Disclaimer :

Les personnages de Harry Potter ainsi que les « décors » sont la propriété exclusive de J.K. Rowling. Il n'y a aucune intention de contre-façon ou de violation de ses droits d'auteur. Cette histoire est écrite pour le plaisir de l'écriture et ne rapportera aucun centime à son auteur.

Avertissement - Fic de rating PG-13, en raison de relations homosexuelles entre Harry et Draco. Je n'irais pas jusqu'à R, car l'histoire ne s'y prête pas, en raison de son contexte et du faible nombre de chapitres. Le rating est aussi justifié en raison de quelques scènes à allusion violente.

Cette fic ne prend pas en compte les événements et révélations du tome 6.

Voici la suite... je poste assez rapidement car je veux que cette fic soit publiée avant la sortie du tome 6 en France, dont le 1er octobre 2005, pour l'excellente raison que le livre détruit toutes les jolies théories que j'expose dans cette fic...

Ah, et cette fic ne comporte que 4 chapitres, assez conséquents quand même puisqu'elle fait 58 pages...

Trunks-01 : je préfère te répondre en français car mon anglais n'est... pas génial ! C'est vrai que Harry n'a pas pour le moment un très beau rôle, mais les choses vont s'améliorer jusqu'à la fin, ne t'en fais pas ! Gros bisous !

Onarluca : Je jure que c'est un happy end, y compris pour Harry et Draco ! Je l'ai rajouté dans le résumé pour que tout le monde soit rassuré. Parce que vu le sujet, ce n'était pas évident ! Bisous

Le Saut de l'Ange : Alors je suis contente que tu aimes ma fic (je fais pas mal de Harry/Draco, passe y jeter un petit coup d'oeil, enfin si tu continues à aimer ce que j'écris !) et que ce soit une bonne surprise ! Je ne ferais de mal à personne (sauf au méchant de la fic) et c'est vraiment un happy end... ! Bisous !

Nono : La suite arrive, ne t'inquiètes pas. J'espère que tu trouveras ça toujours superbe. Bisous !

Mifibou : aah, ma toute première reviewse ! C'est rigolo de penser que ça fait un an presque jour pour jour que tu m'as laissé ta première review ! On verra bien pour les réponses, mais j'avoue que je détesterais ne plus en faire. Je jure que c'est un happy end (je le précise depuis que des lecteurs me l'ont demandé en raison d'une deathfic que j'ai faite...) mais la fic étant assez courte (seulement 4 chapitres) les relations ne seront pas aussi développées... Il n'y aurait pas eu la limite de date pour le concours que j'aurais bien continué sur plusieurs chapitres ! Gros bisous !

Atalanta de Tebas : La description du tout début était le thème du concours, j'ai essayé de la reprendre dans le corps de la fic... Merci beaucoup, en tout cas, j'ai essayé dde rendre une ambiance très noire et ce n'est pas facile... Bisous !

Helen : Merci, comme je le l'ai dit, cette fic sera fini avant la publication du Tome 6 en France ! Voici la suite, j'espère qu'elle te plaira, bisous !

Corail Zaarea : j'espère que tu as bien reçu mon mail... pour le moment je n'ai pas eu d'autres infos, mais si tu veux je te tiendrai informée. Bon, ne t'inquiètes pas, il n'y a qu'un qui ne s'en sort pas dans cette fic, le méchant, évidemment ! J'ai bien aimé changé d'ambiance, revenir à des choses plus sérieuses (mes autres textes sont quand même plus légers, voire comiques) et effleurer du bout des doigts la réalité des guerres (même si je l'avais fait dans « 17 ans »). Draco est plus adulte, oui, comme tous les persos... j'espère que la suite te plaira, parce que mes idées sont vraiment compliquées ! Bisous !

Oxaline : Coucou toi ! Je suis d'accord, le sujet était bon, mais pas facile ! J'ai vraiment galéré pour le synopsis... On verra bien si c'est génial ! Merci et gros bisous !

Vif d'or : C'est une fic assez courte, mais qui se termine bien. Ca tombait bien, j'avais envie d'écrire quelque chose de plus dramatique... Il y a 4 chapitres en tout, donc l'histoire est vite menée ! Gros bisous !

Comme tu veux !: Merci ! Un début n'est jamais facile, surtout sur ce thème... J'ai essayé d'être originale mais en respectant l'univers de Rowling... J'espère que tu aimeras la suite ! Bisous !

Dawn456 : La fic sera rapidement finie, je te rassure, tu n'auras pas autant à attendre que pour les autres ! Voici la suite ! Bisous !

Tiffany Shin : Merci ! Voici la suite, j'espère que ça te plaira. Bisous !


Chapitre 2 – Les pions

Une main le secoua sans ménagement. Draco ouvrit les yeux. La clarté du soleil matinal lui blessait les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais encore là Draco , demanda Hermione, inquiète.

Draco fit une grimace. Il n'avait rien mangé depuis un long moment. Il avait donné de son énergie vitale, donné son sang. Ce n'était pas étonnant s'il se sentait faible. Il chercha du regard Harry. Il lisait. Encore. Avait-il rêvé cette nuit ?

- Potter..., interpella-t-il.

- Ah tu es réveillé, dit le jeune sorcier sans avoir conscience qu'il intervertissait les rôles.

Hermione, tétanisée, l'observa s'approcher sans être capable de faire le moindre le geste. Elle jeta un bref regard de reproche à Draco avant de sauter au cou de Harry en pleurant. Un long moment s'écoula avant que Hermione ne retourne vers Draco et ne dise :

- Alors... Comment as-tu fait puisque tu m'as dit que tu ne pouvais avoir de son sang...

- La magie du sang, répondit seulement Draco en se levant enfin.

Il se rassit aussitôt, des nuées d'étoiles devant lui, lui rappelant sa faiblesse toujours présente.

- Hermione, reprit-il, tu pourrais faire en sorte que quelqu'un m'apporte à manger ?

- Bien sûr !

