Chapitre 14 : Solitude

Julianne était couchée sur son lit, fixant le plafond d'un regard brumeux. Aux prises avec une vision d'un futur, qui lui semblait proche, elle pinça les lèvres et plissa les yeux, accentuant sa ressemblance avec son père biologique. Là, sous ses yeux, apparaît une scène qu'elle aurait aimée mieux ne jamais voir.

Il est là ... devant elle et la regarde d'un air glacial et diabolique. Voldemort tend sa baguette et la pointe sur son bras nu, faisant apparaître sa marque, qui fait d'elle son bétail. Baissant les yeux sur son bras, elle voit la marque, mais la sait fausse. Elle sort du repaire (...) Quelques années semblent avoir passé... elle est devant Voldemort, une lueur verte sortant d'une baguette qui n'est pas la sienne et allant frapper le Seigneur des Ténèbres durement. .

Subitement, la vision partie comme elle était venue et Julianne sursauta légèrement, l'esprit embrouillé. Elle secoua la tête et s'assied dans son lit, portant la main à son visage et frottant ses yeux.

- Crotte de bandimon de gnome puant de crotte ! Marmonne t-elle en se levant.

Elle maugréa quelques peu contre le fait, qu'elle n'aurait jamais la paix avec Voldemort. Ne la laissera t-il jamais tranquille ? Rapidement, elle s'habilla, revêtant son uniforme de médicomage. Sa vision l'avait mise grandement en retard pour l'institut. En première année de formation, ce n'était pas le moment de se mettre ses professeurs à dos. Elle descendit rapidement les escaliers de la maison des Rogue et sortie en courant à l'extérieur, ne prenant même pas la peine de déjeuner. Par soucis de commodité, il avait été décidé à la fin de ses études à Poudlard, qu'elle habiterait avec son père biologique. Loin de s'en plaindre, Julianne avait sauté sur l'occasion qui lui permettait de connaître mieux celui par qui elle avait vu le jour.

Transplanant jusqu'à l'institut, elle apparût dans le couloir sud, et couru vers sa salle de classe, où elle entra essoufflée. Sentant les regards de ses collègues sur elle, Julianne rougit un peu et alla s'asseoir à sa place habituelle.

- Vous êtes encore en retard miss Rogue, dit le professeur Summers

- Désolée, professeur...

Après avoir jeté un regard condescendant vers son élève, le professeur Summers poursuivit son cours sur les sorts de guérison. Morfondue, Julianne prit le plus de notes possibles, maudissant ses visions qui lui pourrissaient la vie. Dès la fin de ses cours, elle se leva et transplana immédiatement chez elle. Ce soir, elle allait dormir chez son père adoptif et elle était impatiente de le revoir. Réapparaissant devant les escaliers, elle entendit aussitôt Severus Rogue l'appeler d'un ton grave. Fronçant les sourcils, Julianne se rendit donc à la cuisine, où elle trouva son père assit à la table.

- Oui ? demande t-elle, légèrement inquiète

- Assoit toi, Julianne ... lui dit Severus, affichant un air situé entre la joie et la dureté

Haussant les sourcils, elle s'assied, regardant son père avec inquiétude. Severus regarda sa fille quelque instants, sa fille qui ressemblait tellement à Gwendoline. Cela ne faisait que deux ans qu'il savait qu'elle était sa fille, et il arrivais à peine à y croire. Cette jeune fille de 18 ans assise devant lui, était sa fille... cette notion ne pouvait humainement pas entrer dans son esprit. Pinçant les lèvres, afin de camoufler sa fierté, il dit d'une voix froide :

- Ton grand-père Koric est mort. J'en ai eu confirmation cet après-midi par Arthur Weasley. Tué par Voldemort. Manifestement, il s'est lassé de ce vieux cinglé.

Julianne fixa son père sans rien dire. Cet homme ignoble qui l'avait torturée sans vergogne, il y a deux ans était mort ? Il n'existait plus ? Plissant les yeux et pinçant les lèvres, elle dit d'un ton satisfait :

- J'espère qu'il brûle en enfer !

Severus regarda sa fille, légèrement perturbé. Avec cet air, Julianne lui ressemblait parfaitement, et ce fait le mettais toujours mal-à-l'aise. Cachant son trouble derrière une façade hautaine, et prenant un regard torve il dit froidement :

- L'enfer est trop doux pour lui...

