Chapitre 2 : Un don particulier

C'était une belle journée de début d'été et le soleil brillait sur Poudlard, faisant luire les eaux du lac. Gwendoline Koric, 16 ans, était assise sur un banc, occupée à réviser ses notions de potions. Son père, toujours aussi acariâtre, lui avais bien fait comprendre qu'elle devait faire honneur à sa famille, sous peine de représailles. Et, les représailles de Théodore Koric étaient toujours synonymes de coups violents et chargés d'une agressivité sans bornes. Préoccupée par de sombres pensées et par ses notes de cours, elle ne remarqua pas le jeune homme qui s'approchait lentement d'elle. Les cheveux longs et légèrement gras, le nez un peu trop long et le teint pâle, Severus Rogue n'était pas ce qu'on pouvait appeler un Apollon. Par contre, derrière ses yeux noirs et froids, nous pouvions parfois noter une pointe d'émotions, vite camouflée derrière une façade hautaine et mesquine.

- Gwendoline Koric ... dit-il d'un ton bas et légèrement ironique.

Relevant la tête, elle le regarda attentivement et dit d'une voix malicieuse

- Servilius Rogue, toujours aussi séduisant avec ta tête de poisson mort ...

Elle le regarda tiquer légèrement et pincer les lèvres comme elle adorait le voir faire. Puis, elle lui souria, ses yeux bleus, beaucoup plus tendres que ceux de son père, pétillants d'espièglerie. Severus la regarda aussi, adoptant une attitude hautaine et froide, puis la voyant sourire, il lui souria très brièvement et s'assied à ses côtés, affichant un air bourru.

- Ne m'appelle pas Servilius ! Il y a assez de ce satané Potter et sa bande de dégénérés qui se moquent de moi. Je n'ai pas besoin que ma fiancée fasse de même, dit-il d'un ton rempli de haine.

- Severus, murmure t-elle d'un ton doucereux avant de l'embrasser sur la joue, aide moi... je ne comprend rien en potions, ajoute t-elle d'un ton boudeur.

Lui lançant un bref regard en coin, Severus posa le bras sur les épaules de Gwendoline, se rapprocha d'elle et lui expliqua brièvement et clairement les rudiments des potions. Avec lui, tout semblait plus clair pour elle et elle le regarda avec amour et tendresse. Malgré le caractère imposé de leur union, ils avaient appris à se connaître et à s'aimer au fil des années. Contrairement à leurs parents respectifs, Severus et Gwendoline s'aimaient et se respectaient mutuellement. Ce qui déplaisait beaucoup à Théodore Koric, qui trouvait le petit Rogue trop affectueux avec sa fille. Souriant mesquinement aux souvenirs de son père, Gwendoline tendit la main vers Severus, tourna son visage vers le sien et l'embrassa doucement. Puis, ils quittèrent ensembles, en route pour leurs examens de fin d'année.

Quelques mois plus tard, Gwendoline avait le mal à l'âme. Être sous le toit de son père la rendait nerveuse. Elle ne savait jamais quand elle recevrait des coups par la tête et rêvait du jour ou elle pourrait épouser Severus. Entendant son père lui hurler de descendre au salon, elle s'y précipita sans plus attendre et y entra, les yeux baissés sur le sol.

- Oui papa ? demande t-elle d'une petite voix craintive

- Gwendoline, tu as atteint tes 16 ans maintenant, dit Théodore d'une voix froide, tu seras faite Mangemort comme il se doit. Tu donneras ton don de voyance à mon Maître comme convenu. C'est un ordre ! Lui intime t-il durement.

Relevant les yeux vers son père, pour une des premières fois de sa vie, Gwendoline le regarda incrédule, puis rebaissa les yeux. Hésitante, elle se risqua à demander :

- Et, si je refuse ?

Rugissant de rage, Théodore Koric s'élança vers sa fille, lui agrippa les cheveux et lui tira durement la tête par en arrière. Il plongea ensuite son regard froid dans les yeux de sa fille, insensible à ses gémissements de douleur.

- Si tu refuses, tu mourras ... et je te tuerai de mes propres mains. Ne me fait pas honte, Gwendoline Koric ou tu le regretteras amèrement ! Mais pour l'heure, saches qu'il est hors de question, que tu épouses le petit Rogue ... pas avant que tu ne soit Mangemort ! dit-il d'une voix d'outre-tombe

Il lui relâcha vivement la tête et la regarda avec dégoût. D'une voix morte, il ajouta :

- Ton petit pouilleux est plus sage que toi ... il est déjà Mangemort, lui. Peut-être tient-il plus que toi à ce mariage. Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs, tu donnes la nausée, ma fille ! J'imagine, que le petit Rogue doit avoir une forte démangeaison au niveau de l'entrejambe, pour vouloir t'épouser ... Offre ton don immédiatement, petite garce !

