Disclaimer :
Les personnages de Harry Potter ainsi que les « décors » sont la propriété exclusive de J.K. Rowling. Il n'y a aucune intention de contre-façon ou de violation de ses droits d'auteur. Cette histoire est écrite pour le plaisir de l'écriture et ne rapportera aucun centime à son auteur.
Avertissement - Fic de rating PG-13, en raison de relations homosexuelles entre Harry et Draco. Je n'irais pas jusqu'à R, car l'histoire ne s'y prête pas, en raison de son contexte et du faible nombre de chapitres. Le rating est aussi justifié en raison de quelques scènes à allusion violente.
Cette fic ne prend pas en compte les événements et révélations du tome 6.
Je tenais à remercier tous ceux et celles qui ont la gentillesse de me laisser une review. Je sais que le sujet de cette fic n'est pas évident et qu'elle a moins de succès que certaines de mes autres fics. Vos reviews me vont droit au coeur, car j'ai passé beaucoup de temps sur ce texte. Alors je remercie les reviewers !
Voici la fin de cette fic. Bonne lecture !
Kyana HLD : Oui la suite et donc la fin sont là ! J'espère que la fin ne te décevra pas car c'est le plus délicat dans une fic... Bisous !
Onarluca : coucou toi, j'espère que tu as bien reçu mon mail ! Je pense à toi en tout cas. Gros bisous !
Crazysnape : Coucou toi ! Merci de l'avoir fait car votre avis est très important sur une fic comme ça, pour savoir si mon texte vous a touché... Oui c'est tout à fait ce que je voulais révéler, mais je n'ai pas osé insister sur le côté très dark du monde. Ca fait longtemps que je voulais écrire quelque chose dans ce genre... Gros bisous !
Nono : Ce n'est pas grave, je t'assure ! sur un fic comme ça, toute review est importante, ça me permet de savoir si j'ai bien écrit et... si j'en ferais d'autres sombres comme ça... Alors merci ! Gros bisous !
Fliflou : oui, c'est vrai que j'aurais pu le préciser, c'est une erreur de ma part. Je ne me souvenais pas même pas avoir dit un âge... Je les voulais plus graves, en accord avec le décor. Voici la suite et la fin, en tout cas ! Gros bisous !
Galouz : Merci d'être toujours là. Je suis en retard pour tes mails, je sais bien. Je suis désolée ! J'essaie de me reposer, apparemment je suis en début de surmenage... Gros bisous !
Vif d'or : Oui voilà, c'est fini, c'était une petite fic... Enfin pas si petite que ça vu le nombre de pages ! Moi aussi, je t'embrasse et à bientôt... j'ai hâte de te lire.
Oxaline : Je voulais développer davantage le couple Hermione/Severus, mais finalement, j'ai laissé comme ça... Pour Draco et Harry, ce n'était pas facile sur une fic courte... les jumeaux m'ont vraiment échappés, ils sont terribles eux ! Je trouvais que le collier, c'était une sorte de « retour de bâton » et j'en aimé bien l'idée. Gros bisous !
May-yam : Oui c'est tout à fait l'ambiance que je voulais développer. Pour le jeu d'échecs, je te rassure, j'y suis désespérément nulle. J'en aimais juste la symbolique ! Merci de ta review en tout cas et j'espère que la fin te plaira ! Bisous !
Chapitre 4 – Les pièces tombent
Il était tard, ce soir-là. La maison calme était à nouveau protégée par le sortilège du gardien du secret : Remus n'avait pas voulu que quelqu'un d'autre que lui n'en supporte le poids. Sa migraine avait disparu grâce aux bons soins de Ron qui ne l'avait pas laissé seul un instant.
Quelque part, une jeune femme chantonnait paisiblement – Hermione sans aucun doute – en accomplissant une quelconque tâche. Et dans la quiétude du soir, nul n'aurait pu croire qu'ils vivaient des temps si troublés. Si remplis de désespoir, de deuils injustes et d'actes de cruauté sans nom.
Peut-être car l'espoir habitait à nouveau cette demeure... Peut-être car tout était devenu possible. C'était pour cela que Hermione chantait, une manière comme une autre de le célébrer...
Dans le silence d'une chambre tranquille, Draco attendit un long moment que Harry se réveille pour dire enfin ce qui lui brûlait les lèvres :
- Tu es fou.
- Oui, merci je vais bien, ironisa Harry en essayant de se lever du lit où Draco l'avait porté.
Mais une immense fatigue l'en empêcha. Il reprit ses esprits peu à peu.
- Tu as fait de la magie sans baguette !", fit Draco, presque accusateur.
- Est-ce que ça a marché, est-ce que tout le monde va bien ?", s'inquiéta Harry alors que les événements passés lui revenaient en mémoire.
- Oui, même Bellatrix va bien : le collier a paralysé ses pouvoirs comme l'espéraient les jumeaux. Elle est enfermée dans une pièce au sous-sol. Elle a lancé des insultes un long moment, mais sans bracelets de pouvoir ni baguette, elle ne peut pas faire grand-chose.
- Tu crois qu'elle est isolée de la chaîne ?", demanda Harry.
- Je n'en sais rien. Tu as fait de la magie sans baguette !", répéta-t-il furieux.
Harry le regarda, étonné :
- Pourquoi es-tu si en colère ? On a gagné, non ?
Draco se permit d'extérioriser sa rage en serrant ses poings. Si fort qu'il sentit ses ongles pourtant courts lui mordre la peau de ses paumes...
- Parce que tu aurais pu en mourir, crétin !, explosa-t-il enfin.
Après un instant de surprise, Harry concéda calmement :
- Oui, bien sûr.
Il repoussa les couvertures pour s'asseoir et lui faire face :
- Tu le sais pourtant... Je n'ai pas le choix, c'est mon chemin. Le seul qui me reste. Je dois utiliser ce type de magie si je veux gagner. C'est la seule façon...
Draco le regarda, presque désespéré :
- Tu étais sérieux quand tu m'as dit que tu étais prêt à te sacrifier...
- Si la mort d'une personne peut sauver des millions d'autres, dis-moi... Qui hésiterait ?
Draco ne sut que dire. Un moment s'écoula, et entre temps, Hermione avait cessé de chanter. Loin très loin, on entendait des cris de rage...
- Et... qu'as-tu ressenti, lors du choc de retour ? Le mot que tu as utilisé, ce n'était pas celui d'un sortilège..., remarqua Draco.
- Qu'est-ce que j'ai dit ?", s'étonna Harry.
- « Rompt »...
Harry parut comprendre quelque chose.
- Ah c'est pour ça... Ca explique ce que j'ai ressenti, parce que c'était très différent de ce que je pensais... J'ai essayé de casser quelque chose en elle, ce qui contrôlait ses peurs, ses émotions, expliqua-t-il avec hésitation. C'était une impulsion, elle semblait si bien se contrôler... Ca l'a plus surprise qu'autre chose en fait, mais... pour le choc de retour, eh bien j'ai eu quelques bribes de son passé.
- Elle a survécu à Azkaban, nota Draco. On aurait pu croire que son séjour l'aurait diminuée, mais à l'époque... Elle en est ressorti plus froide et sereine que jamais. Elle m'avait dit alors que le contrôle de soi-même était tout.