Et elle sortit aussitôt, tout en se promettant d'en savoir plus. Car désormais, plus rien n'arrêterait sans aucun doute le destin.

Severus..., songea-t-elle inquiète.

Quelques instants plus tard, un brouhaha envahit la bibliothèque d'ordinaire si paisible. Draco observa tout cela avec un certain détachement, occupé à manger sans faim...

Ron n'hésita pas à serrer Harry fort, si fort que ce dernier protesta. Sa soeur Ginny fit de même, avec autant d'enthousiaste et de chaleur. Et ainsi de suite, comme dans une ronde sans mot mais remplie de larmes : Neville retenait difficilement ses larmes, Tonk n'essayait même pas, Fred et Georges passés leur émotion, essayèrent de lui montrer leurs dernières inventions. Les jumeaux s'étaient reconvertis en objets pour détruire Voldemort : objet, sort ou potion, ils ne ménageaient guère leurs efforts. Remus, très ému, le serra contre lui sans un mot...

Puis il y eut cet instant où tout à coup le silence se fit, car la joie retombait, pour laisser place à la triste réalité de ce monde meurtri...

- Où sont les... autres , demanda Harry avec appréhension.

- Ma famille s'est dispersée un peu partout, expliqua Ron, pour chercher des objets magiques anciens qui pourraient nous aider. Mes parents sont en Australie, Bill et Charly bougent sans cesse, mais tout le monde va bien.

Harry n'osa pas poser la question de ce qu'il était advenu de Percy...

- C'est pareil pour les membres de l'Ordre, poursuivit Hermione. Tout le monde cherche quelque chose pouvant nous aider.

Elle fit un geste ample pour englober la bibliothèque :

- Quand à nous, nous essayons de trouver une solution car nous avons réussi à récupérer la bibliothèque de Poudlard, ainsi que celle de Severus.

Ron eut une légère grimace, sans doute à l'évocation du prénom de l'austère professeur de potion. Mais Hermione achevait :

- Nous cherchons tout ce qui pourrait nous aider...

Harry eut l'impression étrange qu'elle ne semblait plus trop y croire elle-même, ou bien était-ce la fatigue ? Pourtant à cet instant, tous rayonnaient, comme si le monde avait retrouvé une couleur perdue. Les coeurs semblaient plus légers, comme si l'espoir venait de renaître. Mais ils étaient au moins deux à ne pas penser ainsi : Draco et Hermione. Et Harry, lui, doutait d'être encore capable de porter tous leurs espoirs...

Dans ce nouveau silence, plus serein, les têtes se tournèrent vers Draco. Sa chemise tâchée de sang, et son air épuisé clamaient qu'il était pour quelque chose dans la soudaine guérison de celui dont on espérait plus rien... Plus que tout, il avait agi seul, alors que tous voulaient Harry. Finalement, ce fut Remus qui se décida à demander, d'une voix douce mais en même temps, légèrement fâché :

- Pourquoi ne nous as-tu pas dit ce que tu comptais faire ?

Draco hésita un moment à répondre franchement. Car la magie du sang impliquait certaines choses qu'il n'était pas prêt à avouer en public. Qui ne regardaient que lui.

- C'est moi, intervint Hermione. C'est moi qui ait eu l'idée, mais Draco l'a... mise en oeuvre, ajouta-t-elle avec un certain mécontentement.

- Parce que je n'étais pas certain que cela marche, tint à préciser Draco. Et puis... nous n'étions que deux à pouvoir le faire..., ajouta-t-il sans s'expliquer davantage.

Inutile de préciser que Severus avait refusé. Qu'il avait dit avec un sourire froid qu'il n'éprouvait rien pour Potter. Ni amour, ni haine... Mais qu'il lui souhaitait bonne chance. Draco grimaça au souvenir de ces mots à double sens. Bonne chance avec Potter...

- Je ne comprends pas, murmura Hermione perplexe.

- Hermione, il m'était impossible d'avoir de son sang, tu t'en doutes bien ! Alors j'ai utilisé le mien, expliqua succinctement le sorcier blond.

- La magie du sang, murmura Hermione. Si seul le sang de Voldemort pouvait arriver à aider Harry, j'en conclus que...

Elle le regarda songeuse :

- Si je comprends bien, c'est le sang de Voldemort qui permet de tracer la marque ?

Draco fut surpris par la justesse de sa remarque. Il ne lui avait jamais révélé cela mais visiblement ce n'était pas nécessaire. Il se leva à nouveau. Il ne parut pas avoir remarqué que Harry l'avait dévisagé avec curiosité : car ce jeune homme de presque 23 ans n'avait pas grand-chose de commun avec le Draco Malfoy arrogant qu'il avait connu à Poudlard...

De plus, Harry savait que la magie du sang n'était pas une magie anodine. Elle était puissante mais impliquait beaucoup de choses. Des émotions, des sentiments, tous très forts... C'est pourquoi elle était aussi appelée magie du besoin. Il était évident que Voldemort ne voulait rien avoir à faire avec cette magie, même si elle était puissante. La question restait en suspens pour Draco... Pourquoi l'avait-il utilisée ? Le jeune homme semblait ne pas remarquer que Harry le fixait. Il aurait dû s'en rendre compte, surtout pour un Mangemort... Et pour Harry son indifférence affectée était si évidente qu'elle en devenait étrange : Malfoy ne voulait pas le regarder.

Le jeune homme aux cheveux devenus presque blancs se leva : il n'avait plus rien à faire ici pour le moment.

- Tu pars , demanda Ron.

Au fil des mois, une sorte de respect avait fini par naître entre les membres récents de l'Ordre et le jeune espion. Peu à peu, ils avaient tous fini par comprendre que lutter entre eux ne pourrait que les affaiblir dans leurs efforts pour tuer Voldemort.

- Oui, je dois y aller. Il a du sentir que mon énergie fluctuait alors..., répondit Draco avec une certaine nonchalance.

Feinte, car tous savaient qu'il risquait sa vie en servant l'Ordre, et plus encore avec ce qu'il venait d'accomplir.

