Garder un œil sur la Sang-de-Bourbe ne t'a donné aucune information utile, rien du tout. Elle n'est qu'une stupide chose après tout. Le projet du Lord Noir de lui faire avoir l'enfant de Potter … Ca n'a aucun sens, n'est-ce pas ? Pourquoi elle ? Oh, c'est une sorcière puissante, mais dangereuse, incontrôlable … imprévisible. Tu penses que ce serait mieux si le Lord Noir choisit une fille au Sang pur. Une qui connaît son devoir. Une qui transmettra l'enfant sans combattre. Granger, ça ne marchera pas. Oui, tu es intelligent, Lucius. Un vrai génie. Et Drago est exactement comme toi, n'est-ce pas ? C'est une telle réussite pour toi. Il sera un digne successeur pour le nom des Malefoy, une fois qu'il aura grandi et qu'il aura fini sa formation. Tu peux compter sur ton fils … Mais tu es fatigué … si fatigué … »
Elle se leva à nouveau, se reculant, posant un doigt sur ses lèvres quand Drago voulut parler. Se dressant sur la pointe des pieds, elle approcha sa bouche tout près de son oreille. « Tu as été magnifique. Retourne dans ta chambre maintenant, et fais comme si rien ne s'était passé. Si je connais bien Dumbledore, il va envoyer Rogue pour te sortir de là. C'est trop dangereux ici pour toi maintenant, au cas où ton père résiste au sortilège et commence à s'en souvenir. Je vais emmener l'espion et rentrer – Dumbledore voudra l'interroger. Sois simplement prudent, et si tu as le moindre doute, fuis. Tu peux utiliser l'anneau pour m'appeler, et je te trouverai.
« Merci, » articula silencieusement Drago, et elle acquiesça. Se penchant vers l'homme pétrifié, elle transplana avec lui.
Drago attrapa la canne de son père, le plaçant sur l'accoudoir du fauteuil, puis se faufila dans sa chambre, fermant la porte derrière lui. C'était une telle chance que son père ait banni les elfes de maison dans les cuisines inférieures des années auparavant, après le départ de Dobby. Les serviteurs humains avaient trop peur pour leur vie pour côtoyer Lucius excepté quand il les avait expressément convoqués.
Il attendit, mais il était toujours inquiet. Est-ce que le sortilège d'amnésie ferait effet, ou avaient-ils simplement retardé l'inévitable ?
Courir comme si tu avais le diable aux trousses, avait dit Talon – alors, juste au cas où, Drago commença à faire ses valises.
« Severus, » Lucius Malefoy accueillit le maître des Potions, passant une main dans ses cheveux blonds détachés. Remarquant le regard de Rogue, il haussa les épaules. « Trop de nuits blanches au service de Notre Maître. Brandy ? »
Au signe de Rogue, Lucius tendit une main impérieuse en direction du serviteur, qui versa deux verres du liquide sombre. Il en tendit un à chaque homme, puis se hâta pour échapper au regard bleu glacier menaçant de son employeur.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? » demanda l'aîné des Malefoy, en faisant tourner le liquide dans son verre. « Un message de Notre Maître ? »
« Non, en fait, je suis là pour les affaires de Poudlard, crois-le ou non, » répondit Rogue. « C'est à propos de Drago. »
Lucius se figea sur sa chaise, ses yeux orageux fixés sur le visage sombre de Rogue. « Oh, est-ce que mon fils est prêt pour quelque chose d'autre ? »
« D'autre ? » demanda Rogue, fronçant les sourcils d'étonnement pour cacher l'inquiétude qu'il ressentit soudain. Est-ce que le sortilège d'amnésie que Talon avait jeté n'avait pas march ? Et, sinon, où étaient-ils, elle et Drago ?
« Et bien, après l'incident de la potion, je lui ai fait un sermon sur la manière d'apprendre à se contrôler, » admit Lucius. En voyant le relâchement de la tension sur le visage de Lucius, Rogue sentit sa propre inquiétude se calmer.