- Et c'est ce que j'ai essayé de rompre en elle...
- Tu sais, commença pensivement Draco, la magie sans baguette est une magie d'impulsion. Le Seigneur des Ténèbres, lui, n'a jamais lancé des sorts visant à briser un esprit. Il s'est focalisé sur la douleur physique ou les sortilèges de contrôle de l'esprit...
- Peut-être parce qu'il craint de se renvoyer ses propres faiblesses en utilisant ses pouvoirs ainsi. Peut-être n'est-il pas si puissant que cela psychiquement...
Draco sursauta :
- Ne le sous-estime pas !
- Et toi... quand te décideras-tu à l'appeler Voldemort ? Ou même Tom, Tom Jedusor ? J'aurais cru que, puisque tu fais partie de l'Ordre, tu l'aurais fait depuis longtemps, contra fermement Harry.
Draco serra les dents. Il hésita et finit par dire :
- Les Mangemorts le servent, mais le craignent.
- En t'interdisant de prononcer son nom, tu entretiens toi-même cette peur, releva Harry.
- Je sais.
Draco sourit et dit :
- Mais aujourd'hui, après ce qui s'est passé, j'ai bien plus peur d'autre chose.
Il se leva pour quitter la pièce. Harry ne lui demanda pas ce dont il s'agissait, il croyait le savoir... et il ne voulait pas l'entendre. Au moment où Draco fermait la porte derrière lui, il lui confia sa vie par des mots très simples :
- J'accepte de créer le lien, pour le choc de retour...
La porte se ferma et Harry eut une brusque envie de pleurer : pour rien au monde il n'aurait voulu porter une autre vie que la sienne dans ce combat terrible. Mais il n'avait pas le choix...
OOOOooooOOOOoooo
- Tiens, le Vaincu, persifla Bellatrix, quand Harry entra dans la pièce où elle était retenue prisonnière.
Harry l'observa sans dire un mot.
- Alors iras-tu affronter notre Maître cette année, ou resteras-tu terré dans ce trou comme l'année dernière ?", ironisa-t-elle avec méchanceté.
- C'est tout ?", constata Harry avec mépris. Seulement des mots ?
Bellatrix blêmit de rage à la mention de son impuissance.
- Ôte-moi ce satané et humiliant collier et nous en rediscuterons !", cracha-t-elle.
- Je t'ai vaincu sans cela... A quoi bon recommencer ?", ajouta-t-il avec un suprême dédain. Tu es dépendante de ta baguette, de tes bracelets, pas moi.
- Tu mens !
- Je n'ai pourtant plus de baguette et c'est moi qui t'ai lancé ce sort..., précisa Harry.
- Pfff... Une simple brise, c'est tout, répliqua la sorcière avec un haussement d'épaule. Pourquoi es-tu là ?
Harry eut un étrange sourire.
- Pour me moquer peut-être. Ou m'amuser. Tu sais ce n'est pas par hasard que tu te retrouves dans cette cave. Sombre et sans fenêtres... A la fin du combat, je leur ai dit de t'enfermer là. Tu es claustrophobe et ta plus grande peur... est d'être enterrée vivante.
Derrière la porte, Hermione murmura outrée :
- Il ne nous a rien dit puisqu'il s'est effondré !
- Chut, dit Severus sur le même ton. Il dit la vérité et en temps normal, pour avoir dit cela, il serait déjà mort. Elle est vraiment privée de tout pouvoir.
- Alors le sortilège qu'il a jeté tout à l'heure lui a permis de lire en elle ?", releva Hermione avec étonnement.
- Chut !", intima Severus.
Mais Bellatrix ne trouvait rien à répliquer à part plusieurs insultes variées.
- Et si tu me disais où se trouvent tes petits camarades de jeu ?", demanda Harry en jouant nonchalamment avec un collier identique au sien.
- Je ne te dirais rien !", hurla-t-elle. J'ai survécu à Azkaban et tu crois que ta cave minable pourrait me faire peur !
- J'ai tout mon temps Bellatrix, répliqua Harry. Si je n'affronte pas ton maître cette année, ce sera l'année prochaine, mentit-il.
Il savait que dans quelques semaines, peut-être moins, il n'aurait plus assez d'énergie pour se battre et qu'il serait englouti par cette brume bleutée...
- En attendant, ajouta-t-il, nous allons amener de la terre... Cette pièce va devenir vraiment très petite au fil des jours.
Bellatrix lui expliqua alors en termes toujours choisis et variés ce qu'il pouvait faire de la terre en question. Harry ne répondit pas, et sans perdre son sourire, sortit de la pièce.
Hermione, Severus et lui remontèrent en silence dans la bibliothèque.
- Harry, tu crois vraiment que je n'ai rien d'autre à faire que de mettre de la terre dans la cave de Remus !", explosa enfin Hermione. Ecoute il est maniaque avec cette maison, ça a déjà été assez difficile de le convaincre d'augmenter magiquement cette pièce et...
- Ca n'a pas d'importance Hermione, je voulais juste vérifier qu'elle ne pouvait plus rien faire, l'interrompit Harry. Et puis je l'ai mise en colère : si la chaîne subsiste, Voldemort devrait non seulement sentir sa rage mais en plus son absence de pouvoir. Sinon... Sinon, pour lui, elle aura tout simplement disparu.
Severus approuva :
- Et dans ce cas, il faudra agir rapidement pour mettre des colliers aux autres Mangemorts. Je vais m'arranger pour savoir où ils se trouvent mais il faudra faire vite avant que le Seigneur des Ténèbres ne puisse réagir...
- Je crois que dans les armes et autre surprises qu'ont inventé les jumeaux, il y aura bien quelque chose qui nous aidera, dit Hermione avec espoir. Cependant, il y a une chose dont nous n'avons pas parlé...
- Quoi donc ?
- Harry, reprit Hermione, si cela se trouve, le collier ne fait qu'isoler un Mangemort de la chaîne : Voldemort ne peut plus se servir de son pouvoir. Mais... et l'autre conséquence de la chaîne, leur vie ? Peut-il encore s'en servir ?
Sa voix tremblait légèrement alors qu'elle avouait enfin ses pires craintes : que tout cela au fond ne serve à rien et que Severus ne meure...
- Ecoute Hermione, il a senti la fluctuation du pouvoir de Draco, rappela Harry alors que Severus avait le visage fermé. Mais il n'a pas su pourquoi. Surtout, il n'a pas su que Draco s'était blessé, précisa Harry.
- Il est possible, dit lentement Severus, que ce que le Seigneur des Ténèbres ait dit vrai sur certains points mais pas sur d'autres... J'ai toujours pensé qu'il était impossible qu'une mort « naturelle » tel qu'une chute mortelle ou du poison puisse se répercuter sur les membres de la chaîne. Un sortilège mortel oui, puisque la magie et le pouvoir circule entre nous tous, mais...
- Cela ne change rien à ce que je viens de dire!", le coupa Hermione. Si Voldemort est touché par un Avada Kedavra...
