Aurélia

Fic n° 50

Avril, mai 2005

TROUBLES

Saisons : Saison 8. Jack est général et dirige la base, Sam est colonel. Aucun épisode en particulier. Quelques allusions seulement à des épisodes des saisons précédentes, mais à aucun de la saison 8 et j'ai court-circuité Pete. ( !)

Disclaimer : pas à moi, pas de sous.

Rating : Autorisation parentale souhaitable.

Genre : aventure, romance

Résumé : SG1 est soudainement victime de malaises.

Avertissement : Ne cherchez pas d'explications scientifiques logiques dans cette fic ! Il n'y en a pas !

Base de Cheyenne Mountain Avril 2005.

« Etrange cette douleur » pensa le général O'Neill.

C'était une vieille douleur comme il en avait de temps à autre. Un corps plus tout jeune, une vie rude, de nombreuses blessures et de tortures, le résultat d'une vie aventureuse.

Mais pourquoi maintenant ? Il avait bien reçu un coup de couteau dans les reins, au début de leur exploration de la galaxie mais n'en avait pas trop souffert plus tard, du moins pas plus que toutes les autres blessures qu'il avait reçues. Et cela faisait maintenant sept ans.

Il ralentit le pas, le couloir était étroit et il croisait de nombreux officiers qui le gratifiaient d'un salut réglementaire. Il était obligé d'y répondre à chaque fois et s'en serait bien passé, surtout ce matin. Pas normal cette douleur, trop forte. Un tour à l'infirmerie ? Plus tard, beaucoup plus tard ! pensa t-il. Il avait toujours détesté l'infirmerie et depuis qu'il était général il n'y allait pratiquement plus, heureux d'échapper à la corvée.

Dans la salle de briefing il n'y avait personne. Il regarda sa montre, pour une fois qu'il était à l'heure, les autres étaient en retard. Les autres c'était le colonel Carter, Daniel Jackson et Teal'c.

Daniel fit son entrée le nez dans son mouchoir,

-Excusez-moi Jack mais j'ai dû attraper la grippe ! ajouta t-il en se mouchant bruyamment.

-Où sont Carter et Teal'c ? demanda O'Neill.

-Je ne les ai pas vus dit Daniel en éternuant.

Jack s'assit le dos très raide. Au même moment Sam et Teal'c firent leur entrée. Teal'c était pâle comme s'il avait été malade une partie de la nuit, et Sam ne valait guère mieux elle se tenait le bras comme en proie à une vive douleur.

Le regard de Jack fit le tour de la table, il voulut leur demander ce qui n'allait pas, mais quelque chose l'en dissuada, peut être sa propre douleur. Chacun était déjà plongé dans le dossier qui l'attendait. Il commença sans plus attendre le briefing.

-La planète qui nous intéresse aujourd'hui P6C523… Daniel ? dit –t il en se tournant vers le jeune homme.

Son ami ne semblant pas réagir il appela un peu plus fort :

-Daniel ! Vous allez bien ? demanda t-il en le voyant devenir tout pâle.

-euh ! … oui… je …enfin… P6C523 est une planète désertique, peu peuplée…

Daniel pâlissait et avait du mal à trouver ses mots, il devenait blême de seconde en seconde, et finit par glisser de sa chaise et tomba évanoui sur le sol.

L'équipe médicale arriva immédiatement et Daniel fut installé délicatement sur un brancard. Il n'avait pas repris connaissance.

-Alors Daniel, on se fait remarquer demanda O'Neill un peu plus tard.

Il se tenait au pied du lit du jeune homme l'air désinvolte, pour ne pas l'inquiéter, mais beaucoup plus soucieux qu'il n'y paraissait.

-Qu'est ce qui m'est arrivé ? balbutia Daniel.

-Vous avez commencé à parler de P6C523, et vous aviez l'air plutôt mal en point et vous avez glissé de votre fauteuil, dit O'Neill.

-Oui je m'en souviens, mais je m'étais levé en forme ce matin et c'est arrivé tout d'un coup, comme une grosse grippe.

Et il se mit à éternuer violemment à plusieurs reprises. Il reprit après s'être mouché.

-Je suis désolé Jack pour la mission…

-Ne vous tracassez pas Daniel reposez-vous dit Jack en souriant, de toute façon, ce n'était qu'une simple mission d'exploration, il n'y a pas urgence.

-Ah tant mieux dit Daniel en fermant les yeux.

-Bon et si vous laissiez mon malade se reposer dit le docteur Lassiter en entrant dans la chambre.

O'Neill se retourna vers la jeune femme qui venait d'entrer. Elle était grande, avec une silhouette athlétique de courts cheveux bruns bouclés et un regard bleu perçant.

-Que lui est-il arrivé ?

-Que leur est-il arrivé devriez-vous dire mon général, il n'y a pas que le docteur Jackson qui est malade, le colonel Carter ainsi que Teal'c sont aussi assez mal en point.

-Quoi ? dit-il d'un ton sec. Qu'est ce qu'ils ont ? Pourquoi ne pas m'en avoir averti immédiatement ?

-Ils viennent juste d'arriver à l'infirmerie et je m'en suis occupée tout de suite répliqua le docteur.

O'Neill posa ses deux mains sur le pied du lit de Daniel pour cacher son malaise, la douleur dans ses reins augmentait et en aucun cas il ne voulait montrer son désarroi à ce médecin nouvellement arrivée dans la base.

-Je peux les voir ? ajouta –t il d'un ton bref.

-Ils sont à la radio et je vais les regrouper tous les trois dans la même chambre, ce sera plus pratique.

O'Neill s'impatientait :

-Mais vous pouvez me dire ce qu'ils ont ?

Sandra Lassiter sourit devant l'impatience du général, elle avait été briefée par ses collègues et savait à quoi s'en tenir.

-Quand j'aurais les résultats du labo et des radios, je pourrais vous en dire plus, dit-elle seulement en le regardant dans les yeux. Ce qu'elle y vit ne lui plut pas, en effet le général O'Neill ne semblait pas en grande forme ce matin.

