Chapitre 12 : Exil
Un train filait dans la nuit, perçant le décor exotique de l'Australie. Ce n'était pas un train ordinaire, non … c'était le Ansell, le train de l'école de sorcellerie Ansell. Habituellement, le train ne sortait pas de gare au mois de janvier, mais ce n'était pas une circonstance habituelle. Cette fois, la douleur était à son bord.
Amélia fixait la noirceur de la nuit d'un air attristé. Après l'enterrement de James et Lily, l'Ordre avait décidé de cacher la jeune fille, afin de la protéger contre les représailles des Mangemorts. Après tout, elle était un témoin de ce qui s'était passé, et les disciples de Voldemort aurait bien aimé mettre le grappin sur elle. Pendant deux mois, les membres de l'Ordre discutèrent et convinrent que le meilleur endroit se trouvais en Australie, où la concentration de Mangemorts était moindre.
En ce 1er janvier 1982, Amélia Potter débuta son exil. Elle soupira et regarda tristement le compartiment. Elle n'arrivait pas à croire à ce qui c'était passé. Il lui semblait, que tout ça n'était qu'un cauchemar et qu'elle allait se réveiller d'un moment à l'autre. La jeune fille retint un sanglot et ferma les yeux. Sirius … Sirius avait trahis James et Lily. Enfin c'est ce que tout le monde disait. Mais, Amélia ne voulait pas le croire … elle ne pouvait pas le croire. C'était impossible ! Au fond de son cœur, elle savait que Sirius n'aurait jamais fait ça. Mais, il fallait se rendre à l'évidence. Il était le gardien du secret de James. Qui d'autre aurait put informer Voldemort de l'emplacement de la demeure des Potter, sinon leur gardien du secret ?
Étouffant ses larmes, Amélia ouvrit les yeux et regarda à nouveau à l'extérieur. Bien qu'elle ne vit rien, à cause de la noirceur, elle pouvait deviner diverses formes derrière la fenêtre. Doucement, elle posa la main sur la vitre et le froid ne tarda pas à s'incruster en elle. Ansell … elle se rendait à Ansell. L'école de Sorcellerie d'Australie serait son dernier rempart. Mais, Amélia n'avait plus envie d'étudier. Que lui servait son intelligence et ses connaissances, si elle n'avait plus son frère ? Tout cela était inutile … que de la poudre aux yeux. Lorsque le train ralenti, elle retira sa main gelée de la fenêtre, et fixa le vide. Elle devait sortir et faire face à la vie … seule.
Elle se leva donc, prit ses maigres bagages et sortie du compartiment. Elle traversa le couloir désert et descendit du train. Un petit homme aigrelet l'attendait.
- Vous êtes Amélia Potter, dit-il
- Oui, murmure t-elle
- Je suis Rohr, le garde chasse d'Ansell
Amélia lui fit un bref sourire. Qu'est ce qu'elle en avait à faire, qu'il soit Rohr, le garde chasse ? Le petit homme regarda la jeune fille d'un air triste. Comme tout le monde de la communauté sorcière, il était au courant pour la mort des Potter. Et, surtout, pour l'histoire du Survivant. Il l'observait donc attentivement, comme si elle était une quelconque bête de foire pouvant répondre à ses nombreuses interrogations. Amélia le regarda d'un air impassible. Ce Rohr lui était complètement indifférent.
- Suivez moi, dit-il après de longues minutes
Sans un mot, Amélia le suivit et grimpa dans une carriole semblable à celles de Poudlard. Tristement, elle regarda les arbres assombrit par la nuit, sans même regarder les lumières du château d'Ansell se détacher contre les cieux. Pour elle, aucune splendeur ne peuplait ce monde. Lorsque la carriole s'arrêta, Rohr lui ouvrit la porte et elle descendit. Elle le suivit jusqu'à la Salle des Professeurs, où le Directeur Salmon Schreiber l'attendait. Schreiber était un homme presque aussi vieux qu'Albus Dumbledore. Beaucoup plus massif, sans barbe et les cheveux courts, il avait une allure avenante et jovial de bon vivant. Il se retourna à l'arrivée de sa nouvelle élève et la regarda avec attention. Il lui sourit chaleureusement et alla vers elle.