- Au contraire, Hermione, si le lien est la magie, le pouvoir, les colliers devraient vraiment isoler les membres de la chaîne.
- Tu crois Severus ? En es-tu vraiment sûr ?", le pressa-t-elle.
- Je ne partirais pas Hermione, fit solennellement l'homme aux yeux aussi noirs que ses cheveux. Ce n'est même pas envisageable, alors arrête d'y penser.
- Mettras-tu alors le collier ?", intervint Harry très grave.
Il affronta calmement son ancien professeur. Severus le foudroya sans effet et se résolut à dire enfin :
- J'aimerais te dire que ça ne te concerne pas, mais... oui. Je le mettrais. En dernier pour ne pas être un poids mort.
- Merci, fit Hermione d'une voix émue. On trouvera un moyen de l'enlever, lui promit-elle.
Harry se figea :
- Attendez, on ne peut pas...?
Une lueur triste passa dans le regard noisette de la jeune sorcière :
- Voldemort l'a conçu pour que le collier ne puisse être ôté qu'à la mort de son porteur ou... quand tout son pouvoir a été absorbé.
- Mais..., balbutia Harry.
- C'est comme ça, dit sèchement Severus. D'après le peu que je sais, ce métal vampire agit presque comme une entité vivante. Il faudrait le « tuer » pour qu'il se détache de lui-même.
Harry fronça les sourcils :
- Puisque c'est du métal... vous n'avez jamais songé à un choc électrique ? Ou à un aimant ?
Hermione le regarda comme s'il venait de dire la plus grosse bêtise de sa vie. Elle ouvrit la bouche pour la refermer, ne sachant plus que dire...
- Un quoi ?", s'enquit Severus.
- J'aurais du y penser avant..., murmura enfin Hermione, terriblement vexée. J'aurais vraiment du y penser !", répéta-t-elle en se levant d'un bond. J'espère que les jumeaux sont rentrés !
Elle quitta la bibliothèque avec la ferme intention d'essayer ce que Harry venait de lui suggérer.
Restés Harry et Severus se toisèrent un moment.
- Tu devrais t'exercer à utiliser ta magie sans baguette, lui suggéra Severus. Tu en auras besoin pour lui faire face...
Son ton était un peu condescendant.
- Et tu ne dis toujours pas son nom, répliqua Harry. J'aurais cru que pendant tout ce temps...
- Toujours si effronté, commenta l'ancien professeur de potions.
- Pourquoi voudrais-tu que je change ?", soupira Harry presque amusé avant de changer de sujet. Comment est devenu Tom, pendant ces deux années ?
- Puissant, méprisant de toute vie... Supérieur, énuméra Severus avec laconisme.
- Il n'a plus grand-chose d'humain...
- Je ne suis pas certain qu'il l'ait jamais été... Pour lui, nous ne sommes que des pions sur un échiquier...
Harry sourit :
- Oui c'est aussi ce que pense Draco... De simples pièces. Que l'on peut faire désormais tomber. Comme lui, se promit-il.
Severus se décida à poser la seule question que personne n'avait osé formuler :
- Pourquoi as-tu perdu, la première fois ?
Harry sursauta légèrement puis d'une voix basse, il avoua :
- J'ai douté. Douté d'arriver à tuer. Personne ne peut être préparé pour cela...
- Et maintenant ?
- Je ne doute plus : je sais toutes les atrocités qu'il a commis. Je les ai vécu.
Severus hocha la tête, comprenant.
- Et Hermione ?", voulut savoir Harry.
La question lui brûlait les lèvres depuis que la jeune femme avait quitté la pièce.
- Quoi Hermione ?
- Est-ce que tu l'aimes vraiment ?
- Cela ne te concerne pas !", fut la réponse sèche.
- Elle est comme une soeur, insista Harry. Ma famille...
Severus le fixa sans ciller un long moment :
- Oui.
Il hésita et ajouta :
- Hermione est... la plus belle âme que j'ai jamais vu...
Harry se sentit ému, et cette émotion lui donna envie de lever la main vers cet homme étrangement vulnérable à cette seconde devant lui. Mais Harry se retint de murmurer un mot. Juste assez pour que Severus quitte la pièce sans un mot de plus.
« Ouvrir »... C'était le mot qui lui avait brûlé les lèvres. Oui, la magie sans baguette était instinctive, propre à chaque sorcier.
Et il semblait bien que celle de Harry visait à toucher les âmes comme les esprits.
Qu'avait dit Albus Dumbledore, déjà ? Le pouvoir de l'amour... Celui qui venait du coeur pour toucher celui d'autrui.
OOOOooooOOOOoooo
Quand Draco Malfoy arriva au Manoir de Voldemort, Roi tout-puissant sur cette terre, il était clair que quelque chose n'allait pas... Des gens couraient partout et surtout, presque tous les Mangemorts étaient présents dans la salle où leur Maître aimait recevoir, assis sur son trône d'or surplombant la salle du haut de trois marches...
- OU EST BELLATRIX !, hurlait-il.
Les vitres de la salle avaient déjà explosées mais le trône derrière lui se mit à fondre, des fines rigoles d'or fondu dévalant les marches.
Devant lui dix Mangemorts tremblants et agenouillés restaient silencieux. Jusqu'à ce que l'un d'eux suggère, d'une voix faible :
- Maître... ne pouvez-vous voir où elle est grâce au lien ?", implora le mari de Bellatrix, Rodolphus Lestrange.
Le Seigneur des Ténèbres se leva pour s'approcher de celui qui avait osé parler.
- Gentil petit Rodolphus, chuchota Voldemort, où était partie ta femme ?
- Je... je ne sais pas, Maître ! Elle a toujours été mystérieuse, encore plus depuis la mort de son frère... Mais, Maître et le lien..., osa-t-il répéter.
Voldemort l'observa de ses yeux de reptile, presque mi-clos à la manière d'un animal qui considère sa proie.
- Son énergie a disparu, dit-il abruptement.
Rodolphus pâlit :
- Non... Elle ne peut pas être morte ! Maître !", supplia-t-il.
- Elle était à la poursuite de l'Ordre, peut-être les a-t-elle trouvé. Peut-être..., réfléchit Voldemort à voix haute.
- Pas Bellatrix, elle est devenu si puissante !", protesta Rodolphus. Elle pouvait supporter plusieurs bracelets et...
Mais ses mots moururent dans un gargouillis au fond de sa gorge : une main aux ongles griffus venait de lui enserrer le cou.
- T'ai-je permis de m'interrompre?" , lui demanda son Maître d'un ton sévère.
L'homme au regard affolé secoua la tête, en geste de dénégation précipité. Son Maître le relâcha et Rodolphus passa plusieurs instants à reprendre son souffle.
- Mais qui voilà, ironisa le Seigneur des Ténèbres, Draco Malfoy !
Le jeune homme aux cheveux d'un blond presque blanc prit place parmi les autres Mangemort agenouillés devant leur Maître tout-puissant :
- Je parie que comme ces incapables, tu ne sais rien, n'est-ce pas ?
- Que s'est-il passé Maître ?", s'enquit tranquillement Draco, le regard servilement baissé.
- Bellatrix a disparu de la surface de cette terre. Comme si elle avait été... effacée.
