Disclaimer :
Auteur, un brin laconique : Alors, voyons voir… À qui appartiennent Harry Potter et Cie ?
Public en délire : À Madame Rowliiiing !!!
Auteur, fière de son public : Bien ! Et combien gagne l'auteur, c'est à dire je, pour cette fiction ?
Public toujours en délire : Riiiiiiien !!!
Auteur, les pieds soudainement ramenés vers la terre : Ah oui, c'est vrai… Bon, et bien on va pouvoir faire quelque chose de vous, si les petits cochons ne vous mangent pas avant.
Public totalement hystérique : Ouiiiiiiiiiii !!!!!
Auteur, épuisée : C'est pas grave, laissez tomber.
Notes : Coucou ! Comme c'est bientôt Noël et que je m'en vais en vacances, je vous poste le chapitre 15, parce que j'en meurs d'envie. Revoici les jolies corrections de Zofia / Lachesis qui vous manquaient sans doute autant qu'à moi ;) J'aime pas trop beaucoup le début, mais j'ai pris énormément de plaisir à écrire la fin… Héhé, vous allez voir pourquoi :) Gros bisous, bonnes vacances, joyeux Noël et bonne année.
Chapitre 15
Doutes
Depuis ma visite au 93, chemin de Traverse, les jours s'écoulent à Birds' Castel de façon morne. La vie me semble d'un ennui sans fin, et chaque instant qui passe semble être un perpétuel déjà vu. Je devais le faire. Cette amitié aurait bien fini par nous tuer tous les trois, et il n'y a bien que les Gryffondor et les Poufsouffle pour croire que l'on peut mourir pour quelqu'un. Fred et Georges ont un côté Serpentard suffisamment développé pour le comprendre.
Une fois de plus, je passe inaperçue dans l'agitation et la frénésie qui parcourt la maisonnée. Les domestiques courent d'une chambre à une autre, cirant le parquet, allumant un feu, brossant les rideaux, époussetant les meubles, tout cela sous le regard perçant de Mère, qui dirige les opérations d'une main de maître, pour que les invités soient installés de manière irréprochable. La fête donnée en l'honneur de mon anniversaire et de celui de Drago en est la principale cause, évidemment, mais derrière ce prétexte se cachent cette fois des enjeux politiques des plus importants, car les Swendenbörg ne sont pas encore de notre côté. Si cette famille est extrêmement conservatrice et ne tolère guère, voir pas du tout les moldus, les Sang-de-Bourbre et les sang-mêlé, elle n'adhère pas encore à toutes les idées de Voldemort. Et voir Jef prendre la marque, en contrepartie de mon allégeance aux Comtés Enchantés de la Terre d'Islande ne les réjouit guère. Mais je suis la seule Régénératrice encore de ce monde, et je pense qu'ils se feraient couper la main plutôt que de me laisser partir, moi, mon parti et tout ce que je représente.
Dire que je suis anxieuse est un euphémisme. Je suis littéralement morte de trouille. Je vais revoir Jef pour la première fois depuis cinq ans, et le souvenir que j'ai de lui est plutôt flou.
Je me rappelle de lui comme d'un adolescent timide, plutôt mignon (mais pas autant que Drago ) et extrêmement poli. En fait, je n'ai jamais vu à quoi ressemble le vrai Jef Swendenbörg. Et lui ne sait pas comment je suis réellement.
La situation est très paradoxale : d'un côté, l'idée qu'il se fera de moi m'indiffère totalement, mais de l'autre, je veux l'impressionner, je veux qu'il me respecte, je veux qu'il me désire comme épouse. Et, pour ma part, je tiens absolument à lui plaire.
Autant dire que la tension est à son comble dans le château, surtout que Père est d'une humeur d'hippogriffe insulté. Il me regarde souvent avec exaspération, comme s'il semblait attendre quelque chose de moi. Il s'énerve pour un rien, et m'ordonne d'aller chercher mon balai pour voler. Il me regarde enchaîner figure sur figure avant de rentrer, les lèvres pincées et l'air furieux. Inutile de préciser que je ne comprends rien à son manège. Peut-être désire-t-il me voir entrer dans l'équipe nationale de Quidditch…
- Mademoiselle ?
