Chapitre 16 : Le coeur à ses raisons
En Septembre 1996, une nouvelle année s'amorça à Poudlard. Severus Rogue, toujours aussi bourru, était assis à la table des professeurs et regardait les élèves d'un air froid. Pour une quinzième année consécutive, le poste de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal lui avait échappé. À sa place, Dumbledore lui avait préféré une femme ! Une Potter en plus ! Il regarda l'intruse d'un air mauvais. Qu'elle était laide, cette idiote odieuse, cette voleuse de poste ! Grommelant, il fixa à nouveau les élèves, puis pinça les lèvres lorsque Dumbledore annonça le retour de Lupin. Hé oui ! Comme si ce n'était pas encore assez de ne pas avoir le poste souhaité, il fallait encore qu'il soit obligé d'endurer Lupin, ce sale lycanthrope. Lorsque Dumbledore annonça la nomination d'Amélia Potter comme professeur de Défenses contre les forces du mal, il ne se donna même pas la peine d'applaudir, se contentant de fixer la salle d'un air bourru et torve.
Plus les jours passaient et plus cette Potter lui puait au nez. Il se faisait une joie de la terrifier, la poussant dans les coins en l'insultant. Toutefois, Amélia Potter, loin d'avoir peur de lui, lui répondait avec toute l'arrogance et la prétention des Potter. Évidement, cela ne faisait qu'augmenter la haine de Severus vis-à-vis d'elle. Pour qui se prenait-elle ? Elle avait le culot de lui tenir tête ? À lui ? Severus Rogue ? C'est donc avec un immense plaisir qu'il vit le professeur Trelawney débuter à harceler la jeune femme avec ses visions idiotes. Il se trouvait, en ce moment même, assis à la table des professeurs, et regardait Potter se tortiller d'angoisse sur sa chaise. Plissant les yeux et affichant un léger sourire en coin, Severus s'amusait ferme.
- Le ténéééébbrreeuuux ... dit Trelawney d'une voix chevrotante. Le ténébreux est proche ! Il te volera ton âââmee !
- Hum hum... oui, le ténébreux, oui ... murmura Amélia
Encouragée par l'approbation du professeur Potter, Trelawney se leva et alla vers elle en hurlant toujours ses avertissements d'outre-tombe. Apeurée, Amélia agrippa la manche de Severus, qui se trouvait à ses côtés et se rapprocha de lui assez rapidement. Dégoûté, il tenta de lui faire lâcher prise, et y parvint après plusieurs efforts. Cette Trelawney allait-elle se taire ? Par sa faute, cette horrible mandragore l'avait touché ! Et, ses visions de malheur lui faisait trop penser à sa fille Julianne, qu'il avait perdu de vue depuis près d'un an. Vivement, il se leva et lui lança d'une voix glaciale :
- Allez-vous vous taire, vieille folle ! Nous n'en avons que faire de vos stupides prédictions à la noix ! Restez cachée dans votre tour, espèce de bête de foire !
- Mes prédictions à la noix ? S'insulta Trelawney. Je vais vous en faire moi, des prédictions à la noix ! Ajouta t-elle en quittant la Grande Salle, battant l'air de ses bras.
En entendant ces paroles, Severus se renfrogna. C'était quoi encore ces histoires ? Grommelant, il quitta la salle à son tour et croisa Lupin en chemin, ce qui le mit encore plus en rogne. Suivant Rogue du regard, Remus se demandait ce qui se passait. Puis, il regarda vers la table des Professeurs et vit Amélia, qui était un peu blême. Il en fut un peu ébahit. Severus aurait-il été encore méchant avec elle ? Mais, habituellement, cela ne semblait guère la perturber. Il s'assied à ses côtés et lui demanda doucement :
- Ça va, Amélia ?
Sans répondre, Amélia s'appuya contre lui et ferma les yeux. Sans un mot, Remus posa le bras contre ses épaules et la tint tout contre lui.
Deux semaines plus tard, Remus se promenait tout près du lac, les mains dans les poches. Du coin de l'oeil, il vit les branches d'un saule bouger. Lentement, il s'en approcha et remarqua Amélia en dessous. Elle était occupée à écrire, le visage légèrement penché et le soleil l'éclairait en partie. Il s'avança et s'assied à ses côtés.
