Chapitre 6 : Défense
Severus Rogue se trouvait dans son bureau et attendait miss Miller. Le professeur McGonagall lui avait demandé de donner des cours particulier d'Occlumencie à cette élève, qu'il n'appréciait pas particulièrement. Toutefois, avec ce qui se passait avec Voldemort, il n'avait pas vraiment le choix. Le regard fixe, il pensa qu'il ne laissera pas sa pensine exposée, cette fois-ci. Ce qui s'est passé avec cet odieux Potter, ne se reproduira plus. Perdu dans ses sombres pensées, il entendit frapper à sa porte.
- Entrez ! dit t-il d'une voix froide.
Poussant un grand soupire, très mécontente d'être obligée d'aller demander de l'aide à Rogue, Julianne entra dans le bureau, se demandant pourquoi il avait accepté de lui donner des cours privés. Par obligation, se demanda t-elle ? Regardant son professeur de Potions, elle le salua et attendit, debout devant la porte. Severus regarda son élève, pinçant légèrement les lèvres.
- Bonsoir... Je pense que vous savez ce qu'est l'occlumencie, je ne ferais pas une longue explication théorique... Cependant avez-vous des questions ? Lui demande t-il d'un ton hautain.
Elle regarda le professeur Rogue. Des questions ? Elle en avait des tonnes. Toutefois, une seule torturait son esprit et même le professeur Trewlaney, son professeur de Divination, n'avait pas été capable de lui donner une réponse satisfaisante. Préoccupée, elle demanda en hésitant quelque peu :
- Est-ce qu'il peut voir ce que je vois... si j'ai une vision pouvant l'aider, est-ce qu'il la voit?
Severus se retient de sourire. Voilà une question qui avait du sens et qui avait une importance capitale. Il ne pensait pas, que Julianne Miller pouvait avoir une once de bon sens. Cachant son étonnement derrière une façade froide, il dit d'un ton légèrement pincé :
- Théoriquement, non. Il peut voir à travers vos yeux, mais vos visions se déroulent dans votre esprit, et le Seigneur des Ténèbres ne peut atteindre cette partie de vous, elle lui est fermée puisqu'il n'a pas le don du troisième oeil.
Julianne se sentie soulagée par la réponse du professeur Rogue. Cependant, elle se demanda pourquoi il avait nommé Tu-Sait-Qui, " Seigneur des Ténèbres ". Fronçant les sourcils, elle pensa que ce terme effrayant était tout de même approprié. Après tout, Voldemort est un peu comme le Diable. Hochant la tête, elle dit d'une voix soulagée :
- D'accord ... si je comprends bien, il ne lit que mes pensées. Il peut savoir, que j'ai eu une vision, parce qu'automatiquement je vais y penser... mais il ne saura pas quoi. Je suis soulagée, je ne voulais pas lui être utile sans le vouloir...
Se levant et approuvant de la tête, Severus fronça les sourcils, la regarda gravement et dit :
- Je dois vous avertir qu'en vous entraînant à l'occlumencie, j'utiliserais mes pouvoirs de Legilimens, ce qui veut dire qu'il est probable que je puisse voir certains de vos souvenirs à travers les entraînements. Vous allez donc rester debout et faire le vide dans votre esprit. Vous ne devez pas éprouver un seul sentiment si vous voulez réussir à fermer votre esprit. Lorsque vous vous sentirez prête, vous me le direz, et je compterais jusqu'à trois. A partir de ce moment-là j'essaierais de pénétrer dans votre esprit, et vous devez tout faire pour m'en empêcher... Vous avez bien compris ?
Très attentive à ce que son professeur lui disait, Julianne pensa qu'il serait extrêmement difficile de ne pas avoir de sentiments devant lui. Hochant la tête, elle affirma qu'elle avait bien compris les consignes. Fermant les yeux et se concentrant sur le vide, elle tenta de ne penser à rien, mais c'était plus difficile qu'elle ne le croyait. Afin de se faciliter la tâche, elle utilisa sa technique de méditation personnelle. Progressivement, elle imagina les vagues de l'océan, puis les rayons du soleil se reflétant sur la mer. Peu à peu, le silence se fit dans son esprit et elle ne pensa plus à rien. Après environ cinq minutes de concentration afin de se centrer sur elle-même, elle hocha légèrement la tête, afin d'aviser le professeur Rogue qu'elle était prête. Dès que Julianne hocha la tête, Severus sortit sa baguette et la pointa sur elle.
