Note de l'auteur : Bonjour à tous !Ce chapitre a été assez dur à écrire même si ça était vite. Je le trouve très noir même si quelques zones d'espoirs subsistent … J'espère sincèrement que ce chapitre ne vous décevra pas, c'est sans doute mon préféré depuis le début. Il est selon moi, très décousu, c'est comme ça que Hermione vit pour l'instant.Je tiens à remercier tous ceux qui prennent le temps de reviewer, je peux vous dire que ça fait vraiment très plaisir et ça nous redonne envi d'écrire. Merci aussi à ceux qui n'en laissent pas mais qui lisent quand même … Bisous !
Note (2) : Je m'excuse mais j'ai eu du mal à trouver un titre convenable. Impossible d'en trouver un qui me plaise. Si jamais vous avez une petite idée, faites me la parvenir, merci ! ;)
Résumé : Sirius est tombé, Elle se retrouve seule, sans amour, sans Lui.. « Je ne peux t'avoir que dans la mort, alors laisse moi te tuer une seconde fois … ». De retour à Poudlard, tout s'enchaîne, la vie continue, pour elle aussi ? (Hermione-Sirius)
Rating : K+
Dislaimer : Rien n'est à moi dans ce chapitre, les personnages sont à J.K Rowling. Je revendique (quand même ! lol) l'histoire et l'intrigue …
Bonne lecture à tous !
Chapitre 4 : La vie continue
Et la vie continue. Enfin, elle continue pour eux. Pas pour moi, pas pour nous.
Quoi qu'il dise, Remus est comme Harry et moi, on ne peut pas vivre, on survit.
La vie est si risible quand la mort frappe, tout me semble noir, tout me semble gris. Tout est terne, froid, pâle, rien n'a la couleur d'antan, plus de passion, plus de tendresse.
Dans quelques temps, on devra reprendre le cours « normal » de nos vies, retourner à Poudlard. Bien sur, les élèves ne seront pas forcément au courant de la mort de Sirius, ils continueront leur misérable petite vie, ils riront à la Grande salle, ils dormiront dans le cours de Binns, ils souffriront dans celui de Snape. Et nous, qu'allons nous faire ? Rire, nous ne savons plus. Dormir, pourquoi faire, pour faire d'autres rêves sombres, d'autres cauchemars, pour revivre et revivre le moment où Sirius m'abandonne une deuxième fois ?
Rien, rien ne nous attend, et c'est là la bien triste vérité. Pas d'avenir, pas de futur, plus de rêves et plus d'espoir.
Je suis retournée chez mes parents pour le reste des vacances, ils ne comprennent pas et je ne peux pas les en blâmer. Ils me semblent insignifiants maintenant, suis-je encore humaine pour ressentir tout cela ?
Je range dans mon tiroir secret, que Sirius connaissait, le fruit, l'hommage, la preuve de notre amour.
Parce oui, saviez vous, Sirius et moi sommes unis.
J'éclate de rire, de dépit, de tristesse, de colère aussi. Je me fais peur.
Unis par le mariage, jusqu'à ce que la mort nous sépare …
Elle est arrivée plus vite que prévu cette mort, et pourtant, j'ai l'impression d'avoir passé ma vie à ses côtés, on a vécu tant d'épreuves, relevé tant de défis … Avec lui, j'aurais pu soulever des montages et assécher des océans entiers …
Et me voilà, seule, dans ma chambre de jeune fille. N'aurais-je pas du habiter avec lui après notre mariage ? Pourtant, je n'ai jamais goûté à la vraie vie conjugale. Je suis devenue une femme pour lui, j'étais sa femme ! Et maintenant, que suis-je ? Une veuve … Veuve à 16 ans, presque 17, vous imaginez ?
Je rigole encore, je me rappelle, lors de la cérémonie …
« Hermione et Sirius, vous êtes à présent unis par les liens sacrés du mariage. Unis par le corps, par le cœur, par l'esprit, par l'amour et par l'âme. Pour toujours, jusqu'à votre mort et dans l'au-delà. Pour toujours.
- Moi, Sirius, je jure de t'être fidèle, de t'aimer et de te chérir jusqu'à ce que la mort nous sépare. Je te protégerais, je fabriquerais un nid d'amour pour toi, et même dans la mort, je t'aimerais, je veillerais sur toi. Rien ne nous séparera, ni la mort, ni l'oubli, ni le temps.
