2/ Episode Hide and seek/Invulnérable

Teyla avait eu peur. Peur pour Halling et Jinto.

Voir Halling, un des piliers de leur communauté, l'épaule sur laquelle elle avait toujours pu se reposer, s'effondrer et prier les ancêtres de lui rendre son fils ou de le prendre à sa place lui avait glacé le sang.

Peut-être cet endroit n'était-il pas le havre de sécurité qu'elle avait d'abord cru. Il y avait tant de choses ici qui lui était étrangères et pas seulement ces – comment le major appelait-il cela – « fêtes foraines ».

Les siens pensaient que les fantômes des anciens hantaient la Cité. Elle-même n'était plus sûre de rien.

Elle avait bien évidemment tenté de les rassurer, de leur expliquer que toute la technologie qui les entourait avait été créée par des êtres humains comme eux. Seulement, c'était un monde si différent du leur, si différent du sien.

Elle voulait en savoir plus, pour pouvoir convaincre les siens qu'Atlantis était un endroit sûr. Alors elle était allée dans un des laboratoires. Celui que Jinto avait, bien involontairement découvert. Le docteur McKay et d'autres scientifiques se trouvaient là. On aurait dit une sorte de fourmilière. Elle hésita un moment et entra quand même.

Personne ne faisait vraiment attention à elle. Elle avait presque l'impression de ne pas être là du tout. Elle finit par s'adresser à l'un des hommes qui se trouvaient là. Il était grand, portait des lunettes et ses cheveux longs étaient soigneusement retenus par un élastique.

Il la dévisagea comme si elle était moins qu'un être humain, un insecte, quelque chose de répugnant, de sale. Elle était à deux doigts de dire très clairement à cet exemplaire de la soi disant « élite » de la Terre ce qu'elle pensait de lui lorsque le Docteur McKay arriva.

« Oh, Teyla, vous êtes là, venez voir ce que nous avons trouvé. » Il l'entraîna dans un des coins de l'immense laboratoire. « Regardez, c'est, » il repris son souffle, « c'est tout simplement merveilleux. »

Sur la table devant laquelle ils se trouvaient, étaient éparpillés des dizaines de petits objets aux formes insolites et aux couleurs acidulées. Le docteur McKay avait l'air enchanté, prenant tour à tour les différents objets dans ses mains, en initialisant certains grâce au gène ancien qu'il possédait désormais.

Sur sa poitrine, le petit bouclier vert rayonnait.

« Docteur McKay, vous ne croyez pas que mettre en marche ces objets est dangereux. N'est-ce pas ainsi que vous avez procédé avec le bouclier individuel ? » Elle désignait du doigt l'objet scintillant.

« Oh, oui, bien sûr, mais Teyla c'est comme ça que l'on découvre, que l'on avance, en prenant, disons quelques risques. »

« Mais hier soir vous sembliez si, » elle chercha ses mots un moment « désespéré. » Elle se rappelait que le Docteur n'avait pas cessé de geindre et de se plaindre, arguant sans cesse qu'il était un homme mort.

Il la regarda un moment, fronça les sourcils, puis repris.

« Oui, enfin, bien sûr que je suis désespéré, je ne peux ni manger ni boire, mais, » il eu un petit sourire malicieux, « je peux activer tous ces … ces incroyables … ces … » Il commença à marmonner tout en jouant avec les objets devant lui.

Teyla le regardait l'air perplexe. Elle avait du mal à le comprendre. Il était parfois franchement pénible, égocentrique et égoïste, et là, dans son univers, il semblait différent. Ses yeux bleus étaient éclairés d'une lumière qu'elle n'avait jamais vue. Une lumière que l'on voit dans les yeux des enfants : excitation, joie. Aucune peur.

« Bien, je vais vous laisser, Docteur. »

McKay marmonna dans sa barbe « Oui, oui. » Il l'avait déjà oubliée.

Teyla se dirigea vers la porte du laboratoire.

« Hey, Teyla attendez. »

Elle se retourna. Le Docteur McKay se dirigeait vers elle.

« Que vouliez vous ? »

Elle fronça les sourcils en signe d'incompréhension.

Il s'avança vers elle et désigna le laboratoire de la main.

« Si vous êtes venue jusqu'ici c'est que vous vouliez quelque chose, non ? »

« Oh. Oui, je cherchais des réponses. »

Ce fut au tour de McKay d'avoir l'air surpris.

« Des réponses ? Et vous les avez trouvées ? »

Elle lui adressa un sourire.

