Auteuse: Howan
Base: I'll
Titre: Je te tiens
Chapitre: 04
Genre: je ferai mieux de finir mes autres fic avant d'en commencer d'autres. Rien de spécial ... si ce n'est idée tordue
Rating: ... boaf pas pire que d'habitude !
Pairing: gniarf gniarf .. un beau couple inédit ... je dis ? Je dis pas ? ... allez je dis pas
Disclaimer: gribouille des trucs pas nets sur un papier ...donc, si je me marie avec Asada, et en calculant bien mon coup, avec partage des biens et tout et tout, je peux m'arranger pour choper deux trois bishis pour mon usage personnel ... oué oué oué se replonge dans ses délires
Notes: un grand merci à Zif, ma béta/ex-sempai-bis/sensei/collègue-hayamazakiste pour ses corrections autant du point de vue orthographique que grammatical et contenu/incohérences ... parce qu'elle a du mérite, mes brouillons et premières versions ont vraiment de quoi se suicider ... d'ailleurs à chaque fois que je vois le rouge des fautes, je déprime .
Merci aussi à Inco pour sa relecture attentive.
Gyaaaaaaaah 'Sil ... t'es ma première review sur ... alors rien que pour toi je met la suite en ligne !!!
04
Takaiwa s'était attendu à ce que le brun le conduise chez lui, mais manifestement, ce dernier avait une autre idée en tête.
Cela l'embêtait un peu. Le blond n'était pas du genre à baiser en public, il préférait une place tranquille loin des regards indiscrets -voire carrément déplacés-, malheureusement, Saki semblait apprécier la proximité d'éléments étrangers lors de ses ébats. Et lui comme un con, il suivait.
En même temps, il ne voulait pas rater sa chance et rien que la perspective de devoir se finir tout seul à la main dans sa piaule le déprimait largement.
Ils s'étaient installés vers le fond du bar où Asakura l'avait guidé. Satoru s'était alors étonné de voir quelque chose d'encore ouvert à cette heure-ci.
"- Tu prends quoi ?"
"- M'en fout, ce que tu veux ..."
Le brun eut un haussement de sourcil perplexe devant l'attitude blasée du basketteur, puis, sans se soucier davantage de ses états d'âme -après tout, il n'était pas là pour ça- il se leva pour aller prendre la commande, laissant seul Takaiwa. Ce dernier étala ses jambes sous la table et s'étira de tout son long; pas question de s'endormir, ça ferait mauvais effet.
Après quelques minutes, le brun finit par revenir, deux verres emplis d'une substance douteuse à la main, et se posa en face de lui.
"- ... C'est quoi ?"
Il désigna la boisson d'un bref battement de cils.
"- Goûte .."
Alors qu'il avançait prudemment la main pour saisir ce qui ressemblait à de l'alcool, Saki en profita pour se rapprocher et l'embrasser dans le bas du cou, juste à la naissance de l'épaule. Le blond frissonna, mais loin de le repousser, l'attira au contraire contre lui, un bras passé autour de sa taille gracile. La banquette était suffisamment large pour les accueillir tous les deux, et Asakura -qui avait sans doute choisi le bar et la place en connaissance de cause- ne se gêna pas pour monter sur les genoux de son amant, face à lui, ses cuisses encadrant possessivement les hanches du blond.
"- Tu ne bois pas ?", s'étonna le blond.
"- J'ai mieux ... ,il se pencha pour frôler les lèvres de Takaiwa, ... et toi ?"
"- Huuum ..."
Satoru sourit et captura la bouche du guitariste. Il suça avec une sorte de dévotion passionnée -presque brutale- sa langue insolente, dévora pendant plusieurs longues secondes sa moue exquise de ses baisers.La main du brun se referma sur la sienne, et il le sentit se relever, libérant ses jambes d'un poids certain mais agréable.
Encore une fois il le suivit à travers les tables, évitant comme il pouvait les coins et les pieds de chaises qui semblaient s'être donnés le mot pour lui entraver le chemin, puis referma la porte des chiottes -leur destination finale- sur eux.