- Attend, fit Ron en l'arrêtant d'un geste de la main. Montre-moi ta blessure.

Draco releva sa chemise tâchée de sang. Ron hocha doucement la tête pour lui-même.

- Je reviens, déclara-t-il.

Il revient aussitôt avec une potion pour le soigner et une nouvelle chemise. Ron avait choisi de poursuivre des études de médicomages afin de pouvoir aider et soigner ceux qu'il aimait... Il n'avait toujours pas une grande affection pour Malfoy, mais ce dernier avait su prouver au cours des mois passés son engagement dans l'ordre...

- Que vas-tu lui dire , demanda Hermione alors que Ron le soignait.

Elle semblait soucieuse. Ces deux ans l'avait vieillie, et son esprit était encore plus aiguisé qu'auparavant. De plus, elle avait à coeur de protéger ceux qu'elle aimait. Un peu comme Molly Weasley l'aurait fait si elle n'était pas en Australie... Même si c'était Remus qui dirigeait l'Ordre, Hermione avait fini par acquérir un poids important dans les réunions. Sa soif de connaissance ne se démentait pas et tous étaient persuadés qu'elle finirait par lire tous les ouvrages présent dans cette pièce...

Et en deux ans, songea Harry, elle ne semblait pas avoir vieillie : ses cheveux longs étaient toujours indiscipliné, mais son visage paraissait plus fin. Et puis.. elle n'avait plus ses sempiternelles tâches d'encre sur les doigts, témoins de nombreux devoirs qu'elle rédigeait alors. Mais c'était bien Hermione, toujours soucieuse de ce qui pouvait survenir, cherchant toujours à prévoir le pire pour s'en prémunir...

Quant à Ron... Il avait cette gravité que donnent les épreuves les plus difficiles. Ses tâches de rousseur étaient toujours là, mais le jeune homme un peu maladroit avait cédé place à un homme aux gestes calmes et précis dans ses soins...

- Il n'y a que deux raisons pour que mon énergie fluctue comme cela. Un don de pouvoir par la magie du sang ou... une nuit torride avec quelqu'un, ajouta Draco avec un sourire froid rempli d'ironie.

Jamais Hermione n'avait vu un véritable sourire de la part de Draco. Il se maîtrisait toujours. Sauf la fois où il l'avait serré dans ces bras. Et tout à l'heure quand elle l'avait trouvé affalé dans la bibliothèque. Elle l'avait contemplé un moment, avait noté qu'il avait peu à peu perdu les rondeurs de l'adolescence : son visage se creusait. Peut-être aussi en raison des épreuves. Et ses cheveux blonds s'éclaircissaient toujours plus. Il semblait si fatigué... Sans savoir que ce constat valait pour eux tous.

- Tu vas lui dire que tu as un nouveau amant , demanda Ron sachant qu'il disait une évidence.

- Oui et si tu veux ça peut être quelqu'un qui te ressemble , le taquina Draco. Un sorcier rouquin, recouvert de taches de rousseur...

- Non merci , protesta Ron.

Draco eut un léger sourire, vite enfui. Il soupira, sachant que la confrontation avec son maître serait éprouvante mentalement : il devrait dissimuler tant ce qui s'était passé que la joie immense qu'il éprouvait : il avait choisi, il préférait un monde libre même au prix de sa vie. Rien ne valait l'espoir. Il se mordit les lèvres, refoulant tous ses sentiments. Quand il avait suivi des cours d'Occlumencie avec Severus, il avait appris à sceller toute émotion au plus profond de lui...

Remus qui était resté silencieux, discret presque comme à son habitude, demanda enfin ce que Draco voulait savoir sans oser poser la question.

- Harry... Il y a une chose que nous voudrions tous savoir : qu'as-tu cherché pendant tous ces mois ? Et... que t'es-t-il vraiment arrivé , fit-il d'une voix encore inquiète.

Le visage de Harry redevint grave. Il était différent celui qui avait affronté Voldemort et avait été vaincu, tous le percevaient sans savoir exactement en quoi. Peut-être était-ce les mèches blanches éparses dans ses boucles brunes. Peut-être était-ce cette ride qui marquait - à peine certes – son front. Peut-être était-ce ces yeux verts autrefois pétillant de malice qui aujourd'hui gardaient la trace d'une douleur surhumaine. Peut-être... était-ce le fait que tous cette pièce l'avaient vu se tordre de douleur.

Harry parut hésiter :

- Pour simplifier... disons que le sort que Voldemort m'a jeté m'a fait vivre en permanence toutes les atrocités qu'il a pu commettre dans sa vie. Y compris celle qu'il commet au moment où il le fait...

Draco ne parut pas surpris. Il aurait préféré découvrir que ses suppositions étaient fausses. Mais Severus et lui avaient deviné juste, sans en comprendre le but réel. Car le Seigneur des Ténèbres avait toujours un but.

- Tu veux dire que c'est toujours le cas... , s'inquiéta Hermione.

- Oui. Il est en colère d'ailleurs, murmura Harry avec une grimace. Mais avant que tu ne partes Malfoy... pourrais-je te poser une question ? Seul à seul , précisa-t-il hésitant.

- Mais bien sûr, rétorqua Malfoy avec une ironie mordante.

Tous furent surpris : cela faisait des mois que l'ancien Malfoy n'avait pas refait surface. Que son ironie mêlée d'arrogance n'avait blessé personne. Perplexes, tous quittèrent un à un la pièce. Hermione glissa simplement avant de fermer la porte :

- Harry, je t'apporte quelque chose pour que tu manges.

Mais Harry n'y prêta guère attention, son regard fixé sur l'énigme qu'était devenu Malfoy pour lui...

- Alors Potter... Qu'y a-t-il, je n'ai pas toute la journée devant moi !

Harry ne répondit pas à l'agression.

- Malfoy... La magie du sang n'est basée que sur l'amour ou la haine la plus féroce, dit Harry à voix basse, ses yeux plongé dans ceux du jeune Mangemort.