Sans doute se faisait-il du souci pour ses amis, pensa t-elle.

-Vous allez bien mon général ? demanda t-elle avec une lueur d'inquiétude dans le regard.

-Oui, ça va grogna t-il , juste de vieilles douleurs.

-N'hésitez pas à venir à l'infirmerie consulter.

Oui c'est ça, compte là-dessus pensa t-il

-Entendu docteur s'entendit-il répondre très poliment.

Au diable les médecins qui ne pensent qu'à vous allonger sur leur table d'examen et à vous examiner sur toutes les coutures !

-Je vous tiens au courant et vous fait appeler dès que j'ai du nouveau ajouta la jeune femme, sachant combien le général était attaché à son ancienne équipe.

Jack quitta l'infirmerie et se rendit dans son bureau quelques étages plus bas. Le sergent Harriman l'attendait déjà avec une pile de papiers à la main. Le général soupira :

-C'est important Walter ?

-J'aurais juste besoin d'une signature, mon général, le reste peut attendre.

-Bien, qu'on ne me dérange pas, dit-il sèchement.

Il s'assit à son bureau avec une certaine difficulté, la douleur ne le quittait plus. Il prit un dossier au hasard, mais n'arrivant pas à fixer son attention, il le reposa rapidement. Quand il voulut se lever une douleur fulgurante traversa son genou droit, celui qui avait été opéré plusieurs fois. Il pouvait à peine poser le pied par terre.

Il se rassit lourdement, le cœur battant, il avait un très mauvais pressentiment, comme si quelque chose de terrible allait se passer et qui allait mobiliser toutes les énergies et les forces du SGC, une menace inconnue et terrifiante.

Il appela d'abord l'infirmerie :

-Docteur Lassiter ? comment va SG1 ?

-Vous devriez venir mon général, je pourrais vous expliquer de vive voix.

Il hésitait, il voulait attendre que la douleur de son genou s'estompe.

-Je ne peux pas quitter mon bureau pour le moment, et si vous en veniez au fait Docteur ?

-Comme vous voulez monsieur, dit-elle surprise par le ton sec du général. Daniel Jackson souffre d'une crise d'allergie très importante, avec une forte fièvre. Tea'lc a une très curieuse inflammation de son ancienne poche ventrale et le colonel Carter souffre de son épaule gauche.

O'Neill restait sans réaction.

-Mon général, vous êtes là ?

-Oui, mais je m'étonne que tous soient atteints en même temps de choses aussi différentes.

-Moi aussi, leurs prises de sang sont normales avec les tests demandés, je vais faire des analyses plus poussées. Je pense que dans quelques heures je pourrais en savoir plus.

-Merci docteur, tenez moi au courant, je viendrais à l'infirmerie dès que je pourrais.

Et il raccrocha aussitôt.

Sandra Lassiter resta une seconde à regarder le combiné avant de le reposer, on lui avait dit que le général O'Neill pouvait être très sec, mais à ce point elle n'aurait pas imaginé. Il avait été à peine poli. Elle haussa les épaules et retourna voir ses malades.

Ils étaient tous les trois dans la même chambre. Sam ouvrit les yeux, son épaule la faisait moins souffrir, elle se souleva légèrement et vit ses deux compagnons dans des lits voisins. Elle ne se rappelait plus ce qu'elle faisait ici dans ce lit.

-J'ai été blessée ? demanda t-elle à l'infirmière assise près de son lit. Celle-ci se leva aussitôt et sans répondre à la jeune femme, prit le téléphone et dit simplement

-Elle est réveillée.

-Que se passe t-il ? demanda Sam.

-Le docteur Lassiter arrive tout de suite, elle va tout vous expliquer.

Sam se sentait fiévreuse et son épaule la faisait souffrir.

-Je voudrais voir le général O'Neill, dit-elle en grimaçant. Sa voix se perdit, elle avait dû juste murmurer, car l'infirmière ne lui répondit pas.

-Alors colonel ? comment vous sentez-vous ? demanda le docteur Lassiter

Sam ne connaissait pas encore la jeune femme.

-Où est le docteur Bright ? dit-elle.

-Elle est occupée pour l'instant, mais c'est moi qui soigne SG1. De quoi vous souvenez-vous ?

Sam reprenait peu à peu ses esprits, et l'enchaînement des évènements lui revenait.

-Je me suis levée en forme ce matin, dit-elle puis soudain j'ai eu une violente douleur à l'épaule, comme un coup de couteau. Nous avions un briefing à 8 heures, je crois même que je suis arrivée un peu en retard. Dès le début du briefing Daniel s'est évanoui. Ensuite je ne me souviens pas, je me suis réveillée dans ce lit.

-En fait vous vous êtes évanouie aussi quelques minutes après le docteur Jackson.

-Pourquoi Tea'lc est-il là aussi ? s'inquiéta t-elle.

-Il a eu aussi un malaise. Mais rassurez-vous, il va mieux maintenant.

Mais qu'est ce qui se passe ? Nous avons ramené quelque chose d'une de nos dernières missions, pensa Sam.

Elle se remémora les dernières planètes qu'ils avaient visitées, mais ne se souvenait d' aucun évènement suspect, ni d'aucun malaise. Les visites médicales avaient confirmé leur parfaite santé à tous les trois.

-Je pourrais voir le général O'Neill ? dit-elle.

-Je viens de l'avoir au téléphone, répondit Sandra, il arrive dès qu'il peut. En attendant reposez vous colonel.

Sam referma les yeux et s'endormit.

Le docteur Lassiter retourna dans son laboratoire, étudier les échantillons de sang des trois malades. Il devait y avoir forcément quelque chose en commun. Sinon pourquoi les membres de SG1 auraient-ils été atteints en même temps ? Elle fit faire des analyses complémentaires aux deux techniciens qu'elle avait à sa disposition dans le labo. Dans un premier temps ils éliminèrent les poisons et les bactéries connues. Pour les virus il faudrait faire une étude plus approfondie.

