Chapitre 3 : Le départ

Gwendoline était couchée sur son lit, nauséeuse. Elle se leva péniblement et descendit à la cuisine, afin de préparer le repas pour ses parents. Un mois et demi s'était passé depuis le jour où son père lui avait ordonné de devenir Mangemort et d'offrir son don à son Maître. Depuis ce temps, pas un seul jour ne s'était passé sans qu'elle ait reçu la fureur de son père. Il la harcelait jour et nuit, lui ordonnant de se soumettre. Comme elle refusait toujours de coopérer, son corps était couvert d'ecchymoses, laissées par les coups répétés de Théodore. La douleur physique, bien que cruelle, n'était cependant rien à côté du fait, qu'elle n'avait pas revu Severus depuis près de deux mois. Leurs deux familles les empêchant de se voir, croyant que cela convaincrais Gwendoline de se soumettre. Mais, celle-ci ne se soumettait point, sachant que son amour approuvait son refus obstiné.

Elle entra dans la cuisine, toujours nauséeuse et le teint blême. Depuis un peu plus de deux semaines, elle ne se sentait pas bien. De plus, elle n'avait pas eu ses règles depuis un mois, et cela la préoccupait un peu. Toutefois, elle mettait cela sur le compte du stress de la situation actuelle, et ne s'inquiétait pas outre mesure. Lentement, et perdue dans ses pensées, elle prépara le repas, aveugle à ce qui l'entourais. Elle n'entendit donc pas sa mère entrer dans la cuisine. Fiona Koric se tenait derrière sa fille et la regardait, en fronçant légèrement les sourcils. Elle n'aimait pas ce qu'elle voyait de sa fille en ce moment. Médicomage ayant été forcée de quitter son métier lors de son mariage avec Théodore Koric, elle sentait que quelque chose clochais chez sa fille. De plus, elle était contre l'idée de son mari de faire de Gwendoline une Mangemort, mais, femme effacée, elle se taisait de peur de recevoir des coups. Elle en recevait déjà plus que sa dose. Fiona demeura immobile, observant sa fille avec attention. Il y avait quelque chose de changer en elle, quelque chose de sensiblement invisible, mais palpable. Soudainement, Fiona comprit. Portant la main à sa bouche, elle s'avança lentement vers Gwendoline et lui posa la main sur l'épaule. Ne s'y attendant pas, Gwendoline sursauta et regarda sa mère avec crainte.

- Maman, murmure t-elle. Tu m'as fait peur !

Sans un mot, Fiona Koric tendit la main vers une armoire et en sortit une boite poussiéreuse. Elle l'ouvrit, puis en sortit un objet sphérique et en verre transparent. Lentement, elle prit la main de sa fille et y déposa l'objet dans sa paume. Immédiatement, la sphère se mit à tourner rapidement en dégageant une lueur argentée. Ébahie, Gwendoline regarda l'objet qui tournais à une vitesse folle, puis sursauta un peu, lorsque sa mère la retira de sa main. Levant les yeux vers elle, Gwendoline fut inquiète de voir des larmes dans les yeux de sa mère.

- Maman ! Qu'est ce qu'il y a ? demande t-elle d'une voix inquiète et légèrement apeurée.

- Ma fille ... dit Fiona d'une voix douce et vibrante d'émotion. Ma petite fille chérie ... c'est Severus n'est ce pas ?

- Severus ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Je ne l'ai pas vu depuis un mois et demi, je te signale ! dit froidement Gwendoline

Prenant doucement les mains de sa fille, Fiona lui dit calmement, mais fermement :

- Tu as fait un enfant avec Severus, Gwendoline. Tu es enceinte. La sphère ne ment jamais là dessus. Ne me dit pas, que tu n'en a pas eu la vision, je ne te croirai pas.

- En ... enceinte ? Je ... Severus... Dit Gwendoline en posant la main sur son ventre.

Elle rougit subitement et détourna son regard. Retirant sa main de celles de sa mère, elle se rendit à la fenêtre et regarda à l'extérieur. Lentement elle déclara :

- Oui ... j'ai eu une vision. Celle d'une petite fille ... ma fille. Mais, je ne me doutais pas qu'elle était déjà en moi.

Elle se tourna vivement vers sa mère et alla vers elle, le regard suppliant.

