AuteuseHowan
Base: I'll
Titre: Je te tiens
Chapitre: 06
Genre: je ferai mieux de finir mes autres fic avant d'en commencer d'autres. Rien de spécial ... si ce n'est idée tordue
Rating: beuh ... Toujours dans la continuité du reste ...
Pairing gniarf gniarf ... un beau couple inédit ... je dis ? Je dis pas ? ... allez je dis pas
Disclaimer gribouille des trucs pas nets sur un papier ...donc, si je me marie avec Asada, et en calculant bien mon coup, avec partage des biens et tout et tout, je peux m'arranger pour choper deux trois bishis pour mon usage personnel ... oué oué oué se replonge dans ses délires
Notes: un grand merci à Zif, ma béta/ex-sempai-bis/sensei/collègue-hayamazakiste pour ses corrections autant du point de vue orthographique que grammatical et contenu/incohérences ... parce qu'elle a du mérite, mes brouillons et premières versions ont vraiment de quoi se suicider ...
Et sinon ... çç chu à la bourre sur mon plan ... ça veut dire qu'il y aura plus de chapitres que prévu !


Isil : ui, pôv' Tak, maintenant c'est au tour de BIIIIIIIP s'auto-censure méheu !! Bonne lecture !


06

Lorsque Tetsuro entra sans frapper -comme à son habitude- dans ce que Saki appelait souvent affectueusement sa "cage à merde", ce fût pour y trouver son propriétaire nonchalamment vautré au creux d'un de ces fauteuils datant de Mathusalem et assurément bon pour la casse.
Le châtain referma la porte de la baraque d'un grand coup de latte et s'avança prudemment jusque dans la pièce principale où il salua le guitariste d'un hochement de tête forcé.
Le brun lui rendit sa politesse d'un mouvement aussi vague tout en tirant tranquillement sur son pet' plus qu'à moitié consommé et invita son aîné à s'asseoir là où il aurait la possibilité de trouver de la place, et on ne pouvait pas dire que ce soit gagné d'avance.
Finalement le basketteur réussit à se dégotter un espace sur le lit entre le tas de cds, de fringues et la couette complètement défoncée. Il fixa le brun, méfiant.
Il n'aimait pas trop se bouger en milieu de semaine, et surtout à des heures aussi tardives, ça ne laissait jamais rien présager de bon pour lui.

"- Alors ?", fit le plus vieux des deux adolescents sur un ton proche de l'agressivité, tandis que l'autre lorgnait de façon peu discrète sur son magnifique et -heureusement- éphémère tatouage facial.

"- Alors quoi ?"

"- Tu fais chier ... tu m'as demandé de venir ... t'as vu l'heure ? Je veux savoir pourquoi !"

Le guitariste manifestement peu intéressé par les paroles de l'autre se pencha au dessus de son dossier de fauteuil pour aller farfouiller dans un tas d'objets indéfinissables à ses pieds.
La carcasse molletonnée émit un couinement de protestation lorsque le poids se répartit de façon inégale sur ses côtés mais le brun dû s'en satisfaire, à défaut d'autre chose.
Minowa prit son mal en patience ; il savait pertinemment que s'énerver contre Saki ne servirait à rien d'autre qu'à épuiser inutilement sa salive et son énergie. La meilleure solution était encore celle d'entrer dans son jeu.
Alors lentement, il se leva et rejoignit Asakura sur sa pseudo banquette, s'asseyant tout de même à distance respectueuse.
Le brun avait toujours le nez et les mains fourrés dans la chose dont lui seul connaissait la nature, et Tetsuro en profita pour attraper délicatement la roulée de ses lèvres entrouvertes et la porter jusqu'à sa bouche.

"- Rend moi ça Tetsu, grogna le musicien, ... c'est pas bon pour c'que t'as !"

Le châtain expira ostensiblement la fumée :

"- Et qu'est-ce que j'ai ?"

Ayant finalement trouvé ce qu'il semblait rechercher, il se releva et arracha le pétard des doigts du lycéen :

"- Une vie pas trop mal que t'as pas encore gâchée par un trop plein de conneries ..., il écrasa le pet' sur le dossier du fauteuil après en avoir tiré une dernière bouffée, ... et accessoirement des cours dans quelques heures ... plus un petit extra ..."