Après un dernier regard vers sa fille, qu'il considérait de plus en plus comme indigne des Koric, il quitta le salon, non sans l'avoir renversée durement sur le sol. Projetée par terre, Gwendoline se mordit durement la langue et le goût âpre de son sang s'écoula dans sa bouche. Plissant les yeux et affichant un regard dur, elle pensa : "Jamais ! Jamais, sale monstre !" Elle se releva et transplana. Elle avait besoin de Severus.

Elle apparaît tout près de la maison des Rogue, et alla vers la demeure d'un pas ferme. Non ! Elle n'offrirait pas son don de voyance à un monstre, qui s'en servira pour semer la mort. Elle monta les quelques marches menant à la porte d'entrée et frappa rapidement. À l'intérieur, Severus leva vivement la tête et regarda vers la porte d'entrée en grommelant. Il était en train de préparer une potion, et il détestait être dérangé. Pinçant les lèvres, il délaissa ses ingrédients et alla vers la porte, déterminé à chasser l'intrus sans ménagement. C'est donc avec fureur qu'il ouvrit la porte, affichant un air dur.

- Qu'est ce que vous voulez ? dit-il d'un ton sévère et glacial.

Sur le seuil, se tenait la femme qu'il aimait, et elle le regardait avec tristesse et désarroi. Immédiatement, Severus sentit son coeur se serrer. Pourquoi semblait-elle si peinée ? Quel malheur assombrissait la douceur de ses yeux ? D'une voix plus douce, mais néanmoins hautaine, il demanda :

- Gwendoline ... qu'est ce qui se passe ? Entre ...

Il libèra le passage, afin que Gwendoline puisse entrer. Aussitôt qu'elle fut dans la maison, elle se blottie au creux de ses bras, tremblant à la fois de peur et de fureur. Son corps était parcouru de sanglots et elle s'agrippait à Severus, comme à une bouée de sauvetage. Finalement, elle parvint à expliquer ce qui se passait, à un Severus de plus en plus inquiet.

- Severus ... mon père m'a ordonné d'offrir mon don à Tu-Sais-Qui. Il m'a ordonné de devenir Mangemort et de servir son Maître. Mais, je refuse de le faire, Severus ! Je ne veux pas, que mon don serve au mal. Je ne veux pas causer la mort des gens, soit-ils Sang-de-Bourbes !

Elle lèva alors un visage larmoyant vers lui et le regarda d'un air attristé et interrogateur.

- Mon père m'a dit, que tu étais Mangemort ... c'est vrai, Severus ? Il m'a aussi dit, que je ne pourrai pas t'épouser tant que je ne suis pas Mangemort à mon tour.

Severus l'écouta avec attention, puis pinça les lèvres lorsqu'elle le questionna sur ses allégeances. Il prit ensuite un air ulcéré, lorsqu'il l'entendit évoquer la condition à leur mariage.

- Ton père n'est qu'un pauvre fou ! dit-il avec rage. Nous nous marierons, que tu sois Mangemort ou non ! Pour qui se prend t-il le vieux bandimon ? Ajoute t-il avec froideur.

Il grommela à nouveau, puis serra Gwendoline contre son coeur, caressant tendrement ses cheveux.

- Ton don t'appartient, à toi d'en faire ce que tu désires, Gwen. Et oui ... je suis Mangemort.