C'est alors que Saki observa une fois de plus le blond, mais de manière plus attentive que sur la place du concert. Il faisait une petite tête de plus que lui, bien bâti et indéniablement séduisant, à sa manière; un visage aux contours bien dessinés, éclairé d'un sourire à faire fondre n'importe qui, un sourire non feint, plein d'assurance. Il posa ses doigts sur ses épaules, appréciant leur courbe et la façon dont les muscles roulaient sous la peau à chaque infime mouvement.
Puis il traça les lignes et le creux de ses os de ses pouces agiles, se colla contre le corps moite et délicieusement ardent près de lui, si fort qu'il le sentit suffoquer et expirer une plainte enivrante de protestation. Il le fit taire d'un baiser.
Empêtré dans toutes ces sensations, Takaiwa ferma les yeux, tentant de se focaliser uniquement sur les ondulations d'Asakura contre son bassin. Ce n'était pas suffisant.
Le brun sentit confusément qu'il lui saisissait le poignet, positionnant lestement sa main sur la bosse de son entrejambe. Plutôt complaisant, il caressa avec ferveur et insistance le membre du basketteur à travers le tissu de son baggy, se flattant des sons étouffés qu'il arrachait à son propriétaire. Il s'approcha de son oreille:
"- Je veux te faire hurler ... je veux te sentir trembler contre moi ..."
"- Rien que ça ..."
Rendu frénétique par le désir, Satoru se pressa contre le guitariste, faisant passer sa cuisse à l'intérieur des siennes jusqu'à frôler son sexe douloureusement enflé. Ses mains explorèrent librement le torse, les flancs de Saki avant de s'en prendre à son polo, se battant un moment avec les longues manches, arrachant presque les coutures de ses gestes impatients.
S'ensuivit alors une étrange soumission du musicien qui laissa le blond esquisser à loisir d'aléatoires ornements de salive sur sa poitrine laiteuse. Saki ensevelit avec ravissement ses doigts dans la crinière ambrée de son amant d'une nuit, et massa avec une application distraite, presque machinale, la nuque et le crâne de celui-ci, l'encourageant à descendre encore plus bas dans ses attouchements.
Takaiwa ne se fit pas prier plus longtemps, et déboutonna rapidement le jeans du brun, le faisant glisser le long de ses hanches étroites. Il laissa échapper une grimace faussement impressionnée en constatant la surchauffe technique, se prit une aimable claque sur le front puis se fit pardonner de sa moquerie en déposant ses lèvres sur le renflement du boxer passagèrement étriqué de son cadet.
"- Vas-y ... ,j'en peux plus !"
Le blond sourit, tout disposé à lui rendre les faveurs dont il avait profité un peu plus tôt dans la soirée, mais gardant bien en tête le fait qu'il n'avait pas eu la chance de bénéficier du bouquet final, et qu'il comptait bien rendre la monnaie de sa pièce au guitariste en face de lui.
Alors qu'il se penchait physiquement sur le problème, un écho de bramement plus ou moins viril -mais franchement beurré- retentit juste derrière la porte où ils squattaient.
Satoru se figea, les mains bloquées sur les reins du brun. Il releva la tête et croisa son regard aux pupilles dilatées. Le guitariste entrouvrit la bouche sur un soupir muet d'encouragement, incitant le blond à ignorer ce qui se passait autour, à continuer là où il s'était subitement -et pour son plus grand déplaisir- arrêté.
"- T'attends quoi ?", chuchota-t-il, légèrement agacé.
"- ... C'est qui à côté ...?"
"- On s'en fout, il émit un grognement insistant, ... continue bordel !"
Les voix s'élevèrent à nouveau, des blagues salaces couvrirent la musique en sourdine provenant du bar. Un coup violent ébranla la porte en bois déjà bien abîmée par le temps et les mauvais traitements des soulards en quête de soulagement.
"- Hey ! Faut que je pisse !, l'homme -apparemment trentenaire- s'acharna sur la poignée, ... OH ! Ouvrez cette putain de porte, sales pédés !"