« Ah, je vois. Non, en fait, çà n'a rien à voir avec ça. En fait, je te suspecte d'avoir été satisfait. Il a été décidé aujourd'hui que Drago serait nommé Préfet en Chef l'année prochaine. »
« Vraiment ? » demanda Malefoy, sa voix s'élevant en une authentique surprise. « Ce n'est pas le précieux Potter de Dumbledore ? » Ses lèvres s'incurvèrent en un ricanement, qui reproduisait de manière effrayante l'expression qu'arborait si souvent son fils.
« Je sais que Potter est apprécié, mais, du point de vue académique, il est loin d'être du niveau de Drago. De plus, il y avait des oppositions, y compris la mienne, à avoir un Préfet et une Préfète en Chef venant de Gryffondor. »
« Granger, hein ? » grommela Lucius. « Dumbledore et ses damnés Sang-de-Bourbes. »
« Mon souci, » continua Rogue, « est que Drago doit, pour son propre bien, mettre de côté sa haine pour Granger – au moins en public, tu comprends. Bien entendu, je peux comprendre le point de vue du garçon, elle est à peine digne d'adresser la parole à un jeune homme comme Drago, » mentit Rogue, doucement. « Mais en tant que premier Préfet en Chef de Serpentard depuis un certain nombre d'années, cela serait mauvais pour lui s'il y avait une quantité excessive de, comment dirons-nous, frictions, entre eux deux. Dumbledore est peut-être un idiot, mais il a des alliés. »
« C'est vrai … malheureusement. »
« Et l'incident avec Potter et Granger souligne simplement une autre chose, qui est ce que tu lui as enseigné. Le contrôle. S'il se joint à notre groupe l'année prochaine, » dit Rogue, et il bougea délicatement une main pour toucher la Marque des Ténèbres cachée sous sa manche, « il va avoir besoin d'un peu plus d'entraînement. Il est très intelligent, comme tu le sais bien, et plutôt rusé. Autrement dit, un Serpentard jusqu'à la moelle. Je suis seulement en train de suggérer que, si tu le peux, il pourrait être utile d'avoir une discussion supplémentaire au sujet de réprimer son, euh, enthousiasme juvénile, dirons-nous ? Il est mon meilleur élève, Lucius. Il va faire de grandes choses. Mais tout de même, je ne peux pas le sauver comme je l'ai fait il y a deux mois, à chaque fois qu'il va trop loin au-delà des limites de Dumbledore.
« Oui, Severus, tu as tout à fait raison. Tout à fait raison. Je comprends ton point de vue, » acquiesça Lucius, en quelque sorte à la surprise soigneusement dissimulée de Rogue. « Drago est trop semblable à ce que j'étais au même âge. Trop vite en colère. Il n'a pas hérité de la moindre goutte de la glace qui coule dans les veines de Narcissa à la place du sang. C'est dommage. »
« Je vois beaucoup trop peu de Serpentards avec un réel potentiel ces temps-ci. Pas comme à notre époque, tu sais, » soupira-t-il avec regret. Puis le maître des potions inclina la tête sur le côté, le front creusé par la réflexion, comme si une idée venait juste de lui traverser l'esprit. Mais ensuite il secoua la tête et soupira.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Lucius, interprétant son geste exactement comme Rogue l'avait prévu.
« C'est juste une idée, mais c'est impossible, vraiment. De toute façon, je dois y aller, » dit-il, commençant à se lever.
Lucius sembla intrigué. « Vraiment, qu' y a-t-il? »
« Et bien, il me semble que j'ai une grande pratique de la tromperie et du mensonge de très très près – après tout, je le fais tous les jours. J'ai même réussi à tromper Dumbledore. J'ai pensé pendant un moment que je pourrais peut-être enseigner à Drago un peu de ce que j'ai appris au cours des ans, avant que l'école ne commence, pour qu'il puisse être préparé à accomplir son devoir dans le futur. »
« Oh ? » Les sourcils de Lucius se soulevèrent, et Rogue pouvait pratiquement lire la réflexion dans ses yeux dans ses yeux bleus.