Gwendoline se raidit dans les bras de Severus, lorsqu'elle l'entendit confirmer qu'il est Mangemort. Toute la tendresse qui avait envahit son être, lorsqu'il lui avait affirmé qu'il l'épouserais malgré tout, venait de quitter son coeur. Affichant un regard dur, elle leva les yeux vers lui, prête à l'attaque, mais les yeux de Severus contenaient tant de douceur et de détresse, qu'elle oublia instantanément son animosité. Plongeant son regard azur dans celui de jais de Severus, elle s'y noya, y perdant toute notion du temps. Lentement, il se pencha vers elle et l'embrassa avec douceur. Passant les bras autour du cou de Severus, elle s'abandonna totalement à ce baiser passionné. Elle n'offrit aucune résistance, lorsqu'il la prit dans ses bras et la monta à sa chambre. Lorsqu'il la déposa doucement sur son lit, elle l'entraîna avec elle, fondant son corps avec le sien. Avec maladresse et empressement, ils retirèrent mutuellement leurs vêtements et découvrirent des parties d'eux encore inconnues à ce jour. Gwendoline ressentit un léger pincement aigu, lorsque Severus entra en elle, ce qui lui retira un doux gémissement plaintif. Ne se quittant pas une seule seconde des yeux, couverts de sueurs, ils unirent leur corps en silence, échangeant une douce promesse muette. Le souffle court et saccadé, le coeur battant la chamade, ils atteignirent l'orgasme au même moment, les plongeant dans une extase sans nom. Doucement, Severus se retira d'elle, puis se laissa tomber à ses côtés. Souriante, Gwendoline se blottie contre son corps chaud et ruisselant de sueur.

- Je t'aime, murmure t-il avant de s'endormir paisiblement

Fermant les yeux, Gwendoline se laissa bercer par le souffle lent et rassurant de Severus, et elle s'endormit à son tour.

Quelques heures plus tard, ils furent réveillés par une porte qui claquait et des voix querelleuses. Ouvrant de grands yeux, Gwendoline regarda Severus, qui semblait s'être changé en statue de sel. Sans la regarder, fixant la porte de sa chambre, il lui ordonna d'une voix un peu trop froide :

- Transplane ! Tout de suite !

Il la regarda enfin, descendit du lit et ramassa ses vêtements qu'il lui lança précipitamment. Choquée et peinée, elle le regarda froidement et soudain, elle reconnut la voix de son père. Comme parcourue de chocs électriques, elle se leva et s'habilla en vitesse pendant que Severus faisait de même. Si leurs pères les trouvaient ici, nus, ils passeraient un mauvais quart d'heure, qu'ils soient fiancés ou non. Des pas lourds et précipités se firent entendre dans le couloir et une voix violente gronda derrière la porte.

- Severus Rogue ! Tonne Tobias où es-tu petit garnement ? Si tu caches cette impertinente Koric, tu me supplieras de te donner la mort !

Contournant rapidement le lit, à demi vêtue, Gwendoline rejoignit Severus et l'embrassa précipitamment.

- Je t'aime murmure t-elle avant de transplaner au moment même ou Tobias Rogue ouvre la porte de la chambre de son fils

Il trouva donc son fils, seul et à demi vêtu à côté de son lit. Il le regarda méchamment et fut bientôt rejoint par Théodore Koric. Celui-ci toisa le petit Rogue de haut en bas, d'un air torve et diabolique.

Il entra dans la pièce sans plus de cérémonie et fouilla la chambre. Plissant les yeux, Severus le regarda sans un mot et il ne vit pas son père s'approcher de lui. Tobias assèna une claque tonnante derrière la tête de son fils, lui sifflant :

- Où est-elle ? Où est la fille Koric ? Son père à des comptes à régler avec elle !

- S'il touche à un seul de ses cheveux, je tue ce vieux cinglé sur le champs ! dit Severus d'une voix aussi sifflante que celle de son père.

- Ferme là ! Ordonne Tobias en frappant à nouveau son fils

Théodore Koric se retourna vivement, et toisa le petit Rogue avec arrogance. Puis, s'adressant à Tobias, il dit d'une voix mesquine :

- Ton fils est fort mal éduqué, Tobias !

Théodore s'avança d'un pas menaçant vers Severus et, plissant les yeux, il le regarda avec dédain.

- De quel droit me parle tu sur ce ton, mon petit ? Je m'occupe de ma fille comme bon me semble, lui crache t-il au visage

- C'est peut-être votre fille monsieur, mais il s'agit de ma femme. Et, c'est à moi de la punir, non plus à vous ! Lui renvoi Severus, en pinçant les lèvres.

Théodore vint pour intervenir, mais il fut arrêté par Tobias. Affichant un sourire terne et glacial, il regarda son fils d'un air légèrement amusé.

- Laisse Théodore... Severus, tu te penses un homme ? Hé bien, soit ! Puni ta femme, puisque tu t'en sent apte, dit-il d'un ton ironique. Viens Koric, laissons le faux jeton seul.

Après un regard dur vers son fils, il quitta la chambre en compagnie de Théodore, qui le suivit à contrecoeur. Une fois les deux hommes sortis, Severus s'assied durement sur son lit, ferma les yeux et frappa vivement le matelas de son poing.