"- Va te faire sucer ailleurs connard.", répliqua Saki aussi froidement que son erection brûlante le lui permettait.
Quelques diverses et banales grossièretés fusèrent encore pendant deux ou trois minutes avant que les intrus ne ressortent pour aller cuver et tirer leur coup dans un endroit plus propice et apte à leur fournir un acceuil chaleureux.
Le brun renifla avec mépris; il détestait ce genre de type qui vous injuriait par devant sous prétexte d'une certaine bonne moralité -enfin, ce qui tentait à s'en rapprocher-, et vous enculait vigoureusement par derrière. À remarquer qu'il n'aimait pas grand chose de la société dans laquelle il vivait à part peut-être critiquer cette-dite société, et il s'en donnait à coeur joie.
Il se baissa vers le capitaine d'Hayamazaki qui n'avait pas moufté de toute l'altercation, lissant de manière presque tendre ses mèches fauves et indisciplinées. Au moins celui-ci lui plaisait ...
"- Reprend ... là où tu en étais ...", réclama le musicien avec une moue adorable.
"- ... Non, Takaiwa se redressa, ... je ne crois pas ... que ..."
"- Quoi ... ?!"
"- J'veux continuer ... mais pas ici."
"- Mais t'es chiant comme mec ! ... ça fait deux fois que tu me pètes une crise, on va pas bouger toutes les cinq minutes non plus !!"
"- Non, mais t'as vu où tu m'embarques aussi ? Autant monter sur le podium et rameuter tout le quartier, y aura pas une énorme différence !"
"- Et si moi j'ai envie de baiser ici ... ?"
Dans un silence auquel il était peu habitué, Satoru prit un temps pour considérer la question et formuler une réponse adéquate à la situation pour le moins embarrassante. Il appréciait beaucoup le contact du brun ...non, c'était plus que ça, il voulait absolument se le faire. En cet instant, il réfléchissait à quatre-vingt dix-neuf pour cent avec son bas-ventre, et celui-ci lui dictait sournoisement de retourner son amant contre le mur et de le prendre dans l'instant sans plus se soucier de l'environnement peu harmonieux dans lequel ils étaient.
Comprenant cela, le brun attrapa sa chemise entre ses doigts, rapprochant le corps du basketteur du sien, bouillant, jusqu'à ne laisser qu'un espace infime de circulation d'air entre eux deux. Sa main passa sous le vêtement pour se poser dans le creux de la taille du blond, faisant frémir ce dernier.
"- Je te préviens, grinça-t-il les yeux fixés sur les clavicules dénudées de Satoru, que si tu te casses d'ici sans me finir je ne te laisserai pas de seconde chance."
"- ..."
"- C'est maintenant ou jamais ..., il plongea son regard dans celui indécis du blond, ... Takaiwa."
"- Pfff, il sourit largement, ... j'aime pas le chantage ..."
Occultant la réplique qui lui était adressée, Saki attira son amant dans ses bras avant de lui rouler avec énergie et conviction le plus beau patin de sa vie.
Les deux adolescents se pressèrent à nouveau l'un contre l'autre dans la cabine étroite et aux odeurs plus que suspectes. Sachant où trouver son plaisir, le blond profita pleinement et aussi longtemps qu'il le put du baiser, ne le rompant à contre-coeur que pour reprendre son souffle et accessoirement faire valoir ses droits.
"- Tu n'as pas répondu."
"- Toi non plus ...", rétorqua Asakura.
Ils échangèrent un coup d'oeil entendu et mêlèrent une énième fois leurs langues avides
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Le lendemain matin fut très dur pour chacun des trois joueurs. Naruse débarqua dans la classe la gueule enfarinée et des valises de trois kilomètres sous les yeux, son air renfermé habituel faisant stratégiquement fuir ses camarades de classes du sexe féminin un poil trop entreprenantes. Et dire que le soir même il était invité chez Satoru, jamais il ne survivrai.