Jeyne me regarde par l'entrebâillement de la porte de ses grands yeux d'ambre.
- Votre Mère vous demande dans le salon.
Encore pour contrôler la tenue que je porte, je suppose. J'ai déjà dû me changer deux fois depuis tout à l'heure, parce que ça n'était pas assez beau, parce que c'était trop riche, parce que c'était trop sombre, et parce qu'il fallait absolument critiquer. Je commence à en avoir ras le chapeau. Cette fois, j'en porte une verte avec un surcot blanc. Croisons les doigts. Grand Merlin, si mon sort vous préoccupe un minimum, faites que cette fois-ci soit la bonne.
- Mère ?
- Va te changer. Tu pourrais porter les couleurs des Swendenbörg, c'est la moindre des choses.
J'en ai maaaaaarre !
- Je n'ai pas de robe dans ces tons-là.
- Va te changer, Antigone. Je ne me répéterai pas.
Jeyne m'aide à me changer une fois de plus. Pfff… Jaune et violet, je ressemble à un perroquet. Ces habitants du Grand Nord sont vraiment bizarres.
Retour au salon.
- Cette robe est beaucoup trop colorée. Change.
MARRE !
- Ce sont leurs couleurs, Mère, et je n'en ai pas d'autre !
- Ah oui ? Alors je m'en charge moi-même.
Père, qui lisait tranquillement en face de la cheminée, s'est brusquement levé.
Et avant que je n'ai le temps de réagir, il pointe sa baguette sur moi en marmonnant une formule. Ma robe se met à pâlir, et les couleurs perdent leur vivacité, se décolorant plus ou moins selon les endroits. Inutile de préciser que la robe est immettable et que les tissus sont maintenant fichus.
Je le déteste ! JE LE DETESTE !
Puis, une fois de plus, je sens ma magie pure se manifester, sous forme de ma Perdrix.
- N'y songe même pas !
Et aussi brutalement qu'elle est apparue, ma magie regagne mon corps. Et ça fait mal. Très mal.
Père m'attrape par les cheveux et commence à me secouer comme un prunier.
- N'UTILISE-PLUS-JAMAIS-TA-MAGIE-CONTRE-MOI !
Et pour être sûr que le sens de la phrase ne m'a pas échappé, il me lance un peu de sa magie à lui. Je pousse un hurlement.
- Je te trouve bien insolente, ces derniers temps. Peut-être que tu voudrais que j'essaye les impardonnables contre toi ?
- N… Non, Père.
- Alors fais attention. Fais très attention, Antigone. Cesse tes tentatives puériles, inutiles et stupides de rébellion d'adolescente boutonneuse pré-pubère. Je pense que tu es capable de surmonter tes pulsions de gamine, de cesser de te prendre pour une adulte et de penser que tout t'est dû. Tu n'es qu'une stupide petite dinde. Est-ce clair ?
- Oui Père.
Il me rejette avec violence sur le tapis. Avec un bruit sourd pas vraiment rassurant, ma mâchoire heurte le pied de la table basse.
Des larmes de douleur et de rage perlent au coin de mes yeux, mais dans un mouvement de colère, je les chasse du plat de la main. Je me redresse brusquement, et la douleur me fait tourner la tête. Une goutte de sang tombe sur mes genoux. Je tâte prudemment ma bouche. Je retiens de justesse un cri de souffrance.
Viviane seule sait combien je le hais ! Je me relève et pars en courant vers ma chambre.
Au détour d'un couloir, je croise Billie qui se dirige d'un pas tranquille vers le salon.
- Fais attention, Antigone, tu vas mettre du sang sur le parquet, et il vient juste d'être ciré.
Oh que je la hais, avec son cynisme et son détestable flegme !
Qu'est-ce qu'une marraine ?
Qui est-elle pour moi ?
Et lui… Mon Père ?
