Scène 1
- J'ai vraiment hâte d'être à cette parade ! Kazuha m'a dit qu'elle valait vraiment le coup d'oeil !
Ran s'extasiait à l'avance du programme que la mère de Heiji leur avait faxé à l'agence deux jours plus tôt.
- Oui, ça a l'air intéressant... Pour une fois qu'on peut aller se divertir dans le Kansai, et pour peu de frais...
- Papa ! Ce n'est pas parce que nous sommes invités par les parents de Heiji qu'il faut profiter d'eux et de leur portefeuille ! Tu n'as pas honte de dire de telles choses...!
Conan écrasa un bâillement. Heiji ne les avait même pas appelé pour leur demander de confirmer l'invitation... D'habitude, il prenait un malin plaisir à l'appeler pour lui annoncer quand il souhaitait les inviter, ou quand lui-même s'invitait chez les Mouri. Mais cette fois-ci, c'était Shizuka Hattori en personne qui les avait invité pour le Festival de Tenji Matsuri. Cette parade se composait essentiellement de chars flottant sur la rivère Dojima près du sanctuaire Tenman-gu, puis de fêtes commémoratives dans les sanctuaires shinto dédiés à Tenji, en l'honneur de Sugawara no Michizane, kami de la calligraphie.
Ran avait volontiers accepté, car Kazuha lui en avait parlé lors d'une précédente rencontre, et elle avait aimé la manière dont son amie lui avait décrit l'événement. Kogoro ne s'était pas fait prier pour accepter l'invitation... Et Conan avait suivi, tout naturellement...
Les Mouri et Conan descendirent sur le quai de la gare de Umeda. Heiji et Kazuha les y attendaient. Ils se saluèrent chaleureusement, et prirent rapidement la direction de la sortie, où un taxi les attendait pour les emmener chez les Hattori. Ran s'étonna de la taille du taxi.
- Pourquoi un taxi aussi spacieux ?
- Tu le verras bien assez tôt, répondit mystérieusement Heiji.
Durant le trajet, ils discutèrent de choses et d'autres, et une fois arrivés devant la grande maison de style traditionnel, Heiji les conduisit à leur chambre avant qu'ils ne se présentent devant Shizuka. Ran et Kogoro en profitèrent pour se rafraîchir, et se rendirent ensuite dans le petit salon pour remercier leur hôtesse.
Shizuka les accueillit à bras ouverts :
- Je suis heureuse que vous ayez pu venir. Cette année, la Parade fête ses mille ans. Nous aurons un programme chargé. Malheureusement, mon mari ne pourra pas nous accompagner... Vous connaissez le métier, Monsieur Mouri... Il n'y a pas de temps pour la fête... De plus, la préfecture a en charge une partie de la sécurité de la parade... Il est donc fort occupé, et regrette de ne pouvoir vous rencontrer avant ce soir.
- Cela est bien dommage, chère Madame, fit Kogoro d'un air ennuyé. Je pensais pouvoir discuter un peu plus avec lui...
- Vous aurez tout le week-end pour cela, répondit Shizuka en souriant. En attendant, que diriez-vous de nous rendre près du parcours du défilé? Nous pourrions aller déjeuner dans un très bon restaurant de ma connaissance. Vous pourrez goûter à notre fameux Kitsune-udon (nouilles avec du tôfu frit) et au Kayaku-Gohan (riz avec des légumes et du poulet)...
- Très bonne idée, fit Kazuha.
Kogoro et Ran acquiescèrent, et Conan les suivit dans le taxi monospace qui les avaient emmené un peu plus tôt de la gare. Ran comprit alors que si le taxi était si spacieux, c'était pour pouvoir tous les emmener en ville.
La circulation ayant été interrompue par le trajet prédéfini du défilé, le taxi dû emprunter une voie de déviation. Puis il du s'arrêter à plusieurs reprises, à cause du filtrage policier qui avait été installé.
- Eh bien, c'est très surveillé, pour une fête... Il y aurait quelque chose de spécial ? demanda Conan à Shizuka.
- Non... C'est tout simplement que chaque année, il y a des incidents entre jeunes de bandes rivales, alors les contrôles sont fréquents.
Ran souleva un sourcil, mais observant les personnes avec qui elle se trouvait, elle se dit qu'elle ne risquerait rien.
Soudain, le taxi freina plus durement que les fois précédentes. Kogoro allait sermonner le conducteur, quand Kazuha s'exclama :
- Eh ! Mais c'est l'inspecteur Otaki !