Presque résigné, il balança plus qu'il ne posa son sac sur la table, et s'affala gracieusement sur sa chaise tout en soupirant bruyamment et avec un ras-le-bol ostensible.
Les paupières à demi closes, il scanna le reste de la pièce à la recherche de son capitaine. Un sourire mauvais éclaira son visage fatigué lorsqu'il aperçu Minowa qui arborait une magnifique égratignure lui parcourant la face du front au menton. Au moins il n'avait pas perdu sa soirée.
Lentement, alors qu'il continuait à scruter les rangs, il laissa tomber sa tête en arrière, les yeux vitreux, la bouche presque entrouverte sur un mince filet de bave. Il était réellement crevé. Il fallait dire aussi qu'il n'avait pas énormément dormi, même après être rentré chez lui; cette histoire avec le châtain le taraudait un peu ... un peu beaucoup même.
Un poids tiède pesa soudain sur ses genoux et deux bras amicaux -voire un peu plus- lui entourèrent les épaules.
"- Takaiwa ! Vire de là !"
"- Bonjour mon ange, bien dormi ?"
"- Je t'ai dit de dégager !"
"- T'as pas oublié pour ce soir ?"
"- Casse-toi !"
"- Tu vas voir on va bien s'amuser ..."
"- Je t'aurais prévenu."
Avec un flegme né d'une grande expérience, Takumi détendit ses jambes presque à l'horizontale et observa calmement son coéquipier se casser la figure en arrière, se relever avec panache -enfin, ce qui y ressemblait-, grogner un instant pour la forme et finalement se rasseoir avec une grâce certaine sur la chaise voisine.
"- Avec accessoire ? Pas de problème ...", déclara-t-il avec ironie.
"- Boulet."
"- Ouais je vais finir par le savoir ..."
Le brun marmonna quelques commentaires peu gratifiants à l'égard de Satoru, puis se rassit correctement lorsque le professeur fit son apparition, sa serviette à la main et une mine tout à fait réjouie propre à un enseignant digne de ce nom.
Tandis que les autres élèves sortaient consciencieusement leurs affaires en vue de travailler -ou de faire semblant pour certains- le capitaine de l'équipe d'Hayamazaki se prit à loucher de manière presque inconsciente sur son coéquipier à la mine renfrognée. Il avait une sale envie de baiser, sur place et dans l'instant ... ça le démangeait sec !
Enfin, il ne pensait pas vraiment à se faire le défenseur, juste un petit peu quoi ...
Il se corrigea mentalement; Pas touche à son pote !
Jamais, avec lui, il ne se permettrait d'aller plus loin qu'une simple allusion ou un geste de fraternité aigue, Takumi lui faisait confiance sur ce point -du moins l'espérait-il-. Mais cela n'empêchait absolument pas le fait qu'il soit ce que l'on appelle couramment une bombe sexuelle attisant beaucoup d'envies et pas forcément des plus recommandables.
Ce dernier sembla se rendre compte du regard insistant du blond -sans pour autant saisir le fond de sa pensée- et remua nerveusement sur son siège, avant de couler un regard agacé à son intention. Il chuchota:
"- Quoi ? Qu'est-ce que t'as encore ?"
"- ... on touche avec les yeux , il le fixa mortellement sérieux, ... faut que je baise."
"- ... Ta charmante virée de cette nuit t'a pas suffit ... ?"
Leur petite conversation fût interrompue par l'annonce de la leçon du jour, et Takumi se pencha sur son bloc pour noter le titre et accessoirement le plan et les références dans le livre; il n'aurait plus qu'à aller y récupérer les notes si jamais il venait à décrocher, chose qui risquait d'arriver sans attendre. De son côté, Satoru fit de même, quoiqu'avec un poil moins de conviction. Il attendit patiemment que le brun relève la tête pour lui parler à nouveau.
"- ... On a rien fait ..."
"- ... Hein ?"
"- Le chanteur ... me le suis pas tapé !"
Naruse haussa un sourcil, surprit, puis il ricana.
