Les feux de Beltane (The fires of Beltane)

Auteur original : Sorceress

Traductrices : Julie et Lou

Rating : R

Résumé
: Chaque année, une nuit durant, l'amour est possible, même entre les personnes les plus improbables. Un certain professeur pourrait-il affecter les vies de deux étudiants, pour tenter de contrer leur destin ?

Disclaimer: L'histoire est à Sorceress, et tout le reste à JKR, nous n'avons que notre traduction…

NdT : Merci pour vos reviews La suite tardera à paraître, elle n'est pas encore traduite, et comme vous le savez, les cours ont repris….. Ce qui veut dire moins de temps à consacrer à la fic… Mais nous irons jusqu'au bout de la traduction !

Chapitre 31

Dumbledore regarda Harry d'un air sérieux par dessus la monture de ses lunettes en demie lune. « Tu es sûr, Harry ? Les mots que tu l'as entendu dire étaient 'Factorum Vitae' ? »

« Oui, Professeur, » Harry regarda le Directeur avec de l'inquiétude dans ses yeux verts. « Est-ce que vous savez ce que ça signifie ? »

« Cela signifie 'Créateur de Vie', Harry. Tu n'as pas entendu d'autres mots ? » Les yeux bleus étaient songeurs.

« Non, monsieur. Il y avait un rouleau en face de lui, mais je n'avais jamais vu avant ce qu'il y avait écrit dessus. Je n'ai pas pu voir non plus ce qu'il tenait dans son poing, sauf que ça avait l'air bleuâtre, et que c'était suffisamment petit pour que son poing l'enveloppe complètement, » dit Harry. Puis ses yeux se rétrécirent. « Et il y avait cette sensation, monsieur. C'est dur à décrire, mais c'était presque comme si Voldemort désespérait de réussir. »

« Je vois, » dit Dumbledore, en se rasseyant et en réfléchissant. « J'ai quelques idées, mais je vais avoir besoin de faire quelques recherches. En tout cas, la chose dont je suis sûre, c'est que ça devait vraiment être de la magie très très noire. »

« Etant donné que c'est Voldemort, je ne suis pas particulièrement surpris, » dit Harry, la bouche serrée en une ligne menaçante.

« Je te le ferai savoir quand je le saurais, Harry, tu me préviendras si tu vois quoi que ce soit d'autre ? » demanda le plus vieux des deux sorciers.

« Bien sûr, monsieur. Immédiatement. »

« Bien, » dit Dumbledore, qui semblait satisfait. Mais Harry était inquiet : dès le moment où il avait prononcé les mots 'Factorum Vitae' en racontant sa vision, le poing de Directeur s'était serré sur le bureau … et était toujours serré alors qu'il se levait et quittait le bureau.

« Narcissa. »

En plaquant sur son visage un air de curiosité polie, Narcissa ; qui observait les jardins depuis la fenêtre de la salle du petit déjeuner, se détourna de sa contemplation. Lucius se tenait derrière elle. Elle lut une intention cruelle bien connue dans ses yeux, et résista à son envie de frissonner, de serrer ses bras autour d'elle pour combattre les doigts glacés de la peur qui couraient le long de sa colonne vertébrale.

« Oui, Lucius ? » demanda-t-elle doucement. Elle l'avait peu vu ces derniers temps, depuis que ces plans pour livrer Hermione à Voldemort avaient été efficacement déjoués. Il était resté dans ses appartements pendant plus d'une semaine après ça, attendant probablement que cessent les effets de certains sorts que Voldemort lui avaient lancés, pour le punir de son échec. Il avait fait une apparition symbolique à la fête du Réveillon qu'elle avait donnée, était sorti de la maison quelques fois, mais ne s'était pas du tout préoccupé d'elle – jusqu'à maintenant.

« Je vais devoir m'absenter pendant quelques jours, » dit-il, et elle pu constater que la plus grande partie de sa vieille assurance était revenue … malheureusement. « Avant de partir, il y a quelque chose que j'ai besoin de savoir. Je pense que tu sais de quoi il s'agit. » Ses yeux gris plongèrent en elle.

Savoir que cette question viendrait un jour ou l'autre n'avait pas rendu les choses plus faciles. En fait, elle avait espéré contre tout espoir qu'il aurait changé d'avis, qu'il aurait été forcé d'abandonner ses plans d'agrandissement personnel – mais après presque vingt ans, si elle savait bien une chose à propos de lui, c'était qu'une fois qu'il avait décidé d'un plan d'action, il était absolument impitoyable quant à son exécution.

