Chapitre 5 : Surprise

Lorsque Harry ouvrit les yeux, un éclatant soleil matinal brillait déjà à travers les fenêtres du dortoir. À l'extérieur, tout semblait calme, si ce n'était des chants d'oiseaux. Il s'habilla lentement et descendit les marches qui menaient dans la salle commune, mais une surprise l'y attendait.

-Harry ! s'exclama Hermione d'une voix joyeuse. Il était temps, il est presque l'heure du déjeuner !

-Ouais, et en plus, ça fait plus d'une heure qu'on t'attend ! dit Ron d'une voix outrée.

Harry fut stupéfait. Il ne savait trop quoi penser de l'apparition de ses amis au château, qui plus est trois semaines avant le début des cours.

-Ron, Hermione, mais qu'est-ce que vous faites ici ? dit Harry d'une voix hésitante. Comment avez-vous su que j'étais au château ?

-C'est Sniffle, il nous a écrit pour nous dire que tu n'allais pas bien et qu'il t'avait emmené ici. Il ne voulait pas que nous t'écrivions chez tes moldus, lui répondit Ron.

-Et ensuite, nous avons reçu une lettre de Dumbledore nous invitant à te rejoindre ici. Je crois qu'il avait peur que tu t'ennuies trop tout seul.

-Eh ben ça alors !

Harry était interloqué. Dumbledore pensait vraiment à tout.

-Vous imaginez l'avantage ! dit d'une voix surexcitée Hermione. On va pouvoir avoir l'aide de tous les professeurs pour terminer nos devoirs de vacances !

-Non mais, tu ne penses vraiment qu'à ça ! Mais c'est vrai que tu n'as pas du avoir beaucoup de temps pour travailler, en Bulgarie avec ton Vicky ! lui répondit Ron d'une voix sèche. Tu imagines plutôt tout ce qu'on va pouvoir faire ici, tout seul, pendant trois semaines ! On va pouvoir explorer plus que quiconque le château, mes frères et les maraudeurs compris !

-Il n'est pas question que vous exploriez ce château plus que moi ! D'autant plus que je ne crois pas que cela soit possible ! dit une voix amusée derrière eux.

Ron et Hermione avaient sursauté en reconnaissant la voix de Sirius. Harry, lui, s'était contenté de sourire en voyant son parrain entrer silencieusement dans la pièce. Ses deux amis étaient alors bien trop occupés à se quereller pour voir le changement d'attitude de Harry. Le visage de Sirius était fendu d'un large sourire.

-Sirius ! finit par dire Hermione. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

-Si vous m'aviez laissé parler, j'aurais pu vous le dire, leur répondit alors Harry en riant.

-Tu le savais ?

-Mais bien sûr, je suis quand même ici depuis un peu plus longtemps que vous. Et maintenant, si nous allions manger, je meurs de faim, et je vous raconterai pourquoi je suis ici tout à l'heure, d'accord ?

C'était au tour des deux amis d'être interloqués.

-Juste une petite chose, certains professeurs ne savent pas que Sirius est ici, alors soyez discrets.

-Hum, c'est faux, Harry, Dumbledore a fini de les mettre au courant ce matin, au petit déjeuner.

-Alors, tu vas cesser de te transformer toutes les deux minutes ? Harry paraissait fou de joie. C'est vraiment les meilleures vacances que je pouvais espérer !

-Non seulement je n'aurai plus à me transformer, mais en plus, je vais pouvoir visiter le château avec vous en toute liberté. Ce bon vieux Poudlard m'a bien trop manqué pour que je rate une telle occasion ! dit Sirius d'une voix enjouée. Et maintenant, si nous allions manger ?

-Très bonne idée, s'exclama Harry, je meurs de faim !

Et ils sortirent tous trois de la salle commune, Sirius et Harry en tête. D'après ce que Harry avait pu voir, Ron et Hermione ne semblaient toujours pas disposés à considérer leurs relations comme autre chose que de l'amitié et comme il s'y était attendu, Ron semblait furieux qu'Hermione soit allée en Bulgarie. Tant pis, s'ils ne voulaient pas s'ouvrir les yeux tous les deux, il ne pouvait rien pour eux !

-Tu as l'air bien pensif ! dit Sirius en le sortant tout à coup de sa rêverie.

Sans même s'en rendre compte, Harry, accompagné de Sirius, avait pris une bonne distance sur Hermione et Ron qui étaient encore occupés à se disputer.

-Qu'est-ce qui se passe ? l'interrogea son parrain d'une voix inquiète

-Oh, ce n'est rien de grave, ne t'inquiète pas ! lui assura Harry. Je me disais seulement qui c'est deux-là, c'est sans espoir, finit-il en pointant ses deux amis.

Sirius fronça les sourcils en regardant les deux adolescents qui parlaient à voix haute. Leur sujet de dispute était bien évidemment le voyage d'Hermione en Bulgarie.