"- ... Un extra ... ben voyons, voilà sûrement la raison de ma présence ! ... Et sinon, c'est pas un peu de shit qui me fera tomber aussi bas que toi."

Saki ricana acidement et agita son fameux paquet sous le nez retroussé du basketteur, un demi-sourire significatif jouant sur ses lèvres.

"- Tu prends ?"

"- J'ai le choix ?"

"- A ton avis ..."

Tout en assassinant le guitariste du regard, Minowa lui arracha l'emballage des mains et le rangea rapidement dans la doublure de son blouson. Il était coincé, ou du moins, il se complaisait dans cette situation.
Au fond de lui, il savait pertinemment qu'Asakura ne le retiendrait pas. Les preuves pour le faire tomber étaient insuffisantes -voire nulles- et pour les valider le brun aurait à se compromettre lui-même ... et il y avait autre chose d'un peu moins définissable.
Entre eux restait donc seulement, une sorte de marché tacite plus qu'un chantage, une haine cordiale plus qu'une relation à sens unique. Mais pour combien de temps encore ...

"- Tetsu ... ?"

"- Quoi ?", aboya le châtain.

"- Pourquoi tu restes ? ..."


Satoru laissa échapper un bâillement peu sonore, planqué derrière son bouquin de maths, et en profita pour jeter un coup d'oeil vers le brun à sa gauche. Il n'avait pas l'air en meilleur forme que lui, mais en tenant compte de leur nuit agitée, cela se comprenait tout à fait. Finalement, à force de persuasion, il avait réussi à ramener Takumi sous la couette, mais à distance respectueuse ; ni trop près pour qu'il se sente agressé, ni trop loin pour lui donner une impression de dégoût, de mise en quarantaine.
Le blond avait déjà eu à faire à ce genre de crise, et il commençait à connaître la procédure pour calmer son ami. Pourtant à chaque fois, il souffrait autant -mais pas de la même manière- que Naruse, mais ne disait rien. Il lui parlait sans jamais réellement parvenir à le guérir de sa phobie, trouvant juste un apaisement momentané pour le brun.
Son regard dériva un peu dans la classe, s'arrêtant sur quelques têtes en particuliers, des personnes qu'il savait hésitantes, mal dans leur peau ... chacun ayant ses propres problèmes, et aucune envie de s'encombrer de ceux des autres ...
Puis il stoppa sur une place vide. Minowa n'était pas là.
Takaiwa ne s'inquiéta guère de cette absence ; même si cela n'arrivait pas non plus tout les quatre matins, le châtain ne se gênait pas pour sécher quelquefois les cours et rester tranquillement à pioncer chez lui.
Ayant terminé sa petite inspection matinale, il se concentra de nouveau sur l'exercice, puis abandonna au bout de quelques intenses secondes de réflexion, ses neurones nageant définitivement dans le pâté. Pendant quelques minutes, il resta les yeux dans le vague, et le cerveau dans le même état. Puis il repensa à Saki, ce qui l'acheva complètement d'un double et inévitable coup de barre.
Deux jours après sa rencontre, et sa tentative avortée d'accouplement en plein air avec le chanteur, il pensait encore à ce dernier, et ce, de manière extrêmement suggestive. Et le fait de n'avoir rien pu faire avec lui l'avait frustré au plus haut point.
D'accord, c'était en partie -entièrement- de sa faute, mais pas seulement ; l'environnement hostile y était aussi pour quelque chose.
Toujours est-il que -quelques soient les raisons- le fier capitaine d'Hayamazaki se retrouvait, au bout de trois jours d'abstinence forcée, à se chercher diverses excuses expliquant son manque d'adaptation sur le terrain, et, accessoirement, à l'affût d'un ou une partenaire pour pallier à son besoin presque maladif de baiser.
La sonnerie daigna enfin cracher son assourdissant venin, et Satoru referma mécaniquement son livre, plongé dans des pensées peu avouables. Son bras se transforma en racloir le temps de ramasser toutes ses maigres affaires dans son sac, puis il rejoignit Takumi qui l'attendait -tout en faisant style de ne pas l'attendre mais de renouer son lacet- dans le couloir.

