Disclaimer : J'ai beau avoir l'impression d'être la mère de chacun des personnages évoqués dans cette fiction complètement loufoque, je ne suis en réalité qu'une piètre voleuse-extrapoleuse qui s'est approprié la totalité des cinq premiers volumes de la célèbre saga de la dame Rowling (qui est elle-même une sale meurtrière de beaux héros aux yeux gris… Vous voyez de qui je veux parler, n'est-ce pas ? Aaaaaaaah… Pourquooooooi a-t-elle tué… Cédric Diggory ?), je veux parler des Harry Potter (vous connaissez ?). Et, hélas ! pas un centime ne m'a été donné par la Confédération Internationale pour avoir tant sué sur cette bouffonnerie. Merlin sait pourtant que si je gagnais dix euros par review postée dans un même chapitre par Alixe, je serais très riche.
Note : Encore un petit chapitre tout beau tout propre, bêta-readé-torturé-nifflé par la célébrissime Zofia / Lachesis (l'une est un ange marié à un démon, l'autre détermine la longueur de votre fil de vie… Mais c'est une seule et même personne ! Y n'a pas à dire, je suis bien entourée !). Tous ça pour lui dire merci. Et pour lui dire que ce chapitre est pour elle. Parce que même en terminale S, ben, elle continue de corriger mon orthographe et mes tournures de phrases bidons à toute allure. Et dire que c'est moi qui suis censée être littéraire…
Chapitre seize
Ombre
- Antigone ?
Mmh…
- Antigone !
…
- Youhouuuuuu ! Antigone !
Jef…
- Antigone, tu veux bien lâcher cette malheureuse fourchette en argent avec laquelle tu piques impitoyablement la table en ébène à la facture travaillée avec tant de délicatesse, et m'écouter, s'il te plaît, et même s'il ne te plaît pas ?
Jeeeeeeeef…
- EST-CE QUE ANTIGONE BIRDS, TROISIÈME DU NOM, PREMIÈRE RÉGÉNÉRATRICE APRÈS LA FONDATRICE, FIÈRE POSSESSEUSE DE LA FORCE ÉLÉMENTAIRE DU VENT, DESCENDANTE DIRECTE D'EPAUNINE DES OYSAUX, DAIGNERAIT M'ÉCOUTER ?
Moui ?
- Tu disais, Billie ?
Ma marraine me regarde d'un air consterné, puis, d'un geste lent et fatigué, elle passe sa main sur son visage.
- Merlin's beard ! I will kill her…
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Ah vouip ! Du français, sans aucun doute. Elle a fait la majeure partie de ses études à Beauxbâtons, après tout. Je sais toujours pas pourquoi, d'ailleurs. Il faudrait que je lui demande encore une fois pourquoi elle a été virée de Poudlard. Maintenant que j'ai dix-sept ans -enfin non, pas encore-, peut-être me jugera-t-elle assez grande pour savoir. Sinon, il est vrai, que j'avais demandé aux jumeaux d'en toucher un mot à leur frère aîné, Bill, je crois. Je ne pourrais guère plus compter sur eux, maintenant, mais c'est de ma faute.
- Antigone, je ne doute pas que ta soirée en la compagnie de ton futur époux ne fut pas fort agréable, je serai d'ailleurs ravie d'écouter le compte-rendu que tu vas faire à Urien pas plus tard que dans trois minutes, mais par pitié, sors ce toast de ton jus de citrouille.
Ah, oui, je n'avais pas vu.
…
……
…………
QUOI ?!?!?
COMPTE-RENDU À PÈRE ?!?!?
Merdum. Au secours. Ou dans le sens inverse, au choix.
- - - - -
- …Et si j'ai bien suivi tes explications extrêmement embrouillées et pour le moins cafouilleuses, tu as embrassé Jef Swendenbörg.
"C'est lui qui m'a embrassée… " Je corrige, machinalement.
C'est lui qui m'a embrassée, pas moi. C'est lui qui m'a désirée. C'est lui qui s'est jeté à l'eau, c'est lui qui s'est engagé, c'est lui qui sera accusé de détournement de mineur, c'est lui qui… Qu'est-ce que je raconte ?
Père, Mère, Billie et Hailie. Réunion au sommet dans le bureau. Je suppose qu'il doit en être de même, dans la chambre de Petra Swendenbörg. Ma belle-mère, huhuhu.
- Bien. C'est très bien, tu as été parfaite dans ton rôle. Mais rassure-moi d'une chose, Antigone…
Père à qui l'on annoncerait que l'on vient d'ajouter quatre degrés de pureté à son sang ne paraîtrait pas aussi heureux, me regarde avec une gravité et un sérieux qu'il n'affichait pas il y a quelques secondes.
- … Tu n'es pas tombée amoureuse de lui ?
Gros, gras, énorme et oppressant silence dans le bureau.
Regards inquisiteurs braqués plein feu sur moi-même.
Je sens une bouffée, une très grosse bouffée de chaleur me monter au visage.
Non ! Nononononon ! Une Birds ne rougit pas ! Une Antigone encore moins !
- Ben… Je… Nous… Heu… Non… Enfin… Euh… Je ne sais pas trop, en fait.
Oops, mauvaise réponse. Les regards consternés qu'ils échangent ne sont pas, mais alors pas du tout rassurants. Voyons… La leçon remonte, il y a super longtemps ! Qu'est-ce que c'était, déjà ? Il y avait une histoire de pureté (mais en fait, il y a toujours une histoire de pureté…), une histoire de contrôle, une histoire de fatalité (hum… Déjà entendu, ça aussi… ), une histoire de domination, une histoire de… Hoho. Oui. Je vois.
Mais, tout le problème est là, en fait. Je ne sais réellement pas si j'aime oui z'ou non ce fichu – mais tellement beau – Jef Swendenbörg. Qu'est-ce que je connais à l'amour ?
Père me fixe de ses yeux bleu marine –tellement semblables aux miens–, approche doucement sa figure de la mienne, et me saisit le menton de sa main rugueuse.