-Ils sont toujours comme ça ? questionna Sirius

-Toujours ! répondit d'une voix exaspérée Harry. Et encore, ils sont calmes en ce moment. Je te dis, c'est sans espoir !

-Je ne serais pas prêt à dire ça ! dit d'une voix enjouée Sirius.

-Et pourquoi ? interrogea Harry.

-Parce qu'ils me rappellent deux personnes que j'ai connu il y a longtemps. (Il se mit à rire en voyant le froncement de sourcil de son filleul) Tes parents ne pouvaient pas se dire plus de deux phrases sans s'insulter, eux aussi, et ce, jusqu'à leur cinquième année, et encore, ça s'est fait seulement à la fin de l'année ! termina Sirius dans un éclat de rire.

-Alors ils ne s'aimaient vraiment pas ?

-Déçu ?

-Un peu, j'avais plutôt imaginé un coup de foudre !

-Tu y crois ?

-À quoi ?

-Au coup de foudre ?

-J'y croyais, dit après un moment Harry. Il n'avait pas envie d'en parler. Il n'avait pas envie de dire à Sirius à quel point il pouvait aimer Cho, à quel point il pouvait aimer cette fille qui avait si mal à cause de lui.

-Allons, allons, ce n'est pas une journée pour avoir l'air si malheureux ! Il fait beau, tu es entouré de tes deux meilleurs amis et nous allons vraiment nous amuser dans les prochains jours. Mais en attendant, allons manger.

Pendant le repas, Harry, aidé de Sirius, raconta à Ron et Hermione les événements qui l'avaient amené à Poudlard au milieu de l'été. Sirius expliqua qu'il avait préféré ne pas réveiller Harry le soir où il l'avait trouvé parce qu'il n'aurait pu, de toute façon, ouvrir la porte, toute trace de magie ayant été strictement interdite par le professeur Dumbledore dans ce secteur, question d'empêcher Voldemort de repérer l'endroit où était Harry. Ils bavardèrent ainsi de tout et de rien pendant le repas et remontèrent ensuite à la salle commune. Sirius annonça qu'il devait voir le professeur Dumbledore et Hermione laissa Harry seul avec Ron, prétextant un devoir à terminer à la bibliothèque. Les deux adolescents s'installèrent donc pour une partie d'échecs. Ce n'est qu'au milieu de la partie que Ron se décida à parler.

-Tu étais au courant ? dit Ron d'une voix triste.

-Au courant de quoi ? demanda Harry d'un air inquiet.

-Qu'elle était en Bulgarie ?

-Oh ! dit Harry d'une voix soulagée. Ce n'est que ça ?

-Que ça ? s'emporta Ron. Non mais tu te rends compte que !.

-Ron ! Calme-toi ! intima précipitamment Harry. À ton air, je n'aurais pas été surpris que tu m'annonces la mort de quelqu'un. Oui, j'étais au courant, je savais qu'elle était en Bulgarie.

-Pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit ?

-Parce que je l'ai su le jour de mon anniversaire et que, même si je l'avais su avant, je ne te l'aurais pas dit parce qu'elle me l'a demandé.

-Alors, tu me trahis !

-Mais qu'est-ce que tu me chantes ? s'emporta Harry. Je ne trahis personne, c'est mon amie elle aussi et je ne t'aurais rien dit pour éviter le genre de situation qu'il y a eu ce matin. Non mais, tu n'es vraiment qu'un gamin ! Elle a encore le droit de rencontrer des gens tu sais, et si tu tenais tant à la voir cet été, tu n'avais qu'à l'inviter chez toi !

-Et pourquoi est-ce que j'aurais eu envie de l'inviter ? s'écria Ron.

-Ron, ne me prend quand même pas pour plus idiot que je ne le suis !

-Si tu n'es pas idiot, tu es stupide donc, ou alors tu joues très bien la comédie!

-Ça me surprendrait que je sois le plus stupide dans cette histoire Ron, parce que ce n'est pas moi qui engeule tout le monde parce que j'ai peur de dire ce que j'ai envie de dire depuis des années!

Il y eut alors un instant de silence et tout deux se calmèrent.

-Alors, ça se voit tant que ça ? dit Ron en baissant les yeux.

-Si tu parles du fait que tu es amoureux d'elle, oui ça se voit tant que ça, repris Harry d'une voix plus calme. Et tu ferais bien de te dépêcher parce que vous allez finir par vous rater.

-Comment veux-tu que je fasse le poids contre Victor Krum ? dit-il d'une voix désespérée.

-Tu n'as pas à faire le poids, elle ne l'aime pas, elle me l'a dit.

Les yeux de Ron étincelèrent-

-Tu savais qu'il y avait un bal de Noël encore cette année ?

-Non ! comment est-ce que tu le sais ?