"- T'as encore rien écouté du cours ...", commença le brun sur le ton de la constatation.

"- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

"- ... A moins que les maths t'excitent tant que ça."

Prit d'un doute, le blond baissa lentement les yeux et haussa presque simultanément un sourcil. Il arborait joyeusement une trique monstrueuse, faisant se tendre le tissu fin de son pantalon d'uniforme. Il ne s'en était même pas rendu compte ... c'était possible ça ?
Apparemment oui, puisque cela lui arrivait présentement.
Profitant du fait que sa chemise soit longue, et les couloirs presque vides, Takaiwa se colla entre le mur et son coéquipier, et se fit presque discret jusqu'à ce que son petit problème n'en soit plus un. Heureusement pour lui, cela ne fût que passager, et il put, dès le cours suivant, se pavaner comme à son habitude devant les demoiselles de la classe, sous le regard amusé de Naruse.
Il constata par la même occasion le grand retour de son anarchiste favori dans les rangs, et lui fit un signe de main avant de s'asseoir sagement pour tenter de suivre la seule matière où il arrivait à dépasser le cap de la feuille recto verso en notes.


Un bout de langue coincé entre les lèvres, les yeux plissés en une fausse concentration, Satoru tentait de deviner le menu proposé au self rien qu'à l'odeur ; et cela s'avérait des plus ardus.

"- Je sens ... je sens ..., le blond ouvrit brusquement les yeux, ... rien du tout en fait, si ce n'est une vague odeur de décomposé ..."

"- Tu devrais te remettre au bentô ... ça t'éviterait de dire des conneries !"

"- Voyons Taku, tu as pu tester la cuisine de ma mère ... le self à côté, c'est un resto quatre étoiles !"

"- Rien ne t'empêche de le faire toi-même."

"- Et m'auto-empoisonner ? Jamais !"

Naruse se tapa virtuellement la tête contre un mur, puis finit par se résigner. Après tout, il ne savait même pas pourquoi il persistait à essayer de converser sérieusement avec son capitaine.
Mais quand il repensait à la nuit qu'ils venaient de passer ensemble chez le blond, il trouvait finalement tous les arguments qui le rendaient si attaché à lui. Ce n'était jamais qu'une connerie superficielle, une couche de verni que l'on peut gratter, qui habillait Satoru en public.
Dans l'intimité des deux joueurs -ou du moins ce qui s'en rapprochait- cet emballage factice disparaissait au profit d'une relation presque normale, entièrement basée sur la confiance mutuelle.
Qui irait s'imaginer que Takaiwa, bête de sexe et monstre de connerie, était en réalité un ami fidèle et sincère ... même le brun aurait eu du mal à y croire s'il n'avait pas été aussi proche de lui.
Laissant le blond faire la queue avec son plateau, il s'avança entre les rangs et s'installa tranquillement à une table libre avant de sortir son casse-croûte. Satoru finit par le rejoindre au bout de quelques minutes de gruge intensive et il entamèrent leur repas dans un silence tout relatif.
Puis le capitaine s'exprima aussi bruyamment que soudainement :

"- Hey ! Minowa !! Y reste de la place ici."

Takumi s'enfonça imperceptiblement dans les restes de son repas tandis que le châtain venait s'installer dans sa diagonale, à côté du blond.

"- Bah alors, tu foutais quoi ce matin pendant les maths ? Remarque t'as rien loupé ..."

"- Panne de réveil ... ou quelque chose comme ça ...", grogna l'attaquant.

"- J'aurais bien fait la même chose, mais j'avais un invité de marque cette nuit !"

Il accompagna ses paroles d'un regard en direction du brun et Tetsuro ricana en constatant la tronche de trois pieds de long que tirait ledit invité.

"- Oh, reprit le châtain avec une mine affectée, la nuit a due être agitée dans ce cas."

"- 'Crois pas si bien dire ...", grommela Takumi, le nez dans son col.


"- Naruse ... t'es sûr que tu veux pas venir avec nous ?"

"- Voyons, pour rien au monde je ne voudrais rater ça ... sauf que là, j'ai autre chose à faire !"

Le brun adressa un sourire canaille à son capitaine avant de faire demi-tour sur le trottoir, ne prenant même pas la peine de regarder verso Le châtain -pas gêné le moins du monde par cette marque d'affection- eut un soupir satisfait, voire ravi, et se retourna vers le blond à côté de lui.