- Antigone… Tu es pitoyable. Tu nous fais honte à tous. Amoureuse… Ri-di-cule ! L'amour est une notion inventée par les êtres faibles pour donner un semblant de sens à leurs existences misérables. Et sais-tu quelle définition ils donnent à ce mot ? Non ? Et bien moi non plus ! Pas un seul pour être d'accord ! Une bande de niais stupides et amorphes, hurlant des propos d'une étonnante stupidité. "Aimer, c'est vivre l'un pour l'autre ! Je ne peux vivre sans toi ! Je donnerai ma vie pour la tienne ! " Tu te rends compte à quoi tu viens de te réduire, Antigone ? Mourir pour lui… Tu mourrais. pour Jef Swendenbörg ? Ce prince niais, imbécile, Poufsouffle au possible, ayant autant de personnalité qu'un Pitiponk empaillé ? Tu crois que tu lui donnerais ta vie ? C'est beau, hein, ces grandes phrases grandiloquentes… Mais derrière ces mots, plus personne ! As-tu déjà entendu parler de quelqu'un qui aurait donné sa vie pour sauver quelqu'un d'autre ? Ridicule ! Complètement ridic…
- Lily Potter a donné sa vie pour son fils. Et James Potter avait donné sa vie pour tenter de les sauver.
Oh bon sang. Qu'est-ce que je viens de faire, là ? Il va me tuer sur place, il va m'atomiser, m'avadakadavrer, me découper à la petite cuillère, me trucider, me mordre, me…
- Pardon ?
… Tordre le cou, me pendre par les pieds, m'enfermer dans un placard à balais, me défoncer le buffet à coup de pied de lit, me faire bouillir la peau à petit feu dans un chaudron, me…
Oumph !
Il a choisi la strangulation, finalement. Ses grosses paluches m'enserrent la gorge, et ses doigts puissants se referment sur mon cou gracile… Vraiment trop gracile…
- Plus jamais… Jamais, tu ne parleras du couple Potter et de leur rejeton devant moi… Sinon…
Mes oreilles bourdonnent et ma vue se trouble. Est-ce à cause des larmes de douleur ? Ou bien parce que des taches noires apparaissent devant mes yeux ? Je n'ai qu'une certitude : je vais mourir s'il continue à serrer, et je n'en ai aucune envie.
Je suis au bord de l'inconscience, ou de la mort, je ne sais pas. Soudain, une douleur aiguë traverse ma poitrine déjà oppressée par le manque d'air.
L'Air…
Une force démentielle me parcourt soudain, l'étau qui m'enserre la gorge se relâche. Dans ce qui me semble être un bruissement d'aile, je m'effondre sur le sol, et sombre dans les ténèbres.
- - - - -
Mal à la tête. Et à la gorge aussi.
J'ouvre les yeux, pour les refermer aussitôt. J'ai comme la vague impression que le monde s'est mis à tourner différemment durant mon évanouissement. Comme sur un… Une… Aaah ! Le truc moldu qui tourne, avec des cochons volants, des girafes à bascule, et tout plein d'autres bidules du genre ! Comment ça s'appelle, déjà ? Un ménage ? Une mégane ?
Enfin, qu'importe, je suis toujours vivante, et c'est le principal.
Par Merlin ! J'ai repoussé Père ! Je l'ai fait ! Il va m'en vouloir à mort, maintenant, mais ça ne peut dire qu'une chose : je suis plus forte que lui ! Et plus puissante, aussi, mais ça, je le savais déjà. Et lui sait que je le sais. Et je sais qu'il sait que je… Bon, en gros, on est tous au courant.
Il est vrai que Père a l'expérience et la connaissance derrière lui, tandis que j'avance pour ma part à tâtons dans un brouillard des plus épais. Mais si lui a pu apprendre des choses auprès de lord Voldemort en personne –brrr… Rien que penser à son nom me fait frissonner, aujourd'hui !– il n'avait certes pas les deux sorciers les plus aimés et les plus haïs de l'époque, Dumbledore et Potter en chair et en os (oui parce que pour Lui, on ne peut pas en dire autant !) pour étudier pendant quatre heures par semaine l'Ancienne Magie. J'attends avec impatience le jour où nous nous affronterons à armes égales.
Et celui où je le vaincrai.
- Mademoiselle Antigone ? Vous êtes réveillée ?
Jeyne, l'air complètement déterré, entre dans ma chambre. C'est vrai que la pleine Lune est demain soir.
Je me souviens que quand j'étais plus jeune, je faisais des excursions dans la nuit pour aller écouter à la porte de la cave les cris et les hurlements de Jeyne, qui y était enfermée.
Plaisir cruel et enfantin de la peur…
J'étais terrifiée, mais plus j'avais peur, et plus j'attendais la Lune suivante avec impatience.
Et j'ai évidemment fini par pénétrer dans la salle interdite. Jeyne était heureusement attachée au mur par des chaînes en métal. Je suis restée toute la nuit à la regarder se débattre contre ses liens, tenter désespérément de s'enfuir pour pouvoir me sauter dessus (Jeyne n'a jamais pu avoir de potion tue-loup, car sa fabrication est extrêmement compliquée, et en commander aurait attiré l'attention sur le fait qu'il y avait des loups-garous à Birds'Castel, alors que c'est formellement interdit et de vulgaires loups ne valent pas la peine que l'on prenne un tel risque pour eux.). J'étais à la fois fascinée et muette d'horreur. Au petit matin, c'est un domestique –renvoyé, depuis– qui m'a trouvée là. Et qui, dans un hurlement strident a réveillé toute la maisonnée.
J'ai été punie, évidemment. Mais le mois suivant, je suis revenue. Et celui d'après aussi. Et tous ceux qui ont suivi, jusqu'à mon entrée à Poudlard. De là, découlent tous les sentiments que Jeyne me porte. Je ne comprends pas comment elle a pu se fourvoyer à ce point quant aux raisons qui me faisaient rester près d'elle la nuit. L'amour l'a aveuglée, sans doute. Car c'en était une preuve, à ses yeux.
- Je venais juste vous annoncer que le déjeuner était servi dans vingt minutes.