Lui mentir comportait des risques immenses, et même potentiellement fatals. Lui dire la vérité la soumettrait à des attentions qui la révoltaient, qui la faisaient se sentir moins qu'humaine, pour prendre part à des choses qu'elle n'avait pas le droit de faire avec l'homme qu'elle aimait. Elle le regarda qui se tenait là avec la lumière du matin qui brillait dans ses cheveux dorés, sur le beau visage qui dissimulait un cœur de serpent, et il lui apparut que puisqu'elle avait le choix, elle préférait mourir plutôt que de le laisser la toucher encore une fois.

« Oui, Lucius, » dit-elle, en forçant ses lèvres à afficher un léger sourire qui recouvrit la haine qui bouillonnait en elle. « Tu vas avoir une fille. »

La semaine suivante passa doucement, Drago et Hermione s'installant plus confortablement dans leur routine. Drago découvrit qu'il aimait faire ses devoirs avec sa fille sur les genoux, dormant paisiblement ou le regardant avec ses profonds yeux bleus. En fait, Hermione se trouvait un peu intimidée – ressentant même un peu de jalousie – devant le lien qui unissait Drago à l'enfant. Elle pouvait promener le bébé agité pendant des heures, avec une Maia qui refusait de dormir, de manger, ou de faire quoi que ce soit, excepté s'agiter avec ses yeux bleus pleins de larmes et son petit visage renfrogné exprimant son mécontentement envers le monde entier. Mais il suffisait que Drago entre dans la pièce, fredonne pour elle, et la tienne contre son épaule, et le bébé se calmait presque instantanément, s'installant paisiblement pour dormir.

« Je n'y comprends rien, » dit Hermione, exaspérée après un de ces incidents. « J'ai fait tout ce à quoi j'ai pu penser, et elle n'a rien fait d'autre que s'agiter. Tu la prends dans tes bras, et c'est … » Elle s'arrêta, en secouant la tête.

« C'est le Papa magique, » dit-il, en lui souriant pendant qu'il tapait gentiment sur le dos de Maia. « Les pères comprennent instinctivement leurs filles. »

« Oh, bien sûr, Drago, » dit-elle, en lui faisant une grimace et en éclatant de rire. « Tu feras un cours là-dessus l'année prochaine à Poudlard, je parie ! »

L'entraînement de Quidditch reprenait, et même si voler sur son balai était toujours un sentiment merveilleux, Drago découvrit qu'il n'éprouvait plus le même intérêt qu'avant pour ce jeu. Une grande partie de sa motivation pour jouer venait de sa rivalité avec Harry, et maintenant que tout avait changé, il trouvait que le temps nécessaire pour les entraînements ne faisait qu'ajouter à sa fatigue, puisque c'était du temps en plus qu'il devait passer retourné dans le temps. Mais abandonner l'équipe n'était pas une option envisageable, sauf s'il voulait attirer encore plus l'attention.

Il n'y avait pas eu d'autres crises d'évanouissement pour Rhiannon, et Drago avait réussi à se convaincre que ce qu'il avait vu avait été le résultat de son inquiétude quand elle s'était écroulée. Il l'avait surveillée de très près depuis, passant du temps supplémentaire dans la classe de DFCM après les cours pour lui parler. Elle ne mentionna pas une seule fois le fait qu'elle était enceinte, pas devant lui ou devant Hermione. Il ne voyait aucune raison pour qu'elle ou Rogue ne leur disent pas s'ils attendaient un enfant – ils avaient partagé leurs fiançailles plus que volontairement, après tout. Pas que les deux sorciers plus âgés aient parlé de leur relation à quelqu'un d'autre, pour autant qu'il sache. En public, ils se conduisaient toujours l'un envers l'autre comme de simples collègues.

Le second week-end après que l'école ait repris était un week-end Pré-au-Lard, et Hermione soupira tristement qu'elle ne pourrait pas y aller. Dumbledore ne voulait toujours pas qu'elle sorte de l'enceinte de Poudlard, parce qu'il ne pouvait pas garantir sa sécurité. Drago offrit loyalement de rester aussi, mais elle secoua la tête.