Qu'est-ce qu'un Père ?
Merlin que je voudrais pouvoir dire "papa" à un tout autre homme que lui…
Maudite pureté ! Je la hais ! Et eux, je les hais tous. Je les déteste, je veux les tuer, je veux les voir tous crever comme des rats, je veux qu'ils pleurent, qu'ils me supplient de les épargner. Je les hais tellement…
Le ciel est blanc. Je pourrais en finir, avec ce monde injuste et cruel…
La fenêtre m'attire irrésistiblement. Le couloir est désert. Je frappe le carreau du plat de la main. Les éclats de verre me blessent. J'enjambe le mur.
Le vent froid de janvier fait claquer ma robe déchirée.
De toutes mes forces, j'appelle le vent. Et il me répond.
Oui, vraiment, aucun d'eux ne s'était trompé. Je possède l'air.
Alors, j'écarte les bras, et me jette dans le vide
Je n'ai pas peur, je ne crains rien.
Le sol se rapproche. Mais je ne risque rien. Le vent et moi, nous ne sommes plus qu'un. Il me viendra en aide.
Aide qui prend forme de mon balai, attiré vers moi, qui me sauve d'une mort certaine.
Je ris.
Une mort certaine… Le vent peut-il mourir ? Je suis le vent !
À cause de la vitesse, le sang qui coulait sur mon menton change de trajectoire et vient perturber ma vision. Mes yeux se mettent à pleurer, mon corps à trembler ; je vois mes mains changer lentement de couleur. Mais je suis bien.
Je ne fais plus qu'un avec l'air. Mon balai n'existe plus. Je cours dans le ciel, danse sur les nuages. Le monde est petit de là où je suis, je pourrais l'écraser d'un coup de talon. Cette pensée me fait rire, et mon rire devient un cri d'oiseau.
Soudain, le filet dans lequel mes cheveux étaient emprisonnés s'envole. Alors, il me semble que mes derniers résidus d'humanité partent avec lui.
Je saute, je vole, je plane, je plonge, je remonte, je domine.
Je crie.
Puis aussi soudainement que c'est arrivé, la conscience me revient. Le vent m'abandonne, je redeviens Antigone.
En bas, à la fenêtre, Jeyne m'attend avec une serviette.
Alors, lentement, mon balai perd de l'altitude, pour arriver finalement à sa hauteur.
Lentement, elle me prend par la main, et me conduit vers la salle de bain, où la baignoire, remplie d'eau fumante, m'attend. Elle m'enlève doucement mes vêtements un à un, comme si j'étais une délicate poupée de porcelaine. J'entre dans le bain brûlant.
Elle masse avec soin ma chevelure emmêlée, puis me laisse me prélasser pour trouver de quoi me vêtir.
Je m'abandonne à la chaleur de l'eau.
Le vent… Je souris.
Je possède le vent.
Je possède le vent.
JE POSSEDE LE VENT !
C'est tellement… Incroyable ! Et ça explique tellement de choses… Cette impression d'explosion quand je ressens quelque chose de trop fort, l'inconstance de mes décisions, ma vanité… Mon aveuglement comme ma violence. Le vent, évidement.
Jeyne revient, les bras chargés d'une simple robe blanche. Elle s'assied sur un tabouret de bois et commence un travail debroderie tout simplement époustouflant. Surtout pour une moldue. Quoi que son état de loup garou lui donne en plus la rapidité.
Lentement, le temps s'écoule. Et du creux de mon ventre, je sens l'angoisse naître.
Puis, Jeyne arrête enfin son aiguille. Elle va poser son ouvrage dans ma chambre, et revient pour me préparer à la soirée.
Alors que je lui tends la main pour qu'elle m'aide à sortir du bain, un cri de stupeur sort de la bouche la petite servante :
- Ma… Mademoiselle ?
Avec horreur, elle pointe l'intérieur de ma main avec son doigt. Je regarde ma paume, et je retiens à mon tour un hurlement.
