Les feux de Beltane (The fires of Beltane)
Auteur original : Sorceress
Traductrices : Julie et Lou
Rating : R
Résumé : Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?
Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…
Merci pour vos reviews... Et la fic originale n'étant plus sur le site, nous ne pouvons pas vous communiquer de lien.
Chapitre 25 : le temps et la marée« Annulé ? Qu'est-ce que ça veut dire, annulé ? » demanda Ron d'une voix dégoutée. « J'ai passé toute la journée d'hier à finir son putain de devoir ! »
Harry haussa les épaules, fixant la feuille sur la porte du maître des Potions 'Cours annulé lundi – S. Rogue' était tout ce qui était écrit. « Hey, Hermione ? Est-ce que tu peux te souvenir d'une seule fois où Rogue a annulé son cours, depuis toutes ces années ? » demanda-t-il.
« Non … Non, pas que je me souvienne, » répondit-elle, le front ridé. « Je suppose quand même qu'il peut tomber malade une fois en sept ans, de toute façon, » ajouta-t-elle, en soupirant. Elle aussi avait passé la plus grande partie de la journée précédente sur son devoir, temps qu'elle aurait pu passer avec Drago à la place.
« Je pensais que le moindre virus qui s'attaquerait un tant soit peu à lui en mourrait, » Ron continua à se plaindre, alors qu'ils retournaient à la Tour Griffondor.
Hermione n'y pensa plus jusqu'au dîner, et seulement pour remarquer que les professeurs Rogue et Chernaya étaient tous les deux absents de la table des professeurs. Elle sourit légèrement, pensant que se blottir contre Drago et le câliner s'il était malade pourrait être sympa. Et elle le lui dit cette nuit-là, alors qu'elle se serrait contre lui, se délectant des lignes solides de son corps. Elle ne semblait jamais fatiguée de le toucher.
« Comment va ton bras ? » demanda-t-il, soulevant le membre en question, et posant un baiser sur le bandage sur le nœud de son coude.
« Bien, » répondit-elle, souriant devant ses attentions. « Le Professeur a été très doux quand il m'a pris le sang. Quand il a vu que j'étais nerveuse, il a même laissé Rhiannon le lui faire, pour que je puisse voir que ça ne ferait pas mal ! »
« Pour quel genre de potion tu penses qu'ils voulaient ton sang ? »
« C'est aussi ce que je me demande, » répondit-elle. « Le sang est très puissant, bien sûr, donc normalement, tu ne … » sa voix se coupa soudainement, et Drago la regarda d'un air soucieux.
« Hermione ? » interrogea-t-il, en remarquant ses yeux agrandis de surprise. Puis un sourire joyeux se peignit sur son visage, et ses yeux brillèrent alors qu'elle le regardait avec respect.
« Donne-moi ta main, » dit-elle, et elle la prit dans les siennes, la plaçant lentement sur le petit renflement de son abdomen.
Les yeux de Drago s'agrandirent, lorsqu'il sentit le timide, le délicat frémissement de mouvement sous sa main. « Oh … » souffla-t-il de stupeur. Le mouvement était répété, et il sentit courir un frémissement le long de sa colonne, parce que pour la première fois, leur enfant devenait soudainement réel pour lui. Pas juste un concept, une abstraction ou un rêve, mais une présence réelle, physique qu'il pouvait toucher et percevoir. Il sentit un choc de conscience, et le bleu de ses yeux se tourna pour regarder Hermione d'un air interrogatif.
« Dis bonjours à Papa, » murmura-t-elle, puis elle lui sourit d'un air béat.
Drago avala sa salive pour lutter contre le poids soudain qui lui écrasait la poitrine. « Elle est vraiment réelle, » dit-il, sentant une vague de possessivité le noyer. Son enfant … quelque chose que lui et Hermione avaient crée entre eux au cours d'un moment très, très, spécial.
« Elle ? » demanda Hermione, levant un sourcil vers lui avec surprise. « Comment peux-tu en être si sûr ? »
« Reste calme, femme, je communique avec ma fille, » dit-il, tendrement, faisant doucement courir sa main sur son estomac, cherchant un mouvement insaisissable.
« Drago ! » rit-elle, puis elle l'embrassa. « Tu me chatouille ! »
« Comme si j'allais faire quoi que ce soit pour déranger ma petite fille, » dit-il, faussement offensé. « Quel genre de père tu crois que je suis ? »
« Le meilleur genre, » répondit Hermione, des larmes lui brouillant la vue, alors qu'il plaçait une main douce sur sa joue. Puis une pensée lui vint, et ses yeux étincelèrent vers lui. « Mais il y a potentiellement un gros problème … » dit-elle, en regardant son front ridé.
« Oh ? Et puis-je vous demander de quoi il s'agit, Mme Malefoy ? Ou dois-je commencer à vous appeler la Maman de la fille de Drago ? » la taquina-t-il.
« Mon pauvre chou, » rit-elle. « Le problème, c'est que si tu as peur de déranger le bébé, est-ce que ça signifie que … » sa voix s'éteignit d'un air suggestif, alors que son doigt courrait sur sa poitrine, son estomac, puis se frotta contre lui doucement, érotiquement. Elle le sentit répondre à la caresse, il avala une bouffée d'air, les yeux assombris. Avec un petit mouvement, il la fit basculer sur le dos, se mettant au-dessus d'elle, ses cheveux lui caressant le visage.
« Je serais un bon père, » lui dit-il, souriant d'un air méchant. Il fit courir une main taquine sur son corps, puis il ajouta, « Mais pas au dépend d'être un bon mari ! »
« Et un bon amant ? » lui demanda-t-elle, et sa main se posa sur un de ses seins, la caressant jusqu'à ce sa peau rougisse de désir.
« Un amant génial, » la corrigea-t-il, posant sa bouche sur la sienne, puis reportant son attention plus bas sur son corps.