"- T'as eu une panne ?"
"- Même pas ... enfin, un froid disons ..."
"- Mon pauvre, t'as vraiment toutes les tares."
"- C'est ça, marre toi ... en attendant j'suis sûr que t'es toujours puceau !"
"- ..., il se rembrunit, ...'vois pas le rapport."
Oups, sujet délicat ! Takaiwa se baffa intérieurement; Dieu qu'il était con !
Evidemment que son ami n'avait encore jamais eut de relations. Il avait beau s'en répéter sans cesse la raison, il finissait toujours par l'oublier dans les cinq minutes suivantes et sortait avec une aisance innée gaffe sur gaffe, ... en espérant que celle-ci n'ait pas eu trop d'impact. Il poursuivit, légèrement hésitant:
"- On oublie ... je disais quoi moi ? Ah oui ! ... Quand le lieu de nos ébats s'est soudainement transformé en banquise ..."
"- Je suppose que tu as poussé le mimétisme jusqu'à muter en manchot.",proposa le brun d'une voix morne, faisant style de s'intéresser aux propos de son voisin -et enregistrant tout de même les données dans sa mémoire-.
"- Un truc du genre, ouais."
Takumi se replongea dans les carreaux de sa feuille, agitant son crayon de la main droite tandis que la gauche soutenait avec difficulté sa tête à la verticalité déclinante, et se mit à contempler avec application les lignes géométriquement parfaites du papier. Il en avait presque le tournis.
Le reste du cours se passa ainsi, chacun des deux basketteurs aussi silencieux et plongé dans ses pensées que s'il venait d'avoir lieu une catastrophe naturelle -ou non- provoquant des morts et des blessés par centaines dans un de ces pays du moyen-orient.
La sonnerie retentit, les tirant soudain de leur torpeur. Le capitaine remballa rapidement le peu d'affaires qu'il avait sorties.
"- On a quoi maintenant ?"
"- Philo."
"- On est sur l'inconscient ?"
Un hochement de tête du brun suffit à Satoru pour comprendre -ou extrapoler- la réponse. Le cour sur Freud et sa théorie fumeuse du "ça" du "moi" et du "surmoi" était, jusque-là, le seul à avoir su capter l'attention et la participation active -quoique pas toujours nécessaire ni pertinente- de Takaiwa, au grand étonnement de tous les professeurs de l'établissement qui se demandaient à juste titre où était le piège.
Les élèves changèrent rapidement de salle et reposèrent lourdement leur postérieur sur les chaises prévues à cet effet, le tout dans un joyeux bordel communicatif. Naruse s'installa tranquillement au deuxième rang, tentant d'ignorer les appels de son capitaine l'enjoignant à le rejoindre au fond de la classe, se contentant de regarder ce dernier se rabattre sur la compagnie de Minowa qui accepta avec réticence.A coup sûr, le châtain se posait à côté de Satoru dans l'unique but de rendre jaloux Takumi ... ou quelque chose comme ça ...
Au dernier rang, le blond déballa avec entrain à la fois, son cahier, et sa petite vie à son voisin qui se préparait mentalement à subir ses papotages incessants et insipides pendant toute la durée du cours. A son grand étonnement, une fois son matériel sorti, Takaiwa nota la date sur la page, à la suite d'une leçon qui semblait être entièrement copiée, et observa un silence quasi religieux tandis qu'il recopiait à une vitesse ahurissante tous les propos du professeur.
"- Takaiwa ... t'es malade ? ... t'as pas de fièvre au moins ?"
"- Tais-toi ! ... tu me déconcentres."
"- Euh ... tu peux me la refaire là ?"
"- ... paaas maître ... dans ... sa propre maison ..."
Un petit bout de langue fit son apparition entre ses lèvres pincées de concentration, il attrapa un fluo dans sa trousse pour repasser la dernière citation et se tourna vers Tetsuro, à la fois concerné et moqueur:
"- Tiens au fait, c'est sympa ton maquillage ... qu'est-ce qu'il t'es arrivé ... t'es tombé de ton pieux ce matin ?"