Merlin, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Un… Dessin, un signe ou je ne sais quoi est apparue. On dirait une espèce de Rune, si j'en crois mes connaissances, mais rien que j'ai déjà vu avec le professeur Agrippine. Comment est-ce que ce truc est apparu, je ne sais pas, mais il faudra bien le faire disparaître.
J'enfile en vitesse une robe, et je dévale les escaliers à toute allure vers le grand salon.
- Antigone ! Qu'est-ce que c'est que cette…
- Père ! Il m'est arrivé quelque chose d'étrange !
Cela doit bien faire dix ans que je n'ai pas osé l'interrompre. Il semble tout surpris. Je lui présente ma main. Pendant un moment, personne ne dit mot. Puis Mère lâche un soupir de contentement.
- Enfin. Il était temps.
Je me redresse et les regarde, légèrement étonnée.
Mère arbore un immense sourire, et Père semble - chose incroyable - content de moi. Ils se regardent, et Mère éclate de rire. Pour de vrai. Je crois que j'aurai tout vu, ce soir.
Ils consentent enfin à m'expliquer ce qu'il se passe.
- Tu possèdes l'air et le vent, Antigone.
Hein ? C'est tout ?
- Oui, je réponds, interloquée. Je le sais.
Père, patiemment (Oui ! Patiemment !), me donne un peu plus d'explication.
- Ce symbole, en l'occurrence, la Rune Ancienne Vâyu, est la preuve que tu possèdes un des éléments terrestres ou un des éléments secondaires. Ici, il confirme que tu as le Vent, mais si tu avais eu la Terre, par exemple, la Rune Ancienne aurait été Talahm, et si tu avais possédé le Métal, ç'aurait été celle de Kin, et ainsi de suite. Comme tu le sais, Antigone, les gens ayant une Magie Pure ne courent pas l'Allée des Embrumes, et une minorité de ces gens-la seulement possède un élément. Le fait que tu possèdes le Vent te donne une valeur inestimable, et les Swendenbörg ne peuvent assurément plus rien nous refuser.
Ah.
D'accord.
Une simple valeur marchande. Evidemment.
Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça.
C'est comme si un seau d'eau glacée avait été renversé sur ma tête. Retourne sur Terre, Antigone, tu ne seras jamais rien d'autre à leurs yeux qu'un simple bon parti. La dernière fois qu'ils m'ont félicitée ou qu'ils ont paru fiers de moi, c'est parce que je portais bien le nouveau manteau des Birds.
Je leur souris, d'un sourire amer, mais qu'ils ne remarquent pas.
- Bien. Je monte me changer.
Un objet. Voilà ce que je suis devenue à leurs yeux, rien de plus. Une simple monnaie d'échange, un bon argument politique. Une source énorme de magie. Ça me donne envie de vomir.
J'enfile doucement la robe que Jeyne a su si bien arranger. Elle me va parfaitement, et est admirable en tout point. Puis je m'installe, pour que la fillette puisse me coiffer à son aise. Mèche par mèche, elle lisse ma sombre chevelure. Plus elle me coiffe, et plus je me sens apaisée. Sans doute parce que la petite me porte un tel amour qu'il en devient palpable. Bien la seule à m'aimer, en ce bas monde. Et avec la chance qui me caractérise, il a fallu que cette tonne d'amour lui tombe dessus. Un loup garou. Une fillette haute comme une citrouille, en plus. Cette planète est mal fichue.
- - - - -
Neuf heures trente. Les premières lumières des calèches Swendenbörg ne devraient pas tarder à apparaître. Le voyage de Reykjavik à ici est long et fatigant, malgré les portoloins, la poudre de Cheminette et autres moyens de transport à disposition, c'est pourquoi ils arrivent ce soir alors que la fête n'est que demain, et qu'ils passeront la nuit ici.
Bon sang de bonsoir ! Je suis complètement dépassée par les événements.
Je veux dire…
Ça fait des millénaires que je n'ai pas vu Jef ! Bon un peu moins, c'est vrai, mais je suis complètement perdue quant aux choses que je vais devoir lui raconter. Il y a quelques années, Père m'aurait fait répéter les trois malheureuses phrases que j'aurais eu à prononcer au cour du dîner. Alors que maintenant, je vais devoir me débrouiller seule.