« Mais ça ne marchera pas. Je passe l'été à Poudlard à travailler sur mes recherches de potions, alors je ne pourrais pas rester en ville pour l'aider. Et Drago ne peux pas venir à Poudlard. »
« Pourquoi pas ? » demanda Lucius.
« Et bien, je suppose que toi et Narcissa avez des projets pour lui pour le reste de l'été, Lucius. »
« Je ne pense pas que nous ayons prévu quelque chose que nous ne puissions annuler … après tout, tu fais une offre trop généreuse d'aider Drago. Et puisse que je suis trop occupé avec les affaires de Notre Seigneur, je n'ai pas le temps de le lui enseigner moi-même. » Les yeux bleus glacés notèrent la posture relaxée de Rogue, l'expression de désintérêt poli sur son visage sombre.
« Oui, je comprends à quel point tu peux être occupé. Notre Maître se repose énormément sur toi, » reconnu Rogue.
« Tu es sûr … que tu pourras lui enseigner ça ? »
« Je peux essayer, Lucius. Je peux lui enseigner, mais le gamin devra avoir envie d'apprendre. »
« Il en aura envie, » répondit l'homme blond avec une certitude glaciale. « Quand pourras-tu commencer ? »
« Dès que tu voudras. Comme je te l'ai dit, je suis à Poudlard pour toutes les vacances, » haussa-t-il les épaules, comme si ça ne le concernait vraiment pas … et presque comme s'il était désolé d'avoir mis le sujet sur le tapis.
« Ah, et bien … qu'est-ce que tu dirais de lundi, alors ? » demanda Lucius, désinvolte. « Ca vous laisserait à peu près 6 semaines avant que les cours reprennent. »
Se levant, Rogue fit un petit salut formel. « Si ça te convient, Lucius. Qu'il vienne au Pré-au-Lard par le train de lundi, avec toutes ses affaires scolaires. J'ai peur de devoir vraiment rentrer maintenant – le travail, tu sais. »
« Certainement, Severus, certainement. J'apprécie que tu aies pris sur ton temps pour Drago, » dit l'aîné des Malefoy. Rogue put presque voir les rouages tourner dans sa tête, des plans et des schémas se mettant en place, pendant qu'il soupesait l'utilité de son fils pleinement entraîné à tromper.
« C'était un plaisir, Lucius, » répondit poliment Severus Rogue, et il marcha vers la porte. Il garda un sourire d'autosatisfaction plaqué sur son visage, jusqu'à ce que les portes du Manoir Malefoy soient loin, loin derrière lui. Il se demanda si Lucius réaliserait un jour que la plus grande faiblesse d'être un sale bâtard avide, était que les gens habiles pourraient toujours, sans aucun doute, manipuler cette avidité.
Hermione était assise sur le sofa, essayant de projeter un calme qu'elle était loin de ressentir. Le hibou qui était arrivé ce matin de la part de Dumbledore, lui demandant une visite d'elle et ses parents, l'avait laissé effrayée. En fait, non, effrayée n'était pas le bon mot. Peut-être que paralysée par une peur lui engourdissant l'esprit était plus proche de la vérité.
Ses parents semblaient également nerveux, puisque tout ce que la lettre avait dit était qu'il s'agissait d'une affaire « urgente et importante », et indiquant qu'il arriverait à 19 heures – et demandant s'ils pourraient tirer les rideaux de la pièce du bas.
Alors que l'heure se rapprochait, l'estomac d'Hermione commença à se nouer d'appréhension. Et si quelque chose était arrivé à Drago ? Etait-ce pourquoi le Directeur se déplaçait en personne ? Elle se tordit les mains sur les genoux, mordant sa lèvre inférieure pour repousser une nausée montante.
