Kikou! J'ai longuement hésité avant de mettre ce chapitre en ligne dès aujourd'hui. Je voulais vous faire languir... mais, j'ai pensé que je n'aimerai pas qu'on me fasse ça, donc: le voili, le voilà. Bonne lecture et n'oubliez pas, petite review, siouplé!

Mon Invoqueur...

Noa était étendue au sol, entourée de sang. Un fantôme flottait à côté d'elle.

-S'il vous plaît les enfants..., dit-elle d'une voix lointaine, Sauvez ma petite fille...

Ed se précipita sur la jeune fille et la prit délicatement dans ses bras.

-Noa...

Il écarta la main qu'elle gardait crispée sur son ventre et découvrit avec horreur trois entailles profondes. Les larmes lui montèrent aux yeux.

-Non, pas toi... Pas maintenant...

Al s'avança d'un pas, la tête basse.

-Ed...

La femme fantôme s'agenouilla devant Ed et le regarda dans les yeux.

-Edward... Elle n'est pas morte...

En effet, le visage de Noa tressaillit et Ed se rendit compte qu'elle respirait encore faiblement. Il ôta son manteau, le plia et le mit sous la tête de la jeune fille

-Al! Rapporte-moi de quoi faire un échange! Il faut faire vite!

Al s'apprêtait à sortir, mais la voix du fantôme le retint.

-L'invocation surpasse les règles de la logique et de l'alchimie, Alphonse... Pas besoin d'échange...

-Mais, Ed n'est pas Invoqueur!

-Mais Noa l'est, elle..., répondit Ed, Et c'est inscrit en elle... Ce qui veut dire que si je...

Il leva la tête vers la femme, qui lui sourit.

-Écoutes ton cœur, Edward...

Le jeune homme ferma les yeux, claqua ses mains et lesplaça au-dessus duventre de Noa. Des éclairs apparurent et ils furent bientôt mêlés à des pétales de fleurs et un cercle de glace se dessina sur la peau de Noa. Les blessures de la jeune fille se refermèrent peu à peu, ne laissant que de fines traces. Ed retira ses mains, mais l'Invoqueur ne réagit pas. Le jeune homme leva la tête vers la femme.

-Pourquoi elle se réveille pas?

-Elle n'avait plus beaucoup d'énergie vitale lorsqu'elle m'a invoquée... Il faut juste qu'elle se repose... Ne t'inquiète pas...

-Qui êtes-vous, demanda Al.

-Lawrence Rushermein... La mère de Noa... Éteignez les bougies et je partirai... Prenez bien soin de ma petite fille...

Ed souffla les bougies une à une et la mère de Noa disparut dans un léger scintillement. Il prit Noa dans ses bras et la souleva de terre. Elle respirait normalement, comme si elle dormait paisiblement. Il sortit, suivi de Al, et la déposa dans son lit. Il ramena les couvertures sur elle, le visage inquiet. Son frère posa une main sur son épaule.

-Allez, Ed... T'as entendu ce qu'a dit Lawrence, elle va se réveiller...

-J'espère... Tu sais, Al... Je crois que tu avais raison...

Al soupira et dit :

-Tu vois que je te connais mieux que toi.

-Ouais, peut-être... Mais il a fallut que je risque de la perdre pour m'en rendre compte...

Il effleura la joue de la jeune fille des doigts et s'assit à son chevet. Il ne le quitta pas de la nuit ni de la matinée qui suivirent. En milieu de journée, Noa ouvrit enfin les yeux. La première chose qu'elle vit fut le visage souriant de Ed, qui semblait soulagé. Elle se redressa doucement et prit le jeune homme dans ses bras. Il fut surpris, mais il lui rendit son étreinte. Elle ferma les yeux et souffla :

-Merci, Ed... Tu m'as sauvé la vie...

Il s'écarta d'elle.

-Recouches-toi, tu ne dois pas faire trop d'efforts.

Elle lui obéit et se glissa dans les draps. Il se leva et se dirigea vers la porte.

-Où vas-tu?

-Te venger, dit-il sans se retourner.

Elle entendit la porte s'ouvrir et se refermer, puis Al entra dans la chambre.

-Tu es réveillée, c'est bien. Ed était inquiet.

-Il est parti au village, Al.

-Je sais. Il me l'avait dit. Une fois qu'il serait sûr que tu est hors de danger, il irait voir les hommes qui t'ont fait ça et leur casser la figure.

-Non! Il ne doit...

Elle s'était redressée vivement et elle se plia de douleur. Al s'avança vers elle.

-Tu dois rester calme sinon tes blessures...

-Il va se faire tuer, Al!