Bon, relativisons, je ne suis plus une gamine, je devrais pouvoir me débrouiller dans une conversation entre adultes.
Mais la moindre erreur et… Couick ! Antigone est rayée de la carte. Quoi que je me sens bien de revenir sous forme de fantôme pour me venger.
Sans parler de ce tatouage magique de mes deux qui a envahi ma main. J'ai l'air malin, avec ce bidule sur la paluche. Je reconnais, cette rose des vents est belle. Même très belle. Juste un peu envahissante, quoi.
- ANTIGONE ! DESCENDS IMMEDIATEMENT !
Ooups !! Les calèches doivent être en vue.
J'attrape ma capeline et je descends à toute allure vers le salon.
Père, Mère et Hailie sont déjà sur le perron. Billie m'adresse un signe de tête exaspéré.
- Grouille-toi !
Toujours aimable. C'est la Lune en personne, cette fille. Il n'y a pas vingt minutes, elle me félicitait et m'admirait de posséder le Vent, et maintenant, elle s'adresse à moi comme si j'étais une simple servante, une femme de chambre telle que Jeyne. Quoi que non. Il est vrai qu'elle n'adresse même pas la parole à Jeyne.
Brrr… Il fait un froid à ne pas mettre un Véracrasse en terre. Mais il neige, et il n'y a rien de plus agréable que quelques flocons pendant les vacances de Noël.
Je me place aux côtés de Père. Celui-ci me jette un regard froid et renifle dédaigneusement.
J'aimerais savoir ce qui - une fois de plus - ne va pas.
De toute façon, rien ne va jamais. Le jour où il sera content, il n'aura qu'à m'envoyer un hibou. Vivement la fin de Poudlard ! Que je me tire de cette maison de din…
Par Carabosse, les voilà !
L'imposante calèche noire s'arrête devant le perron dans des grincements et des craquements sinistres. Les énormes chevaux roux s'ébrouent avec violence, provoquant des projections de vapeur presque surnaturelles dans l'air froid de janvier. Je suis sûre que même ceux du carrosse de Beauxbâtons n'étaient pas aussi gros. Mais bon. N'exagérons rien. Ce n'étaient tout de même pas de vulgaires poneys.
Un domestique en livrée jaune et violette descend d'un bond souple du véhicule, installe un marche pied et ouvre la porte en reculant. Quand une jambe surgit enfin de la cabine, le serviteur plonge dans une profonde révérence.
Petra Mariovna Swendenbörg, magnifique dans sa robe noire de deuil, d'une beauté et d'une grâce sans pareille, ayant l'énergie farouche de la Princesse Régente qu'elle est depuis la mort de son mari, sort la première.
Viennent ensuite Fraya et Asta, respectivement 19 et 13 ans, ses deux filles.
Puis Jef.
Je tourne la tête presque craintivement dans sa direction.
Waouh ! Ça, alors !
Par Merlin ! Qu'il est beau !
C'est pas possible ! Il a fusionné avec une Vélane ou quoi ?
Ferme la bouche, Antigone, ferme la bouche !
Je me souviens d'un garçon plutôt mignon et un peu gauche, mais je n'imaginais pas que mon futur époux serait en réalité un tel canon ! Bon, en même temps, notre dernière rencontre ne date pas d'hier, donc heureusement qu'il a changé. Mais à ce point !
C'est sans doute parce qu'il est le fils d'un Régénérateur qu'il est aussi beau. La Magie, plus elle est pure chez une personne, plus elle la rend belle. Un Régénérateur et sa descendance sont donc forcément magnifiques. Par conséquent, l'état de béatitude profond que Jef provoque chez moi est tout expliqué. Mais quand même… Un tel changement en cinq malheureuses petites années…
Holala…
Grand Belzébuth, envoyez-moi une beuglante la prochaine fois que vous me faites un cadeau pareil, parce que sinon, je vais mourir d'une crise cardiaque.