-Il y a une robe de soirée dans la liste des fournitures de l'école.

-Pour quelle occasion ?

-Ça, je n'en sais rien !

-Alors tu sais ce qu'il te reste à faire. Mais n'attends pas trop cette fois, parce que sinon, ça finira comme l'année dernière.

-Je vais quand même attendre qu'ils l'annoncent.

-C'est toi qui voit !

Ils terminèrent leur partie dans le silence. Comme d'habitude, Ron l'emporta haut la main. Harry se plongea ensuite dans le livre que Sirius lui avait offert pour son anniversaire en attendant le retour d'Hermione. Il avait bien l'intention de débuter son exploration du château dès aujourd'hui.

Ce n'est qu'une heure plus tard qu'Hermione fit son apparition. Harry alla chercher la carte du maraudeur dans le dortoir et ils firent basculer le tableau de la grosse dame cachant l'entrée de la salle commune pour aller visiter les coins inconnus de Poudlard.

-Par où commence-t-on ? demanda Harry

-Je n'en sais rien. Si on allait faire un tour dans les couloirs qui mènent aux cachots, pendant qu'il n'y a pas de Serpentard dans l'école ? proposa Ron

-Et si on rencontre Rogue ? fit remarquer Hermione

-On est en plein milieu de l'après-midi, on a donc le droit de se promener n'importe où dans le château, ça, il ne peut rien y faire ! répondit Ron.

-Alors c'est d'accord, confirma Harry, et ensuite, j'aimerais bien rendre visite à Dobby dans les cuisines !

-Dans ce cas, nous ferions mieux d'y aller tout de suite, si on veut avoir le temps de tout faire.

Leur exploration du château se fit sans embûche. Ils ne rencontrèrent pas Rogue et croisèrent seulement Nick-quasi-sans-tête, le fantôme de Gryffondor, qui parlait avec le Moine gras, le fantôme de Poufsouffle. Ils parlaient apparemment d'une bêtise qu'avait faite Peeves et ils les saluèrent chaleureusement lorsqu'ils les virent. Les adolescents découvrirent entre autres une salle remplie de vieux meubles qui dégageaient une odeur de moisi et un placard qui dissimulait une porte secrète. Ils préférèrent toutefois s'abstenir de franchir ce passage (Hermione refusant tout net d'y aller) et décidèrent d'un commun accord d'y revenir en compagnie de Sirius. Ils se dirigèrent ensuite vers les cuisines pour rendre visite à Dobby. Ils n'avaient pas sitôt franchi la porte qu'une petite voix aiguë leurs écorcha les oreilles.

-Harry Potter, monsieur, Dobby est si content de vous voir !

L'elfe de maison portait un petit chapeau de paille sur lequel étaient épinglé plusieurs macarons. Il était vêtu d'un chandail qui devait être un t-shirt pour enfant avec une image de ballon de soccer sur le devant, d'un pantalon gris qui devait avoir du être rétréci plusieurs fois pour lui faire et de deux chaussettes dépareillées. Son visage par contre n'avait pas changé.

-Bonjour Dobby ! lui lança joyeusement Harry. Alors toujours à Poudlard !

-Bien sur, monsieur. Dobby restera à Poudlard tant qu'il y aura du travail pour lui, monsieur, Dobby est heureux de travailler pour le professeur Dumbledore, monsieur ! dit l'elfe d'une voix couinante.

Les elfes leurs apportèrent du thé et des gâteaux que Harry, Ron et Hermione acceptèrent. Les trois adolescents restèrent un moment à bavarder avec Dobby jusqu'à ce que Winky, qui avait l'air beaucoup plus en forme que lorsqu'ils l'avaient quittée à la fin de l'année dernière, vienne le trouver puis déclare que l'heure du dîner approchait et qu'il devait aller travailler. Harry, Ron et Hermione laissèrent donc les elfes travailler et prirent le chemin de la grande salle où ils prévoyaient faire un partie d'échecs avant de manger. Sirius les rejoignit peu avant le repas. Il semblait à la fois très nerveux, mais aussi heureux, mais lorsque les adolescents le questionnèrent, il refusa tout net de leur donner la raison justifiant son comportement, disant qu'il préférait attendre que tout soit confirmé et malgré l'ardeur que Ron, Hermione et Harry mirent à le convaincre, ils ne réussirent pas à tirer le moindre de mot de lui. Après plusieurs heures de conversation, Sirius finit par leur dire d'aller se coucher s'ils voulaient un jour en savoir plus. Hermione obtempéra et monta dans son dortoir en disant que le trajet entre la Bulgarie et le château l'avait fatiguée, mais Harry et Ron préférèrent faire une partie de bataille explosive avant d'aller dormir. Sirius quant à lui, pris le chemin de ses appartements en pensant que ces adolescents étaient décidément trop curieux.