Draco leva la tête pour le fixer de ses yeux gris :
- Je ne sais rien, Maître...
Voldemort eut un horrible rictus.
- Bien sûr que tu ne sais rien... Bien sûr... Tu diras à ton amant, tu sais bien celui de l'autre nuit que tu m'as dite avoir tué... Dis-lui que je l'attends au lieu de notre rendez-vous. Dis-lui que je serai très fâché s'il ne venait pas et que cette fois... Je tuerais deux personnes qui lui sont chers ! Son cher Dumbledore et... toi !
- Maître, reprit Draco d'un ton perplexe, comme je vous l'ai dit cet homme est mort. Je n'ai d'ailleurs pas eu le temps de me rendre dans la Réserve... Je vous suis entièrement dévoué, ajouta-t-il.
Ses yeux limpides et calmes le fixaient encore. Comme s'il était absolument serein.
- Le lien, jeune Malfoy, il me permet de sentir quand un membre de la chaîne me ment...
- Mais je n'ai pas menti Maître. Il est vraiment mort, l'assura Draco avec sincérité. Demandez à mon père...
Et c'était vrai puisque l'homme dont il avait fixé le visage si longtemps pour pouvoir mentir était enterré depuis. Si vrai aussi qu'il s'était arrangé pour que son père le voit se débarrasser d'un cadavre, ce matin-là. Ce même matin qui avait succédé à la nuit où il avait réussi à réveiller Harry. Juste avant de se rendre chez son maître...
- Maître, osa dire Lucius, mon fils dit vrai. Je l'ai vu et il a fait preuve de clémence en ordonnant que l'on enterre cet esclave...
Voldemort ne laissa rien paraître de son trouble et ordonna :
- Dans ce cas, trouvez tous ce qui est arrivé à ma chère Bellatrix et ne revenez pas sans cela ! Vous entendez, n'est-ce pas, je veux savoir ce qui lui est arrivé !!
Draco et les autres Mangemorts s'inclinèrent profondément avant de quitter la salle.
Nul se savait que la colère de Voldemort allait se répéter.
Encore et encore, chaque fois plus terrible.
Quatorze fois pour être précis.
OOOOooooOOOOoooo
Quelques jours plus tard à l'Ordre... Ron, Hermione et Harry faisaient le point, dans la bibliothèque comme toujours.
- Nous y sommes presque, déclara Harry. Le rendez-vous n'est plus que dans deux jours... et il ne reste plus qu'un seul Mangemort à neutraliser.
Pourtant, il n'était pas si heureux que cela, car ce Mangemort...
- Je sais Harry, répondit Hermione, mais es-tu sûr que Voldemort viendra, alors que ses fidèles Mangemorts sont de moins en moins nombreux ?
- Je ne peux pas prendre le risque de l'affronter sur son terrain, avec toutes les protections magiques dont doit bénéficier son Manoir, expliqua Harry. J'espère que, comme je le pense, son orgueil sera sa perte. Si je le provoque, il viendra certainement, l'assura Harry.
- Il n'en reste plus que trois, compta Ron. Draco, Severus et Lucius Malfoy.
- Lucius..., répéta Hermione. Draco n'a rien dit ?
- Non, répondit Ron. Quand il est venu voir comment allaient les jumeaux, il a simplement dit qu'il s'en chargerait lui-même.
- Je l'accompagnerai, intervint Harry. S'il veut bien...
Il y avait longtemps réfléchi et il ne voulait pas laisser le jeune homme accomplir cela tout seul. Ron et Hermione se jetèrent un bref coup d'oeil et gardèrent le silence sur cette étrange décision...
- Comment vont les jumeaux ?", ajouta Harry.
- Ils se remettent lentement, dit Ron. Comme Remus... Ca n'a pas été facile de mettre les colliers aux derniers Mangemorts. Avery et Jugson leur avaient tendu un piège, mais comme eux-mêmes sont des spécialistes de coups tordus, ils ont pu le déceler à temps...
- Et tes parents ont pu mettre un à Mulciber, puisqu'il était Gouverneur de l'Australie, résuma Harry.
- Oui, tout le monde s'y est mis, approuva Ron. Il n'y a que Maugrey qui ait été vraiment gravement blessé, fit-il avec une grimace de contrariété.
- Et aujourd'hui, il reste Lucius, acheva Hermione. Draco ne devrait pas tarder à être là : il doit venir prendre un collier avant d'y aller... Heureusement que Fred et Georges ont réussi à en trouver au marché noir, sans cela, nous aurions du mal à en obtenir autant...
- Vous croyez qu'il va y arriver ?", demanda brusquement Ron. Enfin, je veux dire... C'est quand même son père. Et puis, il y a sa mère...
Seul un silence lui répondit.
- C'est la guerre, fit brutalement Harry. Nous sommes tous obligés de faire de faire des choses qui nous déplaisent... Et Draco le savait en faisant partie de l'Ordre. S'il ne peut le faire, un autre s'en chargera.
- Tu es dur, remarqua Hermione avec surprise.
- Le rendez-vous est dans deux jours, 'Mione ! On ne peut pas se permettre de ne pas réussir, car sans cela, cela signifie que je devrais l'affronter sur son propre terrain, avec toutes les aides qu'il peut avoir et...
- Tu l'as déjà dit, nota calmement Ron. Il est si important que cela Draco, pour que tu veuilles lui éviter cela ?" , dit-il avec clairvoyance.
- Qui peut souhaiter à quelqu'un de devoir affronter sa propre famille dans cette guerre sans merci ? », répliqua Harry. Ne me dis pas l'inverse, Ron, pas avec Percy qui s'est rallié du côté du pouvoir !
Ron pâlit : Percy avait choisi de travailler dans l'administration mise en place par Voldemort... Un sujet de honte pour sa famille. Mais Harry continua sur un ton plus calme :
- C'est juste pour dire que... si tu devais mettre un collier à Percy, ce serait difficile, n'est-ce pas ? Alors imagine pour Draco...
- Et puis, intervint Hermione, on peut enlever les colliers... Tout simplement grâce à un bête aimant. Comme cela, ce ne sera pas à nous de juger et de punir ceux qui ont tant fait souffrir la population... Par contre, ajouta-t-elle à regret, ceux qui auront porté le collier... eh bien, plus ils l'auront porté longtemps, moins il leur restera de pouvoir...
Elle semblait vraiment chagrine par ce terrible constat, et personne n'osa parler de Severus...
- Une fois que tu auras gagné, se prit à rêver Ron, l'Ordre sera dissous, n'est-ce pas ?
- Et chacun d'entre vous pourra mener la vie qu'il souhaite, poursuivit Hermione avec un sourire.
Elle se reprit :
- Mais avant cela...
- Avant cela, acheva Harry, je dois gagner.
- Harry, dit-elle encore, cette fois, tu dois gagner. Tu sais toute les horreurs que Voldemort a instauré et ça doit s'arrêter !
Son ton était féroce.
- De façon, vous serez tous là, n'est-ce pas ? », répliqua calmement Harry. Si jamais je tombe...
- Nous continuerons tous le combat, lui promit Hermione. Personne n'abandonnera. Personne !