- Bienvenue, miss Potter. Malgré les circonstances malheureuses qui nous affligent tous, je suis heureux de vous comptez parmi mes élèves, dit-il
- Merci, murmure Amélia
Le Directeur Schreiber regarda brièvement Rohr et lui fit signe de quitter la pièce. Le garde chasse s'exécuta, non sans avoir jeté un dernier regard vers la jeune fille. Le vieil homme s'installa confortablement dans un fauteuil et invita Amélia à faire de même. Elle soupira, fatiguée de son long voyage, mais elle obéit. Elle regardait le sol, sans un regard ni un mot pour le Directeur Schreiber, dont elle se foutais presque autant que du garde chasse. Souriant légèrement, le Directeur prit la parole d'une voix douce et bienveillante.
- Miss Potter, je sait que c'est difficile …
- Non, vous ne le savez pas ! lui rétorque Amélia en relevant vivement la tête. Vous n'en savez rien ! Savez vous ce que c'est que de perdre ses parents subitement, puis de perdre son frère et sa belle-sœur deux ans après ? Savez vous ce que c'est que de se faire retirer des bras la seule famille qu'il vous reste ? Savez vous ce que c'est, que de ne plus jamais voir l'homme que l'on aime ? Savez vous ce que c'est que d'être obligé de partir en exil ? Savez vous ce que c'est, que de tout perdre ? Non, ça me surprendrait beaucoup, monsieur !
Le Directeur la regarda aimablement, puis dit doucement.
- Non, je ne sait pas ce que c'est, miss Potter. Mais, je peux parfaitement imaginer ce que cela fait …
Amélia le jaugea, puis détourna le regard. Il pouvait bien parler, le vieux rabougri ! Elle se contenta d'hausser les épaules et de fixer le vide à nouveau. Schreiber était un homme très sensible et il pouvait ressentir la douleur de la jeune fille jusque dans sa chair. Le Directeur Dumbledore lui avait envoyé un hibou, lui spécifiant qu'Amélia Potter était une jeune fille très intelligente. Il n'en doutait point, mais il avait peur qu'elle refuse toute forme d'apprentissage maintenant qu'elle avait tout perdu.
- Vous êtes ici chez vous, miss Potter. L'accès à cette salle vous sera continuellement ouverte. Sâchez, que si cela vous prend deux ans à terminer votre dernière année, il en sera ainsi. Albus Dumbledore vous considère comme sa plus brillante élève, et nous serions tout deux malheureux, si vous ne terminiez pas votre formation, dit-il
- Mouias … répondit Amélia
Le Directeur n'en rajouta pas plus. Il voyait bien, qu'elle souffrait trop pour ouvrir son cœur et ses oreilles à ses paroles de réconfort. Il soupira et se leva. Il marcha avec difficulté jusqu'à une étagère. C'était toujours comme ça, lorsqu'il demeurait assis trop longtemps. Ses vieilles jambes ne voulaient plus suivre le rythme de son esprit resté jeune. Il prit un chapeau, et revint vers Amélia. Avec précaution, il lui mit sur la tête. Amélia se retint vivement, afin de ne pas le retirer et le lancer au bout de ses bras. Elle ne voulait plus apprendre … elle ne voulait plus rien.
Un esprit de vengeance plane en toi, ma toute belle. Mais, tu sait … ça ne sert à rien de se venger, c'est Chapounet qui te le dit. La vengeance réduit le cœur à néant et le tien est pur et doux. Ne l'emprisonne pas derrière la haine. Les gens qui nous quittent ne nous laisse jamais … ils sont toujours auprès de nous, et tu as pleins de gens qui t'aime dans ton cœur. Ne les déçois pas. Tu ne veux plus apprendre ? Mais, la vie est apprentissage … Tu renies ton intelligence ? Mais, c'est elle qui te donne vie … Tu apprendras … oui, tu apprendras. Et, tu transmettra ton savoir, Chapounet le sait bien. EVERZWIJN!
