Chapitre 2

Les portes se refermaient mais John s'interposa et bloqua l'ascenseur.

- Tu pourrais au moins me l'avouer.

- Quoi ?

- Que tu as un autre homme dans ta vie.

- Je ne vois pas ce que tu veux dire !

- Ecoute, il y a une chose pour laquelle je suis très fort, c'est remarquer quand une femme est amoureuse. J'ai tout de suite vu que tu ne l'étais pas de moi, dit-il en baissant les yeux et en soupirant, mais crois-moi, chaque fois que tu me parlais de ton patron, je voyais une femme qui parlait de l'homme qu'elle aime. Il la regardait désormais droit dans les yeux, Kate fit de même puis se détourna.

- Tu racontes vraiment n'importe quoi ! Maintenant laisse-moi partir s'il te plait, dit-elle sèchement.

- Très bien, il s'écarta et alors que les portes se refermaient, il ajouta. J'espère vraiment que tu trouveras ton bonheur Caitlin, mais je pense que tu ne le trouveras que si tu te rends compte des sentiments que tu as pour ton patron…

Les portes se refermèrent et l'ascenseur descendit. Arrivée dans la rue, Kate courut sans s'arrêter jusqu'à sa voiture, démarra en trombe et fila dans les rues désertes. Elle conduisait n'importe comment et c'est par miracle qu'elle arriva seine et sauve dans le parking du siège du NCIS. Elle arrêta le moteur et ne bougea plus pendant quelques secondes puis, elle laissa tomber sa tête sur le volant. Elle se sentait fébrile et faible. « Allez, reprends-toi ! Ce n'est pas la première fois que tu te trouves face à ce genre de situation, tu es un agent spécial, tu peux surmonter ça ! Tu es maintenant en sécurité alors remets-toi les idées en place, tu dois aller travailler. Travailler avec Gibbs… Qu'avait déjà dit John, que je l'aimais ? Non non non, c'est mon collègue et surtout mon patron, et il le restera ! Le contraire serait pure folie ! » Elle secoua la tête et sortit de la voiture. « Ma petite Kate, tomber amoureuse de son patron ? Quel vieux cliché ! Oublie ça et au boulot ! ». L'ascenseur l'amena au bon étage et elle se retrouva dans cet endroit si familier. Gibbs l'attendait et dès qu'elle entra, il lui cria depuis l'autre bout de la pièce.

- Kate ! Vidéoconférence avec Quantico dans une minute, dépêche-toi !

Kate alla vite déposer ses affaires et suivit Gibbs. La vie reprenait son cours…

Kate soupira. Sa vie avait bien repris son cours mais pas comme elle le pensait. Tout c'était empiré, elle n'arrivait plus à travailler et elle s'était petit à petit brouillée avec chacun de ses collègues. Elle était tout le temps de mauvaise humeur, sur la défensive, elle ne se reconnaissait plus. Elle avait réussi à gérer et contrôler à peu près tout dans sa vie mais là, elle se sentait complètement démunie, perdue. C'était comme si quelque chose la rongeait de l'intérieur.

Après environ dix jours, elle se donna une soirée pour réfléchir. Elle rentra tôt, prit un bain et s'affala sur son canapé avec une tasse de thé. Elle devait absolument se remettre les idées en place et comprendre ce qui lui arrivait pour arranger tout ça. Elle ne pouvait plus continuer ainsi.

