Chapitre 1 : Un jour, je serai comme toi

Un magnifique couché de soleil nimbait cette chaude soirée d'août 1971. Dans les rues, des enfants se hâtaient de retourner à la maison, sous l'œil vigilant de leurs mères. Un jeune garçon courait sur le trottoir en direction de chez lui. Derrière, une petite fille d'environ 7 ans tentait de le suivre, courant à toutes jambes.

- Zames ! Zames, attend moi ! pleurniche la petite fille

- Tu n'as qu'à courir plus vite, le nain de jardin ! réplique James Potter

- Ze ne suis pas un nain de zardin ! Z'ai peur du Chat Maringo, Zames ! Il va me manger … attend moi

James Potter soupira et s'arrêta. Il en avait marre de traîner sa petite sœur partout. Oui, elle était adorable avec ses petites tresses et son mignon sourire, mais c'était un bébé ! Pourquoi sa mère l'obligeait-elle à s'en occuper ? Le Chat Maringo ! Quelle idiotie ! Lui, James, n'avait pas peur de cette invention farfelue. Les filles étaient si peureuses ! Il entendit les pas précipités de sa sœur derrière lui, puis sentie une petite main dans la sienne.

- Mici Zames …

- Bah ! Il n'y a rien là, dit-il en haussant les épaules

Les deux enfants marchèrent jusqu'à une petite maison victorienne. Un balcon en faisait complètement le tour et une balançoire était accrochée à la façade, se balançant au gré du vent. Un immense arbre ornait le terrain magnifiquement parsemé de fleurs. Une douce odeur sortait par la fenêtre ouverte, et les enfants se hâtèrent de rentrer.

- Allez vous laver les mains avant de passer à table, dit madame Potter

Obéissants, les enfants Potter allèrent se laver les mains, et vinrent s'installer à la table. Leur père entra peu de temps après. Il ébouriffa les cheveux récalcitrants de son fils, embrassa sa fille et sa femme, puis s'assied avec eux. Ils mangeaient, bavardant de tout et de rien, lorsqu'un hibou frappa à la fenêtre. Madame Potter se leva et alla lui ouvrir. Le hibou alla directement vers James et déposa une lettre devant lui. La petite fille observa son frère avec envie. Pourquoi recevait-il une lettre ? Elle en voulait une, elle aussi.

- Zames à une lettre ? dit Amélia. Z'est quoi ?

- C'est une lettre de Poudlard, dit madame Potter avec ravissement.

- Ze veut moi auzi ! dit Amélia en regardant James avec ferveur

- Poudlard n'est pas pour les bébés pleurnichardes, dit-il avec un certain amusement

Madame Potter regarda son fils en soupirant. Bien qu'il adorait sa sœur, il s'amusait ferme à la taquiner. Elle avertie sévèrement James, puis regarda son époux avec désespoir. Amélia, rabrouée par son frère, se mit à bouder, les larmes aux yeux, en tripotant les aliments dans son assiette. Elle n'était pas un bébé pleurnicharde ! Elle avait 7 ans, elle était une grande fille ! Puis, que James parte d'abord ! Bon débarras … elle aurait sa maman pour elle toute seule. Essuyant son petit nez de sa main, elle regarda son frère avec colère. Celui-ci était en train d'ouvrir sa lettre en vitesse et se mit à lire la liste de ses fournitures scolaires.

- Il me faut un chaudron et un balai … et un animal magique, dit James. Je veux un hibou, maman, ajoute t-il

- Ze veut un zibou moi auzi ! dit Amélia

James regarda sa sœur avec exaspération. Pourquoi fallait-il qu'elle veuille toujours faire la même chose que lui ? Ce qu'elle pouvait l'énerver ! Il regarda sa mère, retenant une phrase incendiaire, puis poursuivit la lecture de sa lettre.

Le lendemain, la famille Potter partie pour le Chemin de Traverse. Amélia tenait la main de son père et gambadait allégrement. Elle regardait les boutiques avec émerveillement et ne cessait de poser des questions. Ce qu'elle pouvait en poser en une seule journée ! C'était inimaginable ! Ils arrivèrent enfin à la Ménagerie Magique. Amélia, n'ayant pas oublié qu'elle aussi voulait un hibou, se mit à sautiller sur place.

- Ze veut un zibou, ze veut un zibou !

- Ma chérie … un hibou demande beaucoup d'entretien, dit monsieur Potter

- Ze veut un zibou … dit Amélia d'un ton pleurnichard

- Tu n'aimerais pas mieux un petit chat ? questionne monsieur Potter

Amélia regarda vers les petits chatons et alla vers eux. Elle passa le doigt dans la cage et un petit chaton gris s'approcha d'elle. Il lui sentie le doigt, se mit à ronronner et lui donna de petits coups de langue. La petite fille se mit à rire et regarda son père.