- Maman ! Ne lui dit rien ! Ne dit rien à papa ! Implore t-elle

- Ne t'en fait pas ... ton père serait bien capable de te tuer pour avoir procrée en dehors du mariage. Mais, Gwendoline ... soumet toi, je t'en pris. Soumet toi au Maître comme ton père te le demande. Sinon, il te frappera et te feras perdre le bébé. Soumet toi, devient Mangemort et tu pourras épouser Severus avant que ton père se rende compte de ton état ! Lui intime Fiona Koric

Pinçant les lèvres aux propos de sa mère, Gwendoline vint pour répliquer, lorsque son père entra dans la pièce, gigantesque et menaçant. Instantanément, l'atmosphère devient lourde, et les deux femmes se replièrent sur elles-mêmes, comme des animaux devant un prédateur.

- Le repas est mieux d'être prêt, Gwendoline. Je ne tolérerai pas d'attente cette fois ! Lança-t-il d'un ton caverneux.

Sans plus attendre, Gwendoline mit donc le couvert et s'assied à la table pour manger, sous le regard suppliant de sa mère. Théodore Koric débuta son repas comme à son habitude, c'est-à-dire, en sermonnant sa fille.

- Petite écervelée ! Tu ne sais pas ce que tu risques. La Maître te réclame et il t'aura ! Tu vas te soumettre immédiatement, petite garce, tu m'entends ? Tu es en train de me couvrir de honte, sale cancrelat. Fiona ! Que des détritus sont sortis de ton corps sans attrait ... une fille complètement cinglée, et que des fils mort-nés. Tu n'est qu'une bonne à rien, femme ! dit sévèrement Théodore.

- Ne parle pas à maman comme ça ! Lui lance Gwendoline, se surprenant elle-même. Je ne me soumettrai jamais ! Jamais, tu entends ?

Croisant le regard dur et remplit de haine de son père, elle se leva précipitamment et s'élança vers sa chambre. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre, entre dans sa chambre et s'y barricada. Cette fois, elle était allée trop loin ! Elle vit, en vision, son père la ruer de coups, et maintenant qu'elle savait pour le bébé qui grandissait dans son ventre, une terreur sourde remplissait son âme. Secouant la tête pour chasser sa vision, elle prit rapidement un sac et y projeta quelques effets personnels. Elle devait s'enfuir, et vite ! Déjà, elle entendait les pas menaçants de son père et lorsqu'il arriva à sa porte, hurlant et vociférant, elle prit précipitamment la photo de Severus, qui trônait sur sa table de chevet, et transplana au moment même où son père défonçait la porte.

Entrant avec rage dans la chambre et s'apercevant de l'absence de sa fille, Théodore Koric entra dans une fureur sans bornes. Rugissant, il redescendit à la cuisine, se précipita sur sa femme, qu'il rua de coups sans ménagement. Vociférant, il la frappa jusqu'à ce qu'elle perde conscience, puis tendant sa baguette vers elle, il lui cracha :

- Tu n'es qu'une bonne à rien ! Avada Kedavra !

Une lueur verte éclaira la cuisine et frappa de plein fouet Fiona Koric, qui mourut sans en avoir eu conscience.

Gwendoline réapparut dans un craquement, dans les rues de Pré-Au-Lard. Pleurant, elle quitta le village sorcier et marcha jusqu'au village suivant. Un village de Moldus ... Elle sortit la photo de Severus de son sac et la regarda. Des larmes glissèrent doucement sur ses joues et tombèrent sur un Severus posant dans une attitude froide et hautaine, mais qui émettait toutefois un petit sourire affectueux, seulement pour elle. Gwendoline caressa doucement la photo de l'homme qu'elle aimait ... puis posa la main sur son ventre. Elle murmura dans un souffle :

- Désolée... je suis désolée mon amour... mais c'est le seul moyen d'échapper à Voldemort et à mon père. Le seul moyen de nous protéger d'eux...

Marchant dans les rues, ne voyant pas où elle allait, elle arriva devant un hôtel Moldu et y entra. Au comptoir, un jeune homme la regardait avec anxiété. Elle lui fit un petit sourire et lui demanda une chambre.

- Bien, mademoiselle, dit Nicolas Miller... votre nom pour le registre ?

- Gwen... Gwen Bergman...

Le jeune homme remarqua bien le trouble de la jolie demoiselle qui se tenait devant lui. Toutefois, il ne dit rien et lui donna la clé d'une chambre. Gwendoline paya donc la location pour la nuit, avec le peu d'argent Moldu qu'elle possédait et monta à sa chambre où elle entra aussitôt. Elle posa la photo de Severus sur la commode, se coucha sur le lit et regarda la photo en pleurant doucement. Elle s'endormit finalement, la main sur le ventre et les yeux bouffis par les larmes.

