« Nous mourons tous.
Il nous piétine, Il nous découpe, Il nous brûle, Il nous dévore.
Ils nous encerclent, ils nous transpercent, ils nous mordent, ils nous tuent.
Il n'y a plus de lumière, à part celle du Feu Dévorant. L'Ombre nous entoure, elle est épaisse et nous étouffe.
Autour de nous des cris aigus, des gémissements, des crissements. Ils sont faibles, on les entend à peine. L'ambiance générale est à la folie.
Ils ont la capacité de voir dans le noir avec de faibles lumières. Ils nous voient mais on ne les voit pas. Généralement, on ne voit pas la mort venir, on ne la sent pas, elle est trop discrète et rapide.
Ils ne faut pas respirer trop fort, sinon on ne les entend pas venir. Le silence est notre meilleur ami. La discrétion est de mise : si on ne fait pas de bruit, ils ne nous entendront pas, alors nous pourrons quitter cet endroit maudit.
L'odeur du sang emplit nos narines. Beaucoup des nôtres sont morts. On heurte souvent des cadavres au passage, c'est atroce.
Et le Cri Déchirant se fait entendre. Il emplit les grottes de son écho écoeurant et perce nos tympans. Nous sommes emplit d'effroi et nous courons devant nous. Parfois, on entend les cris de souffrance de nos amis. Le Feu Dévorant les a gobé.
Puis au loin les Tambours. Nous ne savons pas si ce sont des tambours, peut-être des os de nos compatriotes qu'ils tapent sur leurs armures scintillantes de notre Mithril si durement trouvé. Ils nous pillent.
Les Tambours approchent, et avec eux leurs rires effrayants. Le Feu Dévorant est loin derrière nous, alors ils nous achèvent. Une flèche vient de me frôler l'oreille gauche. Makîm gémit de terreur. J'ai pu sentir l'odeur de sa transpiration avant qu'il ne hurle de terreur puis de douleur. Une flèche s'est plantée dans son œil droit.
Alors on s'enfuit. On court, toujours plus vite, toujours plus loin. Sans lumière. Nous sommes les cibles de centaines de flèches. Des trolls des cavernesnous attaquent des deux côtés. Moi je continue et j'abandonne tous mes compagnons. Je cours et je ne me soucie pas de ce qui peut leur arriver. Je suis guidé par ma peur. Je n'ai jamais autant tenu à ma vie.
Maintenant je suis ici, coincé, ou caché, et j'attend. Je suis seul, tous les autres nains sont morts. Je n'ose même plus respirer tellement j'ai peur qu'on m'entende. J'ai perdu mon encre en courant. Je ne pourrai bientôt plus é…
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Je viens d'entendre un grognement, non loin de moi. J'ai peur. J'ai froid. Je n'ai jamais eu aussi peur du noir. »
La note s'arrête ici. Rien n'indique ce qui est advenu du nain ayant écrit ce texte. Le parchemin a moitié brûlé git sur le sol de la Moria. Il date de l'an 2989 du Troisième Age, année de la tentative de Colonisation de la Moria par Balin, qui s'est soldée par un echec. Ce parchemin brûlé, Sam l'a écrasé alors qu'il traversait ce royaume maudit avec la Communauté de l'Anneau, laissant ce souvenir du désastre dans le silence des Ténèbres.