A 19 heures exactement, un flash de lumière verte précéda le Directeur alors qu'il sortait de la cheminée et entrait dans la salle à manger des Grangers. Il était à peine poussiéreux, étant donné que les Grangers utilisaient des bûches de gaz au lieu de brûler du bois dans leur cheminée. Mais Hermione fixa immédiatement son attention sur les yeux bleus pâles si facilement déchiffrables … et y voyant une étincelle ténue, elle relâcha une grande partie de la tension qui pesait sur elle, et le nœud dans son estomac se dénoua légèrement.
Mme Granger sauta sur ses pieds, Mr Granger la suivit plus lentement. Ils accueillirent chaudement le Directeur, leur propre appréhension se calmant en face de son humour omniprésent. Sur leur demande, il s'assit dans un grand fauteuil rembourré, et il s'occupa à l'aide de tasses de thé et de gâteaux à la crème fraîche.
Finalement, les politesses sociales terminées, Dumbledore fit face à la petite famille, assis à côté les uns des autres sur le divan. « Tout d'abord, » commença-t-il, « Laissez-moi vous dire que des félicitations sont de mise, puisque Hermione a été choisie comme Préfète-en-Chef pour l'année prochaine. » Ses yeux étincelèrent. « Nous en sommes vraiment heureux – et je dois vous dire que cela a été un vote unanime, ce qui arrive très rarement en fait. »
« Merci, Monsieur, » dit Hermione, comblée. Ses parents la serrèrent dans leurs bras, l'embrassant, et lui rappelant leur amour, leur fierté à son sujet, elle, leur magnifique fille, intelligente et extraordinaire. Mais Hermione se sentit un peu inquiète, et son estomac se crispa à nouveau, parce qu'elle pouvait voir dans les yeux du vieux sorcier, au moins une part de ce qui allait venir ensuite … et elle avala difficilement sa salive.
« Néanmoins, ce n'est pas la raison pour laquelle je suis venu vous voir aujourd'hui, » la voix de Dumbledore devint plus sérieuse. « Hermione, je suis désolé, mais je suis sûr que tu as deviné … il est temps de leur dire. »
« Oui, oui, monsieur, » acquiesça-t-elle. « Quelque chose est arrivé, n'est-ce pas ? »
« J'en ai peur … même si nous l'avons sous contrôle, et d'une manière beaucoup plus avantageuse que nous n'étions en droit de l'espérer. Néanmoins ... » les yeux bleus se fixèrent sur ses parents.
Prenant une brève inspiration, Hermione prit l'une des mains de sa mère, puis une de celles de son père. « Papa, Maman, laissez-moi vous dire que je vous aime, et que j'aurais aimé pouvoir vous le dire avant, mais ce n'était pas prudent. Ni pour vous, ni … et bien, pour personne. »
« Qu'est-ce qui n'était pas prudent, chaton ? » demanda son père, serrant la main qu'elle tenait. « Tu sais que tu peux tout nous dire. »
« Oui, Papa, je le sais. Mais nous avions à prendre tout le monde en compte, pas seulement moi, et pas seulement vous … Vous savez, ça nous dépasse … Je … Et bien, je suis mariée. »
« Mariée ? » répéta Mme Granger, comme si elle ne comprenait pas le mot. « Hermione, tu as seulement seize ans, tu ne peux pas être mariée ! »
« Ca va être dur pour vous de l'accepter, je sais, mais dans le monde sorcier, je suis suffisamment âgée. En fait, ça c'est la partie facile … »
« Alors, est-ce que c'est Ron … ou Harry ? » demanda son père, le visage impassible. Hermione sentit son cœur sombrer. »
« Hum, aucun des deux, » dit-elle, et elle haussa les épaules, mal à l'aise. « Vous voyez, je sais que vous allez avoir du mal à le croire … »
« Oh, non … pas Neville, Hermione ! » supplia sa mère, une main devant la bouche.
