Les feux de Beltane (The fires of Beltane)
Auteur original : Sorceress
Traductrices : Julie et Lou
Rating : R (justifié dans ce chap.)
Résumé : Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible,
même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur
pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur
destin ?
Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…
Merci pour toutes vos reviews !
Chapitre 20 : réunionsLe train entra enfin en gare de Pré-au-Lard, et Drago en sortit si rapidement qu'un quelconque spectateur aurait juré qu'il avait transplané. Son aspect de beau blond, mis en valeur par le pantalon noir et la chemise qu'il portait, attirait certainement suffisamment l'attention de la gente féminine locale. Il remarqua plusieurs paires d'yeux qui se tournaient pour le fixer, et il regarda autour de lui, embarrassé. Il n'avait assurément jamais attiré autant l'attention durant les week-ends où il était venu en ville avec ses camarades de classe !
Il était sur le point d'emprunter une des calèches locales pour aller à Poudlard, quand il remarqua Rogue se dirigeant vers lui sur le quai, avec son habituel air menaçant et renfrogné sur le visage. Dans les yeux qui s'étaient tournés vers lui avant de se détourner, il remarqua un peu d'amusement caché, quand le professeur aux cheveux noirs lui tendit la main.
« Comment va Hermione ? » demanda Drago, en guise de salutation. L'autre leva un sourcil dans sa direction.
« Je vous assure qu'elle va bien, Mr Malefoy, et elle attend actuellement votre arrivée à l'école, » répondit Rogue, la voix pleine de patience indulgente.
Les yeux de Drago s'agrandirent de surprise, et un énorme sourire éclaira son visage. Pendant un instant tendu, Rogue eut peur que le jeune homme ne l'étreigne de bonheur, mais il se retint. « Je ne savais pas … personne ne me l'avait dit, » s'exclama-t-il. Puis il retrouva sa lucidité, et son sourire s'évanouit. « Un instant je suis dans ma chambre, je viens juste d'attaquer mon propre père, et puis il m'appelle, et il me dit que je retourne à l'école pour une 'instruction privée' dispensée par vous. » Les yeux bleus-gris étaient très sérieux, et il demanda, « Elle est en danger, vraiment en grand danger maintenant, n'est-ce pas ? »
Rogue regarda autour de lui, et poussa Drago vers une calèche sans chevaux, lui demanda d'y monter, puis ordonna, « Poudlard ! ». Dès qu'ils furent en route, le Maître des Potions tourna ses yeux sombres mortellement sérieux vers lui. « Je ne vais pas vous mentir. Oui, elle est en très grand danger. Mais je pense que vous serez sage de vous souvenir que le risque que vous prenez vous même est aussi grand. On m'a dit ce qui se passait avant que j'arrive dans la maison de votre père –et je pense que c'était un risque incroyablement stupide de vous exposer à une attaque directe. »
Stupéfait, Drago lâcha en direction du professeur. « Stupide ? » demanda-t-il finalement.
« Jusqu'à cette attaque, votre père n'avait aucune preuve directe, pas même une raison de suspecter la moindre implication avec Miss Granger, d'aucune sorte. Aucune raison de douter de votre absolue loyauté envers lui, ou envers le Seigneur des Ténèbres. Maintenant, néanmoins … » Il prit une profonde respiration, essayant manifestement de garder une voix égale. « Maintenant, si le charme d'oubli devait être rompu, comme cela pourrait très bien arriver, il saurait que vous l'avez attaqué, et que votre loyauté est au mieux suspecte. »
« Talon ne pouvait pas s'occuper des deux à la fois ! » rétorqua Drago, sa voix trahissant une once de colère, les yeux étincelants. « Et sachant ce que mon père a prévu, ce que le Seigneur des Ténèbres a prévu pour Hermione, et pour notre enfant … » Il frappa son poing contre son autre main. « Je devais faire quelque chose ! J'ai peut-être découvert mon courage plutôt tardivement, et décidé de me soucier de quelque chose d'autre que moi-même longtemps après le moment où la plupart des gens le font, mais maintenant que c'est fait, je sais que c'est mon rôle de prendre des risques pour protéger ceux que j'aime. Je ne peux pas rester à part et être protégé par quelqu'un pendant que vous, et Dumbledore, et tous les autres, risquez votre tête pour ma famille ! »
Les yeux du Maître des Potions le regardèrent gravement, et Drago ressentit ça pour la première fois, Rogue le regardait vraiment comme un homme, un adulte. Quelqu'un qui faisait des choix et qui en supportait les conséquences, plutôt qu'un enfant à protéger. « Très bien, » dit finalement Rogue, même s'il y avait encore une part de doute dans sa voix, comme s'il n'était pas encore fermement convaincu. « Mais rappelez-vous que même les gens braves meurent, Mr Malefoy. »
Drago regarda l'homme noir, et eut un flash de compréhension en lui-même. « Vous n'avez jamais été amoureux, Professeur, » dit-il. Ce n'était pas une question, mais la constatation d'un fait.
