Chapitre 7 : Le retour de Cornedrue
Harry était assis dans la salle commune de Gryffondor et regardait par la fenêtre le soleil descendre doucement sur la forêt. Il caressait distraitement Pattenrond qui ronronnait allègrement sur ses genoux. Il pensait à ce qu'il avait appris cet après-midi et surtout à ce qui allait se passer dans les prochains jours. En sortant du bureau de Dumbledore, Ron et Hermione étaient partis manger à la grande salle, mais Harry avait pris la direction de la tour en disant qu'il n'avait pas faim. Il était maintenant assis depuis une heure dans ce fauteuil à penser qu'il allait bientôt rencontrer son père. Il ressentait un mélange d'excitation et d'appréhension. Il était heureux de le rencontrer, mais il devrait aussi le laisser partir après un certains temps, et il appréhendait déjà ce moment. En fait, il ne savait pas du tout où il en était, et c'est ce moment que choisit Sirius pour entrer.
-Est-ce que ça va ?
-Je dirais que oui.
-Tu es sûr ?
-En fait, je ne sais pas.
Silence.
-Est-ce que tu préfères que je laisse tomber cette idée ?
-Non, ce serait vraiment idiot de faire ça, c'est ta seule chance de prouver que tu n'étais pas le gardien du secret, dit Harry d'une voix lasse.
-Harry, pour une fois dans ta vie, est-ce que tu peux penser à toi ? demanda Sirius.
-Non, je penserai à moi quand tu seras sorti d'affaire, dit Harry d'un ton ferme, mais il se radoucit. De toute façon, j'ai vraiment envie de le rencontrer, mais. -Tu es inquiet.
-Un peu, je sais qu'il ne restera pas. J'ai peur de trop m'attacher.
-Tu t'attacheras, c'est certain, on s'attachera tous à lui, parce que c'est James ! Mais qui sait, peut-être en ressortirons-nous plus forts ?
-Et si je le regrettais ?
-Ça peut arriver, mais au moins, tu l'auras essayé !
-Ouais, vu sous cet angle. De toute façon, c'est la seule chance que j'ai de le connaître, alors autant la mettre à profit ! Tu crois qu'il restera longtemps ?
-Comme je te l'ai dit tout à l'heure, nous n'en avons aucune idée. On est certain qu'il restera au moins quelques jours, mais nous ne savons pas combien. Ce pourrait être deux, comme ce pourrait être un mois entier, mais au risque de parler comme un vieux sage, ce n'est pas la quantité de temps qu'on passe avec quelqu'un, mais la qualité de ce temps.
-Mais d'où sors-tu cette phrase ? dit en Harry riant.
Ce n'était pas du tout le genre de parole qu'il s'attendait à entendre sortir de la bouche de son parrain un jour
-C'est quelqu'un qui me l'a apprise, il y a longtemps.
Harry remarqua que ses yeux s'étaient assombris. Il préféra donc ne pas poser de questions et revint au sujet initial.
-Quand voulez-vous pratiquer le sortilège de Vivius Mémorus ?
-Dimanche, en milieu d'après-midi. Il nous faut du temps, voire une demie journée, pour tout raconter à James et ensuite, il me faudra une bonne nuit de sommeil parce que c'est un sortilège très épuisant à pratiquer.
-Pourquoi ?
-Parce que lorsque le souvenir prend forme, il a besoin d'énergie pour se constituer, il la prend donc en celui qui le fait apparaître, mais ensuite, comme il agit comme un être vivant, il renouvelle lui-même ses forces, ce qui signifie qu'il aura besoin de manger et de dormir comme tout le monde.
-D'accord. Est-ce que je pourrai être la ?
-C'est comme tu veux, mais réfléchis bien avant de prendre une décision aussi importante. James sera sûrement totalement effondré d'apprendre ce qui s'est passé.
-Je vais y penser alors.
-D'accord. Je vais te laisser maintenant, je dois encore voir Dumbledore ce soir. En passant, nous vous attendrons demain après déjeuné à son bureau, pour pratiquer vos témoignages.
-Ok !
Sirius sorti de la salle commune. Harry ne fut pas seul très longtemps, car Ron franchit le portrait de la grosse dame peu après.
-Salut ! dit-il.
-'jour ! lui répondit distraitement Harry, mais il sortit rapidement de sa rêverie. Où est Hermione ?
-À ton avis ! À la bibliothèque, comme toujours ! Ça va ?
-Ça va mieux ! Je viens de parler avec Sirius.
-Oui je sais, je l'ai croisé dans le couloir en venant ici.
-Et qu'est-ce que tu vas faire ? » Sous le regard interrogatif de son ami, il enchaîna : « Pour Hermione ? Si tu ne lui dis rien, elle va tout découvrir par elle-même lundi.
-Je sais, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire. Je n'arrive pas à lui dire. Je ne crois pas que ce soit réciproque. Ces paroles déclenchèrent un fou rire de la part de Harry
- Quoi ? demanda-t-il alors.
-Bien ça, ça prouve que tu es vraiment aveugle ! réussit à dire Harry entre deux fous rires.
-Eh bien, ça a l'air drôle ici ! Harry, pourquoi est-ce que Ron est aveugle, qu'est-ce qu'il n'a pas vu ?
Hermione venait de franchir le portrait et les regardait d'un air curieux, les poings sur les hanches. Ron attrapa un coussin qui traînait sur le divan à côté de lui, et le lança de toutes ses forces sur Harry qui se mit à rire de plus belle.
-C'est brillant ça ! dit Ron avec toute la colère qui bouillonnait en lui.
-Je crois que je vais y aller moi ! dit finalement Harry après s'être un peu calmé. Je crois que vous avez des choses à vous dire !
Et il franchit le portrait à grand pas, essayant de contenir son fou rire, sous le regard interrogatif d'Hermione. Arrivé dans le couloir, il s'écroula par terre et rit un bon coup. Enfin, ils verraient les choses en face.
Une dizaine de minutes plus tard, après avoir réussi à se calmer pour de bon, il se leva et prit la direction des cuisines. Cette pause dans ses idées noires lui avait fait du bien, et maintenant, il avait faim. Lorsqu'il entra dans la pièce aussi grande que la grande salle, il vit Dobby accourir vers lui, avec son éternel sourire accroché au visage.
-Harry Potter, monsieur ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
-Et bien, j'ai raté le dîner et j'ai un peu faim, tu n'aurais pas quelque chose à grignoter ?
-Bien sûr, monsieur !
Il fit signe aux autres elfes de maison qui s'approchèrent aussitôt de Harry à petits pas pressés avec un plateau qui avait la grandeur d'un bouclier et qui débordait de nourriture. Harry mangea avec appétit tout en parlant de tout et de rien avec l'elfe de maison. Après avoir passé une bonne heure aux cuisines, il s'excusa et sortit d'un pas lent, se demandant s'il dérangerait en retournant à la tour de Gryffondor. Lorsqu'il regarda sa montre, il vit qu'il n'était pas si tard. Il se rendit compte que cette journée l'avait affreusement tendu et prit donc la direction de la statue de Boris le Hagard (un drôle de sorcier qui portait ses gants à l'envers) dans l'espoir infime que le mot de passe de la salle de bain des préfets n'avait pas changé depuis l'année dernière.
-Fraîcheur des pins ! dit-il d'un ton mal assuré lorsqu'il fut arrivé à destination. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la porte bascula dans un long grincement.
Il entra dans la pièce et commença à tourner le plus grand nombre de robinets qu'il pouvait, si bien que la piscine fut très vite remplie d'eau et de mousses de toutes sortes. Il se déshabilla et entra dans l'eau chaude. Il regarda autour de lui et vit le tableau de la sirène qui dormait pour le moment. Il se souvenait trop bien de la dernière fois qu'il était venu dans cette salle de bain. Cette nuit-là, il avait appris avec une certaine panique qu'il devrait explorer le lac pour la deuxième tâche du tournoi des trois sorciers et il avait failli avoir de gros ennuis avec Rogue lorsqu'il s'était pris la jambe dans une marche d'escalier. Il était plongé dans ses réflexions lorsqu'il se retourna brusquement vers la porte en entendant celle-ci grincer. Dans l'encadrement se tenait son parrain.
-Sirius ! dit-il un peu paniqué. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-À ton avis ? et ce serait plutôt à moi de te poser cette question ! dit-il avec un froncement de sourcil.
-Ça se voit non ! Sirius, je n'ai rien sur moi ! dit-il, vraiment paniqué cette fois.
-Je vois !
Il fit un geste négligent de sa baguette magique et fit apparaître deux maillots de bain noir, à la mode moldu. Il lui en lança un et Harry eut un regard soulagé. Il mit le maillot tout en prenant garde de bien rester caché dans les bulles pendant que Sirius le regardait d'un air moqueur.
-Tu permets ?
-C'est assez grand pour dix ici !
Sirius fit apparaître un paravent et se changea derrière celui-ci. Quelques minutes plus tard, il nageait dans l'eau chaude de la grande piscine.
