Chapitre 18 : Je te donne le monde
Les feuilles du Saule Cogneur commençaient tout juste à rougir, lorsque Remus et Amélia revinrent à Poudlard. Ils avaient découvert, que non seulement plusieurs Loups-Garous avaient l'intention de rejoindre Voldemort, mais qu'ils étaient menés par Greyback, le lycanthrope sanguinaire qui avait mordu Remus. Cette nouvelle avait légèrement bouleversé ce dernier, et c'est avec angoisse que débuta la nouvelle année scolaire.
Descendant de son bureau, Amélia, le teint un peu plus pâle qu'ordinairement, sourit à ses élèves de première année, déjà sagement installés. Elle regarda brièvement ses notes de cours, puis marcha lentement dans les rangées.
- Bonjour … je suis le Professeur Potter, et je vous apprendrai comment vous défendre, et surtout, contre qui ou quoi
- Professeur ? questionne une élève de Poufsouffle. C'est vrai, que vous êtes la tante d'Harry Potter ?
Un murmure remplit d'interrogation s'éleva dans la classe et Amélia sourit. Elle regarda la petite fille avec douceur et lui répondit avec une légère pointe d'amusement.
- Je suis non seulement sa tante, mais je suis aussi sa marraine
- Hoooo ! répondit la petite fille d'un ton admiratif
Amélia se retint de rire et poursuivit son passage dans les rangées, regardant les noms de ses nouveaux élèves, inscrits bien visiblement sur leurs cahiers. Elle s'arrêta quelques instants, très légèrement étourdie. Elle fronça les sourcils, se maudissant de ne pas avoir déjeuné ce matin. Mais, elle n'avait plus vraiment faim depuis quelques jours … que pouvait-elle y faire ? Lorsqu'elle forçait la note, elle était au prise avec des nausées récurrentes. Passant la main dans ses cheveux, elle se retourna et regarda les petits visages levés vers elle, dans une attitude frôlant l'adoration. Elle sourit, oubliant automatiquement ses malaises devant la soif de connaissances de ces petites âmes.
- Aujourd'hui, nous allons apprendre ce que sont les Épouvantards. Quelqu'un parmi vous le sait ? dit-elle
Un silence paisible voltigea dans la pièce, certains élèves se jetant de brefs regards entre eux, pendant que d'autres cherchaient frénétiquement dans leurs livres. Amélia s'adossa contre le mur, et leur laissa le temps de trouver l'information. Elle les regardaient en souriant, tentant de respirer profondément, afin d'enrayer la soudaine nausée qui avait montée en elle. Elle n'avait pourtant rien mangé ! Comment se faisait-il, qu'elle ai mal au cœur ? Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas une main se lever.
- Professeur ? dit le petit garçon de Serdaigle
- Oui ? répondit-elle doucement, en le regardant
- Un Épouvantard, c'est une créature qui prend l'apparence de notre plus grande peur. On ne sait pas à quoi ils ressemblent vraiment … parce qu'aussitôt qu'ils sont en face de quelqu'un, ils se transforment en quelque chose d'effrayant, dit-il d'un ton professoral
- Excellent … dix points pour Serdaigle, dit-elle en souriant
Amélia se décolla du mur et poursuivit son chemin dans les rangées. Elle se sentait de plus en plus mal, et craignait de ne pas pouvoir terminer son cours. Avalant sa salive et passant la main dans ses cheveux, elle poursuivit.
- Les Épouvantards ont donc la propriété de prendre n'importe quelle apparence, selon la personne à qui ils font face. Ce sont des caméléons, en quelques sortes. Où risquons nous de les retrouver ?
Elle se retourna vers ses élèves et tout devint noir. Perdant subitement la notion de ce qui l'entourait, elle vacilla, puis perdit conscience. Les pauvres élèves de première année paniquèrent. Leur professeur était morte ! Elle était morte ! Ils avaient entendu parler, par leurs frères et sœurs aînés, de la malédiction planant sur les professeurs de ce cours, et ils étaient certains qu'elle venait encore de frapper. Plusieurs petites filles hurlèrent et se mirent à pleurer, pendant que les petits garçons tentaient d'avoir l'air de braves hommes forts. Dans un ras de marée humain, ils se levèrent tous d'une traite et sortirent de la classe en s'époumonant. Dans leur fuite, ils croisèrent Harry, Ron et Hermione, qui les regardèrent passer d'un air ahurit.