Devenu prince parmi les princes. Devenu esclave. Et que Harry scrutait à la recherche du moindre indice pouvant l'éclairer sur ses pensées.

Draco hocha simplement la tête, sans répondre. Harry n'osait poser la question qui lui brûlait les lèvres et demanda simplement :

- Pourquoi ?

- Cela fait deux années Potter, consentit à expliquer Draco. Deux longues années que je t'observe souffrir. Et lui... heureux de ce sort qu'il t'a jeté. Deux ans que je...

« te tiens dans mes bras, les nuits... » Il ne put dire ces mots là. Et reprit sur un ton plus léger :

- A quoi bon, Potter ? C'est fini, j'ai fait ce que j'avais à faire. C'est tout , déclara-t-il très sec.

Et il s'éloigna sans regarder derrière lui.

Harry eut l'impression étrange que la conversation s'était déroulée à un autre niveau, que Malfoy avait une réponse – Harry ignorait laquelle, de même que la question- , et qu'il partait comme s'il n'avait plus le revoir. Comme un adieu.

Harry n'avait qu'une certitude : cela commençait tout juste.

OOOOooooOOOOoooo

Voldemort souriait. Il n'avait sourit ainsi depuis des mois. Depuis, pour être exact que Bellatrix avait trouvé une utilité à Albus. Il avait beaucoup aimé son idée de marionnette... Après oui, il s'était lassé. Quoi d'étonnant dans un monde qui lui était acquis, devenu totalement sien. Bien sûr l'Ordre du Phénix subsistait un peu comme une vague démangeaison qui revenait régulièrement. Pensée pénible sur le moment mais au fond sans réelle importance.

Tom avait vu le monde succomber sous sa volonté. Il s'en était amusé, un moment encore une fois, des efforts des moldus pour lui résister.

Après presque deux ans de domination, il se serait ennuyé s'il n'avait laissé Potter libre. Il savait qu'il tuerait Harry, quand il en aurait assez, mais en attendant, sa survie présentait un intérêt, enfin s'il avait daigné venir à son défi. Car évidement il en avait été incapable. Et Tom n'avait pu tenir sa promesse car les membres de l'Ordre étaient trop habiles à se cacher...

Mais, là... La journée était intéressante, la première journée où quelque chose de nouveau survenait. Il avait senti que Potter s'était enfin réveillé. Car il le surveillait mentalement de très près. Vérifiait que son esprit était toujours prisonnier du choc de retour...

Il avait admiré l'opiniâtreté du jeune homme à lui résister pour s'en sortir, à lire pour concentrer son esprit sur sa quête de liberté.

Mais le sortilège agissait toujours ceci étant. Peut-être que ce petit pion allait relancer la partie d'une manière... intéressante ? Oh bien sûr il gagnerait encore, cela ne faisait aucun doute. Tom souriait, tout en songeant à une nouvelle manière de l'écraser. Car Potter n'avait plus de baguette ! Et il était impossible qu'il en ait une nouvelle... En effet, il avait pris soin de confisquer la marchandise des neuf boutiques de baguettes à travers le monde. Lui seul désormais attribuait les baguettes, personne d'autre. Lui seul contrôlait les pouvoirs du monde sorcier. Il était si simple de briser une baguette, n'est-ce pas ? Et il en avait brisé, oh oui , privant de pouvoir de nombreux sorciers n'étant pas digne du pouvoir...

Tom Jedusor éclata de rire, heureux de sa victoire totale. Et il leva un verre à sa nouvelle victoire car il savait qu'avec ou sans baguette, Potter reviendrait l'affronter... Peut-être en ferait-il un automate comme ce cher Albus... Ce mois de mai promettait d'être excellent. Il n'y avait rien de meilleur que de sceller dans le sang les victoires...

- Viens là, chien !

Et il fit tomber son verre.

- Ramasse , ordonna-t-il d'un ton sec et cruel.

L'être qui lui faisait face, jadis puissant sorcier, lui obéit sa volonté anéantie par un sortilège d'imperium continu. Et l'homme devenu poupée de chair sans volonté se releva les mains ensanglantées, portant les débris de verre. Il quitta la pièce sous un nouvel ordre de son maître.

OOOOooooOOOOoooo

Peu après, Voldemort sentit Draco Malfoy arriver au Manoir, grâce au lien qu'il avait instauré. Or... il s'était passé des choses intéressantes la nuit dernière. Aucun Mangemort ne pouvait lui cacher quoi que ce fut depuis qu'il avait créé ce lien. C'était le revers de leur immense pouvoir que leur Maître leur avait accordé...

Voldemort pratiquait depuis assez longtemps la sorcellerie, pour savoir qu'il n'existait pas de coïncidences. Pas dans le monde de la sorcellerie. Potter s'était réveillé et l'énergie de Draco avait presque failli s'éteindre.

- Bonjour Maître, fit Draco en s'agenouilla devant lui.

- Qu'as-tu fait la nuit dernière , demanda abruptement le Seigneur des Ténèbres en le scrutant de ses yeux de reptile. Ton énergie a... fluctué. Pendant un instant, j'ai même pensé que l'on t'attaquait...

Draco frémit mais seulement intérieurement. Car il s'y était préparé. Il aurait été fou sans cela.

- J'ai eu... une nuit intéressante, laissa-t-il entendre avec un léger sourire de satisfaction.

- Tiens, tiens... Qui était-ce ?

Voldemort percevait le moindre doute, l'essence du mensonge chez les Mangemorts liés à lui. Draco savait qu'il jouait sa vie et sa mort, longue ou non.

- Un jeune homme...

- Oh oh... mais ce n'était pas un sorcier, non ?

Draco se demanda jusqu'où le lien lui permettait de lire en lui.

- Un esclave...

- Un beau jeune homme je présume ? Ha !

Tom se leva de son trône pour relever la tête de Draco, les yeux fixés sur le sol de marbre blanc. Pour le forcer à affronter son regard effrayant.

- Si jeune... Si bouillant, souffla-t-il, laissant un ongle érafler la peau tendre du cou du jeune homme.