"- Alors ... on a dit un bar ?"

"- Tout juste !"

Pour une fois -mercredi oblige- les cours finissaient plus tôt, laissant aux jeunes l'occasion de sortir et de se dégourdir les pattes autrement qu'en pleine nuit.
Les deux basketteurs se mirent donc à l'affût d'un établissement susceptible de les recevoir, et si possible sans leur taxer leur maigre argent de poche si durement extorqué à leurs parents. Après une petite dizaine de minutes à tourner en rond et à saluer les admiratrices qu'ils croisaient sur les trottoirs, ils se dégotèrent enfin un minuscule café coincé entre deux pans de mur grisâtres, et poussèrent la porte pour aller s'installer tout au fond, là où il restait encore de la place.
Le blond s'affala gracieusement sur sa banquette et fixa son coéquipier d'un drôle d'air.

"- Quoi ?", aboya Minowa.

"- En fait, commença Satoru, ça m'arrange que Naruse n'ai pas pu venir ..."

"- Ah bon ... il te plait plus ?"

"- Mais t'es con ..."

Ils stoppèrent leur début de conversation lorsqu'un des garçons de café s'approcha pour prendre leur commande, se tournant vers ce dernier. Takaiwa afficha son fameux sourire colgate en constatant le niveau de baisabilité correct du jeune homme, et lui annonça son choix d'une voix basse à laquelle l'autre ne parût pas insensible. De son côté, Tetsuro se contenta d'un bisyllabique "coca", le tout accompagné d'une fusillade oculaire.

"- T'as pas peur qu'il te foute de l'arsenic dans ton verre ? A ta place j'irais aussi le surveiller ...", railla le blond.

"- Nan, j'ai surtout peur qu'il me saute dessus ..."

"- Avec ta face, aucune chance !"

Les boissons arrivèrent enfin sur leur table, et ils reprirent le débat commencé un peu plus tôt.

"- Alors, pourquoi l'absence de Naruse a l'air de te faire plaisir ?"

"- Pas plaisir ... mais disons, que ... je voulais te parler ... sans qu'il soit là."

"- T'as pas confiance en lui ?, ricana la châtain tout en avalant une première gorgée de son soda, tu veux me parler de quoi ..."

Satoru prit son temps pour répondre, cherchant les mots qui lui permettraient de s'exprimer sans alerter l'attaquant. Il entama à son tour son verre, conscient du regard insistant posé sur lui.

"- Je voulais savoir ... si tu vas bien ..."

Minowa haussa un sourcil perplexe.

"- Plaît-il ?"

"- T'as pas de problème particulier en ce moment ?"

"- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?", fit Tetsuro, sur la défensive.

"- Je dit rien … je te pose une question mais … je sais pas trop, il fit une pause, ... au fait, tu le connais depuis longtemps Saki ?"

"- Tu l'appelles par son petit nom ?"

"- Répond-moi ..."

Minowa le toisa, complètement fermé à toute forme de dialogue sur ce sujet tabou. Merde, c'était pas ses affaires :

"- Je vois pas en quoi ça pourrait t'intéresser."

Le blond se tut.
Il observa longuement le basketteur. Depuis quelque temps, celui-ci était devenu de plus en plus agressif, et semblait se replier sur lui-même, un peu à la manière de Takumi. Takaiwa n'était pas à proprement parler inquiet ou soucieux pour le châtain, mais il ne pouvait s'empêcher de faire un certain rapprochement entre ses deux coéquipiers, ne serait-ce que par leur habitude de tout rejeter en bloc au moindre problème. Et des problèmes, Tetsuro en avait, son capitaine en était persuadé. Après, il estimait l'attaquant suffisamment responsable pour se démerder tout seul ou venir chercher de l'aide en cas de besoin. Il voulait simplement lui faire comprendre qu'il pouvait éventuellement être cette aide.

"- Sinon ...", reprit Satoru.

"- Hum ?"

"- A propos de Naruse ..."

"- Oh non, râla Minowa, me parle pas de lui, j'en ai rien à foutre !"

"- Tu dois juste savoir que t'es pas le seul à avoir des problèmes ..."