"- Quel humour, grogna-t-il d'une voix plate, ... vraiment ..."
"- ça répond pas à ma question."
Quelques minutes s'écoulèrent pendant lesquelles le blond continua de copier le cours avec une application peu naturelle chez lui, alors que l'attaquant essayait de mettre à profit ce laps de temps pour élaborer une réponse correcte, qui ne susciterait ni suspicion, ni relance douteuse, voire gênante de la part de son -peu délicat- voisin de table.
"- En fait ..."
"- En fait ... ?"
"- ... 'Cuppe toi de ton cul, c'est pas ton problème !"
Là, voilà, quelle magnifique réponse, tout à fait digne de lui ... Son coéquipier avait cessé d'écrire et le fixait d'un air inquisiteur, presque vicieux de curiosité mal placée. Il sourit, dévoilant un impressionnant râtelier sous des lèvres habituellement boudeuses. Minowa se sentit soudainement fort mal à l'aise et détourna les yeux pour les reporter sur sa feuille désespérément vierge de toute écriture, sur laquelle il était donc impossible de faire style de se concentrer.
"- Tetsuuuuuu .... raconte ! Allez, raconte, raconte !"
"- Concierge !"
"- Fais pas ta pute, moi aussi j'veux m'amuser !"
"- Y a rien de drôle."
"- Ah-aaah !! Premier indice ..."
"- Copie le cours, t'as déjà loupé la moitié de la phrase !"
"- C'est pas grave, le prof se répète tout le temps ... au besoin je repompe sur l'amour de ma vie !"
"- ... Qui ?"
"- Naruse."
A l'énoncé de ce nom, Minowa se raidit imperceptiblement, et seul l'oeil scrutateur du blond, parfaitement entrainé à ce genre de situation, fut en mesure de repérer le changement.
"- ... Quoi ... me dis pas que ... qu'il t'as foutu une raclée ?"
"- Ferme-la !"
"- Tu lui as fait quoi ? ... Des avances ?"
"- ... T'es vraiment con quand tu t'y mets."
"- Bon, répond moi, t'es lourd ..."
"- C'est toi qu'es lourd, lâche moi !"
"- Nan ... pas tant que je n'aurais pas eu un résumé détaillé du pourquoi du comment de ta splendide face à la Frankenstein ... et au besoin je peux aussi aller me renseigner du côté obscur de la force !"
Il accompagna ses paroles d'un mouvement du menton en direction du brun devant eux, une lueur malicieuse et satisfaite de lui dans les yeux.
Ce fut finalement la sonnerie qui tira Tetsuro de l'interrogatoire mené de main de maître par son capitaine, et clos par la même occasion la deuxième heure de cours de la matinée. Minowa se barra consciencieusement et surtout stratégiquement de la salle, son sac sous le bras, évitant par là la suite des questions pour le moins dérangeantes auxquelles il avait dû faire face durant la moitié du cours de philosophie freudienne.
Après s'être rendu compte de la fuite du châtain, Takaiwa constata avec désemparement que son coéquipier au regard de tueur ne l'avait lui non plus pas attendu pour déguerpir, ce qui acheva de le rendre d'humeur encore plus salement morose. Décidément, tout le monde s'était donné le mot pour le lâcher.
"- Je dois vraiment être un boulet en fait ...", marmonna-t-il pour lui-même tout en sortant bon dernier de la pièce.
"- Je te le fais pas dire."
Satoru leva la tête et laissa un sourire lui faire quatre fois le tour du visage en apercevant l'auteur de cette aimable affirmation.
"- Naruse ! Tu m'as attendu !"
"- Non non, je fais du tricot en admirant la vue ... que tu me bouches par ailleurs."
"- C'est malin. Bon ... je t'offre un chocolat ?"
"- C'est si gentiment proposé ..., il suivit son équipier, se mettant à sa hauteur, ... qu'est-ce que tu branlais dans la classe, c'est la première fois que je te vois faire des heures sup' ?"