Hé ! Pourquoi il me fixe comme ça ? J'ai une feuille de laitue entre les dents ou quoi ?
Yaoutch !!
Billie vient de me flanquer un violent coup de coude dans les côtes. Je m'empresse d'esquisser une révérence.
Père, galamment, propose sa main à la Princesse Régente et la conduit vers le château.
Jef s'avance vers moi.
Kilébokilébokilébokilébokilébo…
- Antigone, me feriez-vous le plaisir… ?
- Avec joie.
Je pose ma main sur la sienne, et ensemble, nous gravissons les marches qui conduisent vers le château.
Est-ce sa main qui tremble ? Ou est-ce la mienne ? Sans doute les deux…
Nous nous rendons au salon, où les domestiques proposent un rafraîchissement aux Islandais. Père prend place dans un canapé de cuir noir, et Mère se place à ses côtés. Petra Swendenbörg s'installe en face de lui dans une vaste bergère, et Jef dans un fauteuil mitoyen à celui de sa mère. Je reste debout derrière Père, une main posée sur le dossier du canapé. Le début de la conversation est d'une banalité navrante ("Et comment vont vos relations avec le Consulomage du Danemark ?" "Vraiment Fraya ? Vous souhaitez travailler dans le commerce international ? Urien pourrait vous recommander à quelques relations, si vous le souhaitez." et autres propos du même genre). Mais, peu à peu, la discussion s'axe sur la politique. Je croise alors le regard insistant de Billie, qui m'indique d'un hochement imperceptible de la tête la direction des escaliers. Je bats des cils pour lui dire que j'ai compris, et me prépare à inviter Jef à sortir du salon.
- Jef ? Souhaiteriez-vous m'accompagner dans le jardin ? Je crois qu'il n'y a pas meilleure heure pour le contempler, de nuit.
- Oui, évidemment. Avec grand plaisir.
Nous nous rendons dans le hall, enfilons capes, bonnets, écharpes et gants en laines, en nous sortons.
L'air est froid. De gros flocons tombent avec lenteur, dissimulant la forêt de sombres chênes sous un épais manteau blanc.
Nous marchons au hasard des chemins du parc, et, dans un bruit sourd, la neige crisse sous nos pas. Peu à peu, les lumières du château disparaissent, et dans l'obscurité qui s'installe, nous ne sommes plus guidés que par les feux follets qui errent dans le bois.
Jef est le premier à interrompre le silence relatif qui s'est installé à notre sortie du salon.
- Vous avez changé, Antigone. Physiquement, je veux dire.
- Vraiment ?
- Oui. Evidemment, en cinq ans, les choses bougent, mais je vous avoue que j'ai eu le souffle coupé à votre vue. Vous êtes devenue une jeune femme magnifique.
- Vous me flattez, mais vous n'êtes pas mal vous non plus, loin de là.
- Je vous remercie. Je craignais beaucoup de venir ici. Après tout, nous ne sommes plus des enfants, et toutes ces discussions politiques, ces compromis, nous en comprenons la signification, aujourd'hui. Aussi, je vais être direct. Antigone, que pensez-vous de ce mariage ?
Direct, c'est le moins qu'on puisse dire ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il tourne aussi peu autour du pot, c'en est presque indécent. Je réfléchis deux longues secondes. Puis :
- Jef, avez-vous déjà été amoureux ?
Il semble décontenancé par ma question. Je le vois hésiter et sourire à un quelconque souvenir.