Moi, je le regardais, émue, tellement heureuse. Je touchais mon ventre, posant ma main alors que celle de Sirius la rejoignait … Nous étions pleinement heureux, mari et femme, bientôt papa et maman. La vie coulait en moi, l'amour vivait en nous et tout était comme un rêve. »
Ses paroles, si belles n'étaient finalement pas si sincères …
Et j'ai perdu deux amours, j'ai perdu mes deux vies, j'ai perdu mon cœur. Je sais que Sirius m'en a voulu, même s'il m'a soutenu. Moi qui avais toujours dit que je ne méritais pas de vivre, je perdais la vie qui était en moi. Douce ironie, non ?
Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées
¤
Car voici l'heure du larcin
De plumes de fleurs et de tresses
Cueillez le jet d'eau du bassin
Dont les roses sont les maîtresses (1)
Dans ma vie, j'ai tout gâché, j'ai tout détruit. Mon bébé est parti, mon amour l'a suivi … Est-ce pour cela que tu es tombé Sirius, tu ne pouvais plus me regarder ? Oh, si tu savais comme je m'en veux, comme je me hais pour ça … Mais j'avais ton amour, je t'avais toi pour sortir la tête de l'eau, combattre mes démons et sourire au soleil. Tu as été mon monde, et maintenant, tout s'écroule autour de moi. Comment veux-tu que je vive sans toi ?
Perdue dans mes pensées, je n'ai pas vu que la nuit était tombée, mes parents m'appelle pour le dîner. Je mange peu, comme d'habitude, je suis morose, je suis raide, droite, je suis malheureuse, je suis résignée et rien ne peut changer cela. Et ils ne voient rien, ils pensent que je suis triste, seulement triste et mélancolique. Je les regarde, amère, tente un sourire qui se fane bien vite.
Les journées se déroulent, lentes, longues. Je ne dors pas la nuit, je ne peux pas, les larmes coulent sans s'arrêter. Je pleure un amour qui n'existe plus. La nuit, je la crains tous les jours. Avant, je la bénissais, je pouvais rejoindre Sirius, je pouvais l'aimer, maintenant, je ne peux que le pleurer.
Finalement, je m'endors à l'aube, comme tous les jours, je me réveille vers 11h, rarement avant, parfois plus tard. Je picore, je dois déjà avoir perdu plusieurs kilos, j'ai des cernes sous les yeux, le teint pâle, la mine sombre. Je glande la première partie de la journée, je reste assise sur mon lit, sans rien faire à part penser. Je me lève enfin, je vais sous la douche, je reste longtemps, j'évite de me regarder dans la glace. Je dois l'avouer, j'ai peur de mon reflet. Je sors rarement, ou alors seulement la nuit, comme ça je peux pleurer en regardant Sirius, en regardant les étoiles. Je ne sors jamais dans la jardin pendant la journée, je ne veux sous aucune façon regarder les roses que ma mère chérie tant. Je ne veux pas me rappeler, et pourtant, toutes les nuits, je ne fais que ça.
J'ai honte de moi, et les jours passent, sans aucune nouvelle d'Harry. Je ne lui en donne pas non plus, mais je ressens sa peine, sourde, muette. Il est comme moi, il est orphelin maintenant. Harry avait vu naître l'espoir sous ses yeux quand Sirius l'a tiré de sa triste vie chez les Dursley, pour mieux pouvoir l'enfoncer.
Je reçois parfois des lettres de Ginny, j'y réponds sans empressement, sans joie, sans volonté. Je reçois, tout à mon malheur des lettres de Ron. Il pense vraiment que je pourrais un jour l'aimer et que je lui appartiendrais … Je ne lui réponds pas.
Dumbledore m'a envoyé une lettre, me demandant si j'acceptais le poste de préfète vu les circonstances. J'ai répondu par l'affirmative, cela m'occupera, je l'espère. Et j'aurais un dortoir spécial, je pourrais pleurer à ma guise. Je me demande qui peut bien être le second préfet en chef, et j'espère secrètement que ce soit Malefoy. Avec lui, au moins, pas de sourires forcés, pas de mots gentils, il n'aura pas pitié de moi.
Remus est absent, je crois qu'il est parti à l'étranger, c'est ce que j'aurais fait si j'avais pu. Je lui souhaite de pouvoir rester longtemps, loin des yeux accusateurs du monde sorcier.
A ma plus grande surprise (qui se caractérise par un faible « oh ! »), il ne reste que deux jours avant la rentrée.
