Chapitre 7 : La douleur du Serpent
Les semaines s'écoulèrent et avec elles leur lots de messages quotidiens pour la jeune fille, qui paraissait au bord de la crise de nerfs. N'en pouvant plus, elle désobéit au professeur Rogue, et se rendit au Preaulard. Lentement, elle se dirigea vers le cimetière et elle entra dans ce lieu de repos éternel. Marchant droit devant elle, sans regarder les tombes, elle arriva rapidement devant une pierre tombale de granit gris perlé, sur laquelle était incrustée la photo d'une jeune femme. Julianne s'arrêta et s'agenouilla devant la pierre, fixant la photo les larmes aux yeux. La jeune femme ressemblait à s'y méprendre à Julianne, sauf que ses cheveux étaient bruns et non noirs de jais. Elle semblait être dans le début de la vingtaine et elle rayonnait en souriant à l'objectif. Lentement, Julianne baissa les yeux et lu l'inscription.
Koric
Gwendoline Koric
1960-1980
Tendre épouse et mère
Elle sentit alors les larmes couler sur ses joues et un sanglot s'étouffa dans sa gorge. Comme sa mère lui manquais ! Doucement, elle tendit la main et elle caressa le granit, en murmurant :
- Maman … maman, aide moi. Je n'y arriverai pas … Le professeur Rogue m'enseigne l'Occlumencie pour bloquer les messages de Voldemort. Mais, ce n'est pas cela qui l'empêchera de me traquer. J'ai peur, maman …
Elle posa les mains sur son visage, se berçant lentement sur elle-même. Elle avait si mal et elle était si seule. Elle ne pouvais pas parler de ce qui se passait à son père, qui l'aurait retiré à coup sûr de Poudlard. Elle voulait terminer ses études … même si elle était traquée.
Caché derrière une pierre tombale, Severus Rogue regardait la jeune fille. Il avait toujours su, que Julianne Miller était la fille de Gwendoline. Lors de sa répartition, il avait été saisit de la ressemblance de Julianne avec sa mère. Un bref instant, il avait même crut voir Gwendoline. Dès le début, il avait détesté Julianne. Elle représentait sa douleur, causée par le départ de la femme qu'il aimait. Chaque regards posés sur Julianne, lui brisait le cœur un peu plus. Quittant Julianne des yeux, il regarda fixement la tombe de son amour. Il ignorait totalement sa mort, avant d'avoir perçu cette vision dans l'esprit de Julianne. Cette nouvelle l'avait plongé dans une telle souffrance, une telle douleur, qu'il avait crut son cœur sur le point d'exploser. Elle était morte … sa Gwendoline. Il était donc venu lui donner une fleur, en espérant se faire pardonner. C'était son idée de ne plus voir Gwendoline … la « punition » qu'il avait décider de donner comme défaite à son père, afin que le vieux Koric ne rue pas sa fille de coups. Il était agenouillé devant la pierre tombale, lorsqu'il avait sentie Julianne approcher. Il s'était donc caché, comme un voleur, afin de ne pas se faire surprendre.
Au prise avec sa peine, Julianne ne remarqua pas la présence du professeur Rogue. Elle s'essuya les joues et apperçut une fleur sur la pierre tombale de sa mère. Elle prit la rose rouge, et en huma l'odeur en fermant les yeux. Elle les rouvrit et allait redéposer la fleur sur la tombe, lorsqu'elle arrêta son geste. Un bout de parchemin était attaché à la rose. Visiblement écrit dessus, la lettre '' S'' luisait au soleil. Julianne prit le parchemin et déposa la fleur. Arquant un sourcil, elle fixait le '' S'' légèrement perturbée. Intriguée, elle rangea le bout de papier dans la poche de sa cape et quitta le cimetière.
Lorsqu'il vit Julianne arquer un sourcil, Severus Rogue sentie son cœur se contracter. Cette mimique, cette façon d'observer quelque chose, le sourcil arqué … Il posa la main sur la pierre derrière laquelle il était caché, sous le choc. Il venait de se voir sur le visage de Julianne. Cette mimique était la sienne, sans aucun doute possible. Ce pourrait-il que … Il vint pour sortir de sa cachette, afin de réprimander Julianne pour lui avoir désobéit, lorsqu'elle se leva et marcha vers la sortie du cimetière. Lorsqu'elle fut assez loin, il sortie de sa cachette et retourna s'agenouiller auprès de la femme qu'il avait tant aimé, fixant la pierre grise, comme si elle détenait les réponses à ses questions. Lentement, il tendit la main et caressa l'inscription sur la pierre tombale.
- Gwendoline … elle … elle est ma fille, n'est-ce pas ? Julianne est ma fille … Pourquoi ne m'a tu rien dit ? Pourquoi ?
Il ferma les yeux et réprima une envie de frapper. Jamais il n'aurait crut une aussi grande douleur possible. Gwendoline était morte, lui laissant une fille … une fille dont il avait toujours ignoré l'existence. Une fille … Gryffondor ! Il ouvrit subitement les yeux et gromella.
- Gryffondor … mais oui. Comme si j'avais besoin de cette honte là !
Il regarda la tombe de Gwendoline d'un air bourru. Si elle lui avait dit, leur fille aurait été une fière Serpentard, comme eux ! Pas une … une … une … vulgaire et insignifiante Gryffondor ! Pinçant les lèvres, il se leva et regarda autour de lui. Comme il ne vit personne, il se pencha et déposa un baisé sur le dessus de la tombe de Gwendoline.