Flûte. Flûte. Et reflûte. Je me lève lentement, car la tête me tourne encore. Je m'apprête à descendre quand Jeyne m'arrête.
- Mademoiselle ? Votre cou… Vous ne pouvez pas le laisser comme ça, faut mettre quelque chose…
Whaaaa ! Jeyne a fait une phrase de plus de quinze mots ! Impressionnant.
Quoi mon cou ? Qu'est-ce que j'ai ? Y a un gros boa qui s'y est niché ou quoi ? Je jette un petit coup d'œil dans le miroir.
Ah oui, effectivement, je ne peux guère descendre ainsi, ce serait indécent.
Il faut dire que Père n'y a pas été de main morte… Et puis, pourquoi pas, après tout ? Ça lui ferait les dents, si je me montrais aux Swendenbörg avec le cou couvert de contusions. Ensuite, je ferais mieux de prendre un balai et de voler jusqu'à Poudlard à toute allure, bien sûr, si je ne veux pas mourir la veille de mes 17 ans.
- Mademoiselle ?
- C'est bon, Jeyne, laisse–moi. Je vais rester comme ça.
Quoi, qu'est-ce qu'elle a, à me regarder comme ça ? Maintenant que j'y pense, je sais à qui Jeyne me fait penser. Son physique, ses réactions, son intelligence… Tout en elle me rappelle Soapy. Peut-être qu'en fait, elle n'est pas une moldue cent pour cent moldue. Peut-être qu'elle est issue d'un croisement d'homme et d'elfe de maison. Un croisement d'homme et d'elfe de maison… Beurk ! Comment est-ce que je peux penser à des choses pareilles ? Rien que d'imaginer la situation, je… Aaah ! Tais–toi, cerveau, TAIS-TOI !
J'entre dans la salle à manger en même temps que Père, qui ne me jette pas un coup d'œil (ouf). Je me place devant ma chaise, en attendant que tout le monde arrive pour passer à table. Les Islandais ne tardent pas à entrer dans la salle à manger, et nous nous installons. Asta, la petite sœur de Jef est en face de moi. Elle me fait un sourire et ouvre la bouche pour s'apprêter à parler quand elle se fige soudain, et regarde mon cou avec horreur.
- Antigone ! Qu'est-ce qui…
Jef, qui est assis à sa gauche, réagit avec promptitude, et lui flanque un violent mais discret coup de coude dans les côtes. Pendant que la gamine se répand en insultes à voix basse contre son frère –en islandais, évidemment-, Jef essaye de rattraper tant bien que mal la bourde diplomatique de sa sœur.
- Qu'est-ce qu'il fait beau, n'est-ce pas ? reprend-t-il, d'un ton qui se veut dégagé.
Je hausse un sourcil, en jetant un regard vers la fenêtre. Le ciel est d'un blanc immaculé, et les chênes sont couverts de givre.
- Oui, pour nous autres, islandais, ce temps paraît extrêmement clément pour un début d'année. Chez nous, en cette période de l'année, les tempêtes font rage, et les moments où la nuit s'efface se comptent sur les doigts de la main.
Bien joué, mon petit père.
- Ah ! Je comprends mieux ! Et bien, si vous le souhaitez, nous pourrions aller faire une balade dans le parc, ou alors nous pourrions aller faire quelques glissades sur l'étang, qu'en pensez vous ?
- Avec grand plaisir. Dans notre école, Asta passe pour une star du patin à glace ; pour ma part, je me débrouille plutôt bien.
- Désolée de devoir casser vos joyeux projets, interrompt la voix tranchante de Billie, mais Antigone à a énormément de choses à faire et à préparer, cet après-midi. N'est–ce pas, Antigone ?
Soupir.
- Oui. Désolée, Jef.
Le repas se continue, morose et tendu, jusqu'à ce qu'un incident vienne rompre sa monotonie.
Un serviteur s'approche de moi pour me servir une seconde fois de cygne aux oranges, et sans y réfléchir, je dresse ma main droite pour le remercier.
Asta arrête sa fourchette à mi-chemin entre sa bouche et son assiette, et fixe ma paume droite avec ébahissement. Puis, avant que je n'aie pu faire quoi que ce soit, elle se met à baragouiner à toute vitesse dans sa langue natale. En même temps, Petra, Fraiya et Jef tournent la tête dans ma direction. Puis la Princesse s'adresse à Père :
- Est-il vrai, Urien, qu'Antigone possède l'une des forces élémentaires ou secondaires ?
- Rien n'est plus vrai, Petra. Elle possède le Vent. Montre-leur, Antigone.
Presque gênée, je tends ma main. Un murmure appréciateur parcourt la table. Tout le monde a l'air ravi. Il faut croire que Voldemort vient de se trouver une nouvelle alliée. Et que je me suis trouvé une belle-mère qui va réellement m'a-do-rer. Mais ça me donne plutôt envie de vomir.
- Mais, vous la laissez avec la main à l'air libre ? Vous ne la couvrez pas ?
- En fait, nous n'avons eu la confirmation de son pouvoir qu'hier après-midi, et nous n'avons pas eu réellement le temps d'y songer. Mais, vous avez parfaitement raison. Nous nous occuperons de ça après le repas.
Je suis à deux doigts de me lever et de quitter la table, mais Billie, dans un souffle, m'intime l'ordre de rester assise.
Bon sang. Je sens qu'elle va me passer un savon comme on n'en fait plus. Il va en chier des bulles, c'est forcé.
- - - - -
Je crois que je n'ai jamais vu Billie aussi furieuse de toute ma vie. À peine sortie de table, elle m'attrape par le bras et me traîne dans un endroit tranquille.
J'ai la très mauvaise idée de la défier du regard, et sa baffe n'en est que plus violente.
- Est-ce que tu es complètement malade ? Tu voudrais réduire à néant plusieurs années d'effort pour une simple rancœur de gamine ? Je ne te croyais pas crétine à ce point, Antigone. Tu as beaucoup de chance que Urien n'ait pas remarqué tes âneries ! Je crois que je n'ai jamais vu personne agir avec autant d'égoïsme et de stupidité !