OOOOooooOOOOoooo
Draco retourna songeusement le collier entre ses mains. Il n'avait plus qu'aujourd'hui pour réussir. Il se trouvait dans le laboratoire des jumeaux, ces derniers étant toujours à l'infirmerie. Il ne restait plus que deux colliers dans le coffret.
Amusant de penser que l'une des créations les plus horribles du Seigneur des Ténèbres allait contribuer à sa défaite. Oui amusant... Mais il ne pouvait en rire. Aujourd'hui il devait sceller son engagement envers l'Ordre de la façon la plus ultime : en faisant tomber son propre père. Il avait toujours gardé l'espoir que son père finirait par être révolté par les atrocités du règne du Seigneur des Ténèbres. Mais... cela avait l'inverse. Il avait plongé à corps perdu dans le pouvoir que leur avait offert leur Maître, torturant régulièrement des esclaves, organisant des chasses dans les Réserves de Moldus... Tout cela sans paraître un seul instant éprouver la moindre compassion. Ou le moindre dégoût de lui-même. Alors que Draco...
La porte s'ouvrit et Draco se recomposa aussitôt un visage serein.
- Tu vas y aller ? », fit Harry.
Draco se retourna :
- Bien sûr.
- Quelqu'un d'autre peut...
- Non, coupa Draco, c'est moi qui doit le faire.
- Alors je t'accompagne...
- Tu n'es même pas capable de transplaner !
- Je ne te laisserai pas accomplir cela seul, déclara fermement Harry.
- Et pourquoi ? Ce n'est rien pourtant, je dois juste mettre ça à mon père.
Draco désigna calmement le collier.
- Je veux être là, insista Harry.
- Pourquoi ?", répéta Draco.
- Je ne veux pas que tu sois seul..., avoua Harry.
Draco soupira :
- Une dernière fois, Harry, pourquoi ?
- C'est la première fois que je t'entends dire mon prénom..., remarqua Harry. Bref, tu te souviens quand tu m'as demandé si j'avais des sentiments pour toi ? », rappela-t-il.
- Est-ce que tu crois que c'est le moment ? », répliqua Draco gêné.
- Oui, parce que demain peut être le dernier jour de ma vie...
- Potter, arrête donc d'être aussi dramatique!" , le tança le jeune homme blond.
- Tu ne veux pas savoir ? », le taquina Harry.
Il se rapprocha du jeune Mangemort.
- Ecoute, tu m'as dit que tu avais désormais plus peur d'autre chose que de Voldemort. Moi aussi.
- Comment ça ?
Draco avait peur de comprendre.
- Je ne veux pas que tu meures, de la même façon que tu ne veux pas que je meure.
- Ah... et donc ? », fut tout ce que réussit à murmurer Draco.
- Eh bien, je ne voulais pas le dire avant que tout soit fini, tu te rappelles ? Mais... je crois que j'ai des sentiments pour toi. Je ne veux pas rester ici sans savoir... J'ai fini par le comprendre : la simple idée de rester ici à t'attendre me rend malade ! C'est pour cela que je t'accompagnerai. Tu ne me feras pas changer d'avis ! », dit Harry avec fermeté.
Le jeune Mangemort baissa les yeux sur le collier, incapable de répondre à cela.
- D'accord, soupira Draco. Alors allons-y avant que quelqu'un d'autre n'ait la stupide idée de m'accompagner.
Harry se garda bien de répondre et le suivit dans le jardin pour transplaner à l'écart de la maison.
- Tiens-toi bien à moi ! », lui intima Draco.
- Je ne te lâcherais pas, répondit Harry en lui serrant fermement le bras.
Quelque chose céda en Draco :
- Pas comme ça, dit-il avant de le serrer tout contre lui. Je ne veux pas te perdre...
Harry ne put répondre car aussitôt Draco transplana. Simple passager, Harry avait la désagréable impression d'être déchiré en deux lieux éloignés. Une nausée le saisit pour cesser quand ils émergèrent dans la chambre de Draco, au Manoir des Malfoy.
- Ca va ? », demanda Draco.
- Oui... Comment comptes-tu d'y prendre ?
- Tout simplement de la même façon que les jumeaux.
Il prit dans sa poche une petite boîte : une fois ouverte, une vague de lumière se répandait dans toute la pièce pour éblouir toute personne s'y trouvant. L'effet durait plusieurs secondes, juste assez pour que quelqu'un puisse transplaner et mettre le collier à la victime.
- Tu as pris ta cape d'invisibilité, je suppose, non ?
Harry hocha la tête. Draco lui tendit à nouveau ses bracelets de pouvoir :
- Alors mets-la avec ça et allons-y...
Harry hésita puis obtempéra.
Draco se rendit dans la salle de réception du Manoir, Harry invisible sur ses talons. Etrangement, son père s'y trouvait tout seul.
- Draco, le salua-t-il.
Lucius Malfoy tenait un verre de vin à la main et le dégustait tranquillement.
- Tu es seul, père ? », s'étonna Draco.
- Ah... Les fastes et les tortures ont leur charme, mais parfois la solitude aussi..., répondit Lucius un peu théâtralement. Quoi de neuf ?
- Rien, père...
- Vraiment... Nous ne sommes plus que trois Mangemorts, constata paisiblement. Je me demande qui est le traître ?
- Le traître ? Je ne comprends pas...
- Cela ne peut être que Severus ou... toi, résuma son père avant de boire une gorgée de vin.
- Severus ? », répéta Draco.
- Ou toi, insista Lucius. Notre Maître trouve ton comportement bien étrange ces dernières semaines.
- C'est ridicule ! », répliqua Draco la main crispée sur la petite boîte.
- C'est aussi ce que je lui ai dit. Et j'ai insisté sur le fait que cela ne pouvait être que Severus. Il a toujours été si secret... Si proche aussi de ce damné Dumbledore...
Draco hésitait à jeter la boîte car il se demandait maintenant s'il n'y avait pas un piège... Quand tout à coup il sentit les doigts de Harry, toujours caché, lui prendre le collier. Il eut un léger sursaut, sans pouvoir l'en empêcher. Draco devinait ce qu'il avait l'intention de faire : profiter de son invisibilité pour le lui mettre.
- Bref, reprit son père avec entrain, notre Maître m'a chargé de recruter de nouveaux Mangemorts pour recréer la chaîne. En même temps, je dois lui ramener Severus ! Toi et moi resterons les deux seuls Mangemorts d'avant le début son règne...
- Très bien, père...
- Et il m'a aussi fait un petit cadeau, ajouta Lucius. Quelque chose pour me protéger et me permettre de voir l'invisible...
Brusquement, Lucius brandit sa baguette pour clore magiquement d'un mot toutes les portes et les fenêtres de la pièce.
- Et moi aussi je vais lui en ramener un...! Puisque Harry Potter m'a fait l'honneur de t'accompagner... ! », dit-il d'un ton cinglant.
Draco se figea, alors que son père tournait une bague son doigt. La cape de Harry tomba à terre.
-Joli, non ? », commenta-t-il alors que les deux sorciers lui faisaient face. Ce bijou contient plus de sorts et de contre sorts qu'aucun autre objet ! Il me permet de voir l'invisible, d'être protégé par n'importe quel sortilège et que sais-je encore !