- Regarde papa … le zaton. Ze veut le zaton ! dit-elle

Monsieur Potter sourit et prit le chat. Puis ils allèrent rejoindre James et madame Potter, qui regardaient les hiboux. Cet animal semblait fort populaire cette année, puisqu'une horde d'enfants les observaient avec excitation. Parmi eux, un petit garçon à l'air maladif se tenait aux côtés de James. Amélia le regarda d'un air intéressé, puis tapa sur l'épaule de son frère.

- Zames ! Z'ai un zaton, dit-elle avec fierté

- C'est très bien, Pupuce, dit James en ne quittant pas les hiboux des yeux

Amélia fit un immense sourire et attendit que son frère se décide. Elle regardait le petit garçon qui avait l'air malade. Il semblait gentil … Alors qu'elle allait lui parler, il choisit un hibou et parti avec ses parents. Finalement, James se décida pour un Grand Duc et ils purent enfin compléter leurs achats.

Les deux semaines suivantes passèrent en un éclair. Bien vite, ce fut le temps de partir pour Poudlard. Amélia, qui avait passé la nuit entière à pleurer, se leva en ronchonnant. Elle ne voulait pas, que son frère s'en aille ! Elle allait trop s'ennuyer de lui. Par conséquent, elle passa tout le matin à le suivre partout, allant même jusqu'à se planter devant la porte des toilettes en attendant qu'il en sorte. Avec tristesse, elle suivit ses parents à la gare et bouda intensément sur le quai d'embarquement. James aussi avait le cœur lourd. Il ne voulait pas se l'avouer, mais sa sœur allait lui manquer. Il l'a regarda et sourit. Elle était si mignonne lorsqu'elle boudait.

- Allons Pupuce … tu seras la première à qui Razmot amènera une lettre, dit-il

- Pour vrai ? dit Amélia. Ze vais avoir une lettre, Zames ?

- Bien entendu … dit-il en passant la main dans les cheveux de sa sœur

Cela sembla redonner de la joie dans le cœur de la fillette, qui regardait maintenant le train avec émerveillement. Il était si gros, et faisait beaucoup de bruit. Elle se remit donc à poser des questions. Où se rendait le train ? Qui l'avait construit ? Et, pourquoi donc ne pouvait-on pas se rendre à Poudlard en balai ? Elle parlait comme une petite pie, pointant des élèves et leurs parents, tout en posant des questions.

- Dit donc … elle parle beaucoup, dit un garçon aux longs cheveux noirs et à l'allure enjôleuse

James se retourna et regarda le garçon qui osait faire un commentaire sur sa sœur. D'un ton remplit d'avertissement, il répondit :

- Oui … et c'est ma petite sœur

- Ha … moi, je n'ai qu'un frère. Une vraie tache ! Je suis Sirius Black, et toi ?

- James Potter, répondit-il

Les deux garçons se sourirent, puis ils attendirent le signal d'embarquement. Un peu plus loin, Remus Lupin attendait avec ses parents. Il ne voulait pas aller à Poudlard, Il n'aurait pas d'amis … il était trop différent. Il avait supplié ses parents de ne pas l'envoyer, mais ils n'avaient rien voulu entendre. Remus regardait les autres avec tristesse, puis aperçut la petite fille qu'il avait vue à la Ménagerie. Elle semblait ne pas vouloir se taire, et piaillait joyeusement. Il sourit, et le sifflement du train se fit entendre. Les passagers prirent leurs effets et avancèrent vers le train. Entendant le sifflet de la locomotive, Amélia prit la main de James et le regarda d'un air suppliant.

- T'en va pas, Zames …

- Pupuce … je dois y aller, dit James en embarquant dans le train

Amélia se mit à pleurer à chaudes larmes. Elle regarda son frère s'engouffrer dans le train, puis le suivit des yeux par les fenêtres. Lorsque le train démarra, elle se mit à courir sur le quai, implorant son frère de revenir. Monsieur Potter l'a rattrapa et l'a prit dans ses bras. La petite fille appuya la tête contre l'épaule de son père et hoqueta.

- Zames est parti …

- Oui, chérie … mais il reviendra, dit monsieur Potter

Lentement, il marcha vers sa femme, l'a prit par la taille et ils rentrèrent chez eux.

Cette nuit là, Amélia Potter mit beaucoup de temps à s'endormir. Elle regardait les étoiles en serrant son toutou contre son cœur. Alors que le sommeil l'a gagnait, elle murmura :

- Zames … ze veut être comme toi.