Il y avait aussi la possibilité de substances nouvelles. Les planètes regorgeaient de minerais non répertoriés ainsi que de nombreux composants chimiques inconnus. L'étendue de la sphère de recherche était infinie. Pourtant l'état des malades était inquiétant il fallait vite trouver un antidote ou un médicament pour les soigner.

Sandra passa la main dans ses cheveux et soupira. Puis elle se plongea dans les archives de l'infirmerie à la recherche de la plus petite anomalie concernant Daniel, Sam et Teal'c. Elle éplucha tous les résultats d' analyse, étudia minutieusement tous les rapports concernant leur blessures ou leur maladie, visionna les scanners et les IRM.

Elle s'interrompit pour aller les voir, leur état était encourageant, Daniel semblait aller beaucoup mieux, il avait moins de fièvre et respirait avec plus de facilité. Sans doute les antihistaminiques à haute dose qu' elle lui avait inoculés.

Sam souffrait aussi beaucoup moins, quant à Teal'c sa poche ventrale ne suintait plus, sa fièvre aussi avait baissé.

Deux jours plus tard, ils étaient à nouveau réunis dans la salle de briefing avec le général O'Neill et Sandra Lassiter.

Tous avaient une petite mine, ils semblaient relever d'une longue maladie et leurs forces n'étaient pas encore revenues.

Jack avait eu beaucoup de mal à cacher la souffrance de son dos et de ses genoux, mais il avait réussi à donner le change, l'infirmerie étant débordée, par les trois malades de SG1 et par une équipe revenue sous le tir de jaffas. Tout le monde était très occupé, et personne ne s' était aperçu de l'état du général, et il s'était bien gardé d'en parler.

Son regard s'arrêta sur Sam, elle était encore très pâle. Son cœur se serra, il s'inquiétait pour elle, pour eux tous. Mais elle c'était différent, il aurait voulu la prendre dans ses bras s'il avait pu…

-Alors Docteur ? Avez-vous trouvé quelque chose ? dit-il.

-Nous cherchons toujours mon général, mais je pense qu'il y a moins d'urgence maintenant que SG1 va mieux.

-Je ne suis pas d'accord avec vous dit le général sèchement. Il s'est passé un évènement grave durant les dernières missions de SG1, vous devez continuer à chercher.

-Je n'ai pas dit que j'arrêtais mon général, mais en ce moment l'infirmerie est pleine de blessés et nous avons moins de temps. Mais dès que nous avons un moment nous continuons, je vous assure ajouta t-elle devant le regard septique d'O'Neill.

-Très bien docteur.

-Je pense être suffisamment solide pour donner un coup de mains dit Daniel. En reprenant nos dernières missions sur quelques semaines je pense qu'on devrait trouver quelque chose.

-Je suis d'accord avec Daniel dit Sam.

Et se tournant vers le docteur Lassiter elle lui demanda quel était le plus long temps d'incubation existant pour une maladie.

-Il n'y a pas de limite hélas, répondit Sandra. Certaines maladies se déclarent en quelques heures, d'autres en quelques années.

-Des années ! s'exclama Daniel et moi qui pensais remonter juste d'un mois ou deux. C'est un travail de titan s'il faut reprendre toutes nos missions depuis le début.

-Je ne pense pas dit Sam, simplement depuis cette année, cela suffira.

-Pourquoi ? s'étonna Daniel.

-Simplement parce que nous trois seulement avons été malades Daniel Jackson répondit Teal'c. Le général O'Neill n'est pas concerné, puisqu'il n'a rien eu.

-Vous avez raison Teal'c, dit Sam avec soulagement, cela rétrécit un peu le champ de nos investigations.

A ce moment là Jack ressentit un étrange malaise, et les douleurs qu'il avait eu le même jour que la maladie de ses amis ? Est-ce qu'il n'était pas atteint lui aussi ?

Impossible se dit-il, il n'avait pas eu de fièvre, il ne s'était pas évanoui, juste des douleurs inhabituelles qui n'étaient pas réapparu depuis. Certainement une coïncidence.

-Les missions sont suspendues jusqu'à nouvel ordre dit Jack. Tous les trois vous travaillerez à ce phénomène étrange, et tant que vous ne serez pas rétablis complètement vous resterez à la base sous la surveillance du docteur Lassiter.

Planète Yucatan, février 2000

Les soleils se levaient sur la plaine du Morab. Le premier était un petit soleil qui dispensait une faible lueur jaune sur la végétation profuse , une clarté légère annonciatrice de la lumière éclatante qui se lèverait quelques minutes plus tard, quand l'astre puissant émergerait des limbes de la pénombre.

Un spectacle dont ne se lassait jamais Itzamna, le dieu maya de cette contrée.

Dès que la lumière vive eut atteint son apogée, le dieu rentra dans son palais. Il n'attendit pas le lever du troisième soleil qui transformerait la contrée en un brasier brûlant jusqu'à une heure avancée.

Le palais était une immense construction de marbre blanc, dont la fraîcheur des pièces était entretenue soigneusement par des murs épais et des tentures multicolores qui empêchaient la lumière éblouissante et brûlante de pénétrer.

La chambre était immense, peu meublée, un grand lit en occupait le centre, et le long des murs quelques coffres remplis d'ouvrages scientifique, des livres d'astronomie et de médecine surtout. Itzamna s'assit à sa table de travail, recouverte de cartes, de parchemins et de tablettes.

La planète Yutacan n'était pas la seule possession du dieu, il en possédait plusieurs dans le même système solaire, et grâce à la porte des étoiles il avait entrepris de prospecter les autres planètes. Sur l'une d'elle il avait trouvé une abondante mine de naquadah, ce qui l'avait fortement réjoui, car Yutacan n'en possédait pas. Il tenait à cette planète car c'est là qu'il avait toujours vécu vénéré de son peuple, et s'adonnant à son passe temps favori, l'astronomie, l'astrologie, et toutes sortes de sciences. Le naquadah il l'avait trouvé pendant longtemps sur Tegucigalpa, une planète voisine qui en avait été bien pourvue. Il avait obligé la population à travailler dans les mines à ciel ouvert. Mais au bout de trois siècles le filon s'était épuisé. Il avait parcouru la galaxie par le réseau de porte pour trouver de nouvelles sources d'approvisionnement et il y avait soixante dix ans environ il avait trouvé une planète possédant un filon extrêmement riche dont il avait commencé l'extraction immédiatement.