« Carrément brillant ! » acquiesça-t-elle, et elle haleta de plaisir pendant qu'il lui prouvait qu'elle avait raison.
Le mardi matin, Hermione su que quelque chose allait très mal au moment où elle entra dans la salle de DCFM et vit Rhiannon.
La sorcière aux cheveux noirs était plus pâle que la normale, et ses yeux furent attirés par les joues creuses, les yeux violets tristes et opaques. Elle se déplaçait avec raideur, précision, sans son habituelle grâce fluide, comme si elle devait se forcer pour accomplir chaque geste. Et, pire que tout, elle ne souriait pas. Pas une seule fois.
« Oh oh, » lui murmura Harry. « Est-ce que tu penses que quelque chose va mal avec Rogue ? »
« Dumbledore nous l'aurait dit dans ce cas, tu ne crois pas ? » demanda-t-elle en se mordant la lèvre. « Peut-être qu'ils se sont battus … »
« Il a du y avoir un sacré grabuge pour qu'elle ressemble à ça, » répondit Harry. Il tourna les yeux vers le visage pâle, tourmenté, et les cheveux noirs qui l'encadraient, et les yeux douloureux, plein d'ombres, et il eut un hoquet soudain.
« Qu'y a-t-il, Harry ? » lui murmura Hermione, inquiète.
Il attendit que Rhiannon soit retournée à son bureau, les laissant mémoriser un sort de protection, avant de répondre. « J'ai compris ! » dit-il. « Quand je l'ai vue dimanche, j'ai trouvé qu'elle avait un air familier, mais je n'ai pas pu trouver où je l'avais vue avant, ou qui elle me rappelait. Mais en la voyant comme ça … elle est le portrait craché de Sirius ! »
La bouche d'Hermione s'ouvrit de surprise, et elle reporta son regard sur l'animagus. « Oh, merlin … Tu as raison ! Ils se ressemblent suffisamment pour être frère et sœur ! »
« Je ne comprends pas pourquoi je n'y avais pas pensé avant, » dit Harry.
« Parce que, jusqu'à maintenant, elle a toujours été souriante et heureuse, qu'elle ne ressemblait pas du tout à Sirius venant juste de sortir d'Azkaban ! »
« Je dois découvrir si c'est vraiment le cas, Hermione, » murmura Harry. « Parce, si c'est le cas, ça d'elle quasiment quelqu'un de ma famille – et vu le peu de famille que j'ai … »
« Harry … Tu as peut-être envie d'interroger Sirius, ou même Dumbledore – mais je ne pense pas que demander à Rhiannon maintenant soit une très bonne idée, » lui conseilla-t-elle.
« Tu as probablement raison, » acquiesça-t-il, regardant avec inquiétude en direction de la sorcière. « J'aimerai savoir ce qui ne va pas ! »
« Ne t'inquiète pas, je vais m'arranger pour le découvrir, » dit-elle, puis elle se mordit à nouveau la lèvre.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda Harry, en remarquant son air soudainement pensif.
« Je m'inquiète … et si quoi que ce soit s'est effectivement passé entre eux – quelque chose de mauvais, je veux dire – Je vais me sentir horriblement coupable. »
« Pourquoi ? » demanda Harry, confus. « S'ils ont des problèmes, ce n'est pas ta faute ! »
« Parce que s'il lui fait du mal, ce sera de ma faute … de la mienne et de celle de Drago. C'est nous qui avons décidé qu'ils seraient parfaits l'un pour l'autre, et nous les avons en quelque sorte, trompés pour les réunir. Nous voulions juste qu'ils soient heureux tous les deux ! »
« Oh, non … » grogna Harry d'effarement. « Hermione, est-ce que tu peux me promettre quelque chose ? »
« Quoi, Harry ? »
« N'essaie jamais, JAMAIS de jouer les marieuses avec moi, okay ? Je préfère mourir vieux et seul dans mon coin plutôt que de prendre des risques avec quelqu'un –ou QUELQUE CHOSE – que Drago Malefoy considérerait comme étant parfait pour moi ! »
Drago était allongé avec précaution sur le grand sofa en cuir dans la salle commune des Serpentards, perdant son temps à faire ce qu'Hermione aimait appeler « montrer ses crocs – essayant de préserver les apparences en tant qu'arrogant, mauvais fils Sang-Pur de Lucius Malefoy. Ca consistait principalement à lancer des insultes et des injures aux garçons plus jeunes de Serpentard – ce qu'il aimait vraiment faire - et supporter les attentions excessives des filles de Serpentard. Ce qu'il n'aimait pas. DEFINITIVEMENT pas.
Il regarda les deux jeunes femmes agglutinées autour de lui, ressentant de la répulsion, non seulement à leur vue, mais aussi à la pensée que si Hermione n'avait pas été là, il aurait probablement été condamné à épouser l'une d'entre elles, et – horreur !- à coucher avec l'une d'entre elles. L'idée de faire avec l'une d'elle – comme Milicent, ou – horreur parmi les horreurs, Pansy face de pékinois - ce qu'il faisait avec Hermione, le faisait se sentir carrément mal.
Il avait même blagué là-dessus quand Hermione avait exprimé quelques doutes à propos des flatteries sexuelles flagrantes que les filles de Serpentard étaient déterminées à jeter sur son chemin à chaque occasion. L'attrapant et la faisant tournoyer, il avait éclaté de rire. « Accorde-moi plus de crédit, tu veux, Granger ? S'il y a une chose que Lucius a fait correctement, c'est me léguer la manière d'apprécier la beauté. A l'idée de toucher l'une de ces harpies hideuses … » avait-il frissonné, puis il avait continué, « quand je t'ai toi, ma déesse, ce serait une abomination ! Un véritable sacrilège ! »
« Est-ce que tu penses vraiment que je suis belle ? » avait-elle demandé timidement. Elle connaissait la réponse, mais elle aimait l'entendre dire ça.