Lucius fit une pause avant d'ajouter, sincèrement navré :
- Tu me déçois Draco, je n'aurais jamais cru que tu te rallierais à ces traîtres. Mon propre fils !
Harry se rapprocha et comme ce premier matin où il avait recouvré ses esprits grâce à Draco, il étreignit fermement la main de celui-ci. Il eut un léger sourire à ce souvenir : reprendre enfin sa liberté pour découvrir que sa main ne semblait pas vouloir lâcher celle d'un Malfoy...
- Qu'est-ce que tu veux faire ! », demanda Draco à voix basse.
- La seule chose que je puisse faire... Tu es avec moi ?
Lucius s'approcha d'eux, avec la confiance tranquille que lui donnait sa puissance. Draco ne répondit pas et serra fort la main de Harry qui sourit en réponse à ce geste silencieux de soutien.
- Je n'aurais jamais cru devoir tuer mon fils, remarqua Lucius presque peiné. Mais tant pis... puisque tu as choisi d'être un traître à ton nom et à celui à qui tu as juré allégeance, je n'aurais nulle pitié pour toi ! », cria-t-il furieux.
Harry cherchait désespérément à retrouver la sensation qu'il avait eu devant Bellatrix. Cette sensation qui lui avait permis d'utiliser cette magie instinctive dépourvue de la nécessité de toute baguette. Il en avait besoin pour combattre cet homme, fier et hautain et... protéger Draco.
- Je veux qu'il tombe, chuchota-t-il pour lui-même.
- Oh un dernier mot peut-être Potter ? Pour la prospérité ? », ironisa Lucius.
- TOMBE ! », cria Harry.
Une vague faite de ténèbres enveloppa Lucius. Et le pouvoir dont il était si fier fut brutalement soufflé comme la flamme d'une bougie.. Lucius Malfoy était dépourvu de tout pouvoir et il le ressentait jusqu'au plus profond de son être. Il tomba à genoux, se sachant désormais inférieur aux Moldus qu'il méprisait plus que tout... Il n'était plus rien. Puisque à ses yeux seul le pouvoir comptait, il n'était vraiment plus rien...
Harry s'effondra le souffle coupé par ce qu'il ressentait en raison du choc de retour et dit à Draco, haletant :
- Le collier !
Draco bondit et mit le collier à son père qui gisait à terre. Il prit aussi de lui enlever la fameuse bague et les habituels bracelets que portait chaque Mangemort. Et le dernier Mangemort fidèle à Voldemort fut neutralisé... Draco rouvrit les portes et les fenêtres d'un simple sortilège, avant d'aller soutenir Harry, toujours effondré par terre. Il évitait du regard son père qui restait prostré.
- Ca va ? », demanda-t-il doucement.
Harry qui ressentait toujours le choc de retour, ne répondit pas. Il était submergé par l'horreur que vivait Lucius, prisonnier de son pire cauchemar devenu bien réel. Draco soupira et le serra contre lui. Il le berça contre un tout jeune enfant. Ou peut-être était-ce lui qu'il berçait pour fuir ce qu'il venait de faire... Harry se mit à respirer plus calmement, l'odeur de Draco devenu si familière l'apaisant.
- Ca va, répondit-il enfin.
- Tu es sûr ?
- Oui, c'est juste...
- Juste ? », insista Draco le fixant de ses yeux gris.
- J'ai voulu qu'il tombe... de son piédestal qu'il s'était construit avec son arrogance, ses pouvoirs, son statut... puisque ça semblait être tout pour lui. Tout plus que toi ou n'importe quoi d'autre. Et...
Harry s'interrompit et chuchota, presque effrayé par ses propres mots :
- Je suis bien...là...
- ...?
Harry posa une main sur la nuque de Draco pour le faire plier et effleurer ses lèvres. Sa peau était douce, chaude. Vivante.
- Tu es fou, murmura Draco d'une voix étranglée.
- Tu l'as déjà dit, nota Harry avant de l'embrasser encore, mais toujours légèrement
Cette fois Draco lui rendit son baiser avec la même délicatesse, avant de dire à regret :
- Nous devons y aller. Avant que quelqu'un n'arrive... En plus, je dois le ramener pour que nous le mettions avec les autres Mangemorts.
- Tu pourras nous porter tous les trois ?
Draco reprit les bracelets de pouvoir qu'il avait confié à Harry.
- Avec ça je peux...
Harry se leva lentement pour se diriger vers l'homme déchu de son statut... Il lui ôta ses bracelets et sa bague avant de lui saisir fermement le bras. Draco s'approcha pour l'étreindre encore.
- Je suis content que tu sois venu, avoua Draco dans un murmure en le ramenant à l'Ordre du Phénix. Vraiment content...
OOOOooooOOOOoooo
C'était un jour du mois de mai. Un jour qui aurait pu être radieux, si cela n'avait été l'horreur qui continuait à envahir ce monde presque moribond.
Pourtant... Oui pourtant, au fil des derniers jours, un curieux espoir était né pour tous ceux opprimés par le régime de Lord Voldemort. Car ses fidèles Mangemorts, tous plus puissants les uns que les autres, tous Gouverneurs d'une partie du monde, l'avaient abandonné. Les uns après les autres. De façon mystérieuse, puisqu'ils disparaissaient, tout simplement.
Des murmures agitaient les réserves d'esclaves Moldus, des rumeurs circulaient parmi les Sang-Mêlés, une once d'espoir étreignait les Sang-de-Bourbe... On parlait du retour du Vaincu. Certains révélaient l'existence d'une prophétie. Et le Roi tout-puissant, qui s'était dit invulnérable, paraissait perdu sans ses Mangemorts. Sans ses Gouverneurs. Sans les pièces de son échiquier...
Le pouvoir vacillait. Il trébucha tout à fait quand un phénix vint jeter une lettre au pied de Voldemort. Et cela devant tous les sorciers que Voldemort avait fait venir de force afin de choisir parmi eux ses futurs Mangemorts... Le pli s'ouvrit de lui-même et une voix forte, presque moqueuse résonna dans la salle :
« Je t'attends, Tom. Pour sceller ta défaite dans ton sang, comme tu aimes tant le faire. Viendras-tu ou auras-tu trop peur de venir sans tes Mangemorts ? Ou trop peur d'être... le Vaincu ? »
Le Seigneur des Ténèbres avait hurlé sa rage en vain. Tous avaient entendu le défi, de la plus humble des esclaves au sorcier au sang le plus pur...
Alors Lord Voldemort, le plus grand sorcier maléfique de ces derniers siècles se retrouva contraint d'aller combattre seul.
OOOOooooOOOOoooo
- Severus vient de mettre le collier, dit Hermione ce matin-là. Il en reste plus que toi...
Draco regarda le collier qu'elle lui tendait, le dernier qui devait être porté pour que Harry ait une chance de victoire...
- Et après, il ne restera plus qu'à mettre en place le lien entre Harry et moi...
- Et ce sera fini, approuva Hermione, il se rendra au lieu du rendez-vous. Tu veux... que je le mette ?