Je suis partagée entre l'envie d'y retourner, et le désir de me laisser dépérir ici. Si je continue au même rythme, d'ici un mois, j'atteindrais les 25 kilos … Au moins, je pourrais faire le concours de la plus belle anorexique …
Humour dérisoire, humour noir, tout est désopilant.
Je n'ai rien à faire, alors je décide de faire ma valise, en la préparant, je m'aperçois que je n'ai pas ouvert un livre de cours depuis un moment déjà. Sentiment vivifiant, sentiment de faiblesse. Je n'en ai pas envi … Ron sera sûrement content, cette année, il ne m'aura pas sur le dos à cause des révisions. Qu'il bousille son avenir s'il le veut, j'en ai plus rien à foutre …
Esprit amer, sentiment de dégoût.
Je suis misérable …
Ma valise faite, je décide de ranger ma chambre. Il faut dire que j'y vis pratiquement 24 heures sur 24 depuis quelque temps. Je ne distingue plus la moquette sur le sol tant il y a d'objets, de vêtements sales ou propres et de mouchoirs usés sur le sol … Tiens, là aussi, je gagnerais le grand prix de « La plus grande utilisatrice de mouchoir ! ».
Ironie macabre, sentiment funeste.
Je me dégoûte.
Sans doute aurait-il mieux fallu que je ne la range pas. Malheureusement, je retrouve une photo, en noir et blanc, on ne distingue pas vraiment de forme, tout est flou. Oui, il s'agit bien d'une échographie.
Peine incommensurable, sentiment de honte.
Je ne peux pas poser un regard de plus sur cette image, je la déchire, j'ai l'impression que les dernières forces que mon corps gardait se sont concentrées sur mes doigts qui s'acharnent sur la feuille glacée.
Je m'effondre, sourdement sur le sol, et je m'endors, sans que les larmes ne sortent. Pourtant, je n'ai plus l'habitude de mes anciennes larmes retenues. Peut-être ais-je déjà trop pleurer mon bébé. Je l'ignore. Je dors d'un sommeil sans rêve, c'est encore pire.
Je me réveille, ma tête tourne, j'ai du me cogner lors de ma chute. On est le lendemain, tard dans l'après midi. J'ai dormi très longtemps cette fois, pourtant je suis si fatiguée. Mes parents ne sont pas venus me voir, la porte est fermée à clé de l'intérieur. Ils n'ont pas eu l'air de s'inquiéter.
Je ne sais pas quoi faire, alors je ne fais rien. Merveilleuse déduction. J'ai l'impression d'avoir perdu mon cerveau et d'être complètement conne. J'ai l'impression d'avoir perdu mon esprit, ma faculté d'expression. J'ai l'impression d'avoir perdu ma langue, de toute façon elle ne me sert plus à grand-chose … J'ai l'impression d'avoir perdu mes yeux, je ne vois plus rien. J'ai l'impression d'avoir perdu mes jambes, je reste là, vautré sur le sol. J'ai l'impression d'avoir perdu ma bouche, mes lèvres ne se poseront plus jamais sur celle de Sirius. J'ai l'impression d'avoir perdu mes oreilles, je n'entends plus, je ne suis plus.
Et pour la première fois, j'ai envi de mourir.
D'un côté, je n'ai pas peur de la mort, j'ai l'impression de vivre en elle depuis que Sirius est parti. D'un autre, je suis terrorisée, morte de trouille de retrouver Sirius et qu'il ne veuille plus de moi, même dans la mort.
J'ai toujours cru que l'amour dépassait tout. Finalement, tout n'est que futilité dans la vie.
Je n'ai pas le temps de réfléchir plus à ça qu'un son se fait entendre sur ma fenêtre. Un hibou est dehors, attendant que je l'ouvre.
Alors qu'il me donne la lettre, il ne s'empêche pas de me donner un coup de bec. C'est bien ma veine …
C'est une lettre de Harry, j'ai peur de l'ouvrir. L'enveloppe est légère, comme s'il n'y avait rien dedans.
J'ouvre, mes mains tremblent.
Je déplie la feuille, de l'extérieur, elle est toute blanche. Finalement, il n'y a qu'une phrase d'écrite …
Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit (2)
Harry.