« Bon, commençons par le commencement », pensa-t-elle « J'agit bizarrement depuis cette soirée avec John. C'est vrai que j'ai eu une sacrée frousse ce soir là mais je me suis déjà retrouvée dans des situations bien pires. Non, ce qui canalise toutes mes pensées depuis plus d'une semaine c'est ce qu'il m'a dit, à propos de Gibbs… Depuis 10 jours je ne peux pas le regarder sans me poser mille questions ! Est-ce que je suis vraiment amoureuse de lui ? » Elle secoua la tête et s'installa plus confortablement. « C'est vrai qu'à chaque fois que je le vois, je ne peux pas m'empêcher de le trouver extrêmement attirant. Et quand il me parle j'ai envie de l'embrasser plutôt que de l'écouter… Mais ce n'est pas que sur le plan physique, sa personnalité me fascine, j'ai envie de le découvrir, de le voir en dehors du travail. Bon Kate, arrête ! Tu es complètement folle ! Oui ! Je suis complètement folle de Leroy Jethro Gibbs, je l'avoue ! » Arrivée à cette conclusion elle se leva et se dirigea vers son téléphone. Elle cherchait dans son répertoire sous la lettre « G » lorsqu'elle se figea. « Mais tu ne peux pas l'appeler, tu as complètement perdu les pédales! Qu'est-ce que tu lui dirais ? Gibbs, Je t'aime ! Non mais ça va ? Kate, pose ce téléphone avant de faire une bêtise ! » Elle regarda le téléphone un long moment puis le déposa et retourna s'asseoir. « Mais je ne vais pas rester là à ne rien faire ! Il faut que je fasse quelque chose ! Attend, réfléchissons. Premièrement, est-ce que je me vois lui avouer mes sentiments ? Non pas vraiment… Mais si j'y arrivais, qu'est-ce que cela engendrerait ? …Une catastrophe ! Et dans tous les cas ! Il y a deux possibilités. S'il n'a pas les mêmes sentiments, je ne pourrai plus jamais travailler avec lui, je ne pourrai plus le regarder en face ! Donc démission et je ne le reverrai plus. Deuxième possibilité des plus improbable : il m'aime aussi. Dans ce cas, je ne pourrai pas non plus travailler avec lui si on a une relation ! On se ferait peut-être même virer tout les deux ! Nos carrières seraient détruites! J'ai tellement fait de sacrifices pour ma carrière et Gibbs aussi ! Donc dans tous les cas, ce serait destructeur… ». Kate se leva et fit quelques pas. « Je me rends enfin compte que je l'aime et cet amour est impossible… Mais qu'est-ce que je vais devenir… ? ».

Le soleil se couchait et les derniers rayons de lumière éclairaient faiblement la pièce. Tout y était immobile, même la jeune femme couchée sur le lit. On aurait pu croire qu'elle dormait mais ses yeux grand ouvert fixaient le plafond.

On toqua et Gibbs entra. Kate se releva le plus vite possible mais quand elle le regarda enfin, il l'observait d'un drôle de regard, à la fois étonné et triste.

- Gibbs, qu'est-ce qu'il y a ? On doit partir interroger un autre témoin ? demanda-t-elle en essayant de paraître la plus détendue possible.

- Non, c'est fini pour aujourd'hui, répondit-il lentement. Il la regarda dans les yeux et lui montra les feuilles qu'il tenait à la main.

- Je viens de lire ton rapport, Kate.

- Ah ? Tu sais s'il y a quelques fautes, j'étais très fatiguée en l'écrivant hier soir mais je pourrai le relire si tu veux... Elle sentait que quelque chose n'allait pas, la manière qu'il avait de la regarder était tout à fait inhabituelle. Mais avant qu'elle puisse ajouter autre chose, Gibbs se tourna, poussa la porte et la ferma à double tour.

- Gibbs ? Mais qu'est-ce que tu fais ?

Il se retourna et la regarda droit dans les yeux.

- Nous ne sortirons pas d'ici avant que tu m'aies dit ce qu'il se passe, dit-il fermement. Son regard sombre était fixé sur elle.

- Comment ça ? répondit-elle doucement en faisant un pas en arrière.

- Comment ça ? Arrête Kate ! Ne joue pas ce jeu avec moi ! dit-il en s'avançant.

- Mais tout va…

- Ne me dis pas que tout va bien ou que tu ne vois pas de quoi je parle ! Cela fait deux semaines qu'on ne te reconnaît plus et depuis trois jours c'est devenu impossible de travailler avec toi ! Tu ne sais plus ce que tu fais, tu nous évites alors qu'on doit travailler en équipe ! Tu parais tout le temps perdue. Et ce rapport, c'est n'importe quoi, alors ne me dis pas que tu n'as pas de problème ! cria-t-il en s'approchant. Il se tenait maintenant à quelques centimètres de la jeune femme et la fusillait du regard. Kate était comme pétrifiée, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Elle déglutit lentement puis après quelques secondes, elle commença.