« Non, je veux que tu y ailles, Drago. Tu dois passer un peu de temps dehors. En plus, nous devons préserver les apparences. Que toi et moi soyons les seuls septième année à ne pas y aller pourrait susciter des commentaires, » sourit-elle.

« Tu es sûre ? » demanda-t-il, d'une voix pleine de doutes. « Je vais me sentir tellement coupable ! »

Ses yeux bruns étincellèrent de malice. « Je trouverais un moyen pour que tu me le revailles, » dit-elle d'un air suggestif.

« Ooooh, » répondit-il, en lui rendant son regard avec un sourire. « Qu'est-ce que tu as en tête, Mme Malefoy ? » demanda-t-il en lui lançant une œillade.

« Et bien … Tu devras changer toutes les couches de Maia pendant le reste de la semaine ! » gloussa-t-elle, en appréciant l'air chagriné qui se peignit sur son visage.

« Je crois que je me suis fait avoir, » se plaignit-il.

« A chaque fois que j'en ai l'opportunité ! » dit-elle seulement, et elle attira sa tête pour l'embrasser.

Rogue leva les yeux de son fauteuil devant la cheminée, observant Rhiannon tandis qu'elle se levait dans la lumière du matin qui passait par le haute fenêtre. Ses yeux étaient fermés, son dos légèrement courbé, les bras loin du corps avec les doigts étirés. Elle se mit sur la pointe des pieds, et prit une profonde inspiration, la relâchant doucement. Puis elle soupira, se tourna, et remarqua son regard sur elle.

« Voler me manque, » lui dit-elle, d'une voix mélancolique. « Je ne crois pas qu'il se soit passé un seul jour, depuis que j'en suis capable, où je n'aie pas volé. Même quand j'étais malade, je rendais ma mère folle en me faufilant dehors. » Elle eut un petit rire à ce souvenir. « Sirius aussi la rendait folle. C'est un miracle qu'elle ait réussi à nous supporter tous les deux. »

« Je suis désolé que ça te manque, mais c'est vraiment pour ta propre sécurité, » dit-il tandis qu'elle se dirigeait vers lui. Il tendit une main, qu'elle prit, et il l'attira plus près, sur ses genoux, plaçant une main douce sur son estomac. « Je ne pourrais pas le supporter s'il t'arrivait quelque chose. »

« Je sais, » répondit-elle doucement, en tendant la main pour faire courir ses doigts dans les cheveux de Rogue. « C'est la même chose pour moi. A chaque fois que tu es convoqué par Voldemort, une partie de moi meurt, en se demandant si tu reviendras. »

« Alors nous allons tous les deux être prudents, d'accord ? »

« D'accord. Je sais que c'est pour ça que nous avons aussi tout gardé secret, à propos de notre relation, du bébé … Mais je comprends vraiment, maintenant, ce que Drago et Hermione ont traversé. Même si, puisque nous sommes professeurs, les élèves s'intéressent beaucoup moins à nos vies qu'à celles des autres élèves, Merlin soit loué. »

« En effet, » dit-il, en courbant la tête pour l'embrasser doucement. « Ca rend notre rôle un peu plus facile à jouer que le leur ne l'a été. »

« Je ne suis pas une actrice, » soupira-t-elle. « J'espère que nous n'allons pas devoir jouer ce rôle pendant trop longtemps. »

« J'ai été acteur une fois. J'ai joué Richard III, » dit-il, ses yeux rieurs tournés vers elle. « Il y a eu cinq rappels. »

« Séverus ! Vraiment ? » Elle le fixait avec respect. « Tu vas devoir m'aider, alors. J'ai particulièrement envie de le dire à Hermione. »

« Nous le dirons à Drago et Hermione – et, sans aucun doute, à Potter, si on considère les liens qu'il a avec tout ça – dès qu'Albus pensera que c'est sans danger. »

« Serons-nous un jour en sécurité, Séverus ? » lui demanda-t-elle, les yeux pleins de sérieux.

« Une fois que Voldemort aura été détruit, oui. Jusque là … Je pense que nous devons juste prendre autant de précautions que possible, » répondit-il avec colère.

« Et espérer que ça s'améliorera, » ajouta-t-elle.