« Comme un ange, » avait-il répondu, en l'embrassant profondément. Mais ensuite, une ombre était passée sur son visage alors qu'il reportait son regard sur elle.
« Qu'y a-t-il, Drago ? »
« Même Lucius trouve que tu es magnifique, » avait-il répondu, la bouche légèrement déformée à la pensée de son père.
« Ah bon ? » elle l'avait fixé, la bouche ouverte. « Je ne pensais pas qu'il y avait une seule chose en moi au sujet de laquelle ton père pourrait prononcer la moindre syllabe positive ! Qu'est-ce qu'il a dit exactement ? »
« Et bien … » Il s'était arrêté, gêné, puis il avait haussé les épaules. « Il m'a demandé si j'avais couché avec toi … mais tu dois comprendre que, venant de lui, le fait que ça lui ait seulement traversé l'esprit signifie qu'il pense que tu es suffisamment belle, pour que j'ai pu être suffisamment attiré par toi pour désirer quand même … » sa voix s'éteignit, mais à son grand soulagement, elle avait éclaté de rire.
« oh, ce Lucius ! C'est un tel bavard. C'est une bonne chose que tes 'pas' ne t'aient pas dirigé vers lui ! »
Alors maintenant il était assis, et comparait les femelles idiotes, laides, débiles et flatteuses autour de lui avec Hermione, et remerciant – encore !- le destin quelconque qui l'avait sauvé de lui-même.
Il était en train de repousser une tentative plutôt flagrante de Pansy pour s'installer sur ses genoux, quand le Professeur Rogue entra dans la pièce. Ses yeux, choqués, suivirent le Maître des Potions, qui était encore plus pâle que d'habitude, et dont les yeux étaient morts et vides comme des pierres au milieu de son visage. Des cercles noirs de fatigue faisaient comme des bleus sous ses yeux et une tâche brune semblable marquait l'une de ses joues, comme si quelque chose l'avait frappé en plein visage.
« Il a l'air du diable, » murmura Drago pour lui-même, et il se retourna de surprise quand Pansy gloussa.
« Il a l'air exactement comme moi, Drago ! » minauda-t-elle dans sa direction , confirmant ainsi son hypothèse selon laquelle elle était soit aveugle, soit qu'elle avait la sensibilité d'une branche de brocolis. Les autres filles hochèrent la tête en signe d'acquiescement, renchérissant en cœur combien il était beau. Ce fut plus qu'il en pouvait supporter, et il se leva abruptement, marchant vers la porte par laquelle Rogue était sorti.
« Où tu vas, Drago ? » demanda Milicent, avec une moue qu'elle considérait comme séduisante.
« Des choses à faire, » répondit-il vaguement. Il se demanda si ce serait mal de dire à Millicent que quand elle avançait la lèvre inférieure comme ça, elle ressemblait vraiment à un bulldog, assise à côté de Pansy face-de-pékinois.
Drago suivit le professeur alors qu'il se dépêchait dans le foyer principal, en direction de l'entrée latérale. Le seul fait que Rogue n'avait pas levé vers lui un sourcil sardonique dans la salle commune, ni même un air renfrogné et un caractère coupant, indiquait définitivement que quelque chose allait vraiment très mal avec lui. Et ça, combiné avec son apparence … et bien, c'était suffisant pour faire sonner les cloches d'alarme dans la tête de Drago. Il se demanda s'il devait partir à la recherche de Rhiannon, lui dire ce qu'il avait vu – mais ce n'était pas le moment, pas s'il voulait suivre la marche très rapide de Rogue.
Le Maître des Potions quitta l'école, et traversa le gazon en direction de la Forêt Interdite. Drago s'arrêta, serrant la mâchoire de frustration. Il n'y avait aucun moyen de le suivre sans se faire remarquer sur le gazon, et il s'arrêta juste sous la porte, hésitant à propos de ce qu'il devait faire. Finalement, voyant Rogue disparaître entre les arbres, il se retourna et se dirigea à nouveau vers l'école. Il avait besoin de trouver Hermione, pour voir ce qu'elle pensait. Elle avait eu DCFM plus tôt ce jour-là – peut-être que Rhiannon savait ce qui se passait, ce qui était arrivé pour faire ressembler Severus Rogue à un mort vivant.
Deux semaines passèrent, et la frustration d'Hermione grandissait devant son incapacité à découvrir ce qui s'était mal passé entre Rhiannon et le Professeur Rogue. Elle avait essayé de parler à l'animagus, déployant des trésors de subtilité pour découvrir pourquoi son amie était si malheureuse. Elle ne récolta rien d'autre qu'un refus poli –mais ferme-. Drago avait essayé ses propres tactiques sur Rogue, avec la même absence de résultat, combiné avec au moins une retenue, pour l'avoir ennuyé. Le résultat fut qu'ils n'étaient pas plus près de savoir ce qui s'était passé qu'ils l'étaient auparavant. Et ils ne semblaient pas près d'en savoir plus.
Ron était devenu suffisamment à l'aise avec Drago pour pouvoir au moins être civil en sa présence – même s'il était clair que ces deux-là n'étaient pas près d'être des amis proches. Harry et Ron avaient pris l'habitude de passer un peu de temps avec Hermione et Drago dans la chambre de la Préfète-en-chef occasionnellement, discutant des plans et des schémas qui semblaient tourbillonner dans la masse de confusion autour d'eux. Une nuit, quelques jours après qu'Harry ait remarqué la ressemblance de Rhiannon avec son parrain, il leur dit qu'il avait contacté Sirius – et que Sirius avait répondu.