- Legilimens ! Dit-il d'une voix ferme et dure.
Ayant toujours les yeux fermés, Julianne senti le professeur Rogue entrer dans son esprit. Cette intrusion dans son être la répugnait, mais elle se disait que cette situation n'était pas pire que celle avec Voldemort. De toutes ses forces, elle tenta de l'empêcher d'accéder à ses pensées et souvenirs. Toutefois, elle n'y réussit pas vraiment et des images remontèrent à la surface de sa conscience. Perturbée, elle tenta tant bien que mal, de les repousser au fond d'elle même, mais sans succès.
Une cuisine faiblement éclairée par la lumière du soleil. Une femme aux cheveux bruns et aux yeux bleus, se fige soudain, recevant un message du Seigneur des Ténèbres. Elle met la main sur sa bouche, fait de grands yeux et regarde sa fille... une petite fille de 3 ans, aux mêmes yeux qu'elle. La femme pose la main sur son coeur et s'effondre, victime d'un infarctus. Elle tend la main vers la petite fille et murmure avant de rendre l'âme : "Il ne te fera aucun mal... " Le femme meurt de peur... Le Seigneur des Ténèbres lui a dit qu'il s'en prendrait à son enfant si elle ne le rejoignait pas... Elle meurt, transmettant son don à sa fille de 3 ans qui l'a regarde sans comprendre ce qui se passe.
Sentant la tristesse monter en elle, Julianne se mordit les lèvres, tout en tentant de refaire le vide tandis que le professeur Rogue fouillait encore son esprit. Lentement, elle secoua la tête et ouvrit les yeux.
- Ça ne fonctionne pas... Je n'y arrive pas, dit-elle d'une voix attristée.
Severus cessa son intrusion, lorsque son élève lui demanda. Figé sur place, il réfléchit, le regard vaguement dans le vide. Ce qu'il avait vu le perturbais beaucoup. Il la regarda attentivement, pinçant légèrement les lèvres. Baissant lentement sa baguette et ayant un regard absent, il dit :
- Bien Miss Miller. Vous aviez bien fait le ménage dans votre esprit mais les émotions ont repris le dessus... Vous ne pouviez pas réussir du premier coup...
Hochant la tête, encore un peu ébranlée par l'image du souvenir du décès de sa mère, elle rougit légèrement. Elle était un peu gênée que le professeur Rogue ait "vu" ce souvenir assez douloureux. Elle ne se doutait pas que son professeur connaissait sa mère, et encore moins qu'ils étaient amis. Soupirant, elle le regarda et dit d'une petite voix, tout en passant sa main sur son visage :
- Je ne m'attendais pas à réussir au premier essai, non plus...
Severus s'assit, encore ébranlé par ce qu'il avait vu. Cachant son ahurissement derrière un ton froid, il dit :
- Je pense que vous devriez vous asseoir deux minutes et en profiter pour refaire le même vide dans votre esprit que tout à l'heure...
Étant trop aux prises avec ses propres émotions, Julianne s'assied, ne remarquant pas que le professeur Rogue était ébranlé lui aussi. Soupirant elle referma les yeux, utilisant sa technique de méditation. Elle imagina de nouveau les vagues de l'océan, puis le soleil s'y reflétant. Toujours touchée, elle tenta de se centrer sur elle-même, en se retenant pour ne pas pleurer et se concentrant sur sa respiration. Peu à peu, le vide se créa à nouveau dans son esprit. Lorsqu'elle fût calmée, au bout de 10 minutes, elle ouvra les yeux et dit d'une voix plus assurée :
- Ça ira... enfin, je crois...