« Toujours. »

Drago marchait dans le Pré-au-Lard avec d'autres élèves, vêtus de lourdes robes pour lutter contre l'air froid, en faisant du lèche-vitrine dans les boutiques qui bordaient la rue principale du quartier commerçant. Il leva les yeux tandis qu'Harry et Ron entraient aux Trois Balais, et il eut le sentiment « étranger » qu'ils le faisaient souvent ces temps-ci. C'était étrange de constater à quel point il avait toujours été un solitaire - Grabbe et Goyle pouvant difficilement être considérés comme de vrais amis – et maintenant il regrettait la camaraderie qui était apparue pendant les vacances d'hiver. Lui et Harry n'avaient même pas été pris dans un échange d'insultes récemment.

Il dépassa Honeydukes, en regardant par les vitrines du magasin, en cherchant un bijou pour Hermione. Il ne pouvait rien acheter pour Maïa. Drago Malefoy achetant un jouet d'enfant serait une trop grande invitation à de mauvaises spéculations. Quelque chose pour une femme, néanmoins … cette sorte de spéculation ne ferait pas le moindre mal.

En traversant le quartier commerçant, sans avoir trouvé quelque chose qui soit suffisamment magnifique pour son Hermione, il remarqua qu'il déambulait dans un quartier plus résidentiel. Les petits cottages étaient propres et ordonnés, de la fumée sortant de leurs cheminées, les terrains comprenant de petits jardins qui au printemps seraient plein de bourgeons colorés. Il regarda autour de lui, ressentant une vague sorte d'irréalité. S'il était un homme normal, avec une vie normale loin des Seigneurs des Ténèbres et des pères mégalomanes, lui et Hermione pourraient être en train de déménager dans un cottage comme ceux-ci, en train de faire des choses normales – au moins, pour une famile sorcière – à élever leurs enfants. A être … en sécurité.

Un frisson courut le long de sa colonne vertébrale. Ils n'étaient pas normaux, et il le savait. Trop d'ombres les enveloppaient, une trop grande partie de la balance dans le combat entre le bien et le mal reposait sur les épaules de deux jeunes gens de dix-sept ans qui devaient faire face pour la première fois au fait d'être parents. Il se demanda si c'était comme ça qu'Harry se sentait parfois, comme s'il n'était plus le maître de sa propre destiné, mais une personne-pas-encore-tout-à-fait-un-homme, dont chacun attendait qu'il sauve leur monde. Il repensa à qui il était, et à ce qu'il était, seulement l'année dernière. Il pouvait à peine se reconnaître maintenant. Il n'avait pas seulement grandi, mûri, mais il était plus vieux, d'une manière indéfinissable qui n'avait rien avoir avec le temps qu'il avait vécu. C'était la même chose pour Hermione, et pour Harry. En fait, il se demandait si Harry Potter avait jamais vraiment été un enfant. Le contact du mal était quelque chose qui pouvait soit vous détruire, soit vous faire grandir à toute allure. Et s'il y avait bien une chose qu'il voulait pour Maïa, c'était qu'elle soit libérée des ténèbres, libre d'être une enfant.

En tournant les talons, il se dirigea à nouveau vers les boutiques, traversant la rue pour voir les vitrines de l'autre côté. Il s'était arrêté devant une bijouterie, fixant l'étalage de saphirs, placés en constructions d'or élaborées. Hermione serait magnifiques avec des saphirs, pensa-t-il avec un sourire. Il pouvait les imaginer contre sa peau crémeuse, leur lumière luisant sur son corps, tandis que lui …

« Drago, » dit une profonde voix froide derrière lui, d'un ton de commandement, et il se figea pendant un moment, le cœur battant de surprise et d'anxiété. Il ferma les yeux, en cherchant à se calmer, cherchant le contrôle dont il avait besoin tandis qu'il se retournait lentement.

Il se tourna, et se retrouva droit dans les yeux gris froids de son père.

Maia Malefoy bailla d'un air endormi, étirant son petit corps en une contorsion acrobatique, avant d'enfoncer son poing arrondi dans sa bouche, le têtant tandis que ses yeux se fermaient. Hermione bailla à son tour, puis ri de bonheur. A presque un mois, elle développait vraiment une personnalité distincte, le simple fait de regarder sa fille pouvait faire fondre Hermione d'amour. Tandis qu'elle semblait plus satisfaite avec Drago, elle semblait faire plus de choses mignonnes de manière innée quand elle était près d'Hermione – mais dans son cœur, Hermione savait qu'elle était une fille à papa, et qu'elle aurait probablement droit à une bataille dans les années à venir quand Maia tiendrait son père encore plus serré autour de ses minuscules doigts.