Le dos de Rogue devint soudainement rigide, et ses sourcils se soulevèrent. La peau pâle de son visage était tendue en un air absent. Après un moment, il dit, « C'est une observation extrêmement personnelle, Mr Malefoy. Néanmoins, je suis suffisamment intrigué par votre conclusion pour vous demander comment vous y êtes arrivé ? »
« C'est très simple, » répondit le jeune homme, et sa voix était douce, presque gentille. « Je ne crois pas qu'un homme qui a jamais aimé quelqu'un comme j'aime Hermione, aurait jamais contesté – même pour un instant – le risque que j'ai pris. Si vous ne pouvez pas tout risquer pour protéger la personne que vous aimez, alors quel intérêt ? Aucun. » Sa voix se brisa, puis il parla à nouveau, les lèvres déformées. « En réalité, je n'ai qu'un seul regret à propos de ce que j'ai fait. »
« Qui est ? » demanda Rogue, curieux, en dépit de la sensation de vide que les mots du jeune homme lui avait laissé.
« Qu'il soit toujours vivant. Mais, quand l'heure viendra, soyez sûr que mon père mourra. Et je serais celui qui le tuera. »
Hermione arpentait « leur » pièce, l'endroit secret qu'on leur avait donné. Son cœur battait la chamade, et elle ne put réussir à s'asseoir pour plus d'un instant avant de sauter à nouveau sur ses pieds. La pensée de voir Drago, de le serrer, de le toucher après leur longue séparation la brûlait de désir, l'excitait au point de vouloir crier.
Elle savait d'après ses lectures que c'était en partie hormonal, comme l'était sa crainte vague, étrange, que quand il arriverait, il ne l'aimerait plus, il ne la trouverait plus attirante. Mais connaître la source de ces craintes ne la faisait pas vraiment se sentir mieux pour autant à leur propos. Alors elle les avaient combattues avec un long bain chaud, puis en s'habillant avec soin d'un négligé en dentelle très révélateur, qu'elle avait acheté spécialement pour leurs retrouvailles. Il était décollé, accentuant le gonflement crémeux de ses seins, le tissu transparent cascadant de la taille étroitement ajustée, pour se coller à ses jambes jusqu'au sol. Ca la faisait sembler grande et souple, lui donnait confiance. Ses cheveux étaient une dégringolade de boucles dans son dos, et dans son miroir, elle pouvait voir que ses joues étaient rouges, et ses yeux étaient brillants de désir.
Il y eut un léger son derrière elle, et elle se retourna précipitamment, les yeux agrandis quand elle réalisa qu'il était finalement là. Leurs yeux se rencontrèrent, se rivant l'un à l'autre, leur regard presque aussi tangible qu'un geste.
Des larmes lui montèrent aux yeux quand elle regarda la haute et superbe silhouette devant elle, semblant mince, dangereuse, et trop belle pour être vraie. Ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules, lumineux sur ses vêtements noirs, comme elle aimait le voir, comme elle en avait rêvé au cours de chaque longue nuit de solitude sans lui. Ses yeux bleus-gris étaient chauds, buvant les siens, l'écrasant de son désir. Mais il y avait le sourire sur son visage, la joie, la faim, l'amour irrésistible dans son regard, qui la firent s'envoler dans ses bras.