-Ne t'inquiète pas. Quand il est énervé, mon frère est imbattable.

Descendu au village, Ed se mit à crier sur la grand-place qu'il voulait voir Pierrick. Celui-ci ne tarda pas à venir. Tout le village s'était réuni autour d'eux.

-Alors,fit Pierrick, Ta sorcière est crevée?

-Je t'ai déjà dit que c'était un Invoqueur. Et non, elle n'est pas morte. T'as loupé ton coup, enfoiré. C'est ballot.

-C'est pas grave, je l'aurai une autre fois! Après tout, je l'ai déjà fait!

Ed se rua sur lui et lui mit une droite. L'homme voulut répliquer, l'alchimiste le bloqua et transmuta sa veste en une camisole. Il lui envoya un coup de genoux dans le ventre et il s'écroula. Personne n'osa intervenir.

-Maintenant vous allez m'écouter, lança Ed, Noa Rushermein n'est pas une sorcière, mais un Invoqueur. Elle est capable d'invoquer des esprits et de contrôler les éléments. Ses pouvoirs reposent sur le même principe que l'alchimie, c'est-à-dire l'échange équivalent. Pour pouvoir les utiliser, elle donne en contrepartie une partie de son énergie vitale.

Noa et Al, la jeune fille prenant appui sur son ami, arrivèrent à la lisière de la forêt, mais restèrent en arrière.

-Il y a neuf ans, les circonstances de la mort des Zenger vous ont été cachées, poursuivit Ed, Noa était bien avec eux, mais tous les six étaient en train de défendre le village contre une meute de loups géants. Les Zenger sont morts sous ses yeux et Noa vous a laissé l'accuser à tort.

-Tu n'as aucune preuve de ce que tu avances, lança soudain un homme.

-Ouais, il a raison, fit une femme, Tu es du côté de la sorcière, tu nous mens!

Des protestations s'élevèrent, mais soudain Grand-Mère s'avança et ils se turent.

-Non, il a raison. J'étais là, je les ai vus.

Ed se tourna vers elle, furieux.

-Et vous les avez laissés l'accuser alors que vous saviez que c'était faux!

-Comprends-moi, gamin. Geneviève Zenger était ma fille. Je lui avais toujours dit de ne pas fréquenter de trop près la sorcière, mais en tant qu'alchimiste, elle la trouvait intéressante. Ce jour-là, j'ai voulu voir ce qu'elle faisait à chaque fois qu'elle allait là-bas. Je les ai suivi et j'ai vu ce qui c'est passé. Je l'ai détestée encore plus ensuite pour être la seule survivante de cette attaque...

-Mais depuis neuf ans, elle continue de vous protéger sans rien demander en retour. Et pire! Elle ne gagne que votre haine et votre dégoût! Vous avez même essayé de la tuer! Imaginez un peu ce que vous lui faites endurer! Vous êtes les seuls à ne pas l'avoir comprise! Vous restés bornés à la prendre pour une sorcière! Vous êtes aveugles à tout ce qu'elle fait pour vous préserver des dangers de la forêt! Il y a deux semaines à peine, vous l'avez encore accusée d'avoir enlevée une petite fille! Une fois le dos tourné, elle est tout de suite partie à sa recherche et la guidée en dehors de la forêt!

Tous les villageois avaient la tête baissée. Al se tourna vers Noa :ses yeux étaient remplis de larmes. Elle les essuya prestement.

-Vous pourriez au moins admettre que votre haine aveugle n'est qu'une sale connerie! Et que vous n'êtes vraiment que des lâches égoïstes, qui ne se rendent même pas compte de la chance qu'ils ont d'avoir quelqu'un de si dévoué pour les protéger! Vous n'êtes que...

-C'est bon, Ed!

Le jeune homme se retourna. Noa s'avança vers lui.

-Arrêtes, ils ont compris, ne les insulte pas.

-Tu prends encore leur défense...

Elle eût un sourire et baissa la tête. Une larme coula sur sa joue.

-Hey, fit Ed en la prenant par les épaules, Pleures pas, c'est pas un reproche...

Elle lui sourit.

-Puisses-tu pardonner notre sottise, Noa...

La jeune fille releva la tête vers Grand-Mère, qui était agenouillée devant elle.

-Nous avons commis une grave erreur, j'espère que tu pourras un jour nous en pardonner.

Noa la fit se relever et la prit dans ses bras.

-Je vous pardonne.

Elle relâcha son étreinte et Grand-Mère demanda timidement :

-Pourrais-tu invoquer ma fille, un jour, que je puisse lui parler?

-Je peux le faire tout de suite.

Dans un léger craquement, elle fit apparaître une flamme dans sa paume.