Réfléchissant, et toujours aussi perturbé, Severus Rogue se disait, que Miss Miller devait absolument sortir de son bureau. Il avait besoin de réfléchir, d'absorber le choc, de faire son deuil. Cependant, il ne pouvait pas la rejeter comme ça, après une seule tentative. Pinçant les lèvres, il dit d'un ton ironique :
- Ce sera le second et dernier essai si celui-ci se conclut par un échec... Cela ne sert à rien de continuer, ce souvenir est très fort et même avec une grande volonté il est difficile de le mettre de côté... Voulez-vous vraiment poursuivre ou préférez-vous vous entraîner seule à mettre ce souvenir de côté jusqu'au prochain cours?
Julianne secoua la tête et, fixant le sol, elle dit d'un ton embrumé par les souvenirs
- C'était il y a 13 ans... il y a bien longtemps de tout ça, et que ce souvenir soit très fort ou non, il est derrière moi. Mon grand-père a promis ma mère à Voldemort... promis son don, mais ma mère a refusée. Il... Voldemort l'a menacée de s'en prendre à moi, si elle ne se soumettait pas à lui. Ma mère était malade... elle avait une cardiopathie et... elle a fait un infarctus, lorsque Voldemort l'a menacée, via l'esprit, de s'en prendre à moi. Elle est morte de peur, en quelque sorte... Ma mère a été bannie de sa famille pour avoir osé souiller le sang pur des Koric en épousant un Moldu... et surtout, en refusant de suivre les traces de son père. Ce qui fait de moi une paria, bien entendu...
Soupirant, elle leva les yeux vers le professeur Rogue et ajouta :
- Je veux essayer encore, si cela ne vous dérange pas
Severus se renfrogna à l'écoute de cette histoire, qu'il connaissait trop bien. Il savait parfaitement que sa Gwendoline avait subit les pressions de son père, afin qu'elle rejoigne Voldemort. Il savait aussi son refus obstiné de ce soumettre. Toutefois, il ignorait qu'elle avait épousé un Moldu, mais se doutait qu'elle avait probablement agit ainsi pour faire honte à son père, et disparaître du monde de la magie. D'un ton mauvais et plus froid qu'il ne le voulait, il dit :
- Ne prononcez pas le nom du Seigneur des Ténèbres ! Si vous y tenez, recommençons, mais ne me décevez pas... Levez-vous !
Sursautant un peu sur sa chaise, Julianne se fit toute petite. Le professeur Rogue lui faisait un peu peur.
- D'accord, d'accord... Murmura-t-elle intimidé.
Subitement, Julianne sentie une rage monter en elle. Une rage qu'elle ressentait de plus en plus, depuis que Voldemort avait commencé à communiquer avec elle par l'esprit. Elle pensa « Seigneur des Ténèbres mes fesses ! Il peut bien me dire de ne pas le nommer par son nom ! Pourquoi, lui, l'appelle le Seigneur des Ténèbres, hein ? Il peut bien parler... Je me doutais bien, que sa gentillesse ne durerait pas... Pas besoin de me crier dessus, je ne nommerai plus son nom, si c'est aussi épouvantable... pas le décevoir, hein ? M'en va lui en faire moi, des décevoir ... »
Grommelant, elle se leva, déterminée. Serrant les poings, elle ferma les yeux et se centra à nouveau afin de faire le vide en elle. Toutefois le ton froid et ironique du professeur l'avait un peu déstabilisée. Continuant de grommeler dans sa tête encore quelques temps, elle se força à reprendre ses esprits. Avec difficulté, elle imagina l'océan et le soleil se reflétant dessus. Au bout de 15 minutes, elle arriva à bien fait le vide et hocha la tête en guise de signal. Gardant les poings très serrés, elle était déterminée à ne pas le laisser entrer. L'observant attentivement, Severus pensa, non sans un certain ahurissement, qu'au moins son élève mettait de la volonté dans son apprentissage. Lorsqu'il vit le signal, il la visa avec sa baguette puis prononça la formule « Legilimens ! »
Cette fois, avec un plaisir qu'il ne dissimula pas, puisque Julianne ayant les yeux fermés, il constata qu'il était plus dur pour lui d'entrer dans les souvenirs de son élève. Julianne sentie le professeur Rogue entrer dans son esprit, mais d'une façon moins marquée. Serrant les dents, elle ne voulait pas le laisser réussir. Sans qu'elle le désire, la scène de la mort de sa mère remonta encore à la surface.
