Chapitre 4 : Entre deux mondes

Comme il fallait s'y attendre, Amélia bombarda littéralement James de questions à propos du Loup-Garou. Son frère fut muet comme une tombe, se contentant de lui dire de se taire. Qu'à cela ne tienne ! Amélia se tourna vers Sirius et s'empressa de lui demander qui était le Loup-Garou. Était-ce Remus ? Comment il l'avait découvert ? Où menait la trappe ? Pourquoi ? Sirius fut aussi muet que James, ne trahissant pas le secret de Remus. Amélia persista, inlassable, et questionna Peter, qui semblait ne plus savoir où se mettre.

- Remus … dit Peter

- Quoi, Remus ? questionne Amélia. C'est lui le Loup-Garou ? ajoute t-elle

- Peter ! Taie-toi à la fin ! dit James. Amélia cesse de poser des questions … tu est exaspérante !

Amélia poursuivit les trois garçons jusqu'à leur Salle Commune, les bombardant de demandes et de questions. Ils se terrèrent dans leur Salle, laissant Amélia brûlante de soif de connaissances.

Lorsque Remus revint au château le lendemain, James lui expliqua ce qui c'était passé avec Rogue. Il fut apeuré en sachant que cela aurait put mal tourner. Il n'avait pas encore eu le temps de digérer la nouvelle, lorsqu'il remarqua le malaise de James.

- James … tu me caches quelque chose, dit Remus en penchant légèrement la tête de côté. J'ai mordu quelqu'un ? demande t-il, inquiet

- Mais non, tu n'as mordu personne, Remus

James se regarda attentivement les doigts, puis les pieds. Il n'osait pas vraiment regarder son ami, mais il devait lui dire, avant qu'Amélia lui tombe dessus. Il passa la main dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus.

- C'est que … ma sœur se doute de quelque chose, commença James

- Quoi ? demande Remus

James se repassa la main dans les cheveux et soupira. Finalement, il regarda son ami dans les yeux et lui raconta toute l'histoire. Remus écouta attentivement, puis regarda le plafond en soupirant. Il mit ensuite les mains dans ses poches et dit :

- Je suppose, que je dois tout lui dire

- Tu n'est pas pour le dire à ma sœur ! s'exclame James

Au fond de son cœur, James chérissait leur secret. C'était le secret des Maraudeurs, un lien indestructible entre eux. Ils étaient Cornedrue, Patmol, Queuvert et Lunard … Ils n'avaient pas besoin d'une pie pour partager leur secret. Remus regarda James et lui sourit.

- Tu connais ta sœur mieux que moi, James. Tu sais très bien, qu'elle ne lâchera pas le morceau tant qu'elle ne saura pas. Et, quelqu'un de mal intentionné risque d'entendre ses questions

- Mouais, répondit James, peu convaincu

La nuit venue, James accompagna donc Amélia jusqu'au Saule Cogneur. Remus l'attendait dans la Cabane Hurlante, afin de tout lui raconter. Évidemment, Amélia ne tenait plus en place et énervait James avec ses questions. Il prit une branche, appuya sur le nœud et lui intima de se taire et d'y aller pour l'amour de Merlin ! La fillette se précipita dans le trou et entra dans le tunnel. Elle marcha rapidement jusqu'à la trappe, leva les mains pour la pousser, mais elle était trop petite pour l'atteindre.

- Youhou ! appela t-elle

Remus, qui l'attendait nerveusement assis sur les escaliers, l'entendit appeler. Il se leva en soupirant et ouvrit la trappe. Amélia leva la tête et regarda Remus avec de grands yeux. Il fut touché par son regard remplit d'innocence et lui sourit. Elle lui rendit son sourire et sauta dans les airs, afin de s'agripper aux parois de la trappe pour entrer. Mais, elle n'y arrivait pas, elle était trop petite. Remus fit un petit sourire, se coucha sur le ventre et lui tendit la main. Amélia tendit la sienne et agrippa la main de Remus, qui l'a tira jusque dans la Cabane. Aussitôt entrée, Amélia se mit à poser des questions.

- On est où ici ? Il fait noir, pourquoi ? Pourquoi, il y a des planches dans les fenêtres ? C'est toi, le Loup-Garou, Remus ?

Le jeune homme mit les mains dans ses poches, pencha un peu la tête et sourit.

- Si tu te taies, je te raconte tout. Mais, s'il te plait, ne pose plus de questions, d'accord ? lui dit-il

- Heu … d'accord, répondit Amélia, peu certaine qu'elle arriverait à faire ça

Il alla s'asseoir sur une marche et fut rapidement rejoint par Amélia. Il croisa les doigts et débuta :

- Nous sommes dans la Cabane Hurlante, et …

Amélia ouvrit la bouche pour poser une question, mais la referma aussitôt. Elle ne devait pas poser de questions … Remus sourit devant son attitude et poursuivit.