Elle s'enfouit dans son étreinte alors qu'il la serrait sauvagement contre lui, l'écrasant contre son corps comme s'il avait peur qu'elle s'enfuie, aussi immatérielle qu'un rêve. Son visage était enfoui dans ses cheveux, et elle sentit un frisson parcourir sa colonne. Après un moment, il la repoussa doucement, pour la regarder dans les yeux.
« Je me sentais comme si une partie de moi manquait, tout le temps où nous avons été séparés, » murmura-t-il fiévreusement. « J'avais tellement peur de ne plus jamais te revoir. Peur que tu m'oublies. Oh, Merlin … Tu m'a tellement manqué, » grogna-t-il, puis sa bouche couvrit la sienne, l'embrassant avec une faim désespérée, avec tout le désir contenu depuis leur séparation. Ses mains parcoururent son corps, attirant ses hanches sur la courbe des siennes, comme s'il essayait d'imprimer sa sensation sur son corps.
« Drago, » murmura-t-elle contre sa bouche, et il se déplaça pour embrasser les larmes sur ses joues. Ses lèvres frôlèrent le cou de Drago, et elle l'embrassa à cet endroit, se déplaçant pour goutter le creux derrière son oreille, et grignoter la peau douce de son lobe. Son goût, son odeur, la sensation de son corps contre elle la rendait féroce, et elle s'arqua contre lui, soudainement désespérée, gémissant de désir. Elle sentait qu'elle mourrait si elle ne pouvait pas l'avoir, s'il n'emplissait pas son corps comme il emplissait son cœur et son âme. Elle avait tellement besoin de lui qu'elle en avait mal, et ses mains se crispèrent violemment sur la chemise de Drago, ses ongles écorchant la peau de son torse.
« Drago, j'ai besoin de toi, oh, Merlin, j'ai tellement besoin de toi, s'il te plaît, s'il te plaît, » le supplia-t-elle. Ses mains se posèrent sur son pantalon, mais il les prit dans les siennes.
« Hermione, nous avons toute la nuit, » rit-il tout bas, et il l'embrassa, essayant de la caresser gentiment, pour la calmer. Mais elle ne l'accepta pas. Elle se sentait hors contrôle, elle avait besoin de lui, de le prendre en elle, et de l'y garder. Il vit la lueur fiévreuse dans ses yeux, la fièvre, le désir incontrôlable, puis il sentit une passion primitive le saisir en réponse. La bouche d'Hermione captura la sienne, sa langue le caressa, le séduisant, alors que ses mains descendaient pour saisir sa dureté quand il se pressa contre elle.
Puis ses mains le libérèrent de ses vêtements, jetant ceux qui la gênaient, qui l'irritaient loin de lui, pour que ses mains puissent caresser sa peau nue, sa longueur qui était dure, mais cependant douce comme du velours, lui faisant mal de désir.
Le souffle de Drago lui échappa en un grognement, et son murmure fiévreux, « MAINTENANT ! » libéra son propre besoin à peine contrôlé. Une main dure trouva l'encolure de la robe délicatement lacée, et elle se déchira comme une toile d'araignée quand il lui enleva. Puis ses mains ici sur ses hanches, la soulevant pour l'amener à sa rencontre, sa petite forme ne pesant rien contre la force de ses bras. Elle hurla de joie quand il plongea en elle, sentant sa longueur alors qu'elle se languissait de lui, qu'elle avait besoin de lui. Les bras minces d'Hermione se refermèrent sur le cou de Drago, le saisissant, alors qu'il se tournait pour la plaquer contre le panneau de bois du mur.