Elle déambulait dans la pièce, sans aucune envie d'étudier, pour une fois. Elle n'avait apporté aucune lampe pour lire, et Maia venait juste de s'installer pour dormir. Puis ses yeux tombèrent sur la boite que Narcissa lui avait donnée le lendemain de la naissance de Maia, et elle sourit. Elle n'avait réellement pas eu le temps de s'asseoir et de regarder les photos de Drago bébé.

En ouvrant la boite, elle mit de côté la magnifique robe blanche. Ils avaient déjà décidé de l'utiliser pour la célébration du Nom de Maia – et bien que la tradition veuille que la cérémonie ait lieu peu de temps après la naissance du bébé, Hermione et Drago avait décidé qu'ils voulaient qu'elle ait lieu à Beltane, et qu'elle soit célébrée sous le sorbier qui avait protégé sa conception. Le symbolisme leur importait plus que la vitesse.

L'album argenté était froid dans ses mains tandis qu'elle le saisissait, ses doigts suivants le monogramme orné sur la surface. Elle avait déjà quelques photos de Maia, et elle allait devoir penser à trouver un album pour eux aussi. En se blottissant dans l'une des confortables chaises, elle ouvrit l'album.

Elle avait déjà vu la première photo, celle d'un minuscule Drago, les yeux grands ouverts plongés dans les yeux heureux d'une jeune Narcissa. Hermione porta plus d'attention cette fois à l'image de sa belle-mère, qui n'avait pas l'air d'avoir plus de 18 ou 19 ans sur cette photo. En y pensant, Narcissa devait avoir à peu près l'âge du Professeur Rogue, et de Lily et James Potter – mais elle avait le sentiment que Lucius était plus vieux de plusieurs années. Les cheveux dorés-argentés de Narcissa étaient répandus, longs et libérés sur ses épaules, et sa bouche semblait sourire plus facilement.

En tournant la page, elle trouva une image animée de Drago seul, avec la légende « Drago – à un mois » écrite dessous avec une fine écriture moulée. Sur la photo, il avait un air légèrement maussade, apparemment mécontent de l'invasion de son intimité par le photographe curieux. Elle regarda, en riant, sa lèvre inférieure qui s'avançait en une petite moue, et ses sourcils baissés de façon menaçante. La ressemblance de Maia avec Drago était vraiment quasiment surnaturelle.

Les quelques photos suivantes montraient Drago jusqu'à l'âge d'un an, la quasi totalité le montrant soit en train de sourire, soit avec son expression innoncente calculée. Narcissa était sur deux d'entre elles, tendant les mains vers Drago qui commençait à marcher, et une où elle le berçait dans ses bras, endormi avec le pouce fermement planté dans la bouche.

Après celle-ci se trouvait une autre photo de Drago seul, âgé d'un peu plus d'un an, tendant les bras vers la personne qui prenait la photo, demandant à être pris dans ses bras. La photo était légèrement de travers dans l'album, comme si elle s'était détachée de la page. Prudemment, Hermione essaya de la redresser, mais au lieu de ça, elle lui glissa des mains, révélant une mince feuille de papier, apparemment posée derrière, et couverte d'une écriture gribouillée.

Curieuse, elle retira le papier, le tournant prudemment entre ses mains.

« Narcissa –

Je suis sûr que tu sais que tout va mal autour de nous – et j'ai cet horrible sentiment que le temps s'échappe, comme si le destin allait me rattraper. S'il le fait, je veux juste que tu saches que je t'aimerais toujours. Je sais que tu ne peux pas me le dire en retour, mais je peux le voir dans tes yeux quand tu me regardes, et je me contenterais de ça aussi longtemps que je saurais que tu es en sécurité. Tu es une mère merveilleuse, et tu as un fils magnifique. Ne le laisse pas grandir pour devenir comme Lucius. J'aimerais … Oh, tu sais ce que j'aimerais. Peut-être dans nos prochaines vies.

Dw i'n dy garu di –

S. »

Hermione renifla, et des larmes lui montèrent aux yeux. Oh, pauvre Narcissa ! Elle était amoureuse de quelqu'un, quelqu'un qu'elle devait apparemment avoir perdu au cours du dernier conflit avec Voldemort. Comme c'était horrible pour elle ! Hermione se demanda si la perte de cet amour était ce qui l'avait condamnée à vivre avec Lucius, si elle n'avait plus eu la force de fuir.