Une cuisine ensoleillée…
Vivement, elle s'efforça de faire taire le souvenir, sentant son professeur poursuivre son investigation. Avec une légère panique, elle imagina un mur... un gros mur de briques épais et solide. Elle se concentra sur ce mur, le fixant et se focalisant dessus, comme si sa vie en dépendait. Peu à peu, elle ne ressentit que des chatouillements dans son esprit, et fixant le mur, se fondant en lui, elle finit par ne plus rien ressentir. Souriante, satisfaite, elle ouvrit les yeux et regarda son professeur avec une fierté non dissimulée.
La regardant avec un air arrogant, il pensa, avec étonnement, qu'elle était tout de même très douée. Assez satisfait des performances de son élève, il dit d'un ton dur, destiné à camoufler sa fierté :
- Vous avez réussi... Mais ce n'est pas une raison pour vous reposer sur vos lauriers... C'est terminé pour aujourd'hui. Avant de vous endormir, apprenez à vider votre esprit. Je verrai si cela aura été fait ou non la semaine prochaine.
Écoutant le professeur Rogue avec attention, Julianne souria et le remercia. Puis, elle quitta son bureau après lui avoir souhaité une bonne nuit. Severus répondit à ses souhaits de bonne nuit, puis la regarda sortir de son bureau. Une fois qu'elle eu refermé la porte derrière elle, il s'assied en soupirant. Le regard fixe, il se perdit dans ses souvenirs... des souvenirs doux et tendres, auxquels il n'avait plus songé depuis des années.
La semaine suivante, Julianne se rendit au bureau du professeur Rogue, afin de prendre son deuxième cours d'Occlumencie. C'est toutefois en soupirant, qu'elle frappa à la porte du bureau. Assis à son bureau, Severus Rogue soupira en entendant frapper à sa porte. Il savait qu'il s'agissait de Miss Miller, et après la dernière fois, il n'avait pas envie de récidiver l'expérience. Quels douloureux souvenirs remonteraient, cette fois, à la surface ? Pinçant les lèvres, il se demanda pourquoi les cours d'Occlumencie, qu'il donnait, étaient aussi difficiles à chaque fois. Finalement, il ordonna à son élève d'entrer, d'un ton sec et froid. Entendant le professeur Rogue lui dire d'entrer, Julianne s'exécuta immédiatement. Aussitôt entrée, elle constata qu'il avait une mine fatiguée. Ayant toujours eu une nature aidante et une âme de médicomage, elle demanda, légèrement inquiète :
- Ça va professeur ? Vous semblez fatigué...
Haussant un sourcil et cachant ses préoccupations sous un air hautain, il se leva et lui dit d'une voix dure :
- Je vais très bien Miss Miller. Vous êtes prête pour commencer ?
N'insistant pas, Julianne ferma les yeux sans attendre et tenta de se concentrer et de fermer son esprit. Une fois centrée sur elle-même, elle ajouta le mur dans son esprit, en se disant qu'il valait mieux le placer avant qu'il ne tente d'entre en elle. Fixant le mur bloquant son esprit, elle signala au professeur Rogue, qu'elle était prête à commencer la deuxième séance. Celui-ci la regardait attentivement, bien décider à y aller beaucoup plus fort cette fois-ci. Lorsqu'il vit le signal, il leva lentement sa baguette vers elle en murmurant la formule. Non sans difficultés, il passa le seuil de l'esprit de Julianne. Concentrée, elle ne sentit rien, puis, elle le sentit entrer très durement dans son esprit. Cette fois, il n'y allait pas de main morte. Son mur mental ne tenant pas, elle tenta de le ramener, mais en vain. Des souvenirs refluaient en elle et elle travaillait fort pour les chasser, mais le professeur Rogue mettait beaucoup plus d'ardeur que la dernière fois, et un souvenir...
Des fleurs partout et une petite fille qui pleure dans les bras de son père, qui semble amorphe et vidé de toute énergie.