- Je t'aime … murmure t-il avant de s'éloigner tristement
Severus Rogue fut assez perturbé par cette découverte. Il devint plus songeur et taciturne. Les élèves, loin d'être aveugles, le remarquèrent. Il lui arrivait souvent de sembler ailleurs dans les cours, fixant le vide, comme perdu dans ses pensées. De plus, il ne quittais pratiquement plus les cachots, évitant le plus possible de rencontrer Julianne. Il repoussait les cours d'Occlumencie, se trouvant divers prétextes afin de ne pas avoir à la regarder.
Un jour, il entendit du chahut dans le couloir. Il ouvrit la porte de son bureau et vit une bande de Serpentards, vêtus de vert et de noir, fanions à la main. Il plissa les yeux, et il se souvint qu'aujourd'hui avait lieu la partie de Quidditch entre Serpentard et Gryffondor. Après une brève hésitation, il prit sa cape et sortie pour se rendre au terrain. Il grimpa les escaliers menant aux estrades de Serpentard et s'assied au milieu de ses élèves. Il fixait le terrain d'un air morne, lorsque la voix du présentateur retentie soudain :
- Voici les équipes qui arrivent sur le terrain ! Nous avons appris, que Gryffondor à un nouveau Capitaine et Batteur … Julianne Miller à rejoint l'équipe
Severus se figea et chercha Julianne des yeux. Il l'a vit alors, un batte à la main, au milieu de l'équipe de Gryffondor. Sa fille … sa fille était Capitaine ! Il camoufla un sourire derrière un pincement de lèvres et sa fierté derrière un grognement. Personne ne savait qu'elle était sa fille, et il ne souhaitais pas que personne le sâches ! Il la fixait de ses yeux noirs et la vit serrer la main du Capitaine de Serpentard. Il perçu très facilement son petit pincement de lèvres d'ironie et sentie son cœur se contracter à nouveau. Comment avait-il put ne pas voir la ressemblance de leur mimiques ? Comment personne n'avait rien remarqué ? Perdu dans son questionnement, il ne vit pas les équipes s'envoler. Il fut tiré de sa léthargie en entendant le présentateur hurler :
- Weasley marque ! Je ne sait pas c'est lequel, mais il marque ! Gryffondor mène 20 à 0
Il entendit les huées des Serpentards et chercha à nouveau Julianne des yeux. Il l'a trouva rapidement. Cette fois, il ne la perdit plus des yeux.
Julianne volait à toute vitesse, le vent dans les cheveux, qu'elle avait attaché en queue de cheval. Elle hurlait des commandements à ses joueurs, les encourageant à donner leur maximum. À chaque fois qu'elle le pouvait, elle envoyait valser durement les Cognards, tentant de faire tomber les joueurs de Serpentards de leur balais. L'équipe de Serpentard ne s'en laissa pas imposer et remonta la pente. Subitement, le compte était de 80 à 75 pour Serpentard. Le temps était venu de tenter le tout pour le tout. Alors qu'elle passait devant les estrades de Serpentard, elle tourna la tête vers eux et vit le professeur Rogue la suivre des yeux. Elle arqua un sourcil, puis vola à toute vitesse vers ses coéquipiers.
- Il est temps pour la Feinte Miller ! En formation, en formation !
Immédiatement, les Poursuiveurs se placèrent en formation en V, un Batteur de chaque côté et l'Attrapeur les survolant par au dessus. Severus Rogue fronça les sourcils devant cette manœuvre fort peu habituelle. Il n'avait jamais vu ce genre de formation et se demandait bien, ce que Julianne avait encore en tête. Il l'entendit crier quelque chose ressemblant à « On fonçe ! » et la formation de Gryffondor fondirent littéralement sur les buts. L'équipe de Serpentard fut déstabilisée … Julianne se détacha du groupe et fonça à toute vitesse sur le gardien, les Cognards volant autour d'elle. Ce qui était étrange, c'est que c'était l'autre Batteur de Gryffondor qui envoyait les Cognards sur Julianne. À n'y rien comprendre ! Subitement, Julianne freina, fit un piqué en vrille, ce qui libéra les Poursuiveurs de Gryffondor, qui parvinrent à attraper le Souaffle et marquèrent. La foule hurla de joie, après avoir retenu son souffle. La marque était maintenant de 95 à 80 pour Gryffondor. Severus était ébahit. Cette manœuvre était littéralement époustoufflante ! Il ne put se retenir de bomber le torse. Il afficha un sourire sommaire, qu'il cessa aussitôt qu'il vit quelques regards intrigués des Serpentards. Il prit alors une attitude froide et arrogante et dit froidement :
- Miller … toujours en train de vouloir se montrer supérieure aux autres …
Les quelques personnes qui avaient été intriguée par son attitude fière, éclatèrent d'un rire mesquin, s'évertuant sur l'idiotie de Miller. Severus leur lança un bref regard, puis reporta son attention sur le match. Julianne envoyait Cognard par dessus Cognard et réussit à faire tomber un Poursuiveur adverse de son balai. Il la vit faire un mouvement de la main à son Attrapeur. Celui-ci fonça vers un petit point lumineux, aussitôt suivit par l'Attrapeur de Serpentard. Trop tard … Gryffondor avait le Vif en main et l'emporta 245 à 80.
Sans attendre, Severus se leva et quitta précipitament les estrades. Tout le monde crut qu'il était offusqué de l'issue de la rencontre. Il entra dans son bureau, referma la porte derrière lui et souria. Un sourire franc et remplit de fierté … le premier depuis très longtemps.