- Bonjour … comment vont tes cours ?
- Très bien, Remus … lui dit Amélia en souriant
Sans réfléchir, il tendit la main vers la sienne et la prit. Aussitôt, il sentit son coeur se retourner dans sa poitrine et sa respiration devint difficile. Quelque chose dans la douceur de sa main, le fit rougir. Retirant rapidement sa main, il dit d'un ton qu'il ne reconnu pas :
- Je... il fait beau aujourd'hui, non ?
Surprise, Amélia le regarda avec un air intrigué. Pourquoi lui avait-il sortie cette phrase idiote ? Il était là, le teint légèrement plus rouge qu'habituellement et il fixait les morceaux d'herbe, comme s'il cherchait à les voir pousser. Quelquefois, il lui jetait de très brefs regards, mais demeurait silencieux.
- Tu est venu me rejoindre sous le Saule, seulement pour que je te vois admirer l'herbe ? Lui demande t-elle d'un ton amusé
Remus sentit son coeur se serrer au son de la voix d'Amélia. Plus de doute possible... il était amoureux d'elle ! Il était amoureux ! Ma parole, il était devenu complètement fou ! Sans oser la regarder, il dit d'un ton rapide :
- Je suis amoureux, Amélia …
Dans un geste désespéré, il releva le visage vers elle et la regarda. Elle était là, tout près de lui, et elle le regardait avec de grands yeux étonnés. Encore une fois, son coeur se mit à battre la chamade. Lentement, il se pencha vers elle et l'embrassa tendrement. Il fut fort heureux de constater qu'elle répondait à son baiser. Ne pensant à rien, il la prit dans ses bras et se leva avec la ferme intention de l'amener à sa chambre. Il quitta l'abri des branches de saule pleureur et marcha jusqu'au château en ne cessant pas une seule seconde de l'embrasser, laissant les feuilles de parchemins s'envoler au vent.
Remus tenta tant bien que mal d'être discret à propos de sa relation avec Amélia. Que diraient les élèves s'ils savaient que deux professeurs étaient amoureux ? Il essaya donc de se cacher le plus longtemps possible, donnant des rendez-vous secret à la femme qu'il aimait. Toutefois, c'était sans compter sur Amélia, qui n'avait pas l'intention de tenir ses sentiments secrets. Il dut donc faire avec la situation malgré sa gêne.
Un matin de mi-Octobre 1996, alors qu'ils déjeunaient, Amélia fut prise de nausées et dut quitter précipitamment la Grande Salle. Remus la suivit et la trouva agenouillée devant une statue, manifestement malade. S'inquiétant, il s'agenouilla auprès d'elle et lui dit d'un ton amusée, quoique inquiet :
- Tu t'es encore gavée dans les gâteaux aux cuisines ?
Entre deux nausées, Amélia fit non de la tête. Elle avait appris, le matin même, qu'elle était enceinte et ne savait pas trop comment l'annoncer à Remus. Elle avait une peur bleue de sa réaction. Comment réagirait-il en sâchant qu'elle portait son enfant et qu'il serait Loup-Garou comme lui ? C'est donc en passant par l'humour qu'elle lui annonça :
- Non... je suis peut-être enceinte ?
Tiquant légèrement, Remus la regarda et utilisant un ton mi-figue mi-raisin, il lui rétorqua:
- Me semblait aussi, que tu avais grossit...
Amélia, le teint blême, sourit brièvement. C'est en murmurant, qu'elle lui dit être vraiment enceinte. Remus, se figea durant de longues minutes. Elle était enceinte ? Il aurait un enfant ? Cette nouvelle lui faissant vivre des émotions contradictoires. Il était heureux de pouvoir aspirer au bonheur de fonder une famille, mais il était aussi terrifié par ce que cela représentait. Doucement, il prit Amélia dans ses bras et la reconduisit à leur chambre.
En Novembre 1996, Remus épousa Amélia, dans une brève cérémonie entre les murs même de Poudlard.