Souriant brièvement, Julianne se leva, contourna la table et alla poser un petit baiser sur la joue de son père. Puis, elle monta à sa chambre, afin de chercher ses bagages. Severus regarda sa fille sortir de la cuisine, légèrement ébahit. Puis, il posa la main sur sa joue, pinça les lèvres et grommela. Décidément, il ne s'y ferait jamais. Il se leva et transplana vers le repaire de l'Ordre, au moment où Julianne redescendait les escaliers avec ses bagages. Entendant son père repartir, elle soupira, sortie de la maison et prit le Magicobus pour se rendre chez Nicolas Miller.

Après un voyage mouvementé, où elle fut balancée de bord et d'autre dans le Magicobus, elle arriva enfin chez son père adoptif. Elle descendit et avança vers la maison, préparant ses clés. Souriante, elle entra lançant un joyeux "Salut papa !". Pour toute réponse, un gémissement provenant du salon. Ouvrant de grands yeux, elle s'élança au salon, le coeur battant. Elle découvrit Nicolas, affalé sur le divan, le teint livide et en sueurs. Figée sur place, elle le regarda complètement paniquée, puis se précipita vers lui.

- Papa ! Papa ! Qu'est ce que tu as ? Où as tu mal ? Dit-elle d'un ton qu'elle veut professionnel, mais qui est en fait très inquiet.

- Julianne... murmure Nicolas Miller, Julianne... ma douce petite chérie... mal partout...

Le souffle court, Julianne se précipita vers son sac de voyage, et en sortie son pendule "bonhomme", instrument de prédilection pour les diagnostics médicaux, ainsi que sa baguette. Revenant vers son père, elle plaça le pendule au dessus de lui, à la recherche de l'endroit infecté. Le pendule se mit à tourner rapidement, émettant un son aigu. Doucement, elle déplaça le pendule tout le long du torse de Nicolas, sans jamais que le sifflement cesse. Lentement, Julianne descendit la main qui tenais le pendule contre son corps et elle regarda son père, les yeux remplient de larmes. Sans un mot, elle décrocha le téléphone et appela une ambulance.

Alors que l'ambulance filait dans la nuit, Nicolas et Julianne à son bord, des larmes coulaient sur les joues de la jeune fille. Elle savait son père condamné, le cancer rongeant déjà chaque parcelle de son corps. Lui tenant la main, elle le regardait en silence, pleurant sur le sort de l'homme qui l'avait aimée et élevée comme sa fille. Lorsqu'ils arrivèrent à l'hôpital, elle suivit la civière emportant son père, jusqu'à la salle d'examens, puis s'assied dans la salle d'attente, confuse. Pourquoi n'avait t-elle pas eu de vision l'avisant que le cancer attaquait son père adoptif ? Pourquoi fallait-il qu'il soit condamné, alors qu'il était dans la fleur de l'âge ?

Fixant le mur devant d'elle, elle n'avait plus conscience de rien. Plus rien n'avait d'importance à ses yeux, même ses études de médicomage. À quoi servaient ces études, si elle ne pouvait rien faire pour sauver son père ? Pleurant, elle cacha son visage dans ses mains, insensible aux regards des personnes dans la salle. Quelques minutes plus tard, elle releva la tête vers une voix douce qui s'adressait à elle. Essuyant ses yeux, elle regarda le médecin qui se tenait devant elle.

- Mon père va bien ? Murmure t-elle d'une petite voix

- Je crois, que vous devez venir avec moi, miss Miller, dit le médecin en l'entraînant doucement vers son bureau

Suivant le médecin, la mort dans l'âme, Julianne entra dans le bureau et s'assied sur une chaise, anéantie.

- Miss Miller... après analyse radiographique, nous avons décelé des tâches sombres dans le thorax de votre père, amorce le médecin d'une voix professionnelle.

- Le cancer... généralisé, je sait; dit Julianne d'une voix faible, il n'y a plus rien à faire

- Heu... effectivement... dit le médecin, étonné.

- Combien de temps ? Lui demande t-elle toujours d'une voix désincarnée

- Nous ne pouvons le dire, miss...

Le médecin s'interrompit lorsqu'il vit la jeune femme se lever et sortir de son bureau. Il la trouvait décidément très étrange.

Marchant dans les couloirs, se fiant à son instinct, Julianne arriva devant les soins intensifs, et y entra. Elle alla vers Nicolas et s'arrêta auprès de lui. Regardant autour d'elle, elle sortie son pendule de sa poche et le plaça au dessus du torse de son père. Le pendule se mit à osciller et s'arrêta rapidement. Rangeant son pendule, elle prit ensuite la main de son père, le fixant comme pour imprimer son image à jamais dans son esprit.

- Deux mois, murmure t-elle, que deux mois...