Des jambes fortes, souples entourèrent la taille de Drago, l'attirant plus profondément encore, l'aidant à la soutenir contre le mouvement de ses hanches, alors qu'il la revendiquait avec une faim désespérée, qui répondit au cri de rage du corps d'Hermione. La tête rejetée en arrière, elle cria de joie, de plaisir, son nom jaillissant de ses lèvres. Puis le cri devint presque un hurlement, quand le corps d'Hermione se resserra autour de lui en un spasme fiévreux de délivrance, de plaisir jaillissant de son centre, irradiant dans tout son corps en vague rapides tellement intenses qu'elle ne pouvait plus respirer. Les pulsations de son centre brûlant autour de lui était trop pour qu'il résiste, et son propre plaisir explosa en un embrasement d'une vigueur incontrôlable, secouant son corps avec force, un cri de délivrance, d'achèvement s'échappant de ses lèvres. Cela dura pendant quelques instants incroyables, immesurables, puis ils se levèrent, pressés l'un contre l'autre, cherchant à reprendre leur respiration, aucun d'eux n'étant capables de bouger.
Les profonds yeux bruns se plongèrent les yeux bleu orage, tous deux étourdis. Le battement de leur cœur était presque comme le tonnerre, chacun d'eux ressentant l'autre avec une sensibilité presque irrésistible, presque incapables de distinguer leur propre cœur de celui de l'autre. Lentement, très lentement, la sensation s'éteignit, alors que le battement de leur cœur et leur respiration se ralentissait.
Drago se pencha, plaçant un baiser timide, respectueux sur ses lèvres, merveilleusement doux comme s'il avait peur qu'elle se brise comme du cristal à son contact.
« Je … Je …, » commença-t-elle à dire, puis elle abandonna quand elle se rendit compte qu'il n'existait pas de mots pour exprimer ce qui venait juste de se passer entre eux, aucun moyen de décrire une telle perfection, une telle unité.
Il la relâcha lentement, et elle se laissa glisser le long de son corps, ses pieds touchant le sol. Ses jambes ne pouvaient pas supporter son poids, néanmoins, et il la retint quand elle s'affaissa contre lui.
« Hermione ? » dit-il, d'une voix pleine d'inquiétude.
« Je vais bien. Mieux que bien, » souffla-t-elle, puis elle rit tout bas. « C'est juste que je n'ai pas la force de rester debout. »
Ses yeux étaient sombres, et il l'attira dans ses bras, la portant jusqu'au lit. Il la coucha dessus comme si elle était fragile, puis se coucha à côté d'elle, l'attirant doucement contre lui.
« Tu es sûre que ça va ? » demanda-t-il, et ses mains se posèrent immédiatement sur sa taille, et caressa le léger, très léger gonflement de son abdomen en un geste aussi léger qu'une plume.
« Vraiment, je vais bien … et toi ? » demanda-t-elle.
« Je me sens comme si j'étais mort et monté au paradis, » dit-il. « Je pensais que chaque moment que nous avons passé ensemble, chaque fois où nous avons fait l'amour, était quelque chose de spécial, quelque chose d'incroyablement merveilleux. Mais ça, c'était … quelque chose d'autre. » Il la regarda dans les yeux, et les siens étaient sérieux. « Je ne pourrais jamais te perdre, Hermione, jamais. »
Elle leva la main pour lui caresser doucement le visage. « Tu ne me perdras jamais, Drago. C'est promis. »
Il se pencha pour l'embrasser fiévreusement, possessivement, scellant la promesse entre eux comme si en faisant ça, il pouvait faire que ça soit vrai.
Après avoir laissé Drago dans son bureau, le Portoloin serré dans une main, Rogue sortit par la porte de derrière, et marcha dans le hall en direction du bureau de Dumbledore. Des plis de colère creusaient son visage, y dessinant des lignes cruelles, le noir de jais de ses cheveux révélant un éclair de colère.
Qu'il aille au diable, pensa-t-il. Son culot, en supposant que juste parce qu'il n'avait pas compris ou excusé Drago pour avoir pris une décision stupide, en suivant ses émotions, cela signifiait que lui, Séverus Rogue, n'avait jamais aimé. Le chien. L'impertinent. Quelle ingratitude. Lui et Granger n'auraient même pas été ensemble s'il ne les avait pas aidés. Maudit soit ce garçon avec son attitude insupportable, croyant qu'il pouvait porter des jugements sur les émotions d'un homme suffisamment vieux pour être son père.
Qu'il aille au diable pour avoir eu raison.