« Il dit que oui, Rhiannon est sa sœur. Leur mère a changé son nom en Chernaya – ce qui veut dire 'Black' en Russe – quand ils sont partis habiter en France après qu'il ait été envoyé à Azkaban. Rhiannon avait seulement onze ans, et ils l'ont envoyé à Beauxbâtons pour la protéger de la notoriété de Sirius. Elle n'avait jamais cru que son frère était coupable, et elle vint en Angleterre quand Sirius lui demanda d'aider Dumbledore – elle avait été professeur de DCFM à Beauxbâtons. Et Sirius dit que nous devons garder ça pour nous … Pas que ça lui importe que quelqu'un sache qu'elle est sa sœur, mais parce que moins l'autre camp en sait à propos de qui est dans notre camp, mieux c'est. »
« Est-ce qu'il a dit quelque chose qui pourrait expliquer qu'elle soit si malheureuse ? » demanda Hermione, souhaitant savoir quoi faire.
« Non, » répondit Harry, plutôt découragé. « Il a dit que nous devrions rester à l'écart, que ce sont ses affaires. »
Le 19 septembre apporta le 17ème anniversaire d'Hermione, qu'ils – à savoir Ron, Harry et la plupart de la maison Gryffondor- célébrèrent pendant un week-end au Pré-au-Lard. Ils avaient pris en otage une aile des Trois Balais, sous le regard amusé de Mme Rosemerta – et Drago était assis seul à une table, buvant de la Bierraubeurre, et s'apitoyant sur lui-même. Ils enviait les Gryffondors, leur proximité, quelque chose que les opportunistes Serpentards dédaignaient habituellement, préférant les alliances opportunistes changeant en un instant, comme des marchés qui se faisaient ou se défaisaient, quand de meilleurs propositions se présentaient.
Il commençait tout particulièrement à envier la manière dont Harry et Ron étaient proches d'Hermione, se tenant de part et d'autre d'elle comme des sentinelles. C'était sa place à lui, son droit de la protéger. Il se surprit à espérer que Voldemort se dépêche, comme à bouger pour qu'ils puissent en finir avec lui pour de bon, et lui et Hermione pourraient reprendre leur vie sans tous ces secrets.
Puis il grimaça amèrement pour lui-même. Peut-être qu'il n'avait pas changé autant qu'il pensait parfois avoir changé. Peut-être qu'il était encore un misérable bâtard égoïste, pour désirer une guerre, juste pour que lui, Drago Malefoy, cesse d'être dérangé par les circonstances ! Et envier ses amis … et avoir l'audace de supposer qu'ils pourraient battre le Seigneur des Ténèbres si facilement. Il éclata d'un rire d'auto-dérision, son sens de l'humour revenu à la pensée de laisser Hermione le 'punir' pour ses instincts mauvais persistants. Alors il pourrait lui donner le cadeau d'anniversaire qu'il lui avait acheté … et peut-être qu'elle le remercierait de manière appropriée.
Il sentit ses yeux sur lui, et releva la tête pour la regarder. Les profondeurs couleur café rayonnèrent dans sa direction, pleins d'amours, comprenant ce qu'il ressentait à être à l'écart comme ça. Il y lu qu'elle préférerait être avec lui, mais les apparences sociales devaient être maintenues. Supposons que ça n'entraînerait aucun commentaire, il leva son verre vers elle, et lui sourit amoureusement – et elle hocha la tête en réponse avant de se retourner vers la fête.
Aucun d'eux ne remarqua la silhouette en robe noire dans un coin, observant tout avec des yeux bleu glacier.
La vie continua comme d'habitude pendant les semaines suivantes, alors qu'Halloween approchait et qu'Hermione entrait dans son troisième semestre de grossesse. Elle était reconnaissante au Professeur McGonagal pour les sous-vêtements d'Illusion Séduisante, depuis que le gonflement de son abdomen était devenu plus prononcé. Le vêtement ne la faisait pas se sentir du tout différente, mais la forme de sa silhouette changeait, pour les plus observateurs … suffisament, apparemmernt, pour que plusieurs des garçons de septième année commencent à lui porter attention soudainement, à son grand amusement et au grand désespoir de Drago.
« Si Finnigan ne remet pas ses yeux dans sa tête d'Irlandais, je vais traverser le hall et les lui arracher entièrement, » se plaignit-il, en lui laissant un regard de patience très éprouvée.
« Drago, ne t'inquiète pas, personne d'autre ne m'intéresse que toi ! » dit-elle, en l'embrassant sur la joue. « Même si je dirais que le pire est Neville ! »
« Longdubat ? » Drago la fixait, incrédule. « IL t'a approchée ? »
Hermione éclata d'un rire triste. « Non, en fait – c'est plutôt l'opposé. Il n'arrive même plus à m'adresser la parole – il ne fait que rougir, bégayer, et s'enfuir aussi vite qu'il peut ! »
La situation entre le Professeur Rogue et Rhiannon Black restait inchangée. On ne les voyait jamais ne serait-ce que se parler au-delà du minimum requis, et toujours avec une exquise politesse cérémonieuse, même si Hermione remarqua que les yeux du Professeur Rogue cherchaient souvent l'animagus au dîner, quand il était sûr qu'elle ne le voyait pas. Elle était sûre que le Maître des Potions aimait toujours la sorcière aux cheveux noirs, mais Rhiannon était indéchiffrable, comme si elle avait emmuré chaque émotion et s'était forgé une carapace. Elle ne souriait jamais plus, et la femme qu'elle en était venue à considérer comme une grande sœur manquait à Hermione.
Il devait bien y avoir quelque chose, pensa Hermione. Quelque chose qu'ils pouvaient faire, quelque chose que quelqu'un pouvait faire, pour mettre fin à leur souffrance. Elle aurait seulement aimé savoir quoi faire.
Séverus Rogue entra dans le bureau de Dumbledore, et le Directeur leva la tête, souriant d'un air accueillant.
« Ah, Séverus, » accueillit-il, le Maître des Potions silencieux, ses yeux perçants saisissant chaque détail de l'apparence de l'arrivant – il était aussi précisément, aussi correctement habillé qu'à son habitude, mais il était évident qu'il avait perdu du poids. Les cernes sous ses yeux témoignaient de nombreuses nuits sans sommeil, et la ligne pincée, malheureuse au-dessus de ses yeux était devenue une ligne permanente. Mais c'était le total manque d'intérêt avec lequel Séverus Rogue parlait qui causait le plus d'inquiétude à Dumbledore.