Les deux derniers mois de la vie de Nicolas Miller se passèrent dans la semi inconscience. Tous les jours, Julianne passa le voir à l'hôpital et c'est dans ses bras qu'il s'éteignit paisiblement. La première année d'études à l'Institut de Magicomagie de Julianne fut donc teintée par la mort de son père adoptif. Malgré cet évènement tragique, elle obtint des notes respectables et elle débuta sa deuxième année, le coeur plus serein.

Julianne, maintenant âgée de 19 ans, étudiait tranquillement au salon. Son père étant à Poudlard, elle avait la maison pour elle seule. Elle en était rendue aux propriétés médicales du Flavus, lorsqu'on frappa à la porte. Souriante, elle se leva et alla ouvrir. Sur le seuil se trouvait Samuel Lamard, son amoureux des deux dernières années. Ce soir, c'était leur anniversaire.

- Bonjour mon amour, lui dit-elle ton enjôleur

- Bonjour chérie, dit Samuel en souriant

Il entra dans la maison, la serra contre lui et l'embrassa tendrement. Après avoir refermé la porte derrière lui, il regarda vers le salon et demanda :

- Ton père n'est pas là ?

- Non ... il est à Poudlard, l'informe t-elle d'un ton doux, nous sommes seuls ... ajoute t-elle en susurrant.

Samuel fut légèrement déçu. Ce soir, il avait l'intention de demander la main de Julianne à son père. Mais, tant pis ! Il passerait une agréable soirée quand même. Il lui souria, sensible à sa voix susurrante. Lui caressant la joue, il se pencha vers elle et l'embrassa langoureusement. Alors qu'elle répondait à son baiser, Julianne ressentie de doux frissons le long de son corps. Le coeur battant la chamade, elle retira lentement le chandail de Samuel, tout en l'attirant vers le salon. Le souffle court, elle sentie Samuel l'embrasser sur le cou et elle gémit doucement. Ils se couchèrent sur le divan et, sensuellement, ils retirèrent leurs vêtements. Cambrant les reins vers Samuel, Julianne put sentir la puissance du désir de son amoureux. Se mordant la lèvre inférieure et gémissant, elle sentie Samuel tenter d'entrer en elle, lorsqu'une voix froide et chargée d'horreur se fit entendre.

- Experliamus ! S'exclame Severus Rogue

Samuel fut durement projeté contre le mur, perdant conscience. Piquée à vif, Julianne regarda son père, tout en ramassant ses vêtements. Elle s'habilla en vitesse, pinça les lèvres et le regarda froidement.

- Pourquoi as-tu fait ça ? De quel droit te permet tu d'attaquer Samuel comme ça ? Lui dit-elle d'une voix dure.

- Je suis ton père ! Lui crache Severus, tu n'as pas honte de forniquer comme ça, sous mon toit ? Et avec un idiot par dessus le marché ? Dit-il d'une voix aussi dure que celle de sa fille

- Mon père ? Mon père ! Ha, maintenant que cela fait ton affaire, tu es mon père ? Forniquer ? Si ma mère n'avait pas forniqué avec toi, je n'aurais pas à te supporter ! C'est toi, l'idiot ! TOI ! Si tu le prends comme ça, je m'en vais ! Lui dit-elle d'une voix glaciale

- Bon débarras ! Que je ne te revois plus, tu m'entends ? Lui rétorque t-il, blessé par ses propos.

Enragée, Julianne monta à sa chambre, renversant tout sur son passage. Elle fit précipitamment ses bagages et transplana. Au salon, Severus entendit sa fille tout renverser, et il regarda le plafond en pinçant les lèvres. Sèchement, il tendit sa baguette vers l'impertinent et le fit disparaître de sa maison, le renvoyant chez lui. Puis, il prit les vêtements du jeune homme du bout des doigts et les jeta au feu. Lorsqu'il entendit sa fille transplaner, il s'assied sur le sol, cacha son visage dans ses mains, et laissa sa peine évacuer son corps.

Julianne, tout comme sa mère avant elle, trouva refuge dans un hôtel. Elle y dormit difficilement, pleurant une bonne partie de la nuit. Le lendemain, elle se trouva un petit appartement et le loua. Elle n'eut plus de nouvelles de Samuel, ni de son père, qu'elle ne tenta pas non plus de rejoindre. C'est donc dans une solitude profonde qu'elle compléta sa deuxième année. Ne recevant pas de hibou d'Alexia, de Samuel et de son père, elle était seule au monde et en était attristée. Lorsque le professeur Summers lui offrit un poste de médicomage stagiaire, au début de sa troisième année d'études, elle accepta avec empressement, croyant trouver un exutoire à sa solitude.