-Alors, en quel honneur je te trouve ici ? demanda-t-il après un moment.
Harry se mit à rire et lui raconta ce qui s'était passé après qu'il soit parti. Il lui expliqua qu'il avait décidé de venir ici après avoir manger pour éviter de causer un malaise en arrivant au mauvais moment dans la tour.
-Et comment as-tu eu ce mot de passe ? Ne me dit pas que c'est la carte, je ne connaissais pas cette pièce avant cette année, elle n'y est pas ! dit- il en riant.
Mais il se ravisa vite en voyant le visage sombre de son filleul.
-C'est Cédric qui me l'a donné l'an dernier, pour que je puisse trouver l'énigme de l'?uf.
Sirius resta un moment silencieux. Il était clair que Harry se sentait responsable de la mort de Cédric, et rien de ce qu'il pourrait dire ne le réconforterait.
-Ce n'était pas ta faute.
-Un peu, quand même.
-Non, Harry, c'est la faute de Voldemort, tout est de sa faute, mais on n'y peut rien, à part continuer d'avancer.
-Je sais, mais ce n'est pas facile.
-Je sais, Harry. Bon, dit-il sur une note plus joyeuse, je ne sais pas toi, mais moi j'étais venu ici pour relaxer et me changer les idées, alors peut-être que tu préfères changer de sujet ?
-Oui, si ça ne te dérange pas.
Ils continuèrent leur baignade à parler de tout et de rien. La discussion était parfois ponctuée d'éclaboussements qui se terminaient la plupart du temps par de véritables batailles que Harry perdait inévitablement, mais il passa un bon moment, ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Il avait vraiment l'impression que Sirius était un peu comme un père pour lui, mais cette réflexion lui ramena à l'esprit que dans quelques jours, il rencontrerait son véritable père.
-Je veux être là ! dit-il subitement.
-Où ?
-Dimanche prochain.
-C'est comme tu veux, mais ça ne sera peut-être pas rose. Je ne sais pas comment il va réagir quand il va savoir.
-Ce n'est pas grave, je veux y être ! dit-il d'un ton buté.
-C'est comme tu veux ! » Il leva les yeux pour regarder la pendule. « Tu as vu l'heure qu'il est ? Je crois que s'ils sont encore en train de se parler, c'est qu'ils avaient vraiment beaucoup de choses à se dire. Il est temps d'aller dormir. Est-ce que tu dois encore passer chez Pomfresh ?
-Oui, je dois encore prendre cette maudite potion assommante. Au fond, elle a ses avantages, dit-il après un moment.
Sirius ne posa pas de questions, il savait déjà que ces « avantages » était le fait qu'il ne faisait plus de cauchemars. Ils sortirent de la piscine, tirèrent le bouchon, se séchèrent, se changèrent à tour de rôle derrière le paravent et sortirent. Sirius insista pour accompagner Harry à l'infirmerie et au dortoir en soutenant que s'il se faisait prendre à cette heure dans le couloir, il aurait sûrement des ennuis. Il le laissa devant le tableau de la grosse dame et quand Harry pénétra dans la salle commune, il fut soulagé de voir qu'elle était vide. Fatigué, il monta dans son dortoir. Ron dormait déjà. Un peu déçu, Harry mit son pyjama, se coucha, avala sa potion et s'endormit aussitôt.
Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Ron dormait toujours.
-C'est un record, se dit-il à lui-même. D'habitude, je n'arrive pas à me réveiller avec cette maudite potion !
Il jeta un ?il à Ron qui dormait à point fermé et eut une idée diabolique. Il se leva sans bruit, alla dans la salle de bain et remplit un grand verre d'eau bien froide. Il revint sans faire de bruit dans le dortoir, posa le verre d'eau sur la table de chevet de Ron et retourna s'asseoir sur son lit, en ramassant au passage sa baguette magique. Il se concentra alors très fort sur son objectif (le verre d'eau) et lança un Wingardium Léviosa. Le verre s'envola avec précaution, se déplaça sur la gauche et renversa la totalité de son contenu dans la figure de Ron. Celui- ci, pris de panique, se leva en s'écriant: « Inondation ! Planquez-vous ». Mais il ne prit pas longtemps à comprendre la blague lorsqu'il vit Harry se tordre de rire sur son lit. Il prit alors une expression menaçante et sauta sur Harry en faisant semblant de l'étrangler. Attirée par les cris, Hermione s'était précipitée dans le dortoir et se tenait maintenant dans l'embrasure de la porte, avec une expression qui semblait mi-amusée, mi- exaspérée. Lorsqu'il la vit, Ron lâcha Harry, s'approcha d'elle et lui dit : « Bonjour mon amour ! » avant de lui donner un baiser sur la joue et de la prendre dans ses bras.
-Non mais il était temps ! lança Harry pour dissiper le malaise qui s'était créé lorsque Ron s'était rendu compte du geste qu'il venait de faire, et ils se mirent tous à rire. Euh, Hermione, continua Harry après un moment, ça ne te gêne pas de sortir pour qu'on puisse s'habiller ? C'est que je commence à avoir faim.
Hermione fit la moue en regardant Ron et sorti d'un pas lent. Décidemment, elle avait vraiment changé du jour au lendemain. Il était perdu dans ses réflexions quand il s'aperçut que Ron le regardait.
-Quoi ? demanda-t-il le plus innocemment du monde.
-Harry Potter, je vais te tuer !
-Et que me vaut l'honneur de cette menace de mort ce matin ? demanda-t-il gentiment.
-Non mais, c'était quoi l'idée de me laisser tout seule avec Hermione hier soir ?
-Oh ! ne vas pas t'en plaindre hein ! Regarde-toi ce matin, tu devrais plutôt me remercier ! De toute façon, il fallait bien que ça se fasse un jour, non ? De préférence avant lundi !
Son estomac se contracta, mais il n'en laissa rien paraître.
-Ouais, bon, quand même, j'aurais aimé pouvoir décider moi-même du moment! -Mais tu ne te décidais pas alors, je l'ai fait à ta place ! » Il regarda Ron qui n'était toujours pas habillé alors que lui était déjà prêt. « Tu t'actives oui ou non ? Ce n'est pas poli de faire attendre les dames ! dit- il en riant. Ron lui lança un regard assassin.
-Tu ne vas pas commencer ?
-Mais non, mais non ! Allez dépêche-toi, je meurs de faim !
Lorsque Ron eut enfilé un jeans et un pull, ils descendirent rejoindre Hermione dans la salle commune. La jeune fille était en conversation avec Sirius.
-Bonjour ! lança-t-il gaiement ! On va manger ?
Ils descendirent donc tous les quatre dans la grande salle après que Sirius eut lancé un regard lourd de sous-entendus à Harry. Celui-ci, se retenant de rire, rejoignit Sirius en tête de file.
-Alors ? demanda-t-il.
-Regarde par toi-même !
Sirius jeta un regard par-dessus son épaule et vit que Ron et Hermione marchaient main dans la main.
-Eh bien mon vieux, tu devras te faire de nouveaux amis ! Ils ne seront plus autant là maintenant, crois-moi, je parle par expérience !
-Je sais, dit Harry en riant, mais ça en vaut la peine, regarde-les !
Dans la grande salle, ils s'assirent à l'unique grande table qui était dressée depuis qu'ils étaient arrivés et discutèrent de tout et de rien tout en prenant leurs petit déjeuné. Harry et Sirius trouvaient très drôle de voir les petits regards en coin que se lançaient Ron et Hermione et finirent par s'absorber dans une conversation, les deux autres voulant de toute évidence être tranquilles. Après un moment Sirius annonça qu'il avait à nouveau rendez-vous avec le professeur Dumbledore et se leva.
-Euh. est-ce que je peux y aller avec toi ? demanda Harry après avoir jeté un coup d'?il à Ron et Hermione qui étaient totalement perdus dans leur monde.
-Je ne crois pas qu'il y ait de problème !
Harry se leva donc et suivit Sirius jusqu'au bureau du directeur.
Les derniers jours avant le dimanche midi se passèrent sans histoire. La défense de Sirius était complète, les témoignages écrits et pratiqués et la nervosité à son maximum. Harry attendait le dimanche après-midi avec un mélange d'appréhension et d'excitation, mais il ne redoutait pas vraiment le moment. Ron et Hermione passaient la majorité de leur temps ensemble et Harry se dit qu'il avait hâte que d'autres élèves arrivent. En effet, il se sentait un peu seul. Même si ses deux amis s'arrangeaient pour être souvent avec lui, il se sentait un peu le chaperon quand il était avec.
Le moment attendu arriva rapidement. Au matin du grand jour, Harry se réveilla anxieux, sans trop savoir pourquoi. Au fond, ce jour devait être un beau jour, non ? Comme il était très tôt, il s'habilla silencieusement pour ne pas réveiller Ron et descendit directement dans la grande salle, attrapant au passage son livre sur les Potter qu'il avait laissé dans la salle commune. Il était assis dans la grande salle depuis une bonne heure lorsque quelqu'un l'y rejoignit. C'était Sirius.