« Mr le Directeur, » répondit-il. Passant la main sous ses robes, il en sortit une fiole de cristal taillé, qui contenait un liquide rouge sang. Tenue dans son poing serré, cela brillait comme du rubis dans la lumière du soleil venant de la fenêtre, presque aussi brillant que les plumes du phoénix qui somnelait sur son perchoir. Avec un soin infini, il la plaça sur le bureau de Dumbledore.
« Je vois que le Seigneur des Ténèbres a fini son travail, » dit le Directeur, regardant la potion avec intérêt, réussissant à incarner à la fois la fascination et la répulsion. « Quelles instructions vous ont été données quant à son usage ? »
« L'après-midi de Samhain, là moitié doit aller dans un gobelet pour Potter, et l'autre moitié dans un gobelet pour Granger. Apparemment, à moins d'un empêchement physique de tous les deux, ils seront attirés l'un vers l'autre. C'est supposé pouvoir changer même les pires ennemis en amants, mais puisque nous n'allons pas l'utiliser … » haussa-t-il les épaules. « Je suppose que ce sera facile de mettre au point une comédie pour convaincre le Seigneur des Ténèbres que ses vœux ont été réalisés. »
« Effectivement … J'en parlerai à Hermione et Harry le matin d'Halloween … oh, et à Drago, bien entendu. Ce n'est pas comme si nous pouvions le faire sans son entière coopération ! » les yeux du Directeur étincellèrent. Rogue leva à peine un sourcil en réponse.
« Si c'est tout, Albus, je devrais retourner à mon travail, » dit-il, poliment, se préparant à sortir.
« Ce n'est pas tout à fait tout, Séverus, » dit-il, en promenant un doigt méditatif sur son menton, et étudiant le Maître des Potions à travers ses lunettes. « Il y a une question à laquelle j'aimerais que vous répondiez, » dit-il, et ses yeux étaient vraiment très sérieux.
« Oui ? Quelle est-elle ? » demanda Rogue, presque rudement, désireux d'être parti.
« C'est une question philosophique dans laquelle je me débats, en relation avec une question qui m'a été posée par un étudiant. Quelque chose au sujet duquel j'apprécierais votre aide, puisque votre perspective pourrait être très différente de la mienne – et j'estime votre conseil à sa juste valeur. »
Rogue inclina la tête en un acquiescement plutôt court, et attendit.
« Dans une situation où vous, en tant qu'individu, êtes certain de savoir quel est le meilleur résultat, et où l'on vous a présenté une méthode pour atteindre ce résultat, qui serait efficace presque à coup sûr, mais qui est … dirons-nous, d'une origine plutôt douteuse … l'utiliseriez-vous ? Diriez-vous que la fin justifie les moyens ? »
Le front du Maître des Potions se creusa tandis qu'il considérait sérieusement la question, sachant que Dumbledore ne la lui aurait pas posée s'il n'avait pas voulu une réponse entière et honnête. « Je tendrais à penser que ça dépend de l'importance de la situation en question. »
« Nous dirons que cette importance est très grande ? Peut-être même une question de vie ou de mort ? » répondit Dumbledore. Rogue rumina ça dans son esprit pendant un moment, puis répondit, « alors, le plus vraisemblablement, compte tenu de votre propension à protéger toutes les brebis égarées de la planète, je dirais que la fin justifierait probablement les moyens, tant que vous êtes absolument sûr que le résultat est le meilleur possible. »
« Hmmmm … Je crois que vous le pensez réellement. Je vous remercie sincèrement pour votre contribution, Séverus. C'était en fait mon propre sentiment, mais cela aide d'avoir l'apport d'une autre personne avant de donner un conseil d'une telle importance, » dit le Directeur, et l'étincelle était de retour dans ses yeux.
« Certainement, Albus, » répondit Rogue, et il quitta le bureau sans un regard en arrière.
Halloween parut, clair et ensoleillé, et les élèves étaient surexcités, anticipant le plaisir traditionnel que la fête de ce soir allait apporter. L'école avait été décorée dans l'esprit de la saison, et il y avait des buffets en abondance dans les salles communes de chaque dortoir.
Drago regardait Hermione s'habiller avec soin pour la soirée, ses yeux vaguement tristes alors qu'ils la suivaient du regard. Quand elle intercepta son air dans le miroir tandis qu'elle se brossait les cheveux, elle se tourna pour lui faire face, souriant tristement.
« Drago … Je ne n'aurais pas accepté ça, non plus, mais Dumbledore a expliqué combien c'était important, pour garder le Professeur Rogue dans les bonnes grâces du Seigneur des Ténèbres. Et ce n'est pas comme si Harry allait vraiment coucher avec moi ! » dit-elle.
« Tu dois quand même l'embrasser. C'est juste que je ne comprends pas pourquoi Dumbledore ne nous laisse pas faire une potion de Polynectar, alors qu'il a admis que personne ne s'en était rendu compte au bal de fin d'année ! » se plaignit-il, plutôt amèrement. Hermione … embrassant Harry Potter … c'était une véritable torture.
« Parce que ça prendra plus d'une heure, tu le sais … et il est supposé être vu quittant ma chambre le lendemain matin, » expliqua-t-elle patiemment.
« Je voudrais tellement que Dumbledore n'ait pas attendu ce matin pour nous en parler ! J'aurais pu … »
« C'est exactement pour ça qu'il n'en a pas parlé jusqu'à ce matin ! Il ne voulait pas que toi, et/ou Harry, vous ayez le temps de mettre au point un plan imprudent qui aurait tout fait manquer. Tu sais ce qui est en jeu ! » le résonna-t-elle, et elle fut satisfaite de constater qu'il avait l'air puni.