J'ai du mal à comprendre le sens de sa phrase. Surtout que le seul endroit où je peux voir Sirius, le seul moment, c'est dehors, la nuit …
Je reste sceptique à regarder cette phrase, le hibou est toujours là. Je n'avais même pas remarqué que ce n'était pas Hedwige. Il attend sûrement une réponse.
Sans réfléchir, je prends un morceau de parchemin, une plume et je réponds …
A l'envers des nuages, il y a toujours un ciel. (3)
Miss B.
A l'époque, je n'avais pas compris toute l'envergure de cette discussion « inter-lettre ». Je ne m'aperçus même pas que j'utilisais pour la première fois le nom de Sirius, certes raccourci mais quand même …
Je donne la lettre au hibou qui me regratifie d'un coup de bec …
Je décide de jeter toutes les lettres de Ron, d'un coup sec, je les jette dans la poubelle comme si un regain de force me revenait.
Je regarde ma chambre, me demandant ce que je pouvais aussi jeter …
J'attrape des papiers, des bouts de tissus (je me demande d'ailleurs d'où ils sortent), je les déchire, je jette les morceaux par la fenêtre.
La pièce se vide, c'est fou comme il y avait tant de choses inutiles. J'y passe un moment, le soir tombe, je continue, j'ai l'impression que c'est la seule chose qui me tient à cœur, finir de ranger ma chambre. C'est un but à atteindre. Le bureau apparaît enfin, et là, je vois toute une série d'enveloppe rose pâle sur le coin droit du bureau.
J'ai l'impression que ça fait une éternité, j'ai l'impression de ne plus me souvenir de ces lettres.
A croire que j'aime la souffrance parce que je les prends, délicatement, respectueusement.
J'ouvre la première enveloppe, il y a comme une odeur de rose. Je lis la première lettre et j'ai mal.
Mon ange,
Ce temps passé loin de toi m'effraie. Qu'il me tarde de te revoir, de passer ma main dans tes cheveux, de caresser avec douceur tes joues, de pouvoir t'embrasser, tendrement, passionnément. Qu'il me tarde de pouvoir te dire 'Je t'aime', de regarder tes yeux chocolats, de rire avec toi.
Tu me manques mon ange, je ne cesse de penser à toi, à ton esprit si intelligent, aux courbes de ton corps, à tes seins et à tes lèvres si douces.
Ce matin, je me suis réveillé, un goût âpre dans la bouche, un goût amer, comme si quelque chose me manquait, si quelque chose n'était pas à sa place. Oui, tu n'y étais pas. Tu n'étais pas là, à côté de moi, dans ce lit qui me semble si grand pour moi. Viens vivre à la maison Hermione, pourquoi t'y refuses tu ?
Il me tarde mercredi mon ange, de pouvoir à nouveau te serrer contre moi …
Je tiens à te dire que je n'ai pas pu en parler à Harry. Je suis désolé mon amour, mais c'est au dessus de mes forces pour l'instant. Tu sais comme je t'aime, mais dès que je vois les yeux de mon si cher Harry briller car son parrain est là, je ne peux pas le décevoir, le rendre triste. Pardonne moi mon ange, de ma faiblesse …
Je suis désolé, désolé si tout ceci te semble impur. Je sais que tu as du mal à accepter que l'on se cache, et ce n'est en aucun cas par rapport à toi, je n'ai pas honte mon cœur !
Je me suis longtemps rappelé en songe ou réveillé, notre nuit, celle si magique que je m'en rappellerais tout ma vie. Le soir où tu m'as dit oui, tes yeux brillants.
Je te laisse mon ange, Kreattur vient encore me déranger. Il y aurait soi disant une fuite dans le four. Il me prend pour un con oui ! Enfin, je ne vais pas t'embêter pour si peu, je dois m'y faire c'est tout …
Prends soin de toi mon ange …
Mercredi, ce sera mon tour, et ne t'inquiète pas, je chérirais tes lèvres et ton corps des miennes …
Je t'aime petite rose …
¤Sirius¤
Oui, je dois aimer la souffrance. Je repose lentement la lettre, j'ai le courage ou la faiblesse peut être d'en prendre une autre … Elles doivent être espacées dans le temps parce qu'après la mort de Sirius, j'avais une telle haine à l'encontre de ces lettres qu'elles ont valsé un peu partout dans la pièce. C'est ma mère qui a du les ranger. Je me demande si elle les a lu, mais de toute façon, je m'en fous.