"- Je t'ai dit que tout allait bien !"

"- ... Ne le juge pas mal, c'est tout ce que je te demande."

Takaiwa finit son verre d'un trait et se leva pour aller payer sa conso, non sans jeter un dernier regard au châtain qui se demandait si c'était du lard ou du cochon.


"- Hey Asakura ! Il t'attend ... à ta place je traînerais pas !"

"- Ouais ouais, le brun fit un signe léger de la main et répliqua d'une voix morne, ... j'y cours ..."

Vu de l'extérieur, Saki était on ne peut plus calme et détendu ... de l'extérieur seulement, pour tout dire, il redoutait franchement de le revoir. Bon, avec un peu de chance, il n'était pas au courant de ses petites virées nocturnes, et le face à face se passerait tout en douceur.
Mouais ... on pouvait toujours espérer.
Cela faisait plus d'une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus, et cela n'avait absolument pas manqué au guitariste, on pouvait même parler de petites vacances. Arrivé devant le bâtiment où se terrait son cher et tendre, Asakura en poussa la lourde porte pour se retrouver presque nez à nez avec Hiro. Il laissa échapper un soupir exaspéré et grogna :

"- Qu'est-ce que tu fous là ?"

"- Au hasard, ironisa son aîné, je vis ici ?"

Les deux adolescents se jaugèrent du regard. Saki était persuadé que Hiro venait de cafter proprement tous ses agissements du moment, à commencer par sa dernière conquête en backstage. Ce type là, il s'en serait volontiers -et sans aucun remord- débarrassé d'un bon coup de lame dans la jugulaire.

"- Dégage, je dois voir Tatsuo !"

L'autre esquissa un rictus mauvais.

"- ... Il t'attend."

Sans autre forme de procédure, le brun passa devant Hiro -lui bourrant volontairement l'épaule- et s'avança jusqu'à la pièce suivante. Il ne l'aimait pas trop, elle était trop sombre, pas assez aérée à son goût. Il soupçonnait d'ailleurs son occupant de ne jamais ouvrir les fenêtres tellement l'odeur caractéristique du renfermé et de la pourriture y régnait. A côté, sa piaule était un vrai petit coin de paradis.
Une ombre prostrée attira son attention dans un coin, et il franchit le seuil, refermant la porte derrière lui. Seule une petite veilleuse au milieu de la pièce éclairait celle-ci d'une lueur faiblarde et vacillante, et Saki dû s'armer de patience et de précautions pour pouvoir avancer sans se bouffer les divers objets constituant le tapis de sol. Il arriva finalement au niveau de la silhouette et attendit qu'elle daigne se manifester, ce qui ne tarda pas.

"- Tu m'embrasses pas ?"