« Je sais … » soupira-t-il d'un air malheureux. « C'est juste que … »
« Je sais, » dit-elle doucement, venant vers lui, plaçant ses mains sur ses épaules et l'embrassant profondément. « Moi aussi. »
Dumbledore fit le tour du cercle des professeurs réunis dans son bureau pour le traditionnel toast d'Halloween des professeurs, partageant quelques instants entre adultes avant d'aller festoyer avec les élèves. Il leur sourit affectueusement à tous, ses yeux bleus étincellants comme toujours derrière ses lunettes, s'arrêtant pour discuter un moment avec l'un ou l'autre. Avec un signe poli au Professeur McGonagall, il traversa la pièce, se dirigeant vers Rhiannon et remplissant sa coupe avec la bouteille qu'il tenait.
« Un vieil homme pourrait-il vous demander de lui offrir un sourire pour Halloween ? » lui demanda-t-il doucement, et il rayonna d'approbation quand elle fit un effort, réussissant à incurver ses lèvres doucement en un semblant de sourire asymétrique. C'était petit, et fragile … mais c'était quelque chose.
« Merci … Je ne veux pas que votre frère pense que nous vous maltraitons ! Il me menace d'une invasion de puces s'il trouve que nous ne prenons pas soin de vous, » la taquina-t-il, et il obtint un véritable petit rire en réponse.
Il se faufila parmi les professeurs en train de discuter, et s'arrêta quand il vit Rogue, qui se tenait à part.
« Séverus … venez maintenant. C'est Halloween, un moment de fête. Pourquoi n'essayez-vous pas un costume ? Un sourire peut-être ? » Dumbledore tenta le Maître des Potions, remplissant son gobelet vide et ignorant son air renfrogné. « Vous appréciez les bons crus, Séverus – vous me direz ce que vous pensez de celui-ci. »
Rogue en prit une gorgée, puis inclina la tête avec méditation. « Il n'est pas mauvais, Albus … mais je ne le reconnais pas. »
« C'est un cadeau, un cru très sélect, une réserve personnelle … mais je dois voir si je peux obtenir plus de vous, » dit Dumbledore, en souriant.
« Est-ce que tout a été mis en place avec Granger et Potter ? » demanda Rogue à voix basse. Il y avait une pointe de tension dans sa voix, que le Directeur remarqua.
« Oui. Chacun sait ce qu'il a à faire, la scène est prête et les acteurs joueront, pour que le Seigneur des Ténèbres croit que sa potion a été administrée par vous – exactement conformément à ses instructions, » dit-il d'un air rassurant.
Le Maître des Potions se relâcha de manière insignifiante. Avoir sa vie entre les mains de deux jeunes gens de dix sept ans pouvait difficilement être une position naturelle ou confortable pour lui.
« Et maintenant, mes amis, un toast ! » dit le Directeur, élevant la voix, souriant en direction de la salle. Tous les professeurs rassemblés levèrent leur gobelet, et il commença, « A notre santé à tous, longue vie, et bonheur ! »
Ils répétèrent le toast après lui, vidant les gobelets, et allèrent rejoindre les élèves pour la fête.
« Hermione … je suis nerveux, » admit Harry dans un faible murmure.
« Hey, je suis une vieille femme mariée et expérimentée, Harry – ce n'est pas comme si j'allais me faire des idées ! » rit-elle, essayant de l'aider à se relaxer.
« Mais … Drago ne me quitte pas des yeux. »
« Ferme juste les yeux et pense à la Reine, Potter ! » dit-elle fermement, d'un ton très malfoyen.
« C'est malin, Hermione … » se plaignit-il.
« Quoi ? »
« Tu as un réel talent pour évoquer des images mentales horriblement refroidissantes ! »
« Qu'est-ce que je peux dire … c'est un don ! » grimaça-t-elle.
Rogue s'autorisa à se relaxer quand Potter et Granger quittèrent le Grand Hall, les bras autour l'un de l'autre. Ils n'avaient pas fourni une prestation salace, ne nécessitant aucun effort d'imagination, mais cela devrait suffire pour convaincre assez précisément les autres élèves de ce qu'était leur intention supposée. Tout spécialement si l'air meurtrier de Drago Malefoy était quelque chose à considérer.
Même si ce n'était guère agréable de penser à la femme que vous aimez en train d'embrasser un autre homme, encore moins d'être témoin de l'événement. Même si c'était juste un ami.
Ou un frère, le défia une petite voix intérieure désagréable.
Avant qu'il ait pu s'arrêter, il avait tourné la tête pour regarder Rhiannon. Elle était assise, la tête penchée, ignorant la fête qui se déroulait autour d'elle, plongée dans ses pensées. Il ressentit un choc en remarquant que sa minceur avait rapidement laissé la place à la maigreur. Sa peau pâle était tellement fine qu'elle semblait presque transparente, et l'étincelle de personnalité qu'elle portait habituellement autour d'elle comme une lumière étincellante était complètement absente. Elle avait exactement l'apparence de ce qu'il ressentait – creux et vide.
Soudainement, quelque chose s'insinua en lui, quand il réalisa qu'elle semblait réellement l'être. Il s'était martelé pendant des semaines, convaincu qu'elle ne lui pardonnerait jamais … et pourquoi le devrait-elle ? Il ne mérita pas d'autre chance. Il l'avait accusée de quelque chose de vraiment horrible, tout ça à cause de sa propre jalousie. Et plus important encore, quelle raison aurait-elle eu de lui pardonner ? Elle ne l'aimait pas.