Draco avait l'esprit focalisé sur une image d'un jeune homme choisi au hasard, au cas où il lirait son esprit.

- Oui, cela explique la baisse d'énergie... Tu me rappelles Lucius et Severus dans leurs jeunes années !

Draco eut la sensation d'avoir reçu un coup de poing dans l'estomac à cette révélation.

- Me montreras-tu ton nouveau jouet , poursuivit Voldemort.

Comme s'il n'avait pas remarqué que Draco avait été ébranlé par cette révélation. Blessé...

- Il est mort, Maître.

Draco refoula au loin la nausée que lui donnait ses propos, ce qu'il laissait supposer avoir fait. Et il se fixa sur l'image : il avait choisi le visage d'un mort. Et il avait du le fixer très longtemps pour le garder en mémoire et le faire vivre en de faux souvenirs. Très longtemps...

- Ah... Eh bien dans ce cas, tu peux aller en choisir un autre dans la réserve d'esclaves. Tu as ma permission pour... deux ? Oui deux pour commencer, mais cette fois ne les tue pas, fais-les... durer.

- Merci infiniment Maître, dit Draco essayant de paraître extrêmement reconnaissant.

- Tu peux t'en aller, fit son maître avec un geste vague.

Draco Malfoy sortit, contrôlant autant que possible les battements de son coeur, le suppliant de rester calme.

Derrière lui Voldemort dit pour lui-même :

- Tu mens mal, jeune Malfoy. Très très mal... Je crois que je viens de découvrir un autre petit pion... Sauf que toi... tu es déjà à moi !

Draco attendit plusieurs jours avant de retourner à l'Ordre. Il sentait que le Seigneur des Ténèbres avait des soupçons. Il aurait été fou de croire qu'il pouvait en être autrement... Draco ignorait s'il avait pu fermer convenablement son esprit, grâce aux cours d'Occlumencie. Et s'il était encore en vie, il pouvait raisonnablement supposer qu'il avait réussi à donner le change... Ou l'espérer. L'autre hypothèse était moins réjouissante : son Maître connaissait sa trahison et avait décider de jouer avec lui...

OOOOooooOOOOoooo

Le lendemain de sa guérison, Harry visita la maison. Il visita chaque pièce en prenant son temps, appréciant sa liberté retrouvée. Il ne comprenait pas comment le sortilège avait pu l'empêcher de voir ce qui l'entourait... Il ressentait un immense soulagement à être sorti de cette brume bleutée qui cachait la réalité, l'enfermant dans un monde étrange. Son coeur manqua un battement alors que le souvenir des victimes qui hurlaient et suppliaient dans la brume l'envahit. Cette brume cauchemardesque qui l'avait emprisonné tous ces mois et où tout semblait si réel...

Il soupira : il avait vécu entouré d'horreurs et... de livres. Il ignorait combien de temps il lui avait fallu de temps pour comprendre que si les victimes n'étaient pas là, les livres étaient réels. Pour ne plus voir les atrocités l'entourant et ignorer la douleur, il s'était concentré sur un seul et unique objectif : les derniers mots de Voldemort. Il avait écarté les notes manuscrites de ses amis qui cherchaient à l'aider, car il croyait à des pièges de la part de Voldemort. Il ressentit une vague de nausée : s'il avait osé y croire, peut-être aurait-il pu sortir de cet enfer plus tôt. Ou y aurait-il définitivement sombré.

Car il avait failli basculer dans la folie son esprit doutant de la réalité des livres qu'il lisait. Il ne savait parfois plus si les livres étaient réels ou si tout cela n'était qu'une manipulation pour le rendre fou. Il savait que Tom Jedusor en aurait adoré l'idée, et c'était pour cela qu'il s'était accroché...

Harry secoua la tête pour chasser ses noires pensées : tout irait bien, son esprit était à nouveau libre. Mais la brume bleutée était encore là, presque à la périphérie du regard, comme attendant de l'envahir à nouveau... Combien de temps avait-il ? La question était angoissante, car il savait qu'il ne survivrait pas à ça une seconde fois et...

- Tout va bien , fit une voix près de lui.

Harry sursauta, et fit face à Remus. Le loup-garou semblait encore plus pâle et plus émacié que dans son souvenir.

- Oui... Où sommes-nous , dit-il avec un geste pour englober la vieille maison.

- Chez moi, avoua Remus. C'est un peu poussiéreux et surtout perdu au milieu de nul part mais... C'était la seule maison assez grande pour nous accueillir tous. Et le seul lieu que Voldemort ne peut connaître...

Harry le regarda, interrogateur.

- Mon père était moldu et cette maison lui appartenait, expliqua Remus.

- Je l'ignorais...

- Je sais... Je n'en parle guère parce qu'il a, disons, très mal supporté que je sois non seulement un sorcier mais aussi un loup-garou, révéla Remus avec simplicité.

Harry ne sut que dire.

- Harry, reprit Remus, si tu es prêt à reprendre le combat, nous serons tous derrière toi. Mais tu dois aussi savoir... Nous t'aimons tous beaucoup et personne ne t'en voudra si tu choisis de n'être qu'un membre de l'Ordre parmi d'autre. Nous cherchons depuis des mois un moyen de l'atteindre mais pour le moment...

- Vous n'avez rien trouvé, acheva Harry, presque triste.

- Nous ne désespérons pas... Et puis, l'histoire a montré que les dictateurs ne restent jamais longtemps au pouvoir... Bref, Harry si par contre tu choisis de lui faire face... encore, continua Remus avec peine, viens me voir. J'aurais quelque chose à te remettre.

Il s'éloigna.

Harry, resté seul, dit pour lui-même :

- Qui peut croire que je resterai sans rien faire ? Qui peut croire que je me terrerais dans mon coin ? Comme si j'avais le choix, acheva-t-il avec amertume. Mais non, cette vieille folle l'a pris pour moi avec cette satanée prophétie ! Je n'ai jamais eu le choix, voilà la vérité..., se dit-il avec amertume.