"- Je méditais."
"- Ben voyons."
Comme si les passages à blanc étaient devenus leur marque de fabrique, il descendirent en silence l'escalier menant à la cafétéria, trouvèrent deux places libres pas loin du distributeur et les squattèrent allègrement, les pieds étalés sur la table basse au milieu. Le blond sortit de sa poche une petite poignée de monnaie et fit ses comptes sous l'oeil attentif de son camarade.
"- Choco, donc ..."
"- Muui ..."
"- C'est tipar !"
Le bruit caractéristique de la machine se fit entendre, et bientôt, l'arôme délicieusement sucrée du cacao vint chatouiller les narines du brun sur son fauteuil. Il attrapa le gobelet des mains de Satoru, frôlant sans y prêter attention la chaleur de ses doigts, et trempa ses lèvres dans le liquide pour les retirer aussitôt dans un mouvement de recul.
"- Merde, c'est chaud !"
"- Oui pourquoi, tu t'attendais à du chocolat froid ?"
"- J'me marre ..., il déposa le verre en plastique sur la table et reprit, ... alors, raconte moi cette histoire de blizzard arctique hier soir."
"- Ah aah ! ça t'intéresse !?"
"- Pas du tout, j'entretiens juste la conversation."
"- Mais bien sûr ... enfin, j'en étais ou ? ah ouais, la pseudo panne que en fait c'était même pas une panne ..."
"- Alors les tarlouzes, vous vous racontez vos exploits nocturnes ?! Coquines, faites en profiter les autres !"
Accompagnant l'énonciation de cette phrase à la délicatesse et la distinction extrême, Minowa dans toute sa gloire fit son apparition devant ses deux coéquipiers, bien campé sur ses deux pattes arrières, un sourire suffisant plaqué sur sa face. Il mata successivement les gobelets fumants posé sur la desserte en contreplaqué, Takaiwa qui affichait une mine à la fois contrite et absolument ravie, Naruse qui venait de repasser en mode porte-de-prison, puis une nouvelle fois les gobelets, Naruse, les gobelets, les poches de Naruse, les gobelets, le distributeur, les gobelets pour finalement s'arrêter sur Naruse.
"- Hey ! Tu m'en payes un aussi !"
"- Pourquoi aussi ?", grinça le brun.
"- Nan, laisse tomber ... me doutais bien que le repas d'hier était un miracle."
"- Pourquoi aussi ?"
"- Parce que t'en as offert un à Takaiwa !"
"- Je ne lui ai rien offert."
"- T'es jaloux ?", insinua le blond, plus pour la forme que par réelle conviction.
"- M'embrouille pas, il a jamais de thune sur lui !", continua Tetsuro sans tenir compte de l'intervention de son capitaine.
"- Euh, je suis là ... pas obligé de parler de moi à la troisième personne !"
Peine perdue, Satoru semblait être passé en fond d'écran, en arrière plan sur la conversation.
"- C'est avec ce genre d'idées toutes faites qu'on passe pour un crétin fini, tu sais."
Takumi se saisit de son verre et avala une gorgée de son contenu, tout en fixant le châtain en rogne.
"- Ah et ..., il se tourna vers le blond qui boudait consciencieusement, ... merci pour le chocolat Takaiwa !"
Le capitaine lui dédia un magnifique sourire avant de se reporter sur Minowa.
"- Toi, j'ai pas fini de te cuisiner tout à l'heure !"
"- Merde ... de quoi tu parles ?"
"- Hé hé ... Naruse ! C'est toi qui l'as défiguré ?"
Le brun leva le nez de sa boisson juste pour observer la blessure pour le moins inesthétique de l'attaquant, avant de se replonger dans la contemplation des ronds marrons laissés sur le plastique du récipient par le liquide refroidissant.
"- Non.", souffla-t-il.
"- Fuck ! Mauvaise piste ... bon, je reprend l'enquête à zéro."
"- Fous lui la paix."
"- Quoi ?"