La population de Yucatan était essentiellement paysanne. Ils vivaient de la cueillette et de la chasse, et se contentaient de peu. Itzamna ne s'occupait pas beaucoup des habitants de Morab. Ils ne l'intéressaient que dans la mesure où ils pouvaient le servir. Le palais était entretenu par des gens pris dans la population, esclaves qui le vénéraient et lui rendaient hommage.

La porte des étoiles située à une courte distance du palais n'était pas gardée. Le roi en effet ne montrait pas ses jaffas aux visiteurs potentiels. Il préférait les laisser venir jusqu'au palais, et ensuite les piéger, et les utiliser selon ses besoins.

En passant devant son miroir, Itzamna jeta un coup d'œil et s'arrêta satisfait de l'image que lui renvoyait la glace. Il était jeune, de taille moyenne, avec un corps endurci par l'exercice physique et la pratique des armes. Son visage était brun, ses cheveux noirs courts et ondulés. Il avait un regard de braise qui ne laissait pas indifférentes les femmes de son entourage.

Dans ses explorations de la galaxie, il avait été confronté à d'autres goa'ulds plus puissants que lui, et qui convoitaient les même terres riches de ce si précieux et rare minerai qu'était le naquadah. C'est ainsi qu'il s'était frotté à Apophis et avait été vaincu par lui. Il avait perdu son armée et avait mis plusieurs années à la reconstituer, puis il avait trouvé Bastet sur sa route, Morrigan, Olokum, ainsi que Baal. Il sortit tour à tour vainqueur ou vaincu de ces confrontations, mais toujours persuadé qu'il pourrait un jour les battre tous s'il s'en donnait les moyens.

Au cours de ces voyages il entendit pour la première fois parler de la Tauri et de ces étranges guerriers, deux hommes, une femme et un traître jaffa. Le récit de leurs exploits faisait grand bruit, amplifié sans doute et déformé par les différents narrateurs qu'il rencontraient et qui ne pouvaient sans doute s'empêcher d'en rajouter un peu. C'est ainsi qu'on racontait qu'ils avaient tué Apophis, Sokar, Herru'ur et d'autres encore. Des légendes ridicules pensait-il. Comment de faibles humains pourraient –il tuer des dieux ? c'était impensable ! Qu'une telle fable puisse circuler le mettait dans une colère noire ! Si un jour il les rencontrait, il leur ferait ravaler leur superbe et creuser à mains nues dans ses mines.

Base de Cheyenne Mountain avril 2005

Depuis quelques jours SG1 travaillaient dans le bureau de Daniel. Ils se partageaient le travail et épluchaient consciencieusement tous les rapports de mission depuis plus de six mois. Cela représentait environ une cinquantaine de missions , deux par semaine en moyenne.

-J'ai quelque chose là dit Daniel. Sur P8C876, nous avons été en contact avec une population qui venaient de connaître une épidémie.

-Je m'en souviens répondit Sam. C'était une sorte de grippe, les gens avaient de la fièvre et toussaient.

-Cela ne ressemble pas du tout à ce que nous avons eu colonel Carter dit Teal'c.

-C'est vrai qu'à part la fièvre que nous avons eu tous les trois, nos symptômes étaient très différents, dit Sam.

Elle se releva et s'étira.

-Et si on arrêtait là pour ce soir dit Daniel, je ne vois plus rien.

-On va au mess manger un morceau ? proposa Teal'c

-C'est d'accord pour moi dit Daniel.

-Moi aussi répliqua Sam, j'ai faim et n'ai rien avalé depuis de matin. Quelqu'un a vu le général O'Neill ? ajouta t–elle.

-Pas depuis ce matin répondit Daniel.

-Moi je ne l'ai pas vu aujourd'hui dit Teal'c. Mais il est tard, il est peut être rentré.

-Il ne serait pas rentré sans passer nous voir dit Sam avec un soupçon d'inquiétude dans la voix, cela ne lui ressemble pas, surtout en ce moment !

-En effet dit Teal'c vous avez raison colonel.

Sam prit le téléphone et appela le sergent Harriman.

-Sergent, le général O'Neill est –il encore dans son bureau ?

-Non, mon colonel, il est parti depuis une demi heure.

-Il est rentré chez lui ?

-Je ne crois pas, il ne m'a pas dit qu'il devait quitter la base, je pense qu'il doit être dans ses quartiers.

-Merci sergent, et bonsoir.

-Bonsoir mon colonel, dit Harriman.

-Il doit se reposer dit Daniel, ses journées sont longues.

-Oui, je sais insista Sam, mais ce n'est pas normal qu'il ne soit pas venu dans votre bureau de la soirée.

Daniel sourit, dès qu'il était question de Jack, Sam était inquiète. C'était vrai qu'elle se tourmentait, elle ne pouvait s'en empêcher. Une journée sans lui, et elle avait le moral en berne, un simple sourire de son général et elle reprenait courage.

Daniel sachant cela lui proposa d'aller frapper à la porte de Jack.

-S'il dort et qu'on le réveille, il va être furieux, dit-elle.

Tout en parlant ils arrivèrent devant la porte des quartiers de Jack. Il avait gardé les mêmes quartiers, bien qu'il aurait pu en tant que général prétendre à quelque chose de plus grand.

Daniel frappa et appela doucement, puis plus fort

-Jack ! Jack vous êtes là ?

Le silence lui répondit.

Machinalement Sam tourna la poignée, la porte n'était pas verrouillée, elle jeta un regard surpris à ses amis.

-Entrons dit Daniel, ce n'est pas normal.

Dans la chambre la lumière était allumée, il se figea sur le pas de la porte. Le général O'Neill était étendu de tout son long sur le sol.

