Scène 7
- Eh bien, je suis heureux de voir que ma réputation puisse être source de vocation… Vous êtes tous comme ça dans votre famille ?
Conan se retourna pour voir à qui s'adressait la réplique de Kogoro. Il découvrit un homme jeune, vêtu d'un costume trois pièces assez neuf : il avait du être utilisé très peu, d'après l'usure aux genoux et aux coudes.
- Oh, vous savez, il n'y a que mon cousin et moi, mais il m'a dit qu'il avait tout appris à vos côtés ! C'est dommage que vous ne viviez pas à Osaka, j'aurai pu être votre avocat officiel et vous m'auriez conseillé à vos clients…
- Euh… vous savez, j'ai déjà un avocat particulier, ma femme, Eri Kisaki…
- Quoi ! Vous parlez de Maître Kisaki, la Reine du Barreau !
Conan cru que l'homme allait s'évanouir.
- Mais quel bonheur ! poursuivit-il malgré tout. De savoir mes deux plus grandes idoles, mariées… !
- Séparés, Monsieur Yamamura…
« Yamamura ! » Son air empoté lui avait vaguement rappelé quelqu'un, mais à présent Conan en était sûr, ce type était le cousin de l'inspecteur raté de Gunma… !
- Vous êtes l'avocat de Heiji ? demanda-t-il alors, s'immisçant dans la conversation.
Mouri ne laissa pas le temps à Shindo de répondre :
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Je te croyais en bas…
- Ben j'ai suivi les brancardiers, mentit-il à demi. Ils viennent enlever le corps, je voulais voir…
Effectivement, à ce moment-là, les deux brancardiers voulurent passer la porte pour quitter l'appartement, le corps drapé posé sur la civière, juste au moment où Yamamura était dans l'encadrement. C'était la première fois que l'avocat voyait un cadavre. Il fut pris d'une peur panique et voulu reculer pour laisser passer le brancard mais ses jambes se dérobèrent sous son corps et il tomba après leur passage et cogna violemment la porte qui claqua tout aussi violemment, mais elle ne se referma pas.
Conan fut surpris. Il resta deux longues secondes devant cette porte, devant l'avocat qui peinait à se relever.
- Je… Je suis désolé…
Yamamura se confondit en mille excuses.
- Bah, ce n'est pas grave… Et puis l'inspecteur nous aurait ouvert de l'intérieur si la porte s'était refermée… Heureusement qu'il est encore dedans, sinon, nous aurions eu à redescendre pour demander le pass…
« Mais oui ! C'est ça ! Ca ne peut être que ça ! »
Conan jubilait. D'un mouvement preste, il évita Kogoro et Yamamura, et se faufila dans la chambre.
- Ah non, ça suffit, toi ! fit Kogoro. Je t'ai assez supporté ! Tu ne m'es d'aucune aide !
A cet instant, l'ascenseur que les brancardiers avaient appelé s'ouvrit sur Ran, qui recherchait Conan à travers tout l'hôtel.
- Conan ! Je savais que tu étais là ! Allez, laisse papa travailler, tu vois bien qu'il est occupé…
Elle parcourut la distance entre elle et le garçon, mais son père fut plus rapide.
- Sale morveux, veux-tu bien écoutez ce qu'on…
Pshit !
Conan venait de lancer une flèche hypodermique sur Kogoro, le privant ainsi de toute faculté. Puis, à l'abri des regards, il prit son transformateur de voix, et stoppa Ran dans sa course.
- Ran ! Va chercher Madame Hattori et Kazuha, dis à Shizuka qu'elle fasse venir son mari, c'est important. Monsieur Yamamura, vous vous occuper de prévenir Monsieur Toyama pour qu'il vienne aussi accompagné de Heiji. Quant à vous, inspecteur, j'aurai besoin que vous alliez me chercher le majordome avec le pass de la chambre d'à côté, celle qui est vide pour l'instant…
Tous quittèrent la pièce, et Conan profita de leur absence pour régler quelques détails avant de pouvoir mettre un point final à cette affaire. Il espérait juste ne pas se tromper sur certains points…
- Je suis désolé pour ce qui t'arrive, Heiji. Dis-moi ce qui s'est passé…
Toyama prit un air conciliant et s'assied face à Heiji.