Que savait le blond, l'athlétique Drago Malefoy du fait d'être un perdant, maigre, à la peau pâle, au visage jauni et aux cheveux noirs ? Celui qui était tourmenté et torturé par les semblables de James Potter et Rémus Lupin ? Celui dont les élèves populaires se moquaient, celui qui n'avait pas d'amis. D'être celui qui savait qu'aucune fille ne voudrait même lui jeter un regard, encore moins le considérer comme un petit ami, un mari, un amant ? Comment Drago pourrait-il jamais comprendre la solitude amère qui l'habitait ? Pour lui, le seul fait d'être accepté par quelqu'un, par n'importe qui – même un fils de pute horrible et démoniaque comme Voldemort, semblait un havre d'amitié.
Quand il réalisa que sa mâchoire lui faisait mal à force d'être serrée trop fort, il s'arrêta net, et prit une profonde respiration pour se calmer. Il laissa le silence de l'école déserte le purifier, essayant de repousser les voix du passé qui criaient, sortant de la boîte où il les tenait enfermées, hors de vue. Il ne pouvait pas les laisser se développer en lui, quand Albus avait besoin qu'il soit calme et logique. Quelqu'un pour partager sa vie avait-il une quelconque importance ? Il avait une mission, un but. Il avait rencontré l'amitié d'Albus quand il en avait eu besoin. Une relation amoureuse entraînerait seulement des complications, en plus de le rendre aussi vulnérable que Malefoy l'était avec sa précieuse Hermione. Cette manière, sa manière était plus simple, et si quoi que ce soit lui arrivait, il ne laisserait aucune amante dévastée, aucune orphelin derrière lui. Beaucoup mieux de cette façon, se répéta-t-il fermement.
Il espérait seulement qu'il le croirait toujours.
Il s'était repris quand il arriva au bureau de Dumbledore. Le Directeur leva les yeux vers lui avec un sourire de salutations. Etonnamment, il fut aussi le sujet de l'investigation d'une paire d'yeux violets, de l'endroit où l'animagus, Talon, était assise sur une chaise en face du bureau de Dumbledore.
« Ah, Séverus. J'en déduis que Mr Malefoy est arrivé sain et sauf ? » S'informa Dumbledore, en indiquant que Rogue devait s'asseoir sur la chaise à côté de la femme aux cheveux noirs. Rogue se laissa tomber sur le siège, dédiant à la jeune femme un signe de tête poli, mais distant.
« Arrivé, et remis sain et sauf à Miss Granger, » dit le Maître des Potions, d'un air indifférent. L'étincelle d'amusement dans les yeux bleus familiers dans les yeux de son ami l'agaça légèrement.
« Bien, très bien, » fut la seule réponse de Dumbledore, même si Rogue sentit qu'en l'absence de la tierce personne dans la pièce, il aurait probablement eu droit à toute une somme de romantisme émanant du vieil homme. Puis le Directeur fixa Talon. « Je suis tellement désolé, » dit-il, « Je n'ai pas fait les présentations appropriées ! Bien que vous vous soyez déjà rencontrés dans l'urgence, laissez-moi rectifier ça. Séverus, laissez-moi vous présenter Miss Rhiannon Chernaya. Rhiannon, c'est notre Maître des Potions, Séverus Rogue. »
Au début de ces présentations, Rogue s'était levé courtoisement, prenant la main pâle et délicate qu'elle lui avait tendue. S'inclinant sur sa main, il pressa ses lèvres sur son dos en un geste courtois.
« C'est un plaisir de vous rencontrer, » dit-il, et il remarqua son air de surprise devant son formalisme.
« Moi de même, Professeur, » répondit-elle, alors qu'il retournait sur son siège.
« Vous n'avez pas besoin d'être si formel, Séverus, » dit Dumbledore, les yeux scintillant encore avec un étonnement intérieur. « Peut-être que vous pourriez m'aider, néanmoins. »
« Vous aidez, Mr le Directeur ? » demanda-t-il, curieux.
« Oui. J'essaie de persuader Rhiannon d'accepter le travail que je lui offre, pour lequel elle est très qualifiée, et serait d'un grand bénéfice pour l'école. Néanmoins, elle hésite à la faire pour quelque raison inexplicable. »
« Un travail, Monsieur ? » Rogue leva un sourcil inquisiteur.