Base de Cheyenne Mountain octobre 2004

-Vous m'écoutez Jack ? dit Daniel en s'interrompant au milieu de son exposé.

-Oui, oui, Daniel, j'écoute, dit O'Neill d'un air distrait tout en continuant à griffonner sur sa feuille.

Depuis un quart d'heure Daniel parlait de la planète Tegucigalpa, en long, en large et en travers. Le climat, la population, le Goa'uld Itzamna. Sam était suspendue à ses lèvres et commença à son tour son exposé, qu'elle fit assez bref sur les mines de naquadah de l'endroit.

-Mines qui me semblent assez importantes dit-elle, mais elles ne sont pas situées près de la porte mais à environ deux kilomètres.

-La porte n'a pas l'air gardée dit Jack, les images du MALP ne le montrent pas.

-Cela est déjà arrivé mon général, les gardes ne sont pas forcément en permanence.

-On va vérifier Carter, allons voir si la sonde émet toujours quelque chose.

Ils se dirigèrent vers la salle de contrôle et Sam introduisit les coordonnées de la planète Tegucigalpa.

Le MALP envoya les mêmes images. Ils firent faire à la camera un angle de 360 degrés, tout avait l'air calme.

Ils retournèrent en salle de briefing.

-Daniel, je vais vous demander de faire court, mais ce Itza… machin, il est très puissant ?

Daniel prit un air outré :

-Je savais bien que vous n'aviez rien écouté ! dit-il

Le regard de Jack le dissuada d'enfoncer le clou.

-Hum… dit-il en se grattant la gorge. Itzamna était une importante divinité du panthéon maya. Il était le fils d'Hunab, le créateur et on le représentait …

-Daniel !

-Ok Jack. Itzamna est le dieu qui a inventé l'écriture, les livres les cérémonies religieuses. Il enseignait la médecine aux guérisseurs. On lui offrait des sacrifices, souvent humains.

-Donc un Goa'uld très dangereux.

-Oui !

-J'aime la brièveté de votre réponse Daniel. Donc on annule cette mission, ça ne vaut pas la peine de risquer sa vie pour un peu de naquadah.

C'est à ce moment là que Sam leva son regard sur Jack, comme à chaque fois il sentit son cœur s'accélérer un peu.

-Non, Carter !

-Mais je n'ai rien dit mon général répondit-elle en souriant.

-Je sais ce que vous alliez dire ! C'est trop dangereux.

-Permission de parler mon général ? dit-elle gravement.

-Je vous écoute.

Elle rassembla les notes qu'elle avait devant elle.

-Il y a autre chose que le MALP a indiqué. Je n'ai pas encore eu le temps d'analyser toutes les données, mais il semblerait que ce naquadah soit un peu différent de celui des autres planètes que nous avons rencontrées. Il parait être plus dense et sa puissance pourrait être intéressante pour les réacteurs des vaisseaux que allons construire.

Jack était intéressé :

-Plus puissant comment ?

-Justement la sonde ne peut pas nous donner de renseignements aussi précis, il faudrait pouvoir prendre un échantillon et l'analyser.

-Bien je vais réfléchir, si cela vaut la peine de prendre quelques risques.

-Mais mon général …

-Colonel, j'ai dit que j'allais y réfléchir, dit Jack d'un ton sec.

-A vos ordres dit Sam en se raidissant.

Il se retira ensuite très vite dans son bureau.

Une heure plus tard il réunit à nouveau SG1.

-C'est d'accord vous partez pour Tegucigalpa à 14 heures, dit-il

-Qu'est ce qui s'est passé Jack ? Il y a du nouveau ? demanda Daniel.

-Oui, en effet, les ordres viennent de beaucoup plus haut et je n'ai pas le choix répondit Jack sèchement. Quand il s'agit d'augmenter la puissance des réacteurs et des bombes il faut savoir prendre quelques risques.

-Tout va bien se passer mon général dit Sam. Le temps de faire l'aller et retour depuis la porte, de prendre un petit échantillon et nous serons rentrés pour le dîner !

Ils se rendirent en salle d'embarquement, et tandis que les chevrons s'enclenchaient ponctués par la voix du sergent, Jack leur souhaita bonne chance et ils disparurent dans le vortex.

Base de Cheyenne Mountain avril 2005

Jack se réveilla dans un lit de l'infirmerie. il voulut se lever mais l'infirmière l'en empêcha.

-Ne bougez pas mon général.

-Que c'est-il passé ? demanda t-il

-On vous a trouvé évanoui chez vous, nous sommes à l'infirmerie.

-Je vois bien qu'on est à l'infirmerie, dit il agacé, je vais bien c'est juste un mal de dos.

Le jeune femme ne s'offusqua pas du ton brusque du général, celui-ci avait l'air très mal en point malgré ce qu'il venait de dire.

-On ne s'évanouit pas pour un mal de dos, mon général dit la jeune femme. Ce n'est pas anodin un évanouissement. Non ! ajouta t'elle d'un air faussement fâché, vous n'échapperez pas à un examen complet.

O'Neill poussa un soupir, se rallongea et trouva qu'on en faisait beaucoup pour un simple évanouissement. Il avait mal dans le dos et alors ? ce n'était pas la première fois, ni sûrement pas la dernière. C'était une des raisons pour laquelle il avait quitté le terrain. Avoir continuellement mal, aurait pu l'amener à être moins vigilant et mettre son équipe en danger. Et cela il ne l'aurait voulu en aucun cas. Bien que le terrain lui manquât il avait été suffisamment raisonnable pour savoir s'arrêter à temps.

Sandra Lassiter passa un long moment au chevet de Jack au grand dam de celui-ci. Elle lui fit passer des radios de ses genoux et de son dos, et un scanner révéla de nombreuses lésions des tissus au niveau du bassin, rien de très grave cependant, juste quelque chose d'ennuyeux et de douloureux pour le patient. Elle passa plus d'une heure à faire des comparaisons entre les divers examens. Il n'y avait rien de nouveau à part cette douleur omniprésente. Pas de fièvre, pas d'œdème.