- Oui, une fois. J'avais treize ans, elle en avait douze. Elle s'appelait Solweig, ses cheveux étaient blonds comme des épis de blé, et ses yeux bleus comme la pervenche. Elle était adorable. Je l'ai aimée, tranquillement, pendant à peu près une semaine. Puis un jour, sans crier gare, elle a quitté la Confrérie. Je n'ai su qu'un mois plus tard, aux vacances de printemps, ce qu'il était advenu d'elle. Mes parents me réservèrent l'accueil que vous imaginez, et j'appris que par des moyens de pression plus ou moins avouables, la famille de mon aimée avait été obligée de quitter l'Islande. Je ne l'ai jamais revue, et ne la reverrai sans doute jamais - on discute rarement un ordre de la Princesse Régente, Comtesse douairière des Comtés Enchantés de la Terre d'Islande. Cette histoire me fit rentrer dans "le droit chemin", et je refusai dès lors toutes invitations ou avances que les femmes me firent. Le bruit courut un jour - et parvint hélas aux oreilles de ma mère - que j'avais des attirances pour mes camarades de dortoir. Vous imaginez sans peine le scandale ! L'héritier de la Couronne lui-même ! La tolérance n'est guère de mise, au palais, vous vous en doutez. Et Mère n'a guère apprécié…
Je ris de sa déconfiture.
- Et bien, pour ma part, Père fut clair avec moi dès le début. Il mit les points sur les i quelques jours avant mon entrée en première année à Poudlard, et ma crainte de lui était telle, à l'époque, que j'ai fui toute compagnie, même celle de Drago, mon ami d'enfance. Aussi, vous comprendrez très bien que j'ignore tout de l'amour, tout d'une relation, et tout du mariage. Dans quoi nos parents nous engagent-ils ? Je n'en sais rien, et je vais plonger avec vous dans un tunnel obscur de tâtonnements et d'ignorance. Mais je n'ai pas peur, Jef, je ne crains pas l'avenir qui sera le nôtre dans quelques années… Si peu d'années…
Mon regard se plante de celui de Jef. Ses grands yeux d'un marron délavé semblent figés. Mon cœur cogne tellement fort dans ma poitrine que chaque battement résonne en moi comme un coup de tonnerre.
- Antigone… Je… Vous… Je ne sais que dire. Vous vous offrez à moi, à l'Islande… Oh, vous êtes grande ! Oui, grande et magnifique, et jamais mon pays ne connaîtra de Princesse plus digne que vous. Quelles que soient les décisions que vous prendrez un jour ou l'autre, sachez que je vous respecterai toujours. L'honneur sera immense pour moi de vous accueillir dans ma terre de Glaces. Peut-être même un jour aurez-vous du bonheur à être la Princesse Antigone d'Islande.
Les bourrasques de vent nous encerclent, formant des tourbillons de neige. Le visage de Jef est calme et noble, et ses yeux parcourent mon visage avec lenteur.
- Oui…
Lentement, le visage de Jef se rapproche. De plus en plus. Il a une seconde d'hésitation, et tandis que mes paupières se ferment, il élimine la distance, et ses lèvres rougies par le froid se posent sur les miennes.
Oh Merlin…
- - - - -
C'est comme une démangeaison.
C'est là, dans ma poitrine, et c'est né il y a quelques heures à peine.
Ça me hante, ça m'empoisonne.
Ça me prend la gorge et la tête.
Je ne pense plus qu'à ça.
Je ferme les yeux pour oublier, mais ça revient, encore plus fort.
Je suffoque.
Ça fait mal. Et c'est tellement nouveau.
Que m'arrive-t-il ?
Je suis si seule. Je suis si perdue.
Est-ce toi qui va me prendre par la main pour me guider dans ces ténèbres ?
Je crois que j'ai peur…
Pourquoi a-t-il fallu que je connaisse ça ?
Ça n'était pas prévu !
Jamais ça n'aurait dû exister !
Ô, maman, toi que je n'ai jamais vue mais que j'aurais tant aimé chérir !
Tu n'as connu que ton frère… Mais tu sais.
Maman, cette chose qui me frappe, est-ce ce qu'on appelle l'amour ?
- Fin du chapitre 15 -
Héhé… On ne trucide pas l'auteuresse qui elle aussi veut fêter son 17e anniversaire un jour… Héhéééé… Bon, Pansy arrive, salut !
Pansy : Tss… Tu parles d'une Gryffondor qui a peur de ses lecteurs. Ri-di-cule.
Oui bon ça va.