Ça fait toujours mal quand Billie insulte. C'est curieux de dire ça, mais son estime est quelque chose de terriblement important pour moi. Mais elle est vraiment injuste, et moi tellement frustrée que je la relance.
- Oh, bien sûr ! Je devrais accueillir ces décisions en battant des mains. Je n'ai jamais rien pu décider par moi-même, et quand bien même je suis majeure, cela ne change rien. Ne me dis pas que tu aurais voulu ça pour toi !
- Mais voyez la pauvre demoiselle vraiment très malheureuse à qui l'on offre d'être princesse, mais pour qui ça n'est pas suffisant ; la pauvre demoiselle pleure à chaudes larmes car on ne lui a jamais permis de prendre de mauvaises décisions pour son avenir. Pas une seconde cette pauvre demoiselle ne songe que l'on puisse…
- Arrête !
- Arrête quoi ? Tu délires, Antigone ! Ou alors tu es encore plus aveugle que Hailie ! C'est la guerre ! Tu veux rejoindre les moldus ou quoi ?
- C'est toi qui délires totalement ! Tout a l'air tellement évident, pour toi, mais je crois que tu ne sais absolument rien de ce que je veux ! Tu ne peux pas comprendre !
- Pardon ? Ne tente pas de te faire passer pour une incomprise alors que tu n'as rien vécu ! Est-ce que tu as connu l'époque de la Première Guerre ? Est-ce que tu as connu l'humiliation terrible de la défaite ? L'humiliation du renvoi de Poudlard ? Est-ce que tu sais ce que c'est de se tuer à la tâche pour une sale petite conne qui ne semble avoir pour but dans la vie que de réduire à zéro la moindre de mes actions si minutieusement menées ? Tu as voulu jouer dans la cour des grands, Antigone, et tu y es. Tu sais ce qui t'attend, et tu l'as toujours su. Entrer à Son service. Épouser Jef Swendenbörg. Et régner. Ne fous pas tout en l'air à cause d'une stupide crise d'adolescence mal gérée.
- Et tu crois que j'ai envie de ça ! De cette… Conformité ! Tiens, comme tu en parles, vas-y, dis- moi, puisque sans doute pour la première fois de ma vie, on me parle avec franchise, dis-moi ce tu as fait pour être renvoyée de Poudlard. Je suppose que c'était Père qui te l'avait ordonné, n'est-ce pas ?
- L'ironie te va mal, Antigone. Si je te disais, tu en chialerais de trouille. Non pas que je t'accuse de pleutrerie, mais malgré ce que tu crois avoir vu du monde, tu es loin de toutes ses réalités.
- Voyez-vous cela. Dis-moi toujours. Je pense que plus rien ne pourra m'atteindre.
- Très bien, espèce d'imbécile. Je t'aurais prévenue.
- Raconte.
- C'était… Deux mois après la chute du Seigneur des Ténèbres. Il y avait en première année à Poufsouffle, une paire de jumeaux absolument adorables. Blonds aux yeux bleus, les cheveux bouclés, les joues rondes et roses, de vrais petits anges. Tellement gentils avec ça. Mais ces pauvres enfants avaient perdu leurs parents durant la guerre. Deux éminents aurors, en plus. Ils étaient les chouchous de l'école, les petits protégés. À côté de ça, moi, fille de mangemorts tués par Maugrey, je ne pouvais inspirer que la méfiance… Les deux chérubins ont eu le malheur de m'accorder leur confiance. Ils m'ont suivi suivie sans crainte. Je les ai tués, tous les deux, avec joie et délectation. On a eu du mal à les identifier, au début. C'est sûr que sans globes oculaires, sans cheveux, la langue arrachée, la peau…
- Ça suffit !
Les yeux de Billie brillent d'une lueur immonde.
- Oh ? T'aurais-je choquée ?
- Et on t'a laissée entrer à Beauxbâtons, après cela ? Tu n'as pas fini à Azkaban ?
- J'avais douze ans, Antigone. Mais il est vrai que je n'ai jamais mis les pieds à Beauxbâtons. J'ai été placée dans le centre belge de Ste Mélisandre, pour les délinquants et les perturbés mentaux. Pour ma conduite à peu près correcte, j'ai pu en sortir au bout de six ans.
- Tu me… Tu es…
- Dégoûtante ? Repoussante ? Abjecte ? Monstrueuse ?
- Tu me fais vomir.
Et sans attendre plus, je tourne les talons et m'échappe de sa vue.
- - - - -
Les deux Carcons se heurtent violemment. Un coup. Et un autre. Hailie a le souffle court, et ses coups deviennent de moins en moins précis. Mais je ne m'arrête pas. J'ai trop de rage en moi pour pouvoir m'arrêter.
Dans un sifflement, l'arme s'abat dans ce qui doit être le ventre de Hailie. Un 'Oumpf' vient confirmer ce que je pensais. Mais je continue de frapper. Pour une fois que je mène la danse…
- Ça suffit ! Arrête ce massacre !
Tu peux crever. Rien au monde ne me fera m'arrêter.
Je sens la fatigue de Hailie se changer en une colère noire. Je sens sa main gantée m'attraper le bras et tenter de me le tordre. Mais je suis intenable. Et le Vent est avec moi.
Maintenant, elle est vraiment furieuse.
- STOP ! ANTIGONE !
J'arrache le foulard qui me cache les yeux. Je n'ai jamais vu la jeune aveugle aussi échevelée. Elle enchaîne bottes sur bottes, et elle n'a jamais utilisé la plupart d'entre elles contre moi auparavant. Mais je pare tous ses coups. Et facilement avec ça.
Puis, soudain, toute rage me quitte. Mais Hailie a dépassé le simple stade de la colère. Alors, le Vent aidant, je tente un magnifique coup, qui l'envoie au tapis directement.
Elle saigne de l'arcade sourcilière, et sa pommette commence déjà à se colorer. Sans mot, elle se relève –au bout de quelques secondes, néanmoins– et d'un pas vacillant, elle se dirige vers l'armoire, et prend une fiole de potion de soin, qu'elle avale d'un trait. Elle en prend une autre et me l'envoie.