« Non, Maman, pas Neville. En fait, c'est Drago … Drago Malefoy. »
« MALEFOY ? » beugla son père, en sautant sur ses pieds. « Ce petit bâtard gluant ? Le blond ? Le 'sang-pur' qui a fait de ta vie, et de celle de Ron, et de celle d'Harry un enfer pendant des années ? Pour l'amour du ciel, Hermione ! »
« Papa, s'il te plaît ! » supplia Hermione, des larmes de détresse dans les yeux.
« Mr Granger, je vous en prie, » l'interrompit Dumbledore, apaisant. « Je vous promet qu'il y a de bonnes raisons. »
« Tu es enceinte, n'est-ce pas ? » demanda sa mère. Elle était toujours assise près de sa fille. Sa voix n'était pas pleine de colère, juste triste et soucieuse, et elle serra la main d'Hermione. « J'avais commencé à le suspecter. Je pense qu'une mère sent ce genre de chose … »
« ENCEINTE ? » hurla encore Mr Granger, le visage rouge. Puis, soudainement, toute sa combativité sembla s'évanouir, et il se rassit sur le sofa. Sa tête tomba entre ses mains, et sa voix se brisa. « Oh, Hermione … il … est-ce qu'il … » Sa voix se brisa, manifestement incapable d'articuler cette question évidente, incapable d'envisager que quelqu'un ait violé sa propre fille.
« Non, Papa, il n'a rien fait. Je te le jure, tout entre Drago et moi a été, dès le premier instant, notre choix. Ce n'est pas intelligent, et certainement pas réfléchi, mais totalement consensuel. » Sa voix était douce, et elle toucha le genoux de son père.
« Et bien, je suis surprise, » dit sa mère. « Que vous ayez été tous les deux si … insouciants – et avec quoi ; et qu'il ait eu le courage de faire la seule chose honorable. » Ses yeux étaient soucieux. « Mais, chérie, tu aurais pu venir nous voir. Vous n'étiez pas obligés de vous marier ! Nous vous aurions aidés. Ce genre de mariage ne marche pratiquement jamais. Et vous êtes si jeunes ... »
« Non, Maman, mais tu ne comprends toujours pas, » dit Hermione. « Papa, écoute. S'il te plaît ? Je ne l'aurais pas épousé juste parce que j'allais avoir son enfant. Je l'ai épousé parce que je l'aime. Et il m'aime. » Elle avala sa salive pour lutter contre les larmes soudaines qui lui venaient, Drago lui manquait tellement, elle désirait ardemment sa présence, son contact. « Nous voulons être ensemble, et nous sommes heureux pour le béb ! Maman, il m'a sauvé la vie. Je suis tombée de la Tour de Quiddich, est-ce que vous le saviez ? J'aurais été tuée si Drago n'avait pas risqué sa vie pour me sauver. Et c'était avant que nous sachions pour le béb ! »
« Hermione, la gratitude n'est pas de l'amour, » dit sa mère. Mme Granger chercha Dumbledore des yeux, chercha les yeux doux et compréhensifs. « Mr le Directeur, vous leur avez sûrement parl ? Expliqué que les béguins de jeunesse, la gratitude, et les hormones … ce n'est pas de l'amour ? »
« Mme Granger, je l'aurais fait, si cela avait été nécessaire. Des circonstances similaires me sont arrivées durant ma fonction de Directeur, et j'ai agi ainsi. Mais dans ce cas, ce n'était pas nécessaire. »
« Pas nécessaire ? » Mr Granger le fixa, incrédule. « Vous remplacez les parents, Dumbledore, et vous pensez que là, ce n'était pas nécessaire ? Pourquoi, nom de Dieu ? »
« C'est très simple, Mr Granger. Ce n'était pas nécessaire pour une raison très, très simple. Drago et Hermione sont réellement amoureux l'un de l'autre. En fait, j'irai jusqu'à dire parmi les très très nombreux couples que j'ai vu dans ma vie, j'ai très rarement eu le privilège de voir deux personnes – encore moins deux personnes aussi jeunes, autant épris l'un de l'autre, aussi engagés, qu'ils le sont l'un envers l'autre, » il s'arrêta brièvement, et sourit, « Il est possible que vous ne compreniez pas, mais entre nous, et en tenant compte de mon âge … ça veut dire beaucoup ! »
« Mais … » commença Mr Granger, uniquement pour voir plaît lever la main.