En reniflant, elle replaça le papier là où il se trouvait, en se demandant qui avait été S. Quelqu'un qu'elle avait connu à l'école, ou quelqu'un qu'elle avait rencontré plus tard, après son mariage ? En reprenant la photo, elle toucha gentiment le visage de l'enfant qui s'y trouvait, en reconnaissant le regard exigeant dans ses yeux, le désir d'obtenir ce qu'il voulait – elle le voyait souvent, spécialement quand ils faisaient l'amour. Exigeant son attention, exigeant sa réponse. Une exigence qu'elle était plus que contente de satisfaire. Si elle perdait Drago, comme Narcissa avait perdu son amant … elle frissonna soudainement, repoussant cette pensée, repositionnant soigneusement la photo sur la lettre. Elle ne dirait jamais à Narcissa qu'elle l'avait découverte – est-ce que Narcissa se souvenait seulement qu'elle était là ?

Tandis qu'elle fixait la photo à sa place, elle remarqua qu'en fait, Drago n'était pas seul sur la photo, comme elle l'avait d'abord pensé. L'arrière plan était sombre, mais, dans l'obscurité, elle aperçut l'image complètement noire d'un animal, ses yeux reflétant la lumière avec un éclat verdâtre. En l'observant de plus près, elle vit que c'était un chien – un grand, un solide chien noir.

Sa bouche s'ouvrit sous le choc. Elle se rappela ce jour à l'hôpital, quand Narcissa était venue la voir. Une main sur l'épaule, la serrant d'une manière rassurante. Un sourire éclatant leur demandant si quelqu'un pouvait venir voir Maia. Un chien noir. « S. »

Son amant n'était pas du tout mort – Narcissa était amoureuse de Sirius Black. Elle l'était maintenant, et elle l'était apparemment 16 ans auparavant.

Que diable allait penser Drago de tout ça ?

« Bonjour, Père, » dit calmement Drago, en faisant face à l'homme qu'il haïssait le plus au monde. « Je suis désolé, vous m'avez fait sursauter. Je ne m'attendais pas à vous voir à Pré-au-Lard. »

Lucius leva un sourcil en direction de son fils. Ses cheveux platine étaient couverts par la capuche de son manteau, le faisant passer inaperçu parmi les habitants de la ville. « Es-tu toujours contrarié à propos du Stupéfix ? Je me suis expliqué pour ça. »

« Non monsieur, je ne suis pas contrarié, » mentit-il sans problème. « Vous m'avez expliqué pourquoi, et ça m'a réellement aidé avec les professeurs. Même si Potter, bien sûr, a prétendu que vous l'aviez fait exprès. Mais comme je pouvais répondre sans mentir que je n'avais aucune idée de ce que vous alliez faire, ils ont laissé passer ça. »

« Bien. Parce que j'ai besoin de te parler, » dit l'aîné des Malefoy, en regardant la rue froide, déserte. « Suis-moi. »

Drago suivit son père avec attention à travers le quartier des affaires, jusqu'à un petit bâtiment indéfinissable à la périphérie de la ville. Lucius frappa deux fois avec sa cane à tête de serpent, fit une pause, puis frappa trois fois. La porte s'ouvrit. L'aîné des deux hommes entra, en faisant signe à Drago de le suivre.

L'intérieur était celui d'un bureau, des étagères de livres bordant les murs avec plusieurs bureaux disposés par intervalles sur le sol. Il n'y avait personne en vue, néanmoins, et en levant un sourcil, Drago se tourna et regarda son père.

« Nous pouvons parler sans risque, ici, » dit Lucius, en enlevant sa capuche. Il alla jusqu'à deux chaises dans ce qui ressemblait à une salle d'attente, et s'assit.

« Ceci est la branche de Pré-au-Lard d'un groupe d'avocat sorciers que j'utilise … qui m'ont gracieusement permis de l'utiliser ce samedi, » expliqua Lucius, tandis que Drago s'asseyait précautionneusement sur l'autre chaise.

« Oui, monsieur. De quoi vouliez-vous me parler ? » demanda-t-il, en se forçant à s'appuyer prudemment sur le dossier de sa chaise, comme si être près de son père ne faisait pas hurler tous ses instincts, le poussant à tuer cet homme, ordres contraires de Dumbledore ou non.

