Voilà... Retard, encore. Quoique vous devez y être habitué(e)s depuis le temps... Je suis pathétique. Juste trop de trucs dans le cerveau. Désolée. Merci à ceux qui lisent et pour ceux qui lisent pas, eh bien... Hello. ;-)


Chapitre 5

Harry ne réapparu que des heures plus tard, à l'aurore. Son visage pâle reflétait une immense fatigue, mais aussi une tristesse indéfinissable. Il n'adressa même pas un regard à son compagnon et disparu dans la salle de bain. Draco soupira. Le Survivant ressortit quelques minutes après, habillé d'un pyjama bien trop grand pour lui ainsi que les cheveux humides pour ensuite se glisser sous les draps frais de son lit.

Son corps ressentait douloureusement les conséquences de sa demie-journée passée dans un gym moldu. Des heures durant, il avait frappé sans ménagement sur un sac de toile en s'interdisant d'arrêter, et ce même lorsque ses jointures sanglantes le rappelaient à l'ordre.

Se défouler lui avait fait le plus grand bien. Avec un plaisir étrange, il avait accueillit la douleur due au déchirement de sa peau. Et même quand il s'était aperçu que le tissu du sac se teintait de son sang, il ne s'était pas immédiatement arrêté. Un des employés du centre avait fini par se rendre compte de la situation et lui avait demandé s'il allait bien. Il avait alors feint de voir son état et, avec un profond regret, avait laissé le pauvre sac. L'instructeur avait tenu à ce qu'il le suive dans une pièce attenante réservée aux employés pour désinfecter ses blessures. Il s'était exécuté de bonne grâce, grimaçant ensuite tandis que l'alcool faisait son travail. Il avait remercié le jeune homme et était partit, non sans lui donner l'assurance qu'il serait plus prudent à l'avenir.

Malgré le sort de guérison jeté par la suite, la douleur était bien présente, mais la peau intacte. Pourtant, il aimait cela. Pouvoir sentir qu'il était bien vivant, qu'il était toujours capable d'être fondamentalement semblable à ses pairs.

Couché dans son lit, sentant ses paupières lourdes du sommeil du juste, il pressentait ce qui l'entourait s'éloigner lentement. La dernière chose dont il fut conscient fut la voix lointaine de Malfoy lui souhaitant une bonne nuit.

Draco ouvrit les robinets d'eau froide. En recueillant dans ses paumes, il s'aspergea plusieurs fois de suite le visage. Saisissant une serviette d'un blanc nacré sur sa droite, il s'essuya gauchement pour ensuite la jeter de côté. Se redressant, il s'observa dans la glace suspendue au-dessus du lavabo.

Son regard profond se perdit dans sa propre contemplation. Il aimait bien sa nouvelle apparence, non dénuée de charme mais, à choisir, il préférait ses propres yeux. Leur bleu-gris était très utile dans les moments où il se trouvait inconfortable. Rien de mieux qu'un regard de glace et un froncement de sourcil caractériel pour décourager les plus hardis. Et sinon, il y avait toujours les menaces de malédictions lancées contre la famille et les générations à venir...

Jamais auparavant il n'avait cru que des yeux émeraudes puissent être aussi effrayants que toutes les menaces existantes. Et pourtant, il en avait eu la preuve quand Potter l'avait plaqué durement dans cette ruelle déserte et l'avait sévèrement averti de se mêler de ses affaires. Mais loin de le désespérer, cette menace très distincte ne l'avait qu'encouragé à persévérer.

Il était plus de deux heures du matin, aussi jugea-t-il bon de retourner se coucher, au risque de se retrouver avec d'immondes poches de fatigue sous les yeux. Totalement inconcevable.

Alors qu'il rejoignait son lit, un mouvement attira son attention. Il hésita une seconde, puis s'avança vers son compagnon endormi. Il était couché sur le dos, une couverture le couvrant jusqu'à la taille. Loin d'avoir un sommeil paisible, sa tête se balançait de gauche à droite et il lâchait des gémissements sourds, presque plaintifs. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration saccadée et, sur son front moite de sueur, sa cicatrice en forme d'éclair était d'un rouge vif.

Le blond s'avança prudemment vers le Survivant et voulu poser une main sur son épaule mais alors qu'il allait l'effleurer, Harry se redressa soudainement, le faisant sursauter.

- Potter ?

Mais le jeune homme brun ne répondit pas, ses grands yeux bleu océan fixés sur le mur d'en face. Il respirait bruyamment, comme ne parvenant pas à reprendre son souffle. Draco, qui s'était reculé, fit un pas en avant, seulement un car il se retrouva l'instant d'après avec une baguette sous la gorge.

- Potter ? Répéta-t-il en déglutissant.

Les yeux du sorcier papillonnèrent et il sembla se réveiller réellement. Il rangea rapidement sa baguette sous son oreiller et se passa une main tremblante dans ses cheveux en bataille. Son teint était horriblement blafard et un tic nerveux agitait sa bouche.