- Mais … les minus sont devenus fous ? dit Ron
- Ronald ! Ce ne sont pas des minus, voyons ! gronde Hermione
- En tout les cas, il y a quelque chose de pas normal, dit Harry en marchant rapidement vers la classe de défense
- Bof … peut-être qu'ils ont eu peur de Lutins de Cornouailles, que ta tante à amener, dit Ron. Tu sait, les minus …
- RON ! s'exclame Hermione
Ron regarda Hermione et lui sourit. Il adorait la rendre de mauvaise humeur. C'est qu'elle était jolie, avec du feu dans les yeux comme en ce moment. Il rougit un peu et suivit Harry vers la classe du professeur Potter. Lorsqu'ils poussèrent la porte, ils trouvèrent Amélia étendue sur le sol, toujours inconsciente.
- Tante Amélia ! crie Harry en s'élançant vers elle
Ron, qui avait blêmit, demeura sur place, pendant qu'Hermione se précipitait à la suite d'Harry. Lentement, comme à contre-cœur, Ron entra dans la classe à son tour, regardant le corps d'Amélia d'un air apeuré. D'une voix un peu paniquée il demanda :
- Vous … vous croyez que Vous-Savez-Qui est venue et la tuée ?
- Ron ! dit Hermione d'un ton légèrement ulcéré. Tu n'as pas encore lu le livre de l'Histoire de Poudlard ? Enfin, tu devrais savoir ça depuis notre première année ! Il y a un sortilège anti-mage noir sur Poudlard.. Tu-sait-qui ne peut pas venir ici ! dit-elle d'un ton las
- Ha oui .. c'est vrai, dit Ron en s'agenouillant auprès d'Amélia
- Elle respire … informe Harry. Herm, va chercher le Professeur Lupin
Hermione se leva immédiatement et sortie de la classe en courant, laissant Harry et Ron auprès d'Amélia. Elle couru le plus rapidement qu'elle pouvait, et arriva aux escaliers. Elle s'arrêta et attendit impatiemment qu'un d'entre eux arrive à sa hauteur.
- Allez … allez ! marmonne t-elle
- Tu parles toute seule, Granger ? dit ironiquement Drago Malefoy, qui venait d'arriver derrière elle
Hermione se retourna et le fusilla du regard. Elle releva la tête avec hauteur et lui rétorqua :
- La ferme, Malefoy … si tu ne veux pas recevoir un autre coup de poing !
- Houuuu ! s'exclament Malefoy, Crabbe et Goyle avec ironie, pendant que Parkinson rit méchamment
Elle soupira avec rage, puis sauta sur les escaliers qui venaient enfin d'arriver. Sans se préoccuper des Serpentards qui la suivaient en lui lançant des injures, elle descendit les escaliers au pas de course et se rua vers la salle de classe d'Histoire de la Magie. Poussant violemment la porte, elle entra dans la classe en courant et s'élança vers le Professeur Lupin, occupé à donner un cours à un groupe de troisième année.
- Hermione ? Mais, qu'est ce que cela signifie ? dit Remus
- Professeur Lupin ! Venez vite à la salle de Défenses contre les Forces du Mal … il y a un problème avec la tante d'Harry, dit-elle d'un ton essoufflé.
Remus sentie son cœur s'arrêter. Amélia ! Amélia avait un problème ? La malédiction venait-elle de prendre place ? Se forçant à réagir, il contourna Hermione et se rendit rapidement à la porte de la classe.
- Le cours est terminé ! dit-il aux élèves, qui le regardait d'un air ébahit
Hermione repartie au pas de course derrière lui et ils refirent le chemin inverse. Cette fois, lorsqu'ils croisèrent Malefoy et sa bande, aucune insultes ne parvint aux oreilles d'Hermione. Ils n'étaient pas assez stupides pour la traiter de Sang-de-Bourbe devant un professeur.
C'est le cœur paniqué, que Remus atteignit la salle d'Amélia. Il entra précipitamment et la trouva dans les bras d'Harry. Elle avait repris conscience, mais elle était blême … si blême. Elle avait l'air malade et en fort mauvais état. Il s'agenouilla auprès d'elle et la serra contre lui. Elle était bouillante de fièvre et tremblait légèrement.
- Mon amour … ne t'inquiètes pas, Princesse. Je t'amène à l'infirmerie, dit-il en la prenant dans ses bras
Harry ouvrit de grands yeux et regarda Ron et Hermione avec ahurissement. Mon amour ? Princesse ? Il fit un immense sourire, extrêmement heureux. Le professeur Lupin aimait sa tante ! Il était amoureux d'elle ! Pour une fois, il aurait un oncle doté de bon sens ! Il se leva et les suivit rapidement, imité par Hermione et Ron.