Le brun sourit intérieurement -un sourire amer et crispé. Il s'attendait à cette question, c'était presque un rituel entre eux, une sorte de signal qui l'autorisait –lui ordonnait– aussi à l'approcher, le toucher. Il avait bien tenté un jour de prendre les devants, mais avait été violement repoussé. Manifestement, il n'était bon qu'à obéir et non à prendre des initiatives.
Lentement, sans se presser, il se pencha sur Tatsuo, déposa ses lèvres sur les siennes, et le laissa glisser sa langue contre son palais et caresser sans complexes son intimité.
Sentant le baiser devenir plus insistant, Asakura prit appui d'une main sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel se trouvait son amant, puis se pencha au dessus de lui pour finalement se retrouver entièrement assis sur ses jambes musclées. Leur bassin se touchèrent et s'épousèrent presque parfaitement.
Alors qu'il venait de reposer sa tête contre son épaule dans une attitude approchant une ébauche de soumission, Saki sentit une main se faufiler sous sa chemise et tracer quelques arabesques aléatoires dans le bas de son dos, puis un peu plus bas encore.
Le guitariste enfouit un peu plus son nez contre la gorge palpitante de son aîné, laissant ses doigts glisser d'eux même –et sans accord préalable de sa part- le long du torse puissant. Ces derniers sillonnèrent quelques secondes sur les côtes, continuèrent leur parcours dans le creux de la taille pour finalement venir se réfugier bien au chaud dans la ceinture.
Ils n'en décollèrent plus.
Pendant un laps de temps relativement long, aucun des deux adolescents ne poussa plus loin l'exploration, chacun savourant à sa manière le contact de l'autre.
Mais Saki de son côté n'en menait pas large.
Ah, il était beau tiens, et fier aussi, lové dans les bras de celui qu'il haïssait par-dessus tout mais aimait le plus au monde.
Et on pouvait vraiment dire qu'il l'aimait étrangement.
Il le méprisait, le cocufiait dés qu'il en avait l'occasion –au besoin, il se créait lui-même ses occasions–médisait à tort et à travers sur son compte, mais il suffisait d'un seul regard, d'une seule parole de sa part pour qu'aussitôt il se jette dans la gueule du loup, sans même se poser de question.
Bien sûr, cela n'avait pas toujours été ainsi, à l'époque il était encore un petit animal réticent … pas encore dressé, pour reprendre ses propres mots.
Un baiser sur sa nuque le rappela soudain à la réalité, et Asakura sentit les mains de Tatsuo se remettre en action contre sa peau, l'échauffant à petit feu. Il laissa échapper un léger ronronnement de satisfaction qui fit sourire le brun sous lui.
Malgré le fait que son corps réagisse pleinement aux attouchements, Saki ne pouvait s'empêcher de regretter le si rare instant de tendresse qui venait d'avoir lieu entre eux.
Il se laissa néanmoins faire. Il fallait être honnête, il appréciait carrément leur petite joute corporelle.
Sans prévenir, Tatsuo le saisit sous les cuisses pour le soulever, et ils se retrouvèrent debout, face à face.
La bouche du plus âgé se balada avidement le long des courbes du chanteur, distribuant à l'envie baisers et morsures quasiment indolores, avant de revenir sur sa fonction première pour articuler en toute tranquillit :

"- J'ai … envie … de te … "

"- Baiser ? ", proposa Saki, faussement innocent.

L'aîné des deux garçons esquissa un rictus entendu.

"- Exactement."

"- T'étais pas obligé de préciser …"

Tatsuo préféra ignorer la dernière réplique du brun, autant que son geste d'exaspération, et il reprit là où il s'était arrêté. Les explications viendraient plus tard …

Asakura attrapa entre deux doigts la chemise de son amant, et la tira vers lui tout en jouant négligemment avec ses boutons. Ce silence de la part de l'autre l'étonnait assez. Il s'était vraiment attendu à ce que Tatsuo lui parle de son dernier concert, et de ce qui avait suivi, mais manifestement il n'en avait pas l'intention.
Peut-être Hiro avait-il su –pour une fois– tenir sa langue.

De son côté, Tatsuo ne se posait pas autant de question ; il agrippa doucement, mais fermement, les épaules de son cadet et le poussa résolument vers la pièce adjacente qui s'avérait être une chambre à coucher.

Les deux adolescents s'écroulèrent sur le lit à la propreté douteuse, faisant grincer les vieux ressorts du matelas. Arrivés à ce stade, les vêtements eurent vite fait de s'effacer pour laisser apparaître des parcelles de peau luisantes de sueur et tremblantes d'excitation.
Saki s'allongea mécaniquement sur le ventre, les yeux levés vers son aîné qui ne tarda pas à le rejoindre. Ce fût dans un long râle à demi contenu qu'il accueilli Tatsuo en lui, le laissant s'enfoncer au plus profond sans aucune précaution, ni protection. Et le chanteur aurait été bien mal avisé d'en réclamer, il le savait pertinemment.
Alors il ferma les yeux, et se contenta de ressentir le brun aller et venir en lui, de plus en plus brutalement. Il pouvait presque l'imaginer se déhancher sauvagement contre lui, ses ongles plantés dans ses cuisses fragiles, comme si les déchirer allait pouvoir lui procurer encore un peu plus de plaisir égoïste.
Une douleur sourde irradia soudain toute la partie inférieure de son corps, lui arrachant un petit cri étranglé.
Tatsuo ralentit un instant pour l'observer d'un œil torve.

"- C'est quoi cette larme ? ", grinça-t-il.

"- Tu m'fais mal ! "

"- Vraiment ? Tu vas voir ce que c'est de souffrir …"


à suivre ...

juin/aout 2004