-Je ne vois rien de plus par rapport à vos anciennes radios dit-elle en revenant vers O'Neill qui n'en pouvait déjà plus de rester au lit.

-Alors je peux me lever ?

-Rien ne s'y oppose général O'Neill. Cependant reposez-vous un peu plus, je vous trouve fatigué.

-Non, non, ça va , enfin un peu dit-il en voyant le regard sceptique de Sandra.

-Bien, dit-elle revenez me voir demain si vous souffrez toujours, en attendant avalez ceci dit-elle en lui donnant une gélule.

-C'est quoi ? demanda t-il méfiant. Il ne voulait pas d'un médicament qui l'abrutisse, souhaitant garder son esprit clair tant que l'on aurait pas résolu le problème de cette mystérieuse maladie dont avait été atteint ses amis.

-Un calmant.

-Ça fait dormir ?

-Comme tout bon antalgique dit-elle avec un sourire.

-Alors je n'en veux pas, dit-il en se levant. Il commença à se rhabiller en tournant le dos à la jeune femme.

-Mon général, si vous ne prenez pas ce médicament, je vais vous voir revenir avant la fin de la journée.

-Vous pariez dit-il ? le plus sérieusement du monde en se retournant,

Sandra avait entendu parler des paris, de SG1, ils pariaient sur tout et n'importe quoi. Elle sourit :

-Ce ne serait pas juste mon général, vous êtes sûr de perdre !

-Comment cela ? dit-il en prenant un air étonné. En fait c'est vous qui avez peur de perdre ! c'est ça la vérité !

-D'accord, j'accepte votre pari. Dix dollars ?

-Pari tenu dit Jack en sortant de l'infirmerie. Il s'éloigna à petits pas en songeant que si la douleur de son dos continuait avec cette force, il pouvait dire d'ores et déjà dire adieu à ses dix dollars.

Planète inconnue, octobre 2004.

Un premier soleil pâle se leva recouvrant le site de la mine d'une lumière blafarde. Au loin quelques arbres se profilaient, noirs et sombres sur la ligne d'horizon.

Un gouffre gigantesque comme une blessure béante de la terre, telle se présentait la mine de naquadah d'Itzamna. Des escaliers de bois descendaient profondément dans les entrailles à vif, où de longues coulées grises de minerai tranchaient sur le rouge naturel du sol.

Une corne retentit et quelques instants plus tard des colonnes de prisonniers, telle des centaines de fourmis, apparurent. Ils se déplaçaient lentement au rythme du balancement de leurs chaînes sous les hurlement des gardiens qui les accompagnaient.

Comme les mineurs atteignaient les escaliers, un deuxième soleil se leva majestueux, énorme, juste au dessus de la mine et il éclairait le jour d'une lueur orange et chaude.

Des gouttes de sueur commencèrent à apparaître sur les fronts penchés des prisonniers qui débutaient leur interminable journée de travail. Des heures durant il leur faudrait creuser à mains nues la roche pour en extraire le précieux minerai qui serait ensuite purifié afin d'être utilisé pour les vaisseaux et la vie quotidienne du dieu.

Quelques minutes plus tard un troisième soleil se leva rendant l'air étouffant et irrespirable, un air saturé de particules de minerai et de poussières rouges qui collait aux corps et brûlait les poumons.

Les mains de la jeune femme étaient à vif, des plaies qui ne se refermaient pas et qui n'étaient pas soignées. Elle avait enroulé ses doigts avec des chiffons pour essayer de les protéger, mais en vain. La sueur coulait sur son visage poussiéreux laissant des traces sales sur ses joues, qu'elle essuyait machinalement du revers de la main. Ses deux compagnons étaient dans le même état qu'elle. Le plus grand supportait tout de même mieux ce traitement infernal que l'autre homme, plus jeune mais moins fort physiquement. Ils étaient tous les trois penchés, le dos courbé vers la terre, les mains plongés dans le minerai, se demandant par quels moyens ils allaient pouvoir se sortir de cet enfer.

-Je n'en peux plus murmura le jeune homme. Il tomba à genoux, pour essayer de reprendre son souffle. Le creusement du minerai demandait un effort important et la chaleur rendait ce travail extrêmement pénible.

-Faites attention Daniel dit Sam, les gardiens arrivent, relevez vous.

Par un effort surhumain il se remit debout, mais ne put éviter le coup de fouet qui s'abattit sur son dos le faisant gémir de douleur.

Il se remit péniblement au travail, Sam le regardait avec inquiétude, il était sur le point de lâcher.

-Daniel ! il faut tenir encore un peu.

Il lui jeta un pauvre regard et la remercia d'un signe de tête. Oui, pour elle il tiendrait. Elle ne se plaignait jamais malgré ses mains en sang.

Chaque travailleur déposait le minerai extrait dans un chariot en métal posé à ses pieds et le soir chaque chariot était pesé, et gare à qui ne remplissait pas son quota. Ce serait le fouet et le cachot. Un trou immonde brûlant le jour et glacé la nuit où le malheureux resterait sans manger ni boire pendant deux jours. A ce régime là les prisonniers ne faisaient pas long feu, mais la main d'œuvre d'Itzamna était inépuisable. Il y avait toujours des aventuriers inconscients qui venaient se jeter dans ses pièges. « C'est exactement ce que nous avons fait » pensa Sam. Elle s'en voulait toujours de la facilité déconcertante avec laquelle ils s'étaient faits piéger. Aussitôt passés la porte, ils avaient avancé en terrain découvert sans se méfier, mais n'avaient pu éviter la horde de jaffas dissimulée derrière des rochers quelques centaines de mètres plus loin.

Maintenant cela faisait plus de trois semaines qu'ils étaient là et Sam savait qu'à ce rythme là leur fin était proche. Il fallait absolument tenter quelque chose dans les jours suivants.

Teal'c se rapprocha un peu de Daniel et de Sam et redoublant d'efforts il remplit un peu leur chariot. Mais même avec cette aide ce serait dur d'arriver au bout de la journée et de faire ce qui était exigé par les gardes.