Serrant les dents, Julianne s'efforça, non sans mal, d'éteindre le souvenir. Avec difficulté, elle reforma le mur, puis le fixa de toutes ses forces. Elle sentit encore quelques chatouillements dans son esprit, puis, plus rien du tout. Prudemment, elle attendit, mais plus rien ne se passa. Ouvrant les yeux, elle regarda son professeur, légèrement étonnée. Se sentant repoussé de l'esprit de Julianne, Severus pinça les lèvres et dit d'une voix hautaine :
- Bien Miss Miller. Très bien. Vous êtes prête pour continuer ?
Remarquant qu'il pinçait les lèvres, elle le regarda étrangement. Elle sentit la peur lui enserrer la poitrine. Elle craignait d'avoir fait quelque chose de mal, de l'avoir déçu. Elle détestait deux choses dans la vie. Ne pas pouvoir aider les autres et décevoir quelqu'un.
- Pourquoi vous pincez les lèvres ? Vous n'êtes pas content de moi, professeur ? Dit-elle d'une voix inquiète.
Severus la regarda étrangement à son tour, puis il reprit un air froid et hautain. Ne désirant pas qu'elle sache qu'il grimaçait pour masquer la fierté qu'il éprouvait parce qu'elle réussissait très bien, il employa un ton ironique pour dire :
- Pas du tout. Lorsque vous aurez fini de poser des questions stupides de ce genre, nous pourrons continuer.
Julianne soupira. Elle souhaitait plaire au professeur Rogue, afin de changer la mauvaise opinion qu'il avait d'elle. Ne voulant pas le décevoir, elle ferma les yeux en soupirant, puis se re-centra sur elle-même, à l'aide de sa technique de méditation. Doucement, elle replaça fermement le mur, parfaitement consciente qu'il allait y aller encore plus fort. Fixant le mur elle lui fit signe qu'elle était prête. Levant vivement sa baguette sur elle, Severus entra très fermement dans l'esprit de son élève et réussi, sans difficulté, à percer le mur de son esprit. Déstabilisée par la force avec laquelle le professeur Rogue était entré dans sa tête, le mur mental de Julianne fut complètement détruit. Pinçant les lèvres et tentant de le rétablir le plus rapidement possible, elle le sentait fouiller en elle, et cela l'énervait. Lentement, un souvenir remonta :
La noirceur... et un homme... un homme qui l'a regarde méchamment par la fenêtre de sa chambre.
Reconnaissant son grand-père Koric, bien que ne l'ayant jamais rencontré, elle est encore plus déstabilisée. Elle voyait bien l'océan, mais pour ce qui est de son mur, il était complètement détruit. Elle tenta de le reformer et y arriva difficilement. Le fixant, elle sentit des gratouillements, et elle le fixa plus intensément, ce qui fit disparaître les chatouillements dans son esprit. Étonnée, elle s'assied et ouvrit les yeux, murmurant :
- Je ne me souvenais même pas qu'il m'espionnait...
Baissant sa baguette, Severus était songeur. Ce souvenir... ce souvenir n'était pas celui de Julianne, mais le sien ! Il se souvenait très bien de cette nuit où, âgé de huit ans, il s'était réveillé et avait vu Théodore Koric l'épier méchamment par la fenêtre de sa chambre. Le père de Gwendoline l'épiait constamment, voulant s'assurer qu'il serait un bon époux pour sa fille. Leurs pères respectifs fondaient beaucoup d'espoir sur cette union. Malheureusement, Gwendoline avait préféré un Moldu... un Moldu plutôt que lui. Il n'avait jamais compris pourquoi elle était partie, bien qu'il se doutait de la raison de sa fuite. Le vieux fou de Koric ne la lâchait pas d'une semelle, la ruant constamment de coups. Fermant brièvement les yeux, il pensa :
Gwen... nous aurions pu fuir ensemble... pourquoi n'es-tu pas venue me trouver. J'aurais quitté les Mangemorts pour toi. Pourquoi m'as-tu abandonné comme ça ?
Reprenant ses esprits, il ouvrit les yeux, s'assit et dit d'une voix songeuse :
- Bien Miss Miller...