« Oui, je lui ai, en fait, offert le poste de nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, qui se trouve encore une fois être vacant. Néanmoins, elle semble assez réticente à simplement l'envisager. »
« Vraiment ? » répondit le Maître des Potions. Il regarda la femme aux cheveux noirs, assimilant son expression calme, la peau pâle de son visage et de ses mains, se distinguant en un fort contraste sur ses robes noires. « Pourrais-je vous demander quelle est votre hésitation, Miss Chernaya ? »
Les yeux violets, frangés de cils épais et noirs, le regardèrent avec une complète franchise. La trace d'une émotion qu'il ne put déchiffrer traversa son visage très rapidement, mais ensuite elle répondit, « Au risque de ressembler à une idiote superstitieuse, ce poste semble être maudit. Les professeurs de DCFM de cette école semblent rencontrer des événements plutôt … malencontreux. Comme je suis plutôt disposée à garder mon corps et mon esprit tous deux intacts et ensemble, je ne crois pas que ce poste me conviendra. » Elle sourit à Dumbledore, essayant d'adoucir son refus avec une pointe d'humour.
Rogue passa un doigt sur son menton. Dumbledore rencontra ses yeux, et trouva un défi manifeste dans le regard bleu du Directeur – comme s'il défiait Rogue de prouver son habileté tant vantée à la manipulation.
« Albus, Miss Chernaya est plus à même que moi de juger si elle peut occuper cette position, » dit-il, d'un ton ennuyé. « Pourquoi l'encourager à accepter si elle sent qu'elle ne peut pas gérer convenablement les risques évidents de ce travail ? »
« Je n'ai pas dit que je ne pourrais pas gérer le travail, » répondit Rhiannon, les sourcils froncés en un signe de déplaisir. « J'ai seulement dit que le sorts des précédents professeurs n'est guère un appât séduisant. »
« Je vois, » répondit Rogue, puis il eut un haussement d'épaule négligent, démentant l'importance du sujet. « Et bien, ça ne me concerne en rien. Les Arts Sombres ne sont définitivement pas un sujet que les personnes, hum, timorées, peuvent enseigner. »
« Les personnes … timorées ? » Elles répéta ses mots, très, très lentement, d'une voix contrôlée et égale. Une rougeur, néanmoins, se répandit sur ses joues, et une dangereuse lueur s'alluma dans ses yeux violets. « Faites-moi confiance, Monsieur, je ne suis pas vraiment une jeune fille craintive, et je n'ai PAS peur ! Mais il y a une différence entre s'avancer inconsciemment dans une situation dangereuse, et en éviter une quand on sait depuis le début qu'il vaut mieux l'éviter ! »
« Ah. Et bien, vous avez raison pour ça, je dois l'avouer, » dit-il, et elle se détendit pendant une fraction de secondes sur sa chaise. Puis il ajouta, « Cela requiert une qualité spécifique dont sont dénuées la plupart des gens, de relever un défi aussi difficile. C'est certainement un don rare, et vous pourriez difficilement être blâmée de ne pas le posséder, » conclut-il, d'une voix pleine de condescendance bienveillante, comme un aîné expérimenté parlant à un jeune, encore loin d'être une personne responsable.
Ses joues devinrent pourpres, et elle se dressa doucement sur ses pieds, à nouveau raide. Sa voix était de la glace pure, alors qu'elle inclinait la tête impérieusement, regardant par dessus son nez plutôt élégant dans les yeux pleins de dédain de Rogue. Chaque parcelle de sa personne hurlait de dignité royale offensée
« Albus, j'ai changé d'avis. Je vais prendre ce poste, au moins pour démentir les fausses hypothèses que quelqu'un pourrait faire sur mon habileté ou mon courage, » dit-elle. Ses yeux rencontrèrent ceux de Rogue avec un orgueil hautain, exprimant un défi manifeste.