Et il continua de visiter les pièces de la maison, en essayant d'ignorer ses yeux qui le brûlaient.

OOOOooooOOOOoooo

Harry n'avait pas abandonné ses recherches qui occupait désormais tous ses instants, exceptés lors des crises qu'il subissait toujours. Il avait découvert trop de choses pour arrêter maintenant... Hermione le laissa en paix plusieurs jours avant de venir le voir, inquiète :

- Pourquoi lisais-tu autant , lui demanda-t-elle enfin.

- J'essayais de concentrer mon esprit sur autre chose, révéla succinctement Harry.

Il ne voulait pas parler de cette brume qui l'avait emprisonné et où il avait failli devenir fou.

- Sur quoi , insista doucement Hermione.

-... Le pouvoir.

Hermione parut songeuse puis alla chercher la baguette d'Albus :

- Essaie celle-ci, lui proposa-t-elle.

Harry la prit sans vraiment y croire. Rien ne se passa, aucune gerbe d'étincelles en fusa. Hermione se mordit les lèvres, dépitée. Lui trouver une nouvelle baguette dans les circonstances actuelles n'allait pas être chose aisée...

- Ecoute... tu vas essayer toutes nos baguettes. Il y en aura bien une..., suggéra-t-elle.

- Non je peux m'en passer, l'interrompit Harry.

Elle se figea :

- Tu ne vas pas de battre sans...

Sa voix mourut. Elle ne voulait pas dire ces mots. Affronter cette réalité, car elle savait qu'il n'y aurait pas de troisième chance.

- Je vais l'affronter à nouveau, 'Mione.

- Mais sans baguette... C'est du suicide , protesta-t-elle.

Il lui sourit, s'apprêtant à lui expliquer, mais hurla avant de s'effondrer à terre. Draco qui venait d'entrer dans la bibliothèque se retint de bondir pour l'aider. Il ne voulait pas... Pas lui montrer qu'il se souciait de lui, plus qu'il ne l'aurait du...

Ailleurs,Voldemort sourit et se permit même un rire, alors que sa victime se tordait de douleur. Le sortilège de Doloris avait cela d'appréciable qu'il était impossible de prévoir les réactions de la victime ni sa résistance. Le jeu consistait à faire durer le plus longtemps possible cet état de souffrance. Un jeu qui n'éveillait plus beaucoup d'intérêt pour lui. Mais il attendait beaucoup du réveil de Potter... Alors en attendant, il lui fallait bien s'occuper, non ?

Dans la bibliothèque Harry essayait de concentrer sur sa respiration, et non sur la douleur qui irradiait dans son corps, les cris de souffrance de la victime qui semblait présente en lui, sa souffrance... les blessures...

- C'est le choc de retour, haleta-t-il, incapable de se relever.

- Ca va passer, dit Draco d'une voix apaisante.

Malgré lui, une de ses mains se posa légère sur le visage de Harry pour en essuyer les larmes de douleur. Ce geste fait tant de fois par le passé qu'il en était devenu presque machinal... Surpris Harry le fixa. Mais le visage de Draco ne laissa rien paraître. Une énigme, oui... Harry entreprit de se relever.

- Je ne comprends pas..., dit Hermione en le soutenant.

- La baguette... Elle évite le choc de retour, essaya d'expliquer Harry.

Il cherchait du regard le jeune sorcier blond, mais celui-ci s'était écarté pour s'asseoir.

- Mais de quoi est-ce que tu parles Harry ?", insista Hermione.

Harry ferma les yeux, et le silence se fit. Peu à peu ses blessures comme toutes les autres fois se refermèrent, la douleur s'éloignant lentement. Puis il rassembla ses forces puis alla chercher un livre dans la bibliothèque. Un livre rarissime, témoin de la collaboration de Godric Gyffondor et de Salazar Serpentard dans la quête du pouvoir. A une époque où ils croyaient encore à l'enseignement et que Poudlard venait d'ouvrir ses portes.

- Est-ce que vous savez que les sorciers n'ont pas toujours utilisé une baguette pour canaliser leurs pouvoirs , demanda Harry, sans ouvrir l'ouvrage.

Hermione secoua la tête, étonnée.

- Oui, intervint Draco, c'est une sorte de magie instinctive...

- Cela explique pourquoi parfois certains sortilèges sont jetés sans baguette, approuva Harry. Rappelle-toi Hermione ce que Neville nous a raconté, il y a longtemps : son oncle l'a poussé par la fenêtre et il a rebondi sans se faire mal... Cela a mis en évidence son pouvoir magique. Ce genre de choses m'est souvent arrivé avant que j'ai une baguette... C'est comme une magie d'impulsion, incontrôlable. Et puis à force de chercher j'ai découvert ce livre...

- Mais Harry... Comment savais-tu ce que tu devais chercher ?

- C'est lui qui te l'a dit, n'est-ce pas , demanda Draco sur un air d'évidence.

Harry approuva et ajouta :

- Son arrogance... Il n'a pas pu s'empêcher de me donner quelques indices...

Harry ouvrit puis tendit enfin le livre à Hermione qui le lui arracha presque des mains. Elle lut avidement avant de lever vers lui un visage devenu d'une pâleur de spectre.

- Harry... Tu n'es pas sérieux !

Le livre parlait de l'usage de la magie sans baguette avec tous les risques que cela impliquait. Risques que les auteurs du livres décrivaient avec un luxe de détails. Comme ses avantages...

- Hermione, j'ai échoué avec une baguette, et pas n'importe laquelle, la jumelle de celle de Voldemort ! Je ne peux plus avoir de baguette avec ce qu'il m'a infligé... Mais je veux l'affronter. Il m'a donné rendez-vous il y a deux ans. J'ai manqué le premier rendez-vous car j'étais incapable de m'y rendre, mais je ne raterai pas celui qui approche. Tu ne pourras pas m'empêcher de m'y rendre, Hermione !

C'était cette promesse qui lui avait permis de tenir tout ce temps. Il avait droit à une seconde chance. Et qu'il n'entendait pas la laisser échapper cette fois.