Amélia écouta la litanie de Chapounet les larmes aux yeux. Elle savait, qu'il avait raison, mais refusait de le voir. Lorsqu'il s'écria « Everzwijn », Amélia fronça les sourcils. C'était quoi ça « Everzwijn » ? Un sorte de potion déconstipante ? Elle regarda le Directeur Schreiber, alors qu'il retirait le chapeau en souriant. Il savait que ce cher Chapounet trouverait les mots justes.
- Qu'est ce que cela veut dire Everzwijn ? questionne t-elle en massacrant la prononciation du mot
Schreiber sourit en constatant que la jeune fille n'avais put s'empêcher de poser la question. Malgré ce qu'elle croyait penser, elle possédait toujours la soif d'apprendre. Il alla ranger le chapeau et revint s'asseoir.
- Everzwijn veut dire Sanglier. Vous avez été répartie chez les Everzwijn, qui est l'équivalent de la maison Serdaigle, dit-il en souriant. Les sangliers sont intelligents et sans ennemis … termine t-il
- Si je n'avais pas d'ennemis, monsieur le Directeur, je serais chez moi, dit Amélia
- En effet … mais les Everzwijn se défont toujours de leur ennemis avec intelligence et vivacité d'esprit, dit le Directeur en se levant.
Amélia regarda son nouveau Directeur et lui fit un bref sourire. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, s'il désirait croire à ces âneries. Schreiber lui sourit, puis lui dit :
- Il est maintenant temps de rejoindre votre Salle Commune et d'aller vous reposer, miss Potter …
Amélia ne se fit pas prier. Elle était épuisée tant moralement que physiquement. Elle suivit le Directeur, prit note du mot de passe et alla dormir.
Au fil des mois, il devint évident que Chapounet avait eu raison. Amélia reprit goût à la connaissance et malgré la peine qu'elle ressentais, elle sut faire honneur à son intelligence. Elle termina sa septième année de formation en juillet 1983, puis quitta définitivement le château Ansell, afin de vivre sa vie d'exil.
Dès la fin de son année d'études, Amélia décida de prendre un temps de repos. La mort de ses parents, combinée à celles de James et Lily, lui pesaient encore énormément. Enrôlée dans l'engrenage de ses études, elle n'avait put vivre amplement ses deuils. Âgée de 19 ans, la jeune femme trouva donc un emploi dans une ménagerie magique. Elle y travailla pendant deux ans, amassant des Gallions, afin de s'offrir un petit appartement.
Un jour de juin 1985, alors qu'elle se trouvais chez elle, Amélia se surpris à relire ses volumes de classe. Elle comprit qu'il était temps pour elle de reprendre là où elle avait laissé. Elle s'inscrivit donc à l'Institut Supérieur des Maîtres, afin de devenir enseignante. Au fond d'elle même, elle savait qu'en tant que professeur, on apprenait toujours, étant obligé de se tenir à jour dans les diverses matières. La carrière d'enseignante était, de ce fait, parfaite pour elle. Amélia se lança corps et âme dans sa formation de professeur, tout en travaillant à temps partiel à la ménagerie.
Toutefois, bien qu'elle fut fort occupée, pas un jour ne se passait sans qu'elle pense à Remus. Il lui manquais terriblement, plus intensément à chaque seconde qui s'écoulait. Lors des nuits de Pleine Lune, elle veillait toujours, regardant l'astre lunaire avec tristesse et nostalgie. Comme elle aurait aimé être auprès de lui, et le serrer dans ses bras. Comme elle aurait aimé se réveiller chaque jour à ses côtés et veiller sur son sommeil tourmenté. Son âme s'envolait alors, voyageant dans la nuit, et parvenais à la Cabane Hurlante afin de couvrir l'homme qu'elle aimait de tendresse.
Les années passèrent, et Amélia devint finalement enseignante en juillet 1989 à l'âge de 25 ans. Elle trouva un emploi comme professeur de Défenses contre les Forces du Mal à Ansell, poste qu'elle occupa jusqu'en juin 1995.
Telle fut la vie d'exilée d'Amélia Jane Potter.