-Comment te sens-tu ? demanda-t-il en s'asseyant à côté de son filleul.
-Ça peut aller, et toi ?
-Ça va aller, mais je suis nerveux !
-Ouais, c'est la même chose pour moi.
-Ça va aller, on prépare ça depuis une semaine. Le sortilège ne peut que fonctionner, ça ne peut pas échouer ! dit-il très rapidement.
-C'est toi ou moi que tu essaies de convaincre, là ? demanda Harry en riant. En ce moment, Sirius ressemblait à un enfant de cinq ans qui partait pour sa première journée d'école.
-Je ne sais pas, dit-il après un moment tant la question de Harry l'avait pris au dépourvu, les deux peut-être !
-Ça va aller, Sirius, je ne crois pas que ça puisse aller mal.
Ils dirigèrent ensuite la conversation sur des sujets plus joyeux. Ron et Hermione, la colère que Rusard avait eue la veille parce que Peeves avait barricadé de l'intérieur tout les placards à balais de l'école et Sirius fit tordre de rire Harry en lui parlant des professeurs qui étaient présents lorsqu'il était étudiant à Poudlard. Entre temps, Ron et Hermione, toujours main dans la main les rejoignirent pour prendre leurs petit déjeuner et, voyant le visage de plus en plus vert d'anxiété de Sirius, ils proposèrent d'aller faire une promenade autour du lac tous ensemble. Ils sortirent donc à l'extérieur et marchèrent une bonne partie de l'avant-midi, faisant trois fois le tour du lac et riant des blagues et des anecdotes de Sirius. Puis, bientôt, il fallut aller déjeuner pour ensuite monter au bureau de Dumbledore. Harry et Sirius laissèrent Ron et Hermione à la table de la grande salle et prirent le chemin du bureau du directeur. Le vieil homme n'était pas descendu manger dans la grande salle avec les autres. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce à la décoration un peu étrange, Dumbledore était penché sur un long parchemin abîmé.
-Oh ! il est déjà l'heure ! Asseyez-vous !
Harry et Sirius s'assirent mais restèrent agités. Maintenant que le moment était venu, Harry se sentait vraiment nerveux et, à en juger par la façon dont Sirius s'agitait, il n'était pas le seul.
-Très bien, alors sachez qu'il est possible que James semble confus lorsqu'il apparaîtra. En effet, lorsque la procédure sera terminée et que James pourra penser par lui-même, son cerveau et ses souvenirs lui diront qu'il est chez lui, et qu'il vient de terminer le sortilège de Vivius Mémorus avec vous, Sirius. C'est pourquoi Harry, je te demanderais de rester un peu en retrait, pour que vous ne soyez pas la première personne que James verra, il doit d'abord voir Sirius. Est-ce que tout le monde comprend ?
Harry et Sirius hochèrent la tête. Harry se leva et alla s'asseoir dans un fauteuil placé près du perchoir de Fumseck, le magnifique phénix rouge et or de Dumbledore. Il en profita pour caresser l'oiseau en passant. Lorsqu'il fut assis, plus ou moins confortablement en raison de sa nervosité, l'oiseau vint immédiatement se percher sur le dossier de son fauteuil. Harry n'était qu'à environ deux mètres des deux adultes. Il interrogea Dumbledore du regard et celui-ci lui fit signe qu'il était assez loin.
-Nous pouvons commencer maintenant, dit calmement Dumbledore.
Les deux hommes se levèrent et Dumbledore écarta d'un geste négligent de sa baguette magique les deux fauteuils qui se trouvaient en face de son bureau de façon à créer un espace libre d'environ cinq mètres de diamètre. Il s'assit légèrement sur son bureau alors que Sirius se plaçait en face de lui, à une distance d'environ un mètre, face au mur de gauche. Sirius ferma les yeux et se concentra pendant que Dumbledore commençait à lire de longues formules sur le vieux parchemin qu'il examinait lorsqu'ils étaient entrés, lui et Harry. Harry eut l'impression que le temps s'arrêtait pendant que Dumbledore lisait et que des heures s'étaient écoulées sans que rien ne se passe. Il commença à se demander si l'expérience n'était pas en train d'échouer quand Dumbledore, tout en continuant de dire les formules dans une langue étrange, sortit de sa poche sa baguette magique. Puis, tout en continuant de parler, il posa le bout de sa baguette sur la tempe de Sirius qui sembla frémir au contact du bois. Lorsqu'il écarta la baguette, un long filet d'argent suivit. Harry se rappela du jour où l'année dernière, Dumbledore lui avait montré la pensine et la façon dont il pouvait extraire les pensées de sa tête pour les contempler dans l'objet magique et se demanda si le phénomène n'était pas semblable. Dumbledore dirigea sa baguette à environ deux mètres devant Sirius et le filet argenté se déposa sur le sol en se transformant en quelque chose de non solide qui ressemblait un peu à du brouillard. Rapidement, enfin, plus rapidement que Harry n'aurait cru, la brume argentée prit la forme d'un homme qui devint de plus en plus opaque devant les yeux ébahis de Harry. La silhouette d'un homme grand et mince se développa bientôt. Puis, Harry reconnut des cheveux noirs en bataille et des lunettes rondes. Peu à peu, James Potter prenait forme devant lui. Il avait l'apparence d'un homme âgé d'une vingtaine d'années au meilleur de sa forme. Il était très bâti, et Harry pensa qu'il devait sûrement sa forme à sa pratique du Quidditch. En fait, l'homme qui se tenait devant lui, les yeux fermés, était en tout points semblables à celui qui apparaissait sur les photos que Harry avait de lui. Harry regarda le phénomène avec des yeux ronds. À chaque instant, l'homme devant lui devenait plus visible, plus réel. Harry sentait que la vie s'insinuait en cet homme. Après un certain temps qui parut interminable à l'adolescent, James Potter sembla subitement revivre. Il ouvrit les yeux, puis regarda son ami qui était debout devant lui, les yeux fermés. Il ne remarqua pas l'endroit où il était, ni Harry, ni Dumbledore qui avait cessé de prononcer le sortilège.
-C'est fini, Sirius, tu peux ouvrir les yeux, dit James d'une voix calme.
Mais Sirius n'ouvrit pas les yeux. Ses jambes fléchirent, et il s'effondra sur le sol. Harry regardait son parrain avec des yeux ronds, mais lorsqu'il croisa les yeux de Dumbledore, il comprit que c'était normal et qu'il ne devait surtout pas bouger.
-Sirius ! s'écria James en se précipitant sur son ami. Sirius, qu'est-ce qu'il y a ? Réveille toi !
-Il va bien, James, dit doucement Dumbledore.
James Potter arrêta tout mouvement. Il releva la tête et regarda Dumbledore, puis il regarda autour de lui en prenant conscience de l'endroit où il était, puis ses yeux formèrent deux grandes billes en se posant sur Harry. Celui-ci fut saisit par la profondeur des yeux qui le regardaient. Ils étaient d'un bleu azur, pareils au ciel lors des beaux jours d'été. Il regarda cet homme qui était son père tout en restant calme, mais incapable de prononcer le moindre mot. James regarda à nouveau Dumbledore et se releva, plongeant son regard dans celui du vieil homme.
-Je vois. furent les seuls mots qu'il put prononcer. Il s'approcha de la fenêtre et regarda à l'extérieur un bon moment.
Ébranlé et triste de voir son père si malheureux, Harry regarda Dumbledore qui lui fit signe de le laisser un peu tranquille. Le vieil homme prit une flasque sur son bureau, enleva le bouchon et la tendit à Harry. L'adolescent prit la flasque et s'agenouilla à côté de son parrain. Il fit couler la potion dans la bouche de Sirius qui ouvrit tranquillement les yeux quelques minutes plus tard. Son regard se posa sur Harry qui lui fit signe de se taire. Sirius se releva doucement avec l'aide de son filleul qui l'aida à s'asseoir sur un des fauteuils que Dumbledore avait ramenés à leur place initiale d'un coup de baguette magique. Ils restèrent ainsi silencieux pendant un bon moment, puis James se tourna vers eux.
-Quel jour sommes nous ? demanda-t-il
-Dimanche, le 20 août 1995, répondit calmement Sirius.
-Pourquoi avez-vous attendu si longtemps ?
-C'est une très longue histoire. Je crois que tu devrais t'asseoir.
James s'approcha du fauteuil. Il regarda Harry qui se sentait un peu de trop et l'observa quelques instants.
-Tu as les yeux de ta mère.
-Je sais. dit-il en détournant le regard parce que ses yeux se remplissaient d'eau. Il s'assit dans un des deux fauteuils restants, entre son père et son parrain, en face de Dumbledore (Dumbledore avait disposé les fauteuils en cercle pour qu'ils puissent tous se voir). Ce fut James qui prit la parole ensuite.
-C'était Peter ?
-Oui, dit Sirius.
-Quand ?
-Le lendemain.