Hermione,
Je dois dire que la soirée d'hier m'a surpris. Pas que ta petite robe m'ait déplu, au contraire. Pas que ton sourire enjôleur m'ait froissé. Pas que ton décolleté m'ait déçu, sûrement pas. Tu m'as étonné, dans le bon sens du terme je veux dire.
Et tes remarques cinglantes et acides m'ont plu aussi. Je n'aurais jamais cru qu'un humour noir pouvait sortir d'un esprit si aiguisé et d'une bouche aussi merveilleuse. Sache que tu utilises à merveille l'ironie Miss …
Bref, comme ton invitation, ta proposition ou plutôt ton appel à l'aide le demande, je vais répondre par l'affirmative …
Oui, je serais ravi de te donner un cours de langue pratique. En effet, il me semble très important de régler au plus vite les barrières que la langue nous impose. De plus, il faut savoir qu'à notre époque, son emploi est de plus en plus important, ainsi, notez mademoiselle qu'il vaut mieux se diversifier et apprendre de nouvelles expériences.
Je me ferais un plaisir d'être votre prof pour deux ou trois leçons, parait-il aussi que vous ayez un peu de mal avec le sport ? (N'en voulait pas à vos amis qui ont vendu la mèche, je sais être très persuasif, croyez moi …). Je me propose ainsi de mettre mes compétences à vos services Miss.
Votre jour sera le mien, votre heure sera la mienne.
Avec tout mon dévouement,
¤Sirius¤
Oui, je sais très bien me faire du mal. Je crois que la lecture de cette lettre m'a fait plus de peine que l'autre. Peut être parce que Sirius est moi n'étions pas encore ensemble. La fatigue tombe, rapidement, et comme d'habitude, je sombre dans le sommeil, habillée. Je dors sur le sol, dans toute ma misère et j'écoute la pluie tomber au dehors. Et je me dis que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
Le lendemain, c'est le jour du départ. Le retour à Poudlard. C'est fou ce que j'ai envi de retrouver tout le monde …
Oui, il avait raison, je sais parfaitement utiliser l'ironie. Je descends à la cuisine, je mangeotte, je réponds à mes parents par monosyllabes.
Je remonte, et pour la première fois depuis un moment. Je me vois dans la glace, je ne me reconnais plus.
Je finis ma valise, je vais me préparer, je me lave, tout a un goût de déjà vu.
J'essaie de m'arranger sinon les autres ne me reconnaîtront pas. Je fais du bon boulot, je me reregarde et je me trouve presque jolie.
Je descends, je fais la bise à ma mère, je n'ai pas un regard pour elle alors qu'elle me dit de bien travailler et de ne pas faire trop de bêtises.
Je sors de la maison, sentant le vent sur mes joues, je monde dans la voiture, mon père m'attend déjà dedans.
On arrive vite à la gare, pas un mot n'a été échangé. Au moment où je m'apprête à partir …
« Ecoute Hermione, je vois bien que tu n'es pas bien. Il y a un problème. Je sais que tes relations avec ta mère ne sont pas faciles, que vous ne vous comprenez pas, mais fais un effort, parle lui s'il y a un problème. »
Pourquoi ne me propose t-il pas de lui parler à lui tout simplement. Il a peur de mon malheur, peur de ne pas pouvoir supporter ce que je lui dirais, peur de ne pouvoir m'aider ?
De toute façon, je ne l'aurais pas fait. Je n'ai jamais accordé ma confiance facilement, encore moins ces derniers temps, et si je devais me confier, ce ne serait sûrement pas à lui ou à ce qui me sert de mère …
Je peux être dure parfois, heureusement que ma pensée n'a pas dépassé mes lèvres …
Je lui fais un sourire, forcé, crispé, comme ces derniers temps.
Je descends de la voiture, je ne lui fais pas de signe, je pense qu'il ne s'y attendait pas de toute façon. Je m'engage. Pour la première fois depuis 6 ans, je n'ai pas peur devant le mur.
Je le traverse, et me voilà dans ce qui était mon monde.
Je monte vite dans le train, je ne veux pas traîner. A peine montée, une chevelure rousse me tombe dessus. C'est Ginny, je souris plus pour lui faire plaisir que sincèrement …
« Salut ! Tu vas bien ? »
A ton avis ?
« Ca va … et toi, Ron a pas été trop lourd pendant la fin des vacances ? »
Elle me lance un regard lourd de sens. Tout cela me semble si futile.
« Au fait, tu as pensé à me ramener le livre que tu m'avais promis ? »
Je la regarde, atterrée …
« Quel livre ?
