Chapitre 8: Après les beaux temps, viennent les mauvais

Le téléphone sonna très tôt le matin et réveilla quasiment tout le monde. Il sonna pendant ce qui semblait être une éternité jusqu'à ce que Yamato réponde.

Ce qui sortit de la bouche du jeune homme n'était rien de plus qu'un petit murmure. Il regrettera toujours d'avoir répondu. En écoutant ce que la personne à l'autre bout de la ligne avait à dire, il reconnut sa mère et il écouta attentivement les nouvelles qu'elle avait à leur raconter.

"Yamato, c'est moi, ta mère… j'appelle à propos de ton père. Il… il est décédé." Yamato entendit distinctement un sanglot venir de sa mère. Même si les mots lui venaient en tête, il n'arrivait pas à les dire. Il se demanda pourquoi il n'arrivait pas à lui demander ce qui c'était passé.

La veuve apaisa la douleur pour son fils en lui disant de rien dire. Et il ne dit rien.

"Je ne reviendrai pas Yamato. Je vais rester ici et essayer de me reprendre. Mais ne te met pas en tête que je vous abandonne. Peu importe ce qui arrive, vous êtes mes enfants et je vous aime tous les deux. Je voulais que tu le saches."

La ligne se coupa et on n'entendit qu'un long bip.

"Qui c'était?" demanda Taichi.

"Ma mère." Matt hésita avant de répondre tout en regardant le vide. « Il est mort. »

"Qui? Ton père?" Tai se leva d'un bond et il serra son amoureux dans ses bras avant de lui demander s'il allait bien.

Yamato ne répondit pas et il quitta la pièce sans dire un mot. Un peu comme Tai avait fait le soir où ils s'étaient embrassés pour la première fois. La seule différence, c'est que Yamato ne quitta pas la maison. Il se dirigea vers la chambre de son frère et il ouvrit la porte. Il vit le deux adolescents qui dormaient en cuillère.

"Ton père est mort. Lève toi."

D'un coup de fouet, Yamato devint aussi glacial que quand il était plus jeune, même avec son frère.

Il commença à préparer le petit déjeuner aussi vite qu'il le pouvait mais sans bons résultats. Il retenait ses larmes et c'était en train de le dévorer du dedans. Il sentit une paire de mains le serrer à la taille et il les repoussa.

"Écoute Tai, je ne suis pas d'humeur pour que tu commences à me coller. Va voir ailleurs."

"Yama, il faut qu'on se parle. Sérieusement."

Ils s'assirent à la table et Tai dit les premiers mots.

"Yama… j'ai un peu peur pour toi. Tu ne sembles pas être la même personne que je connaissais. Ou est rendu mon meilleur ami et la personne que j'aime?"

"Et qu'est-ce que tu en sais toi? Personne ne connaît le vrai moi… même pas le peu de famille qui me reste."

"Yamato, je crois que tu devrais consulter un psychologue. Tu n'es pas stable. Une seconde, tu est de si bonne humeur et puis celle qui suit, tu pourrait me lancer des couteaux tellement tu te mets en colère. J'ai besoin que tu me laisses entrer dans ta tête pour que je puisse savoir ce que tu penses."

"Je n'ai pas besoin de l'aide de personne." Il se leva et se dirigea vers sa propre chambre. En passant par la chambre de Takeru, il y entra et commença à crier. "Lève-toi! Ton père est mort! M-O-R-T! Je ne sais pas si tu comprends ce que je te dis, mais les doux baisers de ton petit Daisuke d'amour ne vont pas le faire revenir."

Après avoir dit ce qu'il voulait, il rentra dans sa chambre et la dévalisa en vidant et jetant toutes les boites à la recherche de ligne propre. Il s'habilla et sortit de la maison. Quand il eût atteint la rue, il remarqua à quel point ce nouveau cartier lui était inconnu.

Il marcha de long en large sans savoir où il allait. Il regarda les autres maisons, les arbres. Il se dit que ces arbres étaient chanceux d'être des arbres. Ils n'avaient pas à se soucier de tous les petits problèmes de la vie. Il regarda aussi les personnes qu'il croisait et il se rendit compte à quel point il détestait être entouré de gens comme eux.

Le jeune blond marcha jusqu'à ce que la nuit vienne. En regardant le soleil se coucher, il imagina sa tombe et comment il s'y rendrait. Peut être que Taichi avait raison, peut-être que Yamato était instable. Que ferait-il si à chaque fois qu'il y a quelque chose le faisait tomber et qu'il n'avait pas la volonté de se relever. Il se dit que le temps était venu d'en finir avec tous ces problèmes. Et il voulait le faire à l'instant même.

Il marcha près du bord du viaduc pour piétons et il fixa le boulevard qui s'étendait en dessous de lui. Pourquoi en finir quand la solution est tellement proche?