-Et Lily ? -Le même soir.
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
Sirius raconta à James ce qui c'était passé ce soir-là. C'était totalement atroce d'avoir à raconter à son ami de quelle façon il était mort. Il lui raconta son pressentiment, sa découverte de la disparition de Peter, sa course vers Godric's Hollow. Il lui dit comment Voldemort était arrivé, comment James l'avait affronté en duel, comment il avait ensuite tué Lily et comment il avait essayé de tuer Harry. James ne sembla pas surpris de la tournure des événements.
-Et comment savez-vous ce qui s'est passé ?
Sirius et Dumbledore regardèrent Harry qui était resté silencieux.
-C'est moi qui leur ai raconté. Je me suis tout rappelé le jour où j'ai rencontré de trop près un détraqueur.
-Et qu'est-ce qui s'est passé pour que vous tardiez tant à me faire venir ?
Sirius lui raconta comment il avait laissé Hagrid emporter Harry, puis comment il avait chercher Pettigrow toute la nuit pour le tuer. Il raconta comment il l'avait trouvé dans une rue pleine de moldus, comment Peter avait demandé en criant comment il avait pu tuer James et Lily, comment il avait brandit sa baguette derrière son dos en dévastant ainsi tout la rue, tuant plus d'une dizaine de personnes, comment il s'était coupé un doigt pour se transformer ensuite et s'enfuir par les égouts. Comment lui-même avait été accusé de tous les meurtres et emmené à Azkaban pour y être enfermé pendant douze ans, sans avoir eu droit à un procès.
-Et comment es-tu sorti ?
Sirius lui raconta son évasion, comment il avait gardé ses pouvoirs, la découverte que Peter s'était fait adopté par une famille de sorciers, comment il s'était enfui pour ensuite revenir à Poudlard pour le trouver. Le soir dans la cabane hurlante, les retrouvailles avec Remus, les explications à Harry, Ron et Hermione, le refus de Harry de tuer Pettigrow parce qu'il croyait que James n'aurait pas voulu que ce soit ainsi, la transformation de Remus en loup-garou, la fuite de Peter, puis comment Harry l'avait protégé contre les détraqueurs, en faisant apparaître un patronus et enfin comment lui et Hermione l'avaient aidé à s'enfuir à nouveau.
-Et pourquoi suis-je ici ?
-Parce que des amis ont capturé Peter, j'ai mon procès demain, et tu es le seul à pouvoir certifier que je n'étais pas le gardien du secret.
-Et comment allez-vous leur expliquer que Harry a sauvé son parrain en créant un patronus assez fort alors que, lorsqu'ils vous ont retrouvés, vous étiez inconscients ? Je ne suis pas certain de comprendre.
-Hermione et moi avons utilisé un retourneur de temps. Lorsque j'ai fait apparaître mon patronus, je n'étais pas entouré par les détraqueurs.
-Et c'est moi qui en prendrai toute la responsabilité, James, n'ayez crainte, il n'arrivera rien à Harry, dit Dumbledore.
-Qui d'autre doit témoigner demain ?
-Arabella, Remus, Harry, Ron, Hermione, Albus et moi. Nous avons l'intention de te faire témoigner en dernier, seulement si les témoignages des autres ne sont pas suffisants, ce qui risque fort d'être le cas. Mais tu ne seras pas dans la salle pendant les témoignages.
- Et comment saurai-je que le moment où je devrai intervenir est venu?
-Je crois que ce n'est pas un problème pour vous, James, mais pour plus de sécurité dans les témoignages, nous avons décidé d'utiliser une potion de télépathie. En la prenant aussi, vous serez lié à nous et vous saurez donc tout ce qui se passe dans la salle. Vous saurez aussi à quel moment apparaître si besoin est et vous pourrez transplaner directement. Pour le permettre, nous avons convenu avec Remus Lupin que vous seriez chez lui. Je ne crois pas que vous ayez besoin de pratiquer votre témoignage, je crois que vous saurez quoi dire.
-En effet, j'ai bien hâte de voir la tête de Peter. Les yeux de James étaient animés d'une profonde colère froide.
-Je sais James, mais pour l'instant, n'oubliez pas que pour le moment, l'accusé, ce n'est pas Peter, mais Sirius, alors il n'est pas question d'accuser Peter à tord et à travers. Vous devez vous contenter de répondre aux questions des avocats. Vous ne divulguerez le nom du gardien du secret que lorsque je vous le demanderai, d'accord?
-C'est compris.
-L'audience est seulement à dix heures, demain matin. Je suggère donc que vous restiez ici cette nuit. Le professeur McGonnagal vous accompagnera à un endroit sûr pour transplaner directement chez Remus, demain matin vers huit heures.
-Je n'ai qu'à me rendre dans la cabane hurlante : de là, je vais pouvoir transplaner chez Remus.
-Comment feras-tu? Tu ne sais même pas où il reste, demanda Harry.
-Je n'ai pas besoin de savoir où se trouve Remus pour le trouver, c'est la même chose avec Sirius d'ailleurs. Nous sommes liés par un sortilège qui nous permet de nous trouver à la seconde près.
-Depuis quand? demanda Dumbledore.
James regarda Sirius qui lui sourit.
-Cinquième année, en même temps que le premier Vivius Mémorus. Dans les deux cas, Peter ne fait pas partie des sortilèges. Seulement Remus, Sirius et moi les avons pratiqué. Peter en était incapable.
-Vraiment brillant, dit Dumbledore, et James et Sirius ne purent que rire.
Ils continuèrent longtemps à raconter à James ce qui s'était passé pendant toutes ces années. L'homme semblait vouloir tout savoir de l'actualité, des événements et bien sûr, de la vie de Harry. Celui-ci lui raconta ses quatre années à Poudlard. James sembla ébahi de la façon dont il était allé chercher la pierre philosophale, comment il avait trouvé la chambre des secrets et affronté le basilic pour sauver Ginny, la soeur de Ron, comment il avait appris que Sirius était son parrain, comment le professeur Lupin lui avait enseigné à créer un patronus, comment il avait compris que son patronus prenait la forme de l'animagus de James, comment il avait été entraîné dans le tournoi des trois sorciers, comment il avait affronté le dragon et les dangers du lac, mais lorsque vint le temps de raconter la dernière épreuve, il en fut incapable. Il n'arrivait pas encore à en parler. Voyant son hésitation, Sirius vint à son secours en disant qu'il était tard et qu'ils devraient tous aller dormir. Harry lui jeta un regard reconnaissant et regarda la pendule, acquiesça en disant qu'il devait encore aller voir Pomfresh, s'excusa et sortit.
Arrivé dans le couloir, il prit le chemin de l'infirmerie en essayant de calmer son c?ur qui battait la chamade. Il marcha aveuglément jusqu'à l'infirmerie, trouva Pomfresh qui lui donna sa potion et retourna vers la tour des Gryffondor.
Arrivé dans le dortoir, Ron dormait déjà et il en fut soulagé. Il n'avait pas vraiment envie de partager ce moment avec lui. Il enfila son pyjama, s'assit sur son lit et regarda le gobelet de potion posé sur sa table de nuit. Réalisant qu'il aurait sans doute du mal à se réveiller le lendemain, il mit le cadran pour sept heures et laissa un mot à Ron de prendre tous les moyens pour le réveiller si le cadran ne le faisait. Il avala sa potion à contrec?ur et s'endormit aussitôt
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
James attendit que le son de la gargouille se déplaçant ait cessé avant de parler.
-Alors, qu'est-ce qui s'est passé dans la troisième tâche?
Sirius lui raconta comment Harry avait parcouru le labyrinthe, comment il avait stupéfixé Krum, comment il avait averti Cédric de l'arrivée de l'araignée, comment celle-ci l'avait blessé, comment Cédric et lui avaient stupéfixé la créature, comment Cédric lui avait dit de prendre le trophée et comment Harry lui avait proposé de le prendre ensemble. Comment le trophée avait été transformé en portoloin, comment Peter avait tué Cédric, comment Voldemort était revenu, le priori incantatum des baguettes, comment celle de Voldemort avait rejeté ses sortilèges, comment Harry avait vu apparaître Cédric, le vieil homme, Bertha Jorkins, puis ensuite Lily et James, comment l'ombre de James lui avait dit quoi faire, l'ultime requête de Cédric, puis comment il avait réussi à s'enfuir et à reprendre le portoloin, en ramenant le corps de Cédric, le dévoilement du fils Crouptons, puis les mesures de Dumbledore.
-Alors, il croit qu'il est responsable de la mort de Cédric?
-Oui, et il est aussi entêté que toi! dit Sirius en riant.
-C'est beaucoup d'information à assimiler d'un coup, dit James.
-Je sais, dit Sirius, c'est pourquoi je crois que tu devrais aller dormir, et je crois que je vais faire pareil, je suis vraiment épuisé. Tu peux venir dans mes quartiers, j'ai une chambre de libre.
James et Sirius se levèrent, s'excusèrent auprès de Dumbledore, et prirent le chemin des quartiers de Sirius.