- Ben tu sais, un livre moldu, on en parlait pendant la dernière année à Poudlard. Ca s'appelle La Vie en Rose (4), ou un truc comme ça … »
Ca me semble dérisoire, je ricane doucement. Je me penche, j'ouvre ma valise, je fouine, je cherche. Et finalement, je le trouve, je me rappelle l'avoir mis. Je me demande comment j'y ai pensé. Je lui rends et elle me fait un sourire.
Alors que je me penche pour fermer ma valise, une couleur rose me frappe.
Les lettres de Sirius !
Elles sont là, dans ma valise. Je ne sais pas comment elles ont atterri ici.
Je préfère ne pas y réfléchir tout de suite, je referme vite la valise et je suis Ginny jusqu'à la cabine.
Là, on me saute dessus, Neville, Ron aussi malheureusement …
On me pose des questions, je réponds évasivement. Et je le vois, je vois Harry. Il est si pâle, peut être comme moi. On dirait qu'il vit à moitié. Il a la tête posée contre la vitre et regarde paresseusement dehors. Le train démarre. J'ai hésité, puis je m'approche de lui.
Il se retourne surpris, et me prend dans ses bras. Je ne sais pas combien de temps on reste comme ça. Mais j'entends la porte s'ouvrir, une voix froide se fait entendre.
« Miss Granger, on vous attend dans le compartiment des préfets. »
J'avais complètement oublié. J'essaie de me recomposer, je sors sans un regard pour les autres. Je marche, silencieusement, Rogue devant moi. Je sais qu'il a mal, pas autant que moi, mais il a mal.
J'ouvre la porte, Malefoy est déjà là. Assis sur la banquette, la tête en arrière, les jambes écartées qui retombent. Je dois dire que dans son style, il est pas mal. Je rentre, Rogue me fait signe qu'il arrive plus tard.
Je m'installe, en face du Serpentard. Au bout d'un moment, il se redresse et me toise.
« Tiens la Sang de Bourbe. T'as passé de bonnes vacances avec Potty et Weasel chéri ? »
Pour une fois, ça me fait sourire. Je veux dire, un vrai sourire, pas un factice comme je fais à Ginny.
Je lui souffle quelques mots …
« Merci Malefoy »
Il a l'ai estomaqué, oui, y'a de quoi …
« Pourquoi Merci ? »
Il me demande ça vivement, presque violemment.
« Merci d'être toi et de ne changer pour rien au monde »
Je suis sincère, il le sait, et c'est ça qui l'étonne le plus. Il se contente de hocher la tête, de faire son sourire malfaisant et il retourne à sa position. Une année avec lui, ça risque d'être mouvementé …
Finalement Mc Gonagall arrive avec Rogue. Rapidement, ils nous font le topo. On écoute à moitié. Le train s'arrête, je descends. Je retrouve Harry, Ron et les autres dehors. On s'avance, on rentre dans le château.
Sentiment de vide.
On rendre dans la grande salle, on s'installe. Le choixpeau chante.
Sentiment inexistant.
La répartition commence, les élèves rient, les professeurs parlent. Peeves jouent des tours aux premières années, les préfets demandent le calme. Certains fantômes se présentent, des élèves pleurent, d'autres hurlent leur joie.
Je croise le regard de Malefoy dans toute cette effervescence. J'y lis le même que le mien.
Sentiment d'irréalité.
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(1) Poème d'Apollinaire extrait du recueil Alcools.
(2) Proverbe africain
(3) Citation de Mûhammad Al-Faytûry extrait de Norin et Tarabay
(4) La Vie en Rose – Mode d'emploi. Livre de Dominique Glocheux aux éditions Albin Michel. « Petit manuel du savoir vivre, pour apprivoiser le bonheur en savourant 512 propositions, maximes ou conseils. Voir tout en rose. »
Numéro 135, page 67 : « Rire guérit tous les bobos. Dépassez la dose prescrite … »
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Musique écoutée pendant l'écriture de ce chapitre :
- Toxicity, System of a down (en particulier Forest, Atwa, Science, Shimmy, Toxicity, Psycho et Aerials)
- The Scientist, Coldplay
- 74', 75', The Connels
- Behind Blue Eyes, Limp Bizkit
- Si je pouvais seulement lui manquer, Calogero
- Nothing else matter, Metallica
- Knocking on heaven's door, Gun's and roses
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