Julianne était complètement bouleversée, elle ne se souvenais aucunement de ce souvenir... elle devait être très jeune, pour ne pas en avoir de souvenir conscient. Levant les yeux vers le professeur, elle s'aperçut qu'il était songeur. Hésitant, elle se risqua à demander :
- Il y a quelque chose qui ne va pas, professeur ?
Toujours perdu dans ses pensées, le professeur Rogue arqua un sourcil tout en fixant un point invisible sur son bureau. Comment diable a t-elle pu voir dans son esprit ? Pour une raison qu'il ne comprenait pas, c'était Miss Miller qui avait lu en lui, et non le contraire. D'une voix pensive, il dit :
- Non je... je ne faisais que penser...
Sortant de ses pensées, il dit, toujours d'une voix préoccupée et songeuse :
- Il se fait tard... Voulez-vous essayer une dernière fois ?
Ne voulant pas terminer une séance sur un pseudo échec, Julianne se leva et dit d'un ton déterminé :
- Oui... Je n'ai pas bien réussit la dernière fois. Je ne veux pas terminer comme ça.
Fermant les yeux, elle installa facilement son mur et le fixa fermement, se préparant mentalement à ce qu'il ne soit pas détruit. Rapidement, elle fit signe qu'elle était prête. Se levant et dissimulant un sourire en pinçant les lèvres, Severus pointa à nouveau sa baguette sur Julianne.
- Legilimens ! dit-il d'une voix dure, faisant des efforts pour pénétrer durement l'esprit de son élève.
Il tenta de percer le mur, mais n'arriva pas bien à atteindre son esprit. Sentant des gratouillement assez forts dans son esprit, Julianne fixa le mur comme si sa vie en dépendait. Elle ne voulait pas le laisser gagner cette fois. Elle sentit son mur se briser, mais le fixa plus fermement, et parvient à le rétablir. Progressivement, les gratouillements diminuèrent, puis disparaissent complètement. Elle attendit un peu, afin de voir si les grattements allaient reprendre, mais rien ne se produisit. Ouvrant les yeux, elle sourit et dit :
- Maintenant, ça ira...
Baissant sa baguette, Severus se rassied, satisfait.
- D'accord Miss Miller. Vous continuerez vos exercices avant de vous endormir. L'idée du mur est très bonne, et vous le replacez de plus en plus rapidement... Il faut cependant vous entraîner à le rendre plus robuste, dit-il d'un ton mécanique.
Fatiguée, elle s'assied à son tour. Fermer son esprit demandait beaucoup d'énergie et elle n'y était pas encore habituée. Sentant que le temps pressait, que quelque chose de grave arriverait bientôt, elle désirait être prête le plus rapidement possible. Épuisée, elle demanda :
- Et, comment puis-je le rendre plus robuste ?
Croissant les mains, Severus lui répondit d'un ton tout aussi las.
- Hé bien... C'est à vous de trouver, Miss Miller... C'est vous qui avez créé ce mur, à vous de le modifier en conséquence. Et, une chose … promettez moi de ne plus retourner au Pré-Au-Lard … c'est trop dangereux dans la situation actuelle
Julianne fut légèrement déconcertée par cette réponse. Elle s'attendait à plus de conseils de la part du professeur Rogue. Puis, elle pensa, qu'il n'avait aucune raison de la conseiller et de l'aider un peu mieux. Après tout, il la détestait... Elle se leva et dit doucement :
- D'accord... je vais tenter de trouver quelque chose... et, je vous promet de ne pas retourner au Pré-Au-Lard … merci professeur... Bonne nuit... reposez vous bien, vous avez l'air malade...
Sortant du bureau, elle ne vit pas l'air ahurit du professeur Rogue, air qu'il camoufla vite derrière une façade impassible et froide. Pourquoi cette élève, appartenant à Gryffondor, lui témoignait plus d'inquiétude et d'intérêt, que les propres élèves de Serpentard, dont il était le directeur ? Fixant à nouveau un point sur son bureau, il repartie dans ses pensée. Décidément, les séances d'Occlumencie lui étaient nocives.