Harry était assis dans la salle commune de Gryffondor et regardait par la fenêtre le soleil descendre doucement sur la forêt. Il caressait distraitement Pattenrond qui ronronnait allègrement sur ses genoux. Il pensait à ce qu'il avait appris cet après-midi et surtout à ce qui allait se passer dans les prochains jours. En sortant du bureau de Dumbledore, Ron et Hermione étaient partis manger à la grande salle, mais Harry avait pris la direction de la tour en disant qu'il n'avait pas faim. Il était maintenant assis depuis une heure dans ce fauteuil à penser qu'il allait bientôt rencontrer son père. Il ressentait un mélange d'excitation et d'appréhension. Il était heureux de le rencontrer, mais il devrait aussi le laisser partir après un certains temps, et il appréhendait déjà ce moment. En fait, il ne savait pas du tout où il en était, et c'est ce moment que choisit Sirius pour entrer.
-Est-ce que ça va ?
-Je dirais que oui.
-Tu es sûr ?
-En fait, je ne sais pas.
Silence.
-Est-ce que tu préfères que je laisse tomber cette idée ?
-Non, ce serait vraiment idiot de faire ça, c'est ta seule chance de prouver que tu n'étais pas le gardien du secret, dit Harry d'une voix lasse.
-Harry, pour une fois dans ta vie, est-ce que tu peux penser à toi ? demanda Sirius.
-Non, je penserai à moi quand tu seras sorti d'affaire, dit Harry d'un ton ferme, mais il se radoucit. De toute façon, j'ai vraiment envie de le rencontrer, mais. -Tu es inquiet.
-Un peu, je sais qu'il ne restera pas. J'ai peur de trop m'attacher.
-Tu t'attacheras, c'est certain, on s'attachera tous à lui, parce que c'est James ! Mais qui sait, peut-être en ressortirons-nous plus forts ?
-Et si je le regrettais ?
-Ça peut arriver, mais au moins, tu l'auras essayé !
-Ouais, vu sous cet angle. De toute façon, c'est la seule chance que j'ai de le connaître, alors autant la mettre à profit ! Tu crois qu'il restera longtemps ?
-Comme je te l'ai dit tout à l'heure, nous n'en avons aucune idée. On est certain qu'il restera au moins quelques jours, mais nous ne savons pas combien. Ce pourrait être deux, comme ce pourrait être un mois entier, mais au risque de parler comme un vieux sage, ce n'est pas la quantité de temps qu'on passe avec quelqu'un, mais la qualité de ce temps.
-Mais d'où sors-tu cette phrase ? dit en Harry riant.
Ce n'était pas du tout le genre de parole qu'il s'attendait à entendre sortir de la bouche de son parrain un jour
-C'est quelqu'un qui me l'a apprise, il y a longtemps.
Harry remarqua que ses yeux s'étaient assombris. Il préféra donc ne pas poser de questions et revint au sujet initial.
-Quand voulez-vous pratiquer le sortilège de Vivius Mémorus ?
-Dimanche, en milieu d'après-midi. Il nous faut du temps, voire une demie journée, pour tout raconter à James et ensuite, il me faudra une bonne nuit de sommeil parce que c'est un sortilège très épuisant à pratiquer.
-Pourquoi ?
-Parce que lorsque le souvenir prend forme, il a besoin d'énergie pour se constituer, il la prend donc en celui qui le fait apparaître, mais ensuite, comme il agit comme un être vivant, il renouvelle lui-même ses forces, ce qui signifie qu'il aura besoin de manger et de dormir comme tout le monde.
-D'accord. Est-ce que je pourrai être la ?
-C'est comme tu veux, mais réfléchis bien avant de prendre une décision aussi importante. James sera sûrement totalement effondré d'apprendre ce qui s'est passé.
-Je vais y penser alors.
-D'accord. Je vais te laisser maintenant, je dois encore voir Dumbledore ce soir. En passant, nous vous attendrons demain après déjeuné à son bureau, pour pratiquer vos témoignages.
-Ok !
Sirius sorti de la salle commune. Harry ne fut pas seul très longtemps, car Ron franchit le portrait de la grosse dame peu après.
-Salut ! dit-il.
-'jour ! lui répondit distraitement Harry, mais il sortit rapidement de sa rêverie. Où est Hermione ?
-À ton avis ! À la bibliothèque, comme toujours ! Ça va ?
-Ça va mieux ! Je viens de parler avec Sirius.
-Oui je sais, je l'ai croisé dans le couloir en venant ici.
-Et qu'est-ce que tu vas faire ? » Sous le regard interrogatif de son ami, il enchaîna : « Pour Hermione ? Si tu ne lui dis rien, elle va tout découvrir par elle-même lundi.
-Je sais, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire. Je n'arrive pas à lui dire. Je ne crois pas que ce soit réciproque. Ces paroles déclenchèrent un fou rire de la part de Harry
- Quoi ? demanda-t-il alors.
-Bien ça, ça prouve que tu es vraiment aveugle ! réussit à dire Harry entre deux fous rires.
-Eh bien, ça a l'air drôle ici ! Harry, pourquoi est-ce que Ron est aveugle, qu'est-ce qu'il n'a pas vu ?
Hermione venait de franchir le portrait et les regardait d'un air curieux, les poings sur les hanches. Ron attrapa un coussin qui traînait sur le divan à côté de lui, et le lança de toutes ses forces sur Harry qui se mit à rire de plus belle.
-C'est brillant ça ! dit Ron avec toute la colère qui bouillonnait en lui.
-Je crois que je vais y aller moi ! dit finalement Harry après s'être un peu calmé. Je crois que vous avez des choses à vous dire !
Et il franchit le portrait à grand pas, essayant de contenir son fou rire, sous le regard interrogatif d'Hermione. Arrivé dans le couloir, il s'écroula par terre et rit un bon coup. Enfin, ils verraient les choses en face.
Une dizaine de minutes plus tard, après avoir réussi à se calmer pour de bon, il se leva et prit la direction des cuisines. Cette pause dans ses idées noires lui avait fait du bien, et maintenant, il avait faim. Lorsqu'il entra dans la pièce aussi grande que la grande salle, il vit Dobby accourir vers lui, avec son éternel sourire accroché au visage.
-Harry Potter, monsieur ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
-Et bien, j'ai raté le dîner et j'ai un peu faim, tu n'aurais pas quelque chose à grignoter ?
-Bien sûr, monsieur !
Il fit signe aux autres elfes de maison qui s'approchèrent aussitôt de Harry à petits pas pressés avec un plateau qui avait la grandeur d'un bouclier et qui débordait de nourriture. Harry mangea avec appétit tout en parlant de tout et de rien avec l'elfe de maison. Après avoir passé une bonne heure aux cuisines, il s'excusa et sortit d'un pas lent, se demandant s'il dérangerait en retournant à la tour de Gryffondor. Lorsqu'il regarda sa montre, il vit qu'il n'était pas si tard. Il se rendit compte que cette journée l'avait affreusement tendu et prit donc la direction de la statue de Boris le Hagard (un drôle de sorcier qui portait ses gants à l'envers) dans l'espoir infime que le mot de passe de la salle de bain des préfets n'avait pas changé depuis l'année dernière.
-Fraîcheur des pins ! dit-il d'un ton mal assuré lorsqu'il fut arrivé à destination. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la porte bascula dans un long grincement.
Il entra dans la pièce et commença à tourner le plus grand nombre de robinets qu'il pouvait, si bien que la piscine fut très vite remplie d'eau et de mousses de toutes sortes. Il se déshabilla et entra dans l'eau chaude. Il regarda autour de lui et vit le tableau de la sirène qui dormait pour le moment. Il se souvenait trop bien de la dernière fois qu'il était venu dans cette salle de bain. Cette nuit-là, il avait appris avec une certaine panique qu'il devrait explorer le lac pour la deuxième tâche du tournoi des trois sorciers et il avait failli avoir de gros ennuis avec Rogue lorsqu'il s'était pris la jambe dans une marche d'escalier. Il était plongé dans ses réflexions lorsqu'il se retourna brusquement vers la porte en entendant celle-ci grincer. Dans l'encadrement se tenait son parrain.
-Sirius ! dit-il un peu paniqué. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-À ton avis ? et ce serait plutôt à moi de te poser cette question ! dit-il avec un froncement de sourcil.
-Ça se voit non ! Sirius, je n'ai rien sur moi ! dit-il, vraiment paniqué cette fois.
-Je vois !
Il fit un geste négligent de sa baguette magique et fit apparaître deux maillots de bain noir, à la mode moldu. Il lui en lança un et Harry eut un regard soulagé. Il mit le maillot tout en prenant garde de bien rester caché dans les bulles pendant que Sirius le regardait d'un air moqueur.
-Tu permets ?
-C'est assez grand pour dix ici !
Sirius fit apparaître un paravent et se changea derrière celui-ci. Quelques minutes plus tard, il nageait dans l'eau chaude de la grande piscine.
