Chapitre 11 : Brisée
Après une période qui lui sembla infiniment long et incapable de savoir le chemin qu'elle avait pris, elle arriva finalement devant la cabane hurlante. Elle se savait pas comment, mais elle devait entrer dans ce lieu. Peu importe que cette maison soit hantée, les fantômes ne pouvaient pas être pires, que les Mangemorts ! Elle parvint donc, avec peine et misère, à retirer une vieille planche pourrite d'une fenêtre et entra. Elle grimpa à l'étage, chanchelant à chacune des marches. Lorsqu'elle arriva au deuxième étage, à bout de force, elle se laissa tomber à terre et ne bougea plus.
Dans son moment d'énervement, elle ne vit pas un jeune homme roux qui l'observait avec curiosité. Bill Weasley se rendait au repaire de l'Ordre du Phénix, et passait par hasard devant la cabane hurlante et il vit la jeune fille y entrer. Sachant que ce lieu était interdit aux élèves, il s'avança vers la maison et cria :
- Quelqu'un est là ? C'est moi, Bill, je ne vous veux pas de mal ! Je veux seulement vous aidez ! Répondez, je sais que vous êtes là !
Effondrée sur le sol, Julianne ouvrit les yeux lorsqu'elle entendit une voix crier à l'extérieur. Elle se leva péniblement, en lançant des regards apeurés vers l'escalier menant à l'étage inférieur. Instinctivement, elle recula vers le lit et se cacha derrière.
- Bill ? Mais, c'est qui, ce Bill ? Je ne connais pas de Bill... Pas question de me laisser prendre à nouveau... murmure t-elle
Elle prit une planche de bois et murmura :
- Si ce Bill entre, je lui arrache la tête d'un coup de planche !
À l'extérieur, la voix cria de nouveau :
- Je suis Bill Weasley ! Je suis membre de l'Ordre du Phénix ! Je peux vous aidez si vous avez besoin d'aide ! Répondez !
Serrant la planche contre elle, le coeur battant, Julianne pensa :
Je n'ai pas de preuves ... pas de preuves de ce qu'il dit ...
Elle resta donc cachée sans bouger et sans oser respirer. Tremblante, elle s'accrocha au lit de sa main valide, comme une naufragée d'un quelconque sinistre.
Pendant ce temps, à l'extérieur, le pauvre Bill Weasley ne savaient pas quoi faire. Il était encore bien jeune, et il était quelque peu perturbé par cet évènement. Alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la cabane, Remus Lupin et Severus Rogue transplanèrent et arrivèrent à ses côtés. Severus avait parfaitement capté la pensée de Julianne et, après avoir retenu un soupire de soulagement, il en avait avisé Lupin et ils avaient immédiatement transplané ici. Ils entrèrent tout les trois, la baguette à la main.
- Miss Miller ! C'est moi ! Où êtes vous ? dit Remus Lupin
Toujours cachée derrière le lit, Julianne se figea. Étais-ce vraiment lui ? Pouvait-elle y croire ? Silencieuse, elle ne bougea pas de sa cachette. Puis, jetant un bref regard vers la porte, Julianne sortit de derrière le lit et s'avança lentement vers elle et se cacha derrière. Dans les escaliers, des bruits de pas se faisaient entendre, ainsi que de sinistres craquements.
- Miss Miller ? Je suis avec le professeur Rogue et Bill Weasley ... répondez, bon sens ! dit Remus. Elle est peut-être évanouie ? Ajouta-t-il à l'adresse de Severus et Bill.
Cachée derrière la porte, tenant la planche d'une seule main, Julianne se prépara. Lorsqu'elle vit une ombre entrer dans la pièce, elle s'élança de toutes les forces qui lui restaient et envoya valser la planche vers le visage de l'homme. Remus eu juste le temps de reculer son visage, plus par réflexe qu'autre chose, et il réussit à esquiver le coup de planche. Ouvrant de grands yeux et pleurant doucement, Julianne laissa tomber la planche, qui tomba sur le sol avec fracas. Elle murmura, tout en reculant vers le lit :
- Le professeur Rogue... Je ... je lui ai envoyé un message par l'esprit, lui disant que je venait ici ... Ils ... ils ...
La douleur et la peur ayant finalement raison d'elle, Julianne s'effondra sur le lit, perdant de nouveau conscience. La jeune fille avait le visage marqué par la fatigue et la souffrance, elle était sale, les bleus et contusions se mélangeaient sur son doux visage et son corps. Bref, elle était dans un piteux état.
Se remettant lentement de la surprise, Remus regarda Julianne avec soulagement. Remarquant toutes les ecchymoses qui la recouvrait, il alla vers elle et s'agenouilla à ses côtés.
- Miss Miller ... ? dit-il. Elle est mal en point ... ajouta t-il en regardant Severus.
Severus jeta un très bref regard vers Julianne, et pinça les lèvres devant l'étendue des dégâts. Il ne s'attendait pas à la retrouver en si piteux état. Blessée, certes, mais pas pratiquement anéantie ! Lançant un regard torve à Remus, il dit sèchement :
- Je ne suis pas aveugle Remus !
Tout en s'approchant de Julianne, il sortie une fiole de vitalité de sa sacoche de potions curatives. Il en retira le bouchon, s'assit sur le lit et, soutenant la tête de miss Miller, il lui en fit boire quelques gorgées.
- Il faut l'amener à Sainte-Mangouste le plus rapidement possible... Ce ne sont que des premiers secours, mais bon... ajoute-il d'une voix légèrement anxieuse.