Donc. Contrairement à ce que Blood-Countess semble croire, on ne maîtrise pas le Carcon en quelques instants, et Antigone apprend à en faire depuis 5 ans. Je le sais, elle n'arrête pas de s'en venter à tout bouts de champs.
Hého ! Un peu de respect pour mon héroïne, quand même.
Et c'est quoi cette histoire avec les Weasley ? M'enfin vous êtes stupides, bande de Poufsouffle atrophiés du cerveau ! Elle fréquentait des Gryffondor ! C'est normal qu'elle s'en débarrasse ! Des Weasley, qui plus est ! C'est n'importe quoi ! Cette fille est une honte pour l'Ombre tout entière !
Si tu pouvais rester objective, ça m'arrangerait beaucoup.
Ah ! Une demande de détails croustillants à propos de l'auteuse ? héhé ! Alors, en fait, elle a été privé d'ordi parce qu… Umphh !
Tais toi ! Bon, grossomodo, mes frères et moi avons une belle-mère absolument charmante et adorable, mais qui essaye de prendre la place de notre maman. Et, tout les quatre, on s'est un peu énervé contre elle. Mais en fait, on a été vraiment dégueu et on a dit des trucs vraiment méchants, ce qui a rendu papa furieux. Voilà, j'arrête de parler de moi, mais je vous assure qu'il n'y a aucune raison de me pleindre, j'avais vraiment mérité ma punition.
Alors, est-ce que la suite va être plus joyeuse ? Mais attendez ! Je vois pas ce qu'il y avait de triste ! Le seigneur des Ténèbres est revenu ! Il va pas tarder à zigouiller Potty et Dumby, moi je vais me marier avec Drago et on se fera plein de petits Malefoy dans les pattes et on ira à la chasse aux moldus ensemble ! Ce sera mêêêêêêêêrveilleux !
Oskouur ! Par pitié, arrêtez là !
Sinon, j'aimerai que la demoiselle Axe m'explique un grand mystère : c'est quoi des zoubinours ? Des binouzours ? Des… 'Fin, le truc, quoi ?
Laisse tomber, Pansy. C'est un truc moldu.
Eeeek !
Hihi !
Donc, même si Axe semble avoir des problèmes avec le "Trucs-dont-je-ne-vais-pas-prononcer-le-nom, ben je veux bien qu'elle mette en image les robes de Miss Crocodior. Comme ça, je pourrais avoir une robe encore plus bioutiful que Antigone, gnéhéééé…
Couchée Pansy ! Envois les moi, axe, ça me ferait troooop plaisir ! Merci beaucoup !
Crocodior, j'adore ! Super slogant, Tinky !
Yep ! J'aime beaucoup !
Comment ça Antigone appelle Potty par son prénom dans les RAR du chapitre précédent ? Bouledogue mode on
Hiiiiii !! Une muselière ! Viiiiiite !
Grrr… Ouaf ! Ouaf !
Tout à faire d'accord pour le OS, Arany' ! T'as ma bénédiction ! Aïeuh ! Mais c'est qu'elle mort, cette sale bête !
Bouledogue mode off
Fuiiii… Sauvée ! Et naaaaaan ! Zof, t'auras pas de RAR ac Dracouneeeeeet ! Bon, si, aller, pour te faire plaisir, je vais essayer de le prendre pour le chapitre 17, oki ?
Anya adore Billie… Pas nette, cette lectrice là…
Oui, je suppose qu'elle l'aimera moins dans le chapitre 16… Hihi.
Au fait, y a quoi de prévu pour le chapitre 20 ? Pourqquoi t'en a parlé ?
Aaah… Si tu savais pas pauvre Pansy !
J'aime pas trop beaucoup ça…
Hihi.
Enfin, Cycy-Lupin semble hyper intêressée pas ta fratrie…
So… j'ai une demi sœur qui à bientot 15 ans, et j'ai trois frères qui ont le même age que moi. Étrange, hein ? Allez, bonnes vacances. Le chapitre 16 pour la rentrée.
Coline.