- Je… Mais elle n'arrivait pas à parler, elle baissa la tête et se retourna. Gibbs la saisit doucement mais fermement par le bras et l'obligea à se mettre face à lui. Kate de bougeait pas, elle n'osait plus faire face, elle n'avait ni la force ni le courage de le regarder. Elle avait trop peur de lui parler.

- Kate, viens, dit-il d'une voix douce. Il la mena tranquillement jusqu'au canapé et la fit asseoir.

Bon, il fallait qu'elle se reprenne, elle ne pouvait pas craquer devant Gibbs. Elle devait être ferme, lui expliquer qu'elle allait se prendre en main et qu'elle était désolée de ce qu'elle leur avait fait subir. Il allait difficilement croire ça mais il fallait qu'elle se tienne à cette version. Elle ne pouvait pas lui parler du vrai problème. Elle s'en était rendu compte avant, lorsqu'elle s'était retrouvée face à lui. Cela lui avait paru vraiment impossible de lui dévoiler ses sentiments, il paraissait si inaccessible.

Gibbs essaya de croiser son regard mais elle gardait les yeux baissés.

- Bon, Kate. Je t'écoute.

Kate pris une grande inspiration.

- Gibbs, avant tout, je suis désolée. Je ne sais pas ce qui m'a pris ces derniers jours mais je vais me prendre en main, crois-moi ! J'ai eu quelques problèmes d'ordre personnel mais tout c'est arrangé. Je vais aller mieux maintenant, ne t'inquiètes pas. Elle avait dit ça très vite en gardant les yeux baissés mais arrivée à la dernière phrase, elle releva la tête, le regarda en face et lui sourit timidement. « Oh, s'il vous plaît, faites qu'il me croie! » suppliait-elle.

Gibbs l'observa quelques secondes puis haussa des sourcils, détourna la tête et esquissa un sourire.

- Kate, Kate, Kate… Tu croyais m'avoir avec ça ?

Elle n'en revenait pas, cet homme la connaissait si bien! Il devinait toutes ses pensées et ses sentiments, comment pouvait-elle lutter contre ça ? Pourtant il le fallait, elle avait pris sa décision, elle ne lui avouerait rien du tout.

- Gibbs, je ne t'en dirais pas plus…

Ils s'affrontaient du regard, Kate tenait bon mais elle était face à un roc, elle n'allait pas tenir longtemps.

-Ne me fait pas croire que tu arriveras à t'en sortir toute seule ! Cela fait deux semaines que tu t'enfonces… Tu dois me dire ce qu'il se passe, tu n'as plus le choix.

- Comment ça, plus le choix ?

- L'équipe ne peut pas continuer ainsi, on a réussit à s'en sortir jusque là mais cela ne va pas durer indéfiniment ! Si tu ne changes pas très vite…

Il s'arrêta et la regarda intensément.

- Je devrais prendre des dispositions.

Kate se leva brusquement et fit quelques pas. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre.

- Comment peux-tu dire ça ? Comment peux-tu me mettre face à ça ! dit-elle avec colère.

- Face à quoi ?

- A cet ultimatum, Gibbs ! Ou je te parle ou je suis virée ! Elle se détourna et marcha jusqu'à la fenêtre. Je ne te dirais rien de plus, c'est ma vie privée. Tu es mon patron et ça ne te regarde pas !

Gibbs se leva, s'arrêta juste derrière elle et ajouta sèchement.

- Bien sûr que ça me regarde ! Ta vie privée t'empêche de travailler correctement !

Elle ferma les yeux, cet homme la poussait dans ses derniers retranchements. Gibbs s'avança un peu plus et Kate sentit son souffle contre sa nuque.

- Kate, je suis là pour t'aider…

La jeune femme soupira, l'agent spécial Gibbs avait détruit toutes les barrières qu'elle avait construites pour se défendre.

En effet, l'agent spécial Caitlin Todd n'avait plus le choix.