« Si vous vouliez considérer les raisons et les causes de ceci pendant quelques instants, il y a plus, » dit-il gravement. « Hermione, vous avez été suivi toutes ces dernières semaines par un espion envoyé par Lucius Malefoy. Apparemment, Le Seigneur des Ténèbres a mis au point un plan pour te mettre avec Harry pour créer avec lui la situation précise dans laquelle vous êtes actuellement, pour utiliser l'enfant contre Harry – et Lucius est resté à l'affût d'une opportunité. Ce qu'il a trouvé, à la place … est que vous étiez déjà enceinte, même s'il a présumé qu'Harry était le père, et non Drago.
Les yeux d'Hermione s'agrandirent d'horreur, et elle posa une de ses mains sur son ventre dans un geste protecteur. « Oh, non … j'ai fait un cauchemar au sujet de quelque chose comme ça … il essayait de prendre le bébé. Est-ce que Drago va bien ? » Murmura-t-elle, craignant d'entendre le pire.
« Oui, il va bien. Heureusement pour nous tous, Drago a surpris l'espion en train de tout raconter à son père, et Drago m'a rapporté ces informations, et, et bien, pour raccourcir une longue histoire, nous avons réussi – pour le moment !- à tout enterrer à nouveau. Mais nous savons maintenant quels sont les plans de Voldemort. Et le père de Drago est soumis à un sortilège d'amnésie pour lui faire oublier ce qu'il sait, mais ces sortilèges sont notoirement instables, spécialement dans l'entourage du Seigneur des Ténèbres. Nous sortons donc Drago de là, et il retourne à Poudlard, pour sa propre sécurité. Et, pour la votre, j'ai peur que nous devions en faire de même avec vous. » Il jeta un regard d'excuse aux Grangers. Il doit être très dur pour vous d'apprendre deux évènements des plus importants dans la vie de votre fille, mais j'ai peur qu'il ne s'offre que très peu de choix à nous. »
« Hermione est en danger ? » dit Mme Granger, portant une main à sa bouche, essayant de réprimer les larmes qui étaient visibles pour tous. « Non … Je vous en prie … »
« Je suis désolé, Mme Granger. Ce sont de temps terribles pour le monde sorcier, et j'ai peur que le conflit s'étende aussi au monde des Moldus – ce qui signifie qu'Hermione et son enfant ne soient même pas en sécurité ici avec vous, » la voix du vieux sorcier était fatiguée. « Néanmoins, je crois qu'elle sera en sûreté à l'école, sous la protection de moi-même, du Professeur Rogue, et du Professeur McGonagall. Et bien sûr, de son mari. »
« Tout est décidé, alors ? » dit Mr Granger, d'une voix furieuse. « Je me sens comme si on m'avait dupé, notre fille - notre fille mineure - nous est enlevée, et maintenant, ce danger … » Il regarda sa femme, et Mme Granger se leva, serrant son mari dans ses bras.
« Hermione est tout ce qui importe, » lui dit-elle. « Quand ça vous arrive droit dessus, est-ce que quelque chose d'autre importe ? »
Il la regarda dans les yeux pendant un moment, puis il soupira, « Tu as raison. C'est juste que je ne me suis jamais senti si impuissant de toute ma vie. »
« Beaucoup d'entre nous ressentent la même chose, Mr Granger. Y compris beaucoup de sorciers, » dit tristement Dumbledore. « Jusqu'à ce que Voldemort soit vaincu … Je ne sais pas s'il existe une seule personne dans son monde qui soit vraiment en sécurité. »
Fin du chapitre