"- Laisse-le, il soupira bruyamment, ... il n'en vaut pas la peine, il a dû se vautrer en faisant le con, pour changer ..."
"- Va te faire foutre enfoiré !"
Rapidement, Satoru se leva pour rejoindre le brun sur l'accoudoir de son fauteuil, passant un bras autour de ses épaules.
"- Je m'occupe de lui Minowa ..., il eut un regard lourd d'insistance, ... tu peux partir maintenant ..."
###
"- Takaiwa ... ça voulait dire quoi, je m'occupe de lui ?"
"- Hum ... je prends les choses en mains !"
"- Te fous pas de moi."
Le blond passa la tête par la porte de la salle de bain pour observer son ami. Il était allongé sur son lit, sur le ventre, feuilletant distraitement une de ses revues sur le basket en milieu professionnel. Presque lascif, il se laissa rouler sur le côté, puis sur le dos, se protégeant les yeux de la lumière du plafonnier en passant un bras au dessus de son visage. Satoru profita un moment du spectacle du défenseur en tenue de nuit -à savoir un caleçon et un tee-shirt long- se prélassant de manière extrêmement suggestive sur son pieux, avant d'envisager de tenter de répondre à ce qu'il lui disait.
"- C'était juste pour le faire partir ... ça m'aurait ennuyé que ça dégénère en baston."
"- ... Pour lui ... ou pour moi ?"
"- Pour le principe."
"- ..."
"- Pour toi ... surtout."
"- Hum ... t'as d'autres magazines ?"
"- Sûrement ... quelque part ... sous la table de nuit je crois !"
Naruse pencha la tête en arrière pour tenter de localiser le meuble, exhibant sa gorge d'albâtre, en parfait contraste avec le vêtement noir prêté par le blond. D'un mouvement de hanche, il se retrouva le nez par terre, à la recherche de sa lecture, tandis que le reste de son corps était resté sur le matelas, bien en vue pour quiconque passerait dans le coin.
Et ce fut Takaiwa mère -venue pour donner les consignes avant d'éteindre- qui s'offrit avec un scepticisme compréhensible le spectacle du brun dans une position défiant les lois de la physique. Elle toussota avec gêne pour signifier sa présence et rigola doucement lorsque Takumi se releva d'un coup, une pile de journaux dans les bras, le coeur battant à tout rompre; manifestement, elle lui avait fait peur.
A son tour Satoru mit un pied en dehors de la pièce attenante servant de salle d'eau, pour se diriger -pas plus vêtu que son équipier- vers la porte de sa chambre.
"- B'nuit maman, t'inquiète pas on fera pas de bruit !"
Takumi haussa un sourcil perplexe à l'allusion avant de se laisser aller contre l'oreiller derrière lui.
"- N'éteignez pas trop tard non plus !"
"- Maaais ouuiiii !"
Une fois sa mère mise à la porte, il s'affala mollement sur le lit, juste à côté du brun. Ce dernier le fixait d'un drôle d'air absolument pas rassurant.
"- Quoi ?"
"- ... Rien ..."
"- ..."
"- ..."
"- Et toi, quand est-ce que tu me présentes à tes parents ?"
"- Dit comme ça on a l'impression que tu vas me demander en mariage.", plaisanta le défenseur.
"- Pourquoi pas ..."
"- ..."
"- Sérieux."
"- J'sais pas, il se mit debout et marcha jusqu'à la salle de bain, ... pendant les prochaines vacances peut-être."
"- mouais ... hey, Naruse !"
"- Hum ?"
"- La prochaine fois, je prends ma douche en premier ... tu m'as pas laissé une seule goutte d'eau chaude ..."
Ce qui se rapprochait le plus d'un grand sourire éclatant chez Takumi, lui traversa le visage, il haussa les épaules, absolument pas repentant et dû s'enfermer precipitemment dans la pièce pour éviter le coussin que lui lançait un Satoru rageur et hilare à la fois.
L'objet moelleux émit un bruit mat contre la porte et glissa en silence sur la moquette bleu-roi.
à suivre ...
[mars/avril 2004]
