Scène 6
Heiji trépignait d'impatience. On l'avait changé de salle, et Fubuyuki cherchait encore à le déstabiliser.
- Heiji, je te préviens que ma patience a ses limites. Même si ta garde à vue n'est que de trente-six heures, je compte les mettre à profit pour découvrir ce que tu caches…
Il prit le siège devant lui et s'y installa. Heiji était toujours affalé sur sa chaise, la faisant tanguer sur ses deux pieds arrière.
- Ecoute, entre nous, je me fiche de savoir ce que tu faisais là-bas. Tout ce qui m'importe, c'est de trouver le moyen de te disculper. Mais avec tes empruntes sur l'arme, ça n'arrange pas les choses.
Heiji ne répondit toujours pas.
- Tu maintiens le fait qu'on t'ait tendu un piège ? Comment peux-tu en être aussi sûr… ?
- Ecoutez, finit par lâcher Heiji dans un profond soupir de lassitude, Je récupère un katana qui était tombé à terre, j'y dépose mes empreintes, mais je ne tue personne. Et le lendemain, on retrouve cette arme dans le dos d'un type que je n'ai jamais rencontré… Alors deux choses : soit ce katana s'est retrouvé par hasard - et moi avec - au mauvais endroit et au mauvais moment, soit on a tenu compte du fait que j'ai eu accès à ce katana, et on s'en sera servi pour me faire porter le chapeau… Et ça, Mouri l'a déjà découvert à l'heure actuelle…
- Ca n'explique pas pourquoi on ne retrouve que tes empreintes, sauf si le véritable assassin portait des gants. Dans ce cas, on se retrouve avec un crime prémédité…
Heiji fut satisfait de voir que Fubuyuki ne cherchait plus à le harceler. Il lui avait fourni sa version des faits sans trop avoir à en dire plus, et l'inspecteur en avait manifestement pris bonne note.
Il allait ajouter autre chose, quand la porte de la pièce s'ouvrit, laissant apparaître un homme que Heiji ne s'attendait pas à voir apparaître. Sous la surprise, Heiji tomba à la renverse, entraînant sa chaise dans sa chute.
- Mon…Monsieur Toyama…
Il se raccrocha au rebord de la table pour se relever. Son visage reflétait l'angoisse.
- Tatsuya, tu peux nous laisser.
Sans demander son reste, l'inspecteur Fubuyuki obéit à son supérieur et quitta la salle. Tout en refermant la porte derrière lui, il se dit que le jeune homme allait passer un sale quart d'heure…
Décidant de ne pas retourner en salle d'attente, Conan se dirigea vers l'ascenseur, dans l'idée de retourner à la chambre pour informer Otaki et Mouri de sa découverte. Remarquant alors la queue devant l'unique appareil, il décida de prendre les escaliers, situés à l'extrémité opposée.
Il grimpa donc jusqu'au troisième étage, essoufflé par son ascension, car les escaliers étaient rudes pour ses petites jambes. Il pénétra dans le couloir, où deux agents en faction, discutaient tranquillement. Ils étaient au milieu du couloir, et l'un d'eux jeta un œil en direction de Conan, mais n'interrompit pas pour autant sa discussion avec son collègue.
Comme ils ne portaient aucune attention sur le petit garçon, Conan se faufila près du mur, pour entrer dans la pièce. Au moment où il arrivait à leur niveau, la minuterie de l'éclairage prit fin, et le couloir fut plongé dans la pénombre. Conan tâta le mur pour trouver la porte, tandis qu'un des hommes rechercha la veilleuse pour rallumer le couloir. Quand la lumière revint, il n'y avait plus trace de Conan dans les environs.
L'appartement de Nagao était vide.
Il s'attendait à y trouver Mouri et Otaki, mais la pièce où le meurtre avait eu lieu était vide. Le corps avait été ramassé, et le lit semblait avoir été refait.
« Mais bon sang, qui s'est amusé à nettoyer le lieu du crime… ? Otaki n'aurait pas laissé la femme de chambre faire le ménage, tout de même ! »
Mais il lui vint alors une évidence : il s'était trompé de chambre !
« Oui, ça ne peut être que ça… La disposition et les meubles sont identiques… En revanche, il y a quelques différences… dans cette pièce… et aussi dans celle-ci… »
Il parcourut l'appartement de long en large, et comprit alors une chose.
« Bien, reste plus qu'à prévenir l'inspecteur Otaki… »
Il s'arrêta net. Son regard venait de rencontrer un objet qui lui permit de faire le lien avec toute cette affaire… Il alla l'observer.
« C'est parfait… J'ai enfin compris ce qui s'est passé ici hier soir… Il ne me reste plus qu'à trouver comment le véritable assassin a pu entrer dans la chambre sans se faire remarquer… »
Il sortit de l'appartement silencieusement, un sourire aux lèvres.