Tous regardaient dans la direction qu'elle désigna. Effectivement, l'inspecteur Otaki était accoudé au toit d'une voiture de police garée négligemment devant l'entrée d'un hôtel particulier, de l'autre côté de la rue. Il avait l'air soucieux et semblait effondré.
Shizuka demanda au chauffeur de se garer sur le bas-côté, tandis que Heiji lui signalait qu'ils allaient être en retard pour le lancement du défilé, mais cela ne l'empêcha pas d'ignorer son fils et de descendre de la voiture pour rejoindre le collègue de son mari.
- Mais enfin ! C'est pas le moment ! fit Heiji, exacerbé.
Sa mère se retourna vivement.
-Ecoute, tu ne vas pas faire ton intéressant maintenant, Heiji. Je veux juste aller voir ce qui se passe...Et puis je trouve étonnant que tu ne veuilles pas plus que cela t'intéresser au cas d'Otaki... Il a l'air sur une enquête assez difficile, et toi, tu persistes pour aller à une fête qui ne t'inquiétait pas autant les années précédentes...
- C'est que... euh... J'ai faim, moi !
Ignorant la faible réponse de son fils, elle rejoignit Otaki qui sembla perdre consistance en la voyant. Quittant son siège en jetant un coup d'oeil à son ami qui avait un comportement étrange à ses yeux, Conan découvrit quelque chose de surprenant. Heiji n'avait pas tenté de quitter sa place à l'avant ; pire, il se renfrognait dans son siège, et évitait de regarder du coté de l'hôtel.
"Etrange..."
Kogoro, Ran et Kazuha rejoignirent Shizuka Hattori et l'inspecteur Otaki. Ils semblèrent pris dans une discussion animée, et Heiji ne pu entendre toute leur conversation, mais au bout d'un moment, sa mère quitta le groupe pour le rejoindre.
- Heiji, l'inspecteur aimerait obtenir ton aide pour l'affaire sur laquelle il bute. Il voulait savoir si tu pouvais lui donner quelques conseils... Il a l'air vraiment déprimé le pauvre...
- Pourquoi ne demande-t-il pas l'aide de Mouri ? Après tout, il est bien meilleur que moi, si je me fie à ce que papa pense de lui...
Shizuka lui lança son regard exaspéré.
- Et puis, je ne me sens pas bien... Avec toute cette chaleur...
- Mon pauvre chou..., fit Kazuha en tordant la tête pour mieux le voir dans l'embrasure de la fenêtre du taxi. Otaki a besoin de toi, et tu nous fais le petit garçon gâté et capricieux ? C'est nouveau, ça...
- Aho ! il fait vraiment trop chaud, et j'ai la tête qui me tourne !
- Alors évite de crier, tu pourrais nous faire une syncope...!
Kazuha tentait de le faire sortir de ses gonds, pour qu'il aille voir Otaki.
- Je sais ! Tu as peur qu'avec la chaleur qu'il fait, si tu te mets à réfléchir, ton cerveau finisse en bouillie...
- Si tu me cherches, tu ne me trouveras pas, Kazuha... Je ne marcherai pas dans ton jeu.
Il avait prit un ton sec, presque menaçant.
Etonnée de cette réaction, car elle savait que parfois, il jouait la comédie exprès mais accédait quand même à sa requête, elle recula d'un pas.
- Heiji... Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Rien.
- Mais si, dis-le nous, fit sa mère. Tu sais, Otaki est vraiment dans la panade. Mais écoute au moins son histoire...
Puis une voix les fit se retourner.
- Ce n'est pas grave, Madame Hattori. Si Heiji ne veut pas, tant pis... Mais j'aimerai cependant m'entretenir avec lui, si c'est possible.
Otaki venait de les rejoindre au taxi, suivit par les Mouri et Conan.
Heiji descendit à regret de la voiture, et suivit Otaki à l'intérieur de l'hôtel, dans le hall. Conan les suivit discrètement.
Otaki desserra son noeud de cravate et déboutonna son col. Il avait l'air de quelqu'un qui cherche une solution à un problème insoluble.
- Dis-moi ce qui se passe, Heiji.
- Que voulez-vous que je vous dise ?
- Cette nuit, un homme est mort dans cet hôtel. Et j'ai tout lieu de croire que tu es mêlé de quelque manière que ce soit à ce meurtre...
- N'importe quoi ! Moi ? Alors que je suis plutôt du bon côté de la barrière ? Qu'est-ce qui vous prouve que j'étais là, d'abord !
- Arrête, Heiji. Je sais que tu es quelqu'un de très intelligent, alors j'aimerai que tu m'aides pour ces cinq prochaines secondes... Peux-tu m'expliquer pourquoi nous avons retrouvé ta casquette favorite sur les lieux du crime ?