Mais si elle ne l'aimait pas, pourquoi perdait-elle son temps à rien faire juste en face de ses yeux incertains ? Pourquoi ne jetait-elle pas des regards furieux, impérieux vers lui, le menton levé à sa manière à elle, royale, de la manière dont elle le faisait juste après qu'ils se soient rencontrés ? Pourquoi ne souriait-elle pas devant son état à lui, raillant sa souffrance manifeste ? Si elle cherchait à se venger, elle aurait célébré son déclin, elle se serait moquée de lui, rayonnante. Peut-être même qu'elle se serait affichée avec un autre homme, simplement pour lui prouver qu'elle n'avait pas besoin de lui, pour prouver qu'il était un imbécile. Elle avait une énorme somme d'orgueil – mais il n'en voyait aucun signe actuellement. Elle avait l'air de quelqu'un pour qui plus rien n'a d'importance, quelqu'un qui a tout perdu … et, il osa espérer, elle avait très exactement l'air d'une femme qui vient de perdre l'homme qu'elle aime.
Elle le regarda, ensuite, les yeux tristes. Ses yeux planèrent sur son visage, jusqu'à ce qu'un éclair de souffrance la force à les fermer de nouveau. Il pensa qu'elle allait tourner la tête pour fixer à nouveau son regard sur le vide, et il sentit une souffrance répondre à son malheur à elle, en lui. Mais ensuite elle se leva soudainement, avec un murmure d'excuse au Directeur, et le frôla en sortant du Grand Hall par la porte latérale. Il hésita un moment, pris entre un irrésistible besoin d'être près d'elle, et la peur qu'elle lui ordonne, une fois pour toutes, de sortir de sa vie. Finalement, incapable de rester là plus longtemps, il se leva et la suivit. Il était soudainement d'une importance primordiale qu'il la trouve, qu'il s'excuse, qu'il la tienne dans ses bras – qu'il répare le gâchis qu'il avait crée. Parce qu'il l'aimait.
Il vit ses robes disparaître en direction de la Tour de la Faculté, où la plupart des professeurs étaient logés, loin du bruit et du remue-ménage des élèves. Il monta les escaliers rapidement et silencieusement, ayant peur de lui faire peur, littéralement jusqu'à ce qu'elle s'envole. Il atteignit finalement le palier, s'arrêtant juste devant sa porte pendant que son cœur battait. Avec une profonde inspiration, il rassembla son courage, leva la main, et frappa.
Il n'entendit aucun bruit de pas, mais après quelques instants, la porte s'ouvrit et il apparut, sans rencontrer son regard. « Qu'est-ce que tu veux, Séverus ? » demanda-t-elle hargneusement.
« J'aimerais te parler, s'il te plaît. C'est extrêmement important … mais pourrions-nous sortir du hall, s'il te plaît ? Je n'aimerais pas savoir que les tableaux nous écoutent, » dit-il, en jetant un regard aux silhouettes peintes dans le hall, et la plupart d'entre eux se détournèrent, feignant l'indifférence.
Ouvrant la porte silencieusement, elle se recula en lui faisant signe d'entrer. Il entra à sa suite, puis se tourna pendant qu'elle fermait la porte.
« Très bien, nous sommes seuls. Qu'est-ce que tu veux me dire ? » demanda-t-elle, avec entêtement, se tordant les mains en face d'elle en un geste de tension nerveuse.
Il fit un pas vers elle. « Je voulais te dire que je suis désolé. Désolé de t'avoir mal jugé si complètement et si injustement, et ensuite de te l'avoir jeté au visage. J'ai été un vrai salaud, et j'aimerais qu'il y ait une manière de te prouver, de te montrer combien je le regrette. »
Les yeux de la jeune femme roulèrent de surprise devant cet aveu, et un peu de couleur monta à ses joues pâles. « Et tu viens juste de réaliser ça ? » demanda-t-elle, les lèvres tordues.
« Non, j'ai été désolé depuis le moment où je t'ai quittée … mais je viens juste de réaliser pourquoi te le dire, t'en parler et te faire comprendre était si important, » dit-il, s'approchant d'elle à nouveau.
« Et pourquoi ça, » demanda-t-elle. « Pourquoi maintenant ? »
« Parce que je viens juste de réaliser que tu m'aimes, » dit-il. Elle se contracta à ses mots, les yeux agrandis et choqués comme s'il venait de la frapper. Elle aurait reculé loin de lui, mettant autant de distance entre eux que possible, s'il n'avait pas couvert la distance qui les séparait en un pas, et saisi ses avant-bras. Il fixa son visage, la regarda dans les yeux, ses yeux qui étaient maintenant plein de larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Son cœur se serra à nouveau, à la voir souffrir et sachant que c'était de sa faute.
« Tu n'es qu'un salaud, Séverus, » murmura-t-elle, soudainement avec amertume.
« Oui, c'est vrai, » acquiesça-t-il. « Et j'ai aussi réalisé que tu me détestes probablement pour ce que j'ai fait, pour ce que je t'ai fait traverser. Ou que tu te détestes de m'aimer. »
« Tais-toi ! » hurla-t-elle, sa tête partant en avant jusqu'à ce que ses cheveux cachent son visage à sa vue. « Ca n'a pas d'importance … ça n'a pas d'importance que ce soit vrai ou non. »
« Ca ne l'est pas ? » dit-il, doucement. « J'en suis arrivé à penser que ça l'est. J'en suis arrivé à penser que ça a plus d'importance que tout ce qui s'est passé dans toute ma vie n'en a jamais eu pour moi. Pour la première fois depuis très longtemps, quelque chose d'autre que ma misérable existence importe plus que tout. »
« Quoi ? », demanda-t-elle, candidement, ses yeux revenant sur lui, alors qu'il plaçait une main sous son menton, lui relevant gentiment la tête.
« Toi, » dit-il, simplement.
Ses yeux s'agrandirent pendant un moment, puis elle secoua la tête en démenti.
« Je me fiche que tu sois désolé pour moi, Séverus, j'irais bien. Je ne veux pas de ta culpabilité, et je n'ai certainement pas besoin de ta pitié ! » dit-elle emphatiquement. Il voulut crier de bonheur, quand les yeux de la jeune femme s'illuminèrent de colère, et que la coloration de son visage s'accentua.