Vers le milieu du jour, ils auraient droit à un ragoût infâme et pas assez nourrissant pour soutenir un tel effort, et le soir ils auraient juste un quignon de pain et un peu d'eau.

La corne sonna la fin du jour infernal. La nuit était presque tombée et la fraîcheur s'abattit brusquement sur le désert, faisant frissonner les prisonniers vêtus de haillons. On leur remit les chaînes et ils s'éloignèrent de la fosse en longues files marchant lourdement, harassés et fourbus. Certains tombaient en chemin, ils étaient aussitôt relevés par leurs compagnons de misère. Ceux qui ne se relevaient pas étaient aussitôt tués par les gardes.

Ils atteignirent enfin leur baraquement qui était situé à quelques centaines de mètres de la mine. Là ils tombèrent lourdement sur leur grabat mais s'efforcèrent de rester éveillés. C'était le seul moment de la journée où ils avaient un peu de liberté, ils pouvaient circuler dans la pièce où on les avait enfermés avec une dizaines d'autres esclaves.

Personne ne faisait attention à Sam, Daniel et Teal'c. Chacun était préoccupé de sa propre survie, boire, manger, dormir, reprendre des forces, ne pas être tué.

Ils avaient un peu d'eau à leur disposition. Ils commencèrent à boire, par petites gorgées pour mieux se réhydrater. Dans le reste d'eau ils humectèrent un chiffon pour soigner les doigts de Sam et de Daniel qui étaient dans un piteux état.

Depuis le début de leur captivité ils cherchaient un moyen de s'échapper mais ils n'avaient pas encore réussi à tromper la surveillance de leurs gardiens omniprésents.

-Il faut absolument qu'on sorte d'ici dit Daniel, je ne tiendrais pas un jour de plus.

Il se tenait assis par terre sur sa paillasse le dos appuyé au mur et respirait la bouche grande ouverte comme pour essayer de profiter au maximum d'un air non saturé de poussière.

-Moi aussi, je suis épuisée dit Sam. Merci Teal'c pour votre aide, sans vous nous n'aurions pas eu notre quota et nous aurions été bons pour la punition.

-Comment allons-nous faire ? vous avez une idée Sam ? demanda Daniel.

-Dans trois jours nous pourrons nous évader, c'est ce jour là que les gardes livrent le naquadah. Ils passent la porte avec leur chargement et se rendent sans doute sur la planète du dieu. Ils restent absents quelques heures et cela se passe toujours de nuit. Seuls deux ou trois gardes restent pour surveiller le camp. C'est notre seule chance. Nous ne tiendrons pas un mois de plus.

-Ça ne va pas être facile, la porte est fermée par des chaînes et je ne suis pas sûr qu'on puisse compter sur les autres dit Daniel en montrant les autres prisonniers.

-On devrait peut être leur parler, à huit on serait plus forts, dit Teal'c.

-De toute façon, on peut rien faire sans eux, s'ils nous voient partir ils risquent de nous dénoncer.

-Allons leur parler dit Sam.

Ils s'approchèrent des autres prisonniers, il y avait trois femmes et deux hommes. Deux des femmes étaient mourantes, elles ne reprendraient pas le travail le lendemain, et seraient aussitôt tuées par les gardes. La troisième femme voulait partir avec eux. Les hommes étaient d'accord pour tenter leur chance.

-En attendant dit Sam il faut absolument tenir le coup pendant ces trois jours.

-Je vous aiderais dit Teal'c.

Le lendemain les deux femmes étaient mortes.

Après trois jours d'enfer supplémentaires, ils étaient prêts. De retour dans leur baraquement ils mirent au point les derniers détails de leur stratégie.

Le silence régnait sur la planète, c'était l'heure avant l'aube où tout fait sommeil, les hommes comme les animaux.

La porte était fermée par un cadenas, mais en unissant leur force ils en vinrent à bout assez facilement. Elle s'ouvrit sans bruit. Ils sortirent et commencèrent à se diriger vers la porte des étoiles située à deux kilomètre environ du site de la mine. Telles des ombres furtives ils se glissèrent entre les baraquements et prirent la direction opposée à la mine.

Ils marchèrent quelque minutes sans parler, lentement, et le cœur battant, car la nuit était noire et profonde et le chemin qu'ils empruntaient était difficile et rocailleux. Avancer un pied, puis un autre, chaque pas était une victoire qui les rapprochait un peu plus de la liberté. Ils arrivèrent en vue du shapaï comme l'aube se levait. La porte n'était pas surveillée. Elle se dressait sur un terre plain au milieu de rochers et d'arbres rabougris. Il fallait faire vite avant le retour des gardes.

-Daniel, entrez les coordonnées, cria Sam, j'entends du bruit dit-elle en se retournant. Un nuage de poussière venant de la mine se dirigeait vers eux.

-Trop tard dit Daniel en voyant un chevron s'enclencher !

-Vite, hurla Sam, on peut les prendre de vitesse s'ils ne se méfient pas.

Daniel composa très vite le code d'une planète amie et se jetèrent dans le vortex. Il était temps, des hurlement provenant du camp retentirent, leur évasion venait d'être découverte.

Leur atterrissage fut brutal, ils déboulèrent au bas des marches devant la porte. Ils étaient meurtris, assoiffés, affamés, affaiblis, mais libres et vivants.

Base de Cheyenne Mountain octobre 2004

Jack faisait les cents pas dans son bureau. Il était très inquiet SG1 aurait dû être rentré depuis plusieurs heures maintenant. Il était minuit passé et il était incapable d'aller se coucher. Un retard était toujours angoissant, c'était le signe qu'ils avaient eu des ennuis. Ce qui le minait c'était son impuissance, il ne pouvait rien faire. Le MALP n'avait donné que des vues identiques, une planète désertique, pas de jaffas ni d'habitants à proximité immédiate de la porte.

-Allez dormir Harriman dit-il au sergent qui était resté dans la salle de contrôle.

-Vous êtes sûr mon général ?

-Oui, allez-y. Bonne nuit sergent.