« Je me retrouve en position d'avoir besoin de ton aide, Drago. Tu auras dix-huit ans très bientôt, et tu seras prêt pour me rejoindre formellement au service de notre Seigneur, comme nous en avons souvent discuté. Néanmoins, je crois que ton aide maintenant te placerait en bonne position avec lui. »

« Oui, Monsieur, » répondit Drago, en essayant de faire passer un peu d'avidité dans sa voix. Et ce que tu veux dire, sale bâtard, crapule, c'est que tu es dans les emmerdes jusqu'au cou, et que tu me vois comme le moyen de t'en sortir, pensa-t-il aigrement en lui-même. Mais il ne laissa pas paraître ses émotions sur son visage, ajouta, au lieu de ça, « Qu'avez-vous besoin que je fasse ? »

« Tu es un bon garçon, Drago, » ajouta Lucius d'un ton approbateur. « J'ai toujours su que tu étais ambitieux, ce qui est un trait qui te servira. Ce que j'attends de toi, c'est que tu surveilles la Sang-de-Bourbe, Granger. De près. Je veux connaître son emploi du temps, quels sont ses mouvements. Quand elle est seule – quand est-ce qu'elle quitte l'école. Nous avons besoin d'un accès à elle, et tu peux nous l'apporter. Nous savons qu'elle n'a pas avorté, et le Seigneur des Ténèbres veut toujours cet enfant. »

« Ah bon ? » dit Drago, la bouche ouverte sous le choc. « Comment ? »

« Voldemort n'a pas survécu si longtemps sans être très rusé. Il a un lien avec l'enfant – si elle avait avorté, il l'aurait su. »

Les pensées de Drago galopaient furieusement. Comment pouvait-il y avoir un enfant avec lequel le Seigneur des Ténèbres était relié, alors qu'Hermione n'avait jamais bu la potion, et n'était jamais tombée enceinte d'Harry, pour commencer ? Puis son esprit se figea, en se rappelant sa vision … l'évanouissement de Rhiannon … Hermione lui disant que Rhiannon avait pris le sang de Rogue pour lui montrer que ça ne ferait pas mal. Il y avait bien un enfant, seulement ce n'était pas celui d'Harry et d'Hermione … c'était celui de Rhiannon et de Rogue ! Il se demanda avec horreur s'ils avaient bu la potion pour les protéger, lui et Hermione, se mettant de ce fait eux-même dans un incroyable danger.

« Monsieur … » dit-il doucement, en essayant de rassembler ses idées. « Après ce qui est arrivé au Solstice, ils m'ont tous évité encore plus que d'habitude. Je ne sais pas comment je pourrais me rapprocher suffisamment pour trouver les informations que vous voulez. »

« Tu as été entraîné par Rogue, n'est-ce pas ? L'un des meilleurs choix que j'ai fait, car je suis sûr que Séverus t'a enseigné de nombreuses manières de découvrir les informations que les autres personnes ne veulent pas que tu connaisses. »

« Mais, Monsieur, je ne pense pas que … »

« Ne pense pas, Drago, fais ce qu'on te dit, » dit Lucius, perdant soudainement un peu de sa patience. « Il y a des récompenses pour les services, et des punitions pour les échecs ! » Les lèvres de l'aîné des Malefoy se tordirent, comme s'il se rappelait quelques unes de punitions qu'il avait lui même reçues.

« Des punitions ? » murmura Drago, la peur pour Hermione et Maia le submergeant. Il la repoussa. Ils étaient en sécurité. Il ferait en sorte qu'ils soient en sécurité.

« En effet. Des punitions terribles et douloureuses. Le Seigneur des Ténèbres a un certain talent pour découvrir vos faiblesses et les utiliser, Drago – ne l'oublie jamais. Trouve simplement les informations – et tu n'auras pas à te précoccuper de savoir lesquelles de tes faiblesses Voldemort connaît. »

Et sachant quelles étaient ses faiblesses, Drago frissonna.

« Oui, monsieur. Je ferais de mon mieux, » répondit-il.