- Non, je vais le faire, intervint Harry qui était entré.
Il était plus pâle que d'ordinaire, le poids de ce qu'il allait devoir accomplir ce jour-là pesant lourdement sur ses épaules... Le poids de ce qu'il allait aussi devoir faire porter au jeune homme qui lui faisant face. Et qui semblait plus confiant que lui... Hermione s'éclipsa, discrètement.
- Si on allait là où tout a commencé ? », suggéra Harry tout à coup gêné.
- La bibliothèque ? », comprit Draco. Alors allons-y...
Il y avait toujours un feu dans la cheminée de la bibliothèque, régulièrement entretenu par une elfe de maison, toujours discrète. Fumseck était là, paraissant les attendre... Comme s'il savait lui aussi que le moment était venu.
Draco s'assit en silence et Harry vint derrière lui pour lui mettre le collier avec délicatesse. Un léger déclic retentit. Avec un soupir, Draco porta une main à son cou pour éprouver la chaleur tiède du jonc de métal. Puis il prit sa baguette pour la poser lentement sur l'échiquier où un simple pion blanc faisait courageusement face au roi noir... Un léger baiser atterrit sur sa nuque exposée et Draco sursauta :
- Arrête ça, ça chatouille ! », protesta-t-il.
Harry sourit puis vint s'asseoir en face de lui. Fumseck vint lui tendre l'une de ses plumes qu'il venait d'arracher pour lui en faire don.
- Maintenant, dit Harry tout à coup sérieux, nous pouvons faire le lien entre nous, Voldemort ne le sentira pas. Enfin, si tu le veux toujours...
- Oui, dit Draco très résolu et sans le quitter du regard.
- Tu es sûr ?
- Arrête de t'inquiéter et faisons-le !
Plusieurs minutes plus tard, Draco gémissait encore et Harry le tenait serré contre lui, les rôles s'étant inversés.
- Ca va ? », demanda Harry très inquiet.
- Oui... C'est juste... bizarre. J'ai l'impression d'avoir deux coeurs... D'avoir quelque chose en plus... Et puis...
- Et puis , le pressa Harry.
- Et puis... tu sais , la brume dont tu m'as parlé...
Harry le serra plus fort contre lui, en colère de ce qu'il lui faisait subir.
- ... Eh bien, c'est bizarre, mais elle est à la périphérie... de mon regard.
- Fumseck va rester avec toi, promit Harry. Il te guérira et ça ne durera pas longtemps...
Des yeux gris le scrutaient avec attention :
- Dis Harry, pourquoi il y a cette chaleur dans ton coeur quand tu penses à moi ? », le taquina-t-il. Le lien de sang me permet de le ressentir...
- Idiot , murmura Harry avant de l'embrasser.
Et dans la quiétude de la bibliothèque, ils laissèrent le baiser s'approfondir lentement. Et dans la douceur du lien, Draco ressentait tout ce que Harry éprouvait... Sans en être sûr : il y a des sentiments qui doivent être exprimés pour devenir vraiment réels...
OOOOooooOOOOoooo
Tom Jedusor s'avançait dans ce qui fut autrefois une maison. Il était déjà venu ici autrefois, pour une victoire facile mais qu'il n'avait pas obtenu... Le Destin s'était joué de lui, mais par la suite... Ah ! Quelle belle revanche avait-il eu ! Et aujourd'hui, il avait le monde dans ses mains. Oui, le monde entier. Et il était hors de question qu'il y renonce. Pas après avoir oeuvré si longtemps pour cela...Ni avoir souffert autant.
La maison avait du être petite et coquette mais aujourd'hui... Ses murs en ruines étaient envahis de ronces et de liserons aux fragiles fleurs blanches. Le temps avait effacé toute trace des habitants de la maison, et la nature reprenait lentement ses droits...
- C'est la première fois que je reviens ici, dit une voix derrière lui. Le coin est magnifique. Tranquille aussi...
Surpris, Tom se retourna et retint une grimace : comment avait-il fait pour lui dissimuler sa présence ? Il fit face à un jeune homme aux yeux verts, aux cheveux noirs curieusement parsemés de mèches blanches. Harry Potter était vêtu de façon très simple, une chemise blanche avec un pantalon noir. Mais deux choses étranges attiraient le regard : des bracelets argentés tintaient à chacun de ses poignets, et une plume de phénix ensanglantée retenue par une chaîne d'or reposait sur son coeur.
- Pas moi, je t'ai attendu en vain l'année dernière, répliqua aussitôt son terrible adversaire.
- J'en suis désolé, répondit Harry sans paraître l'être le moins du monde.
- Et tu es venu sans baguette ? », s'étonna Tom. Serais-tu... suicidaire ?
- Quelle importance puisque tu vas mourir ? », déclara tranquillement le jeune homme qui l'affrontait aujourd'hui.
- Présomptueux ! », siffla Voldemort. Oublierais-tu le lien entre nous ? Comment pourrais-tu me combattre alors que tu subis le choc de retour de mes sortilèges ?
D'un mot accompagné d'un geste précis, Tom ouvrit les hostilités. Mais Harry se contenta d'un simple murmure, d'un mouvement de ses mains pour dévier le sortilège.
Tom l'observa, posément.
- Tu n'es pas blessé... Comment as-tu fait pour se soustraire au choc de retour ?
Il plissa les yeux avant de comprendre... La plume de phénix, évidemment...
- Oh oh ! Tu as créé un lien de magie du sang pour le transmettre à quelqu'un d'autre ? Quelle souffrance ce doit être pour celui qui a accepté !
- Silence ! », cria Harry qui savait devoir en finir rapidement.
Il savait ce qu'endurait Draco. Il le savait exactement... Et même avec l'aide de Fumseck, il allait beaucoup souffrir. Alors Harry se jeta à corps perdu dans la bataille.
C'était le dernier combat, celui où les mots fusaient, où des sortilèges insensés étaient jetés. C'était une vision d'apocalypse qui avait envahi ce lieu paisible, dévastant les rares murs encore debout, arrachant et brûlant tout ce qui pouvait l'être. C'était le pouvoir à l'état pur, effrayant dans sa force et son intensité. L'air crépitait, les visages étaient crispés sous la tension, le pouvoir à maîtriser. Car si jamais il leur échappait, ils mourraient. Ensemble ou pas, tout ce qui importait à Harry, c'était que Tom succombe le premier.
Le pouvoir, à la fois chéri et craint, était devenu un animal indomptable prêt à se retourner contre eux à chaque fraction de seconde. Au delà leur affrontement, c'était leur capacité à contrôler cela qui ferait la différence.
Et Harry entendait Fumseck qui chantait pour Draco, comme pour le soutenir, alors que celui-ci hurlait de douleur. Le lien les avaient tant rapprochés qu'il le savait et Harry sentit des larmes lui échapper.
Quelque chose grandissait en Harry, une sorte de certitude : Draco souffrait, Albus aussi, et tous ceux qui avaient affronté les Mangemorts pour les neutraliser aussi. La souffrance état là, et celui qui l'avait instauré, celui qui en était la cause première l'ignorait.