-Alors, en quel honneur je te trouve ici ? demanda-t-il après un moment.
Harry se mit à rire et lui raconta ce qui s'était passé après qu'il soit parti. Il lui expliqua qu'il avait décidé de venir ici après avoir manger pour éviter de causer un malaise en arrivant au mauvais moment dans la tour.
-Et comment as-tu eu ce mot de passe ? Ne me dit pas que c'est la carte, je ne connaissais pas cette pièce avant cette année, elle n'y est pas ! dit- il en riant.
Mais il se ravisa vite en voyant le visage sombre de son filleul.
-C'est Cédric qui me l'a donné l'an dernier, pour que je puisse trouver l'énigme de l'?uf.
Sirius resta un moment silencieux. Il était clair que Harry se sentait responsable de la mort de Cédric, et rien de ce qu'il pourrait dire ne le réconforterait.
-Ce n'était pas ta faute.
-Un peu, quand même.
-Non, Harry, c'est la faute de Voldemort, tout est de sa faute, mais on n'y peut rien, à part continuer d'avancer.
-Je sais, mais ce n'est pas facile.
-Je sais, Harry. Bon, dit-il sur une note plus joyeuse, je ne sais pas toi, mais moi j'étais venu ici pour relaxer et me changer les idées, alors peut-être que tu préfères changer de sujet ?
-Oui, si ça ne te dérange pas.
Ils continuèrent leur baignade à parler de tout et de rien. La discussion était parfois ponctuée d'éclaboussements qui se terminaient la plupart du temps par de véritables batailles que Harry perdait inévitablement, mais il passa un bon moment, ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Il avait vraiment l'impression que Sirius était un peu comme un père pour lui, mais cette réflexion lui ramena à l'esprit que dans quelques jours, il rencontrerait son véritable père.
-Je veux être là ! dit-il subitement.
-Où ?
-Dimanche prochain.
-C'est comme tu veux, mais ça ne sera peut-être pas rose. Je ne sais pas comment il va réagir quand il va savoir.
-Ce n'est pas grave, je veux y être ! dit-il d'un ton buté.
-C'est comme tu veux ! » Il leva les yeux pour regarder la pendule. « Tu as vu l'heure qu'il est ? Je crois que s'ils sont encore en train de se parler, c'est qu'ils avaient vraiment beaucoup de choses à se dire. Il est temps d'aller dormir. Est-ce que tu dois encore passer chez Pomfresh ?
-Oui, je dois encore prendre cette maudite potion assommante. Au fond, elle a ses avantages, dit-il après un moment.
Sirius ne posa pas de questions, il savait déjà que ces « avantages » était le fait qu'il ne faisait plus de cauchemars. Ils sortirent de la piscine, tirèrent le bouchon, se séchèrent, se changèrent à tour de rôle derrière le paravent et sortirent. Sirius insista pour accompagner Harry à l'infirmerie et au dortoir en soutenant que s'il se faisait prendre à cette heure dans le couloir, il aurait sûrement des ennuis. Il le laissa devant le tableau de la grosse dame et quand Harry pénétra dans la salle commune, il fut soulagé de voir qu'elle était vide. Fatigué, il monta dans son dortoir. Ron dormait déjà. Un peu déçu, Harry mit son pyjama, se coucha, avala sa potion et s'endormit aussitôt.
Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Ron dormait toujours.
-C'est un record, se dit-il à lui-même. D'habitude, je n'arrive pas à me réveiller avec cette maudite potion !
Il jeta un ?il à Ron qui dormait à point fermé et eut une idée diabolique. Il se leva sans bruit, alla dans la salle de bain et remplit un grand verre d'eau bien froide. Il revint sans faire de bruit dans le dortoir, posa le verre d'eau sur la table de chevet de Ron et retourna s'asseoir sur son lit, en ramassant au passage sa baguette magique. Il se concentra alors très fort sur son objectif (le verre d'eau) et lança un Wingardium Léviosa. Le verre s'envola avec précaution, se déplaça sur la gauche et renversa la totalité de son contenu dans la figure de Ron. Celui- ci, pris de panique, se leva en s'écriant: « Inondation ! Planquez-vous ». Mais il ne prit pas longtemps à comprendre la blague lorsqu'il vit Harry se tordre de rire sur son lit. Il prit alors une expression menaçante et sauta sur Harry en faisant semblant de l'étrangler. Attirée par les cris, Hermione s'était précipitée dans le dortoir et se tenait maintenant dans l'embrasure de la porte, avec une expression qui semblait mi-amusée, mi- exaspérée. Lorsqu'il la vit, Ron lâcha Harry, s'approcha d'elle et lui dit : « Bonjour mon amour ! » avant de lui donner un baiser sur la joue et de la prendre dans ses bras.
-Non mais il était temps ! lança Harry pour dissiper le malaise qui s'était créé lorsque Ron s'était rendu compte du geste qu'il venait de faire, et ils se mirent tous à rire. Euh, Hermione, continua Harry après un moment, ça ne te gêne pas de sortir pour qu'on puisse s'habiller ? C'est que je commence à avoir faim.
Hermione fit la moue en regardant Ron et sorti d'un pas lent. Décidemment, elle avait vraiment changé du jour au lendemain. Il était perdu dans ses réflexions quand il s'aperçut que Ron le regardait.
-Quoi ? demanda-t-il le plus innocemment du monde.
-Harry Potter, je vais te tuer !
-Et que me vaut l'honneur de cette menace de mort ce matin ? demanda-t-il gentiment.
-Non mais, c'était quoi l'idée de me laisser tout seule avec Hermione hier soir ?
-Oh ! ne vas pas t'en plaindre hein ! Regarde-toi ce matin, tu devrais plutôt me remercier ! De toute façon, il fallait bien que ça se fasse un jour, non ? De préférence avant lundi !
Son estomac se contracta, mais il n'en laissa rien paraître.
-Ouais, bon, quand même, j'aurais aimé pouvoir décider moi-même du moment! -Mais tu ne te décidais pas alors, je l'ai fait à ta place ! » Il regarda Ron qui n'était toujours pas habillé alors que lui était déjà prêt. « Tu t'actives oui ou non ? Ce n'est pas poli de faire attendre les dames ! dit- il en riant. Ron lui lança un regard assassin.
-Tu ne vas pas commencer ?
-Mais non, mais non ! Allez dépêche-toi, je meurs de faim !
Lorsque Ron eut enfilé un jeans et un pull, ils descendirent rejoindre Hermione dans la salle commune. La jeune fille était en conversation avec Sirius.
-Bonjour ! lança-t-il gaiement ! On va manger ?
Ils descendirent donc tous les quatre dans la grande salle après que Sirius eut lancé un regard lourd de sous-entendus à Harry. Celui-ci, se retenant de rire, rejoignit Sirius en tête de file.
-Alors ? demanda-t-il.
-Regarde par toi-même !
Sirius jeta un regard par-dessus son épaule et vit que Ron et Hermione marchaient main dans la main.
-Eh bien mon vieux, tu devras te faire de nouveaux amis ! Ils ne seront plus autant là maintenant, crois-moi, je parle par expérience !
-Je sais, dit Harry en riant, mais ça en vaut la peine, regarde-les !
Dans la grande salle, ils s'assirent à l'unique grande table qui était dressée depuis qu'ils étaient arrivés et discutèrent de tout et de rien tout en prenant leurs petit déjeuné. Harry et Sirius trouvaient très drôle de voir les petits regards en coin que se lançaient Ron et Hermione et finirent par s'absorber dans une conversation, les deux autres voulant de toute évidence être tranquilles. Après un moment Sirius annonça qu'il avait à nouveau rendez-vous avec le professeur Dumbledore et se leva.
-Euh. est-ce que je peux y aller avec toi ? demanda Harry après avoir jeté un coup d'?il à Ron et Hermione qui étaient totalement perdus dans leur monde.
-Je ne crois pas qu'il y ait de problème !
Harry se leva donc et suivit Sirius jusqu'au bureau du directeur.
Les derniers jours avant le dimanche midi se passèrent sans histoire. La défense de Sirius était complète, les témoignages écrits et pratiqués et la nervosité à son maximum. Harry attendait le dimanche après-midi avec un mélange d'appréhension et d'excitation, mais il ne redoutait pas vraiment le moment. Ron et Hermione passaient la majorité de leur temps ensemble et Harry se dit qu'il avait hâte que d'autres élèves arrivent. En effet, il se sentait un peu seul. Même si ses deux amis s'arrangeaient pour être souvent avec lui, il se sentait un peu le chaperon quand il était avec.
Le moment attendu arriva rapidement. Au matin du grand jour, Harry se réveilla anxieux, sans trop savoir pourquoi. Au fond, ce jour devait être un beau jour, non ? Comme il était très tôt, il s'habilla silencieusement pour ne pas réveiller Ron et descendit directement dans la grande salle, attrapant au passage son livre sur les Potter qu'il avait laissé dans la salle commune. Il était assis dans la grande salle depuis une bonne heure lorsque quelqu'un l'y rejoignit. C'était Sirius.