Au matin, elle se réveilla et descendit pour déjeuner. Elle ne voulait pas s'attarder ici, elle devaitt s'enfuir au plus vite. Mettre le plus de distance possible entre son père et elle... entre Voldemort et elle et malheureusement, entre Severus et elle. S'assoyant à une table, elle remarqua le jeune homme de la veille, en train de boire un café à la table voisine. Elle mangea, sans le regarder, puis soudain se figea. Elle venait de l'entendre dans son esprit... lui.

Gwendoline... dit la voix sifflante, tu ne m'échapperas pas .. j'aurai ton don de voyance exceptionnel... quoique tu fasses ! Et ton amour de Severus m'appartient ... pour toujours, Gwendoline ... ne veux tu pas le rejoindre ?

Elle ferma vivement les yeux, plissa les lèvres, ferma son esprit comme le lui avait enseigné Severus, puis recommença à manger.

Au loin, Nicolas Miller regardait la jeune fille en fronçant les sourcils. Il sentait que quelque chose n'allait pas... Il s'approcha d'elle lentement et lui dit d'une voix douce :

- Mademoiselle ? Vous ... vous ne semblez pas aller bien. Vous pouvez vous confiez à moi. Que ce passe t-il ? Je suis étudiant en psychologie vous savez... je peux vous aider...

Elle releva la tête et le regarda. D'une voix hésitante, elle décida de se confier à lui. Il se dégageait tellement de douceur, de gentillesse et de compassion dans ce jeune homme, qu'elle ne put s'empêcher de lui parler. Être avec lui entraînait automatiquement un élan de confiance et un besoin de se confier...

- Je... je suis en fugue. Je m'appelle Gwendoline Koric, j'ai 16 ans, et je me suis sauvé de chez moi. Mon père... mon père est violent et dangereux. J'ai dut partir pour ma survie ... Je... je suis enceinte en plus. Et, je ne peux pas le dire à mon petit ami, car il... il est impliqué dans une histoire de fou. Je suis toute seule...

Doucement, elle sentit les larmes couler sur ses joues, et les essuya d'un geste rageur. Ayant hérité des traits hautain et austère des Koric, elle n'aimait pas montrer ses émotions. Nicolas la regarda attentivement, puis lui souria gentiment.

- Je vais vous aidez ... d'après ce que je vois, vous êtes dans le pétrin. Venez chez moi, vous pourrez y rester aussi longtemps que vous voulez, vous et votre enfant...

Elle le regarda, légèrement incrédule. Puis, elle lui souria et accepta son offre d'un léger hochement de tête. Lorsqu'il s'en alla, elle souria mesquinement... dans son esprit de Serpentard, venait de germer une idée malicieuse. Elle épouserais ce Moldu... et fera honte à son père. Tant pis pour lui... cet homme mauvais n'aura ce qu'il mérite. La honte d'une tache dans sa famille... non, se reprend t-elle, de deux taches... Souriant froidement, elle repoussa son assiette et remonta à sa chambre, un air calculateur sur le visage.

Trois ans plus tard, Gwendoline Koric Miller était dans sa cuisine, préparant le repas. Sur le sol, sa petite fille de 3 ans, Julianne, jouait avec ses jouets. Elle l'a regarda avec tendresse ... elle ne ressemblait pas à Severus, toutefois, dans ses yeux, se glissait parfois un air de ressemblance. Gwendoline contourna sa fille, et posa une assiette sur la table. Elle n'utilisait pas la magie... Nicolas n'ayant jamais su qu'elle était une sorcière et elle tentait par dessus tout d'oublier cette partie de sa vie. Au moment ou elle posa l'assiette sur la table, elle ouvrit de grands yeux apeurés… La voix ... la voix de Voldemort venait une nouvelle fois de siffler dans son esprit. Et, le message qu'elle venait de recevoir lui brisait le coeur...

Rejoint moi... donne moi ton don, Gwendoline ! Sert moi ... sinon, c'est ta mignonne petite fille qui en paiera le prix ! Je tuerai cette petite paria ... rejoint moi, ou ta fille mourra !

Gwendoline, regarda sa petite fille, si douce et si calme. Soudain, elle grimaça et posa la main sur sa poitrine. Ayant une cardiopathie, son état de santé était précaire, et les menaces lancées par Voldemort, venaient de lui donner un choc. Crispant la main sur sa poitrine, le souffle court, elle s'effondra au sol, sous les yeux ébahit de sa fille. Elle tendit la main vers son enfant et dit dans un dernier souffle :

- Il ne t'aura pas... jamais...

Gwendoline Koric Miller quitta donc ce monde, là, sur le sol de sa cuisine, devant les yeux de sa fille de trois ans. Au delà de la mort, elle transmit son don de voyance à sa fille, ultime cadeau à cet enfant née de l'amour. L'enfant de Severus ... leur enfant.