- Le sénateur Nagao s'est fait descendre et on m'accuse du meurtre...
- Oui, je suis au courant… Mais tu sais bien que c'est impossible... Tu n'y es strictement pour rien…
- Je sais, mais je n'ai pas d'alibi... Le pire, c'est qu'on a retrouvé ma casquette là-bas... Je l'ai oublié…
- Idiot ! Quoi d'autre ?
- On a aussi retrouvé mes empruntes sur l'arme du crime... un Katana de très belle facture, d'ailleurs...
Heiji aurait voulu être enterré six pieds sous terre à ce moment-là.
- Comment ça ?
- Ben, il était tombé par terre, je n'ai fait que le ramasser...
- Super... Je crois que là ça va être dur de te récupérer...
- Je suis vraiment désolé...
Toyama sentait la sincérité dans la voix du jeune homme
- Bah, ce n'est pas de ta faute... si j'avais pu deviner…
- Ne vous en faites pas... J'ai un allié de taille qui va trouver la preuve pour me disculper...
- Tu parles de Mouri ?
- Hein ? Euh oui, c'est lui…
Il pensait plus à Kudô. A cette heure-ci, il avait certainement dû trouver au moins une preuve le disculpant…
- Je crois qu'on peut s'attendre à un message de sa part d'un moment à l'autre…
Et comme pour justifier ses dires, Fubuyuki passa la tête par l'entrebâillement de la porte de la salle.
- Excusez-moi de vous déranger, Monsieur, mais on vient de recevoir un appel de l'avocat de Heiji, depuis l'hôtel… Le détective Mouri vous demande ainsi que Heiji… Il aurait compris qui est l'assassin…
Moins d'une demie heure plus tard, tous étaient réunis dans l'appartement de feu Nagao. Un seul manquait à l'appel : il s'agissait du préfet Hattori.
Toyama s'excusa de son absence ; le préfet devant s'occuper des pourparlers avec les membres du Sénat et organiser une cellule de crise, il ne pouvait se libérer. Shizuka souleva un sourcil à cette annonce. Elle comprenait le devoir de son mari, mais ne pouvait se résoudre à lui pardonner son courroux face à l'inculpation de leur fils. Elle salua cependant le confrère de son mari, qui lui-même était assailli de question par sa fille.
- Monsieur Toyama… je suis ravi de vous revoir, fit Conan, sous la voix déguisée de Mouri.
Il s'était installé derrière le fauteuil où reposait Kogoro, qui jouait à la perfection son rôle d'endormi. Face au détective, Toyama rendit son salut.
- Moi de même, détective Mouri. Hélas, les circonstances ne se prêtent point aux réjouissances. Je vous présente l'inspecteur Fubuyuki, c'est lui qui a en charge cette affaire, avec Otaki. S'il est ici, c'est pour maintenir la surveillance de Heiji, à ma demande…
Conan trouva cette surveillance superflue. Toyama connaissait trop Heiji pour lui faire une confiance aveugle, même si ce dernier était accusé de meurtre… Et puis l'immeuble était infesté de flics, et tous connaissaient le fils Hattori ; Heiji n'aurait jamais tenté de s'enfuir, d'autant plus qu'il était innocent…
- Très bien, nous allons donc pouvoir commencer.
Heiji se permit un rictus… Kudô utilisait Mouri comme une marionnette. Il se demanda ce qu'il se passerait le jour où le détective se rendrait compte qu'un gamin de sept ans l'endormait et lui faisait endosser le mérite de ces enquêtes après les avoir résolu à sa place et en son nom… Il espéra pour Kudo que ce jour n'arrive jamais…