-Comment te sens-tu ? demanda-t-il en s'asseyant à côté de son filleul.
-Ça peut aller, et toi ?
-Ça va aller, mais je suis nerveux !
-Ouais, c'est la même chose pour moi.
-Ça va aller, on prépare ça depuis une semaine. Le sortilège ne peut que fonctionner, ça ne peut pas échouer ! dit-il très rapidement.
-C'est toi ou moi que tu essaies de convaincre, là ? demanda Harry en riant. En ce moment, Sirius ressemblait à un enfant de cinq ans qui partait pour sa première journée d'école.
-Je ne sais pas, dit-il après un moment tant la question de Harry l'avait pris au dépourvu, les deux peut-être !
-Ça va aller, Sirius, je ne crois pas que ça puisse aller mal.
Ils dirigèrent ensuite la conversation sur des sujets plus joyeux. Ron et Hermione, la colère que Rusard avait eue la veille parce que Peeves avait barricadé de l'intérieur tout les placards à balais de l'école et Sirius fit tordre de rire Harry en lui parlant des professeurs qui étaient présents lorsqu'il était étudiant à Poudlard. Entre temps, Ron et Hermione, toujours main dans la main les rejoignirent pour prendre leurs petit déjeuner et, voyant le visage de plus en plus vert d'anxiété de Sirius, ils proposèrent d'aller faire une promenade autour du lac tous ensemble. Ils sortirent donc à l'extérieur et marchèrent une bonne partie de l'avant-midi, faisant trois fois le tour du lac et riant des blagues et des anecdotes de Sirius. Puis, bientôt, il fallut aller déjeuner pour ensuite monter au bureau de Dumbledore. Harry et Sirius laissèrent Ron et Hermione à la table de la grande salle et prirent le chemin du bureau du directeur. Le vieil homme n'était pas descendu manger dans la grande salle avec les autres. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce à la décoration un peu étrange, Dumbledore était penché sur un long parchemin abîmé.
-Oh ! il est déjà l'heure ! Asseyez-vous !
Harry et Sirius s'assirent mais restèrent agités. Maintenant que le moment était venu, Harry se sentait vraiment nerveux et, à en juger par la façon dont Sirius s'agitait, il n'était pas le seul.
-Très bien, alors sachez qu'il est possible que James semble confus lorsqu'il apparaîtra. En effet, lorsque la procédure sera terminée et que James pourra penser par lui-même, son cerveau et ses souvenirs lui diront qu'il est chez lui, et qu'il vient de terminer le sortilège de Vivius Mémorus avec vous, Sirius. C'est pourquoi Harry, je te demanderais de rester un peu en retrait, pour que vous ne soyez pas la première personne que James verra, il doit d'abord voir Sirius. Est-ce que tout le monde comprend ?
Harry et Sirius hochèrent la tête. Harry se leva et alla s'asseoir dans un fauteuil placé près du perchoir de Fumseck, le magnifique phénix rouge et or de Dumbledore. Il en profita pour caresser l'oiseau en passant. Lorsqu'il fut assis, plus ou moins confortablement en raison de sa nervosité, l'oiseau vint immédiatement se percher sur le dossier de son fauteuil. Harry n'était qu'à environ deux mètres des deux adultes. Il interrogea Dumbledore du regard et celui-ci lui fit signe qu'il était assez loin.
-Nous pouvons commencer maintenant, dit calmement Dumbledore.
Les deux hommes se levèrent et Dumbledore écarta d'un geste négligent de sa baguette magique les deux fauteuils qui se trouvaient en face de son bureau de façon à créer un espace libre d'environ cinq mètres de diamètre. Il s'assit légèrement sur son bureau alors que Sirius se plaçait en face de lui, à une distance d'environ un mètre, face au mur de gauche. Sirius ferma les yeux et se concentra pendant que Dumbledore commençait à lire de longues formules sur le vieux parchemin qu'il examinait lorsqu'ils étaient entrés, lui et Harry. Harry eut l'impression que le temps s'arrêtait pendant que Dumbledore lisait et que des heures s'étaient écoulées sans que rien ne se passe. Il commença à se demander si l'expérience n'était pas en train d'échouer quand Dumbledore, tout en continuant de dire les formules dans une langue étrange, sortit de sa poche sa baguette magique. Puis, tout en continuant de parler, il posa le bout de sa baguette sur la tempe de Sirius qui sembla frémir au contact du bois. Lorsqu'il écarta la baguette, un long filet d'argent suivit. Harry se rappela du jour où l'année dernière, Dumbledore lui avait montré la pensine et la façon dont il pouvait extraire les pensées de sa tête pour les contempler dans l'objet magique et se demanda si le phénomène n'était pas semblable. Dumbledore dirigea sa baguette à environ deux mètres devant Sirius et le filet argenté se déposa sur le sol en se transformant en quelque chose de non solide qui ressemblait un peu à du brouillard. Rapidement, enfin, plus rapidement que Harry n'aurait cru, la brume argentée prit la forme d'un homme qui devint de plus en plus opaque devant les yeux ébahis de Harry. La silhouette d'un homme grand et mince se développa bientôt. Puis, Harry reconnut des cheveux noirs en bataille et des lunettes rondes. Peu à peu, James Potter prenait forme devant lui. Il avait l'apparence d'un homme âgé d'une vingtaine d'années au meilleur de sa forme. Il était très bâti, et Harry pensa qu'il devait sûrement sa forme à sa pratique du Quidditch. En fait, l'homme qui se tenait devant lui, les yeux fermés, était en tout points semblables à celui qui apparaissait sur les photos que Harry avait de lui. Harry regarda le phénomène avec des yeux ronds. À chaque instant, l'homme devant lui devenait plus visible, plus réel. Harry sentait que la vie s'insinuait en cet homme. Après un certain temps qui parut interminable à l'adolescent, James Potter sembla subitement revivre. Il ouvrit les yeux, puis regarda son ami qui était debout devant lui, les yeux fermés. Il ne remarqua pas l'endroit où il était, ni Harry, ni Dumbledore qui avait cessé de prononcer le sortilège.
-C'est fini, Sirius, tu peux ouvrir les yeux, dit James d'une voix calme.
Mais Sirius n'ouvrit pas les yeux. Ses jambes fléchirent, et il s'effondra sur le sol. Harry regardait son parrain avec des yeux ronds, mais lorsqu'il croisa les yeux de Dumbledore, il comprit que c'était normal et qu'il ne devait surtout pas bouger.
-Sirius ! s'écria James en se précipitant sur son ami. Sirius, qu'est-ce qu'il y a ? Réveille toi !
-Il va bien, James, dit doucement Dumbledore.
James Potter arrêta tout mouvement. Il releva la tête et regarda Dumbledore, puis il regarda autour de lui en prenant conscience de l'endroit où il était, puis ses yeux formèrent deux grandes billes en se posant sur Harry. Celui-ci fut saisit par la profondeur des yeux qui le regardaient. Ils étaient d'un bleu azur, pareils au ciel lors des beaux jours d'été. Il regarda cet homme qui était son père tout en restant calme, mais incapable de prononcer le moindre mot. James regarda à nouveau Dumbledore et se releva, plongeant son regard dans celui du vieil homme.
-Je vois. furent les seuls mots qu'il put prononcer. Il s'approcha de la fenêtre et regarda à l'extérieur un bon moment.
Ébranlé et triste de voir son père si malheureux, Harry regarda Dumbledore qui lui fit signe de le laisser un peu tranquille. Le vieil homme prit une flasque sur son bureau, enleva le bouchon et la tendit à Harry. L'adolescent prit la flasque et s'agenouilla à côté de son parrain. Il fit couler la potion dans la bouche de Sirius qui ouvrit tranquillement les yeux quelques minutes plus tard. Son regard se posa sur Harry qui lui fit signe de se taire. Sirius se releva doucement avec l'aide de son filleul qui l'aida à s'asseoir sur un des fauteuils que Dumbledore avait ramenés à leur place initiale d'un coup de baguette magique. Ils restèrent ainsi silencieux pendant un bon moment, puis James se tourna vers eux.
-Quel jour sommes nous ? demanda-t-il
-Dimanche, le 20 août 1995, répondit calmement Sirius.
-Pourquoi avez-vous attendu si longtemps ?
-C'est une très longue histoire. Je crois que tu devrais t'asseoir.
James s'approcha du fauteuil. Il regarda Harry qui se sentait un peu de trop et l'observa quelques instants.
-Tu as les yeux de ta mère.
-Je sais. dit-il en détournant le regard parce que ses yeux se remplissaient d'eau. Il s'assit dans un des deux fauteuils restants, entre son père et son parrain, en face de Dumbledore (Dumbledore avait disposé les fauteuils en cercle pour qu'ils puissent tous se voir). Ce fut James qui prit la parole ensuite.
-C'était Peter ?
-Oui, dit Sirius.
-Quand ?
-Le lendemain.
-Et Lily ? -Le même soir.