Pendant que Severus faissant boire Julianne, Remus et Bill sortirent de la Cabane, afin d'aller voir si le champ était libre pour leur sortie. Dans la cabane, Severus referma la fiole, la rangea et s'apprêtait à prendre Julianne dans ses bras, lorsque celle-ci ouvrit des yeux brumeux et se mit à parler d'une voix enrouée.
- Professeur Rogue ... Je ... j'ai très mal à mon épaule ... grand-père Koric m'a lancé loin, loin sur le sol ... brisé ma clavicule ... Je ... je vous ai envoyé des messages, vous les avez reçus ? Méchant, mon grand-père ... j'ai résisté, refusée de me soumettre à lui ... m'a lancé sur le sol aussi ... Voldemort ...
Fermant les yeux, une vision vint la frapper de plein fouet. Non seulement elle vit, mais elle vécu la fuite de sa mère, lors de ce soir fatidique. Au plus profond d'elle même, elle su la vérité. Elle était bouillante de fièvre et son épaule lui faisait affreusement mal.
- Maman ... je veux ma maman ... Maman...enceinte quand elle est partie .. papa pas mon papa ... non ... maman ... photo de vous dans son sac .. mal à mon épaule ... Voldemort va me reprendre ... voulait seulement évaluer mes capacités ... va me ravoir ... maman enceinte quand elle s'est enfuit... mon papa pas mon vrai papa ... mon papa c'est vous professeur ... Je veux maman ...
Severus arrêta son geste. Il regarda Julianne d'un air impassible. Au fond de lui, son coeur fit un énorme bond. Plissant les yeux, il l'observa et enregistra la moindre de ses paroles. Sans un seul mot, il sorti une autre potion de sa sacoche tout en maintenant la tête de Julianne sur son autre main. Il lui fit boire une potion anti-douleur, la prit dans ses bras, sortit de la cabane et transplana jusqu'à Sainte-Mangouste.
À Sainte-Mangouste, une médicomage venait à peine de terminer de suturer un patient, lorsqu'un homme à l'allure sombre transplana avec une jeune fille. Severus regarda la médicomage qui venait vers lui et posa délicatement Julianne sur un lit. Il était encore chamboulé par ce qu'elle lui avait dit à la cabane hurlante, mais il tentait de ne pas le laisser paraître.
- Elle a reçu un Endoloris et semble avoir une fracture de la clavicule... dit-il d'un ton froid et détaché
Hochant légèrement la tête, la médicomage regarda la jeune fille, qui fixait le plafond d'un air perdu et douloureux. Julianne, fiévreuse, avait l'esprit trop douloureux pour penser à autre chose que le feu qu'elle sentait dans son bras. Elle avait la nausée, avait mal à la tête, à l'épaule, bref elle souffrait de partout.
- Allez attendre dans la salle d'attente ... Je viens vous voir dans peu de temps ordonne la médicomage, tout en débutant les soins de Julianne.
Sans demander son reste, Severus alla d'un pas vif vers la salle d'attente, trop heureux de ne plus se trouver aux côtés de miss Miller. Il entra dans la salle d'attente, lança un bref regard à un homme qui semblait extrêmement bouleversé et il s'assit non loin de lui. Appuyant la tête contre le mur, Severus fixa le vide. Il ne pensais qu'à une seule chose : que sa fille s'en sorte sans séquelles graves.
Alors qu'il se trouvait dans la salle d'attente, la médicomage poursuivait ses soins effrénés. Elle prit les signes vitaux de Julianne et fronça les sourcils. La jeune fille était brûlante de fièvre, ce qui était de très mauvais augure. Son pouls était rapide et saccadé, sa respiration était aussi rapide d'où un risque d'hyperventilation. Immédiatement, la médicomage se rendit à une armoire et prit un soluté d'anxiolytique qu'elle perfusa à Julianne. Ensuite, elle découpa ses vêtements, afin de vérifier l'état de son épaule. Celle-ci était bleutée et la clavicule avait déchirée la peau à trois endroits.
- Ça va faire un peu mal ... je dois replacer votre os au bon endroit .. dit-elle en retenant une légère grimace
D'un coup sec et expérimenté, elle replaça l'os dans sa cavité, ce qui a pour effet de faire à nouveau perdre conscience à Julianne. Ne se préoccupant pas de cette seconde inconscience, la médicomage nettoya la plaie avec de l'eau stérilisée, puis appliqua un onguent médicinal, avant d'utiliser le même sort de cicatrisation que pour l'autre patient. Finalement, elle injecta une potion recouvre-os au niveau de la clavicule brisée et banda solidement l'épaule de la patiente. Son travail effectué, elle quitta en direction de la salle d'attente. Elle poussa la porte et trouva l'homme sombre, qui fixait le vide.
- Votre fille va relativement bien. Elle a une triple fracture ouverte de la clavicule gauche, mais elle n'en gardera aucune séquelle, dit la médicomage
Severus se figea et regarda la médicomage en plissant les yeux.
- Qui vous a dit, qu'elle était ma fille ? demande t-il d'un ton froid et suspiçieux
- Personne … dit la médicomage en hésitant. Ce que, vous me sembliez très inquiet et je … j'ai crut, que vous étiez son père
- Je le suis … murmure Severus en se levant et en se rendant au chevet de Julianne
Après plusieurs jours de souffrance, d'inquiétude et de tourments, Julianne put enfin quitter Sainte-Mangouste. Ce fut, sous le regard protecteur de Severus, qu'elle sortit de l'hôpital en direction de Poudlard.