« Merci, Rhiannon, » dit Dumbledore. « Je suis certain que vous ne le regretterez pas. »
« Je suis certaine que je ne le regretterais pas, » répondit-elle, avec une insistance évidente. « Si vous voulez bien m'excuser, j'ai d'autres activités qui m'attendent. Bonne journée à vous Albus … Professeur Rogue. » Après avoir dit ça, elle tourna les talons en un tourbillon de jupes, et disparut de la pièce.
Rogue reporta son attention sur le Directeur, un sourcil interrogatif levé. « Je suppose que vous trouvez ça approprié, Albus ? » demanda-t-il, se dressant sur ses pieds à son tour.
« Brillant, Séverus. Réellement brillant. Vous avez le don rare de … persuasion, » sourit le Directeur, levant un verre imaginaire à la santé du Maître des Potions.
« Comme mon travail ici doit être fait, je suppose que vous m'excuserez ? »
« Certainement, Séverus. Je vous souhaite un bon après-midi. »
« De même pour vous, Albus, » répondit Rogue. Il tourna les talons, ses chaussures claquant sur le sol de bois quand il sortit à la suite de l'animagus irrité.
« Vraiment brillant, » murmura à nouveau Dumbledore, pour lui-même. Puis il rit tout bas de joie. Ah, Séverus, mon ami si seul, pensa-t-il, les yeux scintillant d'amusement, vous venez juste d'allumer vous-même le pétard qui vous brûlera !
Drago se réveilla soudainement, se redressant dans la pièce faiblement éclairée, le cœur battant. Il tendit la main, et se détendit, soulagé, quand il toucha l'épaule d'Hermione. Elle murmura d'un air endormi, puis se retourna paisiblement dans son sommeil.
Il se passa une main sur le visage, qui était moite de sueur. Oh, Merlin, quel cauchemar, pensa-t-il, encore mal rassuré.
Dans son rêve, il volait au-dessus du terrain de Quidditch, poursuivant le Vif d'Or difficilement visible. Harry jaillit d'un côté, et ils se poussèrent l'un l'autre, chacun essayant de pousser l'autre hors du chemin. Ensuite, le Vif d'Or s'arrêta, planant dans les airs en face de la tribune des Griffondors. Il tendit la main pour attraper le Vif, mais se faisant … le globe doré se changea en un enfant emmailloté de langes, avec des boucles blondes et un air de chérubin endormi. Quand il le regarda, il vit que l'enfant était tenu par un coin du linge par son père dans une main … et dans l'autre main, Lucius tenait Hermione de la même façon, ses yeux bruns agrandis de terreur.
« Choisis, Drago ! Où va ta loyauté ? » Son père ricana. Mais avant qu'il puisse dire ou faire quoi que ce soit, Lucius lâcha à la fois Hermione et le bébé, et ils plongèrent vers le sol, bien, bien en dessous. Il était paralysé, incapable de bouger … puis soudainement, il plongea vers le sol, essayant de les attraper alors qu'ils étaient entraînés l'un loin de l'autre. Il lui était impossible de les attraper tous les deux, et un cri de frustration monta dans sa gorge. Puis son cœur se changea en glace – quand il vit, sous l'enfant qui tombait, le visage à la peau pâle, au nez en fente, aux yeux rouges de Voldemort, les bras tendus pour attraper l'enfant.
Hermione lui hurla de sauver leur enfant, de la laisser mourir, le suppliant seulement de sauver le bébé.
Il se battit contre l'hésitation, la peur lui paralysant l'esprit, le lançant dans une course menant à la collision avec le sol, incapable d'agir, de penser.
Puis il se réveilla.
Poussant un soupir tremblant, il se recoucha, se tournant sur le côté pour s'enrouler autour d'Hermione, cherchant le confort de son corps serré en sécurité dans ses bras. Il était fatigué, absolument épuisé des nombreuses fois où ils avaient fait l'amour, ravissant l'autre, explorant, refaisant connaissance avec le sentiment d'être ensemble. Mais, aussi las que soit son corps, il ne put pas empêcher l'image de son cauchemar de revenir à chaque fois qu'il fermait les yeux.
Il se passa un très long moment avant qu'il s'endorme à nouveau.
Fin du chapitre