Et cela éclata en Harry : c'était injuste ! Un mot alors lui vint et ce mot-là, il ne le retint pas. Soutenu par tous les bracelets de pouvoir que l'Ordre du Phénix avait pu récupérer, et malgré la souffrance de son sang qui le brûlait, il hurla :
- RESSENS !
Tom Jedusor s'effondra aussitôt à genoux, tétanisé par la douleur qui influait en lui. Une douleur à laquelle rien ne l'avait préparé. C'était un jeune homme blond soutenu par un phénix qui pleurait, c'était un esclave torturé par le sortilège du doloris, c'était... oh bon sang... Ici un Moldu au corps lacéré qui était pourchassé dans une Réserve, là-bas une jeune femme à qui on cassait chaque os avec un soin sadique, ailleurs un esclave que l'on donnait vivant en pâture à quelques monstres. Partout de l'horreur, partout de la souffrance, partout ce mal gratuit qui pervertissait le monde pour le faire sombrer !
Partout oui et toutes ces douleurs arrivaient en un seul être : lui ! Tom se mit à sangloter comme un tout jeune enfant, avant de se recroqueviller en position foetale comme pour chasser cette souffrance qui n'était pas la sienne.
Mais que lui seul avait provoqué.
Et Harry alla encore plus loin. Il lui fit ressentir la douleur de toutes ses victimes, cette douleur que Harry avait connu pendant de longs et interminables mois.
- NooOOoon, PITIE ! », se mit à geindre celui que tous avaient craint pendant si longtemps.
Mais Harry refusa de céder. Il n'était plus qu'un intermédiaire ; c'étaient tous ceux qui souffraient qui étaient devenus le bourreau, implacable et sans merci. Ils n'avaient bénéficié d'aucune pitié, d'aucun répit, alors le calvaire de Tom ne s'interrompit qu'à sa mort.
Et seul dans un jardin dévasté en ce joli jour du mois de mai, Harry Potter contempla la dépouille calcinée et fumante de celui qui avait la source de tant de maux. Avec lui s'évanouirent les marques que les Mangemorts avaient arboré si fièrement...
Harry le regarda longtemps, alors que des larmes silencieuse coulaient encore et encore sur ses joues. Il avait réussi : il avait tué sa mort. Celle que cette satanée prophétie lui avait promis, s'il ne le tuait pas le premier...
Ce fut là que Draco Malfoy, un phénix perché sur l'épaule, vint le rejoindre. Derrière lui, d'autres membres de l'Ordre du Phénix le suivaient.
Le phénix s'envola avec un trille joyeux pour rejoindre son maître, libéré de l'emprise de Voldemort : Albus affaibli et amaigri souriait, soutenu par Remus aux yeux brillants. Albus avait rassemblé ses maigres forces pour transplaner dès qu'il avait été libéré du sortilège lancé par Voldemort. Severus avançait, Hermione à ses côtés, heureuse d'avoir pu ôter les colliers qu'avaient courageusement porté Draco et Severus.
Tous s'arrêtèrent devant Harry, les yeux toujours fixés sur la dépouille d'un des sorciers le plus maléfiques qui fut.
- Il parait... plus petit, dit quelqu'un.
- Oui, approuva un autre.
- Beaucoup moins impressionnant.
- Il est mort, voilà tout. Enfin !
Quelques personnes se mirent à pleurer de soulagement, c'était fini, et bien fini...
Severus était resté silencieux. Il s'approcha pour contempler le monstre qu'il avait combattu si longtemps dans l'ombre, en lui sacrifiant tant de choses... Ses jambes cédèrent tout à coup sous l'émotion, alors qu'il avait la preuve qu'il était bien mort, et ne reviendrait pas. Jamais, comme la marque qui avait disparu de son bras. Comme Harry, il se mit à pleurer, libéré lui aussi. Hermione se glissa à ses côtés pour lui prendre la main, qu'il étreignît avec force. Avant de se tourner vers elle pour la prendre dans ses bras. C'était le premier geste d'affection qu'il faisait en public...
Draco s'approcha de Harry, le regard presque hypnotisé par ce qui gisait dans l'herbe verte du printemps... Il posa une main douce sur l'épaule du jeune homme.
- Harry, dit-il doucement, maintenant... J'attends ton « mais ».
Harry se retourna vers lui sans comprendre. Draco, dans un geste doux et machinal - ne l'avait-il pas si souvent fait - essuya ses larmes.
- Quand je t'ai demandé tes sentiments, tu m'as dit « je ne sais pas mais. » Après tu as reconnu avoir des sentiments... Je peux avoir la suite ?
Harry eut un léger sourire :
- Draco... Le lien que nous avons créé avant que je vienne ici, cette magie du sang temporaire... Tu sais quand même que la magie du sang ne fonctionne qu'en cas de haine la plus absolue ou d'amour le plus sincère, non ?
- Oh toi ! », râla le jeune homme qui avait l'impression de s'être fait dupé en posant la question.
- Et si on en reparlait plus tard ? Seuls ? », suggéra Harry.
- Et le bisou ? », intervint Georges. Non c'est vrai quoi, la dernière fois tu ne l'as pas fait et...
Le sourire de Harry disparut alors qu'il regardait à nouveau les restes de Voldemort :
- Pas ici ! », protesta-t-il.
Albus prit sa baguette que Hermione lui avait rendu pour faire disparaître celui qui avait été la cause de tant de vies sacrifiés. Afin qu'il n'ait jamais de sépulture. Que nul ne suive ses traces honnies.
- Si, ici Harry, l'encouragea son ancien mentor fatigué. Ici où tout a commencé et tout s'est enfin achevé.
- Si je comprends bien vous ne me laisserez pas en paix tant que...
Mais Draco en avait eu assez : il l'avait fermement saisi par les épaules pour poser ses lèvres sur les siennes. Harry essaya de protester, puis ses mains attirèrent Draco pour le serrer plus fort.
- Et si on les laissait ? », suggéra quelqu'un.
- J'aurais du apporter un appareil photo, dit quelqu'un d'autre.
- Oh vous deux, ça suffit on verra quand ça vous arrivera !
- Hermione, tu ne sais pas que notre mère recherche désespérément des jumelles ?
- Comment ça des jumelles ? Attendez vous ne lui avez pas dit que...
- Non, on ne le lui dira que quand elle nous présentera des jumelles.
- Comme ça, elle repartira à la recherche de jumeaux !
- Oh par Merlin, Severus, jure-moi qu'il n'y pas de jumeaux dans ta famille !
- Nous serions heureux d'en être les parrains pourtant... On leur apprendrait plein de choses !
Les voix s'évanouirent quand tous transplanèrent.
C'était un jour de mai qui s'achevait dans la paix, et au milieu de nul part deux jeunes hommes s'embrassaient encore et encore.
Le petit pion avait gagné.
Demain était venu et il était porteur de magnifiques espoirs...
Le monde allait se reconstruire.
Si vous avez aimé ou pas, s'il vous plait, laissez-moi une review ! Je veux savoir si je peux refaire des histoires un peu plus sombres ou s'il vaut mieux que je reste dans le registre d'humour...
Merci à tous ceux qui m'ont suivi dans cette fic, malgré le sujet peu évident!