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
Sirius raconta à James ce qui c'était passé ce soir-là. C'était totalement atroce d'avoir à raconter à son ami de quelle façon il était mort. Il lui raconta son pressentiment, sa découverte de la disparition de Peter, sa course vers Godric's Hollow. Il lui dit comment Voldemort était arrivé, comment James l'avait affronté en duel, comment il avait ensuite tué Lily et comment il avait essayé de tuer Harry. James ne sembla pas surpris de la tournure des événements.
-Et comment savez-vous ce qui s'est passé ?
Sirius et Dumbledore regardèrent Harry qui était resté silencieux.
-C'est moi qui leur ai raconté. Je me suis tout rappelé le jour où j'ai rencontré de trop près un détraqueur.
-Et qu'est-ce qui s'est passé pour que vous tardiez tant à me faire venir ?
Sirius lui raconta comment il avait laissé Hagrid emporter Harry, puis comment il avait chercher Pettigrow toute la nuit pour le tuer. Il raconta comment il l'avait trouvé dans une rue pleine de moldus, comment Peter avait demandé en criant comment il avait pu tuer James et Lily, comment il avait brandit sa baguette derrière son dos en dévastant ainsi tout la rue, tuant plus d'une dizaine de personnes, comment il s'était coupé un doigt pour se transformer ensuite et s'enfuir par les égouts. Comment lui-même avait été accusé de tous les meurtres et emmené à Azkaban pour y être enfermé pendant douze ans, sans avoir eu droit à un procès.
-Et comment es-tu sorti ?
Sirius lui raconta son évasion, comment il avait gardé ses pouvoirs, la découverte que Peter s'était fait adopté par une famille de sorciers, comment il s'était enfui pour ensuite revenir à Poudlard pour le trouver. Le soir dans la cabane hurlante, les retrouvailles avec Remus, les explications à Harry, Ron et Hermione, le refus de Harry de tuer Pettigrow parce qu'il croyait que James n'aurait pas voulu que ce soit ainsi, la transformation de Remus en loup-garou, la fuite de Peter, puis comment Harry l'avait protégé contre les détraqueurs, en faisant apparaître un patronus et enfin comment lui et Hermione l'avaient aidé à s'enfuir à nouveau.
-Et pourquoi suis-je ici ?
-Parce que des amis ont capturé Peter, j'ai mon procès demain, et tu es le seul à pouvoir certifier que je n'étais pas le gardien du secret.
-Et comment allez-vous leur expliquer que Harry a sauvé son parrain en créant un patronus assez fort alors que, lorsqu'ils vous ont retrouvés, vous étiez inconscients ? Je ne suis pas certain de comprendre.
-Hermione et moi avons utilisé un retourneur de temps. Lorsque j'ai fait apparaître mon patronus, je n'étais pas entouré par les détraqueurs.
-Et c'est moi qui en prendrai toute la responsabilité, James, n'ayez crainte, il n'arrivera rien à Harry, dit Dumbledore.
-Qui d'autre doit témoigner demain ?
-Arabella, Remus, Harry, Ron, Hermione, Albus et moi. Nous avons l'intention de te faire témoigner en dernier, seulement si les témoignages des autres ne sont pas suffisants, ce qui risque fort d'être le cas. Mais tu ne seras pas dans la salle pendant les témoignages.
- Et comment saurai-je que le moment où je devrai intervenir est venu?
-Je crois que ce n'est pas un problème pour vous, James, mais pour plus de sécurité dans les témoignages, nous avons décidé d'utiliser une potion de télépathie. En la prenant aussi, vous serez lié à nous et vous saurez donc tout ce qui se passe dans la salle. Vous saurez aussi à quel moment apparaître si besoin est et vous pourrez transplaner directement. Pour le permettre, nous avons convenu avec Remus Lupin que vous seriez chez lui. Je ne crois pas que vous ayez besoin de pratiquer votre témoignage, je crois que vous saurez quoi dire.
-En effet, j'ai bien hâte de voir la tête de Peter. Les yeux de James étaient animés d'une profonde colère froide.
-Je sais James, mais pour l'instant, n'oubliez pas que pour le moment, l'accusé, ce n'est pas Peter, mais Sirius, alors il n'est pas question d'accuser Peter à tord et à travers. Vous devez vous contenter de répondre aux questions des avocats. Vous ne divulguerez le nom du gardien du secret que lorsque je vous le demanderai, d'accord?
-C'est compris.
-L'audience est seulement à dix heures, demain matin. Je suggère donc que vous restiez ici cette nuit. Le professeur McGonnagal vous accompagnera à un endroit sûr pour transplaner directement chez Remus, demain matin vers huit heures.
-Je n'ai qu'à me rendre dans la cabane hurlante : de là, je vais pouvoir transplaner chez Remus.
-Comment feras-tu? Tu ne sais même pas où il reste, demanda Harry.
-Je n'ai pas besoin de savoir où se trouve Remus pour le trouver, c'est la même chose avec Sirius d'ailleurs. Nous sommes liés par un sortilège qui nous permet de nous trouver à la seconde près.
-Depuis quand? demanda Dumbledore.
James regarda Sirius qui lui sourit.
-Cinquième année, en même temps que le premier Vivius Mémorus. Dans les deux cas, Peter ne fait pas partie des sortilèges. Seulement Remus, Sirius et moi les avons pratiqué. Peter en était incapable.
-Vraiment brillant, dit Dumbledore, et James et Sirius ne purent que rire.
Ils continuèrent longtemps à raconter à James ce qui s'était passé pendant toutes ces années. L'homme semblait vouloir tout savoir de l'actualité, des événements et bien sûr, de la vie de Harry. Celui-ci lui raconta ses quatre années à Poudlard. James sembla ébahi de la façon dont il était allé chercher la pierre philosophale, comment il avait trouvé la chambre des secrets et affronté le basilic pour sauver Ginny, la soeur de Ron, comment il avait appris que Sirius était son parrain, comment le professeur Lupin lui avait enseigné à créer un patronus, comment il avait compris que son patronus prenait la forme de l'animagus de James, comment il avait été entraîné dans le tournoi des trois sorciers, comment il avait affronté le dragon et les dangers du lac, mais lorsque vint le temps de raconter la dernière épreuve, il en fut incapable. Il n'arrivait pas encore à en parler. Voyant son hésitation, Sirius vint à son secours en disant qu'il était tard et qu'ils devraient tous aller dormir. Harry lui jeta un regard reconnaissant et regarda la pendule, acquiesça en disant qu'il devait encore aller voir Pomfresh, s'excusa et sortit.
Arrivé dans le couloir, il prit le chemin de l'infirmerie en essayant de calmer son c?ur qui battait la chamade. Il marcha aveuglément jusqu'à l'infirmerie, trouva Pomfresh qui lui donna sa potion et retourna vers la tour des Gryffondor.
Arrivé dans le dortoir, Ron dormait déjà et il en fut soulagé. Il n'avait pas vraiment envie de partager ce moment avec lui. Il enfila son pyjama, s'assit sur son lit et regarda le gobelet de potion posé sur sa table de nuit. Réalisant qu'il aurait sans doute du mal à se réveiller le lendemain, il mit le cadran pour sept heures et laissa un mot à Ron de prendre tous les moyens pour le réveiller si le cadran ne le faisait. Il avala sa potion à contrec?ur et s'endormit aussitôt
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James attendit que le son de la gargouille se déplaçant ait cessé avant de parler.
-Alors, qu'est-ce qui s'est passé dans la troisième tâche?
Sirius lui raconta comment Harry avait parcouru le labyrinthe, comment il avait stupéfixé Krum, comment il avait averti Cédric de l'arrivée de l'araignée, comment celle-ci l'avait blessé, comment Cédric et lui avaient stupéfixé la créature, comment Cédric lui avait dit de prendre le trophée et comment Harry lui avait proposé de le prendre ensemble. Comment le trophée avait été transformé en portoloin, comment Peter avait tué Cédric, comment Voldemort était revenu, le priori incantatum des baguettes, comment celle de Voldemort avait rejeté ses sortilèges, comment Harry avait vu apparaître Cédric, le vieil homme, Bertha Jorkins, puis ensuite Lily et James, comment l'ombre de James lui avait dit quoi faire, l'ultime requête de Cédric, puis comment il avait réussi à s'enfuir et à reprendre le portoloin, en ramenant le corps de Cédric, le dévoilement du fils Crouptons, puis les mesures de Dumbledore.
-Alors, il croit qu'il est responsable de la mort de Cédric?
-Oui, et il est aussi entêté que toi! dit Sirius en riant.
-C'est beaucoup d'information à assimiler d'un coup, dit James.
-Je sais, dit Sirius, c'est pourquoi je crois que tu devrais aller dormir, et je crois que je vais faire pareil, je suis vraiment épuisé. Tu peux venir dans mes quartiers, j'ai une chambre de libre.
James et Sirius se levèrent, s'excusèrent auprès de Dumbledore, et prirent le chemin des quartiers de Sirius.