- Attrape.
Elle n'est pas vraiment en colère. Même plutôt impressionnée, en fait. Mais elle se ferait arracher la langue plutôt que de me l'avouer, je le sais.
- Alors, tu es furieuse parce que Billie t'a dit la vérité ?
- Ne me parle pas d'elle.
- Et toi, cesse de fuir.
- Je ne fuis pas.
- Oh que si. Et tu prends tes désirs pour des réalités, également.
- Pardon ?
- Quand tu as besoin de te déchaîner, Antigone, va dans le parc, prends un balai et défoule toi. Mais cesse le combat graalique. Tu ne fais que te donner des illusions auxquelles tu ne crois même pas.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Est-ce que tu le fais exprès ? C'est évident, non ? Antigone, tu n'entreras jamais chez les prêtresses d'Avalon.
Je le sais.
Le pire, c'est qu'elle a raison sur toute la ligne. Je ne pourrais jamais être une Atalante. Et ça fait mal, parce que je réalise aujourd'hui que j'avais réellement envie de l'être.
Je me laisse tomber sur le sol de la salle de combat.
- Quel sera mon rôle, une fois en Islande ?
- Faire des fils à ton Swendenbörg. Remarque, si tu l'aimes, ça ne devrait pas poser de problème.
Je rougis furieusement.
- Hailie !
Elle ne le voit pas, mais mes joues sont tellement brûlantes que je suis sûre qu'elle peut le sentir.
- Allez, va-t-en. Va te préparer pour ce soir.
- Hailie…
- Quoi, encore ?
- Est-ce que… Enfin… Comment… Qu'est-ce que tu es devenue quand Hailie a été envoyée à Ste Mélisandre ?
- Qu'est-ce que tu voulais que je devienne ? Une aveugle de six ans assoiffée de sang, arrachant les paupières de tous les gamins heureux que j'ai croisés sur ma route ? J'ai été élevée dans un orphelinat pour les jeunes sorciers victimes de la Première Guerre, Urien est devenu mon tuteur, j'ai étudié la magie avec un précepteur car on ne voulait pas d'une non-voyante à Beauxbâtons et je m'entraîne aujourd'hui seule dans le but d'entrer un jour chez les prêtresses d'Avalon. Si tu veux savoir comment j'ai réagi face à ce que ma sœur a fait, et bien je te dirais seulement que je n'en avais rien à faire. C'est triste pour elle d'avoir été enfermée avec les malades mentaux, c'est dommage pour les élèves de Poudlard d'avoir perdu leurs mascottes adorées, et c'est rageant pour moi de n'avoir jamais mis les pieds à Poudlard. Mais on n'y pouvait rien. Maintenant, vas-t-en.
- Mais…
- Vas-t-en, vas te préparer. Tu t'es suffisamment donnée en spectacle aujourd'hui, et je ne garantis pas ta survie si tu ne parais pas dans une tenue décente à table.
Inutile de discuter, je ne tirerai rien de plus d'elle.
Quelle journée… Et dire que ça ne fait que commencer. On ne peut pas dire que mon anniversaire me mette en joie. Enfin… On verra ce soir. Et puis, je vais être marraine.
- - - - -
Huit heures sonnent quelque part dans le château. Jeyne termine de me coiffer. Je porte la magnifique robe que j'ai achetée chez Miss Crocodior avec Billie, il y a quelques jours. Je jure que c'est la dernière fois que je fais quoi que ce soit avec ma marraine.
Je… Je ne sais vraiment pas comment réagir, face à ça. En soit, son crime ne me dégoûte pas –j'ai entendu bien pire dans mon existence. Cependant… Elle avait douze ans, que diable ! Douze ans ! Qu'y avait-il de profitable dans ce crime ? Rien. Absolument rien. Elle y a d'ailleurs tout perdu. Ce n'est pas un hasard, si Billie travaille avec Père. Elle n'a été acceptée nulle part ailleurs, même les familles de l'Ombre ne sont pas rassurées. Et c'est aussi pour ça qu'elle n'est toujours pas mariée. Mais en fait, je crois que ce que tout le monde trouve révulsant dans ce crime –moi comprise–, c'est qu'elle y a pris du plaisir. C'était jouissif, à ses yeux, et elle en a tiré fierté. Elle a tiré fierté, en seconde année d'étude à Poudlard, de tuer deux gamins et de déchiqueter leurs corps. Cette fille est une grande malade.
- J'ai terminé, Mademoiselle.
Jeyne a le don désagréable de me tirer de mes plus profondes pensées.
Je jette néanmoins un coup d'œil au miroir qu'elle me tend. Et c'est parfait, comme d'habitude.
Mes cheveux sont relevés, et de mon chignon s'échappent de longues mèches. Jeyne y a piqué une multitude de campanules de couleur écarlate ou blanche, parfaitement assortis à ma robe. Je ne porte aucun bijou –il est évident que je vais m'en voir offrir pour une véritable fortune pour fêter mon anniversaire. La camériste de Mère vient peaufiner le travail (des détails, certes, mais infaisables sans magie, et donc infaisables par Jeyne), et une seconde fois, on me présente un miroir.
Et je suis belle. Oui, vraiment belle. C'est différent de ma beauté naturelle –il n'y a pas à tergiverser là-dessus, je suis belle naturellement–, c'est différent de la beauté que j'affiche en portant le manteau de la Régénératrice. C'est différent.
C'est porter une robe magnifique mais rendre la robe terne.
C'est être entourée de personnes magnifiques, mais rendre ces personnes invisibles.
C'est danser sur une musique magnifique, mais rendre la musique fausse.
C'est avoir la Magie Pure à fleur de peau, illuminant un visage grimaçant, le rendant beau et resplendissant.
C'est moi, tout simplement.
On frappe à la porte.
- Antigone ?
Non. Pas elle. Pas maintenant.
- C'est Billie. J'entre. Je suis simplement venue pour…
Je l'ai rarement vue afficher ses " vrais " sentiments. Mais là, elle a réellement du mal à fermer la bouche.