« Fais en sorte de le faire. Fais juste en sorte de le faire. »

« Il semble qu'ils veuillent tenter un autre kidnapping, s'ils vous demandent de leur rapporter ses mouvements. » dit Dumbledore. « Qu'en pensez-vous, Séverus ? »

Le Maître des Potions fronça les sourcils devant le plus vieux sorcier depuis son siège devant le bureau du Directeur. « C'est certainement ce qu'il semble. Vous a-t-il demandé de faire quelque chose d'autre ? Une autre information ? » demanda-t-il, en se tournant vers Drago, ses yeux noirs soucieux tandis qu'il ruminait les différentes possibilités.

Drago regarda ses deux aînés, l'anxiété lui rendant les mains moites. Il était venu droit au bureau du Directeur après être revenu de Pré-au-Lard, pour découvrir que le Professeur Rogue était là aussi. C'était assez facile de leur dire ce que Lucius lui avait demandé de faire, et il savait qu'il devait leur dire ce que Lucius avait dit – mais il savait aussi que cette information n'allait pas du tout être la bienvenue. Très gêné, il s'éclaircit la gorge.

« Non, il n'a rien demandé d'autre. Mais il a dit quelque chose qui est, et bien, plutôt effrayant, » commença-t-il. Il regarda Dumbledore, ne voulant pas voir la peine que ses mots allaient causer au Professeur Rogue.

« Qu'y a-t-il, Drago ? » demanda le Directeur, en remarquant la réticence du jeune homme. « Est-ce à propos d'Hermione ? »

« Non, Monsieur. C'est … Et bien, il a dit que la raison pour laquelle Voldemort veut toujours Hermione est que … il sait qu'elle n'a pas avorté. Que Voldemort a un lien avec l'enfant. »

« Je vous assure que Maia est en sécurité, » commença Dumbledore, en essayant de le réconforter, mais il s'arrêta quand il remarqua l'air sur le visage de Drago.

« Non Monsieur, pas Maia. Le lien est avec l'enfant de Rhiannon, » dit le jeune sorcier, et il se tourna finalement pour faire face au Maître des Potions. « Je suis désolé, Professeur, mais apparemment le Seigneur des Ténèbres a une connexion avec votre fils – puisque vous et Rhiannon avait substitué votre sang, et pris la potion à l'intention d'Harry et d'Hermione. »

Rogue devint absolument froid. Voldemort avait une connexion avec son fils ? Qu'avait fait le Seigneur des Ténèbres avec cette potion ? Comment était-il connecté ? Le noir des yeux de Rogue contenait une profonde horreur que fit Drago se sentir malade de sympathie.

« Séverus, » dit doucement Dumbledore. « Ne vous inquiétez pas. Nous trouverons un moyen de nous sortir de ceci, nous garderons votre fils en sécurité, nous garderons Rhiannon en sécurité. Harry m'a dit qu'il avait eu la vision que Voldemort préparait quelque chose, et je travaille à essayer de déterminer ce que c'est. »

Drago sentit une agonie d'indécision. Devait-il leur dire ? Mais s'il avait tort, si la vision n'était pas vraie ? Puis il pensa à Maia, à ce qu'il ressentirait si c'était son enfant qui était en cause, son enfant dans le danger auquel Rogue faisait maintenant face. Aurait-il voulu tout savoir ?

« Monsieur, » dit Drago, finalement, en espérant qu'il faisait le bon choix. « Est-ce qu'Harry a eu sa vision il y a une semaine ? »

« Oui, Drago … comment le savez-vous ? » demanda Dumbledore, surpris. Le Professeur Rogue leva les yeux vers le jeune sorcier.

« Je crois … ça va sembler horrible, mais … l'évanouissement de Rhiannon – c'était Voldemort, essayant d'une manière ou d'une autre de lui enlever l'enfant à travers ce lien. »

« Quoi ? » dit Rogue, en fermant les yeux sous l'effet de la souffrance. « Comment savez-vous ça ? Est-ce que Lucius vous l'a dit ? »

« Non monsieur, Lucius n'a rien dit … Je sais que vous allez avoir du mal à le croire, mais quelqu'un d'autre me l'a dit. »

« Qui ? » demanda le Maître des Potions, surpris. « Personne d'autre n'est au courant, alors qui a pu vous le dire ? »

« L'enfant me l'a dit, » dit Drago. « Je sais que ça a l'air dingue, mais … quand j'ai touché Rhiannon, le jour où elle s'est évanouie – votre fils me l'a dit. »

Fin du chapitre