Une course presque aussi rapide que les deux précédentes eut lieu jusqu'à l'infirmerie. Amélia ne se sentais pas bien du tout. Secouée dans tout les sens par les pas rapides de Remus, elle eu une nouvelle nausée envahissante et ferma les yeux. Elle était tellement étourdie, pourquoi marchait-il vite comme ça ? Elle lui murmura de ralentir le pas, de ne pas aller si rapidement que ça … qu'elle avait mal au cœur. Puis, sans crier gare, elle vomit le peu d'aliments que contenait son estomac, sur la chemise rapiécée de Remus. Il baissa brièvement les yeux vers elle, sentant une chaleur nauséabonde envahir ses vêtements. Avec une légère grimace, il atteignit l'infirmerie et y entra.
- Mme Pomfresh ! dit-il en posant Amélia sur un lit
- Oui ? dit l'infirmière en arrivant d'un pas leste
- Le professeur Potter ne va pas bien, dit Remus d'un ton inquiet
- Je vois bien ça, dit Mme Pomfresh en regardant brièvement le vomit qui parsemait la chemise de Remus
Sans plus attendre, Mme Pomfresh poussa un peu Remus et se plaça entre lui et la civière où reposait Amélia. Remus se recula un peu et alla aux côtés d'Harry, Ron et Hermione. Celle-ci pinça un peu le nez et se recula légèrement. Elle n'aimait pas le vomit …
- Qu'avez-vous mangé aujourd'hui ? demande l'infirmière, en posant la main sur le front brûlant de sa patiente
- Rien … murmure Amélia
- Rien ? questionne Mme Pomfresh. Et, hier ?
- Presque rien … dit faiblement Amélia
L'infirmière fronça les sourcils. Tout cela n'était pas normal … comment pouvait-on vomir avec un estomac presque vide ? Et, cette fièvre ne lui disait rien qui vaille. Elle détourna légèrement les yeux vers le Professeur Lupin et vit tellement de tendresse et de crainte dans son regard, qu'elle comprit. À tout le moins, elle croyait comprendre …Mme Pomfresh regarda brièvement le calendrier accroché au mur. Ce soir serait le premier jour de Pleine Lune. Ses soupçons se confirmaient donc … Sombrement, elle se rendit à une armoire contenant divers instruments de médicomagie.
Remus la regarda partir vers l'armoire, puis avança vers Amélia. Il lui prit tendrement la main et lui caressa doucement les cheveux. Harry jeta un bref regard à Ron et Hermione, qui semblaient aussi joyeux que lui. Il sourit, puis s'avança lui aussi vers sa tante. Il lui prit l'autre main et la regarda avec inquiétude.
- Tante Amélia ? Ça ira, dit ?
- Je crois … murmure Amélia en souriant faiblement.
Madame Pomfresh revient rapidement, tenant une sphère dans sa main. Elle soupira et dit d'un ton autoritaire :
- Ça vous dérangerais énormément de me laisser travailler ? Laissez-moi une de ses mains ! dit-elle en prenant la main que tenait Harry
Harry se recula à nouveau. Mieux valait ne pas se mettre dans les jambes de l'infirmière de l'école. D'un geste assuré, Mme Pomfresh déposa la sphère dans la paume d'Amélia. Presque aussitôt, l'instrument se mit à tourner, dégageant une douce lueur argentée et émettant un sifflement. Remus regarda attentivement la sphère, caressant toujours les cheveux de la femme qu'il aimait. Lorsqu'elle se mit à tourner, il leva les yeux vers Mme Pomfresh, certain que ce n'était pas bon signe. L'infirmière allait certainement lui apprendre qu'Amélia allait mourir. Pourquoi serait-il heureux enfin ? Pourquoi, lui, Remus Lupin, aspirerait à autre chose qu'à la solitude ? L'infirmière retira l'instrument de la main d'Amélia et regarda Remus.
- Vous reste t-il de la Tue-Loup ? demande t-elle
- Oui … répondit Remus d'un ton suspicieux.
Ce n'était pas vrai ! Elle avait été mordu par un Loup-Garou, alors qu'il se trouvais dans la forêt en train d'espionner les troupes ? Il savait, qu'il aurait dut insister pour qu'elle parte après qu'ils … Subitement, il cessa sa pensée et se figea légèrement. N'osant plus respirer, il baissa les yeux vers Amélia, qui avait fermé les siens et gémissait sous la fièvre. Avalant sa salive, il murmura :
- Elle … elle est enceinte ?
- Oui, Remus … dit Mme Pomfresh en posant la main sur son épaule.
Fermant les yeux, Remus pencha la tête vers Amélia et appuya son front contre le sien. Elle lui donnait le monde … et il lui donnerais sa vie.