« Bien, » acquiesça-t-il, en hochant la tête. « Alors je ne t'offrirai pas ma pitié ou ma culpabilité. Mais accepterais-tu quelque chose d'autre de moi ? » demanda-t-il.
« Quoi ? » aboya-t-elle.
« Mon amour, » répondit-il, et il lui sourit, un sourire authentique, sincère, qui lui offrait tout.
Elle le fixa, totalement incrédule, « Est-ce que tu viens juste de décider que tu étais amoureux de moi, aussi ? »
« Merlin, non, » dit-il, et soudainement, il ne pu même plus supporter l'espace de quelques pouces entre eux. Les mains toujours sur ses bras, il l'attira presque brutalement contre son corps, ayant besoin de l'avoir pressée contre lui, de la sentir le toucher. « Je sais ça depuis des semaines. En fait, depuis la nuit où je vous ai vu ensemble, toi et ton frère … une nuit où j'étais submergé par la jalousie et où je me suis précipité vers une conclusion tragiquement fausse. »
Les yeux de la jeune femme étaient fixés sur lui, plongés dans les siens, cherchant son visage, essayant de juger de sa sincérité. « Pourquoi maintenant, alors, après m'avoir fait attendre pendant des semaines ? »
« Je ne pensais pas que tu voudrais entendre ça. J'avais désespérément peur que tu te moques de moi, que tu me traites de tous les noms, et que tu me fasses souffrir encore plus que je ne me faisais déjà souffrir moi-même … ce qui était déjà plutôt pas mal. Et puis, ce soir, quand je t'ai regardée, assise là, en ayant l'air aussi vide, aussi dénuée de tout sens que je me sentais moi-même, j'ai soudainement réalisé que si tu m'avais haï, si je n'avais pas la moindre importance pour toi, et si tu voulais me faire souffrir, alors pourquoi diable est-ce que tu ressemblais à quelqu'un qui vient de voir tout son monde s'écrouler ? » dit-il.
« Oh, » répondit-elle, et il vit les prémices de l'espoir dans ses yeux, alors qu'ils se fixaient sur lui. Il ferma les siens pendant un moment, avalant difficilement quand il réalisa que finalement, il y avait peut-être une chance pour lui après tout. Ses mains quittèrent les bras de la jeune femme, l'entourant, la tenant étroitement pressée contre lui en disant gentiment.
« Alors, est-ce que tu veux que je parte ? J'ai dit ce que j'avais à dire, et tout est entre tes mains, maintenant. Si tu me demandes de partir, je sortirais, et tu sauras que je suis probablement l'homme le plus stupide, celui qui a le moins de valeur sur cette planète, celui aui a gâché l'unique chance que que personne ait jamais pensé qu'il méritait. »
« Et si je te demande de rester ? » demanda-t-elle doucement, passant les bras autour de lui et lui caressant le dos.
« J'essaierai d'être le genre d'homme que tu mérites, je veux te rendre heureuse, je veux te serrer dans mes bras et prendre soin de toi, te chérir autant que tu le mérites. J'essaierai même de m'entendre avec ton lunatique de frère, que Merlin me vienne en aide. »
« Alors reste, » dit-elle. Ils se regardèrent pendant un long moment, puis il l'embrassa, avec force, la serrant contre lui comme s'il avait peur qu'elle essaie de s'échapper. Puis il l'enleva dans ses bras, se plongeant dans ses yeux alors qu'il la portait vers le lit, lui murmurant les mots de l'amour et du désir dont elle avait rêvé si longtemps durant ses si nombreuses nuits, interminables et silencieuses.
Fin du chapitre
Note de l'auteur original :Et quelques infos sur Rhiannon, au cas où ça intéresse quelqu'un. Elle est basée sur une chanson. Je ne suis pas sûre de l'âge moyen de mes lecteurs, là, dehors, ou qui connaît le groupe Fleetwood Flac, mais en 1975, ils ont sorti l'une de leurs chansons les plus célèbres, intitulée « Rhiannon ». La chanson est en fait basée sur Rhiannon des Oiseaux, qui apparaît dans la mythologie galloise dans plusieurs légendes différentes. Enfin bref, les paroles les plus importantes de la chanson sont ci-dessous, pour que vous puissiez voir comme elle est née … même si, bien sûr, la manière dont je la décris a été adaptée au monde de J. K. Rowling, avec quelques parties de son caractère issues de la Rhiannon de la légende (qui a un de ces orgueils !)
This is a story about a Welsh witch.
Rhiannon rings like a bell through the night,
And wouldn't you love to love her?
Takes to the sky like a bird in flight,
And who will be her lover?
(C'est une histoire qui parle d'une sorcière galloise.
Rhiannon résonne comme une cloche dans la nuit,
Et n'aimeriez-vous pas être amoureux d'elle ?
Monter dans le ciel comme un oiseau en plein vol,
Et qui sera son amant ?)
All your life you've never seen a woman,
Taken by the wind -
Would you stay if she promised you heaven?
Will you ever win?
(De toute votre vie vous n'avez jamais vu une femme,
Emportée par le vent –
Resteriez-vous si elle vous promettait le paradis ?
Pourriez-vous gagner un jour ?)
She is like a cat in the dark,
And then she is the darkness -
She rules her life like a fine skylark,
And when the sky is starlit.
(Elle est comme un chat dans le noir,
Et puis elle est l'obscurité –
Elle vit sa vie comme une fine alouette,
Et quand le ciel est illuminé.)
All your life you've never seen a woman,
Taken by the wind -
Will you stay if she promised you heaven?
Will you ever win? Will you ever win?
( De toute votre vie vous n'avez jamais vu une femme,
Emportée par le vent –
Resteriez-vous si elle vous promettait le paradis ?
Pourriez-vous gagner un jour ? Pourriez-vous gagner un jour ?)