« Oui, je crois que oui, d'une certaine manière. »

« Oh, bon et bien, je vais vous laisser, j'ai, » il avait deux objets de formes oblongues dans la main, « du travail qui m'attend. »

Elle le salua et sortit de la pièce.

Oui, elle avait eu des réponses. Au moins une : le Docteur McKay n'était pas celui qu'elle pensait. Il y avait autre chose en lui que la personne désagréable qu'il semblait toujours vouloir être.

Quant aux technologies qui se trouvaient cachées sur Atlantis pouvaient s'avérer dangereuses mais elle faisait confiance au Docteur Rodney McKay pour en percer le secret, même au péril de sa vie.

Cette pensée était toute à la fois rassurante et dérangeante.

Elle regagna ses quartiers.

Quelques heures plus tard …

Dans la salle de commande

Ils avaient vaincu l'entité.

Ou plus exactement, le Docteur McKay avait vaincu cette chose.

Personne ne l'avait vue placer le petit bouclier sur sa poitrine et descendre les marches, vers cette masse noire. Pas avant qu'il ne soit trop tard. Le Major Sheppard s'était élancé mais le Docteur McKay avait déjà pénétré le nuage noir.

Et il avait réussi. La chose avait disparu dans le vortex créé par la Porte des Etoiles. Lorsqu'elle s'était retirée, ils avaient tous découverts, encore pétrifiés par les évènements, le corps du Docteur McKay gisant inerte aux pieds de l'escalier.

Le Major Sheppard s'était précipité ainsi que le Docteur Grodin. Ce dernier avait soulevé doucement la tête du docteur McKay pendant que le Major vérifiait son pouls.

Teyla s'était tenue un peu à l'écart observant la manière dont les terriens entouraient le Docteur, l'angoisse évidente sur leur visage.

Et elle se rendit compte qu'elle aussi avait eu peur pour lui.

A l'infirmerie

Teyla se glissa dans l'infirmerie. Elle savait que les autres n'étaient pas là. Il était tard et le Major Sheppard pour fêter ça les avait tous invité à une autre petite soirée.

Elle s'était éclipsée au beau milieu du film. Il y était question d'une « arche sacrée » et de « nazis ». Le Major avait bien entendu essayé de lui expliquer mais elle ne l'écoutait que d'une oreille.

Elle quitta discrètement la salle et se dirigea vers l'infirmerie.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au Docteur de McKay et à ce qu'il avait fait. Elle ne comprenait pas pourquoi les autres ne lui avaient rien dit. Ils avaient pourtant assisté à toute la scène. Ils se disaient ses amis.

Teyla savait qu'elle devait faire quelque chose, même si elle ne savait pas très bien pourquoi. Il fallait qu'elle lui dise ce qu'elle pensait de lui, ce qu'elle pensait de ses actes.

Le Docteur McKay était le seul occupant de l'infirmerie. Le Docteur Beckett avait insisté pour le garder cette nuit : entre l'hypoglycémie due au bouclier et le choc de sa rencontre avec l'entité mangeuse d'énergie, McKay avait subi deux chocs physiques sérieux.

Il ne dormait pas et fixait le plafond de l'infirmerie.

« Bonsoir Docteur McKay. »

Il tourna la tête vers elle, visiblement surpris de voir la jeune athosienne ici.

« Teyla ! Il y a un problème ? »

« Non Docteur, il n'y a aucun problème, tout va bien, je voulais juste vous poser une question. »

Il fronça les sourcils.

« Me poser une question ? »

« Oui, si vous n'êtes pas trop fatigué bien sûr. »

« Non, non, je ne suis pas fatigué, d'ailleurs je me demande pourquoi Carson me garde ici, c'est du dernier ridicule. » Il lui adressa un petit sourire embarrassé.

« Alors quelle est cette question ? Est-ce qu'il s'agit de celle que vous vouliez me poser ce matin dans le labo ? »

Teyla s'installa sur une chaise à côté de son lit.

« Quel effet cela fait-il ? »

Il cru qu'elle voulait parler de ce qu'il avait ressenti en pénétrant l'entité.

« Et bien, il y avait comme des petites bulles d'énergie pures tout autour de moi qui voletaient et … »

« Non. »

Il la regarda surpris.

« Non ? »

« Non, je voulais vous demander quel effet cela fait-il d'être un héro ? »

Passé le premier moment d'incrédulité, Teyla vit McKay sourire. Un sourire vrai et chaleureux. Un sourire qui aurait du être sollicité par des gens proches de lui, ses amis.

Mais peut-être était elle en train de devenir ça elle aussi : une amie.

A suivre …