-Tu es encore faible..., dit Ed.

-C'est bon, ça va aller.

Elle traça un cercle d'une dizaine de mètres de diamètre en déposant régulièrement quelques brins de paille enflammés au sol. Puis elle fit des signes rapides de ses mains et posa sa main droite au sol. Un souffle de vent en parti et les flammes furent soulevées, puis mélangées au vent, elles formèrent un tourbillon au centre du cercle. De ce tourbillon sortirent toute la famille Zenger, la mère de Noa et un homme qui devait être son père. Les flammes reprirent leurs places et le vent tomba. Les villageois restaient silencieux, ébahis par l'invocation. Noa se redressa et tituba. Ed s'avança pour la soutenir, mais un villageois fut plus rapide que lui. Elle tourna la tête vers l'alchimiste et il lui sourit. Elle lui rendit son sourire avant de s'évanouir dans les bras de l'homme, qui la souleva de terre et la porta jusqu'au jeune homme. Il la lui mit dans les bras et dit avec un clin d'œil :

-C'est ton Invoqueur, après tout...

Ed sembla surpris, puis il souria et baissa les yeux vers Noa. Elle avait un visage paisible. Elle était enfin libérée de la rancune des villageois.

Après cet évènement, les habitants de Renta considérèrent la jeune fille comme l'une des leur, mais, bien qu'ils lui proposèrent, elle ne voulut pas venir habiter au village. Elle préférait rester dans sa petite maison, perdue dans la forêt. Les frères Elric avaient fini de lire les livres du père de Noa et devaient repartir. La nuit qui précéda leur départ, Ed et Al parlèrent beaucoup de tout ce qui c'était passé et Al revint inévitablement sur les sentiments de son frère.

-Alors qu'est-ce que tu vas faire?

-Pour quoi?

-Pour Noa. Tu vas lui dire ce que tu ressens pour elle ou non?

Ed resta silencieux un long moment.

-Non..., finit-il par dire, Je ne peux pas rester ici et je ne veux l'arracher au village, maintenant qu'elle y est acceptée.

-Mais... Et toi?

-Moi? Quelle importance! Et puis... J'en ai vu d'autres, tu crois pas?

-Je suis pas sûr...

-T'inquiètes, frangin! Je m'en remettrai! Allez! On fait de la route demain, tu devrais dormir.

-Ouais, bonne nuit, Ed.

-Bonne nuit, p'tit frère.

Ed se tourna face au mur, le visage sombre. Demain, il allait partir et il ne reverrait sûrement jamais Noa. Il ferma les yeux et fourra sa tête dans ses bras. Il ne devait pas tenir compte de ses sentiments : rendre son corps à Al était sa priorité et il s'était déjà trop attardé ici. Noa avait retrouvé toute son énergie, les villageois étaient de son côté et eux devaient continuer leurs recherches. C'était ainsi et il ne devait rien changer. Même si ça faisait mal...

Le lendemain, le village s'était réuni pour le départ des deux alchimistes. Après avoir été salués par les quelques villageois qu'ils connaissaient un peu, Noa s'avança vers eux.

-Eh bien, voilà, dit-elle, Vous devez partir. Tout le temps qu'on a passé tous les trois... C'était bien...

Al se pencha et la prit dans ses bras.

-Fais attention à toi, Al.

-Tu vas me manquer.

-Toi aussi, p'tit frère.

Ils s'écartèrent l'un de l'autre et la jeune fille lui sourit.

-Je suis sûre que tu retrouveras ton corps, Al. Si vous avez besoin d'aide pour ça n'hésitez pas. Je vous dois bien ça, ajouta-t-elle avec un léger rire.

Elle se tourna vers Ed, des larmes dans les yeux.

-Quant à toi, donneur de leçon, j'ai une quantité de dettes envers toi! C'est malin!

Il s'approcha d'elle et la serra contre lui.

-Je t'en prie, souffla-t-elle de façon à ce qu'il soit le seul à l'entendre, Ne prends plus de risques comme tu l'as fait ici, je ne veux pas que tu meures...

-Noa... Je...

Une larme coula sur sa joue et il la serra plus fort.

-Tu me manques déjà...

Ils restèrent un long moment enlacés, le temps semblant s'être arrêté. Lorsque enfin ils se séparèrent, Grand-Mère prit Noa par les épaules.

-Salut, dit celle-ci d'une voix blanche.

Les deux frères se détournèrent et se mirent en marche. Avant de pénétrer dans les arbres, Ed se retourna et vit Noa, seule. Il lui fit un signe de la main, auquel elle répondit. Le jeune homme s'enfonça dans les arbres en essayant de chasser le sentiment qui lui pinçait le cœur.