Mori fit un pas, puis un autre. Elle buta contre un obstacle et tomba dessus. Au toucher,
cela sembla être un amoncellement de grosses pierres taillées, dispersées sans but
apparent… Que signifiait ceci ?
Elle se releva. L'herbe bruissait autour d'elle. Elle entendit une chouette hululer au loin.
Elle était peutêtre près d'une forêt. Cela la rassura, sans doute puisque ce mot était la
signification de son nom. Tendant les mains devant elle, elle recommença à avancer avec
prudence, tout en songeant de nouveau à ce qui avait pu l'amener là.
Elle avait dit au prêtre qu'elle voulait sortir…Elle n'était pas faite pour être
enfermée. Pourquoi la garder prisonnière, pourquoi l'avoir arrachée enfant à sa
famille ?
L'homme avait eu un étrange sourire, puis était sorti sans un mot. Elle avait crié
et tapé contre la porte.
Mori continuait à marcher. Il lui semblait qu'elle avançait ainsi depuis… Une heure ? Un
jour ? Une éternité ? Combien de temps avait-elle passé enfermée sous la terre ? Nul ne
se préoccupait-il d'elle ? Nul ne l'arracherai-il jamais à l'obscurité ?
Des pleurs coulait le long des joues de Mori, glissaient dans sa bouche entrouverte. Quel
goût étrange…
Il lui semblait que jamais elle ne sortirait des ténèbres.
D'autres femmes étaient venues. Elle l'avaient revêtue de splendides vêtements,
avaient coiffés et entremêlés de fleurs blanches ses longs cheveux d'ébène lisses et
brillants, avaient noué des tresses de fleurs autour de ses bras et de son torse,
l'avaient maquillée. Jamais on n'avait pris autant soin d'elle, ce qui n'était pas
peu dire, et cela l'inquiétait presque.
Mori entendit un craquement. Elle recula, faillit perdre l'équilibre en glissant sur des
pierres puis trébucha sur ce qui s'avéra être une poutre. Que faisait-elle donc à terre ?
Oh, que cet endroit était effrayant ! Tout ce noir, ce noir… Mori avait si froid… Si
froid…
Les femmes étaient toutes sorties. La dernière s'était retournée un instant, l'avait
regardée d'un air étrange, puis lui avait dit avec un sourire mauvais qu'elle devait
faire ses adieuxà sa chambre. Puiscette étrange servanteétait partie.
Elle n'en avait pas cru ses yeux. On la laissait seule ! Ce n'était pas arrivé depuis
plusieurs années. Autant en profiter…