- Tu es suicidaire Harry ! Je t'ai donné des Gazettes du Sorcier pour que tu voies ce que le monde était devenu sous sa dictature et...

- Et tu crois que j'ai envie de vivre dans un monde pareil ! Réveille-toi Hermione, bon sang , la coupa-t-il brutalement. Le monde sombre dans les ténèbres et j'en vis chaque seconde... Que crois-tu qu'il m'ait fait ! Il m'a infligé les effets de retour de sa baguette ! J'ai vécu tous les sorts qu'il a jeté de toute sa vie. Encore et encore , cria-t-il avec des larmes de souffrances. Cela ne s'arrêtera pas Hermione : cela ne s'arrêtera qu'avec sa mort... Et si ce j'ai lu est exact, Voldemort n'a plus désormais ni baguette à utiliser ni formule à prononcer pour exercer ses pouvoirs !

- Oui... Il est même encore plus puissant que tu ne peux l'imaginer, précisa calmement Draco.

Le jeune sorcier blond le regarda, comme le soupesant du regard :

- J'ai une question pour toi, Potter, dit-il finalement.

Harry le regarda, interrogateur :

- Pour tuer le Seigneur des Ténèbres, combien de personnes serais-tu prêt à sacrifier ?

Hermione baissa les yeux : elle savait ce que Draco voulait dire. Elle découvrit qu'elle ne voulait assister à cette conversation. Car cela impliquait trop de choses pour elle. Mais elle resta, car fuir n'avait jamais rien résolu...

- Moi, fut la réponse très simple.

- Mais il ne s'agit pas de toi, Potter, répliqua Draco avec son arrogance passée.

Harry cilla à ces mots, alors que Draco s'asseyait en face de lui, le visage sombre et grave.

- Explique-toi Malfoy, le somma-t-il de s'expliquer.

Draco prit l'échiquier posé sur la table proche. Il enleva posément les pièces blanches pour ne laisser qu'un pion blanc face aux seize pièces noires.

- Il y a seize pièces par camp sur un échiquier. Dis-moi Potter, comment ferais-tu si pour faire échec et mat au roi, tu devais abattre les quinze autres pièces ? Si c'était ta seule chance d'atteindre le roi ? Après évidement, encore faudrait-il que tu sois capable de le battre mais... Que ferais-tu , le pressa Draco.

Harry contempla en silence l'échiquier : il devrait tuer huit pions, deux tours, deux fous, deux cavaliers et une reine. Quinze pièces à battre pour que le roi soit seul. Et lui contre ces quinze. Un froid soudain l'étreignit car il était certain tout à coup que la question n'était pas que théorique.

- Ces quinze pièces, ce sont tous les Mangemorts, Potter, précisa Draco. Que ferais-tu , le pressa-t-il.

- Je... je les tuerais. Si je devais... vraiment...

Tuer Voldemort lui semblait juste, mais les autres... Prémédités ainsi, cela ne semblait être que des assassinats... Inutiles et cruels. Il secoua la tête : non, ils étaient tous des meurtriers, mais... Et Snape, et Malfoy ? Etaient-ils aussi compris dans l'équation ?

- Tu le dois, le coupa Draco.

L'intensité de sa voix montrait à quel point il était sérieux... Harry le fixa sans comprendre. Sans oser comprendre.

- Le Seigneur des Ténèbres est bien protégé..., commença Draco avant d'expliquer ce qu'il avait déjà révélé à Hermione.

Harry pâlit au fur et à mesure des explications, Draco ne le quittant pas des yeux gris presque orageux. Un lourd silence s'installa.

- Réfléchis bien Potter, conseilla Draco avant de quitter la pièce. Car nous sommes tous impliqués désormais dans ton futur duel...

Il ferma doucement la porte sur ces mots lourds de sens. Dans le couloir, il fit face à Remus, comme si celui-ci l'attendait, une question muette sur ses lèvres.

Draco n'avait jamais été à l'aise face à Remus : la part de loup en lui le rendait parfois énigmatique. Il resta donc silencieux, attendant que Remus lui dise la raison de sa présence...

- Draco, tu peux venir avec moi, un instant , lui demanda-t-il simplement.

Mais le jeune homme ne bougea pas.

- Ecoute, Albus m'a remis quelque chose pour Harry et il ne me semble pas juste que tu ne saches pas ce dont il s'agit.

Devant le silence persistant du jeune sorcier, Remus se résolut à poursuivre :

- Il s'agit de sa pensine. Et il y a un souvenir qui te concerne. Je ne sais pas pourquoi Albus voulait le montrer à Harry, mais...

Draco le fixa de ses yeux gris, paraissant très calme, presque indifférent.

- Alors il saura, dit-il enfin.

- Mais...

- Il s'agit bien de ma conversation avec Dumbledore, quand il m'a demandé de devenir espion pour l'Ordre ?

- Oui, approuva Remus sans comprendre.

- Quand il m'a demandé si... je pourrais être un espion malgré les sentiments que je portais à Potter , dit Draco avec une très légère hésitation.

- Oui...

Remus était gêné par la tournure de la conversation, car le jeune homme ne semblait avoir aucune pudeur pour ses sentiments. Comme si désormais ils n'étaient plus que quantité négligeable...

- Je ne peux vous empêcher de donner la pensine à Potter, n'est-ce pas ?

- Non, effectivement mais... Peut-être vaudrait-il mieux que ce soit toi qui...

- C'était il y a trois ans Remus, l'interrompit Draco.

Remus choisit de ne pas insister :

- Comme tu voudras...

Et il s'éloigna, perplexe par la réaction de Draco. Comme si celui-ci avait voulu lui faire croire que tout cela n'était que du passé. Mais tous avaient compris depuis longtemps ce qu'il en était réellement...

Draco s'adossa à la porte de la bibliothèque et murmura très bas :

- Aujourd'hui ou il y a trois ans... peu importe, rien n'a changé. Je le croyais pourtant, mais... Je croyais échouer en utilisant la magie du sang, mais au fond...