- Ça va, fit sa voix éraillée. Retourne te coucher. Je suis désolé de t'avoir réveillé.

- Je ne dormais pas. Tu as fait un cauchemar ?

Les lèvres du Gryffondor s'étirèrent en un rictus ironique.

- Si on veut.

Ses doigts vinent effleurer sa cicatrice en forme d'éclair encore douloureuse et saillante sur son font pâle. Draco alla s'asseoir sur son lit de façon à lui faire face.

- En quatrième année, on racontait que tu avais des visions. C'est vrai ?

Hésitation, puis acquiescement.

- Que vois-tu ? Demanda Malfoy.

- Ce n'est pas toujours des images, commença-t-il. La plupart du temps, ce ne sont que des ombres floues et noires. Mais parfois, c'est comme si je vivais la scène. Comme si j'assistais réellement sans toutefois pouvoir agir.

Il fit une pause.

- Je les vois mourir, sauvagement torturés. Je les entends crier, hurler et supplier qu'on leur laisse la vie sauve ou qu'on épargne leurs enfants. J'entends raisonner les rires froids des Mangemorts, leurs moqueries et les sorts qu'ils crient avec tant de plaisir...

Il reprit son souffle avant de continuer d'une voix brisée.

- Et je ressens la douleur des victimes comme si elle était mienne. Je sens leur incompréhension, leur peur. Et je suis incapable de me réveiller. Je n'ai pas le droit d'être lâche et de vouloir que ça cesse.

Ses yeux brillants de larmes se fermèrent.

- Si tu savais combien Il se réjouit de tout ce mal, de ces morts innocentes...

- Alors, fit le blond après un instant de réflexion, tu as vu l'attaque de la ferme moldue, celle où...

- Oui. Sons et couleurs.

Le silence pesa.

- Et tu fais souvent ce genre de rêve ? S'enquit doucement le Serpentard.

- De plus en plus depuis un certain temps. Je crois que lorsqu'Il a su que je voyais tout ça, il a fait un truc qui a modifié le lien. Maintenant, c'est comme si j'étais lié aux Mangemorts à travers lui.

- Et tu ne peux rien faire contre ? Dumbledore pourrait peut-être te donner de la potion sans-rêves.

- Dumbledore ne le souhaite pas.

- Pourquoi ? S'étonna-t-il.

- C'est une sorte de précaution. Au cas où mes visions s'avéreraient prémonitoires. Je ne peux tout simplement pas me le permettre. Je m'en suis préparé un chaudron sans qu'il ne le sache. Malheureusement, je ne peux me permettre une trop grande consommation.

- C'est pourquoi tu ne dors pratiquement plus, devina Draco.

- Comment... ?

- Tu t'es regardé dans une glace, récemment ?

Un haussement d'épaules lui répondit.

- Et toi, fit le brun. Pourquoi ne dormais-tu pas ?

Le voyant mal-à-l'aise, il tenta :

- Tu rêves de cette nuit-là toi aussi, n'est-ce pas ?

- Oui, je me sens si... coupable... J'aurais dû...

- Draco, le coupa Harry, si tu avais tenté quoi que ce soit, ils t'auraient tué toi aussi.

Le blond grommela quelque chose. Mais le Survivant comprit.

- Je t'interdis de dire ça ! S'exclama-t-il. Une victime de plus ou de moins, n'est-ce pas ? C'est ce que tu penses ? Nous sommes en guerre, Malfoy. Chacun a son importance. La situation est grave et nous ne pouvons nous permettre de perdre en effectif. Chaque semaine, des dizaines de personnes meurent ou disparaissent mystérieusement. Notre nombre diminue et les gens vivent dans la crainte. Cela doit cesser et ce n'est pas en pensant comme tu le fais que nous y parviendrons.

Un ange passa. Ils s'affrontèrent du regard avant que le Serpentard ne détourne finalement le sien. Soupirant, Harry se leva et vacilla un instant avant de retrouver un équilibre toujours un peu chancelant. Il se dirigea vers sa commode et, ouvrant un tiroir, il en sortit un petit flacon remplit d'un liquide verdâtre. Il revint sur ses pas et le donna au blond.

- Bois, ordonna-t-il.

- Et toi ? S'enquit Draco.

- Je vais lire un peu. Je n'ai plus sommeil.

Sachant qu'il ne servait à rien d'argumenter et que, quoi qu'il fasse ou dise, le Gryffondor serait encore debout à son réveil, il avala rapidement la petite dose de potion et s'étendit sous les couvertures encore tièdes.

- Potter ? Appela-t-il, la voix déjà ensommeillée.

- Oui ?

- Tu crois qu'on réussira à le battre ? Que ça se terminera un jour ?

Le jeune sorcier lutta contre le sommeil pour entendre la réponse à sa question.

- Je ne sais pas.

Ces quelques mots lui serrèrent étrangement le coeur. Mais il s'endormit et ne pu savoir pourquoi.

À suivre...