Après un salut le sergent Harriman quitta la salle et se dirigea vers ses quartiers. A trois heures du matin, Jack décida d'aller s'allonger, il ne pouvait plus rien faire et il fallait attendre demain et peut être envoyer une expédition de secours.

L'expédition composée de SG16 et de SG17 revint bredouille quelques heures plus tard. Tegucigalpa était déserte, il y avait bien une mine de naquadah près de la porte mais elle n' était plus exploitée depuis un certain temps. Il n'y avait aucune trace de vie sur cette planète. Le colonel Reynolds avait conclu que SG1 avait été transféré sur une autre planète ou sur un vaisseau spatial.

Impossible de savoir ce qu'ils étaient devenus. Jack s'accorda deux jours avant de les déclarer disparus en mission. Il essaya de contacter leurs alliés. Mais ceux –ci étaient devenus faibles ou inexistants. La Tok'ra, les Asgards, les Tollans, il ne fallait plus compter sur eux. Restaient les Nox.

Il fit appel à eux mais obtint une réponse évasive. Les Nox étaient pacifiques et visiblement ne voulaient pas se lancer dans une expédition qui aurait pu les obliger à mener une guerre qu'ils ne souhaitaient pas.

Jack n'avait pratiquement pas dormi depuis la disparition de ses amis. Il était assis à son bureau, il avait tout tenté.

Voilà ! c'était arrivé ! ce qu'il redoutait le plus en voyant ses amis franchir sans lui la porte des étoiles. Qu'ils ne reviennent jamais.

La mort dans l'âme il avait dû se résoudre à les déclarer disparus. Mais au fond de lui-même il se refusait à croire à leur mort. Ce n'était pas la première fois, qu'ils ne rentraient pas, mais jamais depuis qu'il commandait le SGC. Il comprenait maintenant les sueurs froides qu'ils donnaient à Hammond autrefois.

Les semaines qui suivirent furent éprouvantes pour l'entourage de Jack. Il était fermé plus que jamais, passait des heures seul dans son bureau, ne voulait voir personne, accomplissait son travail par habitude, mais explosait à la moindre contrariété. C'était devenu trop dur, et combien de fois la tentation de tout envoyé balader l'étreignit-il ? il ne le savait même pas lui-même. Harriman faisait de petites tentatives pour lui parler, mais il ne répondait pas ou par monosyllabe, si bien que le sergent s'éloignait en soupirant ne sachant plus quoi faire pour son général.

Les missions continuaient, il le fallait, le programme de la porte était trop coûteux, et Jack était souvent en butte à une administration tatillonne. Il pestait, rageait, mais cela ne le soulageait nullement. Tout dans cette base le ramenait à elle, sa place au mess, son vestiaire, son labo, la salle de briefing, la salle de contrôle, elle était partout où il allait, il entendait sa voix et croyait souvent la reconnaître dans une silhouette furtive au détour d'un couloir. Il se dit qu'il perdait la tête, mais se refusait à en parler à quiconque, encore moins à un psy.

Daniel et Teal'c lui manquaient aussi, mais elle c'était différent, c'était beaucoup plus qu'une amie. Maintenant qu'elle avait disparu il pouvait bien se l'avouer qu'elle comptait beaucoup plus pour lui que ce n'était censé le faire.

-Ouverture non programmée de la porte, dit le sergent tandis que les alarmes retentissaient dans toute la base.

-On a un code ? demanda O'Neill plein d'espoir

-Non mon général.

-Fermez l'iris dit-il sèchement.

Il se tenait debout devant la vitre. Et si c'était eux ? pensa t-il. Il n'y avait pas eu d'alertes depuis leur départ. Mais comment savoir ?

Au bout de quelques instants le vortex se déconnecta et le silence retomba sur la base.

-Sergent dit O'Neill avez-vous remarqué quelque chose d'anormal, des fluctuations ou un truc de ce genre ? Qui a ouvert le vortex vers la terre ?

Le sergent Benson se mit immédiatement au travail. Quelques minutes plus tard il fit avertir le général qu'il avait trouvé quelque chose.

-Il s'agit d'une fluctuation caractéristique correspondant à une technique de reconnaissance que nous avons donné aux habitants de P9J786.

-les Anténiens ?

-En effet monsieur, SG1 avait établi des relations diplomatiques avec ce peuple il y a deux ans et…

-Je sais tout ça sergent, j'y étais. Mais si le vortex s'ouvre à nouveau pouvez-vous identifier cette fluctuation immédiatement ?

-Sans problème monsieur, maintenant que je l'ai vue une fois.

-Alors attendons qu'ils rappellent.

Ils n'eurent pas à attendre longtemps, les alarmes se mirent à mugir et les chevrons s'enclenchèrent rapidement.

-Sergent ? demanda O'Neill

-La même fluctuation mon général

-Ouvrez l'iris dit Jack le cœur battant à tout rompre.

L'ouvris s'ouvrit dans un bruit de ferraille caractéristique. Un objet roula sur le sol, c'était une feuille roulée en boule

-Fermez l'iris dit O'Neill en prenant le papier sur lequel étaient écrits ces quelques mots « c'est nous ».

Il redescendit la passerelle lentement, il reconnaissait l'écriture de Daniel. C'était eux.

-Envoyez un MALP sur P9J786 dit-il seulement.

Un quart d'heure plus tard SG1 franchissaient le vortex. Ils avaient une mine effroyable, étaient en sang, les vêtements salis et déchirés.

Le regard de Sam accrocha celui de Jack,il put y lire un immense soulagement d'être enfin rentrée au bercail, mais avant qu'elle n' ait pu dire le moindre mot elle s'écroula dans ses bras. Il mit quelques secondes à réagir en s'apercevant qu'il tenait contre lui un corps inerte. Ils furent pris en charge aussitôt par le docteur Brigth et deux infirmiers. Jack posa doucement Sam sur un brancard, elle revenait à elle,

-Mon général… mais elle n'avait plus de forces

-Ne dites rien Carter, on va s'occuper de vous.

A suivre….