- Je… Wahou ! Chapeaaaaaau, Antigone, tu es absolument et incroyablement superbe !
Et moi je te méprise. Je te méprise pour cette provocation que tu affiches avec tant de légèreté. Tout pour se faire remarquer, vraiment. Porter une robe de haute couture sorcière avec des escarpins moldus, c'est du tape à l'œil pur et dur. Et ils sont moches, en plus. Quand je pense qu'il y a eu une époque où j'étais fascinée par ce flegme, ce décalage que tu affichais… i "Les moldus sont des singes, Antigone, des raclures de l'espèce humaine. Je les méprise cordialement, mais il faut avouer qu'ils ont un certain génie. Non, vraiment, tu ne trouves pas cette jupe absolument ravissante ? " /i Cette fille est une folle à lier. Un esprit de contradiction pareil, un être détraqué à ce point, c'est à Ste Mangouste, que ça doit aller. Ou à Azkaban, au choix.
- Qu'est-ce qu'il y a, je lui réponds de l'air le plus détaché que je peux.
- Ah oui. J'étais venue te porter ceci.
Et tandis qu'elle parle, elle me tend un morceau de tissu pourpre. Comme je le prends, je me rends compte qu'il s'agit en réalité d'un gant.
Un gant ?
- Un gant ? Mais, pourquoi faire ?
- Pour ta main, évidemment.
Huh ?
- Ma main, je répète, légèrement paumée.
Pourquoi elle m'en donne qu'un seul ?
- Antigoooooooone ! Debout, on se réveille ! Un gant pour protéger la Rune Vâyu de toute interaction !
Ah oui, c'est vrai. Si je laisse ma main à l'air libre, cela risque de provoquer des " accrochages " avec les autres flux de magie. Et tant que je ne maîtriserai pas ma magie, ou que je ne saurai pas dissimuler la Rune, je devrai le porter. Cela, autant pour me protéger que pour protéger les autres. M'enfin, je vais avoir l'air cruche avec un seul gant.
- Tu as une seconde Rune sur la main gauche, me demande Billie quand je lui en fais la remarque.
- Non, seulement sur la droite, mais…
- Alors un seul gant.
Oooh ce qu'elle m'énerve ! Le pire c'est qu'elle a raison. J'aimerais qu'elle se dépêche de partir, parce que je sens que je vais lui faire sauter la cervelle.
Caaaalme, Antigone, reste zen. Ondes de sérénité… Ça va mieux. Je vais pouvoir me retenir de lui fracasser la tête contre les pieds de mon lit.
Il va être l'heure de descendre pour la soirée. Pour fêter mes dix-sept ans.
Quelle angoisse…
- - - - -
Au compte—gouttes, les invités arrivent. Je n'en connais pas la moitié, mais j'ai le droit à des embrassades plus que chaleureuses, (tu parles !) des compliments sur ma beauté, (c'est naturel, qu'est-ce que j'y peux ?) des félicitations pour mes dix-sept ans (ça aussi c'est naturel…). J'aimerais bien que Drago arrive, ou n'importe qui de mon âge que je connaisse un tant soit peu, même Grégory ou Vincent ! Enfin, n'exagérons rien. Mais je m'ennuie comme un rat mort. Je fuis la compagnie des sœurs Rosiers. Vraiment pas envie de les voir ce soir. De toute façon, Billie est bien trop occupée à discuter avec Vania Doholov. Le jeune homme, par ailleurs charmant, semble résister sans aucune difficulté au décolleté plus que plongeant de ma marraine. Et je sais que ça l'agace profondément. Mais il est de notoriété publique que Vania couche avec sa demi-sœur, Margaret Doholov. De plus, il a été officiellement condamné à trois ans de prison à Azkaban pour utilisation d'un sortilège impardonnable contre un sorcier, il y a six ans de cela. Officieusement, les aurors cherchent toujours à prouver qu'il est impliqué dans la disparition de dix-huit moldus). Ils sont bien assortis… Quel couple terrifiant ils feraient ! Enfin, il ne vaut mieux pas donner de mauvaises idées à Père.
- Antigone ?
Je me retourne avec un soupir de soulagement au son de la voix de Parkinson. Enfin un peu de compagnie !
- Pansy.
- Je te souhaite un bon anniversaire. Tu es sublime.
Elle n'est pas mal dans son genre non plus. Sa longue robe noire est du meilleur goût, contrastant avec ses éclatants cheveux blonds, et les topazes qui sertissent sa tenue rehaussent le bleu de ses yeux. Son cou est nu, et ses poignets sont ornés de simples bracelets d'argent.
- Merci. Tu n'es pas avec Drago ?
- Non, les Malefoy arrivent de leur côté. Mais tu n'es pas avec Jef ?
- Non. Les Swendenbörg ont disparu je ne sais où, et je suis seule ou à peu près. Il faut absolument que je te raconte… Jef est tout simplement le plus beau sorcier de la planète !
Et je lui raconte mes vacances, parlant surtout de Jef, et un peu moins de Père et de Billie. Je ne pensais pas que j'aurais pu un jour parler garçons avec Pansy (à part ses allusions stupides à propos de Potter). Pourtant, on peut dire que Pansy est ma meilleure amie par défaut. N'exagérons rien. Ma meilleure fréquentation féminine de Poudlard serait plus correcte. Mais il est vrai qu'elle n'est pas aussi stupide qu'on pourrait. Elle n'excelle pas en cours, mais ses résultats sont proportionnels au travail qu'elle fournit —c'est à dire le strict minimum. Mais c'est une intrigante, une vraie. Pas un cancan qui ne lui échappe, pas une information qui ne serve pas ses desseins.
Elle m'a pris en grippe, dès la première soirée passée en sa compagnie dans les dortoirs de Serpentard.
Parce que j'étais terrorisée par Poudlard, et parce qu'elle voulait dominer.
Parce que j'étais atypique, alors qu'elle était parfaitement dans le moule.
Parce que je connaissais très bien Drago, mais que c'était elle qui devrait l'épouser un jour.
Et pour bien d'autres raisons encore.
Mais contrairement à ce que je pensais, sa compagnie est loin d'être extrêmement désagréable. Je veux dire, elle a de la conversation, et elle sait très bien à quoi s'en tenir avec moi. On peut dire qu'une confiance et une complicité relative se sont installées entre nous (je n'irais pas non plus jusqu'à lui tourner le dos alors qu'elle a un couteau dans la main).
Nous échangeons quelques banalités, parlons de tout et de rien, délibérons sur la coupe des quatre maisons (Allez savoir pourquoi, ce sont les Poufsouffle qui mènent) et scrutons les garçons (on a beau être des filles, on ne se refait pas !). C'est puéril, c'est débile, et c'est terriblement amusant. Parkinson me fait part de ses impressions sur Vania Doholov (" absolument canonissime et terriblement dangereux ") quand Hailie, telle Carabosse hors de sa boîte, surgit devant nous. Évidemment, elle n'a fait absolument aucun effort pour s'habiller. Robe noire à col haut, manches serrées jusqu'au bas de ses bras. Franchement, à part la légère fente de sa robe et ses pendants d'améthystes, elle ressemble à une fossoyeuse. Et avec l'immonde balafre qui lui mange le visage, elle peut renoncer à tout jamais au mariage.
- Antigone, les Malefoy sont arrivés.
Ah ! Quand même ! Il était largement temps. Je suppose qu'il va y avoir pas mal de paperasse à signer, rapport au fait que je suis la marraine de Némésis. Je suis folle rien qu'à l'idée de la voir, mais il est évident que les Malefoy n'ont pas emmené avec eux leur cadette –deux mois, c'est peut-être un peu jeune pour venir faire la bringue.
Je salue Lucius, comme si de rien n'était, et qu'il n'avait pas toute la police magique et les aurors du ministère aux trousses. Nous échangeons quelques mots, puis, enfin, le dîner est annoncé.
- - - - -
Le repas est délicieux, la conversation de Jef est des plus agréables, et Pansy et Draco me sont, ce soir, très sympathiques. Oubliées, toutes nos frasques de Poudlard.
La soirée s'écoule avec douceur, au fil des anecdotes que nous racontons. Chacun tend discrètement l'oreille, dans l'espoir de glaner quelques informations, mais les adultes ont certainement dû se passer le mot pour qu'aucun sujet important ne soit abordé. Puis, après ce qui me semble être une dizaine de plats (on ne doit pas en être loin, en fait), le fromage et les entremets, le dessert arrive. Et avec lui, le plus que rituel i Joyeux Anniversaire. /i
Par les cornes de Satan, que je déteste ça !
Cela ne me dérangeait pas pour mes précédents anniversaires, mais il y a tant de monde aujourd'hui que cela me semble futile. Enfin, j'ai dix-sept ans, je suis majeure, je ne suis plus une sorcière de second cycle et j'ai passé l'âge de me cacher sous la table pour cause de timidité.
Les bougies éclairent de manière curieuse le visage de Drago, qui est en face de moi.
- Honneur aux dames, me dit-il en me faisant signe de les souffler.
- Honneur aux aînés, lui réponds-je en souriant.
-Allez–y ensemble, intervient Pansy.
Nous abdiquons, tous deux. De concert, nous prenons notre souffle, et vidons d'un coup nos poumons. Les flammes vacillent, résistent, et finissent par s'éteindre. Je jette un regard au gâteau de Drago, qui a réussi à éteindre toutes ses bougies. C'est heureux pour lui, car elles sont enchantées, et forment une sorte de présage –vague, certes– sur l'année à venir. Lui contemple le mien d'un air désolé.
- Pas de chance, Antigone. Tes dix-huit ans te porteront sans doute plus de chance.
Je tourne la tête vers Margaret Doholov, qui vient de proférer ces paroles. La jeune femme a une vague licence de divination, histoire de dire qu'elle a fait des études. N'empêche… Je contemple les bougies. Treize sont éteintes. Funeste résultat, en effet. D'un coup, je souffle les quatre restantes.
Nos cadeaux apparaissent alors sur la table. Drago reçoit, à peu près, le double de mes présents. Mais c'est presque normal, puisque la plupart des convives font partie de sa famille, alors que je ne les connais qu'à peine. Et ils ne risquent certainement pas d'être de la famille Birds, vu la réduction que celle-ci a subi au fil des années. (1)
Avec tous les bijoux que je reçois, je me demande s'il reste encore une boutique du chemin de Traverse ou de l'Allée des Embrumes qui ne soit pas en rupture de stock. Mais ce sont surtout les cadeaux de mes proches qui retiennent mon attention.
Je déballe d'abord un paquet longiligne, que je sais être des sœurs Rosier. J'en sors une fine dague d'argent sublime. La lame est finement ciselée, et le manche subtilement ouvragé. J'aurais pu apprécier le cadeau sans me préoccuper du pourquoi et du comment, mais la boîte était accompagnée d'une note.
Je suppose que tu te doutes que la dague vient de moi. Par contre, les sortilèges et les enchantements sont de Hailie. Je n'ai pas très bien compris en quoi ils consistaient, elle m'a parlé d'une histoire de choix… Je suppose que ça t'évoquera sans doute quelque chose.
Billie.
Les deux sœurs commencent à me taper sérieusement sur le système. Entre l'une, tueuse de son état, qui m'offre une arme blanche, et l'autre qui se prend pour Trelauwney à me tenir des propos bizarres et ambigus .
Les Malefoy m'offrent un cadeau beaucoup plus satisfaisant. Une jolie bague de vermeil, représentant un serpent s'enroulant autour d'un rubis. Le bijou pourrait être vulgaire et tape à l'œil, mais la finesse de l'objet le sauve très largement du mauvais goût.
Je reste sans voix devant le dernier cadeau des Swendenbörg. C'est une longue étole, faite de soie et de poils de Demiguise. Elle est d'un bleu clair moiré, brodée de motifs divers (je reconnais sans peine, entre autres, une mouette, une perdrix et une martre couronnée).
Puis, quand minuit sonne enfin, quel plaisir je prends à sortir ma baguette pour renvoyer les présents dans ma chambre ! (2)
- - - - -
Nous, c'est–à–dire Jef, Pansy, Drago et moi, avons élu domicile dans une des nombreuses chambres du château. Affalés sur un immense lit double, nous refaisons le monde à notre façon. Drago lève sa bouteille de Dragonno Vodka.
- Antigone… Pour nos dix-sept ans ! Santé !
Et de trinquer, encore et encore. De trinquer à nos dix-sept ans, à ceux de Pansy en mars, aux dix-huit ans de Jef en mai, aux mangemorts, au Lord Noir, à la guerre, aux Serpentard, aux mariages à venir, à Drago, à Pansy, à Jef, à moi, aux générations futures, et à bien d'autres choses encore.
Par je ne sais quel miracle, nous avons encore les idées à peu près claires. Bien sûr, Pansy glousse dès que quelqu'un ouvre la bouche, Jef et Draco se sont lancés dans un concours de blagues salaces et moi… Je ne sais pas trop ! Je suppose que les autres me raconteront demain !
Mais je suis heureuse.
Je crois bien que je suis heureuse.
Pas que je considère que je n'ai jamais connu le bonheur de ma vie, loin de là, mais je prends plaisir à être en leur compagnie.
À l'aise en société, pour une fois.
Tant que l'on ne me demande pas de tenir une conversation civilisée (j'ose à peine imaginer ce qui arriverait si je racontais ce qui se passait réellement lors de mes retenues avec Potter –pas qu'il se passe quoi que ce soit d'absolument hors du commun, mais je suppose que notre amitié ne sera pas exactement aux goûts du jour).
On est bien. Drago est allongé en travers du lit, et Pansy a posé sa tête sur son ventre. Jef est appuyé sur la descente du lit, et mon cou repose sur son épaule. Mes doigts s'enroulent machinalement autour des cheveux blonds de Drago. Vraiment, on est bien.
Je me dégage lentement de l'étreinte de Jef et sors prendre l'air quelques instants. Il ne tarde pas à me rejoindre.
L'air est froid et mordant, et je me mets à trembler. Jef m'entoure de ses bras. Je n'ai pas plus chaud, mais c'est agréable de s'y lover.
J'ai toujours autant de mal à définir mes sentiments pour lui. Mais, l'épouser ne me fait plus peur. J'ai réalisé quelque chose de très important, durant son court séjour ici. Il a eu autant que moi le droit de donner son avis sur son mariage, et je suppose qu'il le redoutait autant que moi. Après… Après, je suis belle, il est beau. Nous sommes riches et puissants, il est prince et je fais partie de la haute société. Que nous faudrait–il de plus ? Je ne suis pas une Poufsouffle ringarde et fleur bleue, avec des idéaux à deux balles et des romances à la con ; si je me lasse un jour de lui, et bien un concubin fera l'affaire, pourvu que je fasse un héritier à Jef. Et je sais avec certitude qu'il pense exactement la même chose.
Nous rentrons. Jef pousse la porte de la chambre, passe la tête et la ressort quelques instants après.
- Je pense qu'ils préféreraient ne pas être dérangés, dans la mesure du possible.
- Oh… Ça devrait pouvoir s'arranger, le château est grand.
Je lui attrape la main, et nous partons à la recherche d'une autre chambre, où nous pourrons être tranquilles.
Oui, je crois que je suis heureuse. L'avenir peut bien en avoir contre moi, lui et ses treize bougies, je crois qu'il ne manque rien à la célébration de mes dix-sept ans. (3)
- fin du chapitre seize
(1) Rapport aux mariages consanguins de la famille, vous vous souvenez ?
(2) Drago est né le 2 janvier (dans ma fic), Antigone le 3. Comme la soirée se déroule le 2, Antigone est officiellement majeure à partir de minuit
(3) Ambiguë, la fin ? Oui, je sais Je vous laisse tirer les conclusions que vous voulez. Pour ma part, j'ai mon avis, mais je me suis dit que ça ne cadrais pas forcément avec c qui va suivre, aussi, cela reste flou. Mais j'ai longuement hésité, je dois vous dire.
Bon… Non content d'être le chapitre le plus long de tous ceux que j'ai pondus, c'est aussi celui qui m'a posé le plus de problème (quoique, le quinze, dans le genre, était pas mal !). Mais je suis enfin arrivée au bout de mes peines –YES !- et je me débarrasse de ce chapitre avec la plus grande joie. Sinon… Herm. Pour la relation Jef / Antigone… Ou est-ce que j'ai écrit qu'ils étaient amoureux ? J'n'ai pas fait ça, moi ! Si Antigone a même plus le droit de se poser des questions existentielles sans que tout le monde y voie une romance torride et déchirante… Tant pis. Tant pis pour les fans du couple, je viens de briser toutes leurs illusions… Pour le moment ! Mais, heureusement, ils ne sont pas trop nombreux
Trop d'émotions, je vous adore. Le chapitre XVII arrivera un jour ou l'autre… Pas tout de suite, en tout cas, puisque je n'ai quasiment pas commencé le 18 ;) Je vous laisse avec Jef, qui a deux trois mots à placer. À un de ces jours…
Bizz,
Coline
Jef : Oh ! Tudieu ! La catin ! Me laisser choir de la sorte ! Me faire le hérault du triste message que je me dois de vous délivrer ! Elle me le paiera ! Je m'en vais de ce pas ravir la dame de mes pensées sur mon blanc destrier… Mais je m'égare. Coline n'a point eu le temps de me confier le parchemin sur lequel était inscrit les réponses manuscrites de vos diverses compliments, forts nombreux à l'occasion de Noël, d'ailleurs. Je ne puis que m'excuser platement de son incorrection, et vous remercier tout aussi platement. Je vous laisse, mes amies, la couronne et le trône islandais m'appellent. Préparez cependant vos questions ! Dames Billie interviendra prochainement… Bien à vous,
Jef Nilsovitch Swendenbörg.