Il eut un sourire amer et poursuivit pour lui-même :

- C'est elle qui m'a montré que mon amour était toujours là.

OOOOooooOOOOoooo

Bellatrix était murée dans un silence doublé d'une immobilité presque parfaite. Elle réfléchissait et y concentrait toute son énergie, prête à tuer l'impudent qui oserait la déranger... De temps à autre, elle écartait l'une des mèches de ses cheveux noirs qui tombait obstinément devant ses yeux plongés dans le vague.

Une seule question la taraudait depuis son cuisante échec devant le Seigneur des Ténèbres : où ?

Où se terrait l'Ordre du Phénix moribond ? Quel était l'endroit qui leur avait échappé ? Qu'est-ce qui lui avait échappée, à elle ? Ils avaient fouillé un à un tous les lieux en rapport avec les membres de l'Ordre du Phénix. Puis sous la colère de leur Maître, ils avaient recommencé. Encore en vain... La maison de Sirius n'existait plus depuis des mois.

Bellatrix se força à réfléchir, récapitulant chaque élément du puzzle : les membres de cet Ordre honni, leur famille, leurs maisons... Songeuse, elle prit un vase et le jeta contre le mur : elle avait toujours su que la magie est un bien piètre exécutoire pour se défouler. Rien ne valait mieux que détruire de ses propres mains.

Elle détruisit chaque chose de la pièce, méthodiquement, éliminant chaque possibilité à chaque jet.

Lupin devait être le gardien du secret. Mais il était loup-garou... Donc... Il devait être dans un lieu avec une pièce aménagée pour puisque que sans Severus, il n'avait plus de potion Tue-loup... L'Ordre avait du déménagé dans la panique de la défaite de ce morveux arrogant de Potter. Donc... ce lieu existait avant.

Elle fracassa le dernier objet intact de la pièce sur cette pensée : ce lieu appartenait à un des membres, vivant ou mort. Depuis longtemps, sans doute. Voyons quelle famille avaient-il négligé dans leur recherches... Peut-être celle de Lupin justement...

Elle sortit sa baguette et d'un geste presque nonchalant redonna à la pièce son apparence première : il ne lui restait plus qu'une seule solution...

Bellatrix Lestrange sortit du Manoir de son maître pour pouvoir transplaner. Quelques instants plus tard, elle se trouvait au coeur d'une forêt étrangement silencieuse et sombre. Les arbres, hauts et au feuillage dense, filtraient la lumière que le soleil de mai apportait. Le sous-bois avait des allures de froide nuit perpétuelle et nul oiseau n'osait en troubler la quiétude. A moins que toute créature n'ait préféré fuir pour protéger son existence...

Bellatrix avait connu des loups-garous par le passé, qui après des années de lutte avait préféré céder au loup pour vivre dans cette forêt. Et abandonner l'humain en eux... Elle était déjà venue ici, sur les ordres de son maître. Bellatrix n'avait pas peur car elle savait que la peur était une limitation de l'esprit. Cela et le fait que la prochaine pleine lune n'était que dans plusieurs jours...

La sorcière fit la moue : la meute s'était encore déplacée. Elle allait devoir les chercher dans la forêt froide et elle détestait cela. Elle eut un soupira d'agacement, avant de rejeter sa longue chevelure en arrière. Elle tira sa baguette faisant doucement tinter les bracelets de pouvoir à ses poignets. Et avec un sourire cruel, elle décida de recouvrir aux grands moyens : elle mit donc le feu à deux arbres centenaires.

Elle observa un long moment les flammes hautes et avides déchiqueter l'écorce du bois qui se fendait avant de dévoiler son coeur vulnérable. Les flammes atteignirent rapidement le feuillage qui s'embrasèrent, avant de se communiquer aux arbres proches. La chaleur et la lumière des flammes lui procuraient un sentiment de bien-être. Et de pouvoir sur toute chose...

- Es-tu folle , hurla une voix près d'elle.

Elle se tourna pour dire simplement :

- A moins que tu ne veuilles mourir, je te conseille de ravaler ta colère.

La marque sur son bras nu clamait son statut de Mangemort tout puissant. L'homme qui lui faisait face ne parut guère impressionné, mais il demanda sur un ton plus doux mais pressant :

- Eteignez cela. Sans cela, la forêt toute entière...

- Tu me réponds et le feu disparaît, le coupa Bellatrix avec arrogance. Vite !

- Que voulez-vous savoir , abdiqua l'homme.

Bellatrix savait faire face à l'un des loups-garous de la meute qu'elle cherchait : ses haillons, sa crasse et son regard un peu fou le lui prouvaient.

- Où est Remus Lupin ?

- Ce traître , rétorqua l'autre avec mépris. Il n'est pas ici.

- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé, répliqua Bellatrix sur un ton doucereux.

D'un mouvement de baguette, les flammes devinrent plus voraces. Un soupçon de peur parut effleurer l'homme. Mais Bellatrix savait qu'il s'agissait en réalité d'une pure frayeur : les loups-garous avaient une peur panique du feu... Le loup en eux les trahissait.

- Cela fait des mois que nous ne l'avons pas vu , révéla précipitamment l'homme.

Le débit haché de ses mots et ses mains tremblaient révélaient sa terreur face aux flammes. Ou face à elle...

- Où est-il , répéta calmement Bellatrix.

- Chez lui peut-être... Son père avait une maison. Elle se trouve...

Il lui donna toutes les indications nécessaires pour s'y rendre. Bellatrix sourit : enfin, elle avançait. Elle aurait du y penser plus tôt.

- Bien, approuva-t-elle.

Ses lèvres minces s'étirent en un sourire de satisfaction.

- Le feu..., implora l'homme en balbutiant.

Bellatrix prit le temps de le jauger du regard, avant de faire disparaître le feu d'un sortilège. Des fumerolles noires persistèrent un long moment après le départ de la sorcière.


La suite arrive bientôt... Une petite review pour me dire ce que vous en pensez ? Réponse assurée !