- C'est le Directeur Dumbledore qui a fait construire cette cabane et planté le Saule Cogneur pour protéger l'accès, lors de ma première année à Poudlard. C'est aussi lui, qui a fait véhiculer l'histoire qu'elle était hantée, afin d'empêcher les gens d'y entrer. Bien entendu, il y a un sort de protection, au cas où il y aurait des téméraires …

Amélia écoutait attentivement Remus, comme suspendue à ses lèvres. Elle le fixait, la bouche légèrement entrouverte, buvant littéralement ses paroles. Remus lui jeta un bref coup d'œil et sourit. Il se sentais comme un conteur de légendes ou comme … un professeur. Il se tut quelques instants, en pleine réflexion. Professeur … oui, il aimerait bien faire ce métier. Il reprit ses sens en percevant un mouvement à ses côtés. Amélia s'impatientait et se mordait la lèvre inférieure, pour ne pas poser de questions. Il lui sourit à nouveau et raconta la suite.

- J'ai été mordu par un Loup-Garou lorsque j'avais 10 ans. Il y a deux façons de devenir un Loup-Garou. Être mordu, ou être né d'un ou de deux parents Loup-Garou. S'il y a des planches aux fenêtres, c'est pour que je ne puisse pas sortir.

Il l'a regarda dans les yeux et ajouta :

- James, Sirius et Peter sont devenus clandestinement des Animagus, afin de me tenir compagnie lors de mes transformations. Maintenant, Amélia, tu dois me promettre de garder le secret sur tout.

Amélia regarda aussi Remus dans les yeux. Elle le trouvait encore plus mignon et craquant maintenant qu'elle savait. Elle avala sa salive et murmura :

- Je te promet, Remus

Il l'a regarda quelques secondes dans les yeux, comme pour évaluer sa sincérité, puis sourit.

- Maintenant, si tu as des questions, tu peux les poser.

C'était la phrase à ne pas dire. Il en aurait pour des heures à lui répondre. Dès qu'elle entendit le mot « questions », elle les déballas toutes d'une traite.

- Est ce que ça fait mal ? Quand tu te transforme, je veux dire … ça fait mal ? On sent quoi ? C'est vrai, que tu n'as pas conscience de ce que tu fais ? Tu manges quoi, si tu restes enfermé ici ? C'est toi, qui te griffe comme ça ?

Remus leva la main vers elle, afin de la faire taire.

- Je peux répondre avant que tu poses d'autres questions, Pupuce ?

Amélia se tut brusquement. C'était la première fois qu'il l'appelait avec son sobriquet. La rougeur de ses joues fut camouflée par l'ambiance sombre de la pièce et elle hocha lentement la tête pour acquiescer.

- Non, ça ne fait pas mal. C'est … inconfortable. On sent notre corps s'étirer et on a parfois l'impression, que nos membres vont s'arracher tellement ça tire. Mais, ça ne fait pas vraiment mal.

Amélia hocha à nouveau la tête, fixant Remus du regard. Il lui sourit et poursuivit.

- C'est vrai, qu'on n'a pas conscience de rien. On ne reconnaît plus personne et on pourrait attaquer notre meilleur ami, sans en avoir conscience. Lorsqu'on revient à nous, on ne se souvient plus de rien. C'est comme si une autre personne prenait possession de notre corps.

- C'est effrayant … murmure Amélia

- Oui … ça l'est, dit Remus. Je mange de la viande crue, que le professeur McGonagall installe ici avant mes transformations. Et, oui, c'est moi qui me blesse, termine t-il.

Amélia quitta Remus des yeux et regarda autour d'elle. Des poutres étaient brisées, des portes arrachées de leurs gonds, plusieurs barreaux de la rampe d'escalier manquaient. Elle vit même des traces de griffes sur les murs. La cabane transpirait la douleur et la rage. Amélia regarda les mains de Remus et instinctivement les prit dans les siennes. En les observant mieux, elle vit de profondes coupures ainsi que quelques ongles arrachés. Comme cela avait dut lui faire mal, de la hisser jusqu'ici …

Elle leva des yeux brillants de larmes vers lui et croisa son regard tendre. Sans un mot, elle avança vers lui et lui donna un petit baisé sur la joue. Elle se leva ensuite, se rendit à la trappe et sauta en bas. Remus l'a suivit des yeux et se leva à son tour. Il marcha jusqu'à la fenêtre et regarda la lune